Rentrée Solennelle des Facultés de droit, de médecine, des sciences et des lettres et de l'École Supérieure de Pharmacie de Nancy, le 20 novembre 1877
1877
; Nancy (Meurthe-et-Moselle)
; Discours Officiel
;
Document
;
partie, publication en série imprimée
; sr1877
;
par : Université De France / Académie de Nancy
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Identifiant (dcterms:identifier)
sr1877
Créateur (dcterms:creator)
Université De France / Académie de Nancy
Titre (dcterms:title)
Rentrée Solennelle des Facultés de droit, de médecine, des sciences et des lettres et de l'École Supérieure de Pharmacie de Nancy, le 20 novembre 1877
Sujet (dcterms:subject)
Discours Officiel
Editeur (dcterms:publisher)
Imprimerie de Berger-Levrault et Cie. 11, Rue Jean-Lamour, 11
Direction de la Documentation et de l’Édition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
Bibliothèque-médiathèque de Nancy
Date (dcterms:date)
1877
Droits (dcterms:rights)
Couverture spatiale (dcterms:spatial)
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
Type (dcterms:type)
partie
publication en série imprimée
Date de publication (dcterms:issued)
1877
Format (dcterms:format)
PDF avec ocr
Langue (dcterms:language)
fr
extracted text (extracttext:extracted_text)
UNIVERSITÉ DE FRANCE.
—
ACADÉMIE DE NANCY
RENTRÉE SOLENNELLE
DES
FACULTÉS
DE DROIT, DE MÉDECINE, DES SCIENCES ET DES LETTRES
ET
DE
L'ÉCOLE SUPÉRIEURE
DE
DE
PHARMACIE
NANCY
Le 20 Novembre 1877
BIRLIQENEOUX
, PE
LA
FACULTÉ DES SCIENCES
DE
NANCY
pere
[CATALOGUE
NANCY
IMPRIMERIE
DE
BERGER-LEVRAULT
11, RUE
JEAN-LAMOUR,
1877
11
ET
Ci°
ACADÉMIE
DE NANCY
ADMINISTRATION ACADÉMIQUE
Recteur de l'Académie
: M. JACQUINET
#
Recteurs
honoraires,
,
OK,
MM. DUNOYER COX, Lu,
MAGGIOLO 4, I &.
Inspecteur d'Académie honoraire : M. PERCIN
Inspecteurs de l'Académie
IE&ÿ.
%,
MM. BOISSIÈRE, À #, à Nancy.
l'abbé LAURENT, It, à Barle-Duc.
CONUS, L&ÿ, à Épinal.
Secrétaire de l'Académie
FACULTÉS.
: M. BÉCOURT,
I#ÿ.
1
ACADÉMIE
CONSEIL
M. le Recteur JACQUINET
M. LECLERC
DE
NANCY.
ACADÉMIQUE
OK,
IE.
O 3, I}, Premier Président de la Cour d'appel.
M. Acnizce DELORME, Préfet de Meurthe-et-Moselle.
MeFOULON
%#, Évêque de Nancy et de Toul.
MHACQUART O 3%, Évêque de Verdun.
M. HARDOUIN, Procureur général près la Cour d'appel.
M. le comte de LAMBEL,
et-Moselle,
Membre
du Conseil général de Meurthe|
=
. le Pasteur SCHMIDT %#, L£ÿ, Président du Consistoire de l'Église
réformée.
FÉREREEEEREE
. BOISSIÈRE,
AS, Inspecteur d'Académie à Nancy.
. l'abbé LAURENT, IL #ÿ, Inspecteur d'Académie à Bar-le-Duc.
. CONUS, I, Inspecteur d'Académie à Épinal.
. JALABERT %, 143, Doyen de la Faculté de Droit.
. STOLTZ
C 3%, L£F, Doyen de la Faculté de Médecine.
. RENARD, I 4, Doyen de la Faculté des Sciences.
. BENOIT
3%, I£5, Doyen de la Faculté des Lettres.
. JACQUEMIN, It, Directeur de l'École supérieure de Pharmacie,
. BÉCOURT, 14, Secrétaire de l'Académie, Secrétaire du Conseil,
ACADÉMIE
DE
NANCY.
ENSEIGNEMENT
FACULTÉ
8
SUPÉRIEUR
DE
DROIT
MM. JALABERT %, I 43, Doyen, Professeur de Code civil (1"° chaire)
et Chargé du cours d'Histoire de Droît romain et de Droit
français.
HEIMBURGER
3%, I £ÿ, ancien
Professeur de la Faculté
de
Droit de Strasbourg, Professeur honoraire,
LEDERLIN,
I &,
Professeur
de
Droit
romain
(2* chaire),
autorisé à faire le cours de Pandectes, et Chargé du cours de
Droit
français étudié dans
ses origines féodales et coutu-.
mières.
LOMBARD,
A 3, Professeur de Droit commercial,
et Chargé
du cours de Droit des gens,
LIÉGEOIS,
À &ÿ, Professeur de Droit administratif, et Chargé
du cours d'Économie politique,
DUBOIS,
A£%ÿ, Professeur
de
Droit romain
(1
chaire),
et
Chargé du cours de Droit civil approfondi dans ses rapports
avec l’Enregistrement,
BLONDEL, Professeur de Code civil (2° chaire).
BINET, Professeur de Code civil (3° chaire).
ORTLIEB, Agrégé, Chargé du cours de Procédure civile.
LOMBARD
(P.), Agrégé, Chargé du cours de Droit eriminel.
GARNIER, Agrégé, Chargé du cours d'économie politique.
MAY, Agrégé, Chargé du cours de Droit romain (2° chaire).
LACHASSE, Atÿ, Docteur en Droit, Secrétaire agent comptable,
4
ACADÉMIE
FACULTÉ
Doyen: M.
STOLTZ
C %,
LE
NANCY.
DE MÉDECINE
IE,
ancien doyen de la Faculté
de
médecine de Strasbourg.
Doyen honoraire : M. EHRMANN
Professeurs honoraires
MM.
STOLTZ
OX,
OK, I£.
{ MM. SÉDILLOT C %, 143.
|
CAILLIOT 3%, I.
I£, Professeur de Clinique obstétricale et gyné-
cologique ; M. ROUSSEL
RAMEAUX
TOURDES
3%, I£ÿ, professeur adjoint.
3, LEÿ, Professeur de Physique et d'Hygiène,
%K, L£ÿ, Professeur de Médecine légale,
RIGAUD
%, 145, Professeur de Clinique externe.
MICHEL
%, Lt, Professeur de Médecine opératoire,
COZE
3%, LI, Professeur
de Matière médicale et de Théra-
peutique; M. GRANDJEAN
HIRTZ
|
%X, À &ÿ, Professeur adjoint,
%, I£F, Professeur de Clinique interne,
BACH XK, I éÿ, Professeur de Pathologie externe; M. BÉCHET, I,
Professeur adjoint.
MOREL,
A,
Professeur d'Anatomie générale,
topographique; M. LALLEMENT,
descriptive et
À £ÿ, Professeur adjoint,
SIMONIN %, L&ÿ, Professeur de Clinique externe.
RITTER, À #, Professeur de Chimie médicale et de Toxicologie,
V. PARISOT
3%, IE, Professeur de Clinique interne,
HERRGOTT
3%, 1Eÿ, Professeur d'Accouchements et de Mala.
dies des enfants; M. E. PARISOT,
HECHT,
A £ÿ, Professeur adjoint.
A£ÿ, Professeur de Pathologie générale et de Patho-
logie interne; M. DEMANGE
%#, I #3, Professeur adjoint,
ACADÉMIE
MM. ENGEL, A4,
médicale.
DE
NANCY.
5
Professeur de Botanique et d'Histoire naturelle
BEAUNIS %, A, Professeur de Physiologie:
M. POINCARE, A #ÿ, Professeur adjoint,
FELTZ %, À &ÿ, Professeur d'Anatomie et de Physiologie pathologiques,
MM.
Agrégés en exercice,
, ,
GROSS.
SCHLAGDENHAUFFEN.
BERNHEIM.
CHRÉTIEN.
M. BONNET, AK, Secrétaire agent-comptable.
FACULTÉ
Doyen : M. RENARD),
Doyens honoraires
DES
SCIENCES
I £ÿ,
MM. GODRON 0 X, 15.
BACH %, Itÿ.
MM. RENARD), EI £#, Professeur de Mathématiques appliquées.
GRANDEAU
3%, À Ëÿ, Professeur de Chimie et de Physiologie
appliquées à l’agriculture.
DELBOS, I £ÿ, Professeur de Minéralogie et de Géologie.
FORTHOMME
4, L£ÿ, Professeur de Chimie.
MATHIEU, Professeur de Mathématiques pures.
JOURDAIN, Professeur de Zoologie,
BICHAT,, professeur de Physique.
LE
MONNIER, Professeur de Botanique.
GODEFRING,
À E#, Secrétaire agent-comptable,
6
ACADÉMIE
FACULTÉ
DE
DES
NANCY.
LETTRES
MM. BENOIT %, I£3, Doyen, Professeur de Littérature française.
LACROIX
#, LE, Professeur d'Histoire.
RAMBAUD, Professeur suppléant d'Histoire.
BOUTROUX,
Professeur de Philosophie.
GÉRARD, À 3, Professeur suppléant de Philosophie.
CAMPAUX 3%,
43, Professeur de Littérature latine.
DECHARME, A #3, Professeur de Littérature grecque.
GEBHART, A &, Professeur de Littérature étrangère.
VIDAL-LABLACHE, A &, Professeur de Géographie.
N., Professeur suppléant de Géographie.
RIEMANN, Maître de Conférences de Philologie grecque etlatine,
KRANTZ, Maître de Conférences de Littérature française,
GODEFRING, À &, Secrétaire agent-comptable,
ÉCOLE
SUPÉRIEURE
DE
PHARMACIE
Directeur : M. JACQUEMIN, Lt.
Directeur honoraire : M. OBERLIN 3%, I &ÿ.
MM. JACQUEMIN, L&, Professeur de Chimie minérale et.de Chimie
organique.
OBERELIN
%K, I4, Professeur de Matière
médicale
et de Phar-
macologie,
SCHLAGDENHAUFFEN,
Toxicologie.
BLEICHER
AE, Professeur de Physique
3%, À &, Professeur d'Histoire naturelle médicale.
DESCAMPS,
Professeur
de Pharmacie.
DELCOMINÈTE, A 43, Suppléant.
HALLER, Agrégé provisoire.
BONNE,
et de
À &, Secrétaire agent-comptable.
PROCÈS-VERBAL
DE
LA
SÉANCE.
La séance solennelle de la rentrée des Facultés
de droit, de médecine,
des sciences et des lettres et
de l’École supérieure de pharmacie de Nancy, a eu
lieu le mardi 20 novembre 1877, sous la présidence
de M. Jacquinet, Inspecteur général honoraire de
l'instruction publique, Recteur de l’Académie.
À onze heures
Esprit,
célébrée,
du
matin,
une
messe
du
Saint-
dans le palais de l’Académie,
par
M. l'abbé Voinot, Vicaire général, et à laquelle assis-
taient
Verdun,
Nosseigneurs
les
évêques
de Nancy
et de
réunissait le Recteur, MM. les membres du
Conseil académique,
les Inspecteurs
de l’Académie,
les Doyens, Directeur et Professeurs des cinq établissements d'enseignement supérieur.
La séance publique s’est ouverte à midi dans le
grand amphithéâtre de la Faculté des lettres. M. le
Recteur a pris place sur l’estrade occupée par MM. les
Inspecteurs d'Académie de Meurthe-et-Moselle, de la
8
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
Meuse et des Vosges, les Doyens et les Professeurs
des quatre Facultés, le Directeur et les Professeurs
de l'École
supérieure de pharmacie,
le Proviseur et
les Professeurs du Lycée,
M. Leclerc, premier Président de la Cour d'appel,
M. le général de division Abbatucci, Nosseigneurs les
évêques de Nancy et de Verdun, M. Achille Delorme,
préfet de Meurthe-et-Moselle; M. le général Hanrion,
M. Hardouin, Procureur général près la Cour d'appel;
M. le comte de Lambel, membre du Conseil général.
et du Conseil académique;
M. le pasteur Schmidt,
Président du consistoire de l’Église réformée, membre du Conseil académique; M. Auberge, Secrétaire
général de la Préfecture; M. le général Desaint de
Marthille;
M.
Maggiolo,
Recteur
honoraire;
M. Li-
bermann, grand Rabbin; M. Benoît, Président de
chambre à la Cour d'appel; M. Henriet, Conseiller à
la Cour
d’appel; M. Luxer,
Substitut
du Procureur
général ; M. Louis, Colonel du 69° de ligne ; MM. Quenot
et
Verrier,
Colonel
et Lieutenant-Colonel
du
26° de ligne; M. Roche, Sous-Intendant militaire;
MM. Baradez et Sidrot, Adjoints au Maire de Nancy;
M. Bach, Doyen honoraire de la Faculté des sciences,
ont pris place aux premiers rangs de l’Assemblée,
MM. les étudiants des diverses Facultés occupaient
les tribunes.
Un discours de M. le Recteur a ouvert la séance.
La parole a été donnée ensuite à MM.
les Doyens
7”
PROCÈS-VERBAL,
g
des Facultés et à M. le Directeur de l’École supérieure de pharmacie, pour la lecture de leurs rapports
sur l’état des études et sur les résultats des examens;
puis
droit, pour
à M.
Ortlieb,
Agrégé
la lecture du rapport
de la Faculté
sur les
de
concours
qui ont eu lieu dans cette Faculté.
En l’absence de M. Renard, Doyen de la Faculté
des sciences, qu'un congé nécessité par l’état de sa
santé enlève à ses fonctions pour un semestre, le
rapport sur les travaux de cette Faculté a été présenté par M. le professeur Grandeau, délégué par
M. le Ministre de l’Instruction publique dans les fonctions de Doyen.
La séance a été terminée par la lecture des listes
des étudiants qui, dans les Facultés de droit, de mé-
decine, des lettres et dans l'École supérieure, ont .
obtenu des prix et des mentions honorables aux con-
cours de l’année scolaire 1876-1877, et par la distribution des médailles,
|
Les noms des lauréats ont été proclamés par
M.
Ortlieb,
M. Bernheim,
Agrégé
près
la Faculté
Agrégé près la Faculté
de
droit,
par
de médecine,
par M. le Doyen de la Faculté des lettres, et par
M. Bleicher, Professeur de l’École supérieure de
pharmacie.
DISCOURS
DE
M. LE
RECTEUR.
MESSIEURS,
En faisant, aux approches de cette solennité, en vue des
rapports qu'elle appelle, le compte des heureuses acquisitions ou améliorations par lesquelles durant cette année
s'est encore perfectionné l’état de notre enseignement supérieur: — création pour la Faculté des sciences d’une
chaire nouvelle, celle de Botanique; agrandissement d'ins-
tallation pour la même Faculté par de nouvelles constructions
élevées au profit de la zoologie et de la chimie; création,
dans la Faculté des lettres,
de
conférences réservées aux
étudiants inscrits, c’est-à-dire, à cette laborieuse jeunesse qui
prépare fortement sa candidature à l’enseignement ou à la
science... et autres utiles mesures accomplies ou à la veille
de l'être, dont MM. les Doyens parleront en détail, — ma
pensée s’est involontairement reportée vers ces temps voisins
de nous (25 ans seulement nous en séparent) où la Lorraine,
réduite, en fait d'enseignement supérieur, à la possession
d'une École préparatoire de médecine, réclamait encore, avec
une insistance qu’un demi-siècle de refus ou d’ajournements
n'avait pas lassée, la restitution des établissements de haute
culture intellectuelle que comprenait sa dot au moment de
son mariage avec la France, et que la France, après les
avoir laissé détruire, oubliait de lui rendre. Entre l'ère
actuelle, si favorisée et si prospère, et la période de dénûment
12
SÉANCE
DE RENTRÉE,
et de laborieuse revendication qui l’a précédée, le contraste
n’est pas seulement curieux, il est très-instructif; car, mieux
peut-être que tous les hommages rendus au génie de cette
province, il met en vive lumière la sincérité et l'énergie des
goûts élevés qui la caractérisent, et, sije puis dire, la vitalité
de son ambition vers les choses de l'esprit.
Dans les premières années de ce siècle, les amis des lettres
et des sciences dont Nancy comptait, comme aujourd'hui, un
grand nombre, se ressouvenaient avec un soupir, en passant
devant le noble édifice qui décore de sa tranquille et sévère
architecture le haut de notre rue Stanislas. Quel silence alors
aux approches de ce seuil autrefois si fréquenté! Quelle solitude dans cette cour jadis si vivante ! C'était là, c'était
dans les vastes salles du rez-de-chaussée (le reste était réservé aux collections), que les quatre Facultés (théologie,
droit, médecine, lettres), transplantées sous le Roi-Duc, des
bords de la Moselle à ceux de la Meurthe, de Pont-à-Mousson :
à Nancy, et royalement accueillies dans la Ville souveraine,
réunissaient autour de leurs chaires de nombreux auditeurs
accourus de toutes les parties de la province et de lointaines
contrées françaises ou étrangères! C'était le palais de l’Université lorraine! Universités, Collèges, Écoles, l'orage de 98
avait en un moment tout emporté... Par les premières mesures
réparatrices de 1795, qui avaient essayé de réorganiser sous
le nom d’Écoles centrales l’enseignement des colléges, et sous
celui d'Écoles spéciales l'enseignement supérieur, Nancy
avait obtenu une des premières (ce sera plus tard notre lycée),
mais pas une seule des secondes.
Et cependant le fameux article 14 du Traité de Vienne
avait dit: « Toutes les fondations faites en Lorraine par Son
Altesse Royale le Duc de Lorraine ou par ses prédécesseurs,
subsisteront et seront maïntenues tant sous la domination du
Roy beau-père de Sa Majesté très-chrestienne, qu'après la
cession à la France.» Maïs au lendemain des dernières jour-,
nées de la Révolution, et à la veille de Rivoli et d'Arcole, qui
DISCOURS
DU
RECTEUR.
-
13
se souvenait des stipulations par lesquelles, sous le ministère
de Fleury, la vieille monarchie s'était engagée envers une des
plus ‘intéressantes nationalités qui se fussent incorporées à
son domaine?
Le sentiment de cet oubli parle avec éloquence dans une
requête de la ville de Nancy, du mois de mars 1804, au citoyen conseiller d'État chargé de la Direction de l'instruction
publique (c'étaitle chimiste Fourcroy). Dans cette pièce, que
conservent nos archives municipales, l'institution ou plutôt
la restauration de
intellectuelle d'une
et dignité pour une
État, est demeurée
ces foyers d'étude où s’entretient la vie
grande cité, est redemandée avec force
ville qui, en cessant d’être capitale d’un
le centre vivant d’une région, et à qui
ses traditions d'esprit scientifique, l’urbanité de ses habitants,
l'élégance de leurs mœurs, la pureté de leur idiome composent des titres particuliers à la justice qu’elle sollicite,
En 1808, en 1809, auprès de Fontanes, qui a succédé à
Fourcroy, nouveaux et pressants efforts. Mais ici un commencement de réparation, l'aube d’une ère nouvelle les encourage. Le décret portant organisation de l’Université a
paru en 1807; des Académies ont été créées, autant que de
Cours d'appel. L'article 18 porte qu'au chef-lieu de chacune
d'elles, à côté du Lycée principal, seront établies une Faculté
des sciences et une Faculté des lettres. Déjà Nancy, siége
d'une haute Cour, a bénéficié en partie de ces mesures.
J'ouvre l'annuaire de l'Université de 1810, à la page où
figure notre ressort académique, formé
des mêmes départe-
personnel
voie
ments qu'aujourd'hui. Voici une Faculté des sciences... Non,
ce n'est qu'un titre surmontant une ligne de points: le
sans
doute’ est
encore
en
de
formation.
Mais voici la Faculté des lettres, son Doyen en tête,
lequel en est aussi le professeur de philosophie, Je remarque
que ce fonctionnaire porte le même nom que le Recteur, par
la meilleure des raisons, c'est que la même personne suffit à
ces trois emplois, ou du moins les occupe. L'Empire,
par sa
14
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
nouvelle loi, s'était mis dans la nécessité de faire une levée
de maîtres de haut enseignement pour 35 Académies, créées
du Rhin aux Pyrénées et de la Loire au Tibre ; et comme il
n'était pas aussi facile d’improviser une légion de savants
que de faire sortir de terre des armées, il avait autorisé ou
prescrit, à titre d’expédient provisoire, ces cumuls inattendus,
sortes d'emplois de maître Jacques. Ainsi le professeur appelé
à l’enseignement de la littérature latine et à celui de la
littérature française dans la Faculté, n’est autre que le professeur de réthorique du Lycée. Le maître de philosophie de ce
dernier établissement est aussi le secrétaire agent comptable
de la Faculté, qui, au besoin, devra suppléer le Recteur-Pro-
fesseur dans sa chaire. Seule l’histoire possède un maître libre
et distinct (c'est un proviseur en retraite, M. Mollevaut).
Ce n’était là, comme on voit, qu’un faible et précaire essai;
mais le principe était posé et l'exécution commencée. Impa-
tients de confirmer et d'étendre ce qui venait de naître, nos
édiles, tout en invoquant prompte organisation de la Faculté
des sciences promise, sollicitent, par les plus valables raisons,
le rétablissement de cette florissante Faculté de droit dont
la renommée attirait, au siècle dernier, dans les murs de
Nancy, après la réunion de cette ville à la France, jusqu’à
200 étudiants. Ils profitent en 1810 du passage dans leur ville
de la fille des Césars germains, fiancée au maître de la France,
pour remettre un placet en ce sens à cette princesse, qui
portait dans ses veines le sang de nos Ducs mêlé à celui
des Habsbourg, et pour qui les fondations scientifiques de
Charles IL, les largesses de Léopold I® envers les lettrés
et les savants, étaient des exemples de famille.
Marie-Louise comprit-elle l’à-propos de l’appel fait à ces
souvenirs ? Quatre ans après, les événements la ramenaient
au palais de Schœnbrunn, sans que son impérial époux y
eft donné suite, et réinstallaient dans celui des Tuileries
l'arrière-petit-fils de Stanislas, le royal auteur de la Charte,
Autre à-propos, dont s’autorise habilement la même cause
DISCOURS
DU RECTEUR.
15
auprès de la dynastie restaurée, mais, hélas! sans le moindre
succès. Par le décret de 1815, mesure d'économie et de défiante à la fois, qui supprimait 21 des Facultés existant sur
le sol français (17 pour les lettres et 4 pour les sciences),
Nancy n'est pas épargné, Sa modeste Faculté des lettres, si
peu onéreuse qu’elle fût à l'État, avec les cumuls qu’on a
vus, disparaît; et, pour de longues années, ce pays retombe
dans l’ordre des Académies sevrées d’études supérieures (1),
au rang des rectorats découronnés.
Elle serait touchante, mais trop longue, surtout ici, l’histoire des protestations qui, sans relâche, suivirent cette dépossession nouvelle, et des négociations animées qui, pour
obtenir satisfaction sur ce capital intérêt, furent, à brefs intervalles, entreprises auprès de trois Gouvernements, soit de
loin, soit de près. Car on ne se bornaiït pas à des mémoires, à
des placets trop aisément stériles. Des députations, soit de la
Cité, le Maire en tête, soit du département, auxquelles s’associaientles délégués des chefs-lieux voisins, Metz, Bar-le-Duc,
Épinal, et même Vesoul, allaient porter à Paris la légitime prétention de la contrée. Qu'il me suffise de dire que jamais la per-
sévérance de cette revendication n’a fléchi, ni ne s’est découragée,appuyée qu'elle était sur une profonde conscience du droit,
et sur cette conviction, fille de l'expérience, que, si trop souvent le droit, en ce monde, a besoin pour triompher d’être
hautement réclamé et virilement défendu, rarement il manque
de prévaloir et d'obtenir gain de cause définitif avec ce sou-
tien : Vigilantibus, dit l’énergique adage latin, vigilantibus
jura prosunt.
Un moment, toutefois, cette vigilance faillit être mise en
défaut d’une manière fatale, etde vives angoisses précédèrent
la joie de l'heureux dénouement.
Le 23 avril 1852, le Conseil municipal de cette ville, étant
{1) Le seul établissement qui représentât à Nancy, pendant cette longue pé-
riode, la haute instruction, l’École secondaire de médecine, instituée en 1822,
réorganisée en 1843, sous le nom d'École préparatoire, la représentait très
dignement,
16
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
en séance, apprend d’un de ses membres, personne avisée et
très-sûrement informée (1), qu'une réorganisation de l’ensei-
gnement
couru,
supérieur sur un plan nouveau,
est à la veille de devenir une
dont le bruit a
réalité.
D'après ce
projet, que le Conseil d'État achève, au moment même, d’élaborer dans le sens tracé par le Pouvoir, et dont le succès
près d'une Chambre docile ne saurait être douteux, les circonscriptions académiques sont modifiées par un remaniement
général; de grands Rectorats sont créés: rien n’est fait pour
Nancy.
Que
dis-je?
Nancy
déchoit
au lieu de grandir.
Nancy perd son Conseil académique, son Rectorat : son territoire universitaire se démembre au profit des voisins. Les
Vosges iront se confondre dans le ressort de Besançon; la
Meurthe, la Meuse, la Moselle seront des dépendances de
Strasbourg. Au lieu des réparations invoquées, attendues,
c'est l’abaissement définitif, c’est le néant, si l’on ne se hâte
de conjurer le péril. Dieu veuille qu’il soit encore temps de
l'essayer !
Avertie par un Caveant consules aussi sérieux, l'assemblée,
sans perdre une minute, arrête en peu de mots les considérants d’une délibération affirmant de nouveau son incontes-
table droit et son invincible espérance; elle décide que des
délégués du Conseil iront aussitôt à Paris porter secours à
l'un et à l’autre. Séance tenante, sont élus pour cette mission
(je tiens à rappeler des noms désignés pour jamais à notre
gratitude) MM. Collenot, Élie Baïlle, Lévylier. Ils partiront
sur l'heure. Quel sera le chef où du moins l’orateur de l’ambassade? Un autre nom, celui de M. Guerrier de Dumast,
l'historien de Nancy, l'homme de toutes les hautes et fécondes
initiatives pour la Lorraine et pour cette ville, est prononcé,
et aussitôt, quoiqu'il ne fasse pas partie du Conseil, acclamé (2).
(1) M. Blaise, notaire, membre du Conseil municipal de 1847 à 1858,
(2) Depuis des années déjà, M. de Dumast avait pris à cœur cette affaire de
la restauration des Facultés de Nancy, et y travaillait avec
gieuse qu'il apporte à toutes les causes qu'il épouse. C'est
qu'était dù surtout le vaste pétitionnement pour cet objet,
part, en 1850, quatre départements de l'Est. 42 villes de la
cette ardeur contaà ses appels réitérés
auquel avaient pris
Meurthe, des Vosges,
DISCOURS
DU RECTEUR.
17
On court à sa demeure. Il est souffrant ce jour-là; il est attaché à son foyer par la santé et l’habitude ; toujours prêt à combattre pour son cher Nancy, il ne le saurait faire, en cet état,
que du fond de son cabinet, avec sa plume... Pour touteréponse,
on lui dit: Partons! et dès le lendemain tous sont partis (1).
Quels combats à livrer, quelles agitations, quelles vicissitudes de crainte et d'espérance les attendaient dans la grande
ville, il faudrait pour le dire, pour tracer dignement cette
dramatique page de nos annales universitaires et lorraines,
il faudrait la verve même et l'émotion personnelle de l’énergique et aimable survivant de cette histoire qui m’en racontait naguère les détails. Si, d'un côté, pour seconder et diriger
l'ardeur de leurs démarches, leur entrain à frapper à toutes
les portes, ils avaient l'amitié et les bons offices de quelques
membres
de l’Assemblée
nationale
mêmes intérêts (2), de l’autre
rage ou leur diplomatie avait
pour désespérer des volontés
devant eux! Un Ministre de
dévoués
de cœur aux
quelles préventions leur couà dissiper, quels obstacles, faits
moins robustes, se dressaient
l'instruction publique, fort en
crédit alors et tout-puissant, fermé d'avance à leurs tentatives, envahi et possédé qu’il était par l’idée de créer sur la
frontière de l'Est une seule et vaste académie, dont Strasbourg serait la tête; dans le Conseil d'État, une majorité
compacte acquise à ce dessein; sous les formes courtoises
avec lesquelles d'importants fonctionnaires, des personnes influentes accueillaient leurs visites, une indifférence bientôt
de la Moselle, de la Haute-Marne avaient envoyé, en 1851, au Ministre de
l'instruction publique, leurs adresses couvertes de signatures, accompagnées
de vœux de Conseils généraux et de ceux du Congrès scientifique de France,
tenu, dans cette année, à Nancy.
(1) La délibération municipale du 23 avril, qu'ils emportaient avec eux, étendue,
complétée
en
forme
de
mémoire,
animée
par
la plume
de M.
de
Dumast,
dès l’arrivée à Paris, fut aussitôt itnprimée à de nombreux exemplaires (dont
ils se firent eux-mêmes, au cours de leurs visites, les distributeurs}, sous ce titre:
Mémoire
relatif à l’omission de Nancy
nécessité d'en placer là un seizsième,
sur la liste des quinze Rectorats
et à l’évidente
(2) Surtout MM. Buquet, Viart, députés de la Meurthe. M, Buquet n'était pas
encore maire de Nancy. C’est un peu après, même année, qu'il inaugura sa
longue magistrature municipale, marquée par tant de votes généreux du Conseil
et de mesures décisives pour l'installation et le développement de nos Facultés.
FAGULTÉS,
2
18
SÉANGE
trop visible, où
DE
RENTRÉE,
l'ennui d’avoir à traverser le cours d’une
affaire déjà aussi avancée;
d’étranges
préjugés, et parfois,
faut-il le dire ? de singulières ignorances venant en aide à
la froideur des uns, au parti pris des autres. Plus d’une fois,
dans le cours de leurs démarches, nos délégués eurent occasion de se rappeler la saillie de Gœthe sur les lacunes de
l'éducation française en géographie. Un jour, dans le salon
où les recevait un haut personnage, un des assistants, de la
tenue la plus officielle, du plus grand air sous ses cheveux
blancs, et du meilleur ton, ayant lié propos avec M. de Dumast, le félicitait de son zèle pour sa province, mais avouait
trouver un peu chimérique ce beau dévouement : car enfin,
lui disait-il, la combinaison contre laquelle vous protestez répondà la nature des choses, se justifie par des affinités de
race, d'idiome : dans votre Lorraine, à Nancy, on parle allemand!.… M. de Dumast fut tellement abasourdi par ce
blasphème ethnographique, qu'il laissa son interlocuteur s’éloigner sans répondre. Il n’a jamais su son nom.
Enfin, après des jours et des jours de courses vaines, d’ef-
forts infructueux, une ressource, une seule restait: le recours
direct auprès du chef de l’État. Une audience est demandée,
promise d’abord pour une date qui, vu l'urgence du cas, la
rendait illusoire, puis tout à coup, grâce à une intervention
secourable, accordée un soir, pour une heure très-matinale
du lendemain,
Quand, l'heure venue, M. de Dumast, ayant à peine eu le
temps de se recueillir pour l'instant décisif, entra dans le
salon présidentiel, suivi de ses collègues et de quelques députés amis,
chacun de ceux-ci, dans l'émotion qui l’oppres-
sait, pouvait bien lui dire, lui disait en son cœur: A toi, à
ton patriotisme et à ta vive parole, de tout sauver!
cer
in te omnis gens desperata recumbit.
Il commença lentement, très-lentement, non qu'il eût à
surmonter aucun trouble, mais par cet artifice oratoire de
DISCOURS
DU
RECTEUR.
19
début, familier aux Ulysse et aux Nestor, et aussi pour mieux
s'aguerrir à l'étrange impassibilité du regard qui se fixait
sur les siens. Un exposé rapide, précis, lumineux, des anciens droits, moralement imprescriptibles, sur lesquels s’appuyait le juste vœu de toute une province, de nouveau et
plus que jamais méconnu, s’anima d’une émotion moins con-
tenue, quand il rappela, comme titres d’une autre sorte, les
gages de fidélité et d’attachement si largement fournis par
le peuple lorrain, depuis bientôt un siècle, à sa nouvelle patrie, sa vaillance d'avant-garde dans Les luttes de celle-ci pour
la liberté ou pour la gloire, tant de sang versé par lui, sans
compter, sous le commun
drapeau, aux champs de bataille
de la Révolutionet de l'Empire (1)!
Et la voix de ce peuple
si dévoué s’élevant de nouveau pour réclamer la restitution
trop différée de ses anciens foyers de lumière, ne serait
qu'une plainte stérile! II perdrait même, par une nouvelle et
plus grave atteinte, la survivante unité, souvenir bien inof-
fensif de sa nationalité d'autrefois, qu'une équitable loi lui
avait conservée dans la géographie
universitaire, c’est-à-dire
intellectuelle, de la France ! Eh quoi ! annexer, dans le partage
nouveau, à l'Alsace les deux tiers de la Lorraine, comme si,
entre ces deux provinces, si réellement distinctes, bien qu’également françaises de cœur, le mur mitoyen des Vosges, et
tant de dissemblances d’esprit, de langage même, autres limites, n’existaient pas! Rattacher de force à Besançon le
département des Vosges, ce pays si lorrain, si indissolublement uni à celui qui, de ce côté, letouche, qu'autant vaudrait
séparer, arracher l’un à l'autre les deux lobes d'un même
cœur! Maïs pourquoi défigurer par une impuissante analyse l’éloquente parole? Il suffisait de dire que rarement
plus noble cause fut aussi heureusement
l'orateur se tut, bien
défendue. Quand
que le principal auditeur, toujours
({) Ici quelques mots rappelaient la pléiade de maréchaux de France* sortis
du sol lorrain, de 1792 à 1815, et faisaient resplendir sur Nancy la gloire si
éclatante et si pure du nom de Drouot.
# Victor, Oudinot, Lobau, Saint-Cyr, Molitor, Gérard, Ney, Excelmans, Duroc,
20
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
enveloppé de sa réserve, se bognât à des paroles
d'encouragement, l'assistance, instinctivement,
coup décisif était porté: nos amis se retirèrent
confiants.
Ce jour-là même le Conseil d'État devait
assez vagues
sentait qu’un
rassérénés et
tenir séance,
A l’une des dernières heures, ils apprenaient que la haute
assemblée, informée par le Ministre de l’instruction publique,
en personne, de l'adhésion du Gouvernement aux vœux de
la ville de Nancy, avait répondu par des marques non douteuses d’assentiment, et que, dès lors, c'était cause gagnée.
En effet, bientôt après, en vertu d’un amendement apporté
au projet par le Conseil, la création était admise en principe, au profit de Nancy, d’un seizième Rectorat, c’est-à-dire
d’une grande Académie nouvelle, portantavec elle la hiérar-
chie complète de l’enseignement, depuis l'école et l'asile,
jusqu'aux Facultés groupées au sommet.
C’est ainsi, Messieurs, que le résultat si longtemps poursuivi, et, au dernier moment, presque désespéré, fut enfin ob-
tenu (1). Rendons, même aujourd’hui, libres et justes en face
de l’histoire, rendons, suivant le précepte évangélique, à
César ce qui revient dans l'événement à César ; mais disons-
nous que ce grand centre d’études, cette belle Académie de
VEst avec sa légion de professeurs publics, ce palais, cette
enceinte qui nous rassemble, sont nés d’une parole; oui, de
la parole généreuse, convaincue, inspirée qui, ce jour-là, fit
(1) Tandem jura valent! s'écriait M. de Dumast
en reprenant la route de Nancy.
— Ces mots auraient pu trouver place sur la médaille qui fut frappée plus tard
en mémoire de la restauration des Facultés.
|
Dans là session du Conseil municipal de Nancy qui suivit le retour des délégués,
des remerciments solennels leur furent votés par l’assemblée, et consignés au
procès-verbal dans les termes suivants: « Le Conseil appréciant, comme il le
doit, le zèle aussi éclairé que dévoué dont les délégués ont fait preuve dans
l'accomplissement d'une aussi importante mission, s’empresse de leur adresser
ses vives félicitations et ses remerciments. Le Conseil désire que le
de sa profonde reconnaissance soit également transmis à M, Guerrier
qui, nonobstant le besoin de repos exigé par l'état de sa santé, a
s’adjoindre à la commission pour défendre les intérêts de la ville,
avec
son
talent
ef
son
üardeur
de
conviction
ef
de
patriotisme
si remarquables
la lâche qu'il avait acceptée... » (Registre des procès-verbaux
8 juin 1852.)
témoignage
de Dumast,
bien voulu
et a rempüi
du Conseil,
DISCOURS
DU
RECTEUR.
°
21
son œuvre avec tant d’à-propos et de puissance; parole vraiment magique, puisque, en un moment, notre fortune à terre
fat relevée, sauvée par elle! Soyons fiers, professeurs de Faculté de Nancy, d’une telle origine, et efforçons-nous constamment d'y répondre en faisant nous-mêmes, dans l’accomplissement journalier du plus grave des devoirs, le meilleur
ct le plus digne usage de ce pouvoir mystérieux et souverain qui, de force ou de gré, conquiert les esprits et assujettit les cœurs, — la parole!
En 1854, les Facultés
des sciences et des lettres de cette
ville, provisoirement abritées sous le toit de l’antique Université, ouvraient leurs cours (1).
En 1862, prise de possession de ce palais (2).
En 1864, inauguration de la Faculté de droit ressuscitée.
En 1872, la Faculté de médecine de Strasbourg est transférée à Nancy:
et quel autre asile eût pu mieux convenir à
l'illustre fugitive ?
En 1876, l’École supérieure de pharmacie de Strasbourg,
transportée avec la Faculté, se détache de celle-ci et reprend
son autonomie.
Et voilà, messieurs les Étudiants (car c’est. pour vous surtout
que je ranime ces souvenirs), voilà comment il se fait que,
tout comme vos prédécesseurs des xvi°, xvuI°, Xviri* siècles,
vous, jeunesse de la seconde moitié du xIx°, vous voyez, aux
jours des solennités scolaires, siéger ensemble devant vous,
Université au complet, moins le titre, quatre Facultés, plus
une de ces grandes Écoles dont l'institution appartient uni-
quement
imposante
à notre âge. L'assemblée
que
celle
que
formait
n'est certes pas moins
jadis, réunie
pour
ses
(4) 10 décembre. La loi des seize Académies avait été votée par le Gorps légis-
latif dans la même année; le décret d'organisation avait suivi de près. La séance
d'inauguration eut lieu à l'hôtel de ville, dans le grand salon, sous la présidence
de M. Faye, membre de l’Institut, Recteur de la nouvelle Académie,
(2) La première pierre avait été posée le 18 juin 1859. M. Rouland, Ministre
linstruction publique, vint, le 26 mai 1862, présider la fête de l'installation.
de
22
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
grandes assises, l’Université de Charles IIT à Pont-à-Mousson,
ou son héritière, celle de Stanislas, à Nancy. L'aspect du
docte sénat est peu changé. On dirait même, à voir ces costumes, ces insignes d’un autre âge, que les portraits solennels
des vieux maîtres se sont animés, et que les docteurs en toge
sont descendus de leurs cadres sur ces siéges par l'effet de
je ne sais quel enchantement. On dirait une apparition, une
évocation du passé! Oh! vous savez, vous, mieux que personne, si, par l'étendue du savoir, la rigueur des méthodes, si
par l'ouverture de l'esprit, l'essor inventif de la recherche,
le libre mouvement des intelligences vers le vrai, vos professeurs sont hommes du temps
timent et le culte du devoir,
présent! C’est par le senc’est par le goût sincère et
passionné de l'étude, c’est par l'intérêt dévoué et le tendre
respect
que
votre jeunesse
et votre avenir
leur
inspirent,
qu’ils se rattachent étroitement au passé et prennent à cœur
de le continuer sans réserve; inébranlables
morales de la magistrature scolaire, dont
ornements, à première vue surannés, sont,
même, le respectable et précieux symbole
dans ces traditions
ces costumes, ces
par leur antiquité
!
Ainsi que je l'annonçais en commençant, nos rangs se sont
encore augmentés cette année de quelques recrues nou-
velles; vous y remarquez aussi quelques-uns de ces changements qui appellent à la fois de fraternelles bienvenues et
de sympathiques adieux.
La Faculté de droit compte un agrégé nouveau: c’est un
de ses plus dignes élèves qui lui revient avec ce titre,
M. May. — Du rang d'agrégés, MM. Blondel et Binet ont
passé à celui de professeurs, où, si jeunes qu'ils soient encore,
leur place était marquée.
L'École supérieure est au complet depuis l’arrivée de
MM. Bleicher et Descamps, maîtres éprouvés, dont le savoir
approprié, quoique très-étendu, et le talent animé de zèle ont
DISCOURS
DU
RECTEUR,
23
fait prendre un nouvel essor aux études des cours d'histoire
naturelle médicale et de pharmacie.
Bans les sciences, M. Le Monnier, un de ces naturalistes
que l’École normale supérieure forme en trop petit nombre,
mais par la plus parfaite culture, a brillamment inauguré la
chaire, mais non pas les études de botanique, depuis longtemps accréditées parmi nous par d'éminents travaux, dont
l'Institut vient de consacrer la renommée en s'attachant, à
titre de correspondant, leur auteur, notre cher Doyen honoraire des sciences, M. Godron.
|:
Les conférences dont vient de s'enrichir la Faculté des
lettres seront le champ d'essai de deux jeunes talents dont ce
pays est d'autant plus heureux de se voir réserver les prémices, qu’ils sont l’un et l’autre ses enfants, et, par leurs études
d'avant l'École normale, ses élèves, M. Riemann, M. Krantz.
La même Faculté, dans le sein de laquelle Paris se recrute
volontiers, vient d’être encore une fois affligée de cet honneur. Ainsi lui est enlevé, en plein essor de la plus sérieuse
popularité, son professeur de philosophie, ce métaphysicien
qui, en chaire, scrutait les profondeurs de la philosophie allemande avec tant de simplicité, de naturel et de lumière, que,
sans effort apparent, sa parole attirait et gagnait à cette aus-
tère étude, même
les plus défiants et les plus résolus à ne
pas comprendre. À sa place, c’est, à certains égards, un
psychologue, plutôt, que nous entendrons demain, mais non
moins curieux du fond des choses, non moins habile à le pénétrer, et, à coup sûr, aussi attrayant et engageant. Frappée
de deuil par le départ imprévu de M. Boutroux, la Faculté
respire et se rassure au nom de son successeur, M. Jules
Gérard.
Puisse-t-elle éprouver la même impression du choix, encore inconnu, qui lui viendra demain pour sa chaire de
géographie!
Car
de ce côté aussi,
Paris
s'enrichit
à nos
dépens, et désormais c’est avec un autre guide que le curieux
publie de Nancy fera ces grands voyages, ces tours du monde,
24
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
que M. Vidal-Lablache préparait avec tant de conscience et
de méthode, et qu'il conduisait avec la précision d’un topo-
graphe,
la science d’un économiste,
torien et l'imagination d’un peintre.
les lumières d’un his-
La Faculté de médecine a eu, dans le cours de cette année,
une grande joie et une grande douleur. Au professeur célèbre qui préside à ses destinées, elle a vu décerner une
haute distinction, juste récompense et couronnement suprême
d’un demi-siècle de travaux accomplis avec éclat pour son
service. Elle à perdu le maître vénéré, le vétéran de la
chimie médicale, qui, dans les rangs du grand corps alsacien
transplanté en terre lorraine, perpétuait avec tant d'honneur
le souvenir des études et des services de l’École préparatoire
de Nancy. Blondlot, aujourd’hui, n’est plus qu’un nom, mais
un nom glorieux, écrit sur le bronze de nos fastes scientifiques à côté de celui de Nicklès. A cette chaire, veuve d’un
tel maître, nos suffrages, d'avance unanimes, ont appelé celui
qui, dans un laboratoire voisin, réunissait déjà autour de lui
toute une légion d’empressés et fervents disciples; l’ardent
initiateur, que possèdent à la fois, au même degré, sans se
nuire l’un à l’autre, le démon de la recherche et le démon de
l'enseignement; l'analyste redouté, dont les derniers travaux
sont une des plus belles victoires de la chimie bienfaisante,
protectrice de la santé et de la joie publique, sur la chimie
complice
des gains ténébreux et meurtrière;
enfin le rare
et populaire savant, à qui volontiers nous offririons pour armes
parlantes, si nous étions encore au temps de ces jeux
symboliques (ou, si vous voulez, comme emblème de médaille
commémorative), deux femmes se tenant par la main, lune
armée d'un creuset, l'autre d'une balance; derrière ellés,
d'un côté, le dieu du commerce et du larcin (1) pleurant sur
(1)...
Fraudis furumque magister,
dit le poëte des Métamorphoses en parlant du dieu Mercure,
Callidus, quidquid placuil, jocoso
condere furto.
et Horace,
DISCOURS
DU
RECTEUR.
25
un tonneau répandu; de l’autre, assis parmi les pampres, un
Bacchus consolé et souriant; et, pour légende, au-dessous du
noïn de Ritter, ces mots: SCIENTIA JUSTITIÆ AUXILIUM,
FRAUDIS TERROR (1).
Messieurs
les
:
Étudiants,
une
nouvelle
année
d’études
s'ouvre dès aujourd'hui devant vous, une de ces années pour
vous décisives. Vos professeurs vous attendent et vous
appellent... Par la manière dont vous allez répondre à leur
sollicitude, soutenez les glorieux souvenirs que j'ai tout à
l'heure évoqués, montrez-vous dignes de notre antique Université et de notre jeune Académie, dignes de vos familles,
qui prennent si grand souci de votre avenir, dignes du pays
natal qui vous regarde, et de la grande patrie, dont vous êtes,
jeunesse française croissant dans l'étude et le devoir, la
meilleure, la plus certaine espérance !
{1} Des Vins colorés par la fuchsine ef des moyens employés pour les reconnaître,
par E, Ritter, 1876.
Recherches
expérimentales
sur
l'action
de
la
fuchsine
pure
sang et dans l'estomac, 1876. — Recherches expérimentales
médiats déterminés par l'injection de la fuchsine dans
MM. Ritter et Feltz.
introduite
dans
le
sur Les accidents imle sang, 1877; par
RAPPORT
DE M. LE DOYEN
DE LA FACULTÉ
MONSIEUR
DE DROIT.
LE RECTEUR,
MESSIEURS,
Le développement
de l'instruction à tous les degrés est
devenu une préoccupation nationale; chacun sent que les destinées du pays dépendent en grande partie de l’œuvre qui
s’accomplit dans nos Écoles; de là l'intérêt patriotique avec
lequel vous accueillez le compte rendu annuel de nos travaux,
Pénétrés de l’importance de notre tâche, sentant le poids de
notre responsabilité, nous venons vous exposer ce que nous
avons fait, chacun dans notre sphère d'action, pour répondre
à votre attente et aux légitimes exigences de l'opinion pu-
blique. Ce treizième rapport vous donnera une idée exacte
de la vie intérieure de notre Faculté de Droit pendant l’an-
née scolaire 1876-1877.
Le chiffre moyen des inscriptions pendant les sept années
écoulées depuis les douloureux événements de 1370 a été à
peu près atteint (1); comme l'an dernier nous avons compté 142
{1} Le nombre moyen des inscriptions trimestrielles a été :
En 1870-1871, . , de
137%:
En 1871-1872,
En 1872-1873,
. ,
. .
dè
de
157
»
1571,
En 1874-1875,
.
.
de
151
3/,
En 1876-1877,
.
.
de
1!:2
»
En 1873-1874,
En 1875-1876,
. .
. .
de
de
129 1},
111 97
Moyenne 115.
28
BÉANCE
DE
RENTRÉE.
inscriptions par trimestre (1). Le nombre des élèves dont la présence simultanée ou successive a été constatée, s’est élevé à
220 (2), savoir 165 des trois départements du ressort académique (3), 23 de la Haute-Marne, de la Haute-Saône, des Ardennes et de la Marne(4); 10 des autres parties de la France,
20 d’Alsace-Lorraine et 2 des pays étrangers.
L’assiduité aux cours, rigoureusement exigée de tous ceux
qui w'obtiennent pas des dispenses réglementaires ou des con-
gés réguliers, a été sérieuse et persévérante de la part du plus
grand nombre; l'attitude et la conduite à l'intérieur de V'École ont été généralement très-satisfaisantes. Si des inscriptions
ont été perdues par des élèves qui n’ont pu, malgré nos avertissements, se résoudre à assister habituellement aux leçons (5),
aucune poursuite disciplinaire n’a marqué cette année, et pas
une plainte ne nous est parvenue sur la conduite de nos étudiants hors de la Faculté. Les rapports des maîtres et des
st
{D
Novembre
Inscriptions.
1876.
De capacité, , , , . .
10
De ?2 année. . . . . .
39
De
re année,
De 3e année, ,
, ,
.
.
.
. ..
De Doctorat. . . . , .
Janvier
Avril
1877
9
46
47
A1
32
32
a
40
45
es
n
1817.
9
59
18
Juillet
1877.
5
Folk
Moyenne
jar crimestre.
84
81k
40
188
4T
39
144
36
38
30
13
me
8
me
147
55
me
A
ERA
me
»
»
{63
142
139
12%
563
142
Les études du Doctorat durant environ de deux ans et demi à trois ans, ce
sont 37 aspirants au Doctorat qui ont dû prendre et 46 qui ont pris effectivement
des inscriptions ou subi des examens pendant l’année scolaire 1876-1877.
(2) Un de nos étudiants de 2e année, Prosper Érowr, aussi distingué par le cœur
que par l'intelligence, a succombé le 28 mai 1877. à l'âge de 25 ans, après une
douloureuse maladie supportée avec une ferme résigenation.
(3) 115 de Meurthe-et-Moselle
Meuse.
(dont 83 de Nancy),
(4) 10 de la Haute-Marne, 7 de ia Haute-Saône,
31 des
Vosges,
19
de la
3 de la Marne, 3 des Ardennes.
{5} Les pertes d'inscriptions se répartissent ainsi :
4 r'irimestre.
Capacité,
ire année.
2° année.
8e année.
. . ..
. .
. , . .
2
2e trimestre,
8c trimestre.
Î
2
4€ trimestre.
»
Total
pour j’année.
ô
»
1
3
»
1
k
?
2
2
»
»
2
4
g
6
êË
8
»
20
FACULTÉ
DE
DROIT,
29
élèves ont conservé le double caractère d'intérêt affectueux
et de confiante déférence qu’ils ont toujours eu à Nancy.
Lies conférences facultatives auraient dû réunir Les 49 étu-
diants inscrits (1); 16 s’en sont tenus volontairement éloignés,
et quelques-uns n'y ont pas pris une part assez active. Nous
ne nous lasserons pas d'insister pour que ces exercices soient
plus suivis et mieux préparés; il y a là une question d’avenir pour les études. Les leçons des professeurs doivent être
complétées chez nous, comme à l’École polytechnique et dans
tous les établissements scientifiques, par des interrogations
et des discussions bien dirigées. Les conférences constituent
nos laboratoires juridiques; c’est là surtout que nos disciples
peuvent se rendre compte de ce qu'ils croient avoir saisi.
Mis en demeure de répondre à la contradiction, aux prises
avec les difficultés d'application, ils soumettent les notions
acquises à une épreuve décisive. Ils s'aperçoivent bientôt
qu'ils ne possèdent vraiment les principes et les règles qu'autant qu'ils ont été appelés à les justifier et à les défendre par
le raisonnement et l'exégèse,
Aux cours, aux conférences, aux examens, c’est pour nous
un devoir de conscience d'être exigeants. Notre sollicitude
pour les jeunes gens confiés à nos soins nous fait ardemment désirer qu'ils emploient fructueusement ces belles années durant lesquelles, dans tout l'épanouissement de leurs
facultés et de leurs forces, ils peuvent amasser des provisions
de connaissances pour le reste de leur vie et jeter les fondements de leur future carrière. Nous ne cesserons de les en-
courager, de les soutenir, en nous adressant à leurs sentiments :
les plus élevés, en leur parlant de leurs devoirs envers le
pays, envers leurs familles, envers eux-mêmes, en réveillant
(1) Nombre des élèves inscrits aux conférences facultatives et rétribuées :
Conférences de 1r6 année.
. .
. .
, ,
,.
. .
18
.
.
.
.
,
.
.
ti
. . . . .
13
de 28 année,
——
de Doctorat (1er examen),
——
—
de 3e année.
,
.
—
.
. .
.
.
. . .
de Doctorat (24 examen).
.
. .
. .
. . .
.
. ,
2? }
7
49
80
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
leur émulation, en leur donnant l'exemple
du travail. C’est
avec bonheur que nous applaudissons à leurs efforts et que
nous constatons leurs succès; ils peuvent s'apercevoir que
c'est pour eux, non pour nous-mêmes, que nous nous dépen-
sons et que nous redoublons d’ardeur avec les années. Ils ne
se méprennent pas sur la cause de notre tristesse lorsqu'ils
s’abandonnent à de fâcheux entraînements et qu’ils se préparent des regrets pour l'avenir. Si nous leur paraissons quelquefois sévères, ils ne tardent pas à nous rendre justice ; nous
ne voulons d'autre témoignage que celui qu'ils nous rendent
quand ils font un retour sur le passé.
D'excellents élèves nous ont causé une satisfaction sans
mélange, l'élogea été décerné à 12 d’entre eux, je suis heureux de proclamer ici leurs noms.
Ce sont:
MM. Cretin et Georges Lagrésille pour le premier examen
de Baccalauréat;
MM. Cretin, Petitmengin et Guiot de Saint-Remy pour le
second examen de Baccalauréat;
MM. Favre et Maurice pour le premier examen de Licence;
MM. Favre et Maurice pour le second examen de Licence;
MM.
Licence;
Favre, Gerbaut et Maurice pour l'acte public
de
ces trois derniers ont obtenu un succès bien rare,
l'unanimité des blanches dans toutes les épreuves, et leurs
thèses ont été jugées dignes d’être déposées à la Bibliothèque
de ia Faculté.
À côté d'eux il en est 30, dans les trois années de Licence,
qui ont mérité la majorité de blanches{1), 15 qui ont été admis
avec égalité des blanches et des rouges, et 39 qui ont eu une
minorité de blanches. Ces résultats ne sont pas inférieurs à
ceux des années précédentes, mais nous aspirons à mieux, et
le nombre de 15 examens admis avec toutes boules rouges,
(1) Sur 19 boules délivrées à la suite des cinq épreuves de licence, ont obtenu :
MM. Pavin de Courteville, Lemoine (Charles), Spire (Maurice), 12 blanches ; —
MM.
Lagrésille (Alfred) et Schérer,
11 blanches,
FACULTÉ
DE
DROIT,
31
celui de 50 réceptions avec une demi-noire,
une noire et
même une noire et demie, nous paraissent trop considérables.
Nous voudrions que le chiffre des boules blanches, qui n’a
pas dépassé 209, s’élevât notablement, que celui des rouges,
qui a été de 397, s'abaissât progressivement, et surtout nous
désirerions n'avoir pas à enregistrer 150 noires (1) et 38 ajournements pour les 199 examens de Baccalauréat et de Licence.
Il nous est impossible de ne pas regretter l’obligation dans
laquelle nous nous sommes trouvés de refuser9 candidats sur
38, près du quart, au second examen de Licence placé à la
fin de la troisième année, et 15 candidats sur 47, près du tiers,
au premier examen de Licence qui porte exclusivement sur
le Droit romain (2).
Les épreuves de Doctorat se sont élevées de 29 à 38 (3);
16 candidats se sont présentés pour subir le premier examen,
T pour le second, 15 nous ont soumis leurs thèses et ont con()
Nature des examens.
Examen de capacité.
Blanches.
. . ,.
ones"
1
dre année: 1er ex. de Baccalauréat
26 année; 2e ex. de Baccalauréat.
ler ex, de Licence. ,
3e année { 28 ex. de Licence , ,
Thèse de Licence , .
2
22
31
28
17
34
Nature des examens,
38
51
66
54
49
132
261
Nombre des examens.
Examen de capacité. . . . . . . . .
{re année: {er ex, de Baccalauréat, .
2e année: 22 ex, de Baccalauréat. . .
{er ex. de Licence. . . . .
8e année { 2e ex, de Licence, . . . .
Thèse de Licence . .
. . .
2
EN
39
47
38
33
Nature des examens,
4er ex. de Doctorat
28 ex. de Doctorat.
Thèse de Doctorat.
. . . .
. , . .
. . . .
Blanches-
Blanches. rouges.
33
Noires.
2
-
»
8
13
20
34
16
7
120
156
188
152
132
120
80
756
Admissions,
Ajournements.
»
5
8
15
9
1
161
Rouges.
Total.
16
22
30
33
17
&
35
31
32
29
32
199
(8)
Ronges-
3
81
32
30
32
25
.
133
€}
Rouges.
Rouges-
ire,
38
:
Noires.
Total.
16
57
35
9
27
42
»
»
80
106
74
26
2
»
205 «
8
6
?
»
»
»
33
90
82
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
quis leur diplôme; ce dernier chiffre est sans précédent depuis le rétablissement de la Faculté. Plus le grade de Docteur
est envié, plus nous nous sentons tenus à lui conserver toute
sa valeur; la magistrature nous sait gré de ne le conférer
qu'aux plus dignes. Le nombre des ajournements, 4 sur 16 au
premier examen, 3 sur 7 au second (1), montre que des pré-
visions pessimistes sur l’abaissement du niveau de ces épreuves, par suite de la multitude des aspirants, n'avaient rien de
fondé. Le diplôme de Docteur de la Faculté de Nancy attestera toujours de fortes études de Droit romain et de Droit
français, il ne le cédera à aucun autre.
Il suffit de parcourir les thèses de cette année pour se con-
vaincre qu’elles sont le fruit de laborieuses recherches, il est
notoire que la plupart ont coûté près d’un an de travail à
leurs auteurs. Les sujets les plus variés, plusieurs très-difficiles, ont été traités avec grand soin, quelques-uns avec une
véritable supériorité (2).
{)
Nature des examens.
Nombre des examens.
1er ex. de Doctorat. , . , . , . . .
28 ex. de Doctorat. . , . , . . . . .
Thèse de Doctorat . . , , , . . .,
16
7
15
Admissions.
-
38
Ajournements
12
4
15
4
3
»
3i
7
(2) Sujets des thèses de Doctorat admises avec majorité de blanches où avec
3 blanches :
M. Paul Dumont : Du Serment considéré suriout comme moyen de preuve en Droit
romain ef en Droit français. (3 décembre 1876.)
M. Eugène Ganprr: De la Puissance paternelle à Rome et en France. (15 décembre 1876.)
M. Albert Laxro : Du Divorce en Droit romain et de la Séparation de corps en
Droit français. (23 décembre 1876.)
M. Alphonse Lowsanp : De l'Envoi en possession et de lu Vente des biens du débiteur
en Droit romain. — Des Effets du jugement d'adjudication sur saisie immobilière en
Droit français, (3 janvier 1877.)
M. Léon CHanpenrier: Du Bail à ferme en Droit romain et en Droit français
dans ses rapports avec l'Économie politique. (9 février 1877.)
M. Gustave LowBanD : Du Contrat de gage en Droit romain. — Des Effels de la
faillite par rapport aux droits des créanciers hypothécaires, privilégiés et nantis en
Droit français, (23 février 1877.)
M. Pierre CLavev: Des Fonctions du tuteur et de sa Responsabilité en Droit ro-
main.
—
De
la Séparation
de
biens judiciaires
sous
Droit français, (23 mars 1877.)
