Rapport sur l’année scolaire 1860-61, Présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie, au Conseil Académique dans la session de Novembre 1861
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
; Rapport du Directeur de l'École de médecine et de pharmacie
;
Partie du document
;
publication en série imprimée
; sr1861_5
;
Est une partie de : Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 18 Novembre 1861
par : SIMONIN, Edmond
seance_rentree_1861_5.pdf, application/pdf, 6,02 Mo,
Titre (dcterms:title)
Rapport sur l’année scolaire 1860-61, Présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie, au Conseil Académique dans la session de Novembre 1861
Identifiant (dcterms:identifier)
sr1861_5
Date de création (dcterms:created)
1861
Est une partie de (dcterms:isPartOf)
Créateur (dcterms:creator)
SIMONIN, Edmond
Sujet (dcterms:subject)
Rapport du Directeur de l'École de médecine et de pharmacie
Editeur (dcterms:publisher)
Imprimerie de Veuve Raybois, Imprimeur de l'Académie, Rue du faubourg Stanislas, 3
Direction de la Documentation et de l'Edition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
Bibliothèque-médiathèque de Nancy
Date de publication (dcterms:issued)
1861
Format (dcterms:format)
PDF avec ocr
Langue (dcterms:language)
fr
Type (dcterms:type)
publication en série imprimée
Couverture spatiale (dcterms:spatial)
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
Droits (dcterms:rights)
extracted text (extracttext:extracted_text)
RENTRÉE
SOLENNELLE
DE L'ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR.
UNIVERSITÉ
IMPÉRIALE.
ACADÉMIE
DE
NANCY.
——
RENTRÉE SOLENNELLE
JES FACULTÉS
SCIENCES
ET DES LETTRES
ET
DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE
DE NANCY,
LE
148
NOVEMBRE
18614.
NANCY,
Ve
RAYBOIS,
IMPRIMEUR
DE
L’ACADÉMIE,
Rue du faubourg Stanislas, 3
1861
RAPPORT
SUR
L'ANNÉE
|
lo
Sté
joés 80e
ee
3
Pan M. Ep. SIMONIN, '
DIRECTEUR DE L'ÉCOLE
DE MÉDECINE mé DE PHÉRMAGIE, |
!
|
|
CONSEIL ACADÉMIQUE
DANS
LA
SESSION
Monsieur
Le
DE NOVEMBRE
1861...
Recreur,
Messieurs,
Depuis un quart de siècle l’on entend répéter que les
coñnaissances
en mythologie
ont presque disparu, et ces
regrets. me paraissent forl légitimes, au point de vue de
la science de lantiquité et des études artistiques, mais
je pense que certaines formules grecques ne doivent pas
se perdre de sitôt. L'on ne cite plus guère, il est vrai, .
l'aurore aux doigts dé rose, mais à l’occasion des travaux périodiques l’on se rappelle souvent le rocher
de Sisyphe et l’on songera, ce me semble, à son mou-
vement, tant qu’ily aura des administrateurs, des orateurs
—
56 —
et des auditeurs, car ces derniers ne peuvent tous jouir
des priviléges. des auditeurs bénévoles. J'avais tenté,
Messieurs, d'éviter un nouvel essai de présenter, en séance
publique, ce qu’un programme légal nomme un rapport
annuel, objet d’un rapport nouveau, en conseil académique, à l’issue même
de cette séance; j'ai échoué près
d'un chef aimé. autant qu'honoré. Et cependant
parler
toujours devant un auditoire francais habitué à s'entendre
estimer à l’égal du public athénien, é’est encourir le dan-
ger de se voir appliquer la première partie du célèbre verdict d’ostracisme, .suscité par la jalousie de Thémistocle
contre Aristide le juste: C’est, aussi, se trouver placé
entre l'attrait de chercher à retenir votre bienveillante
attention, en ne la fatigant pas par des détails techniques,
et la crainte d’en être privé, si en obéissant aux règle-
ments, je vous présente les faits réels, bien sérieux, comme
vous le savez, et dont quelques-uns même devraient,
porter un nom latin, malgré mon vif désir de ne
point braver lhonnêtelé. Entre ces deux voies à suivre,
mon. choix est fait, Messieurs, je ferai mon devoir, et
cette fois, sans regret, quoi qu’il arrive, parce qu’il me
permet d'exprimer: hautement, au nom de PEcole, ses
sentiments de reconnaissance. Enhardi par ce dernier
motif, je reprends donc, quant au temps, la place qu’il me
plaisait d’amoindrir , lors des séances qui ont précédé
celle de ce jour.
= «À
On a déjà parlé, avant moi, di palais de l'Enseignement
‘supérieur, mais le danger d’une répétition ne peut être
une raison de garder le silence à ce sujet. M. le Maire
de Nancy et ses intelligents collaborateurs ont des droits
tout spéciaux à la gratitude de l'Ecole, paree que son
installation définitive, et aujourd’hui effectuée, à la nou
|
—
velle Académie
5
—
(1) complète les témoignages de haute
bienveillance et de vif intérêt dont l'Ecole n’a-cessé d’être
honorée, surtout depuis la brillante administration
de
M. le Baron Buquet. Il fallait créer les locaux nécessaires
aux Facultés des Sciences et des Lettres, mais en plaçant
au-frontispice de l'Académie les statues du Grand Duc
Charles.et du Cardinal de Lorraine, fondateurs en 1572
de notre Université, M. le Maire n’a pas oublié qu’une
Faculté
de Médecine, un peu
trop laissée dans l'ombre,
peut-être, quand on se plaît à invoquer l'exécution des
traités de 1737,
ouvrait ses cours, à Pont-à-Mousson,
en
octobre 1592, et que supprimée à Naney, en 1792, c'està-dire, après deux siècles d'existence, elle y fut remplacée
par un enseignement médical resté pendant plus de
soixante années l'unique et énergique représentant de
l'Enseignement supérieur (2). La reconnaissance des professeurs de l'Ecole n’est point motivée seulement par la
consécration nouvelle que donne à tout établissement une
installation large et complète (3) et qui, au cas présent,
est, en
quelque sorte,
encore,
dans
une. nouvelle
adoption
enseignement par le conseil municipal;
=
de
notre
ils apprécient,
l'avenir, la sécurité si désirée et désormais
acquise aux richesses scientifiques de nos musées qui,
par des installations successives, ont dix fois été compromises (4).
