Rentrée Solennelle des Facultés de droit, des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 16 novembre 1865
1865
; Nancy (Meurthe-et-Moselle)
; Discours Officiel
;
Document
;
partie, publication en série imprimée
; sr1865
;
par : Université Impériale / Académie de Nancy
seance_rentree_1865_complet.pdf, application/pdf, 5,65 Mo,
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Identifiant (dcterms:identifier)
sr1865
Créateur (dcterms:creator)
Université Impériale / Académie de Nancy
Titre (dcterms:title)
Rentrée Solennelle des Facultés de droit, des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 16 novembre 1865
Sujet (dcterms:subject)
Discours Officiel
Editeur (dcterms:publisher)
Veuve Raybois, Imprimeur des Facultés, Rue du faubourg Stanislas, 3
Direction de la Documentation et de l’Édition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
Bibliothèque-médiathèque de Nancy
Date (dcterms:date)
1865
Droits (dcterms:rights)
Couverture spatiale (dcterms:spatial)
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
Type (dcterms:type)
partie
publication en série imprimée
Date de publication (dcterms:issued)
1865
Format (dcterms:format)
PDF avec ocr
Langue (dcterms:language)
fr
extracted text (extracttext:extracted_text)
UNIVESITÉ
IMPÉRIALE,
ACADÉMIE
DE
ne
NANCY.
à "mme
RENTRÉE SOLENNELLE
DES
FACULTÉS DE DROIT.
DES
SCIENCES
ET
ET
DES LETTRES
DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE & DE PHARMACIE
|
DE NANCY,
Le
16
novembre
1865.
NANCY,
Ve RAYBOIS, IMPRIMEUR DES FACULTÉS,
°
Rue du faubourg Stanislas, 3.
MDCCCLXV.
PRO CÈS- -VERBAL.
DE LA SÉANCÉ
‘La.séance solennelle de ‘rentrée des Facultés dé
Droit, des Sciences, des Lettrés, de l'Évolé dé Médecine
et de Pharmacie de Nancy a eu lieu le jeudi, 16 novérn-
_ bre 1865, sous la présidence de M. le Recteur.
©
.À onze heurés, üne messe du Saiñt-Eéprit, célébrée
dans le Palais académique par Mè Lavigerie, Evèque
de Nancy, réunissait M. 16 Recteur, lés Meïnbres dû
Conseil académique, les Inspecteurs d'Académie, les
Doyen, Directeur et Professeurs des quatre établissei
ments d’enseignemént, Îles Fonctionnaires du. Lycée |
et ceux de l'Ecole normale.
_
|
A midi, la Séance publique s’est ouverte dans 16.
grand amphithéâtre.
du Palais académique.
M. le Recteur était sur l'estradé, entouré dés Inspeë-
fours d'Académie du ressort, des Doyens et Professeurs
— 6 —
des Facultés de Droit, des Sciences, des Lettres, du
Directeur et des Professeurs de l'Ecole de Médecine et
de Pharmacie,
du Proviseur
et
des
Professeurs
du
Lycée, tous en robes.
Sur les fauteuils placés en avant de l’estrade on re-
marquait S. Exe. M. le Maréchal Forey, M. Lezaud,
premier Président de la Cour impériale,
M. Podevin,
Préfet de la Meurthe, M# l’Evêque de Nancy, M. Leclerc,
Procureur général, M. le baron Buquet, Député et Maire
de Nancy, M. le général d'Auvergne, chef d'état-major
de M. le Maréchal Forey, M. le vicomte Drouot, Député
de la Meurthe, M. Bompard, Président du Tribunal de
première
instance, M. le chanoirie Bureaux, membre
du Conseil académique , M. le colonel de la Gendarmerie,
M. le colonel du 79° de ligne, des Officiers supérieurs
de l'état-major de M. le Maréchal Forey.
Derrière ces hauts fonctionnairés ; tous en costume
officiel , on remarquait des membres du Conseil général
du département, du Conseil munipal de Nancy, du
Clergé, de la Magistrature, de l'Armée, des Sociétés
savantes, enfin un
public nombreux
et choisi.
M. le Recteur a ouvert la séance par une allocution,
puis il a donné successivement la parole à M. Jalabert,
Doyen de la Faculté de Droit, à M. Godron, Doyen de
la Faculté des Sciences, à M. Benoit, Doyen de la Faculté
des Lettres, à M. Simonin, Directeur de l'Ecole de Mé-
— 7 —
|
decine et de Pharmacie, et à M. Lombard, Professeur
à la Faculté de Droit, chargé du rapport sur le concours
ouvert entre les étudiants en droït de première et de
deuxième année. :
.
on
À Ja fin de la séance on a proclamé les prix mérités
par les étudiants de la Faculté de Droit et par les
élèves de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie.
ALLOCUTION
DE
| M..LE RECTEUR DE L'ACADÉMIE.