M. Louis Bacn: Du Fonds dotal en Droit romain,
en Droit français. (16 avril 1877.)
le
—
régime
de communauté
en
De l'Inaliénabilité de La dot
FACULTÉ
DE DROIT.
33
Une de ces thèses a été admise avec 3 blanches (1), onze avec
la majorité de boules blanches (2), trois avec éloge; ces trois
dernières sont celles de MM. Beauchet, Blum et Renauld.
M. Ludovic Beauchet nous a retracé la condition de la mère
en Droit romain et en Droit français(3); il a apporté dans cette
étude, où se déroulent les progrès des mœurs et des lois sous
l'influence de la civilisation et du christianisme, un esprit
étendu, généralisateur, méthodique. Il a su choisir avec dis-
cernement les matériaux de cette intéressante monographie,
les distribuer dans un ordre heureusement conçu, proportion-
ner les développements et donner une véritable unité à son
œuvre. La doctrine est sûre, le raisonnement vigoureux, le
style net, sans être absolument exempt de néologisme. La soutenance a été ferme et mesurée; l'acte public a répondu aux
espérances que nous faisait concevoir notre ancien lauréat,
jugé digne du second prix dans le concours général de 1874.
M. Albert Blum avait choisi pour sujet de ses recherches
en Droit romain
la restitutio in integrum, moyen
énergique
par lequel le préteur faisait prévaloir l'équité sur le droit strict.
Cette étude substantielle et précise, puisée aux meilleures
sources, résume les derniers travaux de la science. Dans sa
thèse de Droit français, consacrée aux assurances sur la vie,
le candidat a dû pour ainsi dire se frayer la route. Avec un
sens juridique
M.
Édouard
M.
René
exercé, une connaissance
Hannezo
: De l'Action
Successions anomales en Droit français.
XanpeL
: De la Novation
Quod
metus
approfondie
causa en Lroit
(11 mai 1877.)
en Droit romain.
—
de la
romain.
—
Des
:
Des Causes de justification
et d'excuse en matière criminelle, d’après le Droit français. (20 juillet 1877.)
M. Henry Bunoin DE PÉRONNE : Du Contrat de mandat en Droit romain. — Des
Chèques en Droit français. (26 juillet 1877.)
M. Louis ne Hépouvizie : Du Régime des eaux dans ses rapports avec l’agriculture
en Droit romain et en Droit français, (27 juillet 1877.)
(1) Gelle de M. Bach.
(2) Avec 4 blanches et 2 blanches-rouges,
Gardeil,
Hannezo,
Lanio,
G. Lombard.
—
Avec
celles
.
de MM.
3 blanches
Burdin
et
de Péronne,
3 slanches-rouges,
celles de MM. Charpentier et De Hédouville. — Avec 4 bianches, 1 blanche-rouge
et 1 rouge, celle de M. À. Lombard. — Avec ? blanches et 4 blanches-rouges,
celle de M. Dumont. — Avec ? blanches, 3 blanches-rouges et Î rouge, celle de
M. Xardel, — Avec 3 blanches, 1 blanche-rouge et ? rouges, celle de M. Clavey.
(3) Cette thèse a été soutenue le 22 décembre 1876.
FACULTÉS
3
34
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
pratique, il a fait une œuvre personnelle qui se recommande
aux jurisconsultes par la sagacité de l'analyse, l'enchaîne-
ment des déductions, l'harmonie des solutions. Nous ne voyons
pas qu'il ait été publié jusqu'ici un meilleur livre sur cette
matière si délicate dont l'intérêt va grandissant. L'épreuve
de l'argumentation n’a fait que confirmer les impressions trèsfavorables de la Faculté (1).
M. Albert Renauld a traité de l'exercice des droits des créanciers hypothécaires en Droit romain et de la transcription des
jugements d’adjudication en Droit français. Dans l’une et
l'autre dissertation il a fait preuve des qualités les plus solides;
on y trouve la connaissance de l'histoire du Droit, la vigueur
et la maturité, l'habitude d’aller au fond des choses, une alliance peu commune de la théorie et de la pratique. Il eût
été difficile de démêler comme il l’a fait, le caractère de divers jugements d’adjudication, d’en distinguer les effets sans
être profondément versé dans les complications les plus déli-
cates de la procédure. Si quelquefois, rarement il est vrai,
l'auteur semble supposer qu’il écrit pour les seuls initiés, il
creuse dans toutes les directions le sujet qu'il a choisi. Dans
la soutenance, une parole facile et animée, une dialectique
serrée, ont été vivement appréciées (2).
De tels travaux, excellents en eux-mêmes, sont pleins de
promesses pour l'avenir. MM. Beauchet et Blum ont déjà pris
part aux premières épreuves de l’Agrégation avec un de leurs
émules, M. Gardeil. Le nombre de nos élèves se destinant
à l’enseignement s'accroît avec les années; cinq de nos doc-
teurs se présenteront probablement au prochain concours, ils
s’efforceront de marcher sur les traces de leurs devanciers; en
six années la Faculté de Droit a compté sept élus parmi les
48 candidats sortis vainqueurs de ces luttes universitaires.
L'un d'eux, M. BLonDeL, était déjà devenu professeur titulaire en 1876; le second, M. Biner, a été appelé cette an{ 1}
{ ?)
Cette thèse a été soutenue le 9 février 1877.
Cette thèse a été soutenue le 13 juillet 1877,
:
née à la troisième
FACULTÉ
DE DROIT.
35
chaire de Code civil sur la présentation
unanime de la Faculté et du Conseil académique (1). C’est à
Nancy que M. Binet a commencé ses études en 1864, lors du
rétablissement de la Faculté; doué d’une intelligence vive
et lucide, se donnant tout entier au travail et au devoir, ila
conquis en moins de 13 ans la position qu’il occupe auprès de
ses anciens maîtres; Docteur, Agrégé, Chargé de différents
cours, il a poursuivi sans interruption sa marche ascendante.
Ses connaissances étendues de jurisconsulte, le solide enseignement recueilli par ses élèves, son caractère sûr, ses qua-
lités de cœur, nous assurent un collaborateur excellent et un
collègue dévoué auquel nous avons fait place avec bonheur
dans nos rangs.
C’est encore un de nos disciples, M. M4y, agrégé à Douai,
qui a été attaché, sur notre demande, à la Faculté et chargé
du second cours de Droit romain (2). Je ne pourrais que répéter ici ce que j'ai dit sur lui depuis deux ans, en faisant connaître publiquement notre désir de le voir revenir au milieu
de nous. Éprouvé dans les luttes de l’Agrégation et dans les
fonctions d’un double enseignement (3), M. May nous apporte
toutes les garanties scientifiques et morales
souhaiter chez un maître de la jeunesse.
nos Agrégés ses compagnons d'études et ses
par tous avec une affectueuse sympathie,
que nous pouvons
Il retrouve parmi
amis, et, accueilli
il entre sous les
meilleurs auspices dans une compagnie dont il continuera
les traditions en vue de l’accomplissement de l'œuvre commune,
Cette compagnie forme une famille étroitement unie qui
entoure de sa vénération son Doyen d'âge et de services, le
membre honoraire que lui a légué une Faculté célèbre, aujourd’hui disparue. Elle à applaudi à l'acte par lequel la croix
de la Légion d'honneur a été conférée à M. HEIMBURGER (4),
(1) Décret du 20 juillet 1877.
oi Arrêté du 3 août 1877.
Celui de procédure civile et celui d'histoire du Droit,
(4) Décret du 9 août 1877,
36
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
en récompense de quarante-deux années d'enseignement et du
courage civique déployé à Strasbourg en 1848. Ce souvenir
de la France a été doux au cœur du patriote octogénaire, il
demeurera l’ornement de sa vieillesse.
Un autre de nos savants collègues de Strasbourg, M. LEDERLIN, qui, depuis six ans, fait pour nos aspirants au Doctorat le premier cours de Pandectes organisé dans nos Facultés
de province et qui à été chargé, depuis le départ de M. Vau-
geois, du cours de Droit coutumier, a reçu, après vingt années
de services, les palmes de l'instruction publique (1).
À côté de ces promotions diverses, qui ont répondu à nos
sentiments
d’estime et de confraternité, nous sommes heu-
reux d’avoir à mentionner des mesures d'intérêt général réalisant des vœux, souvent exprimés ici, pour la meilleure
organisation des cours de Licence, l'institution définitive d’un
enseignement important, l'accroissement des instruments de
travail.
Désormais, la disproportion regrettable qui existait entre
les programmes des divers examens a cessé dans une certaine mesure. Les élèves de première année ne se borneront
plus à étudier le Droit romain et le Code civil; ils auront à
suivre un cours de Droit criminel, comprenant les parties
essentielles du Code pénal et du Code d'instruction criminelle, et cet enseignement fera l’objet d’interrogations confiées à un quatrième examinateur (2). Exceptionnellement et
en vue de la transition, ce cours sera fait, en 1877-1878,
pour les élèves de première et de seconde année (3).
L'enseignement de l'Économie politique, inauguré en 1864
par le regretté de Metz-Noblat, continué, depuis 1868, par
notre collègue M. Liégeois, dans un cours complémentaire
institué par la ville de Nancy, a été définitivement organisé
dans toutes les Facultés, en exécutior de la loi du budget
(1) Arrêté du 7 avril 1877.
(2) Décret du 26 mars 1877, art. 1er,
(3) Circulaire du 18 mai 1877,
FACULTÉ
de 1877. En
cours,
1879,
désiré
à cet
leçons
marqué
DE
DROIT.
87
attendant la création d’une chaire spéciale, le
sanctionné par un programme d'examen à partir de
a été placé en seconde année (1). Nous aurions vivement
que M. Liégeois voulût bien se consacrer tout entier
enseignement, qu'il avait contribué à fonder par des
hebdomadaires, dont le succès avait été d'autant plus
qu'elles
s’adressaient
à des auditeurs bénévoles.
Notre collègue n'ayant pu se résoudre à se laisser suppléer
dans le cours de Droit administratif, qu’il fait depuis douze
ans avec une
incontestable compétence,
nous avons dû de-
mander que le cours d'Économie politique fût confié à un
Agrégé (2). M. GARKNIER a accepté cette tâche rendue difficile
à Nancy, mais conforme à ses goûts et en harmonie avec la
direction de ses études; il la remplira avec un fervent amour
de la science, et nous ne doutons pas qu’il ne fasse preuve,
dans ce nouvel enseignement, de cette variété de connaissances, de cette sagacité et de cette justesse de vues, de cette
sagesse pratique qui ont caractérisé ses leçons de Droit cri-
minel et de Droit romain (3).
Un des cours organisés par la Ville se trouvant désormais
à la charge de l’État, nous nous réservons de proposer l’institution d'un
nouvel
enseignement
complémentaire
choisi
par l'Administration supérieure parmi ceux qui ont été réclamés par la Commission des hautes études de Droit, Nous
attendons beaucoup de la sollicitude témoignée par les pou-
voirs publics, les départements
et les communes
pour
la
prospérité de nos Facultés. Déjà, dans ces dernières années,
le nombre des ouvrages de Droit que nous avons pu acquérir
et mettre à la disposition de nos étudiants s’est élevé dans
des proportions considérables (4), et l'agrandissement de la
(4)
(2}
(3)
(4)
plus
Décret du 26 mars 1877, art. 2.
Arrêté du 18 mai 1877.
À Rennes en 1875-1876, à Nancy en 1876-1877.
En 4 ans, de 1874 à 1877, 562 ouvrages de Droit, comprenant ensemble
de mille volumes, ont été acquis par la Faculté an moyen de crédits alloués
par l'État.
38
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
salle de lecture de la Bibliothèque de la ville offre des faci-
lités nouvelles pour Le travail,
Avec ces ressources croissantes, avec les améliorations que
nous ne cesserons de solliciter et que nous espérons obtenir
dans la répartition des enseignements, les matières des programmes et la distribution des examens, nous pourrons marcher progressivement vers le but assigné à nos efforts, qui est
de préparer fortement des générations studieuses et viriles à
l'accomplissement des grands devoirs que nous imposent
notre passé national, nos épreuves récentes et notre destinée
providentielle,
PUBLICATIONS
DES
MEMBRES DE LA FACULTÉ DE DROIT
PENDANT
L'ANNÉE
SCOLAIRE
1876-1877.
M. JALABERT : Notice sur l'enseignement du Droit à l'École centrale de
la Meurthe, de l'an V à l'an XIT (1796-1804). (Mémoires de l'Académie de
Stanislas, GXX VII
année, 4° série, t. IX, 1876, p. 238 à 249.)
M. Liécrois : La Monnaie et le Billet de banque, discours de réception à
l'Académie de Stanislas. (Mémoires de l'Académie de Stanisias, GXX VIT® année,
4e série, t. IX, p. XXXVIE à LiIX.)
M. Dugors : Programme du cours de Droit romain (2° partie : Fntroduction, Personnes,
Droûts réels, Successions,
Actions). Paris, Gotillon.
Bulletin de jurisprudence italienne (suite), 8° et 4° bulletins, en collaboration avec M. Ch. Antoine, juge suppléant au Tribunal civil de Saint-Jean-deMaurienne. (Journal du droit international privé et de la jurisprudence compa-
rée, 1877, p. 81-97, 866-375, 450-457.)
Compte rendu de l'ouvrage de M. Vila Eevi, Locasione di opere et più
sp'e degli apolti. (Même journal, 1877, p. 201.)
Bibliographie juridique italienne (suite), t. VIE, n°% 233-645. (Revue critique de Iégislation et de jurisprudence, 1877, p. 674-704.)
M. BINET : Examen doctrinal de lu jurisprudence en matière eivile sur
la question suivante: Quel est l'effet de l'hypothèque judiciaire relativement à un émimeuble déjà aliéné lorsqu'elle prend naissance, ef en supposant l'aliénation non encore transcrite au moment de l'inscription. (Revue
critique de législation et de jurisprudence, t. VI, 1877,p. 433-440.)
: Traduction,
avec notice et notes, de la loi du 26 fé-
1876, modifiant le Code pénal de l'empire d'Allemagne du 15 mai
et complétant le même Code. (Annuaire de législation étrangère de
p. 185 à 158.)
l'Erécution des jugements étrangers en Autriche, d'après wn arlicle
Porlits, (Journal de droit international privé, 1877, p. 210 à 217.)
se
M. Paul LowRARD
vrier
1871
1876,
De
du D'
RAPPORT
DE M. LE DOYEN
MonsiEUR
DE LA FACULTÉ
DE MÉDECINE.
LE RECTEUR,
MESSIEURS,
La Faculté de médecine est restée en 1876-1877 dans un
état à peu près stationnaire quant au nombre des étudiants
qui l'ont fréquentée et des actes publics qui sy sont accomplis. Certaines différences sont dues à des causes passagères,
nous voulons l’espérer; quant au matériel, il à été notable-
ment amélioré. Nous aurions voulu pouvoir annoncer la
constitution définitive de nos cliniques, mais ceci est une
œuvre dificile et qui ne peut devenir plus ou moins parfaite
qu'avec le temps.
EXAMENS.
—
RÉCEPTIONS.
Dans l’année scolaire 1876-1877, le nombre des étudiants
en cours d'inscription a été de 155, répartis de la manière
suivante :
l'année,
92e année.
‘
38 année.
.
.
,
4 année,.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
. . .
.
.
,
.
.
+
. .
.
.
…
.
86
4
O1
28
1
’
|
155
En ajoutant à ce chiffre total, 58 élèves en cours d’exa-
men et 17 auditeurs bénévoles, on trouve que le nombre de
nos étudiants a été de 230, soit 5 de plus que l’année dernière,
49
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
Nous avons déjà fait remarquer que les auditeurs bénévoles
n’en sont pas moins des étudiants en médecine; ce sont des
retardataires qui n'ont pas encore obtenu
les diplômes de
bachelier nécessaires pour prendre la première inscription, ou
pour entrer en deuxième année.
Parmi le nombre total des élèves qui ont fréquenté nos
cours
figurent
23 élèves du service
11 aspirants au titre d'officier de santé.
de santé militaire et
Le nombre des élèves de première: année, comparativement à ceux qui ont commencé leurs études au mois de novembre 1875, a été nécessairement moindre (36 au lieu de
58); ceux de deuxième année ont été moins nombreux de
10, mais ceux de troisième ont surpassé le nombre des élèves
de même année de 1875-1876, de 20 ; c’est ainsi que l’équilibre s’est rétabli. Les élèves de quatrième année sont toujours les moins nombreux, parce que la moitié d’entre eux
nous sont enlevés chaque
année
par l’École militaire de
Paris.
Les inscriptions prises en 1876-1877 se sont élevées à 622
(104 de moins qu'en 1875-1876), mais sur ce chiffre, 536 sont
afférentes au doctorat (59 en moins seulement que l’année
dernière), tandis qu'il y en a eu 86 de moins pour l’officiat;
ce qui prouve, d’une part, que le nombre des officiers de santé
tend à diminuer, de l'autre, que les élèves arrêtés par leur
insuccès dans l'obtention du titre de bachelier diminue également.
|
La création de nouvelles Facultés, dont quelques-unes
entrent en activité dès maintenant, n'aura que peu d’in-
fluence sur le nombre de nos élèves, attendu que Nancy est
trop éloigné des nouveaux centres ; seul, Paris nous fait tort
par l'attraction qu'il exerce. Chaque année plusieurs de nos
meilleurs élèves partent pour la capitale, où ils espèrent
trouver des emplois en même temps avantageux pour leurs
études et lucratifs, sans compter
d’entre cux de s’y fixer un jour.
l'espoir
de quelques-uns
FACULTÉ DE
MÉDECUINE.
43
Le nombre des examens de fin d'année subis à la Faculté
a été de 122. Sur ce nombre il n’y a eu que 9 ajournements.
Les notes des admis se sont presque également réparties
entre les différentes mentions du règlement. La première
année est toujours la plus faible.
Les examens de fin d’études se sont élevés à 140, dont 9
seulement pour l'obtention du titre d'officier de santé. Sur
les 131 examens de doctorat, il y a eu 23 ajournements;
sur ceux d'officiers de santé, le tiers (3).
Dix thèses seulement nous ont été présentées cette année
pour la réception au doctorat; c'est 8 de moins que l’année
dernière, On demandera sans doute à quoi peut tenir cette
différence, cette diminution rapide du nombre des réceptions définitives. Nous l'avons plusieurs
fois dit : au départ
forcé de la moitié, ou à peu près, de nos élèves de quatrième
année, parce qu'ils appartiennent
à la médecine
militaire.
Ceux qui nous quittent volontairement cherchent à Paris des
occasions d'instruction pratique plus nombreuses que celles
que nous pouvons leur offrir. Il y a eu 3 réceptions d'officier
de santé.
Un jury spécial pris dans le sein de la Facultéa eu à exa-
miner 28 aspirantes au titre de sage-femme
de deuxième
classe : 11 appartenaient au département de Meurthe-etMoselle, 7 à la Meuse et 10 aux Vosges. Elles ont toutes été
reçues : 7 avec la note très-bien, 14 avec la note bien et 7
avec la note assez bien.
CONCOURS
POUR
LES
PRIX
DE
FIN
D'ANNÉE
: PRIX
BÉNIT.
Nous avons toujours à regretter le peu d'empressement des
élèves à se présenter aux concours pour les prix de fin d’année, qui procurent cependant, sans parler de l’honneur, des
avantages si importants aux lauréats, Ainsi le candidat cou-
ronné obtient le remboursement de tous ses frais d’études de
l'année, une somme importante en livres à son choix, et une
médaille d'argent.
44
SÉANCE
DE
ÉENTRÉE.
Les concours pour les deux premières années ont réuni
un certain nombre de compétiteurs. Celui de chimie, de physique et d'histoire naturelle a été très-satisfaisant; le président du jury en a fait un grand éloge dans son rapport. Le
concours d'anatomie et de physiologie a donné des résultats
bien supérieurs à ceux des années dernières. Mais là s’est
borné le progrès. Les concours de médecine proprement dite
ont été médiocres; aucun candidat n’est même venu disputer le prix de quatrième année, le plus important de tous, IL
serait facile d'expliquer cette anomalie, mais il serait trop
long d’en développer les motifs.
Quant au prix Bénit, prix d'une fondation spéciale, destiné
aux internes des hôpitaux, il a été disputé par quatre candidats, qui tous les quatre ont fait preuve de connaissances
pratiques solides, et avaient mérité des éloges de leurs chefs
immédiats. Ces candidats sont ordinairement sur le point de
soutenir leur thèse et d'entrer en pratique.
La commission spéciale instituée dans le sein de la Fa-
culté pour l'examen des thèses qui ont été soutenues devant
elle dans le courant de l’année, a envoyé
son rapport et ses
propositions au Ministre de l'instruction publique. Si elle à
eu à déplorer
qu'il ne
lui en ait été présenté
qu’un
petit
nombre, elle à au moins eu la satisfaction de reconnaître que
presque toutes forment des monographies importantes et qui
resteront dans le domaine de la science; en un mot, que la
qualité de ces travaux compense jusqu’à un certain point la
quantité qui fait défaut.
CONCOURS
POUR
DES
FONCTIONS
RÉTRIBUÉES.
Il y a eu dans le courant de l’année de nombreux concours peur des places rétribuées, soit par suite d'expiration
de la durée du service, soit par suite de démission des titulaires,
C’est ainsi qu'il y a eu lieu de pourvoir aux emplois d'aide
d'anatomie, d'aide de physiologie, de préparateur de chimie.
FACULTÉ
DE
MÉDECINE.
45
Ces concours ont été très-satisfaisants. Cinq candidats ont
concouru pour la place d'aide d'anatomie, deux pour celle
d'aide de physiologie, un seul pour celle de préparateur de
chimie.
Un autre concours a été ouvert le 2 août pour deux places
d’aide de clinique. Sept concurrents y ont pris part. Le jury
du concours s’est déclaré très-satisfait de toutes les épreuves.
MOUVEMENT
DU
PERSONNEL.
M. Hirtz a été de nouveau suppléé
—
AGRÉGATION.
par M. Bernheim dans
la chaire de clinique médicale. Mais le changement le plus
important qui soit survenu dans le personnel de la Faculté a
été occasionné par la mort de M. Blondlot, professeur de
chimie et de toxicologie. Cet excellent collègue, qui nous
avait été donné par le décret du 1° octobre 1872, a succombé
à une affection chronique dont les progrès ont été hâtés par
différents événements de famille qui l’ont profondément impressionné. Établi comme médecin praticien d’abord, il n'a
pas tardé à prendre
goût à la chimie et l’a cultivée ensuite
avec le plus grand succès. Professeur à l’École préparatoire
de médecine et de pharmacie de Nancy, il a fait des travaux
de chimie biologique qui l’ont mis plusieurs fois sur la liste
des correspondants de l’Institut. Désigné d'avance comme pro-
fesseur à la Faculté de médecine de Nancy, il a été accepté
de tout cœur par ses collègues venus de Strasbourg, et n’a
cessé de se faire aimer et estimer par eux. M. le Recteur et
un des plus anciens collègues de M. Blondlot ont retracé,
dans des notices nécrologiques, les mérites et les qualités de
notre excellent collègue.
L
Heureusement le successeur de M. Blondlot était tout
trouvé dans son adjoint, M. Ritter, qui, agrégé en chimie à
l'ancienne Faculté de médecine de Strasbourg, a accompagné
ses collègues à Nancy. M. Ritter fut présenté à l'unanimité
par la réunion des professeurs de la Faculté et par le Conseil
académique. Je craindrais de blesser la modestie de notre
46
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
nouveau collègue si j'énumérais les services qu’il a déjà rendus et les qualités qui le distinguent ; les nombreux élèves
qui suivent ses leçons ne manquent pas de lui rendre justice
à toute occasion.
Nous avons également perdu un de nos jeunes collègues,
mais ce n’est pas l’impitoyable mort qui nous l’a arraché.
M. Monoyer, agrégé en exercice pour les sciences physiques
et chimiques, était chargé d'un cours et d’une clinique
d'ophthalmologie. Il a été nommé professeur de physique à la
Faculté de médecine de Lyon. Le départ de M. Monoyer est
une perte pour notre Faculté, où il enseignait avec distinction
une spécialité qu’il avait d’abord apprise de son père, M. Stæber, un de nos anciens collègues de Strasbourg.
Un deuxième chef de clinique médicale a été demandé
pour les besoins du service et a été immédiatement accordé
par M. le Ministre. C’est M. Spillmann, attaché au service
anatomique, qui a été nommé, et ses anciennes fonctions vont
être prochainement données au concours.
|
Le mode de recrutement le plus usité aujourd’hui dans les
Facultés est l'agrégation. Malgré les démarches que les Fa-
cultés de médecine
de province ont faites dans le temps
pour que les concours d’agrégation continuassent d’avoir lieu
dans leur sein, ces concours ont été transférés à Paris par
une mesure générale applicable aux concours d'agrégation
des Facultés de toute espèce.
Des deux candidats de notre Faculté qui se sont rendus
l'année dernière à Paris pour concourir, et qui tous deux ont
été nommés et placés en première ligne, l’un (M. Engel)
nous à été enlevé presque immédiatement par la Faculté de
Montpellier, où il occupe la chaire de professeur de chimie et
de toxicologie; l’autre a été chargé
d’un cours spécial, celui
d’histologie générale, où il acquiert tous Les ans plus de droits
à devenir titulaire à la première occasion.
Cette année, un concours est annoncé pour quarante places
d'agrégés près des Facultés
de Paris, Lille, Lyon, Montpel-
FACULTÉ
DE
MÉDECINE.
47
lier et Nancy. Nancy y est compris pour huit places. Un
neuvième agrégé a été demandé, pour l’histoire naturelle,
qui n'est pas représentée chez nous. Enfin, un décret du
10 août dernier a supprimé le stage de ces fonctionnaires,
qui
était de trois ans; ils entreront immédiatement en exercice;
c’est là une grande amélioration de position pour les agrégés,
en même temps qu'un avantage pour les Facultés. La durée
de l’exercice reste fixée à neuf ans.
ENSEIGNEMENT
Tous
assiduité.
les
cours de la Faculté
MM.
THÉORIQUE.
ont
été
fréquentés
avec
les professeurs se louent généralement de
l'exactitude de leurs élèves, de leur zèle et de leur désir de
s'instruire. Néanmoins, comme partout, il en est toujours
quelques-uns qui négligent de mettre à profit les occasions
nombreuses qu'on leur offre, et le moment arrive où ils sont
forcés de se présenter devant leurs juges, s'ils veulent obtenir
le grade qui doit être leur ambition. Ils sentent alors, mais
un peu tard, que la science ne peut s'acquérir que par un
travail continu et assidu, et qu'on ne rattrape pas facilement
le temps perdu.
ENSEIGNEMENT PRATIQUE. (Cliniques, laboratoires, conférences.)
Dans le courant de l’année universitaire écoulée, nous
avons eu l'espoir de voir nos cliniques agrandies, perfec-
tionnées et ouvertes à un plus grand nombre de malades, Ce
nombre devait pouvoir
être porté au
double.
En
effet, des
plans d'organisation nouvelle et d'amélioration, mûrement
étudiés et définitivement arrêtés par la Faculté, avaient traversé sans encombre la filière des commissions qui ont eu à
les examiner et à les approuver, jusqu'au Conseil municipal.
Là ont surgi de nouvelles propositions de la part de la majorité des membres du conseil. Après avoir pris connaissance
des voies et moyens pour opérer les changements projetés et
avoir reconnu que la dépense se montait à une somme impor:
48
SÉANCE DE RENTRÉE,
tante, la majorité a pensé
qu'à ce prix, ou en ajoutant quel-
ques nouveaux sacrifices, il serait possible de réaliser un
projet de construction d’un grand hôpital, fait déjà avant la
guerre de 1870.
La Commission des hospices possède dans l’ancien faubourg
Saint-Pierre, aujourd’hui rue de Strasbourg, à 150 mètres en-
viron de la porte Saint-Nicolas, un vaste terrain sur lequei
on avait fait le projet de construire cet édifice.
Une
commission
mixte renfermant
des membres
du Con-
seil municipal, de la Commission administrative des hospices,
du Comité d'hygiène du département, et de la Faculté de
médecine, fut instituée et se réunit un certain nombre de
fois sous la présidence de M. le Maire, pour discuter l’oppor-
tunité de ce changement.
Malgré des oppositions fortement motivées, la majorité de
cette commission mixte arrêta que l'on donnerait suite à
l'ancien projet de construction d’un hôpital général, c'est-àdire d’un hôpital grandiose, destiné à recevoir des malades
de toutes les catégories, hormis les aliénés. En ce moment on
dresse les plans de ce gigantesque monument, de cette espèce d'Hôtel-Dieu. Les anciens hôpitaux resteront en attendant dans l’état où nous les avons trouvés en arrivant, et
dont nous avons tant de fois demandé les modifications né-
cessaires pour l'instruction de nos élèves et l'avantage des
malades.
Le Conseil général du département, sur la demande que
nous avons adressée à M. le Préfet, a modifié dans ün sens
plus large l'admission de malades dont l'affection peut intéresser les cliniciens. En principe, on pourra faire entrer
aujourd’hui dans les cliniques de Saint-Charles et de SaintLéon des malades venant n'importe de quel pays, pourvu
que, par des certificats délivrés par les autorités compétentes,
il soit reconnu que ces malades sont indigents, et que l’affection dont ils sont atteints peut servir à l'instruction des étudiants. À cet effet, M. le Préfet a adressé à MM. les maires
FACULTÉ
DE
MÉDECINE.
49
de son département et publié par les journaux une instruction dans laquelle sont parfaitement résumés les conditions
et le mode d'admission. Un de nos desiderata les plus importants se trouve ainsi résolu à la satisfaction de tous les intéressés.
L'hôpital de Secours (départemental)
est toujours ouvert
librement à nos élèves. Une salle spéciale pour les maladies propres aux femmes est mise à notre disposition cette
année, ce qui améliorera encore les conditions hygiéniques
de la Maternité proprement dite, et facilitera un enseignement jusqu'ici particulier à la Faculté de Nancy.
Il ne reste plus qu’à organiser certains services spéciaux
de la maison, pour les mettre à même d’être fréquentés d'une
manière plus régulière par les étudiants. Déjà un de nos
professeurs adjoints (M. Béchet) y a ouvert ses salles à nos
étudiants de 4° année, et s'ils ne s’y présentent pas en plus
grand nombre, cela tient uniquement à l'éloignement de
l'hôpital et aux occupations pratiques de la plupart de ceux
de nos élèves qui sont arrivés à la dernière année de leurs
études, et qui seuls sont autorisés à fréquenter ces cliniques.
Un décret du 20 août dernier institue des cours annexes de
clinique, consacrés à l’enseignement des spécialités médicales
et chirurgicales dans les Facultés de l'État où les chaires
magistrales sur les mêmes sujets n’ont pas été précédemment
créées. Parmi ces cours, plusieurs
existent déjà à notre Fa-
culté, qui a été la première qui possédât, par exemple, une
clinique ophthalmologique, laquelle fonctionne depuis plusieurs années à l'hôpital Saint-Charles.
M. Monoyer, récemment appelé à la Faculté de médecine
de Lyon comme professeur de physique, était chargé de cette
spécialité. Ce savant collègue sera difficile à remplacer. Nous
ne désespérons nullement toutefois de lui trouver bientôt un
successeur, qui pourra lutter habilement avec les nombreux
spécialistes étrangers auxquels le public s'adresse trop souvent,
de préférence aux indigènes, qui n’ont cependant ni moins
FACULTÉS
4
50
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
d'instruction, ni moins d'adresse que ceux que nos pauvres
infirmes visitent de préférence.
Les maladies mentales, qui sont également comprises dans
cette création nouvelle de cours annexes, ont été enseignées
l’année dernière à notre Faculté, théoriquement et cliniquement, par un de nos compatriotes annexés, médecin en chef à
l’hospice de Maréville.
M. le D' Christian a répondu promptement à notre appel.
Les autorisations
nécessaires
ne se sont pas
L'hospice de Maréville à été généreusement
fait attendre.
ouvert pour
nous par les autorités compétentes. Il est inutile de dire
que les visites des élèves ont été entourées de toute la discrétion que commandent le local et les malades de la catégorie de ceux qui sont renfermés dans les asiles d’aliénés;
aussi ont-elles passé presque inaperçues.
Des leçons théoriques étaient en outre
données
dans un
des amphithéâtres de la Faculté, et cet enseignement a été
suivi avec assiduité et avec le plus grand intérêt par les plus
avancés de nos étudiants,
Nous remercions publiquement M. le D' Christian du con-
cours qu’il nous a prêté, et qu’il est tout disposé à nous continuer.
Un autre enseignement qui figure dans le décret parmi
les cours annexes, est celui des maladies des enfants. Le pro-
fesseur du cours (théorique) d’accouchements est chargé en
même temps de l’enseignement des maladies des enfants, mais
il n'existe pas encore de clinique de ce genre à notre Faculté.
À plusieurs reprises nous avons essayé d'en créer une, mais
nous nous sommes heurtés contre certaines difficultés, qui pouvaient cependant être facilement levées, et qui le seront certainement dans un prochain avenir; car l’article 5 du décret
dont il est question dans ce moment, dit que « des services
spéciaux seront mis à la disposition de la Faculté par les
soins de l'administration hospitalière ».
Les travaux pratiques ont été poursuivis avec zèle et assi-
|
FACULTÉ
DE MÉDECINE,
51
duité. En tête de ces travaux se trouvent ceux d'anatomie.
Les élèves y mettent beaucoup plus d’ardeur qu'autrefois;
aussi les examens subis sur cette matière deviennent-ils
beaucoup meilleurs. Les moyens
pas pour le nombre
d'élèves
nécessaires ne manquent
qui fréquentent notre Faculté.
Surveillés et guidés par un chef des travaux instruit, il ne
tient plus qu’à eux de bien profiter des occasions qu’on met
à leur disposition.
À l'anatomie se rattache l’histologie. Tous les jours nos
élèves ont l’occasion de s'instruire dans cette spécialité. La
Faculté se procure les instruments les plus parfaits, nécessaires à cet effet, et un chargé de cours spécial enseigne
cette branche délicate d'anatomie générale.
MM. les professeurs Rameaux et Tourdes continuent
d'exercer pratiquement leurs élèves en dehors de leurs leçons
théoriques. M. Beaunis, professeur de physiologie, possède un
laboratoire pratique
où il réunit ses élèves, tellement nom-
breux qu’il ne peut les admettre
que par séries. M. Feltz,
professeur d'anatomie et de physiologie pathologique procède
de la même façon.
Le plus important et le mieux organisé de ces laboratoires
est celui de chimie, que les élèves de première et de seconde
année fréquentent avec une assiduité exemplaire. Ils en profiteront plus encore que les années précédentes, parce que la
théorie et la pratique sont enseignées aujourd'hui
même maître.
L'année dernière nous avons dit qu’une source
tion pratique importante était restée dans l'ombre
culté, les conférences; que ces conférences étaient
et conseillées, mais seulement facultatives; que
par le
d’instrucà notre Faautorisées
le Ministre
de la guerre eu faisait profiter autrefois ses élèves de l'É-
cole de Strasbourg, en les obligeant à les suivre.
C'est par un décret du 22 août 1854 que ces conférences
ont été instituées: Un arrêté ministériel récent (du 5 novembre) réglemente à nouveau cette institution et, d’oné-
52
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
reuse qu’elle était, la rend complétement libre. C’est, nous
ne craignons pas de le répéter, une
des sources les meil-
leures d’une solide instruction et d’une bonne préparation aux
examens. Déjà plusieurs de nos collègues font des conférences libres, en dehors de leur enseignement obligatoire;
plusieurs de nos agrégés
sont chargés
de répétitions qui ne
sont autre chose que des conférences pratiques. Nous n'avons
donc pas grand'chose à ajouter à ce qui se fait chez nous
depuis longtemps.
Une autre institution nouvelle, utile et généreuse, qui part
de l'initiative du Corps législatif, est celle des bourses accordées aux Facultés, et particulièrement à celles des départe-
ments. Cette institution existe depuis longtemps dans quel-
ques pays étrangers,
en Allemagne
entre autres, où elle
facilite singulièrement les études de certains élèves dont les
familles sont dans la gêne. Elles seront mises au concours,
ce qui donnera un caractère plus relevé encore à l'institution. Les Facultés de médecine sont surtout en position de
profiter de cette mesure nouvelle.
BIBLIOTHÈQUE ET COLLECTIONS.
.
Notre bibliothèque a encore vu augmenter ses richesses
d'une manière
notable
cette année, au moyen
des sommes
inscrites au budget, de subventions particulières et d'envois
directs de livres par le Gouvernement. Un nouveau don très-
important nous est annoncé, c’est celui d’un ancien élève de
la Faculté de Strasbourg, le docteur Colin-Bouligny (1), praticien à Nancy, qui, avant de mourir, a eu la généreuse
pensée de nous abandonner sa bibliothèque et sa collection
d'instruments. Cette bibliothèque compte plus de 800 volumes. À la vérité, la plupart des ouvrages qu’ils repré(1) Le docteur Colin a été reçu à Strasbourg en 1831. C’est son neveu, le colonel Bouligny, du 4e cuirassiers, qui nous a fait la remise de la Bibliothèque de
son oncle. Le père de M. Golin était sécrétaire général du département
Meurthe.
de la
FACULTÉ
DE
MÉDECINE,
53
sentent existent déjà dans la nôtre, mais ils pourront donner
lieu à des échanges avantageux.
La collection d'instruments de toute sorte a également
reçu des augmentations. Les musées, pour les raisons plusieurs fois indiquées, ne se garnissent que lentement.
On est occupé à dresser les inventaires et les catalogues
de toutes
patience.
les collections, c'est un ouvrage
de temps et de
En terminant ce rapport, qui ne mentionne que les choses
essentielles et les plus techniques, nous
croyons pouvoir dé-
clarer que la prospérité de notre Faculté est assurée, et que
son importance ne sera surpassée par aucune autre de la province, si tous les pouvoirs. qui peuvent y contribuer y travaillent avec la même bonne volonté, le même zèle que les
fonctionnaires qui sont chargés de l’enseignement théorique
et pratique.
PUBLICATIONS
DES
MEMBRES
DE LA FACULTÉ
PENDANT
PUBLICATIONS
L'ANNÉE
DE
M,
SCOLAIRE
LE
DE MÉDECINE
1876-1877.
PROFESSEUR
TOURDES
1876-1877,
1° Rapport sur les thèses soutenues devant la Facullé de médecine de
Nancy pendant l'année scolaire 1875-1876.
26 Rapport sur le projet de reconstruction des hospices civils de la ville
de Nancy. (Nancy, 1877.)
30 Article SanG (Médecine légale), (In Dictionnaire encyclopédique des
sciences médicales, Paris, 1877.)
‘
PUBLICATIONS
DE
M.
LE
PROFESSEUR
MICHEL
1876-1877.
1° Mémoire sur l’extirpation de la grenouillette. (Gaz, heb. 1877.)
2° Article de 100 pages sur l’ŒÆsophage et ses maladies. (Dictionnaire
des sciences médicales de Dechambre, avec recherches nouvelles inédites
sur le développement du conduit œæsophagien chez l'homme.)
PUBLICATIONS
DE
M.
LE
PROFESSEUR
SIMONIN
1876-1877.
1° Rapport sur le service départemental de l'assistance médicale et de
la vaccine de Meurthe-et-Moselle, pendant l'exercice 1876, lu en séance
du comité central d'assistance médicale et de vaccine, le 235 mai 1877 —
29e rapport de l'auteur sur l'Assisfance médicale. — 345 rapport sur le
Service de la vaccine,
1871.)
2° De l'Emploi de l'éther sulfurique et du chloroforme à la clinique chirurgicale de Nancy, (Tome deuxième; 2° partie, 45 livraison ; pages 525 à
921. 1877.)
3° Discours du président de l'Association des médecins de Meurthe-etMoselle, ]u en séance générale Le 19 juillet 1877,
FACULTÉ
PUBLICATIONS
DE
DE
M.
MÉDECINE.
LE
55
PROFESSEUR
HRRRGOTT
1876-1877.
Le Spondylizème
ou
affaissement
vertébral,
suite
du mal vertébral de
Poté, cause nouvelle d'altération pelvienne, comparé à la spondylolisthésis ou glissement vertébral, (Publié dans les Archives de tocologie et les
Anuales de gynœæcologie; in-8°, 74 pages avec 7 figures. Mars 1877.)
PUBLICATIONS
DE
M.
LE
PROFESSEUR
FELTZ
1876-1877.
Expériences démontrant qu'il n'y a pas dans le sang putréfié toxique
des ferments solubles auxquels on puisse attribuer la toxicité de ce liquide.
(Comptes rendus de l'Institut, 16 avril 1877.)
Expériences démontrant que la toxicité du sang putréfé tient aux ferments organisés. (Gomptes rendus de l'institut, 16 avril 1877.)
Expériences concernant les rapports des eaux d'égout avec la fièvre
typhoide. (Gazette hebdomadaire, 30 mars 1877.)
Expériences démontrant que la septicité du sang putréfié réside dans
les ferments organisés et non dans un ferment diastasique ou virus liquide ou solide. (Comptes rendus du 4 juin 1877.)
Expériences démontrant que ni l'air ni l'oxygène comprimé à hautes
tensions ne détruisent la septicité du sang putréfié. (Comptes rendus du
16 juillet 1877.)
Expériences
septicité du
démontrant
sang putréfié,
que
ni
le chloroforme
sur
n'a aucune action sur la
les vibrioniens
y contenus,
(Comptes
rendus du 30 juillet 1877.)
Mémoire sur la régénération des os dans l'évidement ct les résections
complètes de l'os et du périoste. (Journal de l'anatomie, de Robin, n° 4.)
EN
COLLABORATION
AVEC
M.
RITTER
:
1® prix de médecine et de chirurgie à l'Académie des sciences pour
les mémoires suivants :
1° Action des sels biliaires sur l'économie. (Journal de Robin.)
Des Dérivés des acides biliaires, des matières colorantes et de La choles-
térine de la bile sur l'économie. (Journal de Robin.)
|
De la Ligature du canal cholédoque et parallèle entre les donnees expérimentales et les données chimiques. (Journal de Robin.)
De l'Apparition des sels biliaires dans le sang et les urines délerminée
par certaines formes d'empoisonnement. (Journal de Robin.)
2° Recherches
expérimentales
duite dans le sang et dans
28 juin 1876.)
sur
l'action de
l'estomac.
la fuchsine pure
intro-
(Comptes rendus de l'Institut
du
56
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
Recherches expérimentales sur les accidents immédiats déterminés par
l'injection de la fuchsine dans le sang. (Gomptes rendus de l'Institut du
5 février 1877.)
De l'Action du sulfate de cuivre sur l'organisme. (Comptes rendus de
l'Institut du 25 février 1877.)
à
De l'Action de l'acétate de cuivre sur l'organisme: (Comptes rendus de
l'Institut du 12 mars 1877.)
De l'Albuminate de cuivre injecté dans le sang et dans l'estomac.
(Comptes rendus de l'Institut du 9 juin 1877.)
PUBLICATIONS
DE
M.
LE
PROFESSEUR
RITTER
1876-1877.
Des vins colorés par.la fuchsine et des moyens employés pour les reconnaître. (3e édition, revue et augmentée, avec planche.)
Sur la composition chimique de la bile humaïne. (In Bulletin de la
Société des sciences de Nancy, tome Il.)
Sur les glucoses arsénicales du commerce. (In Bulletin de la Société des
sciences de Nancy.)
Sur la composition de certains laits de vache. (Gazetie médisale de
Est.)
EN
COLLABORATION
AVEC
M.
FELTZ
:
1% prix de médecine et de chirurgie à l'Académie des sciences pour
les mémoires suivants :
1° Action des sels biliaires sur l'économie. (Journal de Robin.)
Action des dérivés des acides biliaires, des matières colorantes et de la
chotestérine sur l'économie. (Journal de Robin.)
De l'Apparilion des sels biliaires dans le sang et les urines déterminée
par certaines formes d'empaisonnement. (Journal de Robin.)
De la Ligature du canal cholédogue et parallèle entre les données expérimentales et les données chimiques. (Journal de Robin.)
°
20 Recherches expérimentales sur l'action de la fuchsine pure introduite dans le sang et dans l'estomac. (Comptes rendus de l’Institut du
28 juin 1876.)
Recherches expérimentales sur les accidents immédiats déterminés par
l'injection de la fuchsine dans le sang. (Comptes rendus de l'institut du
5 février 1877.)
De l'Action du sulfate de cuivre sur l'organisme. (Comptes rendus de
l'institut du 25 février 1877.)
De l'Action de l'acétate de cuivre sur l'organisme. (Gomptes rendus de
l'institut du 12 mars 1877.)
De
l'Albuminate
de
cuivre
injecté
dans
{Comptes rendus de l'Institut du 9 juin 1877.)
le
sang
et
dans
l'estomac-
FACULTÉ
DE
PUBLICATIONS
MÉDECINE.
DE
M.
57
POINCARÉ
PROFESSEUR ADJOINT
1876-1877.
1° Un article sur l'Anafomie normale et pathologique de Ta glande thyroïde. (Journal de l'anatomie et de la physiologie normales et pathologiques
de l'homme et des animaux, numéro de mars 1877.)
2° Le Système nerveux central au point de vue normal ef pathologique.
(Deuxième
édition
mise au courant
des travaux les
plus
récents,
accom-
pagnée de figures intercalées dans le texte; deux volumes de 400 pages
in-8°. Paris, J.-B, Baillière et fils.)
3° Recherches sur l'anatomie pathologique el la nature de la paralysie
générale, (Un volume in-8° de 800 pages. Paris, Masson.)
PUBLICATIONS
DE
PROFESSEUR
M.
LALLEMENT
ADJOINT
1876-1877.
1° Compte rendu des actes de l'Association des médecins de Meurthe-etMoselle.
20 Rapport sur la question des hôpitaux (exposé et plans). Présenté au
Conseil municipal de Nancy le 3 janvier 1877.
3° Rapport du service médical de la Société de prévoyance et de secours
mutuels de Nancy.
PUBLICATIONS
DE
M.
GROSS
AGRÉGÉ
1876-1847.
1° Arthrites tarso-tarsiennes el tarso-métatarsiennes, amputation de
Pirogof, guérison. (Observation communiquée à la Société de médecine de
Nancy, séance du ?8 juillet 1877. In Revue médicale de l'Est, t. VI, p.275.)
2° Rapport sur
l'avant-projet d'agrandissement de l'hôpital Saint-Léon.
(Présenté à la Faculté de médecine dans sa séance du 14 juillet 1876.)
8° Agrandissement des hôpitaux de Nancy. (In Revue médicale de l'Est,
t. VI, p. 289 et 353.)
4° La
Question
t, VIL, p. 189.)
des hôpitaux
5° Clinique et hépitauæ. (In
6° Analyse du rapport de M.
hôpitaux de la ville de Nancy.
et t. VIN, p. 1.)
T Le Thermo-cautère de
séances du 26 novembre
de Nancy.
(In Revue
médicale
de l'Est,
Revue médicale de l'Est, t, VIE, p. 257.)
Tourdes sur le projet de reconstruction des
(In Revue médicale de l'Est, t. VIL, p. 353,
(Société de
médecine
de Nancy,
1876 et du 12 juillet 1877,
Paguelin.
et Société
des scien-
ces, séance du 6 novembre 1876. In Revue médicale de l'Est, t. VI, p. 379;
t. VI, p. 54, et t. VI, p. 76.)
56
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
Recherches expérimentales sur les accidents immédiats déterminés par
l'injection de la fuchsine dans le sang, (Comptes rendus de l'Institut du
5 février 1877.)
De l'Action du sulfate de cuivre sur l'organisme. (Comptes rendus de
l'Institut du 25 février 1877.)
De l'Action de l'acétate de cuivre sur l'organisme: (Comptes rendus de
l'institut du 12 mars 1877.)
De l’Albuminate de cuivre injecté dans le sang et dans l'estomac.
(Comptes rendus de l'institut du 9 juin 1877.)
PUBLICATIONS
DE
M.
LE
PROFESSEUR
RITTER
1876-1877.
Des vins colorés par.la fuchsine et des moyens employés pour les reconnaître. (3° édition, revue et augmentée, avec planche.)
Sur la composition chimique de la bile humaïne. (In Bulletin de la
Société des sciences de Nancy, tome Il.)
Sur les glucoses arsénicales du commerce. (In Bulletin de la Société des
sciences de Nancy.)
Sur la composition de certains laits de vache. (Gazette médisale de
l'Est.)
EN
COLLABORATION
AVEC
M.
FELTZ
:
1% prix de médecine et de chirurgie à l'Académie des sciences pour
les mémoires suivants :
1° Action des sels biliaires sur l'économie. (Journal de Robin.)
Action
des dérivés des acides biliaires,
des matières
colorantes et de la
cholestérine sur l'économie. (Journal de Robin.)
De l'Apparition des sels biliaires dans le sang et les urines déterminée
par certaines formes d'empoisonnement. (Journal de Robin.)
De la Ligature du canal cholédoque et parallèle entre les données expérimeniales et les données chimiques. (Journal de Robin.)
29 Recherches expérimentales sur l'action de la fuchsine pure introduite dans le sang et dans l'estomac. (Comptes rendus de l'institut du
28 juin 1876.)
Recherches expérimentales sur les accidents immédiats déterminés par
l'injection de la fuchsine dans le sang. (Comptes rendus de l'Institut du
5 février 1877.)
De l'Action du sulfate de cuivre sur l'organisme. (Comptes rendus de,
l'Institut du 25 février 1877.)
De l'Action de l'acétate de cuivre sur l'organisme. (Comptes rendus de
l'Institut du 12 mars 1877.)
De
l'Albuminate
de
cuivre
injecté
dans
(Comptes rendus de l'Institut du 9 juin 1877.)
le
sang
et
dans
l'estomac-
FACULTÉ DE MÉDECINE,
PUBLICATIONS
DE
PROFESSEUR
M.
57
POINCARÉ
ADJOINT
1876-1877.
1° Un article sur l'Anafomie normale et pathologique de la glande thy-
roïde. (Journal de l'anatomie et de la physiologie normales et pathologiques
de l'homme et des animaux, numéro de mars 1877.)
2° Le Système
herveux central au point de vue normal et pathologique.
(Deuxième édition mise au courant des travaux les plus récents, accompagnée de figures intercalées dans le texte; deux volumes de 400 pages
in-8°. Paris, J.-B. Baillière et fils.)
8° Recherches sur l'anatomie pathologique et le nature de la paralysie
générale. (Un volume in-8° de 800 pages. Paris, Masson.)
PUBLICATIONS
DE
PROFESSEUR
M.
LALLEMENT
ADJOINT
1876-1877.
1° Compte rendu des actes de l'Association des médecins de Meurthe-etMoselle.
2° Rapport sur la question des hôpitaux (exposé et plans). Présenté au
Conseil municipal de Nancy le 8 janvier 1877.
3° Rapport du service médical de la Société de prévoyance et de secours
mutuels de Nancy.
PUBLICATIONS
DE
M,
GROSS
AGRÉGÉ
1876-1877.
19 Arthriles larso-barsiennes et tarso-métatarsiennes, amputation de
Pirogof, guérison. (Observation communiquée à la Société de médecine de
Nancy, séance du 28 juillet 1877. In Revue médicale de l'Est, t. VE, p.275.)
2° Rapport sur l'avant-projei d'agrandissement de l'hôpital Saïnt-Léon.
(Présenté à la Faculté de médecine dans sa séance du 14 juillet 1876.)
8° Agrandissement des hôpitaux de Nancy. (In Revue médicale de l'Est,
t. VE p. 289 et 353.)
—
4 La Question des hôpitaux de Nancy. (In Revue médicale de l'Est,
. VIE, p. 189.)
5° Clinique et hôpitaux. (In Revue médicale de l'Est, {. VII, p. 257.)
6° Analyse du rapport de M. Tourdes sur le projet de reconstruction des
hôpitaux de la ville de Nancy. (In Revue médicale de l'Est, t. VIL, p. 353,
et t. VIH, p. 1.)
1 Le Thermo-cautère de Paquelin. (Société de médecine de Nancy,
séances du 26 novembre 1876 et du 12 juillet 1877, et Société des sciences, séance du 6 novembre 1876, Zn Revue médicale de l'Est, t. VI, p. 379;
t. VIE, p. 54, et t. VILL, p. 76.)
58
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
8° Les Monstres doubles parasttaires épigastriques ou hétérotypiens et
la séparation des monstres doubles en général. (Revue médicale de l'Est,
t. VIE p. 166, 286, 270, tiré à part.)
99 Observation de fracture de la première vertèbre lombaire. (Gommuniquée à la Société de médecine, séance du 24 janvier 1877. In Revue
médicale de l'Est, t. VIX, p. 153.)
10° Observation de luxation complète du tibia en arrière produite par
la rétraction cicatricielle. {Communiquée à la Société de médecine, séance
du 24 janvier 1877. In Revue médicale de l'Est, t. VEL, p. 154.)
11° La Fébricule typhoide et la fièvre typhoïde au faubourg des TroisMaisons, à Nancy. (Société de médecine de Nancy, séance du 28 février
1877, et Revue médicale de FEst, t. VIX, p. 161 et 247.)
12° Les Avantages des trépanations immédiates et hétives. (Note présentée à l'Académie des sciences dans sa séance du 9 juillet (877. 72 Revue médicale de l'Est, t, VIT, p. 129.)
13° Les Pieds bots. (Leçons de clinique professées à l'hôpital Saint-Léon,
de Nancy. 7x Revue médicale de l'Est, t, VIIL p. 170, 208 et 233.)
14° Bulletins. Revues et analyses bibliographiques diverses, (In Revue
médicale de l'Est.)
RAPPORT
DE
M.
LE
DOYEN
MONSIEUR
DE
LA
FACULTÉ
DES
SCIENCES.
LE RECTEUR,
MESSIEURS,
I y a quelques jours à peine, notre excellent collègue, M. le
doyen Renard, dont la santé, ébranlée par le travail, nécessitait déjà bien des ménagements, à été doublement frappé
dans ses plus chères affections, par des coups aussi cruels
que précipités.
Cédant à la nécessité, il a dû suspendre ses lecons pen-
dant
nous
dans
tant
le
en
la
de
semestre qui va s'ouvrir. Un repos de quelques mois,
avons le ferme espoir, lui permettra de remonter
chaire qu'il occupe, depuis 25 ans bientôt, avec auzèle que de talent. Il retrouvera dans le travail, ce
grand consolateur, quelque adoucissement à la profonde douleur qui l’accable, douleur à laquelle s'associent de tout
cœur et ses collègues et ses nombreux amis.
Honoré, à la fois, par la confiance de mes collègues et par
la bienveillance de M. le Recteur de l’Académie, j'ai accepté, au refus de plus dignes que moi, la mission temporaire
que m'a confiée M. le Ministre de l'instruction publique.
60
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
La parfaite communauté d'idées, l’affectueuse estime qui
unissent les membres de la Faculté des sciences, allégeront,
j'en ai la certitude, la tâche qui m'incombe.
Cette tâche, je m'efforcerai de la remplir de mon mieux,
jusqu'au jour prochain, c’est notre vœu à tous, où notre cher
doyen viendra reprendre le poste pour lequel l'avaient désigné, l'an dernier, les suffrages unanimes de la Faculté.
Ce ne sera point, je vous l'assure, Messieurs, user d’une
précaution oratoire,
que de vous confesser l'embarras où
m'a placé l’obligation de préparer, dans un très-bref délai,
le rapport d'usage sur le développement, sur les actes et sur
les travaux de la Faculté des sciences pendant lannée
écoulée. J'ai cherché à pallier mon inexpérience par la concision; à défaut d'autres mérites, ce rapport sera court : per-
mettez-moi d'espérer qu'il aura, par là, un titre à votre bienveillante attention.
L'année 1877 occupera une place exceptionnelle dans les
annales de l’Université française. Sous l'inspiration d’un
Ministre dont le libéralisme s’est justement acquis la reconnaissance de l’Université tout entière, les représentants de la
nation, comprenant l'intérêt de premier ordre qui s’attache
au développement de l'instruction, donnée par l'État, à tous
les degrés, ont augmenté, dans des proportions jusqu'ici in-
connues, les ressources du département de l'instruction publique.
Le budget de 1876 s'élevait à 44,912,545 fr.; le vote des
Chambres l'a porté, pour l'exercice 1877, à 56,628,762 fr.,
soit une augmentation de 11,716,217 fr.
Dans cette augmentation, la part de l’enseignement supérieur est fixée à près de 4 millions (1), dont
applicables aux Facultés.
3,475,300 fr.
C’est à la libérale initiative de
M. le ministre Waddington, qui a rencontré dans le concours
éclairé de la Chambre des députés et du Sénat les moyens
(1) 3,953,650 fr.
FACULTÉ
DES
SCIENCES.
Gi
de réaliser ses vues généreuses, que l’enseignement supérieur est redevable des améliorations les plus considéra-
bles qui aient été, depuis longtemps, apportées à son organi-
sation, Les membres
jamais.
du haut enseignement ne l'oublieront
J'arrive, Messieurs, à la part faite à la Faculté des sciences
dans cet accroissement du budget de l'instruction publique,
qui, sans combler toutes les lacunes de notre enseignement
supérieur, en a, cependant, amélioré singulièrement la situation.
Joignant son concours dévoué à celui de l'État, l'intelli-
gente et libérale municipalité de Nancy nous a permis, vous
allez le voir, de réaliser, pour l’année scolaire que nous inaugurons, d'importantes adjonctions aux moyens d'instruction
offerts par la Faculté à la jeunesse studieuse.
I. — PERSONNEL DE LA FACULTÉ.
Avant de vous entretenir des modifications survenues dans
le personnel de la Faculté, permettez-moi, Messieurs,
de té-
moigner publiquement le vif plaisir que nous a causé le
choix fait par l’Académie des sciences, dans sa séance du
2 juillet dernier.
Ratifiant la haute estime des naturalistes français et étran-
gers pour les travaux de notre savant doyen honoraire, l’'Académie a conféré à M. Godron le titre de correspondant de
la section de botanique, en remplacement de M. Lestiboudois. Cette haute
titut à l’homme
égale
le
marque de distinction, accordée par l'Ins-
bienveillant et aimable dont la modestie
savoir, a trouvé l'accueil le plus sympathique
à
la Faculté des sciences, dans le corps enseignant et dans la
population de la ville de Nancy, où le nom de M. Godron
est connu, aimé et respecté de tous depuis un demi-siècle
bientôt.
L'an dernier, à pareille époque, M. le doyen Renard sou-
62
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
haïtait la bienvenue à notre jeune collègue M. Bichat, dont le
talent, connu
de quelques-uns
heureux présage.
d'entre nous, était du plus
L'événement n’a pas trompé notre attente.
Le cours de physique, porté dès le premier jour et main-
tenu jusqu’à la fin à la hauteur où
doit toujours demeu-
rer l’enseignement supérieur, sous peine de faillir à sa mission, a obtenu un succès qui ne s’est pas démenti un seul
instant. Professeur élégant, animé avant tout du désir d’instruire ses auditeurs, sachant être clair sans reculer devant
l'aridité apparente d'une exposition technique, M. Bichat a
réussi à grouper autour de sa chaire un auditoire sérieux,
quoique nombreux; il nous prépare des candidats distingués
à la licence. En un mot, il justifie pleinement les espé-
rances de la Faculté et la satisfaction qu’elle a éprouvée à
voir placer en ses mains l'important enseignement qui lui est
dévolu.
Lorsque l'agrandissement indispensable des locaux affectés à cette chaire permettra à M. Bichat de reprendre ses
travaux et d'y associer quelques élèves sous sa direction,
l’organisation de l’enseignement de la physique ne laissera
rien à désirer.