Au moment
où nous recevons, ainsi, une récompense
motivée par les efforts des professeurs qui nous ont précédés dans l’enseignement, plus heureux qu'eux nous
recevons encore la récompense des travaux scientifiques
actuels.
Pour la seconde fois, en sept
années,
S. E.
le
Ministre de lPlnstruction publique a manifesté sa satisfaction envers l'Ecole de Nancy, en décorant l’un de sès
.
—
08
—
_"
. professeurs. Les travaux de M. Blondlot, en chimie, en
physiologieet en toxicologie, avaient désigné notre collègue.
au choix ministériel et la haute récompense dont il vient
d’être honoréa -eu la: bonne fortune d’être à la fois
désirée et prévue (5).
IL est impossible, Messieurs, d'exposer devant vous tous
les faits importants qui ont surgi depuisla dernière séance
publique, mais les dix rapports annuels que vous avez
déjà. entendus sur l'Ecole facilitent mon silence sur.
les programmes des cours, et sur l’action
disciplinaire
et un travail spécial, aujourd’hui. imprimé (6), me dispense de reproduire les vues de l’Ecole sur l'organisation
de l’enseignement médical en France. Tout en laissant
de côté ces sujets si dignes de. réflexions, un certain
nombre de faits devront trouver leur exposition. Fe
mentaire dans lés notes de ce rapport.
M. le docteur Grandjean a été choisi par S. E. pour
compléter le nombre des huit professeurs titulaires de.
l'Ecole, restreint par la perte de notre ami M. le docteur
Laurens; M. Grandjean, qui est si parfaitement apprécié
par vous, avait, déjà, occupé temporairement la chaire de.
matière médicale.et de thérapeutique.
. Le personnel de l'Ecole s’est accru, cette année, dun.
fonctionnaire nouveau. En voyant la sécurité désormais
acquise aux collections des musées, le conseil des professeurs à cru devoir porter une attention toute spéciale
sur leur entretien et:sur leur développement. Les fonctions
d’un conservateur ont élé attribuées à M. Auguste Friant
dont les connaissances variées et solides et le zèle aussi
infatigable que désintéressé étaient appréciés depuis longtemps.
M.'Frianta reçu
vrai, Mais
son
un
renouvellement
mandat
sera
temporaire,
pour
l'Ecole
il est
Poc-
—
Hg
—
casion, attendue déjà, de reconnaître des services im—
Re FR
ee
DER
portants.
De nombreuses mutations ont eu lieu parmi les fonc-
tionnaires connus sous les titres de chefs de clinique, de
préparateurs, d’internes et’ d’attachés. MM. les docteurs
Edmond de Schacken et Edouard Henrion ont remplacé
MM. Eugène Bertin et Emile Parisot dont les fonctions
de chef de clinique étaient éxpirées. MM. O0. La Flize
et André ont été nommés préparateurs des ‘cours d’anatomie et de physiologie, de toxicologie et de pharmacie,
et un concours fort distingué pour Finternat
a permis
à l'Ecole de
présenter
MM. Zabé, Leclerq
et André
à
l'administration des hôpitaux civils qui a conféré à ces
jeunes gens d'élite le titre d’interne. Tout à l'heure les”
noms des attachés tout récemment nommés, après con
cours, Vous seront présentés avec ceux dés lauréats.
Si du personnel enseignant nous passons à celui des.
élèves, nous avons à faire connaître que 203 inscriptions
ont été prises par 53 élèves. L'une dé ces inscriptions
a été retirée à un étudiant de troisième année pour absences des cours. En général, l’assiduité a été bonne; il faut
toutefois noter qu’elle n'a pas été suffisante aux diverses
conférences récemment instituées et dans lesquelles les
élèves ont beaucoup trop redouté pour leur amour propre
les luttes auxquelles ils n'étaient point assez préparés par.
un travail particulier. Malgré ce défaut partiel de zèle, les
examens de fin d'année ont donné des résultats satisfaisants,
car pour la première fois dans cet ordre d'épreuves aucun
ajournement n’a été prononcé à l'égard des 29 élèves qui
l'ont subi (7) ; il convient d'ajouter qu'un certain nombre
. d'étudiants s’est abslenu de cette épreuve pour laquelle
ïls ne
se
sentaient
pas
suffisamment instruits.
.
—
60
—
Enfin les efforts dans le ‘travail ont permis au conseil de
PEcole de décerner les prix accordés par S. E. le Ministre
de l'instruction publique: Un certain nombre des élèves
. à contribué,
comme par le passé, au service
de l'hôpital
militaire de Nancy et M: le général Comte d’Alton à
resserré les rapports de l'Ecole avec l'Intendance mili-
faire,
en
vue d'assurer le succès
nous
voyons,
des
études
des élèves
requis. En recherchant loin de nous comment notre institution est représentée par les élèves qu’elle a instruits,
au
même
moment,
à Paris,
M.