Monsieur LE MarécHaL,
Monsrieneur,
Messreurs,
- Æn-me voyant présider pourla première: fois cette impo-
sante réunion, vous vous rappelez naturellement lad-
minisirateur distingué que vos regrets unanimes accompagnaient,
il y. a quelques mois, dans sa retraite. Vous
rendez hommage à cette remarquable intelligence des
affaires, À cette expérience consommée que, pendant huit
ans, mon honorable prédécesseur mit au se:
et vaste ressort, M. Dunoyer, vous le savez, élait discret et
modeste, aussi le bien s'opérait sans bruit sous.sa direction
paternelle et éclairée, et-comme il entretenait sans peine |
autour de lui l'amour du devoir dont il était lui-même si
profondément pénétré, il n'avait qu’à faire sentir à toys
—
40
—
une bienveillance que chacun s’efforçait de mériter. C’est
ainsi que l’administration de cet homme de bien aura
marqué une des périodes les plus tranquilles et les plus
prospères de l’Académie de Nancy; c’est ainsi qu’il aura
laissé à ceux qui l’ont connu un souvenir mêlé d’estime profonde et de véritable affection, età celui qui a l’honneur
de lui succéder, de précieuses traditionsà suivre et de bons
exemplesà imiter.
C'est, Messieurs, dans ces traditions, qui sont celles de
l’Académie elle-même,
que je trouverai à mon
ou plutôt celles
de l’Université,
tour, je l'espère , la règle et
l'appui de mon administration. F’aurai surtout pour auxi-
liaires le Conseil académique qui en est le gardien ; le corps
si actif et si dévoué de l'inspection, les chefs renommés de
vos établissements de tout ordre; enfin je m’inspirerai de
cette vive émulation, de cette généreuse ardeur et de ce
magnifique élan qui emportent cette intelligente contrée
dans toutes les voies du progrès.
Que l'enseignement supérieur ait puissamment contribué
à ce réveil ou plutôtà ce développement de vie intellectuelle dont nous sommes témoins, c’est ce que nul ne con-
teste. Votre Faculté de Droit, si admirablement dirigée,
a tout d’abord dépassé les espérances les plus ambitieuses,
et le pays tout entier est maintenant édifié sur la solidité
et l'éclat de son enseignement. La Faculté des Sciences,
“par un dévouement qu’on ne saurait trop louer, devançant
un mouvement, qui sous une haute impulsion s’est depuis
communiqué à la France entière, a su mettre depuis longtemps la science à la portée de tous par ses cours du soir.
Votre Faculté des Lettres
n’a pas d’égale parmi ses
sœurs des départements pour le nombre et la qualité des
—
A4
—
.
auditeurs, et je n’en connais pas qui sache répandre plus
de charme et d’attrait sur de plus pures et plus austères.
doctrines. Quant à votre Écolé de Médecine,
elle est tou-
jours cette excellente École que j'ai connue il y a quinzé
ans et qui était déjà digne de figurer parmi les établissements de l’ordre le plus élevé.
J'ai dit ailleurs quels vieux liens d'affection nvattachent
à votre beau et florissant Lycée. Et que n’aurai--je pas à
ajouter à ce tableau de vos richesses intellectuelles, si je
voulais rappeler ici les merveilleux progrès qui s’accomplissent chaque jour dans l'éducation populaire?
Ti faut l'avouer,
Messieurs,
vous
avez eu cette bonne
fortune (el vous la méritez bien) que depuis dix ans, tous
les ministres qui se sont succédé à notre tête ont tenu à
honneur de n’attacher à vos institutions renaissantes que.
des esprits d'élite. Chaque année, pour ainsi dire, vos
Facultés donnent
des lauréats à FInstitut,
la Sorbonne
s'enrichit de vos pertes, et tout récemment la Faculté de
Droit de Paris enlevait à la vôtre, qui n’est que d’hier,
trois maîtres renommés et qui avaient conquis parmi vous
la plus légitime popularité. Nous aurions même le droit
de nous en plaindre et de nous en affliger, si l'habile
ministre, qui veille avec la plus vive sollicitude sur son
œuvre, n'avait adouci nos regrets en réalisant dans ses
nouveaux choix toutes nos espérances. À la Faculté des
Lettres comme
à la Faculté de Droit,
de jeunes et bril-
lantes recrues sont venues combler les vides et mettre en
regard de talents müûris et éprouvés les plus belles perspectives d'avenir.
|
Qui n'adrhirerait, Messieurs, ce magnifique. ensemble
_de ressources qu’un gouvernement libéral et une muni-
…—-
42
—
|
cipalité intelligente ont su-mettre à la disposition de Ja
jeunesse? Qui
n'applaudirait aux nobles ‘efforts «de ces
hommes .de. talent et de cœur qui versent chaque jour à
pleines mains, dans J’ârne ‘de cette jeunesse, les trésors
variés-de la science.