L'un des premiers effets de l'augmentation du budget de
l'instruction publique a été, pour notre Faculté, l'institution
définitive d'une chaire de botanique. Que M. le Recteur me
permette de lui adresser ici l'expression de notre gratitude
pour la part active qu'il a prise à la réalisation d’un vœu
formé depuis longtemps, et, à plusieurs reprises, renouvelé
par la Faculté et par le Conseil académique. La chaire de
botanique a été créée Le 1* mars 1877, et M. Le Monnier a
été appelé à la remplir, à titre de chargé du cours, par arrêté
ministériel en date du 20 du même mois.
M. Le Monnier, ancien élève et préparateur de M. Van
Tieghem à l’École normale supérieure, chargé successive-
ment du cours de botanique et de zoologie près les Facultés
FACULTÉ
DES
SCIENCES,
68
de Besançon et de Poitiers, appartient, comme
M.
Bichat, à
cette génération de jeunes savants formés dans les laboratoires des Sainte-Claire-Deville, des Pasteur, des Claude
Bernard, etc.
Esprit élevé, observateur sagace, il a puisé dans le commerce de ces maîtres illustres, avec l'amour désintéressé de
la science, l’art d'exposer avec clarté, précision et élégance
l'état d'une science dont la méthode expérimentale a, de
notre temps, singulièrement élargi les horizons.
Les débuts de M. Le Monnier à la Faculté des sciences
ont été des meilleurs: l'institution de la chaire de botanique
comble donc, de la façon la plus heureuse, la lacune
présentait l’enseignement des sciences naturelles.
que
La création de deux places de préparateurs pour le cours
de chimie et de physiologie appliquées à l’agriculture et pour
celui de botanique, a donné satisfaction au désir plusieurs
fois exprimé
par la Faculté et appuyé
auprès de l'Administration supérieure (1).
par M. le Recteur
Enfin, Messieurs, la Faculté des sciences espère que, dans
un avenir très-prochain, la nomination de maîtres de conférences de chimie, de paléontologie, d'astronomie et d'anatomie
comparée viendra compléter son organisation et rendre plus
facile et plus fructueuse, pour les élèves inscrits à un cours,
la préparation à la licence des divers ordres.
IE. —
INSTALLATIONS SCIENTIFIQUES. -— COLLECTIONS.
LABORATOIRES.
—
Jusqu'à ce jour, un seul service, celui de la chimie générale, possédait à peu près les ressources nécessaires, sous le
rapport des locaux, tant pour les travaux du professeur que
(1) M. H. Grandeau, bachelier ès lettres et ès sciences, a été nommé préparateur
du cours de chimie agricole, par arrêté du 23 février 1877.
M. Lemaire, licencié ès sciences naturelles, à été nommé préparateur du cours
de botanique, par arrêté du 27 octobre 1877.
64
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
pour l'instruction pratique des élèves. La Faculté m'a confié
le soin de vous exposer ses desiderata.
L'installation de la physique laisse à désirer; la salle de
collection est beaucoup trop exiguë; les instruments ne peuvent y être convenablement disposés pour l'étude et pour
l'entretien des appareils. Le laboratoire proprement dit fait
défaut, car on ne saurait considérer comme tel, les deux
petites pièces qui en tiennent lieu, jusqu’à présent, d’une
manière tout à fait insuffisante (1).
Le professeur de chimie agricole ne possède aucun local
spécialement affecté à son enseignement;
il est obligé, pour
le cours et pour les manipulations, de recourir à l'hospitalité
que lui offre le professeur de chimie générale.
Le professeur de géologie et de minéralogie n’a à sa dis-
position qu'une seule pièce servant à la fois de cabinet au
directeur du Musée, de salle de préparation et de réparation
des objets de collection, de laboratoire et de cabinet de travail pour le professeur, pour le préparateur et pour les élèves (2). La Faculté renouvelle instamment le vœu, tant de
fois formulé par elle, relativement à l’agrandissement des
salles de collections
d’histoire
naturelle, absolument insufh-
santes pour les besoins de l’enseignement, dans l'état actuel,
et réclame, en outre, la création d’un laboratoire de géologie
et de minéralogie, affecté aux conférences et aux manipula-
tions des candidats à la licence.
Les chaires de zoologie et de botanique seront pourvues,
dès la rentrée, d'installations convenables, permettant aux
professeurs de faire travailler sous leurs yeux les jeunes gens
inscrits à leurs conférences (2).
L'Administration municipale de Nancy, dont le concours
est acquis d'avance aux améliorations que réclame l'instruc(1) 8 candidats à la licence
les manipulations.
ès sciences physiques
suivent
les conférences
et
(2) 10 candidats à la licence ès sciences sont inscrits aux conférences de miné-
ralogie, géologie, zoologie et botanique,
FACULTÉ
DES
SCIENCES.
65
tion publique à tous ses degrés, installe au Jardin des Plantes
un laboratoire destiné au professeur de botanique de la Faculté. Le Conseil municipal a, en outre, voté la moitié de la
dépense nécessaire pour la création, au palais de l’Académie,
d’un laboratoire de zoologie, le ministère de l'instruction pu-
blique ayant pris à sa charge l’autre moitié de la dépense de
construction et les frais d'achat et d'installation du mobilier.
Interprète de la Faculté des sciences, je suis heureux
d'adresser nos chaleureux remerciements à M. le sénateur-
maire de Nancy et à MM. les membres du Conseil municipal
pour le concours si efficace qu'ils nous ont prêté. Je les remercie également, par anticipation, de la libéralité avec
laquelle ils accueilleront, j'en ai la conviction, les nouvelles
demandes que leur présentera la Faculté pour mettre ses ins-
tallations au niveau des exigences de son enseignement.
III. —
SERVICE MÉTÉOROLOGIQUE.
Le service météorologique s’est fait régulièrement, comme
par le passé, à la Faculté des sciences, sous la direction de
M. le professeur Bichat, assisté de son préparateur, M. Thiéry.
Les observations recueillies au dehors par MM:
Davin, instituteur à Moriviller,
Marcrarn, instituteur à Foug,
Oxrv, instituteur à Allain,
Perente, instituteur à Moncel-sur-Seille,
Pipozor, instituteur à Maxéville,
Prersox, instituteur à Vézelise,
Turésauzr, professeur au collége de la Malgrange,
ont été régulièrement transmises, avec les résumés des observations de la Faculté, à la direction de l'Observatoire de
Paris.
Je n'aurais rien à ajouter au sujet de la météorologie, si je
ne tenais à signaler l'intérêt qu'offrirait la création à Nancy
d’un observatoire météorologique convenablement installé.
FACULTÉS
A
64
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
pour l'instruction pratique des élèves. La Faculté m'a confié
le soin de vous exposer ses desiderata.
L'installation de la physique laisse à désirer; la salle de
collection est beaucoup trop exiguë; les instruments ne peu-
vent y être convenablement
disposés pour l'étude et pour
l'entretien des appareils. Le laboratoire proprement dit fait
défaut, car on ne saurait considérer eomme tel, les deux
petites pièces qui en tiennent lieu, jusqu’à présent, d’une
manière tout à fait insuffisante (1).
Le professeur de chimie agricole ne possède aucun local
spécialement affecté à son enseignement;
il est obligé, pour
le cours et pour les manipulations, de recourir à l'hospitalité
que lui offre le professeur de chimie générale.
Le professeur de géologie et de minéralogie n’a à sa dis-
position qu'une seule pièce servant à la fois de cabinet au
directeur du Musée, de salle de préparation et de réparation
des objets de collection, de laboratoire et de cabinet de travail pour le professeur, pour le préparateur et pour les élè-
ves (2). La Faculté renouvelle instamment le vœu, tant de
fois formulé par elle, relativement à l’agrandissement des
salles de collections d'histoire naturelle, absolument insuffsantes pour les besoins de l’enseignement, dans l'état actuel,
et réclame, en outre, la création d’un laboratoire de géologie
et de minéralogie, affecté aux conférences et aux manipulations des candidats à la licence.
Les chaires de zoologie et de botanique seront pourvues,
dès la rentrée, d'installations convenables,
permettant
aux
professeurs de faire travailler sous leurs yeux les jeunes gens
inscrits à leurs conférences (2).
L’Administration municipale de Nancy, dont le concours
est acquis d'avance aux améliorations que réclame l'instruc(4) 8 candidats à la licence ès sciences physiques suivent les conférences
Îles manipulations,
et
(2) 10 candidats à la licence ès sciences sont inscrits aux conférences de minéralogie, géologie, zoologie et botanique.
FACULTÉ
DES
SCIENCES.
65
tion publique à tous ses degrés, installe au Jardin des Plantes
un laboratoire destiné au professeur de botanique de la Faculté. Le Conseil municipal a, en outre, voté la moitié de la
dépense nécessaire pour la création, au palais de l’Académie,
d’un laboratoire de zoologie, le ministère de l'instruction publique ayant pris à sa charge l’autre moitié de la dépense de
construction et les frais d'achat et d'installation du mobilier.
Interprète de la Faculté des sciences, je suis heureux
d'adresser nos chaleureux remerciements à M. le sénateurmaire de Nancy et à MM. les membres du Conseil municipal
pour le concours si efficace qu’ils nous ont prêté. Je les remercie également, par anticipation, de la libéralité avec
laquelle ils accueilleront, j'en aï la conviction, les nouvelles
demandes que leur présentera la Faculté pour mettre ses installations au niveau des exigences de son enseignement.
IIT. —
SERVICE MÉTÉOROLOGIQUE.
Le service météorologique s’est fait régulièrement, comme
par le passé, à la Faculté des sciences, sous la direction de
M. le professeur Bichat, assisté de son préparateur, M. Thiéry.
Les observations recueillies au dehors par MM:
Davin, instituteur à Moriviller,
Marcranrp, instituteur à Foug,
Oxnry, instituteur à Allain,
Parenier, instituteur à Moncel-sur-Seille,
Prpozor, instituteur à Maxéville,
Prersox, instituteur à Vézelise,
Txrésaucr, professeur au collêge de la Malgrange,
ont été régulièrement transmises, avec les résumés des observations de la Faculté, à la direction de l'Observatoire de
Paris.
Je n'aurais rien à ajouter au sujet de la météorologie, si je
ne tenais à signaler l'intérêt qu'offrirait la création à Nancy
d’un observatoire météorologique convenablement installé.
FACULTÉS
ë
66
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
L'invention récente d'appareils destinés à enregistrer au-
tomatiquement, d'une manière continue, les phénomènes atmosphériques est appelée à remplacer les observations à
heures fixes qui fournissent actuellement des résultats très-
incomplets
sur
les mouvements
de l'atmosphère, son état
calorifique, hygrométrique, électrique, ete. Nancy serait ad-
mirablement placé comme siêge d'une observation météorologique complète, La Faculté exprime
le vœu que
le Conseil
général de Meurthe-et-Moselle lui vienne en aide pour cette
création, qui rendrait à notre région éminemment agricole
des services signalés.
F
IV, — STATION
AGRONOMIQUE.
Comme par le passé, la Station agronomique
de l'Est a
continué à aider de ses conseils les cultivateurs et les éle-
veurs qui, chaque année, en plus
à elle. Il a été fait en 1877, au
455 analyses de sols, de fourrages,
dements, de vins, etc., pour le
grand nombre, s'adressent
laboratoire de la Station,
d'engrais, d'eaux, d’amencompte du public. Cinq
jeunes chimistes ont travaillé toute l’année dans le laboratoire de la Station, qui leur est ouvert gratuitement: Candidats aux grades de licenciés ès sciences physiques et naturelles, ces jeunes gens trouvent à la Station un complément
de ressources fort utile à leur instruction.
Le directeur a consacré ses vacances à visiter à nouveau
les stations agronomiques et forestières de l'Allemagne et de
la Belgique, ainsi que les Universités et les Instituts agricoles
de ces deux pays. Durant ce voyage, il a pu, comme précédemment, constater l'étendue enviable des ressources maté-
rielles dont les savants disposent en Belgique et surtout en
Allemagne. L'accueil courtois et empressé qu’il a reçu partout lui a permis de réunir un grand nombre de documents,
de plans d'installation et de renseignements divers, dont il
tirera certainement profit pour la station de Nancy et pour la
FACULTÉ
DES
SCIENCES.
67
création d’autres établissements analogues, au sujet desquels
A
il a l'honneur d'être
très fréquemment consulté (1).
V. — COLLATION DES GRADES.
1° Licence.
Licence ès sciences mathématiques. —
Deux
sont présentés à la session de novembre
candidats
se
1876. Un seul,
M. Creuzat, élève de la Faculté, a été admis avec la note
assez bien.
Deux candidats se sont également présentés à la session
de juillet 1877; un seul encore, M.Joublot, maître auxiliaire
au Lycée de Nancy, élève de la Faculté, a été reçu avec la
note assez bien,
|
Licence ès sciences physiques. — Un seul candidat s’est
présenté à la session de juillet; il a été ajourné.
Licence ès sciences naturelles. — Dans chacune des sessions
de novembre et de juillet s'est présenté un candidat. Tous
deux ont été ajournés.
En résumé, sur 7 candidats aux trois licences, deux seulement, appartenant à l’ordre des sciences mathématiques, ont
été jugés dignes du grade, par la Faculté de Naney.
La Faculté a décidé, dans sa séance du 22 mai 1877, qu’il
n'y avait pas lieu, en raison de l’insuffisance des examens de
licence, de décerner les prix dus à la libéralité du Conseil
général de Meurthe-et-Moselle et des Conseils municipaux
de Nancy et de Lunéville. Ces prix seront décernés, s’il y a
lieu, en novembre 1878.
(1) À l'occasion
Commission
de
du Concours régional de 1877,
la prime
d'honneur,
le Ministre de
sur la proposition de la
l'agriculture
a
décerné
à
M. Grandeau, directeur de la Station, un objet d'art pour ses recherches de
chimie agricole.
Le Jury des produits agricoles a décerné une médaille d'or à la Station agro-
nomique pour son exposition. -
°
68
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
2° Baccalauréat ès sciences complet.
258 candidats se sont fait inscrire pour subir, en 1876-
1877, les épreuÿes du baccalauréat ès sciences complet: le
chiffre des inscriptions s'élevait à 263 l’année précédente.
11 candidats ont mérité la note bien : MM. Badel, Besson,
de Thiollas, Bertinet, Griache, Hacherelle, Bossu, Lecompte,
Bajolet, Liénard et Renaud.
46 ont obtenu la note assez bien, et 62 la mention passable,
46 1, p. 100 des candidats (119 sur 258) ont été reçus.
Le tableau suivant
résume l’ensemble de ces examens:
NOMBRE DÉS CAKDIBATS
0
SESSIONS.
Novembre 1876,
Avril 1877...
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AVEC
LA
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Ê
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à
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Juillet et Août 1877...
Totaux.
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4aëû
nn
8° Baccalauréat ès sciences restreint.
Comme l'an dernier, 56 candidats se sont présentés au
baccalauréat ès sciences restreint, Le total des candidats aux
deux baccalauréats s'élève donc à 314.
Sur ces 56 candidats, 17 ont été admis, soit une proportion de 80,38 p. 100 environ. La faiblesse extrême des
candidats au baccalauréat ès sciences restreint a, comme les
années précédentes, frappé la Faculté qui, dans lintérêt
même des candidats, émet à nouveau le vœu que les étudiants ne soient admis à prendre leurs premières inscriptions
à la Faculté de médecine qu'après avoir satisfait aux épreuves
du baccalauréat restreint.
|
Un candidat à obtenu la note bien : M. Fietta ; 5 ont mérité
la note assez bien; 11 ont été reçus avec la mention passable.
FACULTÉ
DES
SCIENCES,
65
Novembre
Avril 1877,
1876
.
.
,
.]
4...
Juillet et Août 1877.
Totaux.
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: . 4,
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AVEC
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;
1
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4
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»
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18
7
3
:
8
56
35
17
:
L
$
des aémissions.
ADMIS
|
Passahle,
Admis
Ajournés,
Inscrits
SESSIONS.
Ge
Assez bien
CANDIDATS
Bien,
DES
Trés-hien.
NOMBRE
Re.
PFROPORTION
Voici le résumé des examens du baccalauréat restreint :
Tel est, Messieurs, le bilan de la Faculté des sciences
pour l’année scolaire écoulée. Je n'ai pas besoin d'ajouter, en
terminant, que les cours et les conférences ont été faits régulièrement, conformément aux programmes approuvés par
M. le Ministre de l'instruction publique.
Messieurs les Étudiants, la Faculté des sciences espère
que les agrandissements dus à la libéralité de l'État et de la
ville de Nancy, engageront un plus grand nombre d'entre
vous que par le passé, à venir chercher, dans nos leçons et
dans la fréquentation de nos laboratoires, des connaissances
qui devraient être le complément indispensable de toute
éducation libérale, dans un siècle où le développement des
sciences peut être considéré comme l'un des caractères do-
minants du progrès intellectuel et social.
VI.
—— PUBLICATIONS
DES
MEMBRES
-
DE
LA
FACULTÉ.
M. GODRON, doyen honoraire :
1° Examen des feuilles cotylédonaires des Erodium. (Revue des Sciences naturelles de Montpellier, t. VI, p. 140 à 148; une planche.)
29 Examen tératologique
d'un
Société des Sciences de Nancy,
pied
de
Rubus
cϾsius
L.
(Bulletin
de
la
t. I, p. 130 à 133.)
3° Sur deux formes remarquables d'une plante voisine du Papaver Rhæas
L. (Bulletin de la Sociélé des Sciences de Nancy, t. Il, p. 127 à 129.)
4° Note sur le Rosa glauca de Villars. (Bulletin de la Société botanique
de Belgique, t. XV, p. 485 à 491.)
70
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
5° Un Nouveau Chapitre ajouté à l'histoire des Ægälops hybrides.
moires de l'Académie de Stanislas pour 1876, p. 250 à 281.)
6° Du Passage
des eaux et des alluvions
anciennes
de
la
Moselle
(Mé-
dans
les
bassins de la Meurthe et de la Meuse. (Mémoires de l'Académie de Stanislas
pour 1876, p. 46 à 67; une carte.)
7° La Bibliothèque publique de Naney et l'Académie de Stanislas. (Mémoires
de l'Académie de Stanislas pour
1876, p. 301
à 312.)
M. Jourpain, professeur de zoologie, en collaboration avec M. le D' FRIANT,
préparateur
de z00logie :
Étude de l'appareil buccal de l'esturgeon.
Sciences de Nancy,
(Mémoires
de lu Société des
1871.)
M. GRANDEAU, professeur de chimie agricole :
1° Recherches
chimiques sur la composition
des feuilles du
pin
noir
triche, en collaboration avec M. P. Fliche, professeur à l'École
(Annales de chimie ef de physique. 5° série, t, XI, 1877.)
2° Note sur la bascule
de l’Académie
physiologique et ses applications. (Comptes
des sciences,
d'Au-
forestière.
rendus
20 août 1877.)
30 De l'Emploi des tourteaux de coton dans l'alimentation du bétail,
(Jour-
nal d'agriculture pratique, t. 1, 1877.)
4° La Question des eaux d'égout. (Journal d'agriculture pratique,
1877.)
t. I,
5° De la Qualité actuelle du guano du Pérou. (Journal d'agriculture pratique, 1877.)
6° De lAssimilation de l'acide phosphorique
d'agriculture pratique, t. I, 1877.)
par les végétaux.
(Journal
1° Lettres d'Allemagne; les stations agronomiques; les stations du contrôle
des semences;
la question des eaux d'égout à Berlin.
(Journal
d'agriculture
pratique, t. Il, 1877.)
8° La Bascule physiologique. — Application des appareils enregistreurs à
l'étude de l'évaporation des plantes, du sol, ete. (Journal d'agriculture pratique, t. IL, 1877.)
99 Revue
des
travaux
de chimie
agricole
français
et étrangers.
(Journal
d'agriculture pratique (passim), 1877.)
PRÉPARATEURS
ET ÉLÈVES DE LA STATION
AGRONOMIQUE :
1° Les Aliments de l'homme; leur valeur nutritive comparée
par H. Grandeau, (Journal d'agriculture pratique, t. Il, 1877.)
à leur prix,
20 Étude chimique du gui (2e mémoire), par H. Grandeau et Bouton. (Comptes
rendus de l'Académie des sciences,
12 mars
1877.)
FACULTÉ
DES
SCIENCES.
1
Les essais de culture en 1877 ont consisté :
1° En recherches sur l'influence de la composition du sol sur le rendement
et la composition du maïs géant (en collaboration avec M. Marchal, stagiaire à
la Station agronomique).
29 Essais sur linfluence des matières organiques sur la fertilité du sol.
(Cases de végétation de la Station.)
RAPPORT
DE
M, LE
DOYEN
DE
LA
FACULTÉ
DES
LETTRES.
MONSIEUR LE RECTEUR.,
MESSrEuRrs,
Comme un père de famille, ce n’est jamais sans mélancolie
que je vois un de nos jeunes Professeurs, un des fils de la
maison, s'éloigner de la Faculté pour poursuivre sa carrière
sur un plus grand théâtre. Maïs, en vrai père de famille aussi,
je ne mêle à mon regret aucun sentiment égoïste. Je suis ambitieux pour eux; et pourvu que ces fils d'adoption nous quittent pour un établissement avantageux, je me résigne plus
aisément à mon sacrifice.
À la veille même de la rentrée,on nous enlève M. VidalLablache, Assurément, pour enseigner la Géographie à l'É-
cole normale supérieure, on ne pouvait choisir un Maître
plus savant et plus distingué.
M. Vidal-Lablache a été dans notre pays un des créateurs
de l'enseignement géographique. Avec quel succès il l’inaugura dans notre ville, vous le savez. On s’étonnait de l'intérêt qu'offrait cette science jusqu'alors ingrate et négpligée,
quand, au lieu d’une sèche nomenclature de lieux et de
norns, un professeur de talent fait concourir avec une curieuse
industrie l’histoire politique, l’ethnographie, les sciences na-
74
SÉANCE DE RENTRÉE.
turelles, l'économie politique, les éléments les plus variés, à
la connaissance des différents pays, et rend ainsi à chaque
contrée sa physionomie originale, son âme, sa vie. Cette pa-
role si simple, mais nette et limpide et si pleine d'instruc-
tion, vous tenait sous le charme. Assurément notre Faculté de
Nancy perd en M. Vidal-Lablache l'un des plus précieux
fleurons de sa couronne.
Nous le suivrons de tous nos vœux sur le nouveau théâtre
où son talent l’appelle. Espérons que son successeur
ne se
fera pas attendre. S'il n'est pas encore nommé, cela tient, je
le sais, à la vive sollicitude avec laquelle l'administration supérieure de l'instruction publique s’efforce de trouver l’héri-
tier le plus digne de continuer la tradition de cette Chaire
de Géographie.
L'Université, qui ne nous avait prêté M. Boutroux que
pour un an, vient aussi de nous le reprendre. Pour n’avoir
fait ici qu’un si court séjour, ce jeune Maître ne nous en
laisse pas moins une profonde estime et de vifs regrets. Nous
avions bien prévu que
notre Faculté
ne lui serait qu’une
dernière étape pour rentrer à Paris. Son talent et sa science
le prédestinaient, comme M. Vidal-Lablache, à l'École nor-
male supérieure, où il va enseigner l'histoire de la philosophie. Tous, vous avez pu assez l’apprécier, pour comprendre
qu'on se soit hâté de l'appeler dans la Chaire où il doit
former des Maîtres. Vous le savez, s’il avait appris à l’école
de l'Allemagne à creuser les mystères de l'absolu, s'il avait
transporté dans les problèmes de la Métaphysique la rigueur
géométrique de l’école anglaise, il gardait avec cela l'esprit
français, le bon sens qui tempère la logique, et par-dessus
tout le spiritualisme cartésien, qui défend la philosophie
française contre les chimères panthéistiques ou sensualistes
où sont allés se perdre les penseurs d’outre-Rhin. C’est en
maître consommé et en critique supérieur qu'il nous à fait
connaître une philosophie de Leïbniz et de Kant, que nous
ne soupçonnions presque pas; et certes ces deux puissants
FACULTÉ
DES
LETTRES.
175
génies ont singulièrement gagné à nous apparaître ainsi dans
leur vérité et leur grandeur. Vous garderez le souvenir de
cette parole si lumineuse, si pénétrante et si forte, où l'éloquent et sincère Professeur mettait à la fois toute la vigueur
de son esprit et l'onction de son âme. Pour nous, qui l'avons
connu de plus près, nous regretterons en outre le Collègue
du commerce le plus sûr et le plus aimable.
Assurément l'Université a eu la main heureuse en appelant à le remplacer M. Gérard, déjà professeur titulaire de
philosophie à la Faculté de Clermont. Ce choix devait être
particulièrement agréable à notre ville. M. Gérard est un
enfant de Nancy,
d'autre ambition
parmi nous. Tout
prétendre à son
où il a terminé ses études; et il n'avait pas
que d'y revenir. Qu'il soit le bienvenu
le monde ici l’accueillera en ami. Pour
tour à cette Chaire, qui compte déjà plus
d'un Maître renommé, M. Gérard
s'était signalé non-seule-
ment par quinze années d’un enseignement heureux dans les
Lycées et les Facultés, mais encore par plusieurs publications considérables, et surtout par son important ouvrage sur
Maine de Biran, qui a tout d’abord pris sa place parmi les
œuvres philosophiques les plus distinguées de notre temps,
et qui a valu à son auteur un des plus beaux prix de l’Aca-
démie française,
Par le choix du sujet, M. Gérard manifestait avec éclat
la vocation spiritualiste de son esprit, et par la facon dont il
l'a traité, il s’est montré psychologue aussi délicat qu'habile
écrivain.
Maine de Biran, dont
Royer-Collard
disait: Qu'il
est notre maître à tous; etque Victor Cousin appelait le premier métaphysicien de notre temps, méritait certes d’être remis
en honneur par un tel disciple. Lorsque, au début de notre
siècle, le sensualisme de Locke et de Condillac avait montré
son impuissance à rendre compte de la pensée et des sentiments de l’âmme, Maine de Biran, avant Royer-Collard, et
plus que lui, avait recommencé une nouvelle enquête de
l'intelligence sur elle-même, et il avait fondé sur le principe
76
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
de l’activité propre de notre âme un invincible spiritualisme.
Or, Messieurs, qu'y avait-il donc de plus opportun aujourd’hui, en présence des écoles positivistes modernes, que d’attirer de nouveau les regards sur cette œuvre à la fois si modeste et si forte, et de rajeunir son influence? Ce beau livre
de M. Gérard, mais en même temps sa remarquable Thèse
latine sur l’Idéalisme de Berkeley, nous promettent un digne
successeur de notre Chaire de philosophie. Les sujets, d’ailleurs, qu’il a choisis pourson enseignement de cette année, ne
pourront qu'être vivement goûtés par les auditeurs accoutumés de ce Cours. Car, dans ses Leçons du Jeudi, il se pro-
pose de traiter de l’Esthétique ou de la Science du Beau; et
dans sa Conférence il expliquera et commentera les trois
Critiques de Kant, rattachant ainsi, comme par un lien fraternel, une partie de son enseignement à celui que le départ
de M. Boutroux avait interrompu.
.
En même temps qu'elle répare ainsi ses pertes, notre Faculté s’applaudit d’acquisitions nouvelles. Remercions M. le
Ministre de l'instruction publique, qui, en dehors de nos
Chaires ordinaires, vient de doter la Faculté
de Nancy de
deux Conférences, et qui par une rare bonne fortune y appelle encore deux enfants de notre ville, MM. Riemann et
Krantz, dont la salle de distribution des prix du Lycée n'a
pas oublié les noms, que ses échos ont si souvent répétés.
M. Riemann, élève de l’École normale et agrégé des classes
supérieures des Lettres, après avoir été müûrir son esprit et
ses études pendant trois ans à notre École française de Rome
et d'Athènes, est dès aujourd’hui attaché à notre Faculté
comme Maître de Conférences de Philologie grecque et latine.
De bonne heure, il avait signalé pour ces études un goût
spécial, et sa familiarité avec les livres de la science allemande lui en avait facilité les moyens. La Faculté est heu-
reuse de confier à ce jeune savant ce nouvel enseignement,
dont on comprend de plus en plus aujourd’hui l'intérêt profond, la portée philosophique et la nécessité. — M. Krantz,
FACULTÉ
DES
LETTRES,
71
dès le Lycée, avait montré de son côté, par deux prix d’hon-
neur au Concours général, sa vocation pour l’étude de la Philosophie. Aussi admis bientôt après à l'École normale, ce fut
dans ce sens que ses Maîtres le dirigèrent de préférence; et,
récemment au Concours d’agrégation de philosophie, en se
plaçant dans les premiers rangs, il justifiait leur espérance
et la nôtre. Lui aussi s’estime heureux de venir débuter dans
l'enseignement au sein de sa ville natale, près de nous et de
sa famille. Mais, jusqu’à ce qu’une Chaire de philosophie lui
soit ouverte, il professera ici, à côté de moi, en qualité de
Maître de Conférences de Littérature française. Il sait, du reste,
avec quelle satisfaction et quelle sympathie je partagerai avec
lui ce vaste domaine jusqu'ici confié à moi seul.
Ce concours de deux Maîtres de Conférences nous permet-
tra de développer et de constituer ici plus solidement un
enseignement pratique, qui a toujours
été l’objet de notre
ambition. Car voilà bien des années, vous le savez, que nous
rêvons, sinon pour toutes les Facultés des Lettres, au moins
pour quelques-unes, une organisation plus complète, qui leur
permette vraiment de devenir autant de succursales de V'É-
cole normale supérieure. Car celle-ci, avec les vingt élèves
qu’elle reçoit chaque année dans la section des Lettres, ne
saurait suffire à recruter de professeurs l’enseignement public. Et jusqu'ici l'État (qui pourtant trouvait dans ses Facultés presque toutes les ressources nécessaires) n'avait pas
songé avec assez de suite à les utiliser, pour en faire autant
d’Écoles préparatoires au professorat. — On complète aujour-
d'hui notre enseignement par l’adjonction de nouveaux Maftres; mais on s'occupe en outre de constituer le personnel des
élèves sur une base large et libérale. On avait commencé,
il y a quelques années, à le faire, en instituant dans chacun
de nos Lycées placés près des Facultés un corps de Maîtres
auxiliaires, auxquels on laisse la meilleure part de leur loisir
pour achever leurs études classiques et se préparer, sous
notre direction, aux grades universitaires. Mais ce n’était
78
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
pas assez. Une récente mesure vient d'attribuer à notre Fa-
culté quelques-unes de ces bourses d'étudiants, dont je vous
parlai l'an dernier, et qui seront données au concours à des
jeunes gens curieux de venir préparer près de nous leur Lidecence ou leur Agrégation. Des bourses de cette espèce sont
mandées pour nous par M. le Recteur, et des jeunes gens
dignes de cette faveur l’obtiendront sans doute. Maïs ce n’est
qu’un commencement. L'État ici donne l'exemple. Nous espérons bien que cette initiative féconde entraînera dans la même
voie les départements et Les villes, si intéressés à assurer aïnsi
dans l'avenir le recrutement des Chaires de leurs Colléges.
Jusqu'à présent, en multipliant nos efforts, nous étions ar-
rivés déjà à offrir dans notre Faculté l’ensemble le plus varié
de Cours et de Conférences, soit au public studieux de notre
ville, soit aux. jeunes gens qui se préparent au professorat.
Mais avec ces ressources nouvelles, dont la libéralité de
l'État vient de nous doter, le cadre de nos études va
s'étendre encore davantage. Sans doute nous conserverons
toujours ces leçons publiques, qui sont entrées dans les habitudes de la population éclairée de notre ville, et où une
élite d’esprits cultivés, qui ont gardé
le goût des choses
littéraires, aiment à venir, après les travaux de la journée,
savourer ici, comme en un sanctuaire des Muses, les enseignements élevés des Lettres, de la Philosophie et de l'Histoire.
Mais ce sont surtout nos Conférences, qui, grâce au concours de nos nouveaux Maîtres, vont se diversifier de façon
à s’accommoder de plus en plus à tous les besoins de ces
jeunes Professeurs ou Maîtres Répétiteurs, qui d'ici, ou des
colléges voisins, réclament notre direction pour leurs études.
Nous avions dû nous borner jusqu'ici aux exercices de la
Licence. Désormais nous prétendons les conduire jusqu’à
lAgrégation. Le jeudi
surtout, où les Professeurs
des villes
voisines sont plus libres, la Faculté institue deux Confé-
rences spéciales pour préparer ces jeunes Maîtres à l'Agrégation de Grammaire. — Ce jour-là, à trois heures, M. Rie-
FACULTÉ
DES
LETTRES.
19
mann ouvrira une Conférence de Grammaire générale de nos
Langues classiques. C’est répondre, je le sais, aux vœux les
plus pressants des candidats. Car jusqu’à présent cet enseignement raisonné de la Grammaire, renfermé mystérieusement à l’École normale, avait trop manqué
aux concurrents
du dehors. Certes, nul n’est plus propreà populariser cet en-
seignement si désiré dans notre Faculté,que ce jeune Maître
habitué depuis longtemps à puiser aux meilleures sources de
la science grammaticale. — Le même jour, à une heure et
demie, M. Decharme, s'adressant aux mêmes disciples, expliquera avec eux quelqu'un des auteurs grecs du programme
de l’Agrégation, et corrigera leurs divers devoirs avec l’auto-
rité et l'expérience d’un savant qui siége depuis plusieurs
années parmi les juges de ce concours. Aussi, nous ne dou-
tons pas que tout ce que notre Académie compte ici et dans
ses Colléges de jeunes professeurs avides de s’instruire et
généreusement ambitieux, n’apprécient vivement ce bienfait,
et ne marchandent ni leur temps, ni leurs fatigues, ni leurs
sacrifices, pour venir ici assidûment, chaque jeudi, recueillir
ce précieux enseignement. Non-seulement je l'espère, mais
j'en suis sûr, tant ces cours désirés ont déjà provoqué de
vives adhésions.
IT. —
ExAMENS.
Baccalauréat ès lettres.
Depuis
la division du Baccalauréat
4
ès lettres en deux
examens, l’un placé à la fin de la classe de Rhétorique, J'autre à la fin de la Philosophie, cette épreuve, ainsi dédou-
blée, est devenue
en réalité le plus sérieux contrôle pour
chacune de ces classes et comme un examen
Aussi avais-je espéré que cet examen, scindé
faciliterait à la fois la préparation des candidats
leur succès: et je suis toujours surpris et affligé
de passage.
de la sorte,
et aïderait à
de voir en-
core un si grand nombre d'élèves demeurer sur le carreau.
80
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
Pourquoi donc, en effet, tant d'élèves encore ajournés et
obligés de recommencer leur Rhétorique? C’est que l'examen
tout
en se tenant
au programme
de
cette
classe, porte
en
même temps sur les études classiques antérieures, où l’on
constate parfois d’étranges lacunes. Est-ce notre faute, en
vérité, si le Baccalauréat est le premier examen de passage
sérieux et sévère, que la plupart de ces jeunes gens aient
rencontré dans le cours de leurs études?
1 Partie. — Sur 377 candidats qui se sont présentés au
premier examen, 174 ont été éliminés après l'épreuve écrite,
et 21 devaient l’être encore à l'épreuve orale; en tout, 195
(c'est-à-dire 51,7 p. 100).
Chez ces jeunes gens, qui sortent de la Rhétorique! le Discours latin est peut-être plus correct de forme qu’autrefois;
mais il y manque quelque chose de la solidité que donnait
auparavant à nos candidats la pratique de la Philosophie, Le
plus souvent, ce n’est guère qu’une amplification vague et stérile de la matière donnée; et l'on n’imagine pas jusqu’à quel
point l’histoire grecque et romaine, à laquelle les sujets sont
d'ordinaire empruntés, y fait défaut. — La Version latine, à
son tour, laisse fort à redire. Outre les fautes de sens, nous
avons trop fréquemment à y relever des traductions barbares,
des fautes de français et même d'orthographe, et une négli-
gence déplorable dans les accents ou la ponctuation. Assurément il y a là dans les études une grave lacune à signaler.
L'épreuve orale, ici, vaut mieux en général que l'épreuve
écrite. Aussi 21 candidats seulement y ont fait naufrage. Le
programme des auteurs, réduit désormais à une mesure plus
raisonnable, peut être mieux préparé que par le passé. C’est
en grec surtout que cette amélioration est sensible. L'explication des auteurs latins est satisfaisante aussi. Maïs on ne
sait pas encore étudier dans le texte les auteurs français,
Quant aux questions de Littérature et de Rhétorique récem-
ment ajoutées à l’épreuve littéraire, je crois qu'il serait bon
d'en fixer, comme pour tout le reste, le programme précis et
FACULTÉ
DES
LETTRES.
81
détaillé. Dans le vague laissé sur ce point, les jeunes gens
sont souvent pris au dépourvu, Au contraire, l'Histoire et la
Géographie ont surtout gagné à être renfermées dans un
cadre étroit et déterminé. Caril n’y a point de parties de l'é-
preuve, qui se soient améliorées d'une façon plus manifeste,
En somme, à cette première
lauréat, 182 candidats ont été
ment p. 100), savoir :
. L'avec la note Très- Bien, M.
néville, qui a obtenu le prix
Concours général;
partie de l'examen du Baccajugés admissibles (48,8 seuleKesternich, du collège de Lud'honneur de Rhétorique au
1i avec la mention Bien; MM. Bruncher, Brunner, Cherrier,Croèse, Jæger, Lefebvre, Lœderich,Schwalm, Thouvenin,
de Wésian et Wever;
76 avec la mention Assez Bien;
Et 94 avec la note Passablement.
182 admis sur 377 candidats, c’est, en vérité, un chiffre
bien modeste; et parfois je serais tenté de nous croire trop
sévères, si je ne voyais la même proportion dans les examens
des autres
devenu le
classique,
pas laisser
libérale.
Facultés. Quand le Baccalauréat ès lettres est
plus efficace et l’unique contrôle de l'instruction
il importe aujourd’hui, plus que jamais, de ne
fléchir en France le niveau de cette éducation
2° Partie. — 217 candidats seulement se sont présentés à
cette seconde moitié de l'examen, qui correspond à la classe
de Philosophie. C’est peu
en comparaison
du nombre
des
candidats de la première catégorie. Mais considérons que
ceux qui arrivent à ce second examen ont été déjà triés par
une première épreuve. Or, cette première épreuve, l’année
dernière, n'avait laissé passer que 181 élèves en Philosophie,
Et encore quelques-uns de ces derniers
se contentent d’un
premier degré, qui suffit pour certaines Écoles spéciales de
l'État.
Sur ces 217 candidats
FACULTÉS
présentés, 152 ont été admis à
6
82
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
l'épreuve orale,et 121 ont été définitivement déclarés dignes
du grade de bachelier ès lettres (c’est-à-dire 55,76 p. 100).
La proportion des admis était, l’année dernière, plus con-
sidérable, je l'avoue; elle s'élevait aux deux tiers du chiffre
total des candidats. À quoi faut-il attribuer
ce déchet? Les
études qui figurent à cet examen auraient-elles baissé? Non,
. assurément. Mais à mesure que La discipline de ces études,
si longtemps ébranlée, s'est raffermie, le niveau de l'examen,
par un contre-coup inévitable, tend à son tour à se relever
davantage.
La Dissertation surtout témoigne que maintenant la classe
de Philosophie, qui couronne $i bien toutes les autres, a reconquis son importance dans l'ensemble de l'éducation classique. Le progrès des études y est très-marqué. L'histoire de
la Philosophie en particulier est bien mieux sue que par le
passé. Que manque-t-il aujourd’hui à la plupart de nos élèves
pour faire une classe de Philosophie vraiment fructueuse?
Quelques années de plus. En général, ils arrivent trop jeunes
à ces études, qui exigeraient plus de maturité. Il: savent
leur cours mieux qu'ils ne le comprennent. Aussi sont-ils
déroutés quand une question n’est pas posée dans la formule
ordinaire; et dans leurs dissertations, ils s'égarent souvent
hors du sujet, y rattachent des digressions parasites, et ne
savent pas conclure. La rédaction aussi en est trop négligée;
le style se traîne, lâche, terne et même incorrect. Ce n’est
pas assez écrit. — Pour la composition des langues vivantes,
quatre ou cinq candidats, seulement, ont réclamé l'anglais
et s’en sont assez galamment tirés. Mais, dans notre province,
c'est naturellement l'étude de l'allemand qui prévaut. Le
progrès y est très-sensible. En donnant droit de cité aux lan-
gues vivantes dans le programme du Baccalauréat ès lettres,
on leur a fait désormais une place sérieuse et considérable
dans le cadre des études classiques. Aussi pourrat-on bientôt
arriver, je l’espère, à substituer en allemand le thème à la
version. Car la version n’est pas une épreuve suffisante, Avec
FACULTÉ
DES
LETTRES.
-
83
un dictionnaire, un élève intelligent et habitué aux exercices
de traduction s'en tire toujours. On le voit bien quand, à
l'épreuve orale, le même, obligé d'expliquer son texte à livre
ouvert, se trouve souvent si empêché; pourquoi? Il ne sait
pas le sens des mots.
Dans cette seconde partie de l’examen,
l'épreuve orale ne
vaut pas, en général, l'épreuve écrite. De là ce nombre si
considérable de 81 candidats qui y ont échoué. À l’interrogation de Philosophie, on sent que nos élèves sont encore trop
peu exercés à la parole. Aussi restent-ils d'ordinaire dans de
vagues généralités, et ne savent pas expliquer les définitions
qu’ils répètent de mémoire.
— En Allemand aussi, beaucoup,
sans leur dictionnaire, ont perdu toute leur vertu. — Sur l'Histoire contemporaine,
ils paraissent généralement moins bien
préparés qu’ils ne l’étaient l’année précédente pour l'histoire
des xvii* et xvini° siècles. Ils n’ont entrevu que le gros des
choses dans des Manuels, et n'ont jamais eu le loisir d'ouvrir
quelqu'une de nos grandes œuvres historiques. Mais on n’a
plus ni le temps ni le goût de lire.— Enfin, l'étude des Sciences
présente à l'examen de singulières inégalités. Nos candidats
sont, pour la plupart, plus heureux pour la Géométrie et la
Physique. Ils savent passablement encore la Cosmographie et
la Chimie. Mais ils ont oublié l'Arithmétique, et paraissent
avoir trop peu compté jusqu'ici avec les Sciences naturelles,
dont on à mal à propos surchargé encore récemment un pro-
gramme déjà trop chargé.
En somme donc, sur les 217 candidats qui ont subi ce
second examen, 121 ont été jugés dignes du grade de bachelier ès lettres, à savoir :
5 avec la mention Bien: MM. Becker, Godet, Maldidier,
Poincarré et Wahl;
35 avec la mention Assez Bien;
Et 81 avec la note Passablement.
Baccalauréat complet. — Enfin 10 candidats encore ont
invoqué le privilége de leur âge et d'échecs antérieurs, pour
84
SÉANCE DE RENTRÉE.
se présenter une dernière fois à l'examen du Baccalauréat
complet. Sur ce petit nombre, 3 seulement ont pu être admis
au grade avec la note Passablement, et les 7 autres ont été
définitivement exclus.
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ÉLIMINÉS.
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Bacealauréat scindé (2e partie}!
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»
5 |
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»
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5
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Total. , ....)
lélz
&
EE
Baccalauréat scindé {4repartie)!
Baccalauréat complet,
:
nn
2
æ
|111
TT
|178 | 306
Licence ès Lettres.
Je me plaignais l'an dernier de voir si peu de candidats se
présenter à la Licence ès lettres, quand tous les Colléges réclament des Maîtres licenciés, quand les villes et l'État s'efforcent à l’envi d'améliorer la situation des Professeurs munis
de ce titre. Mais cette année leur nombre ne s’est encore
guère accru, — 8 candidats se présentaient à la session
de novembre 1876, et 7 seulement à celle de juillet 1877.
Jamais cette dernière session de juillet n'avait été si désertée.
Il faut s'en prendre sans doute à la publication tardive du
programme triennal, qui renouvelait à peu près entièremient
la liste des auteurs grecs, latins etfrançais, proposés pour l'examen. Cette liste, en effet, qui doit paraître un an d'avance, n'a
été connue cette fois qu'aux premiers jours de janvier. Que
les élèves de l'École normale, qui n’ont à s'occuper que dé
leur examen, aient pu suffire en six mois aux exigences de
ce nouveau programme, je Le conçois; mais cette tâche excédait le loisir et les forces de nos Maîtres du Lycée ou des
Colléges, trop absorbés ailleurs par leurs fonctions.
À la session de novembre 1876, 3 candidats seulement sur
8 ont été admis:
$
FACULTÉ
DES
LETTRES.
85
Le jeune Comte, esprit fertile et vaillant, travailleur infa-
tigable, qui fut au lendemain de son succès chargé d’enseigner l’histoire au Collège de Verdun;
M. l'abbé Berga, élève distingué de la Maison des hautes
études ecclésiastiques, fondée par MS" l’évêque de Nancy pour
préparer des Maîtres à l'enseignement libre ;
M. Masson, professeur au Collége de Pont-à-Mousson,
dont la Faculté aimait à récompenser ainsi les efforts persévérants.
À la dernière session de juillet, 4 candidats, sur les 7 qui
se sont présentés, ont été jugés dignes du grade, à savoir:
M. l'abbé Mangin, de la Maison des hautes études;
M. Lavé, professeur au Collége d'Épinal, qui prometà la
prochaine Agrégation de grammaire un candidat sérieux;
M. J'eantin, presque encore un adolescent, mais qui a mûri
rapidement par un travail soutenu, et qui honore par son
succès le corps des Maîtres auxiliaires du Lycée de Nancy,
auquel il appartenait. Trop jeune encore pour l’enseignement
philosophique, auquel il se destine, il est chargé provisoirement d'enseigner les humanités au Collége de Toul;
Enfin M. Boully, alors professeur de Philosophie au Col-
lége de Remiremont, aujourd’hui en rhétorique à Verdun, et
quia pu compenser à l’examen l'insuffisance de sa préparation par l'éclat de l'accessit de poésie, qu’il venait d’obte-
nir à l’Académie française pour son éloquent poëme sur André
Chénier.
Voilà done en tout 7 licenciés pour la récolte entière de
l'année. Certes, ils sont de bonne race; et c'est avec confiance
que la Faculté les recommandait à M. le Recteur pour des
chaires importantes. Mais, en vérité, c’est trop peu pour les
besoins de notre Académie. Deux même d’entre eux sur7 appartiennent à l’enseignement libre. C’est trop peu aussi pour
répondre à notre juste ambition et à nos efforts. J'en appelle
aux disciples mêmes de nos Conférences. Certes, le zèle que
nous apportons à diriger et à seconder leur travail mériterait
86
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
une plus ample récompense. — Mais le zèle et la science des
Maîtres
côté, y
vent-ils
parfois
ne suffisent pas. Il faut que nos jeunes gens, de leur
répondent avec plus d'émulation. Peut-être nous troubien exigeants. Je sais bien aussi, que quelques-uns
se découragent d’un effort trop prolongé. Ils avaient
trop présumé
de leurs études antérieures, et s'étonnent de
tout ce qui leur reste à faire pour atteindre au niveau de la
Licence. Ils se ressentent un peu de la maladie de leur siècle
où l’on aime à rêver les succès faciles et à recueillir sans avoir
pris la peine de semer.
Sans doute aussi nous souhaiterions que ceux des élèves de
la Faculté de Droit, qui ont fait
eussent davantage l'ambition
dent, pour la plupart, que la
laisserait seule assez de loisir
de nos Conférences, mais que,
les meilleures études littéraires,
de la Licence. Ils nous réponpremière année de Droit leur
pour s'associer aux exercices
dès la seconde année, le Droit
les absorbe tout entiers. Je ne disconviens pas que, dans l’état
ordinaire de leurs études, uneseule année ne peut guère suffire
pour les amener du Baccalauréat à la Licence, telle qu’elle
estencore constituée,— Ce n'est pas notre faute,si jusqu'ici une
Licence èslettres spéciale n’a pas été organisée pour cesjeunes
gens, qui ne veulent pas se contenter d’être bacheliers, et qui,
aspirant à un grade plus élevé, souhaiteraient du moins un
examen mieux accommodé à leurs études et aux besoins de
leur carrière.
Doctorat ès lettres.
Bien des thèses nous ont été soumises dans le cours de
l’année; mais aucune ne nous a semblé assez forte pour arri-
ver à la soutenance. Nos candidats, pour la plupart, ne se font
pas une idée assez haute du doctorat. C’est pourtant aujourd'hui le seul titre exigé pour l’enseignement supérieur des
Lettres. Faut-il donc qu'il serve de refuge à ceux qui n’osent
prétendre à l'Agrégation pour l’enseignement secondaire?
Nous ne le pensons pas. C’est déjà bien assez qu'ici le candidat
FACULTÉ
DES
LETTRES,
87
ait été éntièrement libre de choisir à son gré les sujets de
sa thèse, et d'y consacrer tout le temps qu’il veut. Du moins
est-on en droit d'exiger de lui que, sur ce terrain circonscrit, il
sache montrer une science solide et un vrai talent d'écrivain.
III. — ENSEIGNEMENT.
Quelques mots seulement sur ce qu’a été notre enseigne-
ment public dans le cours de cette année. Ici je puis être
d'autant plus bref, quejene vous diraique ce que vous en savez
déjà. Car vous en êtes pour la plupart auditeurs ou disciples.
Vous n’ignorez pas que chacun de nous, dans ses leçons et ses
conférences, embrasse en réalité deux enseignements distincts,en sorte que c’est quatorze Cours sur des matières différentes, que notre Faculté offre chaque semaine à la jeunesse
studieuse et aux esprits curieux de la haute culture intellectuelle. Je ne veux retracer ici que l’esquisse sommaire de
nos principaux Cours.
Philosophie. — M. Boutroux, dans ses leçons, nous a ex-
posé les origines et l’histoire de la Philosophie allemande
depuis Luther et Spinosa. Après nous avoir fait connaître
dans toute sa grandeur originale le génie et l'influence de
Leibniz, il s'est attaché particulièrement à l’étude de Kant,
en dissipant les préjugés qui nous en avaient fait méconnaître
jusqu'ici, en France, le sens et la portée profonde; et il nous
a vraiment révélé, dans la Critique de la Raison pure, de
la Raison pratique et du Jugement, la métaphysique du sage
de Kôünigsberg, sa morale, son esthétique, sa doctrine des
causes finales, ses vues sur le Droit public et le Droit privé.
À côté de ce Cours, le Professeur, dans ses Conférences, étudiait comparativement ce que l'antiquité et le moyen âge
avaient pensé sur les grandes et éternelles questions qui sont
l'objet de la Philosophie: l'âme humaine, la nature divine,
l'origine du monde; et, à ce sujet, il rapprochait en même
temps les diverses méthodes philosophiques appliquéés en ces
âges si différents à la recherche de la vérité.
88
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
Littérature grecque. — M. Decharme a complété l'étude si
neuve et si savante, qu’il avait commencée il y a quelques an-
nées sur la Mythologie grecque, en expliquant la légende et
le culte des héros nationaux : Hercule, Thésée, Œdipe, Méléagre, les Centaures et les Lapithes, Pélée, Alceste, Admète,
Orphée, Bellérophon, Persée, Io, Pélops et Tantale, Atrée et
Thyeste, tous ces fils du ciel et de la terre, auxquels les cités
grecques rapportaient leur origine sacrée, et dont la légende
a longtemps défrayé la tragédie antique, formaient en effet,
au-dessous des dieux de l’Olympe, une nouvelle famille
divine, qui partageait avec eux la protection et le culte des
hommes.
Littérature latine. — M. Campaux avait pris pour sujet,
cette année, l'œuvre de Tacite, matière féconde pour l’historien, le penseur et l'artiste. Les révolutions, dont notre siècle
a été témoin, apportent aujourd’hui à cette étude une lumière nouvelle et un nouvel intérêt. Comment Tacite jugeaitil la république et le gouvernement des Césars, qui y avait
succédé? Quelle fut sa conduite politique? Que penser de
son génie, si profond et si triste, de ses jugements misanthropiques sur les hommes et les choses de son temps, de son
imagination dramatique et pittoresque, de son éloquence et
de son talent d'écrivain? Tels sont les points de vue divers
où s’est placée la critique du Professeur. M. Campaux a pénétré Tacite dans tous les sens. Il a vécu familièrement avec
l'écrivain, et il a fait revivre autour de nous la vieille Rome
d'Auguste, de Tibère et de Néron. Avec son auteur aussi, il
nous a conduits au fond des forêts de la Germanie, et nous a
fait voir, chez ces peuplades barbares, que Dieu semblait
tenir en réserve pour le châtiment de Rome et la régénéra-
tion du monde, les origines des sociétés et des mœurs modernes.
Littérature française.— Je reprenais, cette année, l’histoire
des Lettres et des esprits en France à l'époque de la Révolution. Ou plutôt, à cette époque terrible, c'était à l'étranger
FACULTÉ
DES
LETTRES,
qu'il fallait suivre et écouter la pensée française
recueillais done
89
exilée. Je
d’abord les Considérations qu’inspirait ce
grand et formidable événement aux penseurs proscrits, qui en
suivaient de loin la marche fatale, Mallet du Pan, Necker,
Rivarol, Joseph de Maistre surtout, puis Chateaubriand.
Enfin, rentrant en France avec ce dernier, j'étudiais le Génie
du Christianisme, œuvre éloquente et opportune, avec laquelle
l'écrivain secondait la restauration de l'Église. Mais une fois
sous le charme de ce beau génie, qui remplit avee M" de
Staël de sa gloire littéraire les premières années du siècle,
je
n'ai pu m'en déprendre; et l'étude d'Atala, de René, des
Lettres sur lTtalie et de l’Itinéraire a rempli le reste de
l’année.
Littérature étrangère. — M. Gebhart consacre ordinaire-
ment
son premier semestre à l'Italie, le second aux littéra-
tures de l'Allemagne ou de l'Angleterre. Cet hiver il étudiait
la société polie à Florence, à Rome et à Venise, au temps de
la Renaissance, et l'influence que les femmes ont exercée sur
la civilisation brillante, le goût des arts et l'élégance des
mœurs à cette époque. C’est Boccace avec son Décameron et
sa Piammetta, c'est Castiglione avec son Cortigiano, qui lui
servaient de guide dans cette aimable étude. Après Pâques,
il s’est complu à raconter et à commenter cette capricieuse
histoire de T'ristram Shandy, si propre à nous faire pénétrer
dans le génie humoristique de l’Angleterre.
Histoire. — Après avoir retracé antérieurement l'essor de
la Russie au xvrrr° siècle, et son intervention nouvelle dans
la politique et l'équilibre de l'Europe, M. Rambaud, cette
année, racontait la lutte gigantesque engagée par elle contre
la France presque dès les premiers jours de la Révolution.
Cette lutte cependant eut des intervalles. Le ezar Paul I*,
fasciné par le génie de Napoléon, sembla plus d’une fois près
de se laisser entraîner dans l'orbite de la politique française.
Mais la Russie dut rompre enfin avec cette politique à outrance du dominateur du monde, et la fortune de ce dernier
90
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
vint sombrer à Moscou dans une épouvantable catastrophe.
Pour raconter les vicissitudes de ce drame immense, M. Ram-
baud, qui pratique la Russie depuis longtemps déjà et s’en est
fait un champ spécial d’études, a puisé à des sources jusqu’alors ignorées; c'est presque une histoire toute neuve qu'il
nous aretracée d'événements que nous croyions connaître,
—
Dans sa Conférence, il à traité des Chroniqueurs et des His-
toriens de la querre de Cent Ans.
Géographie. — Après avoir expliqué, l’année précédente,
l'Inde anglaise, M. Vidal-Lablache, franchissant, cette année,
l'Himalaya, nous a fait connaître ces immenses plateaux de
l'Asie centrale, qui vont s'inclinant insensiblement jusqu'aux
plages de la mer Glaciale. C'était mettre en présence les
deux peuples qui se disputent l'empire de l'Asie, la Russie
en face de l'Angleterre, Dans cette excursion, il a successivement parcouru la région de l'Aral, le Turkestan, la vallée
de l’Iaxarte, le bassin de l’Oxus, la vallée de PIli, le plateau
de l'Iran et enfin les immenses plaines de la Sibérie; régions
ingrates sans doute et jusqu'ici bien mal connues, mais auxquelles il a eu l’art de nous intéresser vivement par la nouveauté curieuse des renseignements détaillés qu’il nous apportait sur la nature du pays, les populations qui l’habitent,
leurs ressources actuelles et leur avenir. — En même temps
dans ses Conférences, le Professeur étudiait la Géographie
physique de la France.
Mais vous savez, Messieurs, comment Cours et Conférences
de Géographie furent malheureusement interrompus dès les
premiers jours de mai par le coup affreux qui enlevait en un
même jour à M. Vidal-Lablache deux de ses enfants, Puisse
la sympathie profonde et générale, qui lui a été témoignée
en cette occasion, adoucir pour ce chez collègue et pour sa
famille cette inconsolable douleur!
Voilà l’ensemble varié que présentait, cette année, l’enseignement de notre Faculté. — Nos Cours et nos Conférences se
rouvrirontà partir du mardi 27 novembre. Je laïsse à chacun
FACULTÉ
DES
LETTRES.
91
de mes collègues de vous exposer dans sa prochaine leçon
d'ouverture la matière de son enseignement.
À ces Cours, nous comptons toujours plus d'hommes mûrs
que de jeunes gens; et c’est pourtant de la présence des
jeunes gens que nous sommes surtout jaloux. C’est en vue
surtout des élèves de nos Écoles supérieures, en effet, que
l'État multiplie les Chaires de ses Facultés des Lettres. En
même temps que, avec un juste souci des classes populaires,
il propage partout et fortifie l'enseignement primaire et s’efforce de le mettre à la portée de tous, il veut tout ensemble
que le niveau intellectuel s'élève simultanément
dans les
classes lettrées et appelées à exercer sur les autres l’ascendant du conseil et des lumières.
L'État vous convie donc, jeunes gens, au nom de vos intérêts et de l'intérêt public, à profiter des ressources que pour
cela il vous offre. C’est pour vous, dans les temps surtout où
nous sommes, un impérieux
devoir d'ajouter à votre science
professionnelle des connaissances plus générales, qui étendent
l'horizon de votre esprit et achèvent votre éducation
libérale. On ne doit négliger aucune occasion de s’éclairer,
quand on doit servir aux autres de flambeau. Ce sont les
États démocratiques, surtout, qui ont besoin de se faire une
aristocratie de la science et de la vertu. Tâchez donc, par
votre culture scientifique, aussi bien que par votre caractère,
de vous rendre dignes du rôle que votre position dans
le
monde vous appellera à remplir un jour.
IV.
—
ConcOURS
LITTÉRAIRE
INSTITUÉ
PAR
LE
CONSEIL
GÉNÉRAL.
L'année dernière,la Faculté
de Nancy inaugurait avec un
certain éclat le Concours littéraire institué entre nos étudiants
par la libéralité du Conseil général de Meurthe-et-Moselle, et
décernait un prix de 300 fr. à l'élève Roy (Émile), qui vient
d'entrer à l’École normale supérieure.
Cette institution généreuse ne pouvait manquer de provo-
92
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
quer de vives sympathies. Le Conseil municipal de
celui de Lunéville ont voulu, cette année, ajouter
leur allocation. D'autres suivront. Si ces Concours
pas parmi la jeunesse de nos Écoles une noble
Nancy et
aux prix
n’excitent
émulation
pour les études, certes ce ne sont pas les encouragements qui
leur auront manqué.