Edmond
Lallement, prix de l’externat, pour 1860, nommé premier interne à la Faculté de médecine, et à Strasbourg,
M. Sommeillier, également nommé interne, après concours.
pr
s
En vous donnant, avec satisfaction, ie noms de quelques élèves formés par l'Ecole en vue du doctorat, je me
crois autorisé à parler rapidement des résultats principaux
des sessions ouvertes, en octobre dernier, pour les candi-
dats aux divers titres professionnels du 2° degré. Je me
borne donc à vous indiquer la réception de deux officiers
de santé,
de trois pharmaciens
el-de
vingt-une
femmes (8). Je’ n’abuserai pas non plus,
sages-
Messieurs,
de
“votre attention en parlant, ici, des dons faitsà l'Ecole (9),
de son matériel et des réglementalions qui vont régir
l'entrée dans la carrière médicale (10), parce que je désire, pour terminer la revue des actes principaux, vous
donner encore l'indication des travaux de mes collègues,
en réservant, loutefois, l'analyse de leurs œuvres à
préciation du conseil académique.
|
Nous devons à M. Simonin père, notre Directeur honoraire, en outre de trois nouveaux Résumés annuels d'ob-
servations météorologiques et médicales, un travail impor-
cout
“UE
tant destinéà l’histoire scientifique de: notre contrée. Les
treize tableaux qui forment la base de ce travail, sont le
fruit de dix-neuf années de recherches réunies sous le
titre de: Météorologie et Climat de la Meurthe, pour
satisfaire à la demande du ministère de l'instruction
publique. Sans trancher la question controversée d’un
changement dans le climat de la France, M. Simonin
constate que depuis l’année 1816, le cn de la Lorraine
a subi une grande altération (11).
M. Blondlot a publié récemment un cerlain nombre
de mémoires. Dans un long travail qui a pour titre:
Influence des corps gras sur: la solubilité de l'acide arsenieux, il a démontré
la propriété que les corps gras possèdent de mettre obstacle à la solubilité de l’acide arsenieux, et le parti que l’on peut tirer de ces corps, lors
des empoisonnements par cet agent. Le lait, notamment,
peut servir de véritable antidoté; -en retardant, considé-
rablement, la dissolution arsenicale et, par suite, son
absorption. L'énergie des propriétés. toxiques du phosphore a porté notre collègueà examiner la possibilité de
reconnaître des traces de ce métalloïde dans les tissus
humains et il s’est livré à des expériences relatives à la
Recherche toxicologique du phosphore par la coloration
de la flamme, en s'attachant à faire connaître les con-
ditions dans lesquelles des erreurs peuvent se produire
et les moyens d'y échapper. Dans la série des travaux
de M: Blondlot, il faut encore citer la recherche du
plomb dans la matière colorante des pains à cacheter devenus ainsi des agents toxiques (12).
Pendant que M. Léon Parisot: apportait son utile collaboration à l’enseignement des Sciences appliquées en
faisant un cours d'hygière, M. Demange, de son côté, était
+
.—
62
—
chargé par M. le Maire de Nancy de répandre les préceptes
d’une sage hygiène parmi Ja jeunesse des écoles muni-
cipales. M. Demange
Compte
rendu
a de plus publié, de
nouveau,
le
des travaux des conseils d'hygiène de la
Meurthe
et son vaste travail embrasse la période comprise
entre l’année 1858 et l’année 1860.
M. Poincaré a donné les conclusions de ses Recherches
sur le siége et l'origine de l'amidon animal. Le professeur
de physiologie admet. que le végétal seul peut créer de
la matière organique avec des éléments minéraux, mais
il prouve que l’animal peut, ensuite, transformer la matière organique consommée par lui. Envisageant
les faits
d'une manière philosophique, notre savant collègue à
démontré que chez les animaux supérieurs, les féculents
viennent prendre part à la constitution de tous les tissus,
théorie qui était admise, seulement; pour les êtres inférieurs de l'échelle zoologique (13).
M. Adolphe Simonin a publié un opuscule sur le cénat
de Nice et une notice hiographique sur M. François Simonin, son père (14).
M. Emile
Parisot, en rédigeant le Compte rendu des
travaux de la société de médecine de Nancy, pendant les
années 4859 et 1860, et à l’occasion d’une thèse re-
marquable de M. le docteur Gustave Chatelain, ancien
élève de l'Ecole, a donné un mémoire sur la maladie d’Ad-
dison. Partant du fait prouvé par une vivisection et énoncé
par M. Chatelain, que le rôle.assigné jusqu'ici aux capsules
surrénales est désormais inadmissible, M. Emile Parisot,
s'est demandé si la coloration bronzée de la peau,
dans
la maladie
le défaut de
d’Addison,
combustion
n'aurait pas
suffisante
des
pour
matériaux
cause
de
la secrétion pigmentaire, tout comme le dépôt des con-
—
63 —
crétions de la goutte, s'explique par l’oxidation incomplèle
dans
l’organisation
des
malières
‘albuminoïdes.
Enfin M. Eugène Bertin étudiant une affection ren
contrée parfois chez la femme, est arrivé à une conclusion
opposée à l'opinion de M..le professeur Trousseau, relati-
vement à l'effet des préparations mercurielles sur la santé
de l'enfant qui n’est pas né encore (13) (16).
En soumettant, Messieurs, à votre visa les actes prin-
cipaux de l'Ecole, j'ai un vif désir de vous voir emporter
de cette séance l’idée que presque tout est bien dans notre .
établissement,
mais je ne puis, cependant,
vous laisser
croire que tout est pour le:mieux. La réserve faite ici,
s'applique, surtout, au caractère actuel des élèves en mé-
decine, car les comptes rendus, publiés annuellement par
tous les corps d'enseignement supérieur, m'autorisent à
généraliser ma réflexion et à létendre non-seulement aux
élèves d'écoles de même ordre que-la nôtre, mais encore
à ceux d'établissements plus élevés en hiérarchie. L'Ecole
‘de Nancy en instituant, spontanément, il y a une dizaine
d'années, déjà, des cours auxiliaires pour les sciences. et
des cours complémentaires pour les parties médicales (17),
‘en cherchant à rendre ses programmes semblables à ceux
des Facultés de médecine et en les appropriant aux exigences nées des concours, en vue de la chirurgie militaire,
avait soulevé aux yeux des élèves tous les problèmes qui
constituent la synthèse des connaissancés médicales: Une
parlie de ces sources d'instruction dut. être restreinte,
lorsque des
règlements
furent promulgués,
dans
le but
d'établir une unité d’ailleurs désirable pour les parties
de l’enseignement
qui constituent les bases de instruction
médicale etpharmaceutique. En suivant, scrupuleusement,
Pinvilation de laisser aux élèves un
temps considérable,
|
de
Ré
pour leur permettre de faire fructifier la parole de leurs.
professeurs, par un travail personnel, l'Ecole a acquis la
conviction que ce temps laissé libre n’était pas toujours
employé en vue du but signalé par les règlements, et que,
malgré une espèce de luxe dans le nombre des professeurs,
des attachés, des démonstrateurs et des préparateurs, il
régnait parmi les élèves une sorte de langueur rappelant
le vers de Boileau
sur l’uniformité, Il m'a semblé, après
quelques années d'observation, qu’au point de vue du
- succès de l’enseignement, il en est de l'intelligence des élè-
ves comme d’une place assiégée, que ce n’est pas toujours
par une brèche prévue que l’on se rend maître de la place
et qu’en définitive, en fait d’études, ce qu’il importe avant
tout, est d'en inspirer le goût véritable. Chacun de nous
est donc revenu à l'idée qu'il faut laisser au zèle officieux
de chaque professeur une certaine liberté d’action et que
partout où se trouve une lumière, il importe qu’elle éclaire
dans une
mesure
contentement
déterminée. Aussi,
que j'ai autorisé,
c’est
avec
un
vil -
de nouveau, plusieurs
“enseignements supplémentaires, dégagés d’ailleurs
de toute
contrainte. M. Eugène Bertin à ainsi, depuis deux années,
complété
par
une
série de leçons, certaines parties
spéciales que les professeurs de pathologie ne pouvaient
exposer, faute de temps et dont je n’ose, ici, donner les
noms, même en latin. M. Emile Parisot, de son côté, et
aussi, depuis deux années, a exercé les élèves aux détails
si importants des méthodes d’auscultation et de percussion,
Enfin, M: Eugène Bertin, a partagé plusieurs fois, avec le
professeur titulaire de clinique chirurgicale l’enseignement
d’un cours de clinique générale, créé depuis bien des
années par M. Simonin père. Espérons que grâce à la
haute bienveillance déjà gracieusement manifeslée par le
—
65
—
premier magistrat de notre département,
nos élèves seront
plus complétement initiés à Ja partie pratique de. cette
science dont certainement notre preimière mère ignorait
le nom, à la naissance de son premier fils. Espérons
encore que nos élèves jouiront, de nouveau, des avantages
qu'ils possédaient, il y a quelques années, lorsqu'ils pouvaient aborder, sérieusement, l'étude des affections mentales. N’est-il pas indispensable que les futurs officiers de
santé dont l'exercice en chirurgie est limité par la loi se
trouvent dotés de toute la science nécessaire pour la pra-
tique médicale. En visitant, ila quelques semaines l’un
des hôpitaux les plus célèbres de l'Italie, cette dernière
réflexion prenait, dans ma pensée, l'exigence d’un sentiment de devoir à remplir. Dans une partie inférieure et
resserrée d’un magnifique palais, dans la seule partie qui
fût sombre, triste
aliénés furieux.
et humide,
je visitais la section
Les admirables résultats constatés
des
près
de Nancy,à l'asile de Maréville, m’avaient fait croire à un
progrès semblable en tous lieux et l’érection de la statue
de Pinel, brisant
les chaînes des aliénés de son temps
m'avait semblé la consécration incontestée de ce. progrès
même. J'étais bien loin de supposer qu’il me serait pos-
sible de remonter à plus de 60 années en arrière (18), non
pas par la pensée, mais par la vue de faits réels et certes
bien affligeants pour notre époque. Dans un local étroit,
un jeune homme de vingt ans environ, portant aux mains
des menottes cadenassées, était assis sur un. banc en bois;
son
corps entouré
d’un. cercle de fer. était, par une.
très-courte chaîne, attaché à la partie inférieure d’un lit,
immobilisé par sa pesanteur. Je donnai la main à ce pauvre garçon
qui se leva modestement, pour me remercier
d’une bienveillance si inusitée à son ‘égard, et qui se rassit
5
|
en EE
timidement. Je songeai au prisonnier attaché, durant le
XVF siècle,
au cinquième pilier du
vaste cachot qui a
donné tant de célébrité au château de Chillon. A quelques
pas de ce jeune malade, un homme fixé sur son lit, par une
camisole de force, avait les mains placées dans de petits
sacs en cuir d’une énorme épaisseur; ce dernier malade,
beaucoup plus âgé que le précédent, souriait doucement à
mes interrogations. J'avais devant moi des furieux incon-
nus en France, et il était évident que les moyens qui étaient
employés contre eux, constituaient la principale méthode
de traitement ; mes paroles, d’ailleurs,
ne produisaient dans
ce lieu qu’un étonnement sceptique. Je quittai cette triste
demeure en regrettant que les idées scientifiques dont les
représentants entouraient naguère,
en Italie, notre glorieux
drapeau, n'aient pas eu le temps de se vulgariser et je
songeai, avec fierté, que nos élèves de Nancy, admis
naguère à Maréville, eussent tous été capables par leur
instruction de ressentir les émotions qui m'impressionnaient. N’en faut-il pas conclure qu’il est utile de revenir
à ces traditions dont je parlais tout à l'heure. Elles sont
bien les traditions de Nancy et d’ailleurs elles ont existé
pendant la phase là plus heureuse que l'Ecole ait encore
traversée. Ces considérations pourraient, Messieurs, être
longuement développées et je dois me borner; je dois
mème finir. Qu'il me soit permis de le faire, en exprimant un vœu : Que notre Ecole placée au milieu de bien
des écueils, puisse se voir appliquer, toujours, cêtte devise
dont est accompagné le vaisseau qui symbolise l'antique
‘ Lutèce, et qui, toutes voiles énflées, représente le mou-vement, la vie et l'espérance : Fluctuat nec mergitur.