Ces Concours sont un champ clos où nous convions à la
fois, avec l'élite de nos élèves, l'élite des étudiants de la Faculté de Droit, qui, eux aussi, nous appartiennent, puisqu'ils
sont tenus de suivre quelques-uns de nos Cours et d'y prendre
des inscriptions. De là le caractère mixte des questions proposées, qui, autant que possible, appartiennent tout ensemble
à l’un et à l’autre ordre d’études. -— Cette année, nos concurrents avaient à analyser le grand traité de Cicéron surl'Orateur, en recherchant le profit qu’en peut tirer encore l'Élo-
quence moderne. En vérité,je ne sache pas de sujet plus
attrayant tout ensemble et plus utile pour les jeunes gens
‘ qui ont goûté aux lettres antiques, et qui, futurs avocats, ou
même futurs professeurs, auront à pratiquer l'art de La parole
publique,
Là, dans un entretien charmant, plein de variété, d'esprit
et de grâce, le dernier et le plus grand orateur de Rome, qui
vient de voir l'Éloquence s'éteindre avec la liberté dans un
couchant orageux et sinistre, se plaît à recueillir son expérience du barreau et de la tribune, et le fruit de ses études
si étendues, et à redire, avec les leçons de sa longue prati-
que, les secrets de son génie. Ce ne sont plus les secs enseignements des rhéteurs et leurs froides anatomies. C’est la
confidence généreuse et éloquente elle-même d'un glorieux
praticien, qui a expérimenté toutes les méthodes, qui en con-
naît la vertu, mais surtout qui les à fécondées par son talent.
Tout d’abord l'Éloquence est-elle un pur don de nature?
Est-ce un art qui se puisse enseigner? Jusqu'à quel point le
génie oratoire peut-il gagner à l'étude des modèles et à la
pratique des procédés de la Rhétorique ? Peut-on surtout être
FACULTÉ
DES
LETTRES,
93
un grand orateur, si l’on ne possède un ensemble de connais-
sances générales et élevées sur toutes les choses qui peuvent
entrer dans les discussions de la tribune et du barreau, et
surtout si l'étude de la philosophie ne nous a pas appris à
dominer les questions particulières et à voir comment elles se
rattachent à la chaîne des vérités générales? N'est-ce pas là,
en effet, la source féconde de ces beaux lieux communs, qui
sont l’âme et la splendeur de l’Éloquence ? — Jusqu’à quel
point cependant cette science encyclopédique, que Cicéron
exige de l'orateur antique, est-elle encore praticable pour
l'orateur moderne, dans l’immense développement qu'ont pris
de nos jours les connaissances
humaines?
Du
moins, entre
toutes ces sciences modernes, quelles sont celles qui seront
encore aujourd’hui le plus nécessaires
néral, enfin, dans quelle mesure toute
quence grecque et romaine sera-t-elle
conditions actuelles de notre barreau
à l’orateur ? — En gécette théorie de l'Éloencore applicable aux
et de notre tribune?
— Allons au fond des choses. Les circonstances où se déploie
aujourd’hui la parole publique, ont-elles donc en réalité tant
changé depuis l'antiquité ? La pratique de nos avocats dans
les causes civiles diffère-t-elle donc beaucoup de ce qu’elle
était à Rome ? Et dans les causes criminelles, la composition
actuelle du jury n’offre-t-elle pas encore à l’orateur pathétique les mêmes chances de succès que ces multitudes aveugles que l’orateur romain s’efforçait de soulever plutôt que
d'éclairer? — Enfin la Révolution française n’a-t-elle pas
relevé parmi nous une tribune politique, analogue à celles
des Républiques anciennes, où c’est la parole oratoire qui
gouverne et décide? — Mais d’ailleurs l’âme humaine n'estelle pas éternellement la même, sous tous les costumes et
tous les climats? N'offre-t-elle pas à l’orateur qui en veut
user, les mêmes ressorts généreux, les mêmes passions, les
mêmes faiblesses? Et l’action de l'orateur ne se ramènerat-elle pas toujours à la définition antique: convaincre l'esprit
des hommes, leur agréer, soulever leurs passions? — Si même
94
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
Cicéron, dans son ouvrage, attache en outre tant d'importance au style, au choix des figures, à l'harmonie de la
phrase, à la prosodie même de la période, qui ne conviendra
avec nous, qu'entre toutes les nations modernes, il n’en est
encore aucune qui soit plus que la France sensible à la
beauté de la Diction,
d’une phrase bien faite ?
à l'élégance, et même
à la musique
Voilà sommairement et dans son ensemble l’intéressant
objet d'études que nous avions proposé cette année à la jeunesse studieuse de nos Facultés. — Six candidats ont répondu
à cet appel. Il n’y en avait que quatre l’an dernier. Mais
aueun d'eux cette fois n’a, comme l'an dernier, enlevé d’emblée nos suffrages. Ce n’est pas que nous n'ayons rencontré
dans la lice de vifs et aimables talents, des causeurs piquants,
des penseurs même pleins de promesses, Mais nul n'avait fait
une étude assez approfondie de l’œuvre de Cicéron et n’en
avait senti toute la portée ; nul aussi n'avait su donner à son
Mémoire cette composition artistique et cet ordo lucidus, dont
parle Horace, qualités qui distinguaient avec tant d'éclat
notre premier lauréat dans le précédent Concours.
Dès la première lecture, cependant, trois Mémoires se sont
surtout signalés à notre préférence ;
Le Mémoire n° 6, avec la devise :
Quidquid agunt homines, votum, timor, ira, voluptas,
Gaudia, discursus, nostré est farrago libellé.
€
Le Mémoire n° 3, qui avait pris pour emblème
les armoi-
ries de la ville de Nancy;
Et le Mémoire n° 4, avec ces vers de Virgile pour devise :
Ac veluti magno in populo, cum sæpe coorta est
Seditio, etc.
Le premier de ces Mémoires est assurément l’œuvre d’un
talent original. On y trouve une foule de vues ingénieuses
et parfois même
des pages
éloquentes,
comme
celle, par
exemple, où l’auteur flétrit l’éloquence sans probité, dont
FACULTÉ
Antoine a fait l'apologie;
DES
LETTRES,
95
ou celle encore, où il signale si
justement le caractère de l’éloquence plus pratique à Rome,
et à Athènes plus spéculetive. J'aime aussi ce beau portrait
qu'il nous retrace de l’orateur romain, dominant de sa parole
la multitude orageuse qui s’agite au Forum. — Mais ce sont là
proprement de brillantes digressions à propos du De oratore.
Quant à l'ouvrage même de Cicéron, l’auteur ne le suit pas
d'assez près. C’est pour lui un thème, sur lequel il développe
ses propres idées, ou même un prétexte pour se livrer à des
théories métaphysiques qui se perdent un peu dans les
brumes d’outre-Rhin. Ce sont des considérations abstraites,
qui flottent au-dessus du sujet et n'y tiennent pas. On regrette
en vérité ce faible chez l’auteur, qui est resté comme blessé
par la philosophie de Kant, mais chez lequel, du reste, on
ne saurait méconnaître une grande vigueur et un incontes-
table talent. Aussi, tout en le mettant en garde contre son
défaut, la Faculté a été heuréuse de rencontrer dans le Concours cet esprit plein d’espérances, et at-elle été unanime à
lui décerner le prix. L'auteur de ce Mémoire couronné est
M. Gley (Marcel-Bugène- Émile), né le 16 janvier 1857, à
Épinal, étudiant en Médecine et candidat à la Licence ès
Lettres.
Les Mémoires 3 et 4 se distinguent par des qualités bien
différentes. — Nulle part sans doute le sujet n’a été étudié avec
_plus de scrupule que dans le Mémoire n° 4. C’est une analyse
exacte, mais où l’auteur expose les questions plutôt qu'il ne
les juge, et où les divers points de vue se succèdent sans
s’enchaîner. On y voudrait une composition plus ferme et
quelques idées générales pour en dominer l’ensemble. Le
style aussi a plus de netteté et de correction, que de force et
d'éclat, Ce Mémoire, auquel nous décernons une Mention
honorable, avec une Médaille d'argent, est l’œuvre de
M. J'eantin (Paul), né à Hadonville-lès-Lachaussée (Meuse),
alors Maître auxiliaire au Lycée de Nancy, aujourd’hui Pro-
fesseur de seconde au Collége de Toul.
96
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
Le Mémoire n° 8, au contraire, est la causerie spirituelle
et facile d’un amateur de talent, mais qui vise plutôt à être
agréable et piquant, qu’exact et vrai, et qui a cherché trop
souvent l'originalité dans le paradoxe. Son étude de Cicéron
est assez superficielle. Je m'étonne aussi qu’un jeune homme,
qui semble avoir fréquenté le barreau et les assemblées politiques, méconnaisse à ce point les conditions et la puissance
réelle de l'Éloquence moderne. Non,le public en France n’est
pas aussi insensible qu’il le croit aux grands effets oratoires
et aux beautés de la parole. Nous sommes vraiment les fils
de la Grèce et de Rome. — Aussi ce Mémoire se lit sans
doute avec agrément, mais c’est un propos d'allure légère et
d'un goût souvent douteux. On y voudrait plus de gravité et
un style plus travaillé, Trop souvent même la pensée s’achève à peine dans une expression vague et incomplète.
Telle est toutefois la séduction qu'exerce un tour spirituel,
que nous avons pensé devoir décerner une Mention honorable
et une Médaille d'argent, ex œquo avec le précédent, à l’auteur de ce Mémoire, M. Hinzelin (Justin-Charles-Émile), né
le 13 avril 1854, à Nancy, Étudiant de la Faculté des
Lettres.
Ce n’est pas sans regret que nous avons dû écarter le Mémoire n° 2, qui porte pour devise ces vers du Wisanthrope :
Mais pour vous, vous savez quel est notre traité,
Parlez-moi, je vous prie, avec sincérité ;
Etc.
Certes, l’œuvre avait été préparée
avec soin. Les
idées y
fourmillent, judicieuses et vraiment fécondes. La comparaison
surtout entre l'Éloquence politique et judiciaire chez les
anciens et les modernes amène les plus ingénieux rapprochements. Partout, d'ailleurs, on sent une imagination fertile,
de la verve, de la flamme même.
Que manquait-il done à
cette œuvre pour prévaloir? La forme, le style. Ce n’est pas
composé; c’est à peine écrit. C’est rédigé avec une prolixité
déplorable, et toute idée y est l’occasion d’amplifications sans
FACULTÉ
DES
LETTRES,
97
fin. On déplore en vérité, que ce jeune talent n’ait pas appris
à se contenir et à se régler. Il succombe ici victime de son
intempérance.
Le Mémoire n° 1 avait pris au contraire justement pour
devise:
Qui ne sut se borner ne sut jamais écrire.
Il est court. De plus il débutait bien et annonçait un es-
prit élégant et sobre. Mais l’auteur n’a pas rempli ces espérances, À peine
entre-t-il dans son vrai sujet.
Son
œuvre
bientôt devient de plus en plus vague et flottante, et s'achève
sur des considérations banales,
Enfin le Mémoire n° 5, portant pour devise :
Meccœnas, atavis edite Regibus,
n’est qu'une ébauche sans valeur, dont l’auteur ne semble
pas s'être fait une idée assez sérieuse de ces Concours. On
ne parle pas avec cette légèreté tranchante de ce qu'on n'a
pas pris la peine d'étudier.
Malgré ces critiques nécessaires, je me hâte d'ajouter que
la Faculté n’est pas mécontente du résultat général et estime
qu'ici encore, comme l'an dernier, ce résultat justifie pleinement la libérale institution de ce Concours. Elle voit avec
satisfaction ces Concours littéraires se populariser parmi la
jeunesse studieuse et.susciter une noble émulation. Quelques
jeunes talents s’y révèlent, qu'elle est heureuse de signaler
à eux-mêmes et à l’estime publique, L'institution est fondée
désormais, et elle durera.
Mais qu'il me soit permis, à ce sujet, de donner en finissant
aux futurs concurrents quelques conseils utiles. Nous voulons
des œuvres courtes, substantielles, mais étudiées et écrites
avec soin; et nous ne séparons pas l’art de bien penser de
l'art de bien dire. Nous ne saurions donc assez mettre nos
concurrents en garde contre cette facilité d'écrire prolixe et
exubérante, où la pensée se noie et où le talent se dissipe et
s’épuise en herbes folles. C’est pour nous une peine vériFACULTÉS
a
€
98
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
table de voir ainsi gaspiller en une improvisation à brideabattue les dons souvent les plus charmants de l’esprit. — C’est
un préjugé trop commode, et aujourd’hui trop commun, de se
croire volontiers du talent et de penser que le talent peut se
dispenser de travail et d'étude. Car, grâce à cette illusion,
combien ne voyons-nous pas de talents heureux avorter ? et
combien, qui, nés tout au moins médiocres, réussissent à devenir nuls? Plusieurs de nos candidats, cette fois, valaient
mieux en réalité que leur œuvre. Aussi insistons-nous pour
qu’ils apprennent davantage désormais à se recueillir, à dis-
tribuer un sujet, à composer leur œuvre d'art, à condenser
leurs pensées et à soigner leur style. — Nous vous paraîtrons
peut-être bien sévères à cet égard. Mais c’est à nous, surtout,
qu’il appartient de conserver les saines traditions, et de garder
à notre langue ces vertus souveraines de clarté, de précision
et d’exactitude logique qui en ont fait par excellence, entre
toutes les langues modernes, la langue de la raison, et qui en
même temps ont fait de notre littérature (selon le mot heu-
reux de M. Nisard) le livre des promesses pour toutes les
nations qui ont de grandes destinées.
RAPPORT
DU
DIRECTEUR
DE
L'ÉCOLE
MONSIEUR
SUPÉRIEURE
DE
PHARMACIE.
LE RECTEUR,
MESSIEURS,
J'ai eu l'extrême honneur, l'an dernier, de vous dire une
page de notre passé de Strasbourg, et d'affirmer que ce passé
de notre École garantissait l'avenir de l'École supérieure de
pharmacie de Nancy. Qu'il me soit permis, aujourd’hui, de
parler du présent, de vous dire ce que nous sommes, ce que
nous faisons dans notre sphère modeste. Cette question demande à être traitée; car, faute d'éléments, on pourrait nous
interpréter sous un jour inexact, nous traduire d'une façon
peu fidèle, et, en vertu de ce contre-sens, nous travestir
inexorablement. Or, nous devons être jugés d’après nos œuvres, et nous tenons d'autant plus à les présenter sous leur
couleur vraie, à les tracer et les peindre en un tableau
réel, que bientôt, plus que jamais, va s’agiter la réorganisa.tion de l’enseignement supérieur et vont se combattre les
partisans du régime universitaire français, qui à fait ses
preuves, qui est perfectible, et les admirateurs du système
universitaire allemand, qui mérite d’être examiné avec une
attention sérieuse, mais sans cette passion irréfléchie que l’on
100
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
apporte trop souvent pour toute institution venant d’outreRhin.
Nous sommes une École professionnelle au même titre que
la Faculté de médecine, par exemple; avec cette différence
digne de remarque qu’elle reçoit l'étudiant au sortir du Lycée:
lui enseigne la théorie et le façonne elle-même à la pratique
avant de l’'admettre aux examens qui lui confèrent le droit de
guérir; tandis que notre élève nous vient, au contraire, avec
la pratique acquise dans l’officine du pharmacien, pratique
de l’art qui échappe presque entièrement à notre contrôle,
fait extrêmement regrettable, mais qui tend à se réglementer
par l’initiative de quelques Sociétés de pharmacie, la Société
de prévoyance des pharmaciens de la Seine, la Société de
pharmacie de Meurthe-et-Moselle, ete.; un jour viendra cer-
tainement où ces examens de fin d'année de stage deviendront obligatoires
magne,.
en France,
comme
ils le sont en Alle-
Nous donnons à l'étudiant, en même temps que la théorie,
la pratique des sciences, qui complète celle de l’art et transforme le pharmacien reçu, après son entière scolarité, en
homme vraiment utile à la société et voué à la science, que
souvent il enrichit à son tour par des découvertes plus ou
moins heureuses.
À côté de nos chaires de pharmacie et de matière médi-
cale, qui sont la base de notre enseignement, nous possédons
des chaires de sciences appliquées; la chimie et ses branches,
la toxicologie et l'analyse, la physique, l’histoire naturelle,
qui, loin d’être regardées chez nous comme sciences accessoires, sont à juste titre considérées comme fondamentales,
indispensables, destinées à mettre en lumière l'étude de la
pharmacie et de la matière médicale.
J'ai souvent entendu manifester certain étonnement de
nous voir enseigner des sciences, à côté d’une Faculté qui
porte ce nom, comme si ce titre lui conférait le privilège
d’universalité; comme s’il n'y avait pas des degrés dans la
ÉCOLE
science, des points
SUPÉRIEURE
de vue
DE
PHARMACIE.
différents,
101
des horizons variés:
comme si, d'ailleurs, la science ne s’enseignait pas dans les
Lycées et dans les Écoles spéciales du Gouvernement sans
porter atteinte au haut rang de ces Facultés et à leur in.
contestable suprématie.
Que l’on veuille bien comparer les programmes de l’un et
l’autre établissement d'enseignement supérieur, saisir ce qu'on
appelle leur esprit, et l’on concevra que l’un ne pourrait remplacer l’autre, mais que l’un et l’autre peuvent se prêter un
mutuel appui, puisque l'étudiant trouvera chez l’un le développement de la science dans son expression la plus élevée,
dans son sens Le plus philosophique, et chez l’autre la théorie
suffisamment distribuée et associée aux nombreux
et minu-
tieux détails de la pratique. Il me suffira, je l’espère, de quel-
ques mots pour faciliter cette comparaison et établir des différences essentielles, profondes, qui justifient pleinement
notre organisation actuelle.
Les cours de la Faculté des sciences sont au moins bisannuels. Or, ce qui convient aux candidats pour les diverses
Licences ne s’'approprienullement aux exigences des étudiants
d’un autre ordre; dans les Écoles professionnelles, l’instruction marche graduellement; chaque année possède son programme distinct, qui doit être scrupuleusement rempli; en
d'autres termes, tous nos cours sont annuels.
Ainsi l’enseignement de la chimie dans les Facultés, suivant le programme de la Licence, est ordinairement complet
en deux ans, à raison de deux leçons par semaine. Il ne répond
que
dans
une
certaine
mesure
aux
besoins
de notre
étudiant, puisqu’un cours de Faculté des sciences ne peut
s'occuper exclusivement des applications à la pharmacie
(il les néglige entièrement), insister sur les divers modes de
préparation des produits à la fois chimiques et pharmaceutiques et sur le degré de pureté indispensable pour les usages
médicaux, indiquer les effets ou le degré d'activité de ces
substances dans l'emploi thérapeutique, degré d'activité dont
102
SÉANCE DE RENTRÉE.
la connaissance prévient les erreurs de la pratique et les accidents qui souvent en seraient la suite inévitable.
L'enseignement chimique de l'École supérieure de pharmacie, complet chaque année, présente, à l'ouverture de ce
semestre d'hiver, cinq cours et dix leçons par semaine: les
cours de chimie minérale pharmaceutique, de chimie organique, de chimie des corps organisés (végétaux et animaux), de
chimie toxicologique et de chimie analytique. De ces cinq
cours, l’un, spécialement destiné à la troisième année, qui
traite de la chimie des corps organisés (végétaux et animaux),
s'ouvrira pour la première fois dès cette rentrée; il est dû à
l'initiative du professeur de chimie générale et n’existe dans
aucune autre École de pharmacie.
Je n’insiste pas sur ce point, mais je suis en mesure d’af-
firmer, sans témérité, qu’en France l'École de Nancy est celle
qui offre à l'étudiant le plus de moyens de s'instruire en
chimie appliquée, si l'on en juge par le temps, plus considérable que partout ailleurs, consacré chez nous à l’étude de
cette science, dont l'importance ne se discute plus.
Si la chimie se défend sans aucune
peine par la force
même de son enseignement, peut-il en être de même de la
physique, à laquelle nous ne consacrons qu’un semestre pour
les étudiants de première année, en vertu d'un règlement
bien ancien, mais qui fait loi pour nous, puisque nous ne
sommes pas encore parvenus à le faire modifier? Je me hâte
d'ajouter qu’en attendant la transformation de ce cours se-
mestriel en cours annuel, par l’adjonction d’un Maître de
conférences, des mesures seront prises pour offrir à nos élèves,
comme complément d’études, des manipulations de physique,
ou un enseignement pratique dirigé exclusivement dans le
sens professionnel.
Y a-t-il donc une physique pharmaceutique? Oui, Messieurs, c'est-à-dire que l'étudiant trouve dans l’étude des
propriétés générales de la matière et dans certaines applications de la chaleur, de l'électricité et de la lumière, les
ÉCOLE
SUPÉRIEURE
DE
PHARMACIE.
103
moyens de constater l'identité des corps, de les distinguer
de leurs isomères, de s'assurer de leur pureté, d'analyser et
de reconnaître les mélanges frauduleux dont ils ont pu être
l’objet, et même d'apprécier les altérations que le temps ou
les milieux peuvent apporter dans leur nature propre.
C’est à la chimie que l’on s'adresse d'ordinaire pour résou-
dre ces questions ; mais le pharmacien ne doit pas moins être
familiarisé avec les procédés de la physique qui conduisent
au même but, quelquefois avec plus de rapidité, en offrant
d’ailleurs l'immense avantage de ne modifier ni la constitution intime, ni même les caractères extérieurs des corps sou-
mis à l'examen.
Notre programme d'enseignement annuel théorique et pratique est donc bien distinct du programme bisannuel de la
Licence ou des Facultés des sciences, puisqu'il doit se borner aux applications de
certains procédés
de la physique,
à la solution de quelques problèmes de la chimie et de La
pharmacie. L'intérêt immédiat et réel de notre étudiant exige
que l’on ne dépasse pas des proportions exactement déterminéés; il ne faut pas oublier que la moitié de nos auditeurs,
ou la seconde classe, ne possède à son entrée que le bagage
scientifique trop restreint compris dans le certificat de gram-
maire, Quant à la première classe, pourvue du diplôme de
bachelier ès sciences complet, nous ne lui ménageons pas les
encouragements à se livrer de la manière la plus large à la
culture des sciences, et bon nombre d’entre eux deviennent,
pour la Faculté, notre voisine, des auditeurs sérieux et assidus.
Des considérations du même genre justifient la place assi-
gnée dans nos programmes à l’histoire naturelle. Notre cours
de botanique, par exemple, n’est point la reproduction de
celui de la Faculté des sciences; il n’est pas conçu sur le
même plan; il est théorique, sans doute, mais dans une mesure
différente, qui se proportionne avant tout aux exigences de la
pratique, qui amène, par conséquent, à l'étude des familles
végétales, qui dirige enfin dans la reconnaissance des plantes,
104
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
J'ai dit la nature de notre enseignement, examinons-en les
résultats.
Pendant l'année scolaire 1876-1877, 100 étudiants ont
suivi nos COUrS, SaVOir :
ue ue
23 de première classe;
61 en cours d'inscriptions, dont :
38 de
nine
classe ;
28 en cours d'examens (1);
_ 11 auditeurs bénévoles, presque tous élèves stagiaires dans
les pharmacies.
100
Il résulte de ces chiffres que nous avons eu cette année:
13 élèves en cours d'inscription de plus qu'en 1875-1876;
6 élèves en cours d'examens de plus qu'en 1875-1876;
6 auditeurs bénévoles de plus qu'en 1875-1876.
nt
25
|
Le total des inscriptions a été de 231, dont
92 de 1'°classe;
139 de 2° classe ;
c'est donc 53 inscriptions de plus qu'en 1875-1876, 123 ins-
criptions de plus qu'en 1874-1875.
85 examens tant semestriels que
de fin d'année
ont été
subis, 42 par des étudiants de 1" classe, 43 par des étudiants
de 2*classe. Le tableau suivant résume les mentions obtenues:
|
NOTES.
Frès-blen
.
.
Bien...
0,
4.4
Aggeg bien...
Médiocre.
.
Ajourmé,
.
.
ETC CLASSR, | 2e CLASSE.
à
4
0
4.
,
: .
a
se
+
,
4, 4.4.4,
.
4...
. , . .
44,
. .
.
. . .
4,
TOTAUX,
.
.
4:
.
.
.,
10
3
6
at
20
9
&
18
2
5
43
43
RS
85
{1} Dans ee nombre ne figurent pas 11 élèves qui ont été autorisés à subir des
examens définitifs avant l'expiration du trimestre dans lequel ils ont pris leur
dernière inseription.
ÉCOLE
SUPÉRIEURE
DE
PHARMACIE,
|
105
On voit, à l’inspection de ce tableau, que lesexamens de la
1"° classe ont été satisfaisants, puisqu'il n’y a eu que 4 résultats médiocres et seulement 2 ajournements; mais que si la
2° classe s’ést élevée à 11 Bien et 9 Assez bien, elle compte.
18 résultats médiocres et 5 ajournements.
Les examens définitifs continuent leur marche progresgives. On en compta 87 il y a trois ans, 47 il y a deux ans,
58 l'an dernier, et cette année le nombre s’est élevé à 69,
ainsi répartis:
1" classe.
2%
. . . . . .
29
classe.
. . .. . .
40
69
Les résultats fournis par ces actes scolaires se résument
ainsi:
|
NOTES.
Mrég-bien.
. . .
Bien...
Assez
d'e CLASSE. | 9e CLASSR.
..
bien,
..:,
,
.
7
,..
4.
,
, ,
4,
9
1
18
..
4
3
Médiocre.
.
.
, 4.04.
0, . .
5
8
Ajourmé.
.
......,
... ., ..
4
10
TOTAUX.
.
4.
.
. ..
29
40
RS
69
La proportion des ajournements a donc été de 20 p. 100 en
général; mais en reportant la question aux classes, nous constatons que de 6 la proportion s’est élevée à près de 14 p. 100
en l'e classe, et que de 28 elle s’est abaïssée à 25 p. 100
en 2° classe,
L'École, en 1876-1877, a délivré 21 diplômes, 7 de plus que
Van dernier;
10 diplômes de pharmacien de 1" classe, dont
4 avec la mention Très-Bien.
3 avec la mention Bien.
2 avec la mention Assez bien.
1 avec la mention Médiocre.
106
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
11 diplômes de pharmacien de 2° classe, dont :
2 avec la mention Bien.
T avec la mention Assez bien.
Le nombre
2 avec la mention Médiocre.
des concurrents pour les prix universitaires
nous a causé une profonde déception; il devait être très-satis-
faisant, mais un calcul de probabilités a fait fléchir la bonne
volonté de beaucoup, qui ont reculé devant la lutte pour la-
quelle ils étaient certainement bien préparés, et cela sous
prétexte que le résultat n’était pas douteux: fausse apprécia-
tion d’un concours où tel, reconnu supérieur en connaissances générales par le vox studentium, succombe parfois sous
les épreuves du laboratoire, en s’égarant au milieu de ses recherches. Les étudiants voudront bien ne pas oublier que les
aides préparateurs sont choisis parmi les lauréats; qu'une
liberté plus grande du travail de laboratoire, en dehors des
jours réglementaires, sous la surveillance du
Chef des tra-
vaux, ne sera accordée désormais qu'aux plus méritants du
concours; qu'enfin toute demande de passer des examens dé-
finitifs, avant l'expiration du trimestre dans lequel on a pris
sa dernière inscription, ne pourra être prise en considéra-
tion lorsqu'elle viendra d’un candidat qui s'est soustrait aux
épreuves de cette lutte universitaire.
6 élèves seulement, 2 pour chacune des trois années d’é-
tudes, ont concouru.
Le résultat, je m'empresse de le dire,
a été très-brillant et nous fait exprimer le regret qu'il n’y
ait pas, comme pour les Facultés de droit, un concours général entre les étudiants des Écoles de pharmacie de France.
Les jurys chargés d'apprécier la valeur des épreuves ont
proposé: un prix et une mention très-honorable pour la 1° année; un prix et une mention très-honorable pour la 2e année;
un prix pour la 3° année.
Ce
dernier
prix,
qui
consisté en une médaille
d’or
de
300 fr. et des livres, a été remporté par notre lauréat de l'an
dernier et il y a deux ans. Il n’est peut-être pas inutile d'a-
ÉCOLE
jouter
à cet
iaient
de 1"°
SUPÉRIEURE
DE
PHARMACIE,
107
que ce titre de lauréat des trois années d'études a valu.
étudiant la gratuité complète des droits qui lui resà acquitter pour obtenir le diplôme de pharmacien
classe, et que ces droits s’élevaient à 580 francs.
Le prix que nous devons à la libéralité du Conseil général
de Meurthe-et-Moselle et des Conseils municipaux de Lunéville et de Nancy n’a pu être accordé cette année. Contrairement à nos espérances, nous n'avons pas obtenu de thèse,
bien que l'un de nos meilleurs élèves ait vu couronner ses
recherches par des résultats nouveaux, dignes de la publicité,
qui pouvaient lui mériter ce grand prix d'honneur: ses défaillances du dernier moment l'ont fait reculer devant la soutenance. La thèse n'est pas obligatoire chez nous; elle le de-
viendra dans un avenir très-rapproché, que nous appelons de
tous nos vœux, et dès lors nous n’aurons plus sans doute
demander à ces généreux Conseils qu'ils veuillent bien nous
à
conserver cette allocation et la capitaliser avec celle de l’année suivante.
En résumé, Monsieur le Recteur, j'ai la grande satisfaction
de pouvoir répéter ce que je disais il y à un an, au sujet de
la situation de l'École supérieure de pharmacie: elle est de
plus en plus satisfaisante. Vous avez entendu le nombre de
nos étudiants pendant 1876-1877, celui des inscriptions prises,
des examens de tous genres subis, des diplômes délivrés : ces
chiffres sont une démonstration.
Cette prospérité croissante est due, je me plais à le dire,
au zèle et au talent de mes collègues, qui apportent à leur
enseignement tout leur savoir, tout leur dévouement. Mais
cet accomplissement du devoir serait resté stérile sans la gé-
nérosité du Gouvernement de la République, qui, par d'importants crédits supplémentaires,
nous a placés dans de meilleures conditions de fonctionnement matériel et régulier; sans
sa haute sollicitude pour les intérêts de l'enseignement supérieur, qui lui a fait combler avec empressement les vides
produits dans les rangs de nos titulaires, et nous a dotés de
108
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
chaires complémentaires destinées à rendre plus profitable à
nos élèves la pratique scientifique du laboratoire. J'e suis heureux de lui témoigner devant vous notre profonde gratitude.
En effet, quant à ce qui
gnant, M. Bleicher, chargé
bre 1876, a été promu au
naturelle, par décret du 1*
concerne notre personnel enseide cours par arrêté du 4 novemtitulariat de la chaire d'histoire
décembre suivant. Le digne suc-
cesseur de Heckel est un savant naturaliste, plein d’ardeur
pour la science, qui, depuis son arrivée parmi nous, a montré,
par ses nombreuses communications à la Société des sciences
de Nancy, de quel talent d'observation il est doué, et de quelle
valeur est la moisson scientifique accumulée par lui dans ses
voyages en Algérie et dans le Maroc.
Un autre décret du 1° décembre 1876 a nommé professeur
titulaire
de Pharmacie
M.
Descamps,
dont l'aptitude pour
l'enseignement avait été remarquée à Alger et nous avait
été signalée
: la chaire d'Oppermann est en bonnes mains;
l’auteur de la découverte des manganicyanures
aidera, lui
aussi, pour sa part, à continuer les traditions de l’École de
Strasbourg, et à maintenir la réputation de son héritière, l’École de Nancy.
Par arrêté du 1° février, M. Delcominète, professeur sup-
pléant, a été autorisé à faire un cours complémentaire de
Pharmacie galénique. On conçoit l'importance de cet enseignement donné avec toute l'ampleur possible, puisque létudiant trouve en le suivant la pratique raisonnée des opérations qu'il a si souvent faites pendant son stage officinal.
Enfin M. Haller s'est vu récompenser du zèle qu’il avait
déployé dans la direction de nos travaux pratiques, par le
titre d’agrégé provisoire, conféré par arrêté ministériel du 15
mai 1877, titre qu'il saura se faire donner définitivement en
l’emportant de haute lutte au prochain concours. Son aptitude
pour le professorat, que je citais l'an dernier, lui a valu, par
arrêté du 27 août 1877, l'autorisation d'ouvrir un cours com-
plémentaire de chimie analytique. L'École de Nancy ne peut
ÉCOLE
SUPÉRIEURE
DE
PHARMACIR,
109
que se féliciter d'avoir obtenu ce cours, qui venait d'être créé
à l'École de pharmacie de Paris, cours qui complète si heureusement notre enseignement chimique.
|
Nous sommes donc dans les meilleures conditions pour les
fortes études, et nous aurions pleine et entière confiance dans
l'avenir, Monsieur le Recteur, je dis plus, nous serions Certains de voir un nombre plus considérable encore d'étudiants
se grouper autour de nos chaiïres, si de nouveaux laboratoires
nous étaient accordés, si plus d'espace nous était donné.
De même qu'une Faculté de médecine sans hôpitaux d’une
contenance suffisante ne saurait être appelée à une brillante
destinée, de même
une École
de pharmacie, avec une sur-
face de laboratoire représentant à peine le cinquième du nécessaire, est fatalement vouée au marasme au bout d’un temps
très-court et trop facile à calculer, bien qu’elle ait en elle tous
les éléments de Ia vie. On parle souvent de léloquence des
chiffres; or, notre statistique, qui vous est présentée tous les
ans, à prouvé notre sérieuse vitalité et plaidé mieux que je
ne pourrais le faire, sans son appui solide, la cause de l’agrandissement de l’École de pharmacie, le moyen de nous
continuer l'existence dans le succès. L’Administration municipale de Nancy, la ville généreuse et intelligente, a compris que cet agrandissement s’imposait comme une nécessité;
aussi avons-nous le ferme espoir qu’elle prendra d'urgence
une décision conforme à nos vœux, et assurera ainsi la prospérité de l’une des cinq grandes Écoles qu'elle a le privilége
tant envié de posséder, et qui font d'elle l’un des grands centres universitaires de la République française.
PUBLICATIONS
MEMBRES DE L'ÉCOLE
PENDANT
PUBLICATIONS
DE
SUPÉRIEURE
L'ANNÉE
M.
LE
SCOLAIRE
DE PHARMACIE
1976-1877.
PROFESSEUR
JACQUEMIN
1876-1877.
|
1° De la Rhodéine au point de vue de la recherche du soufre.
2° De l'Acide salicylique au point de vue de l'analyse.
PUBLICATIONS
DE
M.
LE
PROFESSEUR
SCHLAGDENHAUFFEN
1976-1877.
1° Traduction du traité d'analyse chimique appliquée à la physiologie
et à la pathologie, de M. Hoppe-Seyler, professeur à l'Université de $Strasbourg. Paris, F. Savy.
2° Sur le sulfocyanate de potasse. (Journ. d'Als. Lorr., mai.)
89 Action Œu cyanure rouge sur les sulfures. (Union pharm., mai.)
4° Des oxydants
sur le sulfocyanate de potasse, (Union pharm., juin.)
5° Sur le persulfocyanogène. (ourn. d'Ats. Lorr., août.)
6° Sur l'essence d'angusture vraie. (Journ. de chim. et de pharm., août;
en communauté avec M. le professeur Oberlin.)
|
19 Les sulfocyanates en présence des acides oxygénés et de quelques
oæydes métalliques. (En communauté avec M. F. Wartz, directeur du laboratoire d'analyse de la Pharmacie centrale. Union pharm., juillet et août.)
8° Sur l'iodure mercureux. {Journ. d'Als. Lorr., septembre.)
PUBLICATIONS
DE
M.
LE
PROFESSEUR
BLEICHER.
1° Géologie topographique de la province d'Oran et du Maroc.
des scieuces de Nancy.)
(Société
ÉCOLE
29 Observations
SUPÉRIEURE
botaniques dans
DE
PHARMACIE.
iii
la province d'Oran ct au Maroc.
(So-
ciété des sciences de Nancy.)
3° Application de la paléontologie végétale et animale à la recherche de
la température à l'époque tertiaire en Algérie.
4 Anthropologie de la province d'Oran et du Maroc. (Société des sciences de Nancy.)
5° Minéralogie du fer dans
la province
d'Oran.
(Société
des
sciences
de Nancy.)
6° Archéologie préhistorique de cette méme province. (Société des sciences de Nancy.)
1° Sur l'âge de la pierre taillée et polie en Alsace. (Société des sciences
de Nancy.)
PUBLICATIONS
DE
M.
LE
PROFESSEUR
DESCAMPS
1876-1877.
Étude de la scille et de la scillitine. (Communication
des sciences de Nancy.)
PUBLICATIONS
AGRÉGÉ
DE
PROVISOIRE, CHEF
M.
DES
faite à la Société
HALLER
TRAVAUX
PRATIQUES
1876-1877.
1° Première note sur l'action de la chlorhydrine chromique sur l'anthracène. {Comptes rendus de l'Institut.)
2° Deuxième note sur le méme sujet. (Comptes rendus de Pinstitut.)
8° Action de la chlorhydrine chromique sur l'anthracène ef sur l'aniline,
(Communication faite à la Société des sciences de Nancy.)
4° Action de l'iodure de cyanogène sur le camphre sodé. (Communication faite à la Société des sciences de Nancy.)
5° Action du cyanogène sur le mélange de camphre sodé et de bornéol
sodé. {Société des sciences de Nancy.)
TRAVAUX
DE
M.
DELCOMINÈTE
‘
1876-1877.
Rapport général sur les travaux des Conseils d'hygiène publique et de
salubrité du département de Meurthe-et-Moselle. Un vol. in-8°. (Dix-huit
rapports sur l'hygiène, une analyse d'eau minérale et une statistique médicale de Nancy, sont propres à l'auteur.)
Sur la falsification du safran par les fleurs de carthame, moyen facile
de la reconnaître. (Bulletin de la Société de pharmacie de Meurthe-etMoselle, 1877.)
.
RAPPORT
SUR
LES
CONCOURS
FACULTÉ
DE
PENDANT
ENTRE
DROIT
L'ANNÉE
SCOLAIRE
LES
ÉTUDIANTS
DE
NANCY
1816-1877
PAR
M.
J
ORTLIERB
Agrégé
à la Faculté
Moxsreur LE RECTEUR,
MESSIEURS,
On a parfois médit du système de composition et de récompenses en vigueur dans nos établissements d'instruction publique de tous les degrés. Les critiques que vous avez peutêtre entendu formuler à cet égard, vous paraissent injustes,
j'en suis sûr. Îl en est une cependant que je redoute pour les
concours de la Faculté de Droit, dont je suis chargé de vous
rendre compte. Je crains que vous soyez tentés de leur adresser le reproche d'autoriser un rapport, qui, je le sens, hélas!
après les discours que vous venez d'entendre, doit sembler
d’un intérêt bien secondaire.
Une chose pourtant me rassure : c’est que cette solennité
que vous voulez bien honorer de votre présence, est la fête
de notre famille universitaire, c'est-à-dire aussi celle de nos
élèves. On vous a parlé d'eux déjà, mais la nature même des
communications qu'on vous.a faites, ne comportait que des
vues d'ensemble. Or, les travaux de ces jeunes gens, qui seront
FAGULTÉS.
8
114
.
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
hommes demain, que la patrie regarde grandir avec une
anxieuse sollicitude, ces travaux, qui sont les prémices de
leur activité intellectuelle, ne méritent-ils pas quelques dé-
tails?
On l'a pensé. Et voilà pourquoi je me permets de
sur un moment de bienveillante attention de la part
ditoire dont la présence même en ce lieu témoigne
térêt qu’il porte à notre Université nationale et à
compter
d'un aude l’inl'œuvre
d’affranchissement et de lumière qu’elle poursuit sans défaillance, avec une inébranlable fidélité.
PREMIÈRE ANNÉE.
Nos étudiants de 1" année avaient à traiter en Droit romain, « De la Constitution des servitudes réelles» (1). Sur huit
compositions, la Faculté en a retenu cinq.
Au premierrang se place M. Georges Lagrésille (2). On peut
sans doute lui reprocher quelques inexactitudes. Mais ce sont
là des taches légères que les qualités de son œuvre font vite
oublier, On est à l'aise, en effet, pour louer les connaissances
qu’elle révèle, la précision de la pensée, la clarté de l’expo-
sition, l'élégance de la forme.
M. Deglin (3) suit M. Lagrésille, d’un peu loin, il est vrai.
Sa composition est celle d’un esprit appliqué; on y trouve au
début des notions générales bien présentées et une bonne
division. Mais des omissions et plusieurs erreurs la déparent,
La Faculté accorde enfin trois mentions honorables ex æquo
à MM. Adam (4), Caye (5), Seligmann-Lui (6), dont les tra(1) Commussion : MM. Lepenian, président; Duvois, Gannien, rapporteur.
(2) Devises : Ad augusta per angusta.
À vaincre sans péril on triomphe sans gloire.
(3) Devises : Justitia est constans ac perpetua voluntas suum cuique tribuere.
A tous les cœurs bien nés que la patrie est chère!
(4) Devises : Debemur morti nos nostraque,
Le pauvre en sa cabane où le chaume
le couvre.
%
(5) Devises : Fecisti patriam diversis gentibus unam.
Rome n'est plus dans Rome, elle est toute où je suis,
(6) Devises : Felix qui potuit rerum cognoscere causas.
Heureux le sage, instruit des lois de la nature.
CONCOURS
DE
DROIT.
115
vaux lui ont paru dignes d'encouragement, mais dont les dé-
fauts et les qualités aussi s’équilibrent de façon à rendre le
classement impossible, Un vigoureux effort cette année, et à
la rentrée prochaine, s’ils le veulent, ils mériteront des éloges
sans réserves.
|
En Droit français, les étudiants de 1" année avaient À exposer les « Effets produits par la filiation naturelle simple, au
< point de vue de la nationalité, des empêchements au mariage,
« de l'adoption, de l'obligation alimentaire, de la puissance
« paternelle et de la tutelle » (1).
Ce sujet présentait un intérêt spécial mais aussi des diff-
cultés particulières, car il nécessitait une connaissance égale
de principes déposés dans des parties diverses de notre Code,
qu'il s'agissait de coordonner en un ensemble harmonique.
Aussi, sur neuf compositions, la Faculté at-elle eu le regret
d'en devoir éliminer six, qui sont loin sans doute d’être dénuées de valeur, maïs qui toutes présentent des imperfections
trop graves pour laisser place à une récompense.
M. Georges Lagrésille (2) a conservé sans peine le premier
rang qu'il avait conquis en Droit romain. Nous le retrouvons
avec toutes ses qualités.
.
Après lui vient ici encore M. Deglin (3), auquel nous souhaiïterions plus de méthode dans la composition, plus de nerf
dans l’exposition, plus de netteté dans le style,
Par tous ces côtés, M. Huguet (4), qui obtient une mention
honorable, est supérieur à M. Deglin. Mais des connaissances
un peu trop superficielles et plusieurs lacunes le placent au
troisième rang.
(1) Commission
: MM. JaLABERT, président; BLonpez, A. LoMBarp,
(2) Devises : Fais ce que dois, advienne
que pourra.
Labor omnia vincit improbus.
(3) Devises : Non inultus premor.
Dieu seul est grand.
(i) Devises : Væ victis!
Et de ces bruits divers, redoutable ou propice,
Sois l'étrange chanson.
rapporleur.
116
|
SÉANCE
DE
SECONDE
RENTRÉE.
ANNÉE.
Le sort à désigné aux étudiants de 2° année un sujet de
Droit criminel : « De la Prescription de l’action publique et de
« l’action civile » (1). Sur cinq compositions, la Faculté en a
jugé trois dignes de récompense.
.
M. Leclaire (2), qui remporte le 1° prix, a fourni un travail complet, écrit d’une façon sobre et correcte; il sait mettre
en relief les motifs de chacune de ses solutions, etses déductions s’enchaînent avec vigueur.
Au deuxième rang nous trouvons M. Schuler (3), dont la
composition renferme de bonnes parties, des critiques ingé-
nieuses, et dénote une intelligence vive secondée par de sé- :
rieuses habitudes de travail. Mais que l'auteur se défie d’une
facilité qui quelquefois l'empêche d'approfondir. Qu'il prenne
garde que l'abondance est trop souvent l’ennemie de la pré-
cision, de la simplicité, de la méthode. Qu'il médite davantage, qu'il discipline son esprit, de peur que ses heureuses
facultés ne demeurent infécondes.
M. Paillot (4), dont la composition est mieux écrite et mieux
‘coordonnée, mais moins bien complète, obtient une mention
honorable.
Les élèves de 2° année avaient à étudier, en Droit civil, les
« Effets de la solidarité passive » (5), question où les controverses abondent et qui exigeait de la part des concurrents
autant de sagacité que de connaissances,
La Faculté à la satisfaction rare de pouvoir couronner les
cinq compositions qui lui ont été remises.
(1) Commission : MM. Biner, président ; Onritep, À. LomBaRD rapporteur.
(2) Devises : Pergama et arentem Xanthi cognomine rivum.
Ariane, ma sœur,
de quel amour blessée...
(3) Denises : Il n’y a point de chemin trop long. ....
Cedant arma togæ.
(4) Devises : Fugit irreparabile tempus,
L'homme n'a pas de port,
(5) Commission : MM. Lomsaro, président; Liéceois, BLONDEL,
rapporteur.
CONCOURS
Des décisions exactes et
pements très-complets, une
au premier rang M. Guyot
M. Paillot (2) a mérité
aimons à louer l'exposition
DE
DROIT,
117
solidement motivées, des dévelopgrande clarté placent de beaucoup
de Saint-Remy (1).
le 2° prix par un travail où nous
facile, le tour de phrases agréable,
mais dont nous regrettons les lacunes.
Ce défaut se retrouve dans la composition de M. Rossignol (3), qui révèle des efforts consciencieux, mais où s'est
glissé un peu de confusion. La 1" mention lui est attribuée.
MM. Paquy (4) et Schuler (5) obtiennent chacun ex æquo,
une 2° mention.
TROISIÈME ANNÉE,
Le sujet de Droit romain, en 3° année, était intitulé : « Les
Effets de la perte fortuite de la chose due » (6).
Deux concurrents sur trois sont couronnés, M. Maurice (7)
ct M. Alfred Lagrésille (8).
Ils ont eu le tort commun de passer sous silence la question de la perte de la chose due dans les obligations uni-latérales, et celle de l'influence de la mise
règlement des risques,
en demeure sur le
Mais quant à la partie du sujet qu'ils ont abordée, les ris-
ques dans la vente, la composition de M. Maurice est de beau(1) Devises : Sisyphus in vita quoque nobis ante oculos est,
Avec des mots on discute vaillamment.....
(2) Devises : Finis coronat opus.
Mais où sont les neiges d’antan?
(3) Devises : O rus, quando te aspiciam |
Le bruit ne fait pas de bien; le bien ne fait pas de bruit,
(1) Devises : Contra non valentem agcre non eurrit præseriptio.
Faire sans dire,
(3) Devises : Vita brevis, ars longa.
La liberté est l'idéal divin de l'homme.
(6) Commission
: MM.
Leneriain, président ; Dusots, GARNIER, rapporteur.
(7) Devises : Inter utrumque tene.
Rien ne sert de courir, il faut partir à temps.
(8) Devises : Una salus victis nullam sperare saiutem.
Le droit romain est la raison écrite.
118
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
coup la meilleure. Complète, elle met en relief, avec une
grande clarté, les solutions les plus justes, en les appuyant
toujours de l'argument décisif. Aussi a-t-elle été reconnue
digne du 1° prix.
Les lacunes, les hors-d'œuvre signalés dans le. travail de
M. Alfred Lagrésille n'ont permis de lui accorder qu’une
mention.
Le concours de Droit civil français portait sur le « Principe
« de la publicité et de la spécialité des priviléges et hypothè-
« ques »(1), sujet fort riche, qui donnait ample carrière à l’esprit de généralisation, mais qu'il importait de renfermer avec
un soin scrupuleux dans les limites d’une étude de synthèse.
C’est faute de l'avoir compris, et pour s'être perdu dans les
détails, que l'un des concurrents voit son travail écarté, bien
qu'il révélât des connaissances généralement exactes, fruit
d'efforts sérieux.
.
Restaient deux compositions,
celles de MM.
Maurice et
Favre.
Le premier rang en Droit français, comme en Droit romain,
est la récompense enviée que vaut à M. Maurice (2) son infatigable travail, au service d’une forte et vive intelligence.
Exposant avec une grande sûreté de doctrine toutes les parties de son sujet, choisissant avec sagacité ses solutions, il les
défend avec une rare vigueur de dialectique, et sait donner
à chaque idée un développement en rapport avec son importance.
Que l’auteur songe seulement à accuser plus fortement ses
divisions; ceux qui le liront lui en sauront gré, et ses qualités y gagneront de briller d’un éclat plus vif.
Cette année encore nous reprocherons à M. Favre (3)
de se contenter de la deuxième place, Esprit originalet cher{1} Commission : MM. LouBarD, président ; Lifcrois, BINET, rapporteur.
(2) Devises : Amicus Plato, sed magis amica veritas.
Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable.
(3) Devises : Aurea mediocritas.
Oh! que le doute est un doux et mol chevet à une tête bien faite!
CONCOURS
DE
DROIT.
119
cheur, doué d'une mémoire heureuse et d’une grande facilité
M. Favre, qui écrit agréablement quand il ne méconnaît pas le
prix de la simplicité, sait, grâce à des divisions bien choisies
et à une netteté parfaite, éclairer dès l’abord d’une vive lu-
mière les questions qu’il examine. Il était armé pour disputer
sérieusement la victoire; mais moins solide dans ses connais-
sances, trop confiant peut-être dans
ses forces, il a laissé
échapper plusieurs inexactitudes qu’il pouvait éviter par une
méditation plus longue ou corriger par une révision plus
attentive.
La Faculté convie dès à présent à des joutes nouvelles ses
aspirants au doctorat et ses jeunes docteurs. Elle propose à
leurs efforts un sujet dont les débats récents ont mis en plein
relief le profond intérêt pratique et les difficultés doctrinales :
« Du Conflit des lois en matière de mariage et de séparation de
« corps. » Qu'ils se laissent tenter par une excursion sur le
terrain du droit international privé, dans ce domaine où il
reste tant de recoins peu explorés, où les plus vives satisfactions sont réservées aux esprits impatients
curieux de nouveautés.
de redites
et
Qu'ils ne permettent pas que la Faculté ait, l'an prochain,
de nouveau à constater une abstention qu’elle déplore.
MESSIEURS LES ÉTUDIANTS,
Nous
comptons
sur vous tous. Que
ces
couronnes
soient
pour chacun de vous un encouragement au travail. Ne l'oublions pas : nous sommes ici à l’avant-garde de la France ; ce
poste d'honneur, où nous ont placés les désastres de la patrie,
nous impose des devoirs auxquels nous ne saurions faillir
sans lâcheté.
Que notre devise soit donc ce mot d'ordre qu’un Romain
léguait à ses soldats : « Laboremus (travaillons). »
DISTRIBUTION
FACULTÉ
DES
DE
PRIX
DROIT
M. ORTLIEB, Agrégé, chargé de cours à la Faculté de Droit, a
donné lecture de la liste des concurrents qui ont obtenu des prix et
des mentions conformément au procès-verbal ci-après :
Extrait
du procès-verbal
« Ïl a été procédé
« lesquelles
de la séance
à l'ouverture
étaient renfermés
les
du 9 août
des enveloppes
cachetées
bulletins indiquant
« CONCUITENTS,
1877.
les noms
dans
des
|
« D'après les rapprochements faits entre les devises portées sur les
« dissertations jugées dignes de récompenses et les mêmes devises
« portées sur les enveloppes, Les prix et les mentions ont été décernés
« dans l’ordre suivant »:
PRIX DONNÉS
CONCOURS
DE
PAR L'ÉTAT
TROISIÈME
ANNÉE
Droit romain.
1% Prix (Médaille d'argent).
M. MAURICE (Alexis), né à Billy-sousMangiennes (Meuse), le 29 décembre
MENTION HONORABLE.......
M. LAGRÉSILLE (Alfred-Joseph), né
à Nancy (Meurthe), le 19 juillet 1857.
1855.
fode
1° Prix (Médaille d'argent).
|
civil,
M. MAURICE (Alexis), né à Billy-sousMangiennes (Meuse), le 29 décembre
1855.
122
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
2° Prix (Médaille de bronze). M, FAVRE (Paul-Alexandre),néà
SaintPétersbourg (Russie), le 1% oetobre
1856.
PRIX DONNÉS
DE
PAR LES CONSEILS
MEURTRE-ET-MOSELLE
CONCOURS
DE
ET
DE
LA
SECONDE
GÉNÉRAUX
MEUSE
ANNÉE
Code civil.
1% Prix (Médaille d'argent). M. GUYOT px SAINT-REMY (Joseph|
Louis-René), né à Nancy (Meurthe),
le 1% avril 1856.
2° Prix (Médaille de bronze). M. PAILLOT (Francçois-Edmond), né
à Sampigny (Meuse), le 8 mai 1857.
1 Mention nonoRaBze.... M. ROSSIGNOL (François-Louis-Eugène), né à Metz (Moselle), le 14 juillet 1855.
M. SCHULER (Edmond-Louis), né à
Strasbourg (Bas-Rhin), le ‘7 février
25 MENTION
KHONORABLE
1858.
ex œquo.
M. PAQUY
(Jules-Maurice), né à Metz
(Moselle), le 8 mars 1857.
Procédure
civile
et Droit criminel.
1° Prix (Médaille d'argent). M. LECLAIRE (Auguste), né à Colmar
(Haut-Rhin), le 20 janvier 1857.
2° Prix (Médaille de bronze).
MENTION
HONORABLE......,
M. SCHULER (Edmond-Louis), né à
Strasbourg (Bas-Rhin), le 7 février
1858.
M. PAILLOT (François-Edmond), né à
Sampigny (Meuse), le 8 mai 1857.
PREMIÈRE
ANNÉE.
Droit romain.
1% Prix (Médaille d'argent). M. LAGRÉSILLE (Pierre-Marie-Geor-
ges), né à Nancy (Meurthe), le 8 mai
1859,
|
DISTRIBUTION
2° Prix (Médaille de bronze).
1% MexrTiox nonoragre....
DES
PRIX.
123
M. DEGLIN (Henri-Edmond) ,né à Madrid (Espagne), le 7 février 1859,
M. ADAM (Henry-François-Joseph), né
à Landaville (Vosges), le 8 novembre
1857.
2° Mention nonorage..,,
M. SELIGMANN-LUI (Paul-Victor), né
à Nancy (Meurthe), le 22 décembre
1858.
3° Menrion Honorante..,... M. CAYE (Louis-Marie-Joseph), né
Metz (Moselle), le 11 juillet 1855.
Code
à
civil.
1% Prix (Médaille d'argent).
M. LAGRÉSILLE (Pierre-Marie-Georges), né à Nancy (Meurthe), le 8 mai
2° Prrx (Médaille de bronze).
M. DEGLIN (Henri-Edmond), né à Madrid (Espagne), le 7 février 1859.
M. BUGUET (Ernest-Nicolas-Louis),
né à Bar-le-Duc (Meuse), le 8 juin
1857.
1859.
MENTION HONORABLE.. .....
FACULTÉ
DE MÉDECINE
Aux termes des arrêtés de 1854, il est distribué annuellement, dans
la Faculté de médecine de Nancy, quatre prix et des mentions honorables, d’après le résultat de quatre concours distinets correspondant
à chacune des quatre années d’études,
Les jurys chargés de prononcer, cette année, sur le mérite des
épreuves, ont décerné les récompenses dans l’ordre suivant :
PREMIÈRE ANNÉE D'ÉTUDES
Chimie,
Physique
et
Histoire
naturelle.
Prix: M. Frevra (Marie-Dieudonné-Pierre-Paul), né le 19 octobre 1859,
à Strasbourg,
Mentions honorables : MM. Srwonx (Marie-Victor-Paul), né le 2 juillet
1857, à Lunéville (Meurthe).
Sprre (Marie-Léonce- Théophile), né le
5 mai 1857,
Lunéville (Meurthe).
124
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
DEUXIÈME ANNÉE
Anatomie
et
Physiologie.
Prix : M. Capior (Gabriel-Paul-Émile), né le 4 juillet 1857, à Vandeléville (Meurthe),
TROISIÈME
ANNÉE
Médecine.
Prix: M. Mizzer (Joseph), né le 7 décembre 1851, à Saffloz (Jura).
Mention honorable : M. Srourr (Jean-Bapti te-Médard), né le 8 juillet 1854, à Rixheim (Haut-Rhin).
QUATRIÈME
ANNÉE
Pas de concours.
PRIX
PARTICULIER
Un concours auquel ont pris part les élèves internes, a été ouvert,
à la fin de l’année scolaire, pour l'obtention du prix dit : Prix de
l'Internat, fondé par M. le docteur Bénit.
Le jury chargé de prononcer sur le mérite des épreuves de ce
concours à décerné le prix à M. Hyrozirre (Charles-Victor-Hippolyte), né le 4 juillet 1854, à Dagonville (Meuse), et une mention
très-honorable à M. René (Albert), d'Atton (Meurthe-et-Moselle).
PRIX DE THÈSE
PRIX
DU
CONSEIL
GÉNÉRAL
DE
MEURTHE-ET-MOSELLE.
Sur la proposition de la Commission chargée, par la Faculté, d'apprécier la valeur des thèses soutenues pendant l'année scolaire 18761877, le prix de thèse a été accordé à M. le D' Murrer (ÉmileFrançois), né le 25 mars 1851, à Wissembourg (Bas-Rhin).
Une mention honorable à M. Lréaxcrs (Charles-Auguste), de Bainvilleaux-Saules (Vosges).
Une citation à MM. Guvor (Philippe-Louis-Mélasippe), de Liffol-lePetit (Haute-Marne) ;
GurzrewanD (Léon-François-Gabriel), de Metz ;
Hovrger (Louis- Prosper},
de Remoncourt
(Meurthe-et-Moselle).
DISTRIBUTION
DES
PRIX,
125
FACULTÉ DES LETTRES
PRIX DU CONCOURS
LITTÉRAIRE
INSTITUÉ PAR LE CONSEIL GÉNÉRAL DE MEURTHE-ET-MOSELLE AVEC
LE
CONCOURS
DES
LUNÉVILLE.
CONSEILLERS
MUNICIPAUX
DE
NANCY
ET
DE
Prix : Médaille d'argent et don de livres de 200 fr. : M. Gex (Marcel-
Eugène-Émile), né à Épinal, le 16 janvier 1857.
Mention honorable et médaille d'argent, ex æquo : M. Jranrix (Paul),
ué à Hadonville (Meuse), le 3 octobre 1858;
M. Hinzerin (Justin-Chartes-Émile), né à Nancy, le 13 avril 1854,
ÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHARMACIE
Conformément aux dispositions du déeret du 21 avril 1869 et de
la circulaire ministérielle du 6 juillet suivant, des prix, avec des
mentions
honorables, s’il y a lieu, sont accordés annuellement, à la
suite d’un concours, dans les Écoles supérieures de pharmacie.
La Commission chargée de prononcer, cette année, sur le mérite
des épreuves des candidats, a décerné les récompenses dans l'ordre
suivant :
,
,
PREMIERE ANNÉE
Chimie
minérale,
Physique
et Histoire
Priæ: M. Guivuix (Louis-Charles-Benoît),
le 28 décembre 1854,
Mention très-honorable: M. Fournie
naturelle.
né à Besançon (Doubs),
(Joseph-Prosper), né à Plom-
bières (Vosges), le 4 juin 1855.