SOLENNELLE
DE L'ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR.
UNIVERSITÉ
IMPÉRIALE.
ACADÉMIE
DE
NANCY.
——
RENTRÉE SOLENNELLE
JES FACULTÉS
SCIENCES
ET DES LETTRES
ET
DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE
DE NANCY,
LE
148
NOVEMBRE
18614.
NANCY,
Ve
RAYBOIS,
IMPRIMEUR
DE
L’ACADÉMIE,
Rue du faubourg Stanislas, 3
1861
RAPPORT
SUR
L'ANNÉE
|
lo
Sté
joés 80e
ee
3
Pan M. Ep. SIMONIN, '
DIRECTEUR DE L'ÉCOLE
DE MÉDECINE mé DE PHÉRMAGIE, |
!
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CONSEIL ACADÉMIQUE
DANS
LA
SESSION
Monsieur
Le
DE NOVEMBRE
1861...
Recreur,
Messieurs,
Depuis un quart de siècle l’on entend répéter que les
coñnaissances
en mythologie
ont presque disparu, et ces
regrets. me paraissent forl légitimes, au point de vue de
la science de lantiquité et des études artistiques, mais
je pense que certaines formules grecques ne doivent pas
se perdre de sitôt. L'on ne cite plus guère, il est vrai, .
l'aurore aux doigts dé rose, mais à l’occasion des travaux périodiques l’on se rappelle souvent le rocher
de Sisyphe et l’on songera, ce me semble, à son mou-
vement, tant qu’ily aura des administrateurs, des orateurs
—
56 —
et des auditeurs, car ces derniers ne peuvent tous jouir
des priviléges. des auditeurs bénévoles. J'avais tenté,
Messieurs, d'éviter un nouvel essai de présenter, en séance
publique, ce qu’un programme légal nomme un rapport
annuel, objet d’un rapport nouveau, en conseil académique, à l’issue même
de cette séance; j'ai échoué près
d'un chef aimé. autant qu'honoré. Et cependant
parler
toujours devant un auditoire francais habitué à s'entendre
estimer à l’égal du public athénien, é’est encourir le dan-
ger de se voir appliquer la première partie du célèbre verdict d’ostracisme, .suscité par la jalousie de Thémistocle
contre Aristide le juste: C’est, aussi, se trouver placé
entre l'attrait de chercher à retenir votre bienveillante
attention, en ne la fatigant pas par des détails techniques,
et la crainte d’en être privé, si en obéissant aux règle-
ments, je vous présente les faits réels, bien sérieux, comme
vous le savez, et dont quelques-uns même devraient,
porter un nom latin, malgré mon vif désir de ne
point braver lhonnêtelé. Entre ces deux voies à suivre,
mon. choix est fait, Messieurs, je ferai mon devoir, et
cette fois, sans regret, quoi qu’il arrive, parce qu’il me
permet d'exprimer: hautement, au nom de PEcole, ses
sentiments de reconnaissance. Enhardi par ce dernier
motif, je reprends donc, quant au temps, la place qu’il me
plaisait d’amoindrir , lors des séances qui ont précédé
celle de ce jour.
= «À
On a déjà parlé, avant moi, di palais de l'Enseignement
‘supérieur, mais le danger d’une répétition ne peut être
une raison de garder le silence à ce sujet. M. le Maire
de Nancy et ses intelligents collaborateurs ont des droits
tout spéciaux à la gratitude de l'Ecole, paree que son
installation définitive, et aujourd’hui effectuée, à la nou
|
—
velle Académie
5
—
(1) complète les témoignages de haute
bienveillance et de vif intérêt dont l'Ecole n’a-cessé d’être
honorée, surtout depuis la brillante administration
de
M. le Baron Buquet. Il fallait créer les locaux nécessaires
aux Facultés des Sciences et des Lettres, mais en plaçant
au-frontispice de l'Académie les statues du Grand Duc
Charles.et du Cardinal de Lorraine, fondateurs en 1572
de notre Université, M. le Maire n’a pas oublié qu’une
Faculté
de Médecine, un peu
trop laissée dans l'ombre,
peut-être, quand on se plaît à invoquer l'exécution des
traités de 1737,
ouvrait ses cours, à Pont-à-Mousson,
en
octobre 1592, et que supprimée à Naney, en 1792, c'està-dire, après deux siècles d'existence, elle y fut remplacée
par un enseignement médical resté pendant plus de
soixante années l'unique et énergique représentant de
l'Enseignement supérieur (2). La reconnaissance des professeurs de l'Ecole n’est point motivée seulement par la
consécration nouvelle que donne à tout établissement une
installation large et complète (3) et qui, au cas présent,
est, en
quelque sorte,
encore,
dans
une. nouvelle
adoption
enseignement par le conseil municipal;
=
de
notre
ils apprécient,
l'avenir, la sécurité si désirée et désormais
acquise aux richesses scientifiques de nos musées qui,
par des installations successives, ont dix fois été compromises (4).
Au moment
où nous recevons, ainsi, une récompense
motivée par les efforts des professeurs qui nous ont précédés dans l’enseignement, plus heureux qu'eux nous
recevons encore la récompense des travaux scientifiques
actuels.
Pour la seconde fois, en sept
années,
S. E.
le
Ministre de lPlnstruction publique a manifesté sa satisfaction envers l'Ecole de Nancy, en décorant l’un de sès
.