DEUXIÈME ANNÉE
Pharmacie et Matière médicale,
Prix : M. Marvior (Édouard), né à Nancy, le 31 octobre 1853,
Mention très-honorable : M. Wanin (Jules), né à Sedan (Ardennes),
le 18 janvier 1853.
|
TROISIÈME ANNÉE
Chimie
Prix : M.
Gérarp
organique
et Toxicologie,
(Henri-Claude), né à Dieulouard
28 août 1851.
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ACADÉMIE DE NANCY
RENTRÉE SOLENNELLE
DES
FACULTÉS
DE DROIT, DE MÉDECINE, DES SCIENCES ET DES LETTRES
ET
DE
L'ÉCOLE SUPÉRIEURE
DE
DE
PHARMACIE
NANCY
Le 20 Novembre 1877
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FACULTÉ DES SCIENCES
DE
NANCY
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NANCY
IMPRIMERIE
DE
BERGER-LEVRAULT
11, RUE
JEAN-LAMOUR,
1877
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ET
Ci°
ACADÉMIE
DE NANCY
ADMINISTRATION ACADÉMIQUE
Recteur de l'Académie
: M. JACQUINET
#
Recteurs
honoraires,
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OK,
MM. DUNOYER COX, Lu,
MAGGIOLO 4, I &.
Inspecteur d'Académie honoraire : M. PERCIN
Inspecteurs de l'Académie
IE&ÿ.
%,
MM. BOISSIÈRE, À #, à Nancy.
l'abbé LAURENT, It, à Barle-Duc.
CONUS, L&ÿ, à Épinal.
Secrétaire de l'Académie
FACULTÉS.
: M. BÉCOURT,
I#ÿ.
1
ACADÉMIE
CONSEIL
M. le Recteur JACQUINET
M. LECLERC
DE
NANCY.
ACADÉMIQUE
OK,
IE.
O 3, I}, Premier Président de la Cour d'appel.
M. Acnizce DELORME, Préfet de Meurthe-et-Moselle.
MeFOULON
%#, Évêque de Nancy et de Toul.
MHACQUART O 3%, Évêque de Verdun.
M. HARDOUIN, Procureur général près la Cour d'appel.
M. le comte de LAMBEL,
et-Moselle,
Membre
du Conseil général de Meurthe|
=
. le Pasteur SCHMIDT %#, L£ÿ, Président du Consistoire de l'Église
réformée.
FÉREREEEEREE
. BOISSIÈRE,
AS, Inspecteur d'Académie à Nancy.
. l'abbé LAURENT, IL #ÿ, Inspecteur d'Académie à Bar-le-Duc.
. CONUS, I, Inspecteur d'Académie à Épinal.
. JALABERT %, 143, Doyen de la Faculté de Droit.
. STOLTZ
C 3%, L£F, Doyen de la Faculté de Médecine.
. RENARD, I 4, Doyen de la Faculté des Sciences.
. BENOIT
3%, I£5, Doyen de la Faculté des Lettres.
. JACQUEMIN, It, Directeur de l'École supérieure de Pharmacie,
. BÉCOURT, 14, Secrétaire de l'Académie, Secrétaire du Conseil,
ACADÉMIE
DE
NANCY.
ENSEIGNEMENT
FACULTÉ
8
SUPÉRIEUR
DE
DROIT
MM. JALABERT %, I 43, Doyen, Professeur de Code civil (1"° chaire)
et Chargé du cours d'Histoire de Droît romain et de Droit
français.
HEIMBURGER
3%, I £ÿ, ancien
Professeur de la Faculté
de
Droit de Strasbourg, Professeur honoraire,
LEDERLIN,
I &,
Professeur
de
Droit
romain
(2* chaire),
autorisé à faire le cours de Pandectes, et Chargé du cours de
Droit
français étudié dans
ses origines féodales et coutu-.
mières.
LOMBARD,
A 3, Professeur de Droit commercial,
et Chargé
du cours de Droit des gens,
LIÉGEOIS,
À &ÿ, Professeur de Droit administratif, et Chargé
du cours d'Économie politique,
DUBOIS,
A£%ÿ, Professeur
de
Droit romain
(1
chaire),
et
Chargé du cours de Droit civil approfondi dans ses rapports
avec l’Enregistrement,
BLONDEL, Professeur de Code civil (2° chaire).
BINET, Professeur de Code civil (3° chaire).
ORTLIEB, Agrégé, Chargé du cours de Procédure civile.
LOMBARD
(P.), Agrégé, Chargé du cours de Droit eriminel.
GARNIER, Agrégé, Chargé du cours d'économie politique.
MAY, Agrégé, Chargé du cours de Droit romain (2° chaire).
LACHASSE, Atÿ, Docteur en Droit, Secrétaire agent comptable,
4
ACADÉMIE
FACULTÉ
Doyen: M.
STOLTZ
C %,
LE
NANCY.
DE MÉDECINE
IE,
ancien doyen de la Faculté
de
médecine de Strasbourg.
Doyen honoraire : M. EHRMANN
Professeurs honoraires
MM.
STOLTZ
OX,
OK, I£.
{ MM. SÉDILLOT C %, 143.
|
CAILLIOT 3%, I.
I£, Professeur de Clinique obstétricale et gyné-
cologique ; M. ROUSSEL
RAMEAUX
TOURDES
3%, I£ÿ, professeur adjoint.
3, LEÿ, Professeur de Physique et d'Hygiène,
%K, L£ÿ, Professeur de Médecine légale,
RIGAUD
%, 145, Professeur de Clinique externe.
MICHEL
%, Lt, Professeur de Médecine opératoire,
COZE
3%, LI, Professeur
de Matière médicale et de Théra-
peutique; M. GRANDJEAN
HIRTZ
|
%X, À &ÿ, Professeur adjoint,
%, I£F, Professeur de Clinique interne,
BACH XK, I éÿ, Professeur de Pathologie externe; M. BÉCHET, I,
Professeur adjoint.
MOREL,
A,
Professeur d'Anatomie générale,
topographique; M. LALLEMENT,
descriptive et
À £ÿ, Professeur adjoint,
SIMONIN %, L&ÿ, Professeur de Clinique externe.
RITTER, À #, Professeur de Chimie médicale et de Toxicologie,
V. PARISOT
3%, IE, Professeur de Clinique interne,
HERRGOTT
3%, 1Eÿ, Professeur d'Accouchements et de Mala.
dies des enfants; M. E. PARISOT,
HECHT,
A £ÿ, Professeur adjoint.
A£ÿ, Professeur de Pathologie générale et de Patho-
logie interne; M. DEMANGE
%#, I #3, Professeur adjoint,
ACADÉMIE
MM. ENGEL, A4,
médicale.
DE
NANCY.
5
Professeur de Botanique et d'Histoire naturelle
BEAUNIS %, A, Professeur de Physiologie:
M. POINCARE, A #ÿ, Professeur adjoint,
FELTZ %, À &ÿ, Professeur d'Anatomie et de Physiologie pathologiques,
MM.
Agrégés en exercice,
, ,
GROSS.
SCHLAGDENHAUFFEN.
BERNHEIM.
CHRÉTIEN.
M. BONNET, AK, Secrétaire agent-comptable.
FACULTÉ
Doyen : M. RENARD),
Doyens honoraires
DES
SCIENCES
I £ÿ,
MM. GODRON 0 X, 15.
BACH %, Itÿ.
MM. RENARD), EI £#, Professeur de Mathématiques appliquées.
GRANDEAU
3%, À Ëÿ, Professeur de Chimie et de Physiologie
appliquées à l’agriculture.
DELBOS, I £ÿ, Professeur de Minéralogie et de Géologie.
FORTHOMME
4, L£ÿ, Professeur de Chimie.
MATHIEU, Professeur de Mathématiques pures.
JOURDAIN, Professeur de Zoologie,
BICHAT,, professeur de Physique.
LE
MONNIER, Professeur de Botanique.
GODEFRING,
À E#, Secrétaire agent-comptable,
6
ACADÉMIE
FACULTÉ
DE
DES
NANCY.
LETTRES
MM. BENOIT %, I£3, Doyen, Professeur de Littérature française.
LACROIX
#, LE, Professeur d'Histoire.
RAMBAUD, Professeur suppléant d'Histoire.
BOUTROUX,
Professeur de Philosophie.
GÉRARD, À 3, Professeur suppléant de Philosophie.
CAMPAUX 3%,
43, Professeur de Littérature latine.
DECHARME, A #3, Professeur de Littérature grecque.
GEBHART, A &, Professeur de Littérature étrangère.
VIDAL-LABLACHE, A &, Professeur de Géographie.
N., Professeur suppléant de Géographie.
RIEMANN, Maître de Conférences de Philologie grecque etlatine,
KRANTZ, Maître de Conférences de Littérature française,
GODEFRING, À &, Secrétaire agent-comptable,
ÉCOLE
SUPÉRIEURE
DE
PHARMACIE
Directeur : M. JACQUEMIN, Lt.
Directeur honoraire : M. OBERLIN 3%, I &ÿ.
MM. JACQUEMIN, L&, Professeur de Chimie minérale et.de Chimie
organique.
OBERELIN
%K, I4, Professeur de Matière
médicale
et de Phar-
macologie,
SCHLAGDENHAUFFEN,
Toxicologie.
BLEICHER
AE, Professeur de Physique
3%, À &, Professeur d'Histoire naturelle médicale.
DESCAMPS,
Professeur
de Pharmacie.
DELCOMINÈTE, A 43, Suppléant.
HALLER, Agrégé provisoire.
BONNE,
et de
À &, Secrétaire agent-comptable.
PROCÈS-VERBAL
DE
LA
SÉANCE.
La séance solennelle de la rentrée des Facultés
de droit, de médecine,
des sciences et des lettres et
de l’École supérieure de pharmacie de Nancy, a eu
lieu le mardi 20 novembre 1877, sous la présidence
de M. Jacquinet, Inspecteur général honoraire de
l'instruction publique, Recteur de l’Académie.
À onze heures
Esprit,
célébrée,
du
matin,
une
messe
du
Saint-
dans le palais de l’Académie,
par
M. l'abbé Voinot, Vicaire général, et à laquelle assis-
taient
Verdun,
Nosseigneurs
les
évêques
de Nancy
et de
réunissait le Recteur, MM. les membres du
Conseil académique,
les Inspecteurs
de l’Académie,
les Doyens, Directeur et Professeurs des cinq établissements d'enseignement supérieur.
La séance publique s’est ouverte à midi dans le
grand amphithéâtre de la Faculté des lettres. M. le
Recteur a pris place sur l’estrade occupée par MM. les
Inspecteurs d'Académie de Meurthe-et-Moselle, de la
8
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
Meuse et des Vosges, les Doyens et les Professeurs
des quatre Facultés, le Directeur et les Professeurs
de l'École
supérieure de pharmacie,
le Proviseur et
les Professeurs du Lycée,
M. Leclerc, premier Président de la Cour d'appel,
M. le général de division Abbatucci, Nosseigneurs les
évêques de Nancy et de Verdun, M. Achille Delorme,
préfet de Meurthe-et-Moselle; M. le général Hanrion,
M. Hardouin, Procureur général près la Cour d'appel;
M. le comte de Lambel, membre du Conseil général.
et du Conseil académique;
M. le pasteur Schmidt,
Président du consistoire de l’Église réformée, membre du Conseil académique; M. Auberge, Secrétaire
général de la Préfecture; M. le général Desaint de
Marthille;
M.
Maggiolo,
Recteur
honoraire;
M. Li-
bermann, grand Rabbin; M. Benoît, Président de
chambre à la Cour d'appel; M. Henriet, Conseiller à
la Cour
d’appel; M. Luxer,
Substitut
du Procureur
général ; M. Louis, Colonel du 69° de ligne ; MM. Quenot
et
Verrier,
Colonel
et Lieutenant-Colonel
du
26° de ligne; M. Roche, Sous-Intendant militaire;
MM. Baradez et Sidrot, Adjoints au Maire de Nancy;
M. Bach, Doyen honoraire de la Faculté des sciences,
ont pris place aux premiers rangs de l’Assemblée,
MM. les étudiants des diverses Facultés occupaient
les tribunes.
Un discours de M. le Recteur a ouvert la séance.
La parole a été donnée ensuite à MM.
les Doyens
7”
PROCÈS-VERBAL,
g
des Facultés et à M. le Directeur de l’École supérieure de pharmacie, pour la lecture de leurs rapports
sur l’état des études et sur les résultats des examens;
puis
droit, pour
à M.
Ortlieb,
Agrégé
la lecture du rapport
de la Faculté
sur les
de
concours
qui ont eu lieu dans cette Faculté.
En l’absence de M. Renard, Doyen de la Faculté
des sciences, qu'un congé nécessité par l’état de sa
santé enlève à ses fonctions pour un semestre, le
rapport sur les travaux de cette Faculté a été présenté par M. le professeur Grandeau, délégué par
M. le Ministre de l’Instruction publique dans les fonctions de Doyen.
La séance a été terminée par la lecture des listes
des étudiants qui, dans les Facultés de droit, de mé-
decine, des lettres et dans l'École supérieure, ont .
obtenu des prix et des mentions honorables aux con-
cours de l’année scolaire 1876-1877, et par la distribution des médailles,
|
Les noms des lauréats ont été proclamés par
M.
Ortlieb,
M. Bernheim,
Agrégé
près
la Faculté
Agrégé près la Faculté
de
droit,
par
de médecine,
par M. le Doyen de la Faculté des lettres, et par
M. Bleicher, Professeur de l’École supérieure de
pharmacie.
DISCOURS
DE
M. LE
RECTEUR.
MESSIEURS,
En faisant, aux approches de cette solennité, en vue des
rapports qu'elle appelle, le compte des heureuses acquisitions ou améliorations par lesquelles durant cette année
s'est encore perfectionné l’état de notre enseignement supérieur: — création pour la Faculté des sciences d’une
chaire nouvelle, celle de Botanique; agrandissement d'ins-
tallation pour la même Faculté par de nouvelles constructions
élevées au profit de la zoologie et de la chimie; création,
dans la Faculté des lettres,
de
conférences réservées aux
étudiants inscrits, c’est-à-dire, à cette laborieuse jeunesse qui
prépare fortement sa candidature à l’enseignement ou à la
science... et autres utiles mesures accomplies ou à la veille
de l'être, dont MM. les Doyens parleront en détail, — ma
pensée s’est involontairement reportée vers ces temps voisins
de nous (25 ans seulement nous en séparent) où la Lorraine,
réduite, en fait d'enseignement supérieur, à la possession
d'une École préparatoire de médecine, réclamait encore, avec
une insistance qu’un demi-siècle de refus ou d’ajournements
n'avait pas lassée, la restitution des établissements de haute
culture intellectuelle que comprenait sa dot au moment de
son mariage avec la France, et que la France, après les
avoir laissé détruire, oubliait de lui rendre. Entre l'ère
actuelle, si favorisée et si prospère, et la période de dénûment
12
SÉANCE
DE RENTRÉE,
et de laborieuse revendication qui l’a précédée, le contraste
n’est pas seulement curieux, il est très-instructif; car, mieux
peut-être que tous les hommages rendus au génie de cette
province, il met en vive lumière la sincérité et l'énergie des
goûts élevés qui la caractérisent, et, sije puis dire, la vitalité
de son ambition vers les choses de l'esprit.
Dans les premières années de ce siècle, les amis des lettres
et des sciences dont Nancy comptait, comme aujourd'hui, un
grand nombre, se ressouvenaient avec un soupir, en passant
devant le noble édifice qui décore de sa tranquille et sévère
architecture le haut de notre rue Stanislas. Quel silence alors
aux approches de ce seuil autrefois si fréquenté! Quelle solitude dans cette cour jadis si vivante ! C'était là, c'était
dans les vastes salles du rez-de-chaussée (le reste était réservé aux collections), que les quatre Facultés (théologie,
droit, médecine, lettres), transplantées sous le Roi-Duc, des
bords de la Moselle à ceux de la Meurthe, de Pont-à-Mousson :
à Nancy, et royalement accueillies dans la Ville souveraine,
réunissaient autour de leurs chaires de nombreux auditeurs
accourus de toutes les parties de la province et de lointaines
contrées françaises ou étrangères! C'était le palais de l’Université lorraine! Universités, Collèges, Écoles, l'orage de 98
avait en un moment tout emporté... Par les premières mesures
réparatrices de 1795, qui avaient essayé de réorganiser sous
le nom d’Écoles centrales l’enseignement des colléges, et sous
celui d'Écoles spéciales l'enseignement supérieur, Nancy
avait obtenu une des premières (ce sera plus tard notre lycée),
mais pas une seule des secondes.
Et cependant le fameux article 14 du Traité de Vienne
avait dit: « Toutes les fondations faites en Lorraine par Son
Altesse Royale le Duc de Lorraine ou par ses prédécesseurs,
subsisteront et seront maïntenues tant sous la domination du
Roy beau-père de Sa Majesté très-chrestienne, qu'après la
cession à la France.» Maïs au lendemain des dernières jour-,
nées de la Révolution, et à la veille de Rivoli et d'Arcole, qui
DISCOURS
DU
RECTEUR.
-
13
se souvenait des stipulations par lesquelles, sous le ministère
de Fleury, la vieille monarchie s'était engagée envers une des
plus ‘intéressantes nationalités qui se fussent incorporées à
son domaine?
Le sentiment de cet oubli parle avec éloquence dans une
requête de la ville de Nancy, du mois de mars 1804, au citoyen conseiller d'État chargé de la Direction de l'instruction
publique (c'étaitle chimiste Fourcroy). Dans cette pièce, que
conservent nos archives municipales, l'institution ou plutôt
la restauration de
intellectuelle d'une
et dignité pour une
État, est demeurée
ces foyers d'étude où s’entretient la vie
grande cité, est redemandée avec force
ville qui, en cessant d’être capitale d’un
le centre vivant d’une région, et à qui
ses traditions d'esprit scientifique, l’urbanité de ses habitants,
l'élégance de leurs mœurs, la pureté de leur idiome composent des titres particuliers à la justice qu’elle sollicite,
En 1808, en 1809, auprès de Fontanes, qui a succédé à
Fourcroy, nouveaux et pressants efforts. Mais ici un commencement de réparation, l'aube d’une ère nouvelle les encourage. Le décret portant organisation de l’Université a
paru en 1807; des Académies ont été créées, autant que de
Cours d'appel. L'article 18 porte qu'au chef-lieu de chacune
d'elles, à côté du Lycée principal, seront établies une Faculté
des sciences et une Faculté des lettres. Déjà Nancy, siége
d'une haute Cour, a bénéficié en partie de ces mesures.
J'ouvre l'annuaire de l'Université de 1810, à la page où
figure notre ressort académique, formé
des mêmes départe-
personnel
voie
ments qu'aujourd'hui. Voici une Faculté des sciences... Non,
ce n'est qu'un titre surmontant une ligne de points: le
sans
doute’ est
encore
en
de
formation.
Mais voici la Faculté des lettres, son Doyen en tête,
lequel en est aussi le professeur de philosophie, Je remarque
que ce fonctionnaire porte le même nom que le Recteur, par
la meilleure des raisons, c'est que la même personne suffit à
ces trois emplois, ou du moins les occupe. L'Empire,
par sa
14
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
nouvelle loi, s'était mis dans la nécessité de faire une levée
de maîtres de haut enseignement pour 35 Académies, créées
du Rhin aux Pyrénées et de la Loire au Tibre ; et comme il
n'était pas aussi facile d’improviser une légion de savants
que de faire sortir de terre des armées, il avait autorisé ou
prescrit, à titre d’expédient provisoire, ces cumuls inattendus,
sortes d'emplois de maître Jacques. Ainsi le professeur appelé
à l’enseignement de la littérature latine et à celui de la
littérature française dans la Faculté, n’est autre que le professeur de réthorique du Lycée. Le maître de philosophie de ce
dernier établissement est aussi le secrétaire agent comptable
de la Faculté, qui, au besoin, devra suppléer le Recteur-Pro-
fesseur dans sa chaire. Seule l’histoire possède un maître libre
et distinct (c'est un proviseur en retraite, M. Mollevaut).
Ce n’était là, comme on voit, qu’un faible et précaire essai;
mais le principe était posé et l'exécution commencée. Impa-
tients de confirmer et d'étendre ce qui venait de naître, nos
édiles, tout en invoquant prompte organisation de la Faculté
des sciences promise, sollicitent, par les plus valables raisons,
le rétablissement de cette florissante Faculté de droit dont
la renommée attirait, au siècle dernier, dans les murs de
Nancy, après la réunion de cette ville à la France, jusqu’à
200 étudiants. Ils profitent en 1810 du passage dans leur ville
de la fille des Césars germains, fiancée au maître de la France,
pour remettre un placet en ce sens à cette princesse, qui
portait dans ses veines le sang de nos Ducs mêlé à celui
des Habsbourg, et pour qui les fondations scientifiques de
Charles IL, les largesses de Léopold I® envers les lettrés
et les savants, étaient des exemples de famille.
Marie-Louise comprit-elle l’à-propos de l’appel fait à ces
souvenirs ? Quatre ans après, les événements la ramenaient
au palais de Schœnbrunn, sans que son impérial époux y
eft donné suite, et réinstallaient dans celui des Tuileries
l'arrière-petit-fils de Stanislas, le royal auteur de la Charte,
Autre à-propos, dont s’autorise habilement la même cause
DISCOURS
DU RECTEUR.
15
auprès de la dynastie restaurée, mais, hélas! sans le moindre
succès. Par le décret de 1815, mesure d'économie et de défiante à la fois, qui supprimait 21 des Facultés existant sur
le sol français (17 pour les lettres et 4 pour les sciences),
Nancy n'est pas épargné, Sa modeste Faculté des lettres, si
peu onéreuse qu’elle fût à l'État, avec les cumuls qu’on a
vus, disparaît; et, pour de longues années, ce pays retombe
dans l’ordre des Académies sevrées d’études supérieures (1),
au rang des rectorats découronnés.
Elle serait touchante, mais trop longue, surtout ici, l’histoire des protestations qui, sans relâche, suivirent cette dépossession nouvelle, et des négociations animées qui, pour
obtenir satisfaction sur ce capital intérêt, furent, à brefs intervalles, entreprises auprès de trois Gouvernements, soit de
loin, soit de près. Car on ne se bornaiït pas à des mémoires, à
des placets trop aisément stériles. Des députations, soit de la
Cité, le Maire en tête, soit du département, auxquelles s’associaientles délégués des chefs-lieux voisins, Metz, Bar-le-Duc,
Épinal, et même Vesoul, allaient porter à Paris la légitime prétention de la contrée. Qu'il me suffise de dire que jamais la per-
sévérance de cette revendication n’a fléchi, ni ne s’est découragée,appuyée qu'elle était sur une profonde conscience du droit,
et sur cette conviction, fille de l'expérience, que, si trop souvent le droit, en ce monde, a besoin pour triompher d’être
hautement réclamé et virilement défendu, rarement il manque
de prévaloir et d'obtenir gain de cause définitif avec ce sou-
tien : Vigilantibus, dit l’énergique adage latin, vigilantibus
jura prosunt.
Un moment, toutefois, cette vigilance faillit être mise en
défaut d’une manière fatale, etde vives angoisses précédèrent
la joie de l'heureux dénouement.
Le 23 avril 1852, le Conseil municipal de cette ville, étant
{1) Le seul établissement qui représentât à Nancy, pendant cette longue pé-
riode, la haute instruction, l’École secondaire de médecine, instituée en 1822,
réorganisée en 1843, sous le nom d'École préparatoire, la représentait très
dignement,
16
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
en séance, apprend d’un de ses membres, personne avisée et
très-sûrement informée (1), qu'une réorganisation de l’ensei-
gnement
couru,
supérieur sur un plan nouveau,
est à la veille de devenir une
dont le bruit a
réalité.
D'après ce
projet, que le Conseil d'État achève, au moment même, d’élaborer dans le sens tracé par le Pouvoir, et dont le succès
près d'une Chambre docile ne saurait être douteux, les circonscriptions académiques sont modifiées par un remaniement
général; de grands Rectorats sont créés: rien n’est fait pour
Nancy.
Que
dis-je?
Nancy
déchoit
au lieu de grandir.
Nancy perd son Conseil académique, son Rectorat : son territoire universitaire se démembre au profit des voisins. Les
Vosges iront se confondre dans le ressort de Besançon; la
Meurthe, la Meuse, la Moselle seront des dépendances de
Strasbourg. Au lieu des réparations invoquées, attendues,
c'est l’abaissement définitif, c’est le néant, si l’on ne se hâte
de conjurer le péril. Dieu veuille qu’il soit encore temps de
l'essayer !
Avertie par un Caveant consules aussi sérieux, l'assemblée,
sans perdre une minute, arrête en peu de mots les considérants d’une délibération affirmant de nouveau son incontes-
table droit et son invincible espérance; elle décide que des
délégués du Conseil iront aussitôt à Paris porter secours à
l'un et à l’autre. Séance tenante, sont élus pour cette mission
(je tiens à rappeler des noms désignés pour jamais à notre
gratitude) MM. Collenot, Élie Baïlle, Lévylier. Ils partiront
sur l'heure. Quel sera le chef où du moins l’orateur de l’ambassade? Un autre nom, celui de M. Guerrier de Dumast,
l'historien de Nancy, l'homme de toutes les hautes et fécondes
initiatives pour la Lorraine et pour cette ville, est prononcé,
et aussitôt, quoiqu'il ne fasse pas partie du Conseil, acclamé (2).
(1) M. Blaise, notaire, membre du Conseil municipal de 1847 à 1858,
(2) Depuis des années déjà, M. de Dumast avait pris à cœur cette affaire de
la restauration des Facultés de Nancy, et y travaillait avec
gieuse qu'il apporte à toutes les causes qu'il épouse. C'est
qu'était dù surtout le vaste pétitionnement pour cet objet,
part, en 1850, quatre départements de l'Est. 42 villes de la
cette ardeur contaà ses appels réitérés
auquel avaient pris
Meurthe, des Vosges,
DISCOURS
DU RECTEUR.
17
On court à sa demeure. Il est souffrant ce jour-là; il est attaché à son foyer par la santé et l’habitude ; toujours prêt à combattre pour son cher Nancy, il ne le saurait faire, en cet état,
que du fond de son cabinet, avec sa plume... Pour touteréponse,
on lui dit: Partons! et dès le lendemain tous sont partis (1).
Quels combats à livrer, quelles agitations, quelles vicissitudes de crainte et d'espérance les attendaient dans la grande
ville, il faudrait pour le dire, pour tracer dignement cette
dramatique page de nos annales universitaires et lorraines,
il faudrait la verve même et l'émotion personnelle de l’énergique et aimable survivant de cette histoire qui m’en racontait naguère les détails. Si, d'un côté, pour seconder et diriger
l'ardeur de leurs démarches, leur entrain à frapper à toutes
les portes, ils avaient l'amitié et les bons offices de quelques
membres
de l’Assemblée
nationale
mêmes intérêts (2), de l’autre
rage ou leur diplomatie avait
pour désespérer des volontés
devant eux! Un Ministre de
dévoués
de cœur aux
quelles préventions leur couà dissiper, quels obstacles, faits
moins robustes, se dressaient
l'instruction publique, fort en
crédit alors et tout-puissant, fermé d'avance à leurs tentatives, envahi et possédé qu’il était par l’idée de créer sur la
frontière de l'Est une seule et vaste académie, dont Strasbourg serait la tête; dans le Conseil d'État, une majorité
compacte acquise à ce dessein; sous les formes courtoises
avec lesquelles d'importants fonctionnaires, des personnes influentes accueillaient leurs visites, une indifférence bientôt
de la Moselle, de la Haute-Marne avaient envoyé, en 1851, au Ministre de
l'instruction publique, leurs adresses couvertes de signatures, accompagnées
de vœux de Conseils généraux et de ceux du Congrès scientifique de France,
tenu, dans cette année, à Nancy.
(1) La délibération municipale du 23 avril, qu'ils emportaient avec eux, étendue,
complétée
en
forme
de
mémoire,
animée
par
la plume
de M.
de
Dumast,
dès l’arrivée à Paris, fut aussitôt itnprimée à de nombreux exemplaires (dont
ils se firent eux-mêmes, au cours de leurs visites, les distributeurs}, sous ce titre:
Mémoire
relatif à l’omission de Nancy
nécessité d'en placer là un seizsième,
sur la liste des quinze Rectorats
et à l’évidente
(2) Surtout MM. Buquet, Viart, députés de la Meurthe. M, Buquet n'était pas
encore maire de Nancy. C’est un peu après, même année, qu'il inaugura sa
longue magistrature municipale, marquée par tant de votes généreux du Conseil
et de mesures décisives pour l'installation et le développement de nos Facultés.
FAGULTÉS,
2
18
SÉANGE
trop visible, où
DE
RENTRÉE,
l'ennui d’avoir à traverser le cours d’une
affaire déjà aussi avancée;
d’étranges
préjugés, et parfois,
faut-il le dire ? de singulières ignorances venant en aide à
la froideur des uns, au parti pris des autres. Plus d’une fois,
dans le cours de leurs démarches, nos délégués eurent occasion de se rappeler la saillie de Gœthe sur les lacunes de
l'éducation française en géographie. Un jour, dans le salon
où les recevait un haut personnage, un des assistants, de la
tenue la plus officielle, du plus grand air sous ses cheveux
blancs, et du meilleur ton, ayant lié propos avec M. de Dumast, le félicitait de son zèle pour sa province, mais avouait
trouver un peu chimérique ce beau dévouement : car enfin,
lui disait-il, la combinaison contre laquelle vous protestez répondà la nature des choses, se justifie par des affinités de
race, d'idiome : dans votre Lorraine, à Nancy, on parle allemand!.… M. de Dumast fut tellement abasourdi par ce
blasphème ethnographique, qu'il laissa son interlocuteur s’éloigner sans répondre. Il n’a jamais su son nom.
Enfin, après des jours et des jours de courses vaines, d’ef-
forts infructueux, une ressource, une seule restait: le recours
direct auprès du chef de l’État. Une audience est demandée,
promise d’abord pour une date qui, vu l'urgence du cas, la
rendait illusoire, puis tout à coup, grâce à une intervention
secourable, accordée un soir, pour une heure très-matinale
du lendemain,
Quand, l'heure venue, M. de Dumast, ayant à peine eu le
temps de se recueillir pour l'instant décisif, entra dans le
salon présidentiel, suivi de ses collègues et de quelques députés amis,
chacun de ceux-ci, dans l'émotion qui l’oppres-
sait, pouvait bien lui dire, lui disait en son cœur: A toi, à
ton patriotisme et à ta vive parole, de tout sauver!
cer
in te omnis gens desperata recumbit.
Il commença lentement, très-lentement, non qu'il eût à
surmonter aucun trouble, mais par cet artifice oratoire de
DISCOURS
DU
RECTEUR.
19
début, familier aux Ulysse et aux Nestor, et aussi pour mieux
s'aguerrir à l'étrange impassibilité du regard qui se fixait
sur les siens. Un exposé rapide, précis, lumineux, des anciens droits, moralement imprescriptibles, sur lesquels s’appuyait le juste vœu de toute une province, de nouveau et
plus que jamais méconnu, s’anima d’une émotion moins con-
tenue, quand il rappela, comme titres d’une autre sorte, les
gages de fidélité et d’attachement si largement fournis par
le peuple lorrain, depuis bientôt un siècle, à sa nouvelle patrie, sa vaillance d'avant-garde dans Les luttes de celle-ci pour
la liberté ou pour la gloire, tant de sang versé par lui, sans
compter, sous le commun
drapeau, aux champs de bataille
de la Révolutionet de l'Empire (1)!
Et la voix de ce peuple
si dévoué s’élevant de nouveau pour réclamer la restitution
trop différée de ses anciens foyers de lumière, ne serait
qu'une plainte stérile! II perdrait même, par une nouvelle et
plus grave atteinte, la survivante unité, souvenir bien inof-
fensif de sa nationalité d'autrefois, qu'une équitable loi lui
avait conservée dans la géographie
universitaire, c’est-à-dire
intellectuelle, de la France ! Eh quoi ! annexer, dans le partage
nouveau, à l'Alsace les deux tiers de la Lorraine, comme si,
entre ces deux provinces, si réellement distinctes, bien qu’également françaises de cœur, le mur mitoyen des Vosges, et
tant de dissemblances d’esprit, de langage même, autres limites, n’existaient pas! Rattacher de force à Besançon le
département des Vosges, ce pays si lorrain, si indissolublement uni à celui qui, de ce côté, letouche, qu'autant vaudrait
séparer, arracher l’un à l'autre les deux lobes d'un même
cœur! Maïs pourquoi défigurer par une impuissante analyse l’éloquente parole? Il suffisait de dire que rarement
plus noble cause fut aussi heureusement
l'orateur se tut, bien
défendue. Quand
que le principal auditeur, toujours
({) Ici quelques mots rappelaient la pléiade de maréchaux de France* sortis
du sol lorrain, de 1792 à 1815, et faisaient resplendir sur Nancy la gloire si
éclatante et si pure du nom de Drouot.
# Victor, Oudinot, Lobau, Saint-Cyr, Molitor, Gérard, Ney, Excelmans, Duroc,
20
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
enveloppé de sa réserve, se bognât à des paroles
d'encouragement, l'assistance, instinctivement,
coup décisif était porté: nos amis se retirèrent
confiants.
Ce jour-là même le Conseil d'État devait
assez vagues
sentait qu’un
rassérénés et
tenir séance,
A l’une des dernières heures, ils apprenaient que la haute
assemblée, informée par le Ministre de l’instruction publique,
en personne, de l'adhésion du Gouvernement aux vœux de
la ville de Nancy, avait répondu par des marques non douteuses d’assentiment, et que, dès lors, c'était cause gagnée.
En effet, bientôt après, en vertu d’un amendement apporté
au projet par le Conseil, la création était admise en principe, au profit de Nancy, d’un seizième Rectorat, c’est-à-dire
d’une grande Académie nouvelle, portantavec elle la hiérar-
chie complète de l’enseignement, depuis l'école et l'asile,
jusqu'aux Facultés groupées au sommet.
C’est ainsi, Messieurs, que le résultat si longtemps poursuivi, et, au dernier moment, presque désespéré, fut enfin ob-
tenu (1). Rendons, même aujourd’hui, libres et justes en face
de l’histoire, rendons, suivant le précepte évangélique, à
César ce qui revient dans l'événement à César ; mais disons-
nous que ce grand centre d’études, cette belle Académie de
VEst avec sa légion de professeurs publics, ce palais, cette
enceinte qui nous rassemble, sont nés d’une parole; oui, de
la parole généreuse, convaincue, inspirée qui, ce jour-là, fit
(1) Tandem jura valent! s'écriait M. de Dumast
en reprenant la route de Nancy.
— Ces mots auraient pu trouver place sur la médaille qui fut frappée plus tard
en mémoire de la restauration des Facultés.
|
Dans là session du Conseil municipal de Nancy qui suivit le retour des délégués,
des remerciments solennels leur furent votés par l’assemblée, et consignés au
procès-verbal dans les termes suivants: « Le Conseil appréciant, comme il le
doit, le zèle aussi éclairé que dévoué dont les délégués ont fait preuve dans
l'accomplissement d'une aussi importante mission, s’empresse de leur adresser
ses vives félicitations et ses remerciments. Le Conseil désire que le
de sa profonde reconnaissance soit également transmis à M, Guerrier
qui, nonobstant le besoin de repos exigé par l'état de sa santé, a
s’adjoindre à la commission pour défendre les intérêts de la ville,
avec
son
talent
ef
son
üardeur
de
conviction
ef
de
patriotisme
si remarquables
la lâche qu'il avait acceptée... » (Registre des procès-verbaux
8 juin 1852.)
témoignage
de Dumast,
bien voulu
et a rempüi
du Conseil,
DISCOURS
DU
RECTEUR.
°
21
son œuvre avec tant d’à-propos et de puissance; parole vraiment magique, puisque, en un moment, notre fortune à terre
fat relevée, sauvée par elle! Soyons fiers, professeurs de Faculté de Nancy, d’une telle origine, et efforçons-nous constamment d'y répondre en faisant nous-mêmes, dans l’accomplissement journalier du plus grave des devoirs, le meilleur
ct le plus digne usage de ce pouvoir mystérieux et souverain qui, de force ou de gré, conquiert les esprits et assujettit les cœurs, — la parole!
En 1854, les Facultés
des sciences et des lettres de cette
ville, provisoirement abritées sous le toit de l’antique Université, ouvraient leurs cours (1).
En 1862, prise de possession de ce palais (2).
En 1864, inauguration de la Faculté de droit ressuscitée.
En 1872, la Faculté de médecine de Strasbourg est transférée à Nancy:
et quel autre asile eût pu mieux convenir à
l'illustre fugitive ?
En 1876, l’École supérieure de pharmacie de Strasbourg,
transportée avec la Faculté, se détache de celle-ci et reprend
son autonomie.
Et voilà, messieurs les Étudiants (car c’est. pour vous surtout
que je ranime ces souvenirs), voilà comment il se fait que,
tout comme vos prédécesseurs des xvi°, xvuI°, Xviri* siècles,
vous, jeunesse de la seconde moitié du xIx°, vous voyez, aux
jours des solennités scolaires, siéger ensemble devant vous,
Université au complet, moins le titre, quatre Facultés, plus
une de ces grandes Écoles dont l'institution appartient uni-
quement
imposante
à notre âge. L'assemblée
que
celle
que
formait
n'est certes pas moins
jadis, réunie
pour
ses
(4) 10 décembre. La loi des seize Académies avait été votée par le Gorps légis-
latif dans la même année; le décret d'organisation avait suivi de près. La séance
d'inauguration eut lieu à l'hôtel de ville, dans le grand salon, sous la présidence
de M. Faye, membre de l’Institut, Recteur de la nouvelle Académie,
(2) La première pierre avait été posée le 18 juin 1859. M. Rouland, Ministre
linstruction publique, vint, le 26 mai 1862, présider la fête de l'installation.
de
22
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
grandes assises, l’Université de Charles IIT à Pont-à-Mousson,
ou son héritière, celle de Stanislas, à Nancy. L'aspect du
docte sénat est peu changé. On dirait même, à voir ces costumes, ces insignes d’un autre âge, que les portraits solennels
des vieux maîtres se sont animés, et que les docteurs en toge
sont descendus de leurs cadres sur ces siéges par l'effet de
je ne sais quel enchantement. On dirait une apparition, une
évocation du passé! Oh! vous savez, vous, mieux que personne, si, par l'étendue du savoir, la rigueur des méthodes, si
par l'ouverture de l'esprit, l'essor inventif de la recherche,
le libre mouvement des intelligences vers le vrai, vos professeurs sont hommes du temps
timent et le culte du devoir,
présent! C’est par le senc’est par le goût sincère et
passionné de l'étude, c’est par l'intérêt dévoué et le tendre
respect
que
votre jeunesse
et votre avenir
leur
inspirent,
qu’ils se rattachent étroitement au passé et prennent à cœur
de le continuer sans réserve; inébranlables
morales de la magistrature scolaire, dont
ornements, à première vue surannés, sont,
même, le respectable et précieux symbole
dans ces traditions
ces costumes, ces
par leur antiquité
!
Ainsi que je l'annonçais en commençant, nos rangs se sont
encore augmentés cette année de quelques recrues nou-
velles; vous y remarquez aussi quelques-uns de ces changements qui appellent à la fois de fraternelles bienvenues et
de sympathiques adieux.
La Faculté de droit compte un agrégé nouveau: c’est un
de ses plus dignes élèves qui lui revient avec ce titre,
M. May. — Du rang d'agrégés, MM. Blondel et Binet ont
passé à celui de professeurs, où, si jeunes qu'ils soient encore,
leur place était marquée.
L'École supérieure est au complet depuis l’arrivée de
MM. Bleicher et Descamps, maîtres éprouvés, dont le savoir
approprié, quoique très-étendu, et le talent animé de zèle ont
DISCOURS
DU
RECTEUR,
23
fait prendre un nouvel essor aux études des cours d'histoire
naturelle médicale et de pharmacie.
Bans les sciences, M. Le Monnier, un de ces naturalistes
que l’École normale supérieure forme en trop petit nombre,
mais par la plus parfaite culture, a brillamment inauguré la
chaire, mais non pas les études de botanique, depuis longtemps accréditées parmi nous par d'éminents travaux, dont
l'Institut vient de consacrer la renommée en s'attachant, à
titre de correspondant, leur auteur, notre cher Doyen honoraire des sciences, M. Godron.
|:
Les conférences dont vient de s'enrichir la Faculté des
lettres seront le champ d'essai de deux jeunes talents dont ce
pays est d'autant plus heureux de se voir réserver les prémices, qu’ils sont l’un et l’autre ses enfants, et, par leurs études
d'avant l'École normale, ses élèves, M. Riemann, M. Krantz.
La même Faculté, dans le sein de laquelle Paris se recrute
volontiers, vient d’être encore une fois affligée de cet honneur. Ainsi lui est enlevé, en plein essor de la plus sérieuse
popularité, son professeur de philosophie, ce métaphysicien
qui, en chaire, scrutait les profondeurs de la philosophie allemande avec tant de simplicité, de naturel et de lumière, que,
sans effort apparent, sa parole attirait et gagnait à cette aus-
tère étude, même
les plus défiants et les plus résolus à ne
pas comprendre. À sa place, c’est, à certains égards, un
psychologue, plutôt, que nous entendrons demain, mais non
moins curieux du fond des choses, non moins habile à le pénétrer, et, à coup sûr, aussi attrayant et engageant. Frappée
de deuil par le départ imprévu de M. Boutroux, la Faculté
respire et se rassure au nom de son successeur, M. Jules
Gérard.
Puisse-t-elle éprouver la même impression du choix, encore inconnu, qui lui viendra demain pour sa chaire de
géographie!
Car
de ce côté aussi,
Paris
s'enrichit
à nos
dépens, et désormais c’est avec un autre guide que le curieux
publie de Nancy fera ces grands voyages, ces tours du monde,
24
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
que M. Vidal-Lablache préparait avec tant de conscience et
de méthode, et qu'il conduisait avec la précision d’un topo-
graphe,
la science d’un économiste,
torien et l'imagination d’un peintre.
les lumières d’un his-
La Faculté de médecine a eu, dans le cours de cette année,
une grande joie et une grande douleur. Au professeur célèbre qui préside à ses destinées, elle a vu décerner une
haute distinction, juste récompense et couronnement suprême
d’un demi-siècle de travaux accomplis avec éclat pour son
service. Elle à perdu le maître vénéré, le vétéran de la
chimie médicale, qui, dans les rangs du grand corps alsacien
transplanté en terre lorraine, perpétuait avec tant d'honneur
le souvenir des études et des services de l’École préparatoire
de Nancy. Blondlot, aujourd’hui, n’est plus qu’un nom, mais
un nom glorieux, écrit sur le bronze de nos fastes scientifiques à côté de celui de Nicklès. A cette chaire, veuve d’un
tel maître, nos suffrages, d'avance unanimes, ont appelé celui
qui, dans un laboratoire voisin, réunissait déjà autour de lui
toute une légion d’empressés et fervents disciples; l’ardent
initiateur, que possèdent à la fois, au même degré, sans se
nuire l’un à l’autre, le démon de la recherche et le démon de
l'enseignement; l'analyste redouté, dont les derniers travaux
sont une des plus belles victoires de la chimie bienfaisante,
protectrice de la santé et de la joie publique, sur la chimie
complice
des gains ténébreux et meurtrière;
enfin le rare
et populaire savant, à qui volontiers nous offririons pour armes
parlantes, si nous étions encore au temps de ces jeux
symboliques (ou, si vous voulez, comme emblème de médaille
commémorative), deux femmes se tenant par la main, lune
armée d'un creuset, l'autre d'une balance; derrière ellés,
d'un côté, le dieu du commerce et du larcin (1) pleurant sur
(1)...
Fraudis furumque magister,
dit le poëte des Métamorphoses en parlant du dieu Mercure,
Callidus, quidquid placuil, jocoso
condere furto.
et Horace,
DISCOURS
DU
RECTEUR.
25
un tonneau répandu; de l’autre, assis parmi les pampres, un
Bacchus consolé et souriant; et, pour légende, au-dessous du
noïn de Ritter, ces mots: SCIENTIA JUSTITIÆ AUXILIUM,
FRAUDIS TERROR (1).
Messieurs
les
:
Étudiants,
une
nouvelle
année
d’études
s'ouvre dès aujourd'hui devant vous, une de ces années pour
vous décisives. Vos professeurs vous attendent et vous
appellent... Par la manière dont vous allez répondre à leur
sollicitude, soutenez les glorieux souvenirs que j'ai tout à
l'heure évoqués, montrez-vous dignes de notre antique Université et de notre jeune Académie, dignes de vos familles,
qui prennent si grand souci de votre avenir, dignes du pays
natal qui vous regarde, et de la grande patrie, dont vous êtes,
jeunesse française croissant dans l'étude et le devoir, la
meilleure, la plus certaine espérance !
{1} Des Vins colorés par la fuchsine ef des moyens employés pour les reconnaître,
par E, Ritter, 1876.
Recherches
expérimentales
sur
l'action
de
la
fuchsine
pure
sang et dans l'estomac, 1876. — Recherches expérimentales
médiats déterminés par l'injection de la fuchsine dans
MM. Ritter et Feltz.
introduite
dans
le
sur Les accidents imle sang, 1877; par
RAPPORT
DE M. LE DOYEN
DE LA FACULTÉ
MONSIEUR
DE DROIT.
LE RECTEUR,
MESSIEURS,
Le développement
de l'instruction à tous les degrés est
devenu une préoccupation nationale; chacun sent que les destinées du pays dépendent en grande partie de l’œuvre qui
s’accomplit dans nos Écoles; de là l'intérêt patriotique avec
lequel vous accueillez le compte rendu annuel de nos travaux,
Pénétrés de l’importance de notre tâche, sentant le poids de
notre responsabilité, nous venons vous exposer ce que nous
avons fait, chacun dans notre sphère d'action, pour répondre
à votre attente et aux légitimes exigences de l'opinion pu-
blique. Ce treizième rapport vous donnera une idée exacte
de la vie intérieure de notre Faculté de Droit pendant l’an-
née scolaire 1876-1877.
Le chiffre moyen des inscriptions pendant les sept années
écoulées depuis les douloureux événements de 1370 a été à
peu près atteint (1); comme l'an dernier nous avons compté 142
{1} Le nombre moyen des inscriptions trimestrielles a été :
En 1870-1871, . , de
137%:
En 1871-1872,
En 1872-1873,
. ,
. .
dè
de
157
»
1571,
En 1874-1875,
.
.
de
151
3/,
En 1876-1877,
.
.
de
1!:2
»
En 1873-1874,
En 1875-1876,
. .
. .
de
de
129 1},
111 97
Moyenne 115.
28
BÉANCE
DE
RENTRÉE.
inscriptions par trimestre (1). Le nombre des élèves dont la présence simultanée ou successive a été constatée, s’est élevé à
220 (2), savoir 165 des trois départements du ressort académique (3), 23 de la Haute-Marne, de la Haute-Saône, des Ardennes et de la Marne(4); 10 des autres parties de la France,
20 d’Alsace-Lorraine et 2 des pays étrangers.
L’assiduité aux cours, rigoureusement exigée de tous ceux
qui w'obtiennent pas des dispenses réglementaires ou des con-
gés réguliers, a été sérieuse et persévérante de la part du plus
grand nombre; l'attitude et la conduite à l'intérieur de V'École ont été généralement très-satisfaisantes. Si des inscriptions
ont été perdues par des élèves qui n’ont pu, malgré nos avertissements, se résoudre à assister habituellement aux leçons (5),
aucune poursuite disciplinaire n’a marqué cette année, et pas
une plainte ne nous est parvenue sur la conduite de nos étudiants hors de la Faculté. Les rapports des maîtres et des
st
{D
Novembre
Inscriptions.
1876.
De capacité, , , , . .
10
De ?2 année. . . . . .
39
De
re année,
De 3e année, ,
, ,
.
.
.
. ..
De Doctorat. . . . , .
Janvier
Avril
1877
9
46
47
A1
32
32
a
40
45
es
n
1817.
9
59
18
Juillet
1877.
5
Folk
Moyenne
jar crimestre.
84
81k
40
188
4T
39
144
36
38
30
13
me
8
me
147
55
me
A
ERA
me
»
»
{63
142
139
12%
563
142
Les études du Doctorat durant environ de deux ans et demi à trois ans, ce
sont 37 aspirants au Doctorat qui ont dû prendre et 46 qui ont pris effectivement
des inscriptions ou subi des examens pendant l’année scolaire 1876-1877.
(2) Un de nos étudiants de 2e année, Prosper Érowr, aussi distingué par le cœur
que par l'intelligence, a succombé le 28 mai 1877. à l'âge de 25 ans, après une
douloureuse maladie supportée avec une ferme résigenation.
(3) 115 de Meurthe-et-Moselle
Meuse.
(dont 83 de Nancy),
(4) 10 de la Haute-Marne, 7 de ia Haute-Saône,
31 des
Vosges,
19
de la
3 de la Marne, 3 des Ardennes.
{5} Les pertes d'inscriptions se répartissent ainsi :
4 r'irimestre.
Capacité,
ire année.
2° année.
8e année.
. . ..
. .
. , . .
2
2e trimestre,
8c trimestre.
Î
2
4€ trimestre.
»
Total
pour j’année.
ô
»
1
3
»
1
k
?
2
2
»
»
2
4
g
6
êË
8
»
20
FACULTÉ
DE
DROIT,
29
élèves ont conservé le double caractère d'intérêt affectueux
et de confiante déférence qu’ils ont toujours eu à Nancy.
Lies conférences facultatives auraient dû réunir Les 49 étu-
diants inscrits (1); 16 s’en sont tenus volontairement éloignés,
et quelques-uns n'y ont pas pris une part assez active. Nous
ne nous lasserons pas d'insister pour que ces exercices soient
plus suivis et mieux préparés; il y a là une question d’avenir pour les études. Les leçons des professeurs doivent être
complétées chez nous, comme à l’École polytechnique et dans
tous les établissements scientifiques, par des interrogations
et des discussions bien dirigées. Les conférences constituent
nos laboratoires juridiques; c’est là surtout que nos disciples
peuvent se rendre compte de ce qu'ils croient avoir saisi.
Mis en demeure de répondre à la contradiction, aux prises
avec les difficultés d'application, ils soumettent les notions
acquises à une épreuve décisive. Ils s'aperçoivent bientôt
qu'ils ne possèdent vraiment les principes et les règles qu'autant qu'ils ont été appelés à les justifier et à les défendre par
le raisonnement et l'exégèse,
Aux cours, aux conférences, aux examens, c’est pour nous
un devoir de conscience d'être exigeants. Notre sollicitude
pour les jeunes gens confiés à nos soins nous fait ardemment désirer qu'ils emploient fructueusement ces belles années durant lesquelles, dans tout l'épanouissement de leurs
facultés et de leurs forces, ils peuvent amasser des provisions
de connaissances pour le reste de leur vie et jeter les fondements de leur future carrière. Nous ne cesserons de les en-
courager, de les soutenir, en nous adressant à leurs sentiments :
les plus élevés, en leur parlant de leurs devoirs envers le
pays, envers leurs familles, envers eux-mêmes, en réveillant
(1) Nombre des élèves inscrits aux conférences facultatives et rétribuées :
Conférences de 1r6 année.
. .
. .
, ,
,.
. .
18
.
.
.
.
,
.
.
ti
. . . . .
13
de 28 année,
——
de Doctorat (1er examen),
——
—
de 3e année.
,
.
—
.
. .
.
.
. . .
de Doctorat (24 examen).
.
. .
. .
. . .
.
. ,
2? }
7
49
80
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
leur émulation, en leur donnant l'exemple
du travail. C’est
avec bonheur que nous applaudissons à leurs efforts et que
nous constatons leurs succès; ils peuvent s'apercevoir que
c'est pour eux, non pour nous-mêmes, que nous nous dépen-
sons et que nous redoublons d’ardeur avec les années. Ils ne
se méprennent pas sur la cause de notre tristesse lorsqu'ils
s’abandonnent à de fâcheux entraînements et qu’ils se préparent des regrets pour l'avenir. Si nous leur paraissons quelquefois sévères, ils ne tardent pas à nous rendre justice ; nous
ne voulons d'autre témoignage que celui qu'ils nous rendent
quand ils font un retour sur le passé.
D'excellents élèves nous ont causé une satisfaction sans
mélange, l'élogea été décerné à 12 d’entre eux, je suis heureux de proclamer ici leurs noms.
Ce sont:
MM. Cretin et Georges Lagrésille pour le premier examen
de Baccalauréat;
MM. Cretin, Petitmengin et Guiot de Saint-Remy pour le
second examen de Baccalauréat;
MM. Favre et Maurice pour le premier examen de Licence;
MM. Favre et Maurice pour le second examen de Licence;
MM.
Licence;
Favre, Gerbaut et Maurice pour l'acte public
de
ces trois derniers ont obtenu un succès bien rare,
l'unanimité des blanches dans toutes les épreuves, et leurs
thèses ont été jugées dignes d’être déposées à la Bibliothèque
de ia Faculté.
À côté d'eux il en est 30, dans les trois années de Licence,
qui ont mérité la majorité de blanches{1), 15 qui ont été admis
avec égalité des blanches et des rouges, et 39 qui ont eu une
minorité de blanches. Ces résultats ne sont pas inférieurs à
ceux des années précédentes, mais nous aspirons à mieux, et
le nombre de 15 examens admis avec toutes boules rouges,
(1) Sur 19 boules délivrées à la suite des cinq épreuves de licence, ont obtenu :
MM. Pavin de Courteville, Lemoine (Charles), Spire (Maurice), 12 blanches ; —
MM.
Lagrésille (Alfred) et Schérer,
11 blanches,
FACULTÉ
DE
DROIT,
31
celui de 50 réceptions avec une demi-noire,
une noire et
même une noire et demie, nous paraissent trop considérables.
Nous voudrions que le chiffre des boules blanches, qui n’a
pas dépassé 209, s’élevât notablement, que celui des rouges,
qui a été de 397, s'abaissât progressivement, et surtout nous
désirerions n'avoir pas à enregistrer 150 noires (1) et 38 ajournements pour les 199 examens de Baccalauréat et de Licence.
Il nous est impossible de ne pas regretter l’obligation dans
laquelle nous nous sommes trouvés de refuser9 candidats sur
38, près du quart, au second examen de Licence placé à la
fin de la troisième année, et 15 candidats sur 47, près du tiers,
au premier examen de Licence qui porte exclusivement sur
le Droit romain (2).
Les épreuves de Doctorat se sont élevées de 29 à 38 (3);
16 candidats se sont présentés pour subir le premier examen,
T pour le second, 15 nous ont soumis leurs thèses et ont con()
Nature des examens.
Examen de capacité.
Blanches.
. . ,.
ones"
1
dre année: 1er ex. de Baccalauréat
26 année; 2e ex. de Baccalauréat.
ler ex, de Licence. ,
3e année { 28 ex. de Licence , ,
Thèse de Licence , .
2
22
31
28
17
34
Nature des examens,
38
51
66
54
49
132
261
Nombre des examens.
Examen de capacité. . . . . . . . .
{re année: {er ex, de Baccalauréat, .
2e année: 22 ex, de Baccalauréat. . .
{er ex. de Licence. . . . .
8e année { 2e ex, de Licence, . . . .
Thèse de Licence . .
. . .
2
EN
39
47
38
33
Nature des examens,
4er ex. de Doctorat
28 ex. de Doctorat.
Thèse de Doctorat.
. . . .
. , . .
. . . .
Blanches-
Blanches. rouges.
33
Noires.
2
-
»
8
13
20
34
16
7
120
156
188
152
132
120
80
756
Admissions,
Ajournements.
»
5
8
15
9
1
161
Rouges.
Total.
16
22
30
33
17
&
35
31
32
29
32
199
(8)
Ronges-
3
81
32
30
32
25
.
133
€}
Rouges.
Rouges-
ire,
38
:
Noires.
Total.
16
57
35
9
27
42
»
»
80
106
74
26
2
»
205 «
8
6
?
»
»
»
33
90
82
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
quis leur diplôme; ce dernier chiffre est sans précédent depuis le rétablissement de la Faculté. Plus le grade de Docteur
est envié, plus nous nous sentons tenus à lui conserver toute
sa valeur; la magistrature nous sait gré de ne le conférer
qu'aux plus dignes. Le nombre des ajournements, 4 sur 16 au
premier examen, 3 sur 7 au second (1), montre que des pré-
visions pessimistes sur l’abaissement du niveau de ces épreuves, par suite de la multitude des aspirants, n'avaient rien de
fondé. Le diplôme de Docteur de la Faculté de Nancy attestera toujours de fortes études de Droit romain et de Droit
français, il ne le cédera à aucun autre.
Il suffit de parcourir les thèses de cette année pour se con-
vaincre qu’elles sont le fruit de laborieuses recherches, il est
notoire que la plupart ont coûté près d’un an de travail à
leurs auteurs. Les sujets les plus variés, plusieurs très-difficiles, ont été traités avec grand soin, quelques-uns avec une
véritable supériorité (2).
{)
Nature des examens.
Nombre des examens.
1er ex. de Doctorat. , . , . , . . .
28 ex. de Doctorat. . , . , . . . . .
Thèse de Doctorat . . , , , . . .,
16
7
15
Admissions.
-
38
Ajournements
12
4
15
4
3
»
3i
7
(2) Sujets des thèses de Doctorat admises avec majorité de blanches où avec
3 blanches :
M. Paul Dumont : Du Serment considéré suriout comme moyen de preuve en Droit
romain ef en Droit français. (3 décembre 1876.)
M. Eugène Ganprr: De la Puissance paternelle à Rome et en France. (15 décembre 1876.)
M. Albert Laxro : Du Divorce en Droit romain et de la Séparation de corps en
Droit français. (23 décembre 1876.)
M. Alphonse Lowsanp : De l'Envoi en possession et de lu Vente des biens du débiteur
en Droit romain. — Des Effets du jugement d'adjudication sur saisie immobilière en
Droit français, (3 janvier 1877.)
M. Léon CHanpenrier: Du Bail à ferme en Droit romain et en Droit français
dans ses rapports avec l'Économie politique. (9 février 1877.)
M. Gustave LowBanD : Du Contrat de gage en Droit romain. — Des Effels de la
faillite par rapport aux droits des créanciers hypothécaires, privilégiés et nantis en
Droit français, (23 février 1877.)
M. Pierre CLavev: Des Fonctions du tuteur et de sa Responsabilité en Droit ro-
main.
—
De
la Séparation
de
biens judiciaires
sous
Droit français, (23 mars 1877.)
M. Louis Bacn: Du Fonds dotal en Droit romain,
en Droit français. (16 avril 1877.)
le
—
régime
de communauté
en
De l'Inaliénabilité de La dot
FACULTÉ
DE DROIT.
33
Une de ces thèses a été admise avec 3 blanches (1), onze avec
la majorité de boules blanches (2), trois avec éloge; ces trois
dernières sont celles de MM. Beauchet, Blum et Renauld.
M. Ludovic Beauchet nous a retracé la condition de la mère
en Droit romain et en Droit français(3); il a apporté dans cette
étude, où se déroulent les progrès des mœurs et des lois sous
l'influence de la civilisation et du christianisme, un esprit
étendu, généralisateur, méthodique. Il a su choisir avec dis-
cernement les matériaux de cette intéressante monographie,
les distribuer dans un ordre heureusement conçu, proportion-
ner les développements et donner une véritable unité à son
œuvre. La doctrine est sûre, le raisonnement vigoureux, le
style net, sans être absolument exempt de néologisme. La soutenance a été ferme et mesurée; l'acte public a répondu aux
espérances que nous faisait concevoir notre ancien lauréat,
jugé digne du second prix dans le concours général de 1874.
M. Albert Blum avait choisi pour sujet de ses recherches
en Droit romain
la restitutio in integrum, moyen
énergique
par lequel le préteur faisait prévaloir l'équité sur le droit strict.
Cette étude substantielle et précise, puisée aux meilleures
sources, résume les derniers travaux de la science. Dans sa
thèse de Droit français, consacrée aux assurances sur la vie,
le candidat a dû pour ainsi dire se frayer la route. Avec un
sens juridique
M.
Édouard
M.
René
exercé, une connaissance
Hannezo
: De l'Action
Successions anomales en Droit français.
XanpeL
: De la Novation
Quod
metus
approfondie
causa en Lroit
(11 mai 1877.)
en Droit romain.
—
de la
romain.
—
Des
:
Des Causes de justification
et d'excuse en matière criminelle, d’après le Droit français. (20 juillet 1877.)
M. Henry Bunoin DE PÉRONNE : Du Contrat de mandat en Droit romain. — Des
Chèques en Droit français. (26 juillet 1877.)
M. Louis ne Hépouvizie : Du Régime des eaux dans ses rapports avec l’agriculture
en Droit romain et en Droit français, (27 juillet 1877.)
(1) Gelle de M. Bach.
(2) Avec 4 blanches et 2 blanches-rouges,
Gardeil,
Hannezo,
Lanio,
G. Lombard.
—
Avec
celles
.
de MM.
3 blanches
Burdin
et
de Péronne,
3 slanches-rouges,
celles de MM. Charpentier et De Hédouville. — Avec 4 bianches, 1 blanche-rouge
et 1 rouge, celle de M. À. Lombard. — Avec ? blanches et 4 blanches-rouges,
celle de M. Dumont. — Avec ? blanches, 3 blanches-rouges et Î rouge, celle de
M. Xardel, — Avec 3 blanches, 1 blanche-rouge et ? rouges, celle de M. Clavey.
(3) Cette thèse a été soutenue le 22 décembre 1876.
FACULTÉS
3
34
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
pratique, il a fait une œuvre personnelle qui se recommande
aux jurisconsultes par la sagacité de l'analyse, l'enchaîne-
ment des déductions, l'harmonie des solutions. Nous ne voyons
pas qu'il ait été publié jusqu'ici un meilleur livre sur cette
matière si délicate dont l'intérêt va grandissant. L'épreuve
de l'argumentation n’a fait que confirmer les impressions trèsfavorables de la Faculté (1).
M. Albert Renauld a traité de l'exercice des droits des créanciers hypothécaires en Droit romain et de la transcription des
jugements d’adjudication en Droit français. Dans l’une et
l'autre dissertation il a fait preuve des qualités les plus solides;
on y trouve la connaissance de l'histoire du Droit, la vigueur
et la maturité, l'habitude d’aller au fond des choses, une alliance peu commune de la théorie et de la pratique. Il eût
été difficile de démêler comme il l’a fait, le caractère de divers jugements d’adjudication, d’en distinguer les effets sans
être profondément versé dans les complications les plus déli-
cates de la procédure. Si quelquefois, rarement il est vrai,
l'auteur semble supposer qu’il écrit pour les seuls initiés, il
creuse dans toutes les directions le sujet qu'il a choisi. Dans
la soutenance, une parole facile et animée, une dialectique
serrée, ont été vivement appréciées (2).
De tels travaux, excellents en eux-mêmes, sont pleins de
promesses pour l'avenir. MM. Beauchet et Blum ont déjà pris
part aux premières épreuves de l’Agrégation avec un de leurs
émules, M. Gardeil. Le nombre de nos élèves se destinant
à l’enseignement s'accroît avec les années; cinq de nos doc-
teurs se présenteront probablement au prochain concours, ils
s’efforceront de marcher sur les traces de leurs devanciers; en
six années la Faculté de Droit a compté sept élus parmi les
48 candidats sortis vainqueurs de ces luttes universitaires.
L'un d'eux, M. BLonDeL, était déjà devenu professeur titulaire en 1876; le second, M. Biner, a été appelé cette an{ 1}
{ ?)
Cette thèse a été soutenue le 9 février 1877.
Cette thèse a été soutenue le 13 juillet 1877,
:
née à la troisième
FACULTÉ
DE DROIT.
35
chaire de Code civil sur la présentation
unanime de la Faculté et du Conseil académique (1). C’est à
Nancy que M. Binet a commencé ses études en 1864, lors du
rétablissement de la Faculté; doué d’une intelligence vive
et lucide, se donnant tout entier au travail et au devoir, ila
conquis en moins de 13 ans la position qu’il occupe auprès de
ses anciens maîtres; Docteur, Agrégé, Chargé de différents
cours, il a poursuivi sans interruption sa marche ascendante.
Ses connaissances étendues de jurisconsulte, le solide enseignement recueilli par ses élèves, son caractère sûr, ses qua-
lités de cœur, nous assurent un collaborateur excellent et un
collègue dévoué auquel nous avons fait place avec bonheur
dans nos rangs.
C’est encore un de nos disciples, M. M4y, agrégé à Douai,
qui a été attaché, sur notre demande, à la Faculté et chargé
du second cours de Droit romain (2). Je ne pourrais que répéter ici ce que j'ai dit sur lui depuis deux ans, en faisant connaître publiquement notre désir de le voir revenir au milieu
de nous. Éprouvé dans les luttes de l’Agrégation et dans les
fonctions d’un double enseignement (3), M. May nous apporte
toutes les garanties scientifiques et morales
souhaiter chez un maître de la jeunesse.
nos Agrégés ses compagnons d'études et ses
par tous avec une affectueuse sympathie,
que nous pouvons
Il retrouve parmi
amis, et, accueilli
il entre sous les
meilleurs auspices dans une compagnie dont il continuera
les traditions en vue de l’accomplissement de l'œuvre commune,
Cette compagnie forme une famille étroitement unie qui
entoure de sa vénération son Doyen d'âge et de services, le
membre honoraire que lui a légué une Faculté célèbre, aujourd’hui disparue. Elle à applaudi à l'acte par lequel la croix
de la Légion d'honneur a été conférée à M. HEIMBURGER (4),
(1) Décret du 20 juillet 1877.
oi Arrêté du 3 août 1877.
Celui de procédure civile et celui d'histoire du Droit,
(4) Décret du 9 août 1877,
36
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
en récompense de quarante-deux années d'enseignement et du
courage civique déployé à Strasbourg en 1848. Ce souvenir
de la France a été doux au cœur du patriote octogénaire, il
demeurera l’ornement de sa vieillesse.
Un autre de nos savants collègues de Strasbourg, M. LEDERLIN, qui, depuis six ans, fait pour nos aspirants au Doctorat le premier cours de Pandectes organisé dans nos Facultés
de province et qui à été chargé, depuis le départ de M. Vau-
geois, du cours de Droit coutumier, a reçu, après vingt années
de services, les palmes de l'instruction publique (1).
À côté de ces promotions diverses, qui ont répondu à nos
sentiments
d’estime et de confraternité, nous sommes heu-
reux d’avoir à mentionner des mesures d'intérêt général réalisant des vœux, souvent exprimés ici, pour la meilleure
organisation des cours de Licence, l'institution définitive d’un
enseignement important, l'accroissement des instruments de
travail.
Désormais, la disproportion regrettable qui existait entre
les programmes des divers examens a cessé dans une certaine mesure. Les élèves de première année ne se borneront
plus à étudier le Droit romain et le Code civil; ils auront à
suivre un cours de Droit criminel, comprenant les parties
essentielles du Code pénal et du Code d'instruction criminelle, et cet enseignement fera l’objet d’interrogations confiées à un quatrième examinateur (2). Exceptionnellement et
en vue de la transition, ce cours sera fait, en 1877-1878,
pour les élèves de première et de seconde année (3).
L'enseignement de l'Économie politique, inauguré en 1864
par le regretté de Metz-Noblat, continué, depuis 1868, par
notre collègue M. Liégeois, dans un cours complémentaire
institué par la ville de Nancy, a été définitivement organisé
dans toutes les Facultés, en exécutior de la loi du budget
(1) Arrêté du 7 avril 1877.
(2) Décret du 26 mars 1877, art. 1er,
(3) Circulaire du 18 mai 1877,
FACULTÉ
de 1877. En
cours,
1879,
désiré
à cet
leçons
marqué
DE
DROIT.
87
attendant la création d’une chaire spéciale, le
sanctionné par un programme d'examen à partir de
a été placé en seconde année (1). Nous aurions vivement
que M. Liégeois voulût bien se consacrer tout entier
enseignement, qu'il avait contribué à fonder par des
hebdomadaires, dont le succès avait été d'autant plus
qu'elles
s’adressaient
à des auditeurs bénévoles.
Notre collègue n'ayant pu se résoudre à se laisser suppléer
dans le cours de Droit administratif, qu’il fait depuis douze
ans avec une
incontestable compétence,
nous avons dû de-
mander que le cours d'Économie politique fût confié à un
Agrégé (2). M. GARKNIER a accepté cette tâche rendue difficile
à Nancy, mais conforme à ses goûts et en harmonie avec la
direction de ses études; il la remplira avec un fervent amour
de la science, et nous ne doutons pas qu’il ne fasse preuve,
dans ce nouvel enseignement, de cette variété de connaissances, de cette sagacité et de cette justesse de vues, de cette
sagesse pratique qui ont caractérisé ses leçons de Droit cri-
minel et de Droit romain (3).
Un des cours organisés par la Ville se trouvant désormais
à la charge de l’État, nous nous réservons de proposer l’institution d'un
nouvel
enseignement
complémentaire
choisi
par l'Administration supérieure parmi ceux qui ont été réclamés par la Commission des hautes études de Droit, Nous
attendons beaucoup de la sollicitude témoignée par les pou-
voirs publics, les départements
et les communes
pour
la
prospérité de nos Facultés. Déjà, dans ces dernières années,
le nombre des ouvrages de Droit que nous avons pu acquérir
et mettre à la disposition de nos étudiants s’est élevé dans
des proportions considérables (4), et l'agrandissement de la
(4)
(2}
(3)
(4)
plus
Décret du 26 mars 1877, art. 2.
Arrêté du 18 mai 1877.
À Rennes en 1875-1876, à Nancy en 1876-1877.
En 4 ans, de 1874 à 1877, 562 ouvrages de Droit, comprenant ensemble
de mille volumes, ont été acquis par la Faculté an moyen de crédits alloués
par l'État.
38
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
salle de lecture de la Bibliothèque de la ville offre des faci-
lités nouvelles pour Le travail,
Avec ces ressources croissantes, avec les améliorations que
nous ne cesserons de solliciter et que nous espérons obtenir
dans la répartition des enseignements, les matières des programmes et la distribution des examens, nous pourrons marcher progressivement vers le but assigné à nos efforts, qui est
de préparer fortement des générations studieuses et viriles à
l'accomplissement des grands devoirs que nous imposent
notre passé national, nos épreuves récentes et notre destinée
providentielle,
PUBLICATIONS
DES
MEMBRES DE LA FACULTÉ DE DROIT
PENDANT
L'ANNÉE
SCOLAIRE
1876-1877.
M. JALABERT : Notice sur l'enseignement du Droit à l'École centrale de
la Meurthe, de l'an V à l'an XIT (1796-1804). (Mémoires de l'Académie de
Stanislas, GXX VII
année, 4° série, t. IX, 1876, p. 238 à 249.)
M. Liécrois : La Monnaie et le Billet de banque, discours de réception à
l'Académie de Stanislas. (Mémoires de l'Académie de Stanisias, GXX VIT® année,
4e série, t. IX, p. XXXVIE à LiIX.)
M. Dugors : Programme du cours de Droit romain (2° partie : Fntroduction, Personnes,
Droûts réels, Successions,
Actions). Paris, Gotillon.
Bulletin de jurisprudence italienne (suite), 8° et 4° bulletins, en collaboration avec M. Ch. Antoine, juge suppléant au Tribunal civil de Saint-Jean-deMaurienne. (Journal du droit international privé et de la jurisprudence compa-
rée, 1877, p. 81-97, 866-375, 450-457.)
Compte rendu de l'ouvrage de M. Vila Eevi, Locasione di opere et più
sp'e degli apolti. (Même journal, 1877, p. 201.)
Bibliographie juridique italienne (suite), t. VIE, n°% 233-645. (Revue critique de Iégislation et de jurisprudence, 1877, p. 674-704.)
M. BINET : Examen doctrinal de lu jurisprudence en matière eivile sur
la question suivante: Quel est l'effet de l'hypothèque judiciaire relativement à un émimeuble déjà aliéné lorsqu'elle prend naissance, ef en supposant l'aliénation non encore transcrite au moment de l'inscription. (Revue
critique de législation et de jurisprudence, t. VI, 1877,p. 433-440.)
: Traduction,
avec notice et notes, de la loi du 26 fé-
1876, modifiant le Code pénal de l'empire d'Allemagne du 15 mai
et complétant le même Code. (Annuaire de législation étrangère de
p. 185 à 158.)
l'Erécution des jugements étrangers en Autriche, d'après wn arlicle
Porlits, (Journal de droit international privé, 1877, p. 210 à 217.)
se
M. Paul LowRARD
vrier
1871
1876,
De
du D'
RAPPORT
DE M. LE DOYEN
MonsiEUR
DE LA FACULTÉ
DE MÉDECINE.
LE RECTEUR,
MESSIEURS,
La Faculté de médecine est restée en 1876-1877 dans un
état à peu près stationnaire quant au nombre des étudiants
qui l'ont fréquentée et des actes publics qui sy sont accomplis. Certaines différences sont dues à des causes passagères,
nous voulons l’espérer; quant au matériel, il à été notable-
ment amélioré. Nous aurions voulu pouvoir annoncer la
constitution définitive de nos cliniques, mais ceci est une
œuvre dificile et qui ne peut devenir plus ou moins parfaite
qu'avec le temps.
EXAMENS.
—
RÉCEPTIONS.
Dans l’année scolaire 1876-1877, le nombre des étudiants
en cours d'inscription a été de 155, répartis de la manière
suivante :
l'année,
92e année.
‘
38 année.
.
.
,
4 année,.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
. . .
.
.
,
.
.
+
. .
.
.
…
.
86
4
O1
28
1
’
|
155
En ajoutant à ce chiffre total, 58 élèves en cours d’exa-
men et 17 auditeurs bénévoles, on trouve que le nombre de
nos étudiants a été de 230, soit 5 de plus que l’année dernière,
49
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
Nous avons déjà fait remarquer que les auditeurs bénévoles
n’en sont pas moins des étudiants en médecine; ce sont des
retardataires qui n'ont pas encore obtenu
les diplômes de
bachelier nécessaires pour prendre la première inscription, ou
pour entrer en deuxième année.
Parmi le nombre total des élèves qui ont fréquenté nos
cours
figurent
23 élèves du service
11 aspirants au titre d'officier de santé.
de santé militaire et
Le nombre des élèves de première: année, comparativement à ceux qui ont commencé leurs études au mois de novembre 1875, a été nécessairement moindre (36 au lieu de
58); ceux de deuxième année ont été moins nombreux de
10, mais ceux de troisième ont surpassé le nombre des élèves
de même année de 1875-1876, de 20 ; c’est ainsi que l’équilibre s’est rétabli. Les élèves de quatrième année sont toujours les moins nombreux, parce que la moitié d’entre eux
nous sont enlevés chaque
année
par l’École militaire de
Paris.
Les inscriptions prises en 1876-1877 se sont élevées à 622
(104 de moins qu'en 1875-1876), mais sur ce chiffre, 536 sont
afférentes au doctorat (59 en moins seulement que l’année
dernière), tandis qu'il y en a eu 86 de moins pour l’officiat;
ce qui prouve, d’une part, que le nombre des officiers de santé
tend à diminuer, de l'autre, que les élèves arrêtés par leur
insuccès dans l'obtention du titre de bachelier diminue également.
|
La création de nouvelles Facultés, dont quelques-unes
entrent en activité dès maintenant, n'aura que peu d’in-
fluence sur le nombre de nos élèves, attendu que Nancy est
trop éloigné des nouveaux centres ; seul, Paris nous fait tort
par l'attraction qu'il exerce. Chaque année plusieurs de nos
meilleurs élèves partent pour la capitale, où ils espèrent
trouver des emplois en même temps avantageux pour leurs
études et lucratifs, sans compter
d’entre cux de s’y fixer un jour.
l'espoir
de quelques-uns
FACULTÉ DE
MÉDECUINE.
43
Le nombre des examens de fin d'année subis à la Faculté
a été de 122. Sur ce nombre il n’y a eu que 9 ajournements.
Les notes des admis se sont presque également réparties
entre les différentes mentions du règlement. La première
année est toujours la plus faible.
Les examens de fin d’études se sont élevés à 140, dont 9
seulement pour l'obtention du titre d'officier de santé. Sur
les 131 examens de doctorat, il y a eu 23 ajournements;
sur ceux d'officiers de santé, le tiers (3).
Dix thèses seulement nous ont été présentées cette année
pour la réception au doctorat; c'est 8 de moins que l’année
dernière, On demandera sans doute à quoi peut tenir cette
différence, cette diminution rapide du nombre des réceptions définitives. Nous l'avons plusieurs
fois dit : au départ
forcé de la moitié, ou à peu près, de nos élèves de quatrième
année, parce qu'ils appartiennent
à la médecine
militaire.
Ceux qui nous quittent volontairement cherchent à Paris des
occasions d'instruction pratique plus nombreuses que celles
que nous pouvons leur offrir. Il y a eu 3 réceptions d'officier
de santé.
Un jury spécial pris dans le sein de la Facultéa eu à exa-
miner 28 aspirantes au titre de sage-femme
de deuxième
classe : 11 appartenaient au département de Meurthe-etMoselle, 7 à la Meuse et 10 aux Vosges. Elles ont toutes été
reçues : 7 avec la note très-bien, 14 avec la note bien et 7
avec la note assez bien.
CONCOURS
POUR
LES
PRIX
DE
FIN
D'ANNÉE
: PRIX
BÉNIT.
Nous avons toujours à regretter le peu d'empressement des
élèves à se présenter aux concours pour les prix de fin d’année, qui procurent cependant, sans parler de l’honneur, des
avantages si importants aux lauréats, Ainsi le candidat cou-
ronné obtient le remboursement de tous ses frais d’études de
l'année, une somme importante en livres à son choix, et une
médaille d'argent.
44
SÉANCE
DE
ÉENTRÉE.
Les concours pour les deux premières années ont réuni
un certain nombre de compétiteurs. Celui de chimie, de physique et d'histoire naturelle a été très-satisfaisant; le président du jury en a fait un grand éloge dans son rapport. Le
concours d'anatomie et de physiologie a donné des résultats
bien supérieurs à ceux des années dernières. Mais là s’est
borné le progrès. Les concours de médecine proprement dite
ont été médiocres; aucun candidat n’est même venu disputer le prix de quatrième année, le plus important de tous, IL
serait facile d'expliquer cette anomalie, mais il serait trop
long d’en développer les motifs.
Quant au prix Bénit, prix d'une fondation spéciale, destiné
aux internes des hôpitaux, il a été disputé par quatre candidats, qui tous les quatre ont fait preuve de connaissances
pratiques solides, et avaient mérité des éloges de leurs chefs
immédiats. Ces candidats sont ordinairement sur le point de
soutenir leur thèse et d'entrer en pratique.
La commission spéciale instituée dans le sein de la Fa-
culté pour l'examen des thèses qui ont été soutenues devant
elle dans le courant de l’année, a envoyé
son rapport et ses
propositions au Ministre de l'instruction publique. Si elle à
eu à déplorer
qu'il ne
lui en ait été présenté
qu’un
petit
nombre, elle à au moins eu la satisfaction de reconnaître que
presque toutes forment des monographies importantes et qui
resteront dans le domaine de la science; en un mot, que la
qualité de ces travaux compense jusqu’à un certain point la
quantité qui fait défaut.
CONCOURS
POUR
DES
FONCTIONS
RÉTRIBUÉES.
Il y a eu dans le courant de l’année de nombreux concours peur des places rétribuées, soit par suite d'expiration
de la durée du service, soit par suite de démission des titulaires,
C’est ainsi qu'il y a eu lieu de pourvoir aux emplois d'aide
d'anatomie, d'aide de physiologie, de préparateur de chimie.
FACULTÉ
DE
MÉDECINE.
45
Ces concours ont été très-satisfaisants. Cinq candidats ont
concouru pour la place d'aide d'anatomie, deux pour celle
d'aide de physiologie, un seul pour celle de préparateur de
chimie.
Un autre concours a été ouvert le 2 août pour deux places
d’aide de clinique. Sept concurrents y ont pris part. Le jury
du concours s’est déclaré très-satisfait de toutes les épreuves.
MOUVEMENT
DU
PERSONNEL.
M. Hirtz a été de nouveau suppléé
—
AGRÉGATION.
par M. Bernheim dans
la chaire de clinique médicale. Mais le changement le plus
important qui soit survenu dans le personnel de la Faculté a
été occasionné par la mort de M. Blondlot, professeur de
chimie et de toxicologie. Cet excellent collègue, qui nous
avait été donné par le décret du 1° octobre 1872, a succombé
à une affection chronique dont les progrès ont été hâtés par
différents événements de famille qui l’ont profondément impressionné. Établi comme médecin praticien d’abord, il n'a
pas tardé à prendre
goût à la chimie et l’a cultivée ensuite
avec le plus grand succès. Professeur à l’École préparatoire
de médecine et de pharmacie de Nancy, il a fait des travaux
de chimie biologique qui l’ont mis plusieurs fois sur la liste
des correspondants de l’Institut. Désigné d'avance comme pro-
fesseur à la Faculté de médecine de Nancy, il a été accepté
de tout cœur par ses collègues venus de Strasbourg, et n’a
cessé de se faire aimer et estimer par eux. M. le Recteur et
un des plus anciens collègues de M. Blondlot ont retracé,
dans des notices nécrologiques, les mérites et les qualités de
notre excellent collègue.
L
Heureusement le successeur de M. Blondlot était tout
trouvé dans son adjoint, M. Ritter, qui, agrégé en chimie à
l'ancienne Faculté de médecine de Strasbourg, a accompagné
ses collègues à Nancy. M. Ritter fut présenté à l'unanimité
par la réunion des professeurs de la Faculté et par le Conseil
académique. Je craindrais de blesser la modestie de notre
46
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
nouveau collègue si j'énumérais les services qu’il a déjà rendus et les qualités qui le distinguent ; les nombreux élèves
qui suivent ses leçons ne manquent pas de lui rendre justice
à toute occasion.
Nous avons également perdu un de nos jeunes collègues,
mais ce n’est pas l’impitoyable mort qui nous l’a arraché.
M. Monoyer, agrégé en exercice pour les sciences physiques
et chimiques, était chargé d'un cours et d’une clinique
d'ophthalmologie. Il a été nommé professeur de physique à la
Faculté de médecine de Lyon. Le départ de M. Monoyer est
une perte pour notre Faculté, où il enseignait avec distinction
une spécialité qu’il avait d’abord apprise de son père, M. Stæber, un de nos anciens collègues de Strasbourg.
Un deuxième chef de clinique médicale a été demandé
pour les besoins du service et a été immédiatement accordé
par M. le Ministre. C’est M. Spillmann, attaché au service
anatomique, qui a été nommé, et ses anciennes fonctions vont
être prochainement données au concours.
|
Le mode de recrutement le plus usité aujourd’hui dans les
Facultés est l'agrégation. Malgré les démarches que les Fa-
cultés de médecine
de province ont faites dans le temps
pour que les concours d’agrégation continuassent d’avoir lieu
dans leur sein, ces concours ont été transférés à Paris par
une mesure générale applicable aux concours d'agrégation
des Facultés de toute espèce.
Des deux candidats de notre Faculté qui se sont rendus
l'année dernière à Paris pour concourir, et qui tous deux ont
été nommés et placés en première ligne, l’un (M. Engel)
nous à été enlevé presque immédiatement par la Faculté de
Montpellier, où il occupe la chaire de professeur de chimie et
de toxicologie; l’autre a été chargé
d’un cours spécial, celui
d’histologie générale, où il acquiert tous Les ans plus de droits
à devenir titulaire à la première occasion.
Cette année, un concours est annoncé pour quarante places
d'agrégés près des Facultés
de Paris, Lille, Lyon, Montpel-
FACULTÉ
DE
MÉDECINE.
47
lier et Nancy. Nancy y est compris pour huit places. Un
neuvième agrégé a été demandé, pour l’histoire naturelle,
qui n'est pas représentée chez nous. Enfin, un décret du
10 août dernier a supprimé le stage de ces fonctionnaires,
qui
était de trois ans; ils entreront immédiatement en exercice;
c’est là une grande amélioration de position pour les agrégés,
en même temps qu'un avantage pour les Facultés. La durée
de l’exercice reste fixée à neuf ans.
ENSEIGNEMENT
Tous
assiduité.
les
cours de la Faculté
MM.
THÉORIQUE.
ont
été
fréquentés
avec
les professeurs se louent généralement de
l'exactitude de leurs élèves, de leur zèle et de leur désir de
s'instruire. Néanmoins, comme partout, il en est toujours
quelques-uns qui négligent de mettre à profit les occasions
nombreuses qu'on leur offre, et le moment arrive où ils sont
forcés de se présenter devant leurs juges, s'ils veulent obtenir
le grade qui doit être leur ambition. Ils sentent alors, mais
un peu tard, que la science ne peut s'acquérir que par un
travail continu et assidu, et qu'on ne rattrape pas facilement
le temps perdu.
ENSEIGNEMENT PRATIQUE. (Cliniques, laboratoires, conférences.)
Dans le courant de l’année universitaire écoulée, nous
avons eu l'espoir de voir nos cliniques agrandies, perfec-
tionnées et ouvertes à un plus grand nombre de malades, Ce
nombre devait pouvoir
être porté au
double.
En
effet, des
plans d'organisation nouvelle et d'amélioration, mûrement
étudiés et définitivement arrêtés par la Faculté, avaient traversé sans encombre la filière des commissions qui ont eu à
les examiner et à les approuver, jusqu'au Conseil municipal.
Là ont surgi de nouvelles propositions de la part de la majorité des membres du conseil. Après avoir pris connaissance
des voies et moyens pour opérer les changements projetés et
avoir reconnu que la dépense se montait à une somme impor:
48
SÉANCE DE RENTRÉE,
tante, la majorité a pensé
qu'à ce prix, ou en ajoutant quel-
ques nouveaux sacrifices, il serait possible de réaliser un
projet de construction d’un grand hôpital, fait déjà avant la
guerre de 1870.
La Commission des hospices possède dans l’ancien faubourg
Saint-Pierre, aujourd’hui rue de Strasbourg, à 150 mètres en-
viron de la porte Saint-Nicolas, un vaste terrain sur lequei
on avait fait le projet de construire cet édifice.
Une
commission
mixte renfermant
des membres
du Con-
seil municipal, de la Commission administrative des hospices,
du Comité d'hygiène du département, et de la Faculté de
médecine, fut instituée et se réunit un certain nombre de
fois sous la présidence de M. le Maire, pour discuter l’oppor-
tunité de ce changement.
Malgré des oppositions fortement motivées, la majorité de
cette commission mixte arrêta que l'on donnerait suite à
l'ancien projet de construction d’un hôpital général, c'est-àdire d’un hôpital grandiose, destiné à recevoir des malades
de toutes les catégories, hormis les aliénés. En ce moment on
dresse les plans de ce gigantesque monument, de cette espèce d'Hôtel-Dieu. Les anciens hôpitaux resteront en attendant dans l’état où nous les avons trouvés en arrivant, et
dont nous avons tant de fois demandé les modifications né-
cessaires pour l'instruction de nos élèves et l'avantage des
malades.
Le Conseil général du département, sur la demande que
nous avons adressée à M. le Préfet, a modifié dans ün sens
plus large l'admission de malades dont l'affection peut intéresser les cliniciens. En principe, on pourra faire entrer
aujourd’hui dans les cliniques de Saint-Charles et de SaintLéon des malades venant n'importe de quel pays, pourvu
que, par des certificats délivrés par les autorités compétentes,
il soit reconnu que ces malades sont indigents, et que l’affection dont ils sont atteints peut servir à l'instruction des étudiants. À cet effet, M. le Préfet a adressé à MM. les maires
FACULTÉ
DE
MÉDECINE.
49
de son département et publié par les journaux une instruction dans laquelle sont parfaitement résumés les conditions
et le mode d'admission. Un de nos desiderata les plus importants se trouve ainsi résolu à la satisfaction de tous les intéressés.
L'hôpital de Secours (départemental)
est toujours ouvert
librement à nos élèves. Une salle spéciale pour les maladies propres aux femmes est mise à notre disposition cette
année, ce qui améliorera encore les conditions hygiéniques
de la Maternité proprement dite, et facilitera un enseignement jusqu'ici particulier à la Faculté de Nancy.
Il ne reste plus qu’à organiser certains services spéciaux
de la maison, pour les mettre à même d’être fréquentés d'une
manière plus régulière par les étudiants. Déjà un de nos
professeurs adjoints (M. Béchet) y a ouvert ses salles à nos
étudiants de 4° année, et s'ils ne s’y présentent pas en plus
grand nombre, cela tient uniquement à l'éloignement de
l'hôpital et aux occupations pratiques de la plupart de ceux
de nos élèves qui sont arrivés à la dernière année de leurs
études, et qui seuls sont autorisés à fréquenter ces cliniques.
Un décret du 20 août dernier institue des cours annexes de
clinique, consacrés à l’enseignement des spécialités médicales
et chirurgicales dans les Facultés de l'État où les chaires
magistrales sur les mêmes sujets n’ont pas été précédemment
créées. Parmi ces cours, plusieurs
existent déjà à notre Fa-
culté, qui a été la première qui possédât, par exemple, une
clinique ophthalmologique, laquelle fonctionne depuis plusieurs années à l'hôpital Saint-Charles.
M. Monoyer, récemment appelé à la Faculté de médecine
de Lyon comme professeur de physique, était chargé de cette
spécialité. Ce savant collègue sera difficile à remplacer. Nous
ne désespérons nullement toutefois de lui trouver bientôt un
successeur, qui pourra lutter habilement avec les nombreux
spécialistes étrangers auxquels le public s'adresse trop souvent,
de préférence aux indigènes, qui n’ont cependant ni moins
FACULTÉS
4
50
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
d'instruction, ni moins d'adresse que ceux que nos pauvres
infirmes visitent de préférence.
Les maladies mentales, qui sont également comprises dans
cette création nouvelle de cours annexes, ont été enseignées
l’année dernière à notre Faculté, théoriquement et cliniquement, par un de nos compatriotes annexés, médecin en chef à
l’hospice de Maréville.
M. le D' Christian a répondu promptement à notre appel.
Les autorisations
nécessaires
ne se sont pas
L'hospice de Maréville à été généreusement
fait attendre.
ouvert pour
nous par les autorités compétentes. Il est inutile de dire
que les visites des élèves ont été entourées de toute la discrétion que commandent le local et les malades de la catégorie de ceux qui sont renfermés dans les asiles d’aliénés;
aussi ont-elles passé presque inaperçues.
Des leçons théoriques étaient en outre
données
dans un
des amphithéâtres de la Faculté, et cet enseignement a été
suivi avec assiduité et avec le plus grand intérêt par les plus
avancés de nos étudiants,
Nous remercions publiquement M. le D' Christian du con-
cours qu’il nous a prêté, et qu’il est tout disposé à nous continuer.
Un autre enseignement qui figure dans le décret parmi
les cours annexes, est celui des maladies des enfants. Le pro-
fesseur du cours (théorique) d’accouchements est chargé en
même temps de l’enseignement des maladies des enfants, mais
il n'existe pas encore de clinique de ce genre à notre Faculté.
À plusieurs reprises nous avons essayé d'en créer une, mais
nous nous sommes heurtés contre certaines difficultés, qui pouvaient cependant être facilement levées, et qui le seront certainement dans un prochain avenir; car l’article 5 du décret
dont il est question dans ce moment, dit que « des services
spéciaux seront mis à la disposition de la Faculté par les
soins de l'administration hospitalière ».
Les travaux pratiques ont été poursuivis avec zèle et assi-
|
FACULTÉ
DE MÉDECINE,
51
duité. En tête de ces travaux se trouvent ceux d'anatomie.
Les élèves y mettent beaucoup plus d’ardeur qu'autrefois;
aussi les examens subis sur cette matière deviennent-ils
beaucoup meilleurs. Les moyens
pas pour le nombre
d'élèves
nécessaires ne manquent
qui fréquentent notre Faculté.
Surveillés et guidés par un chef des travaux instruit, il ne
tient plus qu’à eux de bien profiter des occasions qu’on met
à leur disposition.
À l'anatomie se rattache l’histologie. Tous les jours nos
élèves ont l’occasion de s'instruire dans cette spécialité. La
Faculté se procure les instruments les plus parfaits, nécessaires à cet effet, et un chargé de cours spécial enseigne
cette branche délicate d'anatomie générale.
MM. les professeurs Rameaux et Tourdes continuent
d'exercer pratiquement leurs élèves en dehors de leurs leçons
théoriques. M. Beaunis, professeur de physiologie, possède un
laboratoire pratique
où il réunit ses élèves, tellement nom-
breux qu’il ne peut les admettre
que par séries. M. Feltz,
professeur d'anatomie et de physiologie pathologique procède
de la même façon.
Le plus important et le mieux organisé de ces laboratoires
est celui de chimie, que les élèves de première et de seconde
année fréquentent avec une assiduité exemplaire. Ils en profiteront plus encore que les années précédentes, parce que la
théorie et la pratique sont enseignées aujourd'hui
même maître.
L'année dernière nous avons dit qu’une source
tion pratique importante était restée dans l'ombre
culté, les conférences; que ces conférences étaient
et conseillées, mais seulement facultatives; que
par le
d’instrucà notre Faautorisées
le Ministre
de la guerre eu faisait profiter autrefois ses élèves de l'É-
cole de Strasbourg, en les obligeant à les suivre.
C'est par un décret du 22 août 1854 que ces conférences
ont été instituées: Un arrêté ministériel récent (du 5 novembre) réglemente à nouveau cette institution et, d’oné-
52
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
reuse qu’elle était, la rend complétement libre. C’est, nous
ne craignons pas de le répéter, une
des sources les meil-
leures d’une solide instruction et d’une bonne préparation aux
examens. Déjà plusieurs de nos collègues font des conférences libres, en dehors de leur enseignement obligatoire;
plusieurs de nos agrégés
sont chargés
de répétitions qui ne
sont autre chose que des conférences pratiques. Nous n'avons
donc pas grand'chose à ajouter à ce qui se fait chez nous
depuis longtemps.
Une autre institution nouvelle, utile et généreuse, qui part
de l'initiative du Corps législatif, est celle des bourses accordées aux Facultés, et particulièrement à celles des départe-
ments. Cette institution existe depuis longtemps dans quel-
ques pays étrangers,
en Allemagne
entre autres, où elle
facilite singulièrement les études de certains élèves dont les
familles sont dans la gêne. Elles seront mises au concours,
ce qui donnera un caractère plus relevé encore à l'institution. Les Facultés de médecine sont surtout en position de
profiter de cette mesure nouvelle.
BIBLIOTHÈQUE ET COLLECTIONS.
.
Notre bibliothèque a encore vu augmenter ses richesses
d'une manière
notable
cette année, au moyen
des sommes
inscrites au budget, de subventions particulières et d'envois
directs de livres par le Gouvernement. Un nouveau don très-
important nous est annoncé, c’est celui d’un ancien élève de
la Faculté de Strasbourg, le docteur Colin-Bouligny (1), praticien à Nancy, qui, avant de mourir, a eu la généreuse
pensée de nous abandonner sa bibliothèque et sa collection
d'instruments. Cette bibliothèque compte plus de 800 volumes. À la vérité, la plupart des ouvrages qu’ils repré(1) Le docteur Colin a été reçu à Strasbourg en 1831. C’est son neveu, le colonel Bouligny, du 4e cuirassiers, qui nous a fait la remise de la Bibliothèque de
son oncle. Le père de M. Golin était sécrétaire général du département
Meurthe.
de la
FACULTÉ
DE
MÉDECINE,
53
sentent existent déjà dans la nôtre, mais ils pourront donner
lieu à des échanges avantageux.
La collection d'instruments de toute sorte a également
reçu des augmentations. Les musées, pour les raisons plusieurs fois indiquées, ne se garnissent que lentement.
On est occupé à dresser les inventaires et les catalogues
de toutes
patience.
les collections, c'est un ouvrage
de temps et de
En terminant ce rapport, qui ne mentionne que les choses
essentielles et les plus techniques, nous
croyons pouvoir dé-
clarer que la prospérité de notre Faculté est assurée, et que
son importance ne sera surpassée par aucune autre de la province, si tous les pouvoirs. qui peuvent y contribuer y travaillent avec la même bonne volonté, le même zèle que les
fonctionnaires qui sont chargés de l’enseignement théorique
et pratique.
PUBLICATIONS
DES
MEMBRES
DE LA FACULTÉ
PENDANT
PUBLICATIONS
L'ANNÉE
DE
M,
SCOLAIRE
LE
DE MÉDECINE
1876-1877.
PROFESSEUR
TOURDES
1876-1877,
1° Rapport sur les thèses soutenues devant la Facullé de médecine de
Nancy pendant l'année scolaire 1875-1876.
26 Rapport sur le projet de reconstruction des hospices civils de la ville
de Nancy. (Nancy, 1877.)
30 Article SanG (Médecine légale), (In Dictionnaire encyclopédique des
sciences médicales, Paris, 1877.)
‘
PUBLICATIONS
DE
M.
LE
PROFESSEUR
MICHEL
1876-1877.
1° Mémoire sur l’extirpation de la grenouillette. (Gaz, heb. 1877.)
2° Article de 100 pages sur l’ŒÆsophage et ses maladies. (Dictionnaire
des sciences médicales de Dechambre, avec recherches nouvelles inédites
sur le développement du conduit œæsophagien chez l'homme.)
PUBLICATIONS
DE
M.
LE
PROFESSEUR
SIMONIN
1876-1877.
1° Rapport sur le service départemental de l'assistance médicale et de
la vaccine de Meurthe-et-Moselle, pendant l'exercice 1876, lu en séance
du comité central d'assistance médicale et de vaccine, le 235 mai 1877 —
29e rapport de l'auteur sur l'Assisfance médicale. — 345 rapport sur le
Service de la vaccine,
1871.)
2° De l'Emploi de l'éther sulfurique et du chloroforme à la clinique chirurgicale de Nancy, (Tome deuxième; 2° partie, 45 livraison ; pages 525 à
921. 1877.)
3° Discours du président de l'Association des médecins de Meurthe-etMoselle, ]u en séance générale Le 19 juillet 1877,
FACULTÉ
PUBLICATIONS
DE
DE
M.
MÉDECINE.
LE
55
PROFESSEUR
HRRRGOTT
1876-1877.
Le Spondylizème
ou
affaissement
vertébral,
suite
du mal vertébral de
Poté, cause nouvelle d'altération pelvienne, comparé à la spondylolisthésis ou glissement vertébral, (Publié dans les Archives de tocologie et les
Anuales de gynœæcologie; in-8°, 74 pages avec 7 figures. Mars 1877.)
PUBLICATIONS
DE
M.
LE
PROFESSEUR
FELTZ
1876-1877.
Expériences démontrant qu'il n'y a pas dans le sang putréfié toxique
des ferments solubles auxquels on puisse attribuer la toxicité de ce liquide.
(Comptes rendus de l'Institut, 16 avril 1877.)
Expériences démontrant que la toxicité du sang putréfé tient aux ferments organisés. (Gomptes rendus de l'institut, 16 avril 1877.)
Expériences concernant les rapports des eaux d'égout avec la fièvre
typhoide. (Gazette hebdomadaire, 30 mars 1877.)
Expériences démontrant que la septicité du sang putréfié réside dans
les ferments organisés et non dans un ferment diastasique ou virus liquide ou solide. (Comptes rendus du 4 juin 1877.)
Expériences démontrant que ni l'air ni l'oxygène comprimé à hautes
tensions ne détruisent la septicité du sang putréfié. (Comptes rendus du
16 juillet 1877.)
Expériences
septicité du
démontrant
sang putréfié,
que
ni
le chloroforme
sur
n'a aucune action sur la
les vibrioniens
y contenus,
(Comptes
rendus du 30 juillet 1877.)
Mémoire sur la régénération des os dans l'évidement ct les résections
complètes de l'os et du périoste. (Journal de l'anatomie, de Robin, n° 4.)
EN
COLLABORATION
AVEC
M.
RITTER
:
1® prix de médecine et de chirurgie à l'Académie des sciences pour
les mémoires suivants :
1° Action des sels biliaires sur l'économie. (Journal de Robin.)
Des Dérivés des acides biliaires, des matières colorantes et de La choles-
térine de la bile sur l'économie. (Journal de Robin.)
|
De la Ligature du canal cholédoque et parallèle entre les donnees expérimentales et les données chimiques. (Journal de Robin.)
De l'Apparition des sels biliaires dans le sang et les urines délerminée
par certaines formes d'empoisonnement. (Journal de Robin.)
2° Recherches
expérimentales
duite dans le sang et dans
28 juin 1876.)
sur
l'action de
l'estomac.
la fuchsine pure
intro-
(Comptes rendus de l'Institut
du
56
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
Recherches expérimentales sur les accidents immédiats déterminés par
l'injection de la fuchsine dans le sang. (Gomptes rendus de l'Institut du
5 février 1877.)
De l'Action du sulfate de cuivre sur l'organisme. (Comptes rendus de
l'Institut du 25 février 1877.)
à
De l'Action de l'acétate de cuivre sur l'organisme: (Comptes rendus de
l'Institut du 12 mars 1877.)
De l'Albuminate de cuivre injecté dans le sang et dans l'estomac.
(Comptes rendus de l'Institut du 9 juin 1877.)
PUBLICATIONS
DE
M.
LE
PROFESSEUR
RITTER
1876-1877.
Des vins colorés par.la fuchsine et des moyens employés pour les reconnaître. (3e édition, revue et augmentée, avec planche.)
Sur la composition chimique de la bile humaïne. (In Bulletin de la
Société des sciences de Nancy, tome Il.)
Sur les glucoses arsénicales du commerce. (In Bulletin de la Société des
sciences de Nancy.)
Sur la composition de certains laits de vache. (Gazetie médisale de
Est.)
EN
COLLABORATION
AVEC
M.
FELTZ
:
1% prix de médecine et de chirurgie à l'Académie des sciences pour
les mémoires suivants :
1° Action des sels biliaires sur l'économie. (Journal de Robin.)
Action des dérivés des acides biliaires, des matières colorantes et de la
chotestérine sur l'économie. (Journal de Robin.)
De l'Apparilion des sels biliaires dans le sang et les urines déterminée
par certaines formes d'empaisonnement. (Journal de Robin.)
De la Ligature du canal cholédogue et parallèle entre les données expérimentales et les données chimiques. (Journal de Robin.)
°
20 Recherches expérimentales sur l'action de la fuchsine pure introduite dans le sang et dans l'estomac. (Comptes rendus de l’Institut du
28 juin 1876.)
Recherches expérimentales sur les accidents immédiats déterminés par
l'injection de la fuchsine dans le sang. (Comptes rendus de l'institut du
5 février 1877.)
De l'Action du sulfate de cuivre sur l'organisme. (Comptes rendus de
l'institut du 25 février 1877.)
De l'Action de l'acétate de cuivre sur l'organisme. (Gomptes rendus de
l'institut du 12 mars 1877.)
De
l'Albuminate
de
cuivre
injecté
dans
{Comptes rendus de l'Institut du 9 juin 1877.)
le
sang
et
dans
l'estomac-
FACULTÉ
DE
PUBLICATIONS
MÉDECINE.
DE
M.
57
POINCARÉ
PROFESSEUR ADJOINT
1876-1877.
1° Un article sur l'Anafomie normale et pathologique de Ta glande thyroïde. (Journal de l'anatomie et de la physiologie normales et pathologiques
de l'homme et des animaux, numéro de mars 1877.)
2° Le Système nerveux central au point de vue normal ef pathologique.
(Deuxième
édition
mise au courant
des travaux les
plus
récents,
accom-
pagnée de figures intercalées dans le texte; deux volumes de 400 pages
in-8°. Paris, J.-B, Baillière et fils.)
3° Recherches sur l'anatomie pathologique el la nature de la paralysie
générale, (Un volume in-8° de 800 pages. Paris, Masson.)
PUBLICATIONS
DE
PROFESSEUR
M.
LALLEMENT
ADJOINT
1876-1877.
1° Compte rendu des actes de l'Association des médecins de Meurthe-etMoselle.
20 Rapport sur la question des hôpitaux (exposé et plans). Présenté au
Conseil municipal de Nancy le 3 janvier 1877.
3° Rapport du service médical de la Société de prévoyance et de secours
mutuels de Nancy.
PUBLICATIONS
DE
M.
GROSS
AGRÉGÉ
1876-1847.
1° Arthrites tarso-tarsiennes el tarso-métatarsiennes, amputation de
Pirogof, guérison. (Observation communiquée à la Société de médecine de
Nancy, séance du ?8 juillet 1877. In Revue médicale de l'Est, t. VI, p.275.)
2° Rapport sur
l'avant-projet d'agrandissement de l'hôpital Saint-Léon.
(Présenté à la Faculté de médecine dans sa séance du 14 juillet 1876.)
8° Agrandissement des hôpitaux de Nancy. (In Revue médicale de l'Est,
t. VI, p. 289 et 353.)
4° La
Question
t, VIL, p. 189.)
des hôpitaux
5° Clinique et hépitauæ. (In
6° Analyse du rapport de M.
hôpitaux de la ville de Nancy.
et t. VIN, p. 1.)
T Le Thermo-cautère de
séances du 26 novembre
de Nancy.
(In Revue
médicale
de l'Est,
Revue médicale de l'Est, t, VIE, p. 257.)
Tourdes sur le projet de reconstruction des
(In Revue médicale de l'Est, t. VIL, p. 353,
(Société de
médecine
de Nancy,
1876 et du 12 juillet 1877,
Paguelin.
et Société
des scien-
ces, séance du 6 novembre 1876. In Revue médicale de l'Est, t. VI, p. 379;
t. VI, p. 54, et t. VI, p. 76.)
56
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
Recherches expérimentales sur les accidents immédiats déterminés par
l'injection de la fuchsine dans le sang, (Comptes rendus de l'Institut du
5 février 1877.)
De l'Action du sulfate de cuivre sur l'organisme. (Comptes rendus de
l'Institut du 25 février 1877.)
De l'Action de l'acétate de cuivre sur l'organisme: (Comptes rendus de
l'institut du 12 mars 1877.)
De l’Albuminate de cuivre injecté dans le sang et dans l'estomac.
(Comptes rendus de l'institut du 9 juin 1877.)
PUBLICATIONS
DE
M.
LE
PROFESSEUR
RITTER
1876-1877.
Des vins colorés par.la fuchsine et des moyens employés pour les reconnaître. (3° édition, revue et augmentée, avec planche.)
Sur la composition chimique de la bile humaïne. (In Bulletin de la
Société des sciences de Nancy, tome Il.)
Sur les glucoses arsénicales du commerce. (In Bulletin de la Société des
sciences de Nancy.)
Sur la composition de certains laits de vache. (Gazette médisale de
l'Est.)
EN
COLLABORATION
AVEC
M.
FELTZ
:
1% prix de médecine et de chirurgie à l'Académie des sciences pour
les mémoires suivants :
1° Action des sels biliaires sur l'économie. (Journal de Robin.)
Action
des dérivés des acides biliaires,
des matières
colorantes et de la
cholestérine sur l'économie. (Journal de Robin.)
De l'Apparition des sels biliaires dans le sang et les urines déterminée
par certaines formes d'empoisonnement. (Journal de Robin.)
De la Ligature du canal cholédoque et parallèle entre les données expérimeniales et les données chimiques. (Journal de Robin.)
29 Recherches expérimentales sur l'action de la fuchsine pure introduite dans le sang et dans l'estomac. (Comptes rendus de l'institut du
28 juin 1876.)
Recherches expérimentales sur les accidents immédiats déterminés par
l'injection de la fuchsine dans le sang. (Comptes rendus de l'Institut du
5 février 1877.)
De l'Action du sulfate de cuivre sur l'organisme. (Comptes rendus de,
l'Institut du 25 février 1877.)
De l'Action de l'acétate de cuivre sur l'organisme. (Comptes rendus de
l'Institut du 12 mars 1877.)
De
l'Albuminate
de
cuivre
injecté
dans
(Comptes rendus de l'Institut du 9 juin 1877.)
le
sang
et
dans
l'estomac-
FACULTÉ DE MÉDECINE,
PUBLICATIONS
DE
PROFESSEUR
M.
57
POINCARÉ
ADJOINT
1876-1877.
1° Un article sur l'Anafomie normale et pathologique de la glande thy-
roïde. (Journal de l'anatomie et de la physiologie normales et pathologiques
de l'homme et des animaux, numéro de mars 1877.)
2° Le Système
herveux central au point de vue normal et pathologique.
(Deuxième édition mise au courant des travaux les plus récents, accompagnée de figures intercalées dans le texte; deux volumes de 400 pages
in-8°. Paris, J.-B. Baillière et fils.)
8° Recherches sur l'anatomie pathologique et le nature de la paralysie
générale. (Un volume in-8° de 800 pages. Paris, Masson.)
PUBLICATIONS
DE
PROFESSEUR
M.
LALLEMENT
ADJOINT
1876-1877.
1° Compte rendu des actes de l'Association des médecins de Meurthe-etMoselle.
2° Rapport sur la question des hôpitaux (exposé et plans). Présenté au
Conseil municipal de Nancy le 8 janvier 1877.
3° Rapport du service médical de la Société de prévoyance et de secours
mutuels de Nancy.
PUBLICATIONS
DE
M,
GROSS
AGRÉGÉ
1876-1877.
19 Arthriles larso-barsiennes et tarso-métatarsiennes, amputation de
Pirogof, guérison. (Observation communiquée à la Société de médecine de
Nancy, séance du 28 juillet 1877. In Revue médicale de l'Est, t. VE, p.275.)
2° Rapport sur l'avant-projei d'agrandissement de l'hôpital Saïnt-Léon.
(Présenté à la Faculté de médecine dans sa séance du 14 juillet 1876.)
8° Agrandissement des hôpitaux de Nancy. (In Revue médicale de l'Est,
t. VE p. 289 et 353.)
—
4 La Question des hôpitaux de Nancy. (In Revue médicale de l'Est,
. VIE, p. 189.)
5° Clinique et hôpitaux. (In Revue médicale de l'Est, {. VII, p. 257.)
6° Analyse du rapport de M. Tourdes sur le projet de reconstruction des
hôpitaux de la ville de Nancy. (In Revue médicale de l'Est, t. VIL, p. 353,
et t. VIH, p. 1.)
1 Le Thermo-cautère de Paquelin. (Société de médecine de Nancy,
séances du 26 novembre 1876 et du 12 juillet 1877, et Société des sciences, séance du 6 novembre 1876, Zn Revue médicale de l'Est, t. VI, p. 379;
t. VIE, p. 54, et t. VILL, p. 76.)
58
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
8° Les Monstres doubles parasttaires épigastriques ou hétérotypiens et
la séparation des monstres doubles en général. (Revue médicale de l'Est,
t. VIE p. 166, 286, 270, tiré à part.)
99 Observation de fracture de la première vertèbre lombaire. (Gommuniquée à la Société de médecine, séance du 24 janvier 1877. In Revue
médicale de l'Est, t. VIX, p. 153.)
10° Observation de luxation complète du tibia en arrière produite par
la rétraction cicatricielle. {Communiquée à la Société de médecine, séance
du 24 janvier 1877. In Revue médicale de l'Est, t. VEL, p. 154.)
11° La Fébricule typhoide et la fièvre typhoïde au faubourg des TroisMaisons, à Nancy. (Société de médecine de Nancy, séance du 28 février
1877, et Revue médicale de FEst, t. VIX, p. 161 et 247.)
12° Les Avantages des trépanations immédiates et hétives. (Note présentée à l'Académie des sciences dans sa séance du 9 juillet (877. 72 Revue médicale de l'Est, t, VIT, p. 129.)
13° Les Pieds bots. (Leçons de clinique professées à l'hôpital Saint-Léon,
de Nancy. 7x Revue médicale de l'Est, t, VIIL p. 170, 208 et 233.)
14° Bulletins. Revues et analyses bibliographiques diverses, (In Revue
médicale de l'Est.)
RAPPORT
DE
M.
LE
DOYEN
MONSIEUR
DE
LA
FACULTÉ
DES
SCIENCES.
LE RECTEUR,
MESSIEURS,
I y a quelques jours à peine, notre excellent collègue, M. le
doyen Renard, dont la santé, ébranlée par le travail, nécessitait déjà bien des ménagements, à été doublement frappé
dans ses plus chères affections, par des coups aussi cruels
que précipités.
Cédant à la nécessité, il a dû suspendre ses lecons pen-
dant
nous
dans
tant
le
en
la
de
semestre qui va s'ouvrir. Un repos de quelques mois,
avons le ferme espoir, lui permettra de remonter
chaire qu'il occupe, depuis 25 ans bientôt, avec auzèle que de talent. Il retrouvera dans le travail, ce
grand consolateur, quelque adoucissement à la profonde douleur qui l’accable, douleur à laquelle s'associent de tout
cœur et ses collègues et ses nombreux amis.
Honoré, à la fois, par la confiance de mes collègues et par
la bienveillance de M. le Recteur de l’Académie, j'ai accepté, au refus de plus dignes que moi, la mission temporaire
que m'a confiée M. le Ministre de l'instruction publique.
60
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
La parfaite communauté d'idées, l’affectueuse estime qui
unissent les membres de la Faculté des sciences, allégeront,
j'en ai la certitude, la tâche qui m'incombe.
Cette tâche, je m'efforcerai de la remplir de mon mieux,
jusqu'au jour prochain, c’est notre vœu à tous, où notre cher
doyen viendra reprendre le poste pour lequel l'avaient désigné, l'an dernier, les suffrages unanimes de la Faculté.
Ce ne sera point, je vous l'assure, Messieurs, user d’une
précaution oratoire,
que de vous confesser l'embarras où
m'a placé l’obligation de préparer, dans un très-bref délai,
le rapport d'usage sur le développement, sur les actes et sur
les travaux de la Faculté des sciences pendant lannée
écoulée. J'ai cherché à pallier mon inexpérience par la concision; à défaut d'autres mérites, ce rapport sera court : per-
mettez-moi d'espérer qu'il aura, par là, un titre à votre bienveillante attention.
L'année 1877 occupera une place exceptionnelle dans les
annales de l’Université française. Sous l'inspiration d’un
Ministre dont le libéralisme s’est justement acquis la reconnaissance de l’Université tout entière, les représentants de la
nation, comprenant l'intérêt de premier ordre qui s’attache
au développement de l'instruction, donnée par l'État, à tous
les degrés, ont augmenté, dans des proportions jusqu'ici in-
connues, les ressources du département de l'instruction publique.
Le budget de 1876 s'élevait à 44,912,545 fr.; le vote des
Chambres l'a porté, pour l'exercice 1877, à 56,628,762 fr.,
soit une augmentation de 11,716,217 fr.
Dans cette augmentation, la part de l’enseignement supérieur est fixée à près de 4 millions (1), dont
applicables aux Facultés.
3,475,300 fr.
C’est à la libérale initiative de
M. le ministre Waddington, qui a rencontré dans le concours
éclairé de la Chambre des députés et du Sénat les moyens
(1) 3,953,650 fr.
FACULTÉ
DES
SCIENCES.
Gi
de réaliser ses vues généreuses, que l’enseignement supérieur est redevable des améliorations les plus considéra-
bles qui aient été, depuis longtemps, apportées à son organi-
sation, Les membres
jamais.
du haut enseignement ne l'oublieront
J'arrive, Messieurs, à la part faite à la Faculté des sciences
dans cet accroissement du budget de l'instruction publique,
qui, sans combler toutes les lacunes de notre enseignement
supérieur, en a, cependant, amélioré singulièrement la situation.
Joignant son concours dévoué à celui de l'État, l'intelli-
gente et libérale municipalité de Nancy nous a permis, vous
allez le voir, de réaliser, pour l’année scolaire que nous inaugurons, d'importantes adjonctions aux moyens d'instruction
offerts par la Faculté à la jeunesse studieuse.
I. — PERSONNEL DE LA FACULTÉ.
Avant de vous entretenir des modifications survenues dans
le personnel de la Faculté, permettez-moi, Messieurs,
de té-
moigner publiquement le vif plaisir que nous a causé le
choix fait par l’Académie des sciences, dans sa séance du
2 juillet dernier.
Ratifiant la haute estime des naturalistes français et étran-
gers pour les travaux de notre savant doyen honoraire, l’'Académie a conféré à M. Godron le titre de correspondant de
la section de botanique, en remplacement de M. Lestiboudois. Cette haute
titut à l’homme
égale
le
marque de distinction, accordée par l'Ins-
bienveillant et aimable dont la modestie
savoir, a trouvé l'accueil le plus sympathique
à
la Faculté des sciences, dans le corps enseignant et dans la
population de la ville de Nancy, où le nom de M. Godron
est connu, aimé et respecté de tous depuis un demi-siècle
bientôt.
L'an dernier, à pareille époque, M. le doyen Renard sou-
62
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
haïtait la bienvenue à notre jeune collègue M. Bichat, dont le
talent, connu
de quelques-uns
heureux présage.
d'entre nous, était du plus
L'événement n’a pas trompé notre attente.
Le cours de physique, porté dès le premier jour et main-
tenu jusqu’à la fin à la hauteur où
doit toujours demeu-
rer l’enseignement supérieur, sous peine de faillir à sa mission, a obtenu un succès qui ne s’est pas démenti un seul
instant. Professeur élégant, animé avant tout du désir d’instruire ses auditeurs, sachant être clair sans reculer devant
l'aridité apparente d'une exposition technique, M. Bichat a
réussi à grouper autour de sa chaire un auditoire sérieux,
quoique nombreux; il nous prépare des candidats distingués
à la licence. En un mot, il justifie pleinement les espé-
rances de la Faculté et la satisfaction qu’elle a éprouvée à
voir placer en ses mains l'important enseignement qui lui est
dévolu.
Lorsque l'agrandissement indispensable des locaux affectés à cette chaire permettra à M. Bichat de reprendre ses
travaux et d'y associer quelques élèves sous sa direction,
l’organisation de l’enseignement de la physique ne laissera
rien à désirer.
L'un des premiers effets de l'augmentation du budget de
l'instruction publique a été, pour notre Faculté, l'institution
définitive d'une chaire de botanique. Que M. le Recteur me
permette de lui adresser ici l'expression de notre gratitude
pour la part active qu'il a prise à la réalisation d’un vœu
formé depuis longtemps, et, à plusieurs reprises, renouvelé
par la Faculté et par le Conseil académique. La chaire de
botanique a été créée Le 1* mars 1877, et M. Le Monnier a
été appelé à la remplir, à titre de chargé du cours, par arrêté
ministériel en date du 20 du même mois.