—
08
—
_"
. professeurs. Les travaux de M. Blondlot, en chimie, en
physiologieet en toxicologie, avaient désigné notre collègue.
au choix ministériel et la haute récompense dont il vient
d’être honoréa -eu la: bonne fortune d’être à la fois
désirée et prévue (5).
IL est impossible, Messieurs, d'exposer devant vous tous
les faits importants qui ont surgi depuisla dernière séance
publique, mais les dix rapports annuels que vous avez
déjà. entendus sur l'Ecole facilitent mon silence sur.
les programmes des cours, et sur l’action
disciplinaire
et un travail spécial, aujourd’hui. imprimé (6), me dispense de reproduire les vues de l’Ecole sur l'organisation
de l’enseignement médical en France. Tout en laissant
de côté ces sujets si dignes de. réflexions, un certain
nombre de faits devront trouver leur exposition. Fe
mentaire dans lés notes de ce rapport.
M. le docteur Grandjean a été choisi par S. E. pour
compléter le nombre des huit professeurs titulaires de.
l'Ecole, restreint par la perte de notre ami M. le docteur
Laurens; M. Grandjean, qui est si parfaitement apprécié
par vous, avait, déjà, occupé temporairement la chaire de.
matière médicale.et de thérapeutique.
. Le personnel de l'Ecole s’est accru, cette année, dun.
fonctionnaire nouveau. En voyant la sécurité désormais
acquise aux collections des musées, le conseil des professeurs à cru devoir porter une attention toute spéciale
sur leur entretien et:sur leur développement. Les fonctions
d’un conservateur ont élé attribuées à M. Auguste Friant
dont les connaissances variées et solides et le zèle aussi
infatigable que désintéressé étaient appréciés depuis longtemps.
M.'Frianta reçu
vrai, Mais
son
un
renouvellement
mandat
sera
temporaire,
pour
l'Ecole
il est
Poc-
—
Hg
—
casion, attendue déjà, de reconnaître des services im—
Re FR
ee
DER
portants.
De nombreuses mutations ont eu lieu parmi les fonc-
tionnaires connus sous les titres de chefs de clinique, de
préparateurs, d’internes et’ d’attachés. MM. les docteurs
Edmond de Schacken et Edouard Henrion ont remplacé
MM. Eugène Bertin et Emile Parisot dont les fonctions
de chef de clinique étaient éxpirées. MM. O0. La Flize
et André ont été nommés préparateurs des ‘cours d’anatomie et de physiologie, de toxicologie et de pharmacie,
et un concours fort distingué pour Finternat
a permis
à l'Ecole de
présenter
MM. Zabé, Leclerq
et André
à
l'administration des hôpitaux civils qui a conféré à ces
jeunes gens d'élite le titre d’interne. Tout à l'heure les”
noms des attachés tout récemment nommés, après con
cours, Vous seront présentés avec ceux dés lauréats.
Si du personnel enseignant nous passons à celui des.
élèves, nous avons à faire connaître que 203 inscriptions
ont été prises par 53 élèves. L'une dé ces inscriptions
a été retirée à un étudiant de troisième année pour absences des cours. En général, l’assiduité a été bonne; il faut
toutefois noter qu’elle n'a pas été suffisante aux diverses
conférences récemment instituées et dans lesquelles les
élèves ont beaucoup trop redouté pour leur amour propre
les luttes auxquelles ils n'étaient point assez préparés par.
un travail particulier. Malgré ce défaut partiel de zèle, les
examens de fin d'année ont donné des résultats satisfaisants,
car pour la première fois dans cet ordre d'épreuves aucun
ajournement n’a été prononcé à l'égard des 29 élèves qui
l'ont subi (7) ; il convient d'ajouter qu'un certain nombre
. d'étudiants s’est abslenu de cette épreuve pour laquelle
ïls ne
se
sentaient
pas
suffisamment instruits.
.
—
60
—
Enfin les efforts dans le ‘travail ont permis au conseil de
PEcole de décerner les prix accordés par S. E. le Ministre
de l'instruction publique: Un certain nombre des élèves
. à contribué,
comme par le passé, au service
de l'hôpital
militaire de Nancy et M: le général Comte d’Alton à
resserré les rapports de l'Ecole avec l'Intendance mili-
faire,
en
vue d'assurer le succès
nous
voyons,
des
études
des élèves
requis. En recherchant loin de nous comment notre institution est représentée par les élèves qu’elle a instruits,
au
même
moment,
à Paris,
M.
Edmond
Lallement, prix de l’externat, pour 1860, nommé premier interne à la Faculté de médecine, et à Strasbourg,
M. Sommeillier, également nommé interne, après concours.
pr
s
En vous donnant, avec satisfaction, ie noms de quelques élèves formés par l'Ecole en vue du doctorat, je me
crois autorisé à parler rapidement des résultats principaux
des sessions ouvertes, en octobre dernier, pour les candi-
dats aux divers titres professionnels du 2° degré. Je me
borne donc à vous indiquer la réception de deux officiers
de santé,
de trois pharmaciens
el-de
vingt-une
femmes (8). Je’ n’abuserai pas non plus,
sages-
Messieurs,
de
“votre attention en parlant, ici, des dons faitsà l'Ecole (9),
de son matériel et des réglementalions qui vont régir
l'entrée dans la carrière médicale (10), parce que je désire, pour terminer la revue des actes principaux, vous
donner encore l'indication des travaux de mes collègues,
en réservant, loutefois, l'analyse de leurs œuvres à
préciation du conseil académique.
|
Nous devons à M. Simonin père, notre Directeur honoraire, en outre de trois nouveaux Résumés annuels d'ob-
servations météorologiques et médicales, un travail impor-
cout
“UE
tant destinéà l’histoire scientifique de: notre contrée. Les
treize tableaux qui forment la base de ce travail, sont le
fruit de dix-neuf années de recherches réunies sous le
titre de: Météorologie et Climat de la Meurthe, pour
satisfaire à la demande du ministère de l'instruction
publique. Sans trancher la question controversée d’un
changement dans le climat de la France, M. Simonin
constate que depuis l’année 1816, le cn de la Lorraine
a subi une grande altération (11).
M. Blondlot a publié récemment un cerlain nombre
de mémoires. Dans un long travail qui a pour titre:
Influence des corps gras sur: la solubilité de l'acide arsenieux, il a démontré
la propriété que les corps gras possèdent de mettre obstacle à la solubilité de l’acide arsenieux, et le parti que l’on peut tirer de ces corps, lors
des empoisonnements par cet agent. Le lait, notamment,
peut servir de véritable antidoté; -en retardant, considé-
rablement, la dissolution arsenicale et, par suite, son
absorption. L'énergie des propriétés. toxiques du phosphore a porté notre collègueà examiner la possibilité de
reconnaître des traces de ce métalloïde dans les tissus
humains et il s’est livré à des expériences relatives à la
Recherche toxicologique du phosphore par la coloration
de la flamme, en s'attachant à faire connaître les con-
ditions dans lesquelles des erreurs peuvent se produire
et les moyens d'y échapper. Dans la série des travaux
de M: Blondlot, il faut encore citer la recherche du
plomb dans la matière colorante des pains à cacheter devenus ainsi des agents toxiques (12).
Pendant que M. Léon Parisot: apportait son utile collaboration à l’enseignement des Sciences appliquées en
faisant un cours d'hygière, M. Demange, de son côté, était
+
.—
62
—
chargé par M. le Maire de Nancy de répandre les préceptes
d’une sage hygiène parmi Ja jeunesse des écoles muni-
cipales. M. Demange
Compte
rendu
a de plus publié, de
nouveau,
le
des travaux des conseils d'hygiène de la
Meurthe
et son vaste travail embrasse la période comprise
entre l’année 1858 et l’année 1860.
M. Poincaré a donné les conclusions de ses Recherches
sur le siége et l'origine de l'amidon animal. Le professeur
de physiologie admet. que le végétal seul peut créer de
la matière organique avec des éléments minéraux, mais
il prouve que l’animal peut, ensuite, transformer la matière organique consommée par lui. Envisageant
les faits
d'une manière philosophique, notre savant collègue à
démontré que chez les animaux supérieurs, les féculents
viennent prendre part à la constitution de tous les tissus,
théorie qui était admise, seulement; pour les êtres inférieurs de l'échelle zoologique (13).
M. Adolphe Simonin a publié un opuscule sur le cénat
de Nice et une notice hiographique sur M. François Simonin, son père (14).
M. Emile
Parisot, en rédigeant le Compte rendu des
travaux de la société de médecine de Nancy, pendant les
années 4859 et 1860, et à l’occasion d’une thèse re-
marquable de M. le docteur Gustave Chatelain, ancien
élève de l'Ecole, a donné un mémoire sur la maladie d’Ad-
dison. Partant du fait prouvé par une vivisection et énoncé
par M. Chatelain, que le rôle.assigné jusqu'ici aux capsules
surrénales est désormais inadmissible, M. Emile Parisot,
s'est demandé si la coloration bronzée de la peau,
dans
la maladie
le défaut de
d’Addison,
combustion
n'aurait pas
suffisante
des
pour
matériaux
cause
de
la secrétion pigmentaire, tout comme le dépôt des con-
—
63 —
crétions de la goutte, s'explique par l’oxidation incomplèle
dans
l’organisation
des
malières
‘albuminoïdes.
Enfin M. Eugène Bertin étudiant une affection ren
contrée parfois chez la femme, est arrivé à une conclusion
opposée à l'opinion de M..le professeur Trousseau, relati-
vement à l'effet des préparations mercurielles sur la santé
de l'enfant qui n’est pas né encore (13) (16).
En soumettant, Messieurs, à votre visa les actes prin-
cipaux de l'Ecole, j'ai un vif désir de vous voir emporter
de cette séance l’idée que presque tout est bien dans notre .
établissement,
mais je ne puis, cependant,
vous laisser
croire que tout est pour le:mieux. La réserve faite ici,
s'applique, surtout, au caractère actuel des élèves en mé-
decine, car les comptes rendus, publiés annuellement par
tous les corps d'enseignement supérieur, m'autorisent à
généraliser ma réflexion et à létendre non-seulement aux
élèves d'écoles de même ordre que-la nôtre, mais encore
à ceux d'établissements plus élevés en hiérarchie. L'Ecole
‘de Nancy en instituant, spontanément, il y a une dizaine
d'années, déjà, des cours auxiliaires pour les sciences. et
des cours complémentaires pour les parties médicales (17),
‘en cherchant à rendre ses programmes semblables à ceux
des Facultés de médecine et en les appropriant aux exigences nées des concours, en vue de la chirurgie militaire,
avait soulevé aux yeux des élèves tous les problèmes qui
constituent la synthèse des connaissancés médicales: Une
parlie de ces sources d'instruction dut. être restreinte,
lorsque des
règlements
furent promulgués,
dans
le but
d'établir une unité d’ailleurs désirable pour les parties
de l’enseignement
qui constituent les bases de instruction
médicale etpharmaceutique. En suivant, scrupuleusement,
Pinvilation de laisser aux élèves un
temps considérable,
|
de
Ré
pour leur permettre de faire fructifier la parole de leurs.