M. Le Monnier, ancien élève et préparateur de M. Van
Tieghem à l’École normale supérieure, chargé successive-
ment du cours de botanique et de zoologie près les Facultés
FACULTÉ
DES
SCIENCES,
68
de Besançon et de Poitiers, appartient, comme
M.
Bichat, à
cette génération de jeunes savants formés dans les laboratoires des Sainte-Claire-Deville, des Pasteur, des Claude
Bernard, etc.
Esprit élevé, observateur sagace, il a puisé dans le commerce de ces maîtres illustres, avec l'amour désintéressé de
la science, l’art d'exposer avec clarté, précision et élégance
l'état d'une science dont la méthode expérimentale a, de
notre temps, singulièrement élargi les horizons.
Les débuts de M. Le Monnier à la Faculté des sciences
ont été des meilleurs: l'institution de la chaire de botanique
comble donc, de la façon la plus heureuse, la lacune
présentait l’enseignement des sciences naturelles.
que
La création de deux places de préparateurs pour le cours
de chimie et de physiologie appliquées à l’agriculture et pour
celui de botanique, a donné satisfaction au désir plusieurs
fois exprimé
par la Faculté et appuyé
auprès de l'Administration supérieure (1).
par M. le Recteur
Enfin, Messieurs, la Faculté des sciences espère que, dans
un avenir très-prochain, la nomination de maîtres de conférences de chimie, de paléontologie, d'astronomie et d'anatomie
comparée viendra compléter son organisation et rendre plus
facile et plus fructueuse, pour les élèves inscrits à un cours,
la préparation à la licence des divers ordres.
IE. —
INSTALLATIONS SCIENTIFIQUES. -— COLLECTIONS.
LABORATOIRES.
—
Jusqu'à ce jour, un seul service, celui de la chimie générale, possédait à peu près les ressources nécessaires, sous le
rapport des locaux, tant pour les travaux du professeur que
(1) M. H. Grandeau, bachelier ès lettres et ès sciences, a été nommé préparateur
du cours de chimie agricole, par arrêté du 23 février 1877.
M. Lemaire, licencié ès sciences naturelles, à été nommé préparateur du cours
de botanique, par arrêté du 27 octobre 1877.
64
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
pour l'instruction pratique des élèves. La Faculté m'a confié
le soin de vous exposer ses desiderata.
L'installation de la physique laisse à désirer; la salle de
collection est beaucoup trop exiguë; les instruments ne peuvent y être convenablement disposés pour l'étude et pour
l'entretien des appareils. Le laboratoire proprement dit fait
défaut, car on ne saurait considérer comme tel, les deux
petites pièces qui en tiennent lieu, jusqu’à présent, d’une
manière tout à fait insuffisante (1).
Le professeur de chimie agricole ne possède aucun local
spécialement affecté à son enseignement;
il est obligé, pour
le cours et pour les manipulations, de recourir à l'hospitalité
que lui offre le professeur de chimie générale.
Le professeur de géologie et de minéralogie n’a à sa dis-
position qu'une seule pièce servant à la fois de cabinet au
directeur du Musée, de salle de préparation et de réparation
des objets de collection, de laboratoire et de cabinet de travail pour le professeur, pour le préparateur et pour les élèves (2). La Faculté renouvelle instamment le vœu, tant de
fois formulé par elle, relativement à l’agrandissement des
salles de collections
d’histoire
naturelle, absolument insufh-
santes pour les besoins de l’enseignement, dans l'état actuel,
et réclame, en outre, la création d’un laboratoire de géologie
et de minéralogie, affecté aux conférences et aux manipula-
tions des candidats à la licence.
Les chaires de zoologie et de botanique seront pourvues,
dès la rentrée, d'installations convenables, permettant aux
professeurs de faire travailler sous leurs yeux les jeunes gens
inscrits à leurs conférences (2).
L'Administration municipale de Nancy, dont le concours
est acquis d'avance aux améliorations que réclame l'instruc(1) 8 candidats à la licence
les manipulations.
ès sciences physiques
suivent
les conférences
et
(2) 10 candidats à la licence ès sciences sont inscrits aux conférences de miné-
ralogie, géologie, zoologie et botanique,
FACULTÉ
DES
SCIENCES.
65
tion publique à tous ses degrés, installe au Jardin des Plantes
un laboratoire destiné au professeur de botanique de la Faculté. Le Conseil municipal a, en outre, voté la moitié de la
dépense nécessaire pour la création, au palais de l’Académie,
d’un laboratoire de zoologie, le ministère de l'instruction pu-
blique ayant pris à sa charge l’autre moitié de la dépense de
construction et les frais d'achat et d'installation du mobilier.
Interprète de la Faculté des sciences, je suis heureux
d'adresser nos chaleureux remerciements à M. le sénateur-
maire de Nancy et à MM. les membres du Conseil municipal
pour le concours si efficace qu'ils nous ont prêté. Je les remercie également, par anticipation, de la libéralité avec
laquelle ils accueilleront, j'en ai la conviction, les nouvelles
demandes que leur présentera la Faculté pour mettre ses ins-
tallations au niveau des exigences de son enseignement.
III. —
SERVICE MÉTÉOROLOGIQUE.
Le service météorologique s’est fait régulièrement, comme
par le passé, à la Faculté des sciences, sous la direction de
M. le professeur Bichat, assisté de son préparateur, M. Thiéry.
Les observations recueillies au dehors par MM:
Davin, instituteur à Moriviller,
Marcrarn, instituteur à Foug,
Oxrv, instituteur à Allain,
Perente, instituteur à Moncel-sur-Seille,
Pipozor, instituteur à Maxéville,
Prersox, instituteur à Vézelise,
Turésauzr, professeur au collége de la Malgrange,
ont été régulièrement transmises, avec les résumés des observations de la Faculté, à la direction de l'Observatoire de
Paris.
Je n'aurais rien à ajouter au sujet de la météorologie, si je
ne tenais à signaler l'intérêt qu'offrirait la création à Nancy
d’un observatoire météorologique convenablement installé.
FACULTÉS
A
64
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
pour l'instruction pratique des élèves. La Faculté m'a confié
le soin de vous exposer ses desiderata.
L'installation de la physique laisse à désirer; la salle de
collection est beaucoup trop exiguë; les instruments ne peu-
vent y être convenablement
disposés pour l'étude et pour
l'entretien des appareils. Le laboratoire proprement dit fait
défaut, car on ne saurait considérer eomme tel, les deux
petites pièces qui en tiennent lieu, jusqu’à présent, d’une
manière tout à fait insuffisante (1).
Le professeur de chimie agricole ne possède aucun local
spécialement affecté à son enseignement;
il est obligé, pour
le cours et pour les manipulations, de recourir à l'hospitalité
que lui offre le professeur de chimie générale.
Le professeur de géologie et de minéralogie n’a à sa dis-
position qu'une seule pièce servant à la fois de cabinet au
directeur du Musée, de salle de préparation et de réparation
des objets de collection, de laboratoire et de cabinet de travail pour le professeur, pour le préparateur et pour les élè-
ves (2). La Faculté renouvelle instamment le vœu, tant de
fois formulé par elle, relativement à l’agrandissement des
salles de collections d'histoire naturelle, absolument insuffsantes pour les besoins de l’enseignement, dans l'état actuel,
et réclame, en outre, la création d’un laboratoire de géologie
et de minéralogie, affecté aux conférences et aux manipulations des candidats à la licence.
Les chaires de zoologie et de botanique seront pourvues,
dès la rentrée, d'installations convenables,
permettant
aux
professeurs de faire travailler sous leurs yeux les jeunes gens
inscrits à leurs conférences (2).
L’Administration municipale de Nancy, dont le concours
est acquis d'avance aux améliorations que réclame l'instruc(4) 8 candidats à la licence ès sciences physiques suivent les conférences
Îles manipulations,
et
(2) 10 candidats à la licence ès sciences sont inscrits aux conférences de minéralogie, géologie, zoologie et botanique.
FACULTÉ
DES
SCIENCES.
65
tion publique à tous ses degrés, installe au Jardin des Plantes
un laboratoire destiné au professeur de botanique de la Faculté. Le Conseil municipal a, en outre, voté la moitié de la
dépense nécessaire pour la création, au palais de l’Académie,
d’un laboratoire de zoologie, le ministère de l'instruction publique ayant pris à sa charge l’autre moitié de la dépense de
construction et les frais d'achat et d'installation du mobilier.
Interprète de la Faculté des sciences, je suis heureux
d'adresser nos chaleureux remerciements à M. le sénateurmaire de Nancy et à MM. les membres du Conseil municipal
pour le concours si efficace qu’ils nous ont prêté. Je les remercie également, par anticipation, de la libéralité avec
laquelle ils accueilleront, j'en aï la conviction, les nouvelles
demandes que leur présentera la Faculté pour mettre ses installations au niveau des exigences de son enseignement.
IIT. —
SERVICE MÉTÉOROLOGIQUE.
Le service météorologique s’est fait régulièrement, comme
par le passé, à la Faculté des sciences, sous la direction de
M. le professeur Bichat, assisté de son préparateur, M. Thiéry.
Les observations recueillies au dehors par MM:
Davin, instituteur à Moriviller,
Marcranrp, instituteur à Foug,
Oxnry, instituteur à Allain,
Parenier, instituteur à Moncel-sur-Seille,
Prpozor, instituteur à Maxéville,
Prersox, instituteur à Vézelise,
Txrésaucr, professeur au collêge de la Malgrange,
ont été régulièrement transmises, avec les résumés des observations de la Faculté, à la direction de l'Observatoire de
Paris.
Je n'aurais rien à ajouter au sujet de la météorologie, si je
ne tenais à signaler l'intérêt qu'offrirait la création à Nancy
d’un observatoire météorologique convenablement installé.
FACULTÉS
ë
66
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
L'invention récente d'appareils destinés à enregistrer au-
tomatiquement, d'une manière continue, les phénomènes atmosphériques est appelée à remplacer les observations à
heures fixes qui fournissent actuellement des résultats très-
incomplets
sur
les mouvements
de l'atmosphère, son état
calorifique, hygrométrique, électrique, ete. Nancy serait ad-
mirablement placé comme siêge d'une observation météorologique complète, La Faculté exprime
le vœu que
le Conseil
général de Meurthe-et-Moselle lui vienne en aide pour cette
création, qui rendrait à notre région éminemment agricole
des services signalés.
F
IV, — STATION
AGRONOMIQUE.
Comme par le passé, la Station agronomique
de l'Est a
continué à aider de ses conseils les cultivateurs et les éle-
veurs qui, chaque année, en plus
à elle. Il a été fait en 1877, au
455 analyses de sols, de fourrages,
dements, de vins, etc., pour le
grand nombre, s'adressent
laboratoire de la Station,
d'engrais, d'eaux, d’amencompte du public. Cinq
jeunes chimistes ont travaillé toute l’année dans le laboratoire de la Station, qui leur est ouvert gratuitement: Candidats aux grades de licenciés ès sciences physiques et naturelles, ces jeunes gens trouvent à la Station un complément
de ressources fort utile à leur instruction.
Le directeur a consacré ses vacances à visiter à nouveau
les stations agronomiques et forestières de l'Allemagne et de
la Belgique, ainsi que les Universités et les Instituts agricoles
de ces deux pays. Durant ce voyage, il a pu, comme précédemment, constater l'étendue enviable des ressources maté-
rielles dont les savants disposent en Belgique et surtout en
Allemagne. L'accueil courtois et empressé qu’il a reçu partout lui a permis de réunir un grand nombre de documents,
de plans d'installation et de renseignements divers, dont il
tirera certainement profit pour la station de Nancy et pour la
FACULTÉ
DES
SCIENCES.
67
création d’autres établissements analogues, au sujet desquels
A
il a l'honneur d'être
très fréquemment consulté (1).
V. — COLLATION DES GRADES.
1° Licence.
Licence ès sciences mathématiques. —
Deux
sont présentés à la session de novembre
candidats
se
1876. Un seul,
M. Creuzat, élève de la Faculté, a été admis avec la note
assez bien.
Deux candidats se sont également présentés à la session
de juillet 1877; un seul encore, M.Joublot, maître auxiliaire
au Lycée de Nancy, élève de la Faculté, a été reçu avec la
note assez bien,
|
Licence ès sciences physiques. — Un seul candidat s’est
présenté à la session de juillet; il a été ajourné.
Licence ès sciences naturelles. — Dans chacune des sessions
de novembre et de juillet s'est présenté un candidat. Tous
deux ont été ajournés.
En résumé, sur 7 candidats aux trois licences, deux seulement, appartenant à l’ordre des sciences mathématiques, ont
été jugés dignes du grade, par la Faculté de Naney.
La Faculté a décidé, dans sa séance du 22 mai 1877, qu’il
n'y avait pas lieu, en raison de l’insuffisance des examens de
licence, de décerner les prix dus à la libéralité du Conseil
général de Meurthe-et-Moselle et des Conseils municipaux
de Nancy et de Lunéville. Ces prix seront décernés, s’il y a
lieu, en novembre 1878.
(1) À l'occasion
Commission
de
du Concours régional de 1877,
la prime
d'honneur,
le Ministre de
sur la proposition de la
l'agriculture
a
décerné
à
M. Grandeau, directeur de la Station, un objet d'art pour ses recherches de
chimie agricole.
Le Jury des produits agricoles a décerné une médaille d'or à la Station agro-
nomique pour son exposition. -
°
68
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
2° Baccalauréat ès sciences complet.
258 candidats se sont fait inscrire pour subir, en 1876-
1877, les épreuÿes du baccalauréat ès sciences complet: le
chiffre des inscriptions s'élevait à 263 l’année précédente.
11 candidats ont mérité la note bien : MM. Badel, Besson,
de Thiollas, Bertinet, Griache, Hacherelle, Bossu, Lecompte,
Bajolet, Liénard et Renaud.
46 ont obtenu la note assez bien, et 62 la mention passable,
46 1, p. 100 des candidats (119 sur 258) ont été reçus.
Le tableau suivant
résume l’ensemble de ces examens:
NOMBRE DÉS CAKDIBATS
0
SESSIONS.
Novembre 1876,
Avril 1877...
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LA
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Juillet et Août 1877...
Totaux.
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NOTE
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84
4aëû
nn
8° Baccalauréat ès sciences restreint.
Comme l'an dernier, 56 candidats se sont présentés au
baccalauréat ès sciences restreint, Le total des candidats aux
deux baccalauréats s'élève donc à 314.
Sur ces 56 candidats, 17 ont été admis, soit une proportion de 80,38 p. 100 environ. La faiblesse extrême des
candidats au baccalauréat ès sciences restreint a, comme les
années précédentes, frappé la Faculté qui, dans lintérêt
même des candidats, émet à nouveau le vœu que les étudiants ne soient admis à prendre leurs premières inscriptions
à la Faculté de médecine qu'après avoir satisfait aux épreuves
du baccalauréat restreint.
|
Un candidat à obtenu la note bien : M. Fietta ; 5 ont mérité
la note assez bien; 11 ont été reçus avec la mention passable.
FACULTÉ
DES
SCIENCES,
65
Novembre
Avril 1877,
1876
.
.
,
.]
4...
Juillet et Août 1877.
Totaux.
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: . 4,
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NOTE
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1
3
16
12
4
+
»
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18
7
3
:
8
56
35
17
:
L
$
des aémissions.
ADMIS
|
Passahle,
Admis
Ajournés,
Inscrits
SESSIONS.
Ge
Assez bien
CANDIDATS
Bien,
DES
Trés-hien.
NOMBRE
Re.
PFROPORTION
Voici le résumé des examens du baccalauréat restreint :
Tel est, Messieurs, le bilan de la Faculté des sciences
pour l’année scolaire écoulée. Je n'ai pas besoin d'ajouter, en
terminant, que les cours et les conférences ont été faits régulièrement, conformément aux programmes approuvés par
M. le Ministre de l'instruction publique.
Messieurs les Étudiants, la Faculté des sciences espère
que les agrandissements dus à la libéralité de l'État et de la
ville de Nancy, engageront un plus grand nombre d'entre
vous que par le passé, à venir chercher, dans nos leçons et
dans la fréquentation de nos laboratoires, des connaissances
qui devraient être le complément indispensable de toute
éducation libérale, dans un siècle où le développement des
sciences peut être considéré comme l'un des caractères do-
minants du progrès intellectuel et social.
VI.
—— PUBLICATIONS
DES
MEMBRES
-
DE
LA
FACULTÉ.
M. GODRON, doyen honoraire :
1° Examen des feuilles cotylédonaires des Erodium. (Revue des Sciences naturelles de Montpellier, t. VI, p. 140 à 148; une planche.)
29 Examen tératologique
d'un
Société des Sciences de Nancy,
pied
de
Rubus
cϾsius
L.
(Bulletin
de
la
t. I, p. 130 à 133.)
3° Sur deux formes remarquables d'une plante voisine du Papaver Rhæas
L. (Bulletin de la Sociélé des Sciences de Nancy, t. Il, p. 127 à 129.)
4° Note sur le Rosa glauca de Villars. (Bulletin de la Société botanique
de Belgique, t. XV, p. 485 à 491.)
70
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
5° Un Nouveau Chapitre ajouté à l'histoire des Ægälops hybrides.
moires de l'Académie de Stanislas pour 1876, p. 250 à 281.)
6° Du Passage
des eaux et des alluvions
anciennes
de
la
Moselle
(Mé-
dans
les
bassins de la Meurthe et de la Meuse. (Mémoires de l'Académie de Stanislas
pour 1876, p. 46 à 67; une carte.)
7° La Bibliothèque publique de Naney et l'Académie de Stanislas. (Mémoires
de l'Académie de Stanislas pour
1876, p. 301
à 312.)
M. Jourpain, professeur de zoologie, en collaboration avec M. le D' FRIANT,
préparateur
de z00logie :
Étude de l'appareil buccal de l'esturgeon.
Sciences de Nancy,
(Mémoires
de lu Société des
1871.)
M. GRANDEAU, professeur de chimie agricole :
1° Recherches
chimiques sur la composition
des feuilles du
pin
noir
triche, en collaboration avec M. P. Fliche, professeur à l'École
(Annales de chimie ef de physique. 5° série, t, XI, 1877.)
2° Note sur la bascule
de l’Académie
physiologique et ses applications. (Comptes
des sciences,
d'Au-
forestière.
rendus
20 août 1877.)
30 De l'Emploi des tourteaux de coton dans l'alimentation du bétail,
(Jour-
nal d'agriculture pratique, t. 1, 1877.)
4° La Question des eaux d'égout. (Journal d'agriculture pratique,
1877.)
t. I,
5° De la Qualité actuelle du guano du Pérou. (Journal d'agriculture pratique, 1877.)
6° De lAssimilation de l'acide phosphorique
d'agriculture pratique, t. I, 1877.)
par les végétaux.
(Journal
1° Lettres d'Allemagne; les stations agronomiques; les stations du contrôle
des semences;
la question des eaux d'égout à Berlin.
(Journal
d'agriculture
pratique, t. Il, 1877.)
8° La Bascule physiologique. — Application des appareils enregistreurs à
l'étude de l'évaporation des plantes, du sol, ete. (Journal d'agriculture pratique, t. IL, 1877.)
99 Revue
des
travaux
de chimie
agricole
français
et étrangers.
(Journal
d'agriculture pratique (passim), 1877.)
PRÉPARATEURS
ET ÉLÈVES DE LA STATION
AGRONOMIQUE :
1° Les Aliments de l'homme; leur valeur nutritive comparée
par H. Grandeau, (Journal d'agriculture pratique, t. Il, 1877.)
à leur prix,
20 Étude chimique du gui (2e mémoire), par H. Grandeau et Bouton. (Comptes
rendus de l'Académie des sciences,
12 mars
1877.)
FACULTÉ
DES
SCIENCES.
1
Les essais de culture en 1877 ont consisté :
1° En recherches sur l'influence de la composition du sol sur le rendement
et la composition du maïs géant (en collaboration avec M. Marchal, stagiaire à
la Station agronomique).
29 Essais sur linfluence des matières organiques sur la fertilité du sol.
(Cases de végétation de la Station.)
RAPPORT
DE
M, LE
DOYEN
DE
LA
FACULTÉ
DES
LETTRES.
MONSIEUR LE RECTEUR.,
MESSrEuRrs,
Comme un père de famille, ce n’est jamais sans mélancolie
que je vois un de nos jeunes Professeurs, un des fils de la
maison, s'éloigner de la Faculté pour poursuivre sa carrière
sur un plus grand théâtre. Maïs, en vrai père de famille aussi,
je ne mêle à mon regret aucun sentiment égoïste. Je suis ambitieux pour eux; et pourvu que ces fils d'adoption nous quittent pour un établissement avantageux, je me résigne plus
aisément à mon sacrifice.
À la veille même de la rentrée,on nous enlève M. VidalLablache, Assurément, pour enseigner la Géographie à l'É-
cole normale supérieure, on ne pouvait choisir un Maître
plus savant et plus distingué.
M. Vidal-Lablache a été dans notre pays un des créateurs
de l'enseignement géographique. Avec quel succès il l’inaugura dans notre ville, vous le savez. On s’étonnait de l'intérêt qu'offrait cette science jusqu'alors ingrate et négpligée,
quand, au lieu d’une sèche nomenclature de lieux et de
norns, un professeur de talent fait concourir avec une curieuse
industrie l’histoire politique, l’ethnographie, les sciences na-
74
SÉANCE DE RENTRÉE.
turelles, l'économie politique, les éléments les plus variés, à
la connaissance des différents pays, et rend ainsi à chaque
contrée sa physionomie originale, son âme, sa vie. Cette pa-
role si simple, mais nette et limpide et si pleine d'instruc-
tion, vous tenait sous le charme. Assurément notre Faculté de
Nancy perd en M. Vidal-Lablache l'un des plus précieux
fleurons de sa couronne.
Nous le suivrons de tous nos vœux sur le nouveau théâtre
où son talent l’appelle. Espérons que son successeur
ne se
fera pas attendre. S'il n'est pas encore nommé, cela tient, je
le sais, à la vive sollicitude avec laquelle l'administration supérieure de l'instruction publique s’efforce de trouver l’héri-
tier le plus digne de continuer la tradition de cette Chaire
de Géographie.
L'Université, qui ne nous avait prêté M. Boutroux que
pour un an, vient aussi de nous le reprendre. Pour n’avoir
fait ici qu’un si court séjour, ce jeune Maître ne nous en
laisse pas moins une profonde estime et de vifs regrets. Nous
avions bien prévu que
notre Faculté
ne lui serait qu’une
dernière étape pour rentrer à Paris. Son talent et sa science
le prédestinaient, comme M. Vidal-Lablache, à l'École nor-
male supérieure, où il va enseigner l'histoire de la philosophie. Tous, vous avez pu assez l’apprécier, pour comprendre
qu'on se soit hâté de l'appeler dans la Chaire où il doit
former des Maîtres. Vous le savez, s’il avait appris à l’école
de l'Allemagne à creuser les mystères de l'absolu, s'il avait
transporté dans les problèmes de la Métaphysique la rigueur
géométrique de l’école anglaise, il gardait avec cela l'esprit
français, le bon sens qui tempère la logique, et par-dessus
tout le spiritualisme cartésien, qui défend la philosophie
française contre les chimères panthéistiques ou sensualistes
où sont allés se perdre les penseurs d’outre-Rhin. C’est en
maître consommé et en critique supérieur qu'il nous à fait
connaître une philosophie de Leïbniz et de Kant, que nous
ne soupçonnions presque pas; et certes ces deux puissants
FACULTÉ
DES
LETTRES.
175
génies ont singulièrement gagné à nous apparaître ainsi dans
leur vérité et leur grandeur. Vous garderez le souvenir de
cette parole si lumineuse, si pénétrante et si forte, où l'éloquent et sincère Professeur mettait à la fois toute la vigueur
de son esprit et l'onction de son âme. Pour nous, qui l'avons
connu de plus près, nous regretterons en outre le Collègue
du commerce le plus sûr et le plus aimable.
Assurément l'Université a eu la main heureuse en appelant à le remplacer M. Gérard, déjà professeur titulaire de
philosophie à la Faculté de Clermont. Ce choix devait être
particulièrement agréable à notre ville. M. Gérard est un
enfant de Nancy,
d'autre ambition
parmi nous. Tout
prétendre à son
où il a terminé ses études; et il n'avait pas
que d'y revenir. Qu'il soit le bienvenu
le monde ici l’accueillera en ami. Pour
tour à cette Chaire, qui compte déjà plus
d'un Maître renommé, M. Gérard
s'était signalé non-seule-
ment par quinze années d’un enseignement heureux dans les
Lycées et les Facultés, mais encore par plusieurs publications considérables, et surtout par son important ouvrage sur
Maine de Biran, qui a tout d’abord pris sa place parmi les
œuvres philosophiques les plus distinguées de notre temps,
et qui a valu à son auteur un des plus beaux prix de l’Aca-
démie française,
Par le choix du sujet, M. Gérard manifestait avec éclat
la vocation spiritualiste de son esprit, et par la facon dont il
l'a traité, il s’est montré psychologue aussi délicat qu'habile
écrivain.
Maine de Biran, dont
Royer-Collard
disait: Qu'il
est notre maître à tous; etque Victor Cousin appelait le premier métaphysicien de notre temps, méritait certes d’être remis
en honneur par un tel disciple. Lorsque, au début de notre
siècle, le sensualisme de Locke et de Condillac avait montré
son impuissance à rendre compte de la pensée et des sentiments de l’âmme, Maine de Biran, avant Royer-Collard, et
plus que lui, avait recommencé une nouvelle enquête de
l'intelligence sur elle-même, et il avait fondé sur le principe
76
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
de l’activité propre de notre âme un invincible spiritualisme.
Or, Messieurs, qu'y avait-il donc de plus opportun aujourd’hui, en présence des écoles positivistes modernes, que d’attirer de nouveau les regards sur cette œuvre à la fois si modeste et si forte, et de rajeunir son influence? Ce beau livre
de M. Gérard, mais en même temps sa remarquable Thèse
latine sur l’Idéalisme de Berkeley, nous promettent un digne
successeur de notre Chaire de philosophie. Les sujets, d’ailleurs, qu’il a choisis pourson enseignement de cette année, ne
pourront qu'être vivement goûtés par les auditeurs accoutumés de ce Cours. Car, dans ses Leçons du Jeudi, il se pro-
pose de traiter de l’Esthétique ou de la Science du Beau; et
dans sa Conférence il expliquera et commentera les trois
Critiques de Kant, rattachant ainsi, comme par un lien fraternel, une partie de son enseignement à celui que le départ
de M. Boutroux avait interrompu.
.
En même temps qu'elle répare ainsi ses pertes, notre Faculté s’applaudit d’acquisitions nouvelles. Remercions M. le
Ministre de l'instruction publique, qui, en dehors de nos
Chaires ordinaires, vient de doter la Faculté
de Nancy de
deux Conférences, et qui par une rare bonne fortune y appelle encore deux enfants de notre ville, MM. Riemann et
Krantz, dont la salle de distribution des prix du Lycée n'a
pas oublié les noms, que ses échos ont si souvent répétés.
M. Riemann, élève de l’École normale et agrégé des classes
supérieures des Lettres, après avoir été müûrir son esprit et
ses études pendant trois ans à notre École française de Rome
et d'Athènes, est dès aujourd’hui attaché à notre Faculté
comme Maître de Conférences de Philologie grecque et latine.
De bonne heure, il avait signalé pour ces études un goût
spécial, et sa familiarité avec les livres de la science allemande lui en avait facilité les moyens. La Faculté est heu-
reuse de confier à ce jeune savant ce nouvel enseignement,
dont on comprend de plus en plus aujourd’hui l'intérêt profond, la portée philosophique et la nécessité. — M. Krantz,
FACULTÉ
DES
LETTRES,
71
dès le Lycée, avait montré de son côté, par deux prix d’hon-
neur au Concours général, sa vocation pour l’étude de la Philosophie. Aussi admis bientôt après à l'École normale, ce fut
dans ce sens que ses Maîtres le dirigèrent de préférence; et,
récemment au Concours d’agrégation de philosophie, en se
plaçant dans les premiers rangs, il justifiait leur espérance
et la nôtre. Lui aussi s’estime heureux de venir débuter dans
l'enseignement au sein de sa ville natale, près de nous et de
sa famille. Mais, jusqu’à ce qu’une Chaire de philosophie lui
soit ouverte, il professera ici, à côté de moi, en qualité de
Maître de Conférences de Littérature française. Il sait, du reste,
avec quelle satisfaction et quelle sympathie je partagerai avec
lui ce vaste domaine jusqu'ici confié à moi seul.
Ce concours de deux Maîtres de Conférences nous permet-
tra de développer et de constituer ici plus solidement un
enseignement pratique, qui a toujours
été l’objet de notre
ambition. Car voilà bien des années, vous le savez, que nous
rêvons, sinon pour toutes les Facultés des Lettres, au moins
pour quelques-unes, une organisation plus complète, qui leur
permette vraiment de devenir autant de succursales de V'É-
cole normale supérieure. Car celle-ci, avec les vingt élèves
qu’elle reçoit chaque année dans la section des Lettres, ne
saurait suffire à recruter de professeurs l’enseignement public. Et jusqu'ici l'État (qui pourtant trouvait dans ses Facultés presque toutes les ressources nécessaires) n'avait pas
songé avec assez de suite à les utiliser, pour en faire autant
d’Écoles préparatoires au professorat. — On complète aujour-
d'hui notre enseignement par l’adjonction de nouveaux Maftres; mais on s'occupe en outre de constituer le personnel des
élèves sur une base large et libérale. On avait commencé,
il y a quelques années, à le faire, en instituant dans chacun
de nos Lycées placés près des Facultés un corps de Maîtres
auxiliaires, auxquels on laisse la meilleure part de leur loisir
pour achever leurs études classiques et se préparer, sous
notre direction, aux grades universitaires. Mais ce n’était
78
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
pas assez. Une récente mesure vient d'attribuer à notre Fa-
culté quelques-unes de ces bourses d'étudiants, dont je vous
parlai l'an dernier, et qui seront données au concours à des
jeunes gens curieux de venir préparer près de nous leur Lidecence ou leur Agrégation. Des bourses de cette espèce sont
mandées pour nous par M. le Recteur, et des jeunes gens
dignes de cette faveur l’obtiendront sans doute. Maïs ce n’est
qu’un commencement. L'État ici donne l'exemple. Nous espérons bien que cette initiative féconde entraînera dans la même
voie les départements et Les villes, si intéressés à assurer aïnsi
dans l'avenir le recrutement des Chaires de leurs Colléges.
Jusqu'à présent, en multipliant nos efforts, nous étions ar-
rivés déjà à offrir dans notre Faculté l’ensemble le plus varié
de Cours et de Conférences, soit au public studieux de notre
ville, soit aux. jeunes gens qui se préparent au professorat.
Mais avec ces ressources nouvelles, dont la libéralité de
l'État vient de nous doter, le cadre de nos études va
s'étendre encore davantage. Sans doute nous conserverons
toujours ces leçons publiques, qui sont entrées dans les habitudes de la population éclairée de notre ville, et où une
élite d’esprits cultivés, qui ont gardé
le goût des choses
littéraires, aiment à venir, après les travaux de la journée,
savourer ici, comme en un sanctuaire des Muses, les enseignements élevés des Lettres, de la Philosophie et de l'Histoire.
Mais ce sont surtout nos Conférences, qui, grâce au concours de nos nouveaux Maîtres, vont se diversifier de façon
à s’accommoder de plus en plus à tous les besoins de ces
jeunes Professeurs ou Maîtres Répétiteurs, qui d'ici, ou des
colléges voisins, réclament notre direction pour leurs études.
Nous avions dû nous borner jusqu'ici aux exercices de la
Licence. Désormais nous prétendons les conduire jusqu’à
lAgrégation. Le jeudi
surtout, où les Professeurs
des villes
voisines sont plus libres, la Faculté institue deux Confé-
rences spéciales pour préparer ces jeunes Maîtres à l'Agrégation de Grammaire. — Ce jour-là, à trois heures, M. Rie-
FACULTÉ
DES
LETTRES.
19
mann ouvrira une Conférence de Grammaire générale de nos
Langues classiques. C’est répondre, je le sais, aux vœux les
plus pressants des candidats. Car jusqu’à présent cet enseignement raisonné de la Grammaire, renfermé mystérieusement à l’École normale, avait trop manqué
aux concurrents
du dehors. Certes, nul n’est plus propreà populariser cet en-
seignement si désiré dans notre Faculté,que ce jeune Maître
habitué depuis longtemps à puiser aux meilleures sources de
la science grammaticale. — Le même jour, à une heure et
demie, M. Decharme, s'adressant aux mêmes disciples, expliquera avec eux quelqu'un des auteurs grecs du programme
de l’Agrégation, et corrigera leurs divers devoirs avec l’auto-
rité et l'expérience d’un savant qui siége depuis plusieurs
années parmi les juges de ce concours. Aussi, nous ne dou-
tons pas que tout ce que notre Académie compte ici et dans
ses Colléges de jeunes professeurs avides de s’instruire et
généreusement ambitieux, n’apprécient vivement ce bienfait,
et ne marchandent ni leur temps, ni leurs fatigues, ni leurs
sacrifices, pour venir ici assidûment, chaque jeudi, recueillir
ce précieux enseignement. Non-seulement je l'espère, mais
j'en suis sûr, tant ces cours désirés ont déjà provoqué de
vives adhésions.
IT. —
ExAMENS.
Baccalauréat ès lettres.
Depuis
la division du Baccalauréat
4
ès lettres en deux
examens, l’un placé à la fin de la classe de Rhétorique, J'autre à la fin de la Philosophie, cette épreuve, ainsi dédou-
blée, est devenue
en réalité le plus sérieux contrôle pour
chacune de ces classes et comme un examen
Aussi avais-je espéré que cet examen, scindé
faciliterait à la fois la préparation des candidats
leur succès: et je suis toujours surpris et affligé
de passage.
de la sorte,
et aïderait à
de voir en-
core un si grand nombre d'élèves demeurer sur le carreau.
80
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
Pourquoi donc, en effet, tant d'élèves encore ajournés et
obligés de recommencer leur Rhétorique? C’est que l'examen
tout
en se tenant
au programme
de
cette
classe, porte
en
même temps sur les études classiques antérieures, où l’on
constate parfois d’étranges lacunes. Est-ce notre faute, en
vérité, si le Baccalauréat est le premier examen de passage
sérieux et sévère, que la plupart de ces jeunes gens aient
rencontré dans le cours de leurs études?
1 Partie. — Sur 377 candidats qui se sont présentés au
premier examen, 174 ont été éliminés après l'épreuve écrite,
et 21 devaient l’être encore à l'épreuve orale; en tout, 195
(c'est-à-dire 51,7 p. 100).
Chez ces jeunes gens, qui sortent de la Rhétorique! le Discours latin est peut-être plus correct de forme qu’autrefois;
mais il y manque quelque chose de la solidité que donnait
auparavant à nos candidats la pratique de la Philosophie, Le
plus souvent, ce n’est guère qu’une amplification vague et stérile de la matière donnée; et l'on n’imagine pas jusqu’à quel
point l’histoire grecque et romaine, à laquelle les sujets sont
d'ordinaire empruntés, y fait défaut. — La Version latine, à
son tour, laisse fort à redire. Outre les fautes de sens, nous
avons trop fréquemment à y relever des traductions barbares,
des fautes de français et même d'orthographe, et une négli-
gence déplorable dans les accents ou la ponctuation. Assurément il y a là dans les études une grave lacune à signaler.
L'épreuve orale, ici, vaut mieux en général que l'épreuve
écrite. Aussi 21 candidats seulement y ont fait naufrage. Le
programme des auteurs, réduit désormais à une mesure plus
raisonnable, peut être mieux préparé que par le passé. C’est
en grec surtout que cette amélioration est sensible. L'explication des auteurs latins est satisfaisante aussi. Maïs on ne
sait pas encore étudier dans le texte les auteurs français,
Quant aux questions de Littérature et de Rhétorique récem-
ment ajoutées à l’épreuve littéraire, je crois qu'il serait bon
d'en fixer, comme pour tout le reste, le programme précis et
FACULTÉ
DES
LETTRES.
81
détaillé. Dans le vague laissé sur ce point, les jeunes gens
sont souvent pris au dépourvu, Au contraire, l'Histoire et la
Géographie ont surtout gagné à être renfermées dans un
cadre étroit et déterminé. Caril n’y a point de parties de l'é-
preuve, qui se soient améliorées d'une façon plus manifeste,
En somme, à cette première
lauréat, 182 candidats ont été
ment p. 100), savoir :
. L'avec la note Très- Bien, M.
néville, qui a obtenu le prix
Concours général;
partie de l'examen du Baccajugés admissibles (48,8 seuleKesternich, du collège de Lud'honneur de Rhétorique au
1i avec la mention Bien; MM. Bruncher, Brunner, Cherrier,Croèse, Jæger, Lefebvre, Lœderich,Schwalm, Thouvenin,
de Wésian et Wever;
76 avec la mention Assez Bien;
Et 94 avec la note Passablement.
182 admis sur 377 candidats, c’est, en vérité, un chiffre
bien modeste; et parfois je serais tenté de nous croire trop
sévères, si je ne voyais la même proportion dans les examens
des autres
devenu le
classique,
pas laisser
libérale.
Facultés. Quand le Baccalauréat ès lettres est
plus efficace et l’unique contrôle de l'instruction
il importe aujourd’hui, plus que jamais, de ne
fléchir en France le niveau de cette éducation
2° Partie. — 217 candidats seulement se sont présentés à
cette seconde moitié de l'examen, qui correspond à la classe
de Philosophie. C’est peu
en comparaison
du nombre
des
candidats de la première catégorie. Mais considérons que
ceux qui arrivent à ce second examen ont été déjà triés par
une première épreuve. Or, cette première épreuve, l’année
dernière, n'avait laissé passer que 181 élèves en Philosophie,
Et encore quelques-uns de ces derniers
se contentent d’un
premier degré, qui suffit pour certaines Écoles spéciales de
l'État.
Sur ces 217 candidats
FACULTÉS
présentés, 152 ont été admis à
6
82
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
l'épreuve orale,et 121 ont été définitivement déclarés dignes
du grade de bachelier ès lettres (c’est-à-dire 55,76 p. 100).
La proportion des admis était, l’année dernière, plus con-
sidérable, je l'avoue; elle s'élevait aux deux tiers du chiffre
total des candidats. À quoi faut-il attribuer
ce déchet? Les
études qui figurent à cet examen auraient-elles baissé? Non,
. assurément. Mais à mesure que La discipline de ces études,
si longtemps ébranlée, s'est raffermie, le niveau de l'examen,
par un contre-coup inévitable, tend à son tour à se relever
davantage.
La Dissertation surtout témoigne que maintenant la classe
de Philosophie, qui couronne $i bien toutes les autres, a reconquis son importance dans l'ensemble de l'éducation classique. Le progrès des études y est très-marqué. L'histoire de
la Philosophie en particulier est bien mieux sue que par le
passé. Que manque-t-il aujourd’hui à la plupart de nos élèves
pour faire une classe de Philosophie vraiment fructueuse?
Quelques années de plus. En général, ils arrivent trop jeunes
à ces études, qui exigeraient plus de maturité. Il: savent
leur cours mieux qu'ils ne le comprennent. Aussi sont-ils
déroutés quand une question n’est pas posée dans la formule
ordinaire; et dans leurs dissertations, ils s'égarent souvent
hors du sujet, y rattachent des digressions parasites, et ne
savent pas conclure. La rédaction aussi en est trop négligée;
le style se traîne, lâche, terne et même incorrect. Ce n’est
pas assez écrit. — Pour la composition des langues vivantes,
quatre ou cinq candidats, seulement, ont réclamé l'anglais
et s’en sont assez galamment tirés. Mais, dans notre province,
c'est naturellement l'étude de l'allemand qui prévaut. Le
progrès y est très-sensible. En donnant droit de cité aux lan-
gues vivantes dans le programme du Baccalauréat ès lettres,
on leur a fait désormais une place sérieuse et considérable
dans le cadre des études classiques. Aussi pourrat-on bientôt
arriver, je l’espère, à substituer en allemand le thème à la
version. Car la version n’est pas une épreuve suffisante, Avec
FACULTÉ
DES
LETTRES.
-
83
un dictionnaire, un élève intelligent et habitué aux exercices
de traduction s'en tire toujours. On le voit bien quand, à
l'épreuve orale, le même, obligé d'expliquer son texte à livre
ouvert, se trouve souvent si empêché; pourquoi? Il ne sait
pas le sens des mots.
Dans cette seconde partie de l’examen,
l'épreuve orale ne
vaut pas, en général, l'épreuve écrite. De là ce nombre si
considérable de 81 candidats qui y ont échoué. À l’interrogation de Philosophie, on sent que nos élèves sont encore trop
peu exercés à la parole. Aussi restent-ils d'ordinaire dans de
vagues généralités, et ne savent pas expliquer les définitions
qu’ils répètent de mémoire.
— En Allemand aussi, beaucoup,
sans leur dictionnaire, ont perdu toute leur vertu. — Sur l'Histoire contemporaine,
ils paraissent généralement moins bien
préparés qu’ils ne l’étaient l’année précédente pour l'histoire
des xvii* et xvini° siècles. Ils n’ont entrevu que le gros des
choses dans des Manuels, et n'ont jamais eu le loisir d'ouvrir
quelqu'une de nos grandes œuvres historiques. Mais on n’a
plus ni le temps ni le goût de lire.— Enfin, l'étude des Sciences
présente à l'examen de singulières inégalités. Nos candidats
sont, pour la plupart, plus heureux pour la Géométrie et la
Physique. Ils savent passablement encore la Cosmographie et
la Chimie. Mais ils ont oublié l'Arithmétique, et paraissent
avoir trop peu compté jusqu'ici avec les Sciences naturelles,
dont on à mal à propos surchargé encore récemment un pro-
gramme déjà trop chargé.
En somme donc, sur les 217 candidats qui ont subi ce
second examen, 121 ont été jugés dignes du grade de bachelier ès lettres, à savoir :
5 avec la mention Bien: MM. Becker, Godet, Maldidier,
Poincarré et Wahl;
35 avec la mention Assez Bien;
Et 81 avec la note Passablement.
Baccalauréat complet. — Enfin 10 candidats encore ont
invoqué le privilége de leur âge et d'échecs antérieurs, pour
84
SÉANCE DE RENTRÉE.
se présenter une dernière fois à l'examen du Baccalauréat
complet. Sur ce petit nombre, 3 seulement ont pu être admis
au grade avec la note Passablement, et les 7 autres ont été
définitivement exclus.
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Baccalauréat scindé {4repartie)!
Baccalauréat complet,
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|178 | 306
Licence ès Lettres.
Je me plaignais l'an dernier de voir si peu de candidats se
présenter à la Licence ès lettres, quand tous les Colléges réclament des Maîtres licenciés, quand les villes et l'État s'efforcent à l’envi d'améliorer la situation des Professeurs munis
de ce titre. Mais cette année leur nombre ne s’est encore
guère accru, — 8 candidats se présentaient à la session
de novembre 1876, et 7 seulement à celle de juillet 1877.
Jamais cette dernière session de juillet n'avait été si désertée.
Il faut s'en prendre sans doute à la publication tardive du
programme triennal, qui renouvelait à peu près entièremient
la liste des auteurs grecs, latins etfrançais, proposés pour l'examen. Cette liste, en effet, qui doit paraître un an d'avance, n'a
été connue cette fois qu'aux premiers jours de janvier. Que
les élèves de l'École normale, qui n’ont à s'occuper que dé
leur examen, aient pu suffire en six mois aux exigences de
ce nouveau programme, je Le conçois; mais cette tâche excédait le loisir et les forces de nos Maîtres du Lycée ou des
Colléges, trop absorbés ailleurs par leurs fonctions.
À la session de novembre 1876, 3 candidats seulement sur
8 ont été admis:
$
FACULTÉ
DES
LETTRES.
85
Le jeune Comte, esprit fertile et vaillant, travailleur infa-
tigable, qui fut au lendemain de son succès chargé d’enseigner l’histoire au Collège de Verdun;
M. l'abbé Berga, élève distingué de la Maison des hautes
études ecclésiastiques, fondée par MS" l’évêque de Nancy pour
préparer des Maîtres à l'enseignement libre ;
M. Masson, professeur au Collége de Pont-à-Mousson,
dont la Faculté aimait à récompenser ainsi les efforts persévérants.
À la dernière session de juillet, 4 candidats, sur les 7 qui
se sont présentés, ont été jugés dignes du grade, à savoir:
M. l'abbé Mangin, de la Maison des hautes études;
M. Lavé, professeur au Collége d'Épinal, qui prometà la
prochaine Agrégation de grammaire un candidat sérieux;
M. J'eantin, presque encore un adolescent, mais qui a mûri
rapidement par un travail soutenu, et qui honore par son
succès le corps des Maîtres auxiliaires du Lycée de Nancy,
auquel il appartenait. Trop jeune encore pour l’enseignement
philosophique, auquel il se destine, il est chargé provisoirement d'enseigner les humanités au Collége de Toul;
Enfin M. Boully, alors professeur de Philosophie au Col-
lége de Remiremont, aujourd’hui en rhétorique à Verdun, et
quia pu compenser à l’examen l'insuffisance de sa préparation par l'éclat de l'accessit de poésie, qu’il venait d’obte-
nir à l’Académie française pour son éloquent poëme sur André
Chénier.
Voilà done en tout 7 licenciés pour la récolte entière de
l'année. Certes, ils sont de bonne race; et c'est avec confiance
que la Faculté les recommandait à M. le Recteur pour des
chaires importantes. Mais, en vérité, c’est trop peu pour les
besoins de notre Académie. Deux même d’entre eux sur7 appartiennent à l’enseignement libre. C’est trop peu aussi pour
répondre à notre juste ambition et à nos efforts. J'en appelle
aux disciples mêmes de nos Conférences. Certes, le zèle que
nous apportons à diriger et à seconder leur travail mériterait
86
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
une plus ample récompense. — Mais le zèle et la science des
Maîtres
côté, y
vent-ils
parfois
ne suffisent pas. Il faut que nos jeunes gens, de leur
répondent avec plus d'émulation. Peut-être nous troubien exigeants. Je sais bien aussi, que quelques-uns
se découragent d’un effort trop prolongé. Ils avaient
trop présumé
de leurs études antérieures, et s'étonnent de
tout ce qui leur reste à faire pour atteindre au niveau de la
Licence. Ils se ressentent un peu de la maladie de leur siècle
où l’on aime à rêver les succès faciles et à recueillir sans avoir
pris la peine de semer.
Sans doute aussi nous souhaiterions que ceux des élèves de
la Faculté de Droit, qui ont fait
eussent davantage l'ambition
dent, pour la plupart, que la
laisserait seule assez de loisir
de nos Conférences, mais que,
les meilleures études littéraires,
de la Licence. Ils nous réponpremière année de Droit leur
pour s'associer aux exercices
dès la seconde année, le Droit
les absorbe tout entiers. Je ne disconviens pas que, dans l’état
ordinaire de leurs études, uneseule année ne peut guère suffire
pour les amener du Baccalauréat à la Licence, telle qu’elle
estencore constituée,— Ce n'est pas notre faute,si jusqu'ici une
Licence èslettres spéciale n’a pas été organisée pour cesjeunes
gens, qui ne veulent pas se contenter d’être bacheliers, et qui,
aspirant à un grade plus élevé, souhaiteraient du moins un
examen mieux accommodé à leurs études et aux besoins de
leur carrière.
Doctorat ès lettres.
Bien des thèses nous ont été soumises dans le cours de
l’année; mais aucune ne nous a semblé assez forte pour arri-
ver à la soutenance. Nos candidats, pour la plupart, ne se font
pas une idée assez haute du doctorat. C’est pourtant aujourd'hui le seul titre exigé pour l’enseignement supérieur des
Lettres. Faut-il donc qu'il serve de refuge à ceux qui n’osent
prétendre à l'Agrégation pour l’enseignement secondaire?
Nous ne le pensons pas. C’est déjà bien assez qu'ici le candidat
FACULTÉ
DES
LETTRES,
87
ait été éntièrement libre de choisir à son gré les sujets de
sa thèse, et d'y consacrer tout le temps qu’il veut. Du moins
est-on en droit d'exiger de lui que, sur ce terrain circonscrit, il
sache montrer une science solide et un vrai talent d'écrivain.
III. — ENSEIGNEMENT.
Quelques mots seulement sur ce qu’a été notre enseigne-
ment public dans le cours de cette année. Ici je puis être
d'autant plus bref, quejene vous diraique ce que vous en savez
déjà. Car vous en êtes pour la plupart auditeurs ou disciples.
Vous n’ignorez pas que chacun de nous, dans ses leçons et ses
conférences, embrasse en réalité deux enseignements distincts,en sorte que c’est quatorze Cours sur des matières différentes, que notre Faculté offre chaque semaine à la jeunesse
studieuse et aux esprits curieux de la haute culture intellectuelle. Je ne veux retracer ici que l’esquisse sommaire de
nos principaux Cours.
Philosophie. — M. Boutroux, dans ses leçons, nous a ex-
posé les origines et l’histoire de la Philosophie allemande
depuis Luther et Spinosa. Après nous avoir fait connaître
dans toute sa grandeur originale le génie et l'influence de
Leibniz, il s'est attaché particulièrement à l’étude de Kant,
en dissipant les préjugés qui nous en avaient fait méconnaître
jusqu'ici, en France, le sens et la portée profonde; et il nous
a vraiment révélé, dans la Critique de la Raison pure, de
la Raison pratique et du Jugement, la métaphysique du sage
de Kôünigsberg, sa morale, son esthétique, sa doctrine des
causes finales, ses vues sur le Droit public et le Droit privé.
À côté de ce Cours, le Professeur, dans ses Conférences, étudiait comparativement ce que l'antiquité et le moyen âge
avaient pensé sur les grandes et éternelles questions qui sont
l'objet de la Philosophie: l'âme humaine, la nature divine,
l'origine du monde; et, à ce sujet, il rapprochait en même
temps les diverses méthodes philosophiques appliquéés en ces
âges si différents à la recherche de la vérité.
88
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
Littérature grecque. — M. Decharme a complété l'étude si
neuve et si savante, qu’il avait commencée il y a quelques an-
nées sur la Mythologie grecque, en expliquant la légende et
le culte des héros nationaux : Hercule, Thésée, Œdipe, Méléagre, les Centaures et les Lapithes, Pélée, Alceste, Admète,
Orphée, Bellérophon, Persée, Io, Pélops et Tantale, Atrée et
Thyeste, tous ces fils du ciel et de la terre, auxquels les cités
grecques rapportaient leur origine sacrée, et dont la légende
a longtemps défrayé la tragédie antique, formaient en effet,
au-dessous des dieux de l’Olympe, une nouvelle famille
divine, qui partageait avec eux la protection et le culte des
hommes.
Littérature latine. — M. Campaux avait pris pour sujet,
cette année, l'œuvre de Tacite, matière féconde pour l’historien, le penseur et l'artiste. Les révolutions, dont notre siècle
a été témoin, apportent aujourd’hui à cette étude une lumière nouvelle et un nouvel intérêt. Comment Tacite jugeaitil la république et le gouvernement des Césars, qui y avait
succédé? Quelle fut sa conduite politique? Que penser de
son génie, si profond et si triste, de ses jugements misanthropiques sur les hommes et les choses de son temps, de son
imagination dramatique et pittoresque, de son éloquence et
de son talent d'écrivain? Tels sont les points de vue divers
où s’est placée la critique du Professeur. M. Campaux a pénétré Tacite dans tous les sens. Il a vécu familièrement avec
l'écrivain, et il a fait revivre autour de nous la vieille Rome
d'Auguste, de Tibère et de Néron. Avec son auteur aussi, il
nous a conduits au fond des forêts de la Germanie, et nous a
fait voir, chez ces peuplades barbares, que Dieu semblait
tenir en réserve pour le châtiment de Rome et la régénéra-
tion du monde, les origines des sociétés et des mœurs modernes.
Littérature française.— Je reprenais, cette année, l’histoire
des Lettres et des esprits en France à l'époque de la Révolution. Ou plutôt, à cette époque terrible, c'était à l'étranger
FACULTÉ
DES
LETTRES,
qu'il fallait suivre et écouter la pensée française
recueillais done
89
exilée. Je
d’abord les Considérations qu’inspirait ce
grand et formidable événement aux penseurs proscrits, qui en
suivaient de loin la marche fatale, Mallet du Pan, Necker,
Rivarol, Joseph de Maistre surtout, puis Chateaubriand.
Enfin, rentrant en France avec ce dernier, j'étudiais le Génie
du Christianisme, œuvre éloquente et opportune, avec laquelle
l'écrivain secondait la restauration de l'Église. Mais une fois
sous le charme de ce beau génie, qui remplit avee M" de
Staël de sa gloire littéraire les premières années du siècle,
je
n'ai pu m'en déprendre; et l'étude d'Atala, de René, des
Lettres sur lTtalie et de l’Itinéraire a rempli le reste de
l’année.
Littérature étrangère. — M. Gebhart consacre ordinaire-
ment
son premier semestre à l'Italie, le second aux littéra-
tures de l'Allemagne ou de l'Angleterre. Cet hiver il étudiait
la société polie à Florence, à Rome et à Venise, au temps de
la Renaissance, et l'influence que les femmes ont exercée sur
la civilisation brillante, le goût des arts et l'élégance des
mœurs à cette époque. C’est Boccace avec son Décameron et
sa Piammetta, c'est Castiglione avec son Cortigiano, qui lui
servaient de guide dans cette aimable étude. Après Pâques,
il s’est complu à raconter et à commenter cette capricieuse
histoire de T'ristram Shandy, si propre à nous faire pénétrer
dans le génie humoristique de l’Angleterre.
Histoire. — Après avoir retracé antérieurement l'essor de
la Russie au xvrrr° siècle, et son intervention nouvelle dans
la politique et l'équilibre de l'Europe, M. Rambaud, cette
année, racontait la lutte gigantesque engagée par elle contre
la France presque dès les premiers jours de la Révolution.
Cette lutte cependant eut des intervalles. Le ezar Paul I*,
fasciné par le génie de Napoléon, sembla plus d’une fois près
de se laisser entraîner dans l'orbite de la politique française.
Mais la Russie dut rompre enfin avec cette politique à outrance du dominateur du monde, et la fortune de ce dernier
90
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
vint sombrer à Moscou dans une épouvantable catastrophe.
Pour raconter les vicissitudes de ce drame immense, M. Ram-
baud, qui pratique la Russie depuis longtemps déjà et s’en est
fait un champ spécial d’études, a puisé à des sources jusqu’alors ignorées; c'est presque une histoire toute neuve qu'il
nous aretracée d'événements que nous croyions connaître,
—
Dans sa Conférence, il à traité des Chroniqueurs et des His-
toriens de la querre de Cent Ans.
Géographie. — Après avoir expliqué, l’année précédente,
l'Inde anglaise, M. Vidal-Lablache, franchissant, cette année,
l'Himalaya, nous a fait connaître ces immenses plateaux de
l'Asie centrale, qui vont s'inclinant insensiblement jusqu'aux
plages de la mer Glaciale. C'était mettre en présence les
deux peuples qui se disputent l'empire de l'Asie, la Russie
en face de l'Angleterre, Dans cette excursion, il a successivement parcouru la région de l'Aral, le Turkestan, la vallée
de l’Iaxarte, le bassin de l’Oxus, la vallée de PIli, le plateau
de l'Iran et enfin les immenses plaines de la Sibérie; régions
ingrates sans doute et jusqu'ici bien mal connues, mais auxquelles il a eu l’art de nous intéresser vivement par la nouveauté curieuse des renseignements détaillés qu’il nous apportait sur la nature du pays, les populations qui l’habitent,
leurs ressources actuelles et leur avenir. — En même temps
dans ses Conférences, le Professeur étudiait la Géographie
physique de la France.
Mais vous savez, Messieurs, comment Cours et Conférences
de Géographie furent malheureusement interrompus dès les
premiers jours de mai par le coup affreux qui enlevait en un
même jour à M. Vidal-Lablache deux de ses enfants, Puisse
la sympathie profonde et générale, qui lui a été témoignée
en cette occasion, adoucir pour ce chez collègue et pour sa
famille cette inconsolable douleur!
Voilà l’ensemble varié que présentait, cette année, l’enseignement de notre Faculté. — Nos Cours et nos Conférences se
rouvrirontà partir du mardi 27 novembre. Je laïsse à chacun
FACULTÉ
DES
LETTRES.
91
de mes collègues de vous exposer dans sa prochaine leçon
d'ouverture la matière de son enseignement.
À ces Cours, nous comptons toujours plus d'hommes mûrs
que de jeunes gens; et c’est pourtant de la présence des
jeunes gens que nous sommes surtout jaloux. C’est en vue
surtout des élèves de nos Écoles supérieures, en effet, que
l'État multiplie les Chaires de ses Facultés des Lettres. En
même temps que, avec un juste souci des classes populaires,
il propage partout et fortifie l'enseignement primaire et s’efforce de le mettre à la portée de tous, il veut tout ensemble
que le niveau intellectuel s'élève simultanément
dans les
classes lettrées et appelées à exercer sur les autres l’ascendant du conseil et des lumières.
L'État vous convie donc, jeunes gens, au nom de vos intérêts et de l'intérêt public, à profiter des ressources que pour
cela il vous offre. C’est pour vous, dans les temps surtout où
nous sommes, un impérieux
devoir d'ajouter à votre science
professionnelle des connaissances plus générales, qui étendent
l'horizon de votre esprit et achèvent votre éducation
libérale. On ne doit négliger aucune occasion de s’éclairer,
quand on doit servir aux autres de flambeau. Ce sont les
États démocratiques, surtout, qui ont besoin de se faire une
aristocratie de la science et de la vertu. Tâchez donc, par
votre culture scientifique, aussi bien que par votre caractère,
de vous rendre dignes du rôle que votre position dans
le
monde vous appellera à remplir un jour.
IV.
—
ConcOURS
LITTÉRAIRE
INSTITUÉ
PAR
LE
CONSEIL
GÉNÉRAL.
L'année dernière,la Faculté
de Nancy inaugurait avec un
certain éclat le Concours littéraire institué entre nos étudiants
par la libéralité du Conseil général de Meurthe-et-Moselle, et
décernait un prix de 300 fr. à l'élève Roy (Émile), qui vient
d'entrer à l’École normale supérieure.
Cette institution généreuse ne pouvait manquer de provo-
92
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
quer de vives sympathies. Le Conseil municipal de
celui de Lunéville ont voulu, cette année, ajouter
leur allocation. D'autres suivront. Si ces Concours
pas parmi la jeunesse de nos Écoles une noble
Nancy et
aux prix
n’excitent
émulation
pour les études, certes ce ne sont pas les encouragements qui
leur auront manqué.
Ces Concours sont un champ clos où nous convions à la
fois, avec l'élite de nos élèves, l'élite des étudiants de la Faculté de Droit, qui, eux aussi, nous appartiennent, puisqu'ils
sont tenus de suivre quelques-uns de nos Cours et d'y prendre
des inscriptions. De là le caractère mixte des questions proposées, qui, autant que possible, appartiennent tout ensemble
à l’un et à l’autre ordre d’études. -— Cette année, nos concurrents avaient à analyser le grand traité de Cicéron surl'Orateur, en recherchant le profit qu’en peut tirer encore l'Élo-
quence moderne. En vérité,je ne sache pas de sujet plus
attrayant tout ensemble et plus utile pour les jeunes gens
‘ qui ont goûté aux lettres antiques, et qui, futurs avocats, ou
même futurs professeurs, auront à pratiquer l'art de La parole
publique,
Là, dans un entretien charmant, plein de variété, d'esprit
et de grâce, le dernier et le plus grand orateur de Rome, qui
vient de voir l'Éloquence s'éteindre avec la liberté dans un
couchant orageux et sinistre, se plaît à recueillir son expérience du barreau et de la tribune, et le fruit de ses études
si étendues, et à redire, avec les leçons de sa longue prati-
que, les secrets de son génie. Ce ne sont plus les secs enseignements des rhéteurs et leurs froides anatomies. C’est la
confidence généreuse et éloquente elle-même d'un glorieux
praticien, qui a expérimenté toutes les méthodes, qui en con-
naît la vertu, mais surtout qui les à fécondées par son talent.