professeurs, par un travail personnel, l'Ecole a acquis la
conviction que ce temps laissé libre n’était pas toujours
employé en vue du but signalé par les règlements, et que,
malgré une espèce de luxe dans le nombre des professeurs,
des attachés, des démonstrateurs et des préparateurs, il
régnait parmi les élèves une sorte de langueur rappelant
le vers de Boileau
sur l’uniformité, Il m'a semblé, après
quelques années d'observation, qu’au point de vue du
- succès de l’enseignement, il en est de l'intelligence des élè-
ves comme d’une place assiégée, que ce n’est pas toujours
par une brèche prévue que l’on se rend maître de la place
et qu’en définitive, en fait d’études, ce qu’il importe avant
tout, est d'en inspirer le goût véritable. Chacun de nous
est donc revenu à l'idée qu'il faut laisser au zèle officieux
de chaque professeur une certaine liberté d’action et que
partout où se trouve une lumière, il importe qu’elle éclaire
dans une
mesure
contentement
déterminée. Aussi,
que j'ai autorisé,
c’est
avec
un
vil -
de nouveau, plusieurs
“enseignements supplémentaires, dégagés d’ailleurs
de toute
contrainte. M. Eugène Bertin à ainsi, depuis deux années,
complété
par
une
série de leçons, certaines parties
spéciales que les professeurs de pathologie ne pouvaient
exposer, faute de temps et dont je n’ose, ici, donner les
noms, même en latin. M. Emile Parisot, de son côté, et
aussi, depuis deux années, a exercé les élèves aux détails
si importants des méthodes d’auscultation et de percussion,
Enfin, M: Eugène Bertin, a partagé plusieurs fois, avec le
professeur titulaire de clinique chirurgicale l’enseignement
d’un cours de clinique générale, créé depuis bien des
années par M. Simonin père. Espérons que grâce à la
haute bienveillance déjà gracieusement manifeslée par le
—
65
—
premier magistrat de notre département,
nos élèves seront
plus complétement initiés à Ja partie pratique de. cette
science dont certainement notre preimière mère ignorait
le nom, à la naissance de son premier fils. Espérons
encore que nos élèves jouiront, de nouveau, des avantages
qu'ils possédaient, il y a quelques années, lorsqu'ils pouvaient aborder, sérieusement, l'étude des affections mentales. N’est-il pas indispensable que les futurs officiers de
santé dont l'exercice en chirurgie est limité par la loi se
trouvent dotés de toute la science nécessaire pour la pra-
tique médicale. En visitant, ila quelques semaines l’un
des hôpitaux les plus célèbres de l'Italie, cette dernière
réflexion prenait, dans ma pensée, l'exigence d’un sentiment de devoir à remplir. Dans une partie inférieure et
resserrée d’un magnifique palais, dans la seule partie qui
fût sombre, triste
aliénés furieux.
et humide,
je visitais la section
Les admirables résultats constatés
des
près
de Nancy,à l'asile de Maréville, m’avaient fait croire à un
progrès semblable en tous lieux et l’érection de la statue
de Pinel, brisant
les chaînes des aliénés de son temps
m'avait semblé la consécration incontestée de ce. progrès
même. J'étais bien loin de supposer qu’il me serait pos-
sible de remonter à plus de 60 années en arrière (18), non
pas par la pensée, mais par la vue de faits réels et certes
bien affligeants pour notre époque. Dans un local étroit,
un jeune homme de vingt ans environ, portant aux mains
des menottes cadenassées, était assis sur un. banc en bois;
son
corps entouré
d’un. cercle de fer. était, par une.
très-courte chaîne, attaché à la partie inférieure d’un lit,
immobilisé par sa pesanteur. Je donnai la main à ce pauvre garçon
qui se leva modestement, pour me remercier
d’une bienveillance si inusitée à son ‘égard, et qui se rassit
5
|
en EE
timidement. Je songeai au prisonnier attaché, durant le
XVF siècle,
au cinquième pilier du
vaste cachot qui a
donné tant de célébrité au château de Chillon. A quelques
pas de ce jeune malade, un homme fixé sur son lit, par une
camisole de force, avait les mains placées dans de petits
sacs en cuir d’une énorme épaisseur; ce dernier malade,
beaucoup plus âgé que le précédent, souriait doucement à
mes interrogations. J'avais devant moi des furieux incon-
nus en France, et il était évident que les moyens qui étaient
employés contre eux, constituaient la principale méthode
de traitement ; mes paroles, d’ailleurs,
ne produisaient dans
ce lieu qu’un étonnement sceptique. Je quittai cette triste
demeure en regrettant que les idées scientifiques dont les
représentants entouraient naguère,
en Italie, notre glorieux
drapeau, n'aient pas eu le temps de se vulgariser et je
songeai, avec fierté, que nos élèves de Nancy, admis
naguère à Maréville, eussent tous été capables par leur
instruction de ressentir les émotions qui m'impressionnaient. N’en faut-il pas conclure qu’il est utile de revenir
à ces traditions dont je parlais tout à l'heure. Elles sont
bien les traditions de Nancy et d’ailleurs elles ont existé
pendant la phase là plus heureuse que l'Ecole ait encore
traversée. Ces considérations pourraient, Messieurs, être
longuement développées et je dois me borner; je dois
mème finir. Qu'il me soit permis de le faire, en exprimant un vœu : Que notre Ecole placée au milieu de bien
des écueils, puisse se voir appliquer, toujours, cêtte devise
dont est accompagné le vaisseau qui symbolise l'antique
‘ Lutèce, et qui, toutes voiles énflées, représente le mou-vement, la vie et l'espérance : Fluctuat nec mergitur.
Fichiers
seance_rentree_1861_5.pdf, application/pdf, 6,02 Mo,
Classe
Partie du document
SIMONIN, Edmond. Rapport sur l’année scolaire 1860-61, Présenté par M. Ed. Simonin, Directeur de l’École de médecine et de pharmacie, au Conseil Académique dans la session de Novembre 1861. https://histoire-universite-nancy.fr/s/una2gm/item/8694, accès le 17 mai 2022