Tout d’abord l'Éloquence est-elle un pur don de nature?
Est-ce un art qui se puisse enseigner? Jusqu'à quel point le
génie oratoire peut-il gagner à l'étude des modèles et à la
pratique des procédés de la Rhétorique ? Peut-on surtout être
FACULTÉ
DES
LETTRES,
93
un grand orateur, si l’on ne possède un ensemble de connais-
sances générales et élevées sur toutes les choses qui peuvent
entrer dans les discussions de la tribune et du barreau, et
surtout si l'étude de la philosophie ne nous a pas appris à
dominer les questions particulières et à voir comment elles se
rattachent à la chaîne des vérités générales? N'est-ce pas là,
en effet, la source féconde de ces beaux lieux communs, qui
sont l’âme et la splendeur de l’Éloquence ? — Jusqu’à quel
point cependant cette science encyclopédique, que Cicéron
exige de l'orateur antique, est-elle encore praticable pour
l'orateur moderne, dans l’immense développement qu'ont pris
de nos jours les connaissances
humaines?
Du
moins, entre
toutes ces sciences modernes, quelles sont celles qui seront
encore aujourd’hui le plus nécessaires
néral, enfin, dans quelle mesure toute
quence grecque et romaine sera-t-elle
conditions actuelles de notre barreau
à l’orateur ? — En gécette théorie de l'Éloencore applicable aux
et de notre tribune?
— Allons au fond des choses. Les circonstances où se déploie
aujourd’hui la parole publique, ont-elles donc en réalité tant
changé depuis l'antiquité ? La pratique de nos avocats dans
les causes civiles diffère-t-elle donc beaucoup de ce qu’elle
était à Rome ? Et dans les causes criminelles, la composition
actuelle du jury n’offre-t-elle pas encore à l’orateur pathétique les mêmes chances de succès que ces multitudes aveugles que l’orateur romain s’efforçait de soulever plutôt que
d'éclairer? — Enfin la Révolution française n’a-t-elle pas
relevé parmi nous une tribune politique, analogue à celles
des Républiques anciennes, où c’est la parole oratoire qui
gouverne et décide? — Mais d’ailleurs l’âme humaine n'estelle pas éternellement la même, sous tous les costumes et
tous les climats? N'offre-t-elle pas à l’orateur qui en veut
user, les mêmes ressorts généreux, les mêmes passions, les
mêmes faiblesses? Et l’action de l'orateur ne se ramènerat-elle pas toujours à la définition antique: convaincre l'esprit
des hommes, leur agréer, soulever leurs passions? — Si même
94
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
Cicéron, dans son ouvrage, attache en outre tant d'importance au style, au choix des figures, à l'harmonie de la
phrase, à la prosodie même de la période, qui ne conviendra
avec nous, qu'entre toutes les nations modernes, il n’en est
encore aucune qui soit plus que la France sensible à la
beauté de la Diction,
d’une phrase bien faite ?
à l'élégance, et même
à la musique
Voilà sommairement et dans son ensemble l’intéressant
objet d'études que nous avions proposé cette année à la jeunesse studieuse de nos Facultés. — Six candidats ont répondu
à cet appel. Il n’y en avait que quatre l’an dernier. Mais
aueun d'eux cette fois n’a, comme l'an dernier, enlevé d’emblée nos suffrages. Ce n’est pas que nous n'ayons rencontré
dans la lice de vifs et aimables talents, des causeurs piquants,
des penseurs même pleins de promesses, Mais nul n'avait fait
une étude assez approfondie de l’œuvre de Cicéron et n’en
avait senti toute la portée ; nul aussi n'avait su donner à son
Mémoire cette composition artistique et cet ordo lucidus, dont
parle Horace, qualités qui distinguaient avec tant d'éclat
notre premier lauréat dans le précédent Concours.
Dès la première lecture, cependant, trois Mémoires se sont
surtout signalés à notre préférence ;
Le Mémoire n° 6, avec la devise :
Quidquid agunt homines, votum, timor, ira, voluptas,
Gaudia, discursus, nostré est farrago libellé.
€
Le Mémoire n° 3, qui avait pris pour emblème
les armoi-
ries de la ville de Nancy;
Et le Mémoire n° 4, avec ces vers de Virgile pour devise :
Ac veluti magno in populo, cum sæpe coorta est
Seditio, etc.
Le premier de ces Mémoires est assurément l’œuvre d’un
talent original. On y trouve une foule de vues ingénieuses
et parfois même
des pages
éloquentes,
comme
celle, par
exemple, où l’auteur flétrit l’éloquence sans probité, dont
FACULTÉ
Antoine a fait l'apologie;
DES
LETTRES,
95
ou celle encore, où il signale si
justement le caractère de l’éloquence plus pratique à Rome,
et à Athènes plus spéculetive. J'aime aussi ce beau portrait
qu'il nous retrace de l’orateur romain, dominant de sa parole
la multitude orageuse qui s’agite au Forum. — Mais ce sont là
proprement de brillantes digressions à propos du De oratore.
Quant à l'ouvrage même de Cicéron, l’auteur ne le suit pas
d'assez près. C’est pour lui un thème, sur lequel il développe
ses propres idées, ou même un prétexte pour se livrer à des
théories métaphysiques qui se perdent un peu dans les
brumes d’outre-Rhin. Ce sont des considérations abstraites,
qui flottent au-dessus du sujet et n'y tiennent pas. On regrette
en vérité ce faible chez l’auteur, qui est resté comme blessé
par la philosophie de Kant, mais chez lequel, du reste, on
ne saurait méconnaître une grande vigueur et un incontes-
table talent. Aussi, tout en le mettant en garde contre son
défaut, la Faculté a été heuréuse de rencontrer dans le Concours cet esprit plein d’espérances, et at-elle été unanime à
lui décerner le prix. L'auteur de ce Mémoire couronné est
M. Gley (Marcel-Bugène- Émile), né le 16 janvier 1857, à
Épinal, étudiant en Médecine et candidat à la Licence ès
Lettres.
Les Mémoires 3 et 4 se distinguent par des qualités bien
différentes. — Nulle part sans doute le sujet n’a été étudié avec
_plus de scrupule que dans le Mémoire n° 4. C’est une analyse
exacte, mais où l’auteur expose les questions plutôt qu'il ne
les juge, et où les divers points de vue se succèdent sans
s’enchaîner. On y voudrait une composition plus ferme et
quelques idées générales pour en dominer l’ensemble. Le
style aussi a plus de netteté et de correction, que de force et
d'éclat, Ce Mémoire, auquel nous décernons une Mention
honorable, avec une Médaille d'argent, est l’œuvre de
M. J'eantin (Paul), né à Hadonville-lès-Lachaussée (Meuse),
alors Maître auxiliaire au Lycée de Nancy, aujourd’hui Pro-
fesseur de seconde au Collége de Toul.
96
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
Le Mémoire n° 8, au contraire, est la causerie spirituelle
et facile d’un amateur de talent, mais qui vise plutôt à être
agréable et piquant, qu’exact et vrai, et qui a cherché trop
souvent l'originalité dans le paradoxe. Son étude de Cicéron
est assez superficielle. Je m'étonne aussi qu’un jeune homme,
qui semble avoir fréquenté le barreau et les assemblées politiques, méconnaisse à ce point les conditions et la puissance
réelle de l'Éloquence moderne. Non,le public en France n’est
pas aussi insensible qu’il le croit aux grands effets oratoires
et aux beautés de la parole. Nous sommes vraiment les fils
de la Grèce et de Rome. — Aussi ce Mémoire se lit sans
doute avec agrément, mais c’est un propos d'allure légère et
d'un goût souvent douteux. On y voudrait plus de gravité et
un style plus travaillé, Trop souvent même la pensée s’achève à peine dans une expression vague et incomplète.
Telle est toutefois la séduction qu'exerce un tour spirituel,
que nous avons pensé devoir décerner une Mention honorable
et une Médaille d'argent, ex œquo avec le précédent, à l’auteur de ce Mémoire, M. Hinzelin (Justin-Charles-Émile), né
le 13 avril 1854, à Nancy, Étudiant de la Faculté des
Lettres.
Ce n’est pas sans regret que nous avons dû écarter le Mémoire n° 2, qui porte pour devise ces vers du Wisanthrope :
Mais pour vous, vous savez quel est notre traité,
Parlez-moi, je vous prie, avec sincérité ;
Etc.
Certes, l’œuvre avait été préparée
avec soin. Les
idées y
fourmillent, judicieuses et vraiment fécondes. La comparaison
surtout entre l'Éloquence politique et judiciaire chez les
anciens et les modernes amène les plus ingénieux rapprochements. Partout, d'ailleurs, on sent une imagination fertile,
de la verve, de la flamme même.
Que manquait-il done à
cette œuvre pour prévaloir? La forme, le style. Ce n’est pas
composé; c’est à peine écrit. C’est rédigé avec une prolixité
déplorable, et toute idée y est l’occasion d’amplifications sans
FACULTÉ
DES
LETTRES,
97
fin. On déplore en vérité, que ce jeune talent n’ait pas appris
à se contenir et à se régler. Il succombe ici victime de son
intempérance.
Le Mémoire n° 1 avait pris au contraire justement pour
devise:
Qui ne sut se borner ne sut jamais écrire.
Il est court. De plus il débutait bien et annonçait un es-
prit élégant et sobre. Mais l’auteur n’a pas rempli ces espérances, À peine
entre-t-il dans son vrai sujet.
Son
œuvre
bientôt devient de plus en plus vague et flottante, et s'achève
sur des considérations banales,
Enfin le Mémoire n° 5, portant pour devise :
Meccœnas, atavis edite Regibus,
n’est qu'une ébauche sans valeur, dont l’auteur ne semble
pas s'être fait une idée assez sérieuse de ces Concours. On
ne parle pas avec cette légèreté tranchante de ce qu'on n'a
pas pris la peine d'étudier.
Malgré ces critiques nécessaires, je me hâte d'ajouter que
la Faculté n’est pas mécontente du résultat général et estime
qu'ici encore, comme l'an dernier, ce résultat justifie pleinement la libérale institution de ce Concours. Elle voit avec
satisfaction ces Concours littéraires se populariser parmi la
jeunesse studieuse et.susciter une noble émulation. Quelques
jeunes talents s’y révèlent, qu'elle est heureuse de signaler
à eux-mêmes et à l’estime publique, L'institution est fondée
désormais, et elle durera.
Mais qu'il me soit permis, à ce sujet, de donner en finissant
aux futurs concurrents quelques conseils utiles. Nous voulons
des œuvres courtes, substantielles, mais étudiées et écrites
avec soin; et nous ne séparons pas l’art de bien penser de
l'art de bien dire. Nous ne saurions donc assez mettre nos
concurrents en garde contre cette facilité d'écrire prolixe et
exubérante, où la pensée se noie et où le talent se dissipe et
s’épuise en herbes folles. C’est pour nous une peine vériFACULTÉS
a
€
98
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
table de voir ainsi gaspiller en une improvisation à brideabattue les dons souvent les plus charmants de l’esprit. — C’est
un préjugé trop commode, et aujourd’hui trop commun, de se
croire volontiers du talent et de penser que le talent peut se
dispenser de travail et d'étude. Car, grâce à cette illusion,
combien ne voyons-nous pas de talents heureux avorter ? et
combien, qui, nés tout au moins médiocres, réussissent à devenir nuls? Plusieurs de nos candidats, cette fois, valaient
mieux en réalité que leur œuvre. Aussi insistons-nous pour
qu’ils apprennent davantage désormais à se recueillir, à dis-
tribuer un sujet, à composer leur œuvre d'art, à condenser
leurs pensées et à soigner leur style. — Nous vous paraîtrons
peut-être bien sévères à cet égard. Mais c’est à nous, surtout,
qu’il appartient de conserver les saines traditions, et de garder
à notre langue ces vertus souveraines de clarté, de précision
et d’exactitude logique qui en ont fait par excellence, entre
toutes les langues modernes, la langue de la raison, et qui en
même temps ont fait de notre littérature (selon le mot heu-
reux de M. Nisard) le livre des promesses pour toutes les
nations qui ont de grandes destinées.
RAPPORT
DU
DIRECTEUR
DE
L'ÉCOLE
MONSIEUR
SUPÉRIEURE
DE
PHARMACIE.
LE RECTEUR,
MESSIEURS,
J'ai eu l'extrême honneur, l'an dernier, de vous dire une
page de notre passé de Strasbourg, et d'affirmer que ce passé
de notre École garantissait l'avenir de l'École supérieure de
pharmacie de Nancy. Qu'il me soit permis, aujourd’hui, de
parler du présent, de vous dire ce que nous sommes, ce que
nous faisons dans notre sphère modeste. Cette question demande à être traitée; car, faute d'éléments, on pourrait nous
interpréter sous un jour inexact, nous traduire d'une façon
peu fidèle, et, en vertu de ce contre-sens, nous travestir
inexorablement. Or, nous devons être jugés d’après nos œuvres, et nous tenons d'autant plus à les présenter sous leur
couleur vraie, à les tracer et les peindre en un tableau
réel, que bientôt, plus que jamais, va s’agiter la réorganisa.tion de l’enseignement supérieur et vont se combattre les
partisans du régime universitaire français, qui à fait ses
preuves, qui est perfectible, et les admirateurs du système
universitaire allemand, qui mérite d’être examiné avec une
attention sérieuse, mais sans cette passion irréfléchie que l’on
100
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
apporte trop souvent pour toute institution venant d’outreRhin.
Nous sommes une École professionnelle au même titre que
la Faculté de médecine, par exemple; avec cette différence
digne de remarque qu’elle reçoit l'étudiant au sortir du Lycée:
lui enseigne la théorie et le façonne elle-même à la pratique
avant de l’'admettre aux examens qui lui confèrent le droit de
guérir; tandis que notre élève nous vient, au contraire, avec
la pratique acquise dans l’officine du pharmacien, pratique
de l’art qui échappe presque entièrement à notre contrôle,
fait extrêmement regrettable, mais qui tend à se réglementer
par l’initiative de quelques Sociétés de pharmacie, la Société
de prévoyance des pharmaciens de la Seine, la Société de
pharmacie de Meurthe-et-Moselle, ete.; un jour viendra cer-
tainement où ces examens de fin d'année de stage deviendront obligatoires
magne,.
en France,
comme
ils le sont en Alle-
Nous donnons à l'étudiant, en même temps que la théorie,
la pratique des sciences, qui complète celle de l’art et transforme le pharmacien reçu, après son entière scolarité, en
homme vraiment utile à la société et voué à la science, que
souvent il enrichit à son tour par des découvertes plus ou
moins heureuses.
À côté de nos chaires de pharmacie et de matière médi-
cale, qui sont la base de notre enseignement, nous possédons
des chaires de sciences appliquées; la chimie et ses branches,
la toxicologie et l'analyse, la physique, l’histoire naturelle,
qui, loin d’être regardées chez nous comme sciences accessoires, sont à juste titre considérées comme fondamentales,
indispensables, destinées à mettre en lumière l'étude de la
pharmacie et de la matière médicale.
J'ai souvent entendu manifester certain étonnement de
nous voir enseigner des sciences, à côté d’une Faculté qui
porte ce nom, comme si ce titre lui conférait le privilège
d’universalité; comme s’il n'y avait pas des degrés dans la
ÉCOLE
science, des points
SUPÉRIEURE
de vue
DE
PHARMACIE.
différents,
101
des horizons variés:
comme si, d'ailleurs, la science ne s’enseignait pas dans les
Lycées et dans les Écoles spéciales du Gouvernement sans
porter atteinte au haut rang de ces Facultés et à leur in.
contestable suprématie.
Que l’on veuille bien comparer les programmes de l’un et
l’autre établissement d'enseignement supérieur, saisir ce qu'on
appelle leur esprit, et l’on concevra que l’un ne pourrait remplacer l’autre, mais que l’un et l’autre peuvent se prêter un
mutuel appui, puisque l'étudiant trouvera chez l’un le développement de la science dans son expression la plus élevée,
dans son sens Le plus philosophique, et chez l’autre la théorie
suffisamment distribuée et associée aux nombreux
et minu-
tieux détails de la pratique. Il me suffira, je l’espère, de quel-
ques mots pour faciliter cette comparaison et établir des différences essentielles, profondes, qui justifient pleinement
notre organisation actuelle.
Les cours de la Faculté des sciences sont au moins bisannuels. Or, ce qui convient aux candidats pour les diverses
Licences ne s’'approprienullement aux exigences des étudiants
d’un autre ordre; dans les Écoles professionnelles, l’instruction marche graduellement; chaque année possède son programme distinct, qui doit être scrupuleusement rempli; en
d'autres termes, tous nos cours sont annuels.
Ainsi l’enseignement de la chimie dans les Facultés, suivant le programme de la Licence, est ordinairement complet
en deux ans, à raison de deux leçons par semaine. Il ne répond
que
dans
une
certaine
mesure
aux
besoins
de notre
étudiant, puisqu’un cours de Faculté des sciences ne peut
s'occuper exclusivement des applications à la pharmacie
(il les néglige entièrement), insister sur les divers modes de
préparation des produits à la fois chimiques et pharmaceutiques et sur le degré de pureté indispensable pour les usages
médicaux, indiquer les effets ou le degré d'activité de ces
substances dans l'emploi thérapeutique, degré d'activité dont
102
SÉANCE DE RENTRÉE.
la connaissance prévient les erreurs de la pratique et les accidents qui souvent en seraient la suite inévitable.
L'enseignement chimique de l'École supérieure de pharmacie, complet chaque année, présente, à l'ouverture de ce
semestre d'hiver, cinq cours et dix leçons par semaine: les
cours de chimie minérale pharmaceutique, de chimie organique, de chimie des corps organisés (végétaux et animaux), de
chimie toxicologique et de chimie analytique. De ces cinq
cours, l’un, spécialement destiné à la troisième année, qui
traite de la chimie des corps organisés (végétaux et animaux),
s'ouvrira pour la première fois dès cette rentrée; il est dû à
l'initiative du professeur de chimie générale et n’existe dans
aucune autre École de pharmacie.
Je n’insiste pas sur ce point, mais je suis en mesure d’af-
firmer, sans témérité, qu’en France l'École de Nancy est celle
qui offre à l'étudiant le plus de moyens de s'instruire en
chimie appliquée, si l'on en juge par le temps, plus considérable que partout ailleurs, consacré chez nous à l’étude de
cette science, dont l'importance ne se discute plus.
Si la chimie se défend sans aucune
peine par la force
même de son enseignement, peut-il en être de même de la
physique, à laquelle nous ne consacrons qu’un semestre pour
les étudiants de première année, en vertu d'un règlement
bien ancien, mais qui fait loi pour nous, puisque nous ne
sommes pas encore parvenus à le faire modifier? Je me hâte
d'ajouter qu’en attendant la transformation de ce cours se-
mestriel en cours annuel, par l’adjonction d’un Maître de
conférences, des mesures seront prises pour offrir à nos élèves,
comme complément d’études, des manipulations de physique,
ou un enseignement pratique dirigé exclusivement dans le
sens professionnel.
Y a-t-il donc une physique pharmaceutique? Oui, Messieurs, c'est-à-dire que l'étudiant trouve dans l’étude des
propriétés générales de la matière et dans certaines applications de la chaleur, de l'électricité et de la lumière, les
ÉCOLE
SUPÉRIEURE
DE
PHARMACIE.
103
moyens de constater l'identité des corps, de les distinguer
de leurs isomères, de s'assurer de leur pureté, d'analyser et
de reconnaître les mélanges frauduleux dont ils ont pu être
l’objet, et même d'apprécier les altérations que le temps ou
les milieux peuvent apporter dans leur nature propre.
C’est à la chimie que l’on s'adresse d'ordinaire pour résou-
dre ces questions ; mais le pharmacien ne doit pas moins être
familiarisé avec les procédés de la physique qui conduisent
au même but, quelquefois avec plus de rapidité, en offrant
d’ailleurs l'immense avantage de ne modifier ni la constitution intime, ni même les caractères extérieurs des corps sou-
mis à l'examen.
Notre programme d'enseignement annuel théorique et pratique est donc bien distinct du programme bisannuel de la
Licence ou des Facultés des sciences, puisqu'il doit se borner aux applications de
certains procédés
de la physique,
à la solution de quelques problèmes de la chimie et de La
pharmacie. L'intérêt immédiat et réel de notre étudiant exige
que l’on ne dépasse pas des proportions exactement déterminéés; il ne faut pas oublier que la moitié de nos auditeurs,
ou la seconde classe, ne possède à son entrée que le bagage
scientifique trop restreint compris dans le certificat de gram-
maire, Quant à la première classe, pourvue du diplôme de
bachelier ès sciences complet, nous ne lui ménageons pas les
encouragements à se livrer de la manière la plus large à la
culture des sciences, et bon nombre d’entre eux deviennent,
pour la Faculté, notre voisine, des auditeurs sérieux et assidus.
Des considérations du même genre justifient la place assi-
gnée dans nos programmes à l’histoire naturelle. Notre cours
de botanique, par exemple, n’est point la reproduction de
celui de la Faculté des sciences; il n’est pas conçu sur le
même plan; il est théorique, sans doute, mais dans une mesure
différente, qui se proportionne avant tout aux exigences de la
pratique, qui amène, par conséquent, à l'étude des familles
végétales, qui dirige enfin dans la reconnaissance des plantes,
104
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
J'ai dit la nature de notre enseignement, examinons-en les
résultats.
Pendant l'année scolaire 1876-1877, 100 étudiants ont
suivi nos COUrS, SaVOir :
ue ue
23 de première classe;
61 en cours d'inscriptions, dont :
38 de
nine
classe ;
28 en cours d'examens (1);
_ 11 auditeurs bénévoles, presque tous élèves stagiaires dans
les pharmacies.
100
Il résulte de ces chiffres que nous avons eu cette année:
13 élèves en cours d'inscription de plus qu'en 1875-1876;
6 élèves en cours d'examens de plus qu'en 1875-1876;
6 auditeurs bénévoles de plus qu'en 1875-1876.
nt
25
|
Le total des inscriptions a été de 231, dont
92 de 1'°classe;
139 de 2° classe ;
c'est donc 53 inscriptions de plus qu'en 1875-1876, 123 ins-
criptions de plus qu'en 1874-1875.
85 examens tant semestriels que
de fin d'année
ont été
subis, 42 par des étudiants de 1" classe, 43 par des étudiants
de 2*classe. Le tableau suivant résume les mentions obtenues:
|
NOTES.
Frès-blen
.
.
Bien...
0,
4.4
Aggeg bien...
Médiocre.
.
Ajourmé,
.
.
ETC CLASSR, | 2e CLASSE.
à
4
0
4.
,
: .
a
se
+
,
4, 4.4.4,
.
4...
. , . .
44,
. .
.
. . .
4,
TOTAUX,
.
.
4:
.
.
.,
10
3
6
at
20
9
&
18
2
5
43
43
RS
85
{1} Dans ee nombre ne figurent pas 11 élèves qui ont été autorisés à subir des
examens définitifs avant l'expiration du trimestre dans lequel ils ont pris leur
dernière inseription.
ÉCOLE
SUPÉRIEURE
DE
PHARMACIE,
|
105
On voit, à l’inspection de ce tableau, que lesexamens de la
1"° classe ont été satisfaisants, puisqu'il n’y a eu que 4 résultats médiocres et seulement 2 ajournements; mais que si la
2° classe s’ést élevée à 11 Bien et 9 Assez bien, elle compte.
18 résultats médiocres et 5 ajournements.
Les examens définitifs continuent leur marche progresgives. On en compta 87 il y a trois ans, 47 il y a deux ans,
58 l'an dernier, et cette année le nombre s’est élevé à 69,
ainsi répartis:
1" classe.
2%
. . . . . .
29
classe.
. . .. . .
40
69
Les résultats fournis par ces actes scolaires se résument
ainsi:
|
NOTES.
Mrég-bien.
. . .
Bien...
Assez
d'e CLASSE. | 9e CLASSR.
..
bien,
..:,
,
.
7
,..
4.
,
, ,
4,
9
1
18
..
4
3
Médiocre.
.
.
, 4.04.
0, . .
5
8
Ajourmé.
.
......,
... ., ..
4
10
TOTAUX.
.
4.
.
. ..
29
40
RS
69
La proportion des ajournements a donc été de 20 p. 100 en
général; mais en reportant la question aux classes, nous constatons que de 6 la proportion s’est élevée à près de 14 p. 100
en l'e classe, et que de 28 elle s’est abaïssée à 25 p. 100
en 2° classe,
L'École, en 1876-1877, a délivré 21 diplômes, 7 de plus que
Van dernier;
10 diplômes de pharmacien de 1" classe, dont
4 avec la mention Très-Bien.
3 avec la mention Bien.
2 avec la mention Assez bien.
1 avec la mention Médiocre.
106
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
11 diplômes de pharmacien de 2° classe, dont :
2 avec la mention Bien.
T avec la mention Assez bien.
Le nombre
2 avec la mention Médiocre.
des concurrents pour les prix universitaires
nous a causé une profonde déception; il devait être très-satis-
faisant, mais un calcul de probabilités a fait fléchir la bonne
volonté de beaucoup, qui ont reculé devant la lutte pour la-
quelle ils étaient certainement bien préparés, et cela sous
prétexte que le résultat n’était pas douteux: fausse apprécia-
tion d’un concours où tel, reconnu supérieur en connaissances générales par le vox studentium, succombe parfois sous
les épreuves du laboratoire, en s’égarant au milieu de ses recherches. Les étudiants voudront bien ne pas oublier que les
aides préparateurs sont choisis parmi les lauréats; qu'une
liberté plus grande du travail de laboratoire, en dehors des
jours réglementaires, sous la surveillance du
Chef des tra-
vaux, ne sera accordée désormais qu'aux plus méritants du
concours; qu'enfin toute demande de passer des examens dé-
finitifs, avant l'expiration du trimestre dans lequel on a pris
sa dernière inscription, ne pourra être prise en considéra-
tion lorsqu'elle viendra d’un candidat qui s'est soustrait aux
épreuves de cette lutte universitaire.
6 élèves seulement, 2 pour chacune des trois années d’é-
tudes, ont concouru.
Le résultat, je m'empresse de le dire,
a été très-brillant et nous fait exprimer le regret qu'il n’y
ait pas, comme pour les Facultés de droit, un concours général entre les étudiants des Écoles de pharmacie de France.
Les jurys chargés d'apprécier la valeur des épreuves ont
proposé: un prix et une mention très-honorable pour la 1° année; un prix et une mention très-honorable pour la 2e année;
un prix pour la 3° année.
Ce
dernier
prix,
qui
consisté en une médaille
d’or
de
300 fr. et des livres, a été remporté par notre lauréat de l'an
dernier et il y a deux ans. Il n’est peut-être pas inutile d'a-
ÉCOLE
jouter
à cet
iaient
de 1"°
SUPÉRIEURE
DE
PHARMACIE,
107
que ce titre de lauréat des trois années d'études a valu.
étudiant la gratuité complète des droits qui lui resà acquitter pour obtenir le diplôme de pharmacien
classe, et que ces droits s’élevaient à 580 francs.
Le prix que nous devons à la libéralité du Conseil général
de Meurthe-et-Moselle et des Conseils municipaux de Lunéville et de Nancy n’a pu être accordé cette année. Contrairement à nos espérances, nous n'avons pas obtenu de thèse,
bien que l'un de nos meilleurs élèves ait vu couronner ses
recherches par des résultats nouveaux, dignes de la publicité,
qui pouvaient lui mériter ce grand prix d'honneur: ses défaillances du dernier moment l'ont fait reculer devant la soutenance. La thèse n'est pas obligatoire chez nous; elle le de-
viendra dans un avenir très-rapproché, que nous appelons de
tous nos vœux, et dès lors nous n’aurons plus sans doute
demander à ces généreux Conseils qu'ils veuillent bien nous
à
conserver cette allocation et la capitaliser avec celle de l’année suivante.
En résumé, Monsieur le Recteur, j'ai la grande satisfaction
de pouvoir répéter ce que je disais il y à un an, au sujet de
la situation de l'École supérieure de pharmacie: elle est de
plus en plus satisfaisante. Vous avez entendu le nombre de
nos étudiants pendant 1876-1877, celui des inscriptions prises,
des examens de tous genres subis, des diplômes délivrés : ces
chiffres sont une démonstration.
Cette prospérité croissante est due, je me plais à le dire,
au zèle et au talent de mes collègues, qui apportent à leur
enseignement tout leur savoir, tout leur dévouement. Mais
cet accomplissement du devoir serait resté stérile sans la gé-
nérosité du Gouvernement de la République, qui, par d'importants crédits supplémentaires,
nous a placés dans de meilleures conditions de fonctionnement matériel et régulier; sans
sa haute sollicitude pour les intérêts de l'enseignement supérieur, qui lui a fait combler avec empressement les vides
produits dans les rangs de nos titulaires, et nous a dotés de
108
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
chaires complémentaires destinées à rendre plus profitable à
nos élèves la pratique scientifique du laboratoire. J'e suis heureux de lui témoigner devant vous notre profonde gratitude.
En effet, quant à ce qui
gnant, M. Bleicher, chargé
bre 1876, a été promu au
naturelle, par décret du 1*
concerne notre personnel enseide cours par arrêté du 4 novemtitulariat de la chaire d'histoire
décembre suivant. Le digne suc-
cesseur de Heckel est un savant naturaliste, plein d’ardeur
pour la science, qui, depuis son arrivée parmi nous, a montré,
par ses nombreuses communications à la Société des sciences
de Nancy, de quel talent d'observation il est doué, et de quelle
valeur est la moisson scientifique accumulée par lui dans ses
voyages en Algérie et dans le Maroc.
Un autre décret du 1° décembre 1876 a nommé professeur
titulaire
de Pharmacie
M.
Descamps,
dont l'aptitude pour
l'enseignement avait été remarquée à Alger et nous avait
été signalée
: la chaire d'Oppermann est en bonnes mains;
l’auteur de la découverte des manganicyanures
aidera, lui
aussi, pour sa part, à continuer les traditions de l’École de
Strasbourg, et à maintenir la réputation de son héritière, l’École de Nancy.
Par arrêté du 1° février, M. Delcominète, professeur sup-
pléant, a été autorisé à faire un cours complémentaire de
Pharmacie galénique. On conçoit l'importance de cet enseignement donné avec toute l'ampleur possible, puisque létudiant trouve en le suivant la pratique raisonnée des opérations qu'il a si souvent faites pendant son stage officinal.
Enfin M. Haller s'est vu récompenser du zèle qu’il avait
déployé dans la direction de nos travaux pratiques, par le
titre d’agrégé provisoire, conféré par arrêté ministériel du 15
mai 1877, titre qu'il saura se faire donner définitivement en
l’emportant de haute lutte au prochain concours. Son aptitude
pour le professorat, que je citais l'an dernier, lui a valu, par
arrêté du 27 août 1877, l'autorisation d'ouvrir un cours com-
plémentaire de chimie analytique. L'École de Nancy ne peut
ÉCOLE
SUPÉRIEURE
DE
PHARMACIR,
109
que se féliciter d'avoir obtenu ce cours, qui venait d'être créé
à l'École de pharmacie de Paris, cours qui complète si heureusement notre enseignement chimique.
|
Nous sommes donc dans les meilleures conditions pour les
fortes études, et nous aurions pleine et entière confiance dans
l'avenir, Monsieur le Recteur, je dis plus, nous serions Certains de voir un nombre plus considérable encore d'étudiants
se grouper autour de nos chaiïres, si de nouveaux laboratoires
nous étaient accordés, si plus d'espace nous était donné.
De même qu'une Faculté de médecine sans hôpitaux d’une
contenance suffisante ne saurait être appelée à une brillante
destinée, de même
une École
de pharmacie, avec une sur-
face de laboratoire représentant à peine le cinquième du nécessaire, est fatalement vouée au marasme au bout d’un temps
très-court et trop facile à calculer, bien qu’elle ait en elle tous
les éléments de Ia vie. On parle souvent de léloquence des
chiffres; or, notre statistique, qui vous est présentée tous les
ans, à prouvé notre sérieuse vitalité et plaidé mieux que je
ne pourrais le faire, sans son appui solide, la cause de l’agrandissement de l’École de pharmacie, le moyen de nous
continuer l'existence dans le succès. L’Administration municipale de Nancy, la ville généreuse et intelligente, a compris que cet agrandissement s’imposait comme une nécessité;
aussi avons-nous le ferme espoir qu’elle prendra d'urgence
une décision conforme à nos vœux, et assurera ainsi la prospérité de l’une des cinq grandes Écoles qu'elle a le privilége
tant envié de posséder, et qui font d'elle l’un des grands centres universitaires de la République française.
PUBLICATIONS
MEMBRES DE L'ÉCOLE
PENDANT
PUBLICATIONS
DE
SUPÉRIEURE
L'ANNÉE
M.
LE
SCOLAIRE
DE PHARMACIE
1976-1877.
PROFESSEUR
JACQUEMIN
1876-1877.
|
1° De la Rhodéine au point de vue de la recherche du soufre.
2° De l'Acide salicylique au point de vue de l'analyse.
PUBLICATIONS
DE
M.
LE
PROFESSEUR
SCHLAGDENHAUFFEN
1976-1877.
1° Traduction du traité d'analyse chimique appliquée à la physiologie
et à la pathologie, de M. Hoppe-Seyler, professeur à l'Université de $Strasbourg. Paris, F. Savy.
2° Sur le sulfocyanate de potasse. (Journ. d'Als. Lorr., mai.)
89 Action Œu cyanure rouge sur les sulfures. (Union pharm., mai.)
4° Des oxydants
sur le sulfocyanate de potasse, (Union pharm., juin.)
5° Sur le persulfocyanogène. (ourn. d'Ats. Lorr., août.)
6° Sur l'essence d'angusture vraie. (Journ. de chim. et de pharm., août;
en communauté avec M. le professeur Oberlin.)
|
19 Les sulfocyanates en présence des acides oxygénés et de quelques
oæydes métalliques. (En communauté avec M. F. Wartz, directeur du laboratoire d'analyse de la Pharmacie centrale. Union pharm., juillet et août.)
8° Sur l'iodure mercureux. {Journ. d'Als. Lorr., septembre.)
PUBLICATIONS
DE
M.
LE
PROFESSEUR
BLEICHER.
1° Géologie topographique de la province d'Oran et du Maroc.
des scieuces de Nancy.)
(Société
ÉCOLE
29 Observations
SUPÉRIEURE
botaniques dans
DE
PHARMACIE.
iii
la province d'Oran ct au Maroc.
(So-
ciété des sciences de Nancy.)
3° Application de la paléontologie végétale et animale à la recherche de
la température à l'époque tertiaire en Algérie.
4 Anthropologie de la province d'Oran et du Maroc. (Société des sciences de Nancy.)
5° Minéralogie du fer dans
la province
d'Oran.
(Société
des
sciences
de Nancy.)
6° Archéologie préhistorique de cette méme province. (Société des sciences de Nancy.)
1° Sur l'âge de la pierre taillée et polie en Alsace. (Société des sciences
de Nancy.)
PUBLICATIONS
DE
M.
LE
PROFESSEUR
DESCAMPS
1876-1877.
Étude de la scille et de la scillitine. (Communication
des sciences de Nancy.)
PUBLICATIONS
AGRÉGÉ
DE
PROVISOIRE, CHEF
M.
DES
faite à la Société
HALLER
TRAVAUX
PRATIQUES
1876-1877.
1° Première note sur l'action de la chlorhydrine chromique sur l'anthracène. {Comptes rendus de l'Institut.)
2° Deuxième note sur le méme sujet. (Comptes rendus de Pinstitut.)
8° Action de la chlorhydrine chromique sur l'anthracène ef sur l'aniline,
(Communication faite à la Société des sciences de Nancy.)
4° Action de l'iodure de cyanogène sur le camphre sodé. (Communication faite à la Société des sciences de Nancy.)
5° Action du cyanogène sur le mélange de camphre sodé et de bornéol
sodé. {Société des sciences de Nancy.)
TRAVAUX
DE
M.
DELCOMINÈTE
‘
1876-1877.
Rapport général sur les travaux des Conseils d'hygiène publique et de
salubrité du département de Meurthe-et-Moselle. Un vol. in-8°. (Dix-huit
rapports sur l'hygiène, une analyse d'eau minérale et une statistique médicale de Nancy, sont propres à l'auteur.)
Sur la falsification du safran par les fleurs de carthame, moyen facile
de la reconnaître. (Bulletin de la Société de pharmacie de Meurthe-etMoselle, 1877.)
.
RAPPORT
SUR
LES
CONCOURS
FACULTÉ
DE
PENDANT
ENTRE
DROIT
L'ANNÉE
SCOLAIRE
LES
ÉTUDIANTS
DE
NANCY
1816-1877
PAR
M.
J
ORTLIERB
Agrégé
à la Faculté
Moxsreur LE RECTEUR,
MESSIEURS,
On a parfois médit du système de composition et de récompenses en vigueur dans nos établissements d'instruction publique de tous les degrés. Les critiques que vous avez peutêtre entendu formuler à cet égard, vous paraissent injustes,
j'en suis sûr. Îl en est une cependant que je redoute pour les
concours de la Faculté de Droit, dont je suis chargé de vous
rendre compte. Je crains que vous soyez tentés de leur adresser le reproche d'autoriser un rapport, qui, je le sens, hélas!
après les discours que vous venez d'entendre, doit sembler
d’un intérêt bien secondaire.
Une chose pourtant me rassure : c’est que cette solennité
que vous voulez bien honorer de votre présence, est la fête
de notre famille universitaire, c'est-à-dire aussi celle de nos
élèves. On vous a parlé d'eux déjà, mais la nature même des
communications qu'on vous.a faites, ne comportait que des
vues d'ensemble. Or, les travaux de ces jeunes gens, qui seront
FAGULTÉS.
8
114
.
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
hommes demain, que la patrie regarde grandir avec une
anxieuse sollicitude, ces travaux, qui sont les prémices de
leur activité intellectuelle, ne méritent-ils pas quelques dé-
tails?
On l'a pensé. Et voilà pourquoi je me permets de
sur un moment de bienveillante attention de la part
ditoire dont la présence même en ce lieu témoigne
térêt qu’il porte à notre Université nationale et à
compter
d'un aude l’inl'œuvre
d’affranchissement et de lumière qu’elle poursuit sans défaillance, avec une inébranlable fidélité.
PREMIÈRE ANNÉE.
Nos étudiants de 1" année avaient à traiter en Droit romain, « De la Constitution des servitudes réelles» (1). Sur huit
compositions, la Faculté en a retenu cinq.
Au premierrang se place M. Georges Lagrésille (2). On peut
sans doute lui reprocher quelques inexactitudes. Mais ce sont
là des taches légères que les qualités de son œuvre font vite
oublier, On est à l'aise, en effet, pour louer les connaissances
qu’elle révèle, la précision de la pensée, la clarté de l’expo-
sition, l'élégance de la forme.
M. Deglin (3) suit M. Lagrésille, d’un peu loin, il est vrai.
Sa composition est celle d’un esprit appliqué; on y trouve au
début des notions générales bien présentées et une bonne
division. Mais des omissions et plusieurs erreurs la déparent,
La Faculté accorde enfin trois mentions honorables ex æquo
à MM. Adam (4), Caye (5), Seligmann-Lui (6), dont les tra(1) Commussion : MM. Lepenian, président; Duvois, Gannien, rapporteur.
(2) Devises : Ad augusta per angusta.
À vaincre sans péril on triomphe sans gloire.
(3) Devises : Justitia est constans ac perpetua voluntas suum cuique tribuere.
A tous les cœurs bien nés que la patrie est chère!
(4) Devises : Debemur morti nos nostraque,
Le pauvre en sa cabane où le chaume
le couvre.
%
(5) Devises : Fecisti patriam diversis gentibus unam.
Rome n'est plus dans Rome, elle est toute où je suis,
(6) Devises : Felix qui potuit rerum cognoscere causas.
Heureux le sage, instruit des lois de la nature.
CONCOURS
DE
DROIT.
115
vaux lui ont paru dignes d'encouragement, mais dont les dé-
fauts et les qualités aussi s’équilibrent de façon à rendre le
classement impossible, Un vigoureux effort cette année, et à
la rentrée prochaine, s’ils le veulent, ils mériteront des éloges
sans réserves.
|
En Droit français, les étudiants de 1" année avaient À exposer les « Effets produits par la filiation naturelle simple, au
< point de vue de la nationalité, des empêchements au mariage,
« de l'adoption, de l'obligation alimentaire, de la puissance
« paternelle et de la tutelle » (1).
Ce sujet présentait un intérêt spécial mais aussi des diff-
cultés particulières, car il nécessitait une connaissance égale
de principes déposés dans des parties diverses de notre Code,
qu'il s'agissait de coordonner en un ensemble harmonique.
Aussi, sur neuf compositions, la Faculté at-elle eu le regret
d'en devoir éliminer six, qui sont loin sans doute d’être dénuées de valeur, maïs qui toutes présentent des imperfections
trop graves pour laisser place à une récompense.
M. Georges Lagrésille (2) a conservé sans peine le premier
rang qu'il avait conquis en Droit romain. Nous le retrouvons
avec toutes ses qualités.
.
Après lui vient ici encore M. Deglin (3), auquel nous souhaiïterions plus de méthode dans la composition, plus de nerf
dans l’exposition, plus de netteté dans le style,
Par tous ces côtés, M. Huguet (4), qui obtient une mention
honorable, est supérieur à M. Deglin. Mais des connaissances
un peu trop superficielles et plusieurs lacunes le placent au
troisième rang.
(1) Commission
: MM. JaLABERT, président; BLonpez, A. LoMBarp,
(2) Devises : Fais ce que dois, advienne
que pourra.
Labor omnia vincit improbus.
(3) Devises : Non inultus premor.
Dieu seul est grand.
(i) Devises : Væ victis!
Et de ces bruits divers, redoutable ou propice,
Sois l'étrange chanson.
rapporleur.
116
|
SÉANCE
DE
SECONDE
RENTRÉE.
ANNÉE.
Le sort à désigné aux étudiants de 2° année un sujet de
Droit criminel : « De la Prescription de l’action publique et de
« l’action civile » (1). Sur cinq compositions, la Faculté en a
jugé trois dignes de récompense.
.
M. Leclaire (2), qui remporte le 1° prix, a fourni un travail complet, écrit d’une façon sobre et correcte; il sait mettre
en relief les motifs de chacune de ses solutions, etses déductions s’enchaînent avec vigueur.
Au deuxième rang nous trouvons M. Schuler (3), dont la
composition renferme de bonnes parties, des critiques ingé-
nieuses, et dénote une intelligence vive secondée par de sé- :
rieuses habitudes de travail. Mais que l'auteur se défie d’une
facilité qui quelquefois l'empêche d'approfondir. Qu'il prenne
garde que l'abondance est trop souvent l’ennemie de la pré-
cision, de la simplicité, de la méthode. Qu'il médite davantage, qu'il discipline son esprit, de peur que ses heureuses
facultés ne demeurent infécondes.
M. Paillot (4), dont la composition est mieux écrite et mieux
‘coordonnée, mais moins bien complète, obtient une mention
honorable.
Les élèves de 2° année avaient à étudier, en Droit civil, les
« Effets de la solidarité passive » (5), question où les controverses abondent et qui exigeait de la part des concurrents
autant de sagacité que de connaissances,
La Faculté à la satisfaction rare de pouvoir couronner les
cinq compositions qui lui ont été remises.
(1) Commission : MM. Biner, président ; Onritep, À. LomBaRD rapporteur.
(2) Devises : Pergama et arentem Xanthi cognomine rivum.
Ariane, ma sœur,
de quel amour blessée...
(3) Denises : Il n’y a point de chemin trop long. ....
Cedant arma togæ.
(4) Devises : Fugit irreparabile tempus,
L'homme n'a pas de port,
(5) Commission : MM. Lomsaro, président; Liéceois, BLONDEL,
rapporteur.
CONCOURS
Des décisions exactes et
pements très-complets, une
au premier rang M. Guyot
M. Paillot (2) a mérité
aimons à louer l'exposition
DE
DROIT,
117
solidement motivées, des dévelopgrande clarté placent de beaucoup
de Saint-Remy (1).
le 2° prix par un travail où nous
facile, le tour de phrases agréable,
mais dont nous regrettons les lacunes.
Ce défaut se retrouve dans la composition de M. Rossignol (3), qui révèle des efforts consciencieux, mais où s'est
glissé un peu de confusion. La 1" mention lui est attribuée.
MM. Paquy (4) et Schuler (5) obtiennent chacun ex æquo,
une 2° mention.
TROISIÈME ANNÉE,
Le sujet de Droit romain, en 3° année, était intitulé : « Les
Effets de la perte fortuite de la chose due » (6).
Deux concurrents sur trois sont couronnés, M. Maurice (7)
ct M. Alfred Lagrésille (8).
Ils ont eu le tort commun de passer sous silence la question de la perte de la chose due dans les obligations uni-latérales, et celle de l'influence de la mise
règlement des risques,
en demeure sur le
Mais quant à la partie du sujet qu'ils ont abordée, les ris-
ques dans la vente, la composition de M. Maurice est de beau(1) Devises : Sisyphus in vita quoque nobis ante oculos est,
Avec des mots on discute vaillamment.....
(2) Devises : Finis coronat opus.
Mais où sont les neiges d’antan?
(3) Devises : O rus, quando te aspiciam |
Le bruit ne fait pas de bien; le bien ne fait pas de bruit,
(1) Devises : Contra non valentem agcre non eurrit præseriptio.
Faire sans dire,
(3) Devises : Vita brevis, ars longa.
La liberté est l'idéal divin de l'homme.
(6) Commission
: MM.
Leneriain, président ; Dusots, GARNIER, rapporteur.
(7) Devises : Inter utrumque tene.
Rien ne sert de courir, il faut partir à temps.
(8) Devises : Una salus victis nullam sperare saiutem.
Le droit romain est la raison écrite.
118
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
coup la meilleure. Complète, elle met en relief, avec une
grande clarté, les solutions les plus justes, en les appuyant
toujours de l'argument décisif. Aussi a-t-elle été reconnue
digne du 1° prix.
Les lacunes, les hors-d'œuvre signalés dans le. travail de
M. Alfred Lagrésille n'ont permis de lui accorder qu’une
mention.
Le concours de Droit civil français portait sur le « Principe
« de la publicité et de la spécialité des priviléges et hypothè-
« ques »(1), sujet fort riche, qui donnait ample carrière à l’esprit de généralisation, mais qu'il importait de renfermer avec
un soin scrupuleux dans les limites d’une étude de synthèse.
C’est faute de l'avoir compris, et pour s'être perdu dans les
détails, que l'un des concurrents voit son travail écarté, bien
qu'il révélât des connaissances généralement exactes, fruit
d'efforts sérieux.
.
Restaient deux compositions,
celles de MM.
Maurice et
Favre.
Le premier rang en Droit français, comme en Droit romain,
est la récompense enviée que vaut à M. Maurice (2) son infatigable travail, au service d’une forte et vive intelligence.
Exposant avec une grande sûreté de doctrine toutes les parties de son sujet, choisissant avec sagacité ses solutions, il les
défend avec une rare vigueur de dialectique, et sait donner
à chaque idée un développement en rapport avec son importance.
Que l’auteur songe seulement à accuser plus fortement ses
divisions; ceux qui le liront lui en sauront gré, et ses qualités y gagneront de briller d’un éclat plus vif.
Cette année encore nous reprocherons à M. Favre (3)
de se contenter de la deuxième place, Esprit originalet cher{1} Commission : MM. LouBarD, président ; Lifcrois, BINET, rapporteur.
(2) Devises : Amicus Plato, sed magis amica veritas.
Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable.
(3) Devises : Aurea mediocritas.
Oh! que le doute est un doux et mol chevet à une tête bien faite!
CONCOURS
DE
DROIT.
119
cheur, doué d'une mémoire heureuse et d’une grande facilité
M. Favre, qui écrit agréablement quand il ne méconnaît pas le
prix de la simplicité, sait, grâce à des divisions bien choisies
et à une netteté parfaite, éclairer dès l’abord d’une vive lu-
mière les questions qu’il examine. Il était armé pour disputer
sérieusement la victoire; mais moins solide dans ses connais-
sances, trop confiant peut-être dans
ses forces, il a laissé
échapper plusieurs inexactitudes qu’il pouvait éviter par une
méditation plus longue ou corriger par une révision plus
attentive.
La Faculté convie dès à présent à des joutes nouvelles ses
aspirants au doctorat et ses jeunes docteurs. Elle propose à
leurs efforts un sujet dont les débats récents ont mis en plein
relief le profond intérêt pratique et les difficultés doctrinales :
« Du Conflit des lois en matière de mariage et de séparation de
« corps. » Qu'ils se laissent tenter par une excursion sur le
terrain du droit international privé, dans ce domaine où il
reste tant de recoins peu explorés, où les plus vives satisfactions sont réservées aux esprits impatients
curieux de nouveautés.
de redites
et
Qu'ils ne permettent pas que la Faculté ait, l'an prochain,
de nouveau à constater une abstention qu’elle déplore.
MESSIEURS LES ÉTUDIANTS,
Nous
comptons
sur vous tous. Que
ces
couronnes
soient
pour chacun de vous un encouragement au travail. Ne l'oublions pas : nous sommes ici à l’avant-garde de la France ; ce
poste d'honneur, où nous ont placés les désastres de la patrie,
nous impose des devoirs auxquels nous ne saurions faillir
sans lâcheté.
Que notre devise soit donc ce mot d'ordre qu’un Romain
léguait à ses soldats : « Laboremus (travaillons). »
DISTRIBUTION
FACULTÉ
DES
DE
PRIX
DROIT
M. ORTLIEB, Agrégé, chargé de cours à la Faculté de Droit, a
donné lecture de la liste des concurrents qui ont obtenu des prix et
des mentions conformément au procès-verbal ci-après :
Extrait
du procès-verbal
« Ïl a été procédé
« lesquelles
de la séance
à l'ouverture
étaient renfermés
les
du 9 août
des enveloppes
cachetées
bulletins indiquant
« CONCUITENTS,
1877.
les noms
dans
des
|
« D'après les rapprochements faits entre les devises portées sur les
« dissertations jugées dignes de récompenses et les mêmes devises
« portées sur les enveloppes, Les prix et les mentions ont été décernés
« dans l’ordre suivant »:
PRIX DONNÉS
CONCOURS
DE
PAR L'ÉTAT
TROISIÈME
ANNÉE
Droit romain.
1% Prix (Médaille d'argent).
M. MAURICE (Alexis), né à Billy-sousMangiennes (Meuse), le 29 décembre
MENTION HONORABLE.......
M. LAGRÉSILLE (Alfred-Joseph), né
à Nancy (Meurthe), le 19 juillet 1857.
1855.
fode
1° Prix (Médaille d'argent).
|
civil,
M. MAURICE (Alexis), né à Billy-sousMangiennes (Meuse), le 29 décembre
1855.
122
SÉANCE
DE
RENTRÉE.
2° Prix (Médaille de bronze). M, FAVRE (Paul-Alexandre),néà
SaintPétersbourg (Russie), le 1% oetobre
1856.
PRIX DONNÉS
DE
PAR LES CONSEILS
MEURTRE-ET-MOSELLE
CONCOURS
DE
ET
DE
LA
SECONDE
GÉNÉRAUX
MEUSE
ANNÉE
Code civil.
1% Prix (Médaille d'argent). M. GUYOT px SAINT-REMY (Joseph|
Louis-René), né à Nancy (Meurthe),
le 1% avril 1856.
2° Prix (Médaille de bronze). M. PAILLOT (Francçois-Edmond), né
à Sampigny (Meuse), le 8 mai 1857.
1 Mention nonoRaBze.... M. ROSSIGNOL (François-Louis-Eugène), né à Metz (Moselle), le 14 juillet 1855.
M. SCHULER (Edmond-Louis), né à
Strasbourg (Bas-Rhin), le ‘7 février
25 MENTION
KHONORABLE
1858.
ex œquo.
M. PAQUY
(Jules-Maurice), né à Metz
(Moselle), le 8 mars 1857.
Procédure
civile
et Droit criminel.
1° Prix (Médaille d'argent). M. LECLAIRE (Auguste), né à Colmar
(Haut-Rhin), le 20 janvier 1857.
2° Prix (Médaille de bronze).
MENTION
HONORABLE......,
M. SCHULER (Edmond-Louis), né à
Strasbourg (Bas-Rhin), le 7 février
1858.
M. PAILLOT (François-Edmond), né à
Sampigny (Meuse), le 8 mai 1857.
PREMIÈRE
ANNÉE.
Droit romain.
1% Prix (Médaille d'argent). M. LAGRÉSILLE (Pierre-Marie-Geor-
ges), né à Nancy (Meurthe), le 8 mai
1859,
|
DISTRIBUTION
2° Prix (Médaille de bronze).
1% MexrTiox nonoragre....
DES
PRIX.
123
M. DEGLIN (Henri-Edmond) ,né à Madrid (Espagne), le 7 février 1859,
M. ADAM (Henry-François-Joseph), né
à Landaville (Vosges), le 8 novembre
1857.
2° Mention nonorage..,,
M. SELIGMANN-LUI (Paul-Victor), né
à Nancy (Meurthe), le 22 décembre
1858.
3° Menrion Honorante..,... M. CAYE (Louis-Marie-Joseph), né
Metz (Moselle), le 11 juillet 1855.
Code
à
civil.
1% Prix (Médaille d'argent).
M. LAGRÉSILLE (Pierre-Marie-Georges), né à Nancy (Meurthe), le 8 mai
2° Prrx (Médaille de bronze).
M. DEGLIN (Henri-Edmond), né à Madrid (Espagne), le 7 février 1859.
M. BUGUET (Ernest-Nicolas-Louis),
né à Bar-le-Duc (Meuse), le 8 juin
1857.
1859.
MENTION HONORABLE.. .....
FACULTÉ
DE MÉDECINE
Aux termes des arrêtés de 1854, il est distribué annuellement, dans
la Faculté de médecine de Nancy, quatre prix et des mentions honorables, d’après le résultat de quatre concours distinets correspondant
à chacune des quatre années d’études,
Les jurys chargés de prononcer, cette année, sur le mérite des
épreuves, ont décerné les récompenses dans l’ordre suivant :
PREMIÈRE ANNÉE D'ÉTUDES
Chimie,
Physique
et
Histoire
naturelle.
Prix: M. Frevra (Marie-Dieudonné-Pierre-Paul), né le 19 octobre 1859,
à Strasbourg,
Mentions honorables : MM. Srwonx (Marie-Victor-Paul), né le 2 juillet
1857, à Lunéville (Meurthe).
Sprre (Marie-Léonce- Théophile), né le
5 mai 1857,
Lunéville (Meurthe).
124
SÉANCE
DE
RENTRÉE,
DEUXIÈME ANNÉE
Anatomie
et
Physiologie.
Prix : M. Capior (Gabriel-Paul-Émile), né le 4 juillet 1857, à Vandeléville (Meurthe),
TROISIÈME
ANNÉE
Médecine.
Prix: M. Mizzer (Joseph), né le 7 décembre 1851, à Saffloz (Jura).
Mention honorable : M. Srourr (Jean-Bapti te-Médard), né le 8 juillet 1854, à Rixheim (Haut-Rhin).
QUATRIÈME
ANNÉE
Pas de concours.
PRIX
PARTICULIER
Un concours auquel ont pris part les élèves internes, a été ouvert,
à la fin de l’année scolaire, pour l'obtention du prix dit : Prix de
l'Internat, fondé par M. le docteur Bénit.
Le jury chargé de prononcer sur le mérite des épreuves de ce
concours à décerné le prix à M. Hyrozirre (Charles-Victor-Hippolyte), né le 4 juillet 1854, à Dagonville (Meuse), et une mention
très-honorable à M. René (Albert), d'Atton (Meurthe-et-Moselle).
PRIX DE THÈSE
PRIX
DU
CONSEIL
GÉNÉRAL
DE
MEURTHE-ET-MOSELLE.
Sur la proposition de la Commission chargée, par la Faculté, d'apprécier la valeur des thèses soutenues pendant l'année scolaire 18761877, le prix de thèse a été accordé à M. le D' Murrer (ÉmileFrançois), né le 25 mars 1851, à Wissembourg (Bas-Rhin).
Une mention honorable à M. Lréaxcrs (Charles-Auguste), de Bainvilleaux-Saules (Vosges).
Une citation à MM. Guvor (Philippe-Louis-Mélasippe), de Liffol-lePetit (Haute-Marne) ;
GurzrewanD (Léon-François-Gabriel), de Metz ;
Hovrger (Louis- Prosper},
de Remoncourt
(Meurthe-et-Moselle).
DISTRIBUTION
DES
PRIX,
125
FACULTÉ DES LETTRES
PRIX DU CONCOURS
LITTÉRAIRE
INSTITUÉ PAR LE CONSEIL GÉNÉRAL DE MEURTHE-ET-MOSELLE AVEC
LE
CONCOURS
DES
LUNÉVILLE.
CONSEILLERS
MUNICIPAUX
DE
NANCY
ET
DE
Prix : Médaille d'argent et don de livres de 200 fr. : M. Gex (Marcel-
Eugène-Émile), né à Épinal, le 16 janvier 1857.
Mention honorable et médaille d'argent, ex æquo : M. Jranrix (Paul),
ué à Hadonville (Meuse), le 3 octobre 1858;
M. Hinzerin (Justin-Chartes-Émile), né à Nancy, le 13 avril 1854,
ÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHARMACIE
Conformément aux dispositions du déeret du 21 avril 1869 et de
la circulaire ministérielle du 6 juillet suivant, des prix, avec des
mentions
honorables, s’il y a lieu, sont accordés annuellement, à la
suite d’un concours, dans les Écoles supérieures de pharmacie.
La Commission chargée de prononcer, cette année, sur le mérite
des épreuves des candidats, a décerné les récompenses dans l'ordre
suivant :
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PREMIERE ANNÉE
Chimie
minérale,
Physique
et Histoire
Priæ: M. Guivuix (Louis-Charles-Benoît),
le 28 décembre 1854,
Mention très-honorable: M. Fournie
naturelle.
né à Besançon (Doubs),
(Joseph-Prosper), né à Plom-
bières (Vosges), le 4 juin 1855.
DEUXIÈME ANNÉE
Pharmacie et Matière médicale,
Prix : M. Marvior (Édouard), né à Nancy, le 31 octobre 1853,
Mention très-honorable : M. Wanin (Jules), né à Sedan (Ardennes),
le 18 janvier 1853.
|
TROISIÈME ANNÉE
Chimie
Prix : M.
Gérarp
organique
et Toxicologie,
(Henri-Claude), né à Dieulouard
28 août 1851.
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Classe
Document
Université De France / Académie de Nancy. (1877). Rentrée Solennelle des Facultés de droit, de médecine, des sciences et des lettres et de l'École Supérieure de Pharmacie de Nancy, le 20 novembre 1877. https://histoire-universite-nancy.fr/s/una2gm/item/8490, accès le 19 mai 2022