en
Et, cependant, j'entends répéter autour de moi, que,
. à part nos cours de droit ét de médecine, où il faut bien
aller chercher cette instruction obligätoire et :qui. mène
à une carrière déterminée,
ce n’est pas elle qui fréquente
avec le plus d’assiduité nos amphithéâtres des Sciences
et des Lettres, Eh! quoil dirai-je alors aux étudiants
qui m'écoutent en ce moment : voulez-vous, dès les
premiers jours de votre ‘jeunesse, vous séparer ‘de. ces
. vieux maîtres de la vie humaine qu'on appelle les écri-
vains .classiques? Cétle antiquité, que vous avez à pei-
ue
entrevue
à travers
d’admirables fragments
d’élo- :
quence et de poésie, n’a-t-elle plus rien à vous apprendre?
Avez-vous jamais songé à étudier ses institutions socialés
et politiques qu’il est si utile de connaître, ne füt-ce que
pour mieux apprécier la supériorité des nôtres? Fils de la
civilisation chrétienne, avez-vous interrogé les grands
siècles de son histoire, qui furent aussi ceux du progrès
dans la: dignité humaine, dans
la moralité, dans de Droit
enfin. Vous qui aspirez aux carrières de la magistrature et
du barreau, où irouverez-vous les véritables origines du
droit lui-même, si ce n’est dans cette philosophie spiritualiste qu’avaient entrevue Platon et Cicéron, et qui fut
la foi de tous les beaux génies des âges modernes.
Je le sais, il faut embrasser une profession et acquérir
les connaissances qui s’y rapportent; mais n'oubliez pas
que si ces connaissances spéciales font les praticiens dis
—
À
—
tingués, la culture générale de l'esprit fait seule les hommes-supérieurs.
Vous rechércherez aussicette instruction qui représente
les besoins les plus élevés de l'intelligence humaine et les
plus nobles aspirations du cœur, celle qui se nourrit des
grandes et antiques traditions de la foi religieuse, des
pures inspirations des lettres, des fortes leçons de l’his-.
toire et des graves enseignements des sciences proprement
dites. Ne vous y trompez pas d'ailleurs; cette instruction
profite plus qu'on ne croit aux aptitudes qu’exigent les
vocations particulières, car elle donneà la pensée plus de
souplesse et de ressort, plus d’étendue et de vigueur.
Voilà, Messieurs les Étudiants, la forte éducatioti que
nous ambilionnons pour vous;. c'est celle qui vous offre
parmi vos maîtres de si beaux types; c’est celle qui, hier
encore, dans le Conseil académique, inspirait au chef
éminent de la Cour impériale de si éloquentes paroles.
C'est ce grand intérêt qui rapproche ici, en ce moment,
les représentants les plus élevés de l’armée, de la magistraiture, de Padministration; qui amène sur le théâtre
même de vos travaux où il vous apporte ses | bénédictions
et ses prières un prélat vénéré!
Do
Vous répondrezà tous ces. encouragements
par vos.
efforts et vous ferez en sorte que cette ville de Nancy, qui
offre à votre jeunesse de si puissants moyens d'instruction,
soit un jour fière d’avoir donné en vous, à la France et à +
l'Empereur, de belles intelligences et de nobles cœurs.
RAPPORT
M. JALABERT, DOYEN DE LA FACULTÉ DE DROIT.
Monsteur LE MARÉCHAL,
Monxsreur LE RECTEUR, .
: MONSEIGNEUR,
- Messreurs,
La Faculté de Droit de Nancy, rétablie l’an dernier par
l'Empereur, aux acclamations de l'élite d’une province à
jamais française, a repris sa place au milieu des établissements de cette intelligente cité: Appelée par vos vœux les
plus constants, soutenue à ses débuts par la sympathie
publique, elle n'a cessé de rencontrer votre appui. Ses
membres se sont efforcés de répondre à votre légitime
attente, vous avez cherchéà leur prouver qu ils n’ont pas
été au-dessous de leur tâche, les résultats obtenus vous
ont paru de bon augure pour l'avenir. Aujourd’hui nul ne
—.
16
—
doute du succès de cette initiative provinciale, si hardie
et si sûre d'elle-même, qui a excité l'émulation d’autres
villes jalouses de recouvrer leurs anciennes Universités.
Notre institution est pleine de vitalité et de séve, les
germes qu’elle renferme vont se développant tous les
jours, et c’est de la première période de son existence que
nous venons rendre- compte au Conveil académique, sous
la haute tutelle duquel nous sommes
placés, et, avec son
assentiment, à opinion publique, cette grande puissance
des.temps modernes, représentée ici par ses organes les
plus haut placés et les plus éclairés.
L'intérêt si vif et si patriolique que vous prenez aux
progrès d’une École, en grande partie votre ouvrage, nous
assure que les chiffres d’une statistique un peu aride ne
lasseront pas votre attention bienveillante, et que vous ne
serez pas rebutés par les détails techniques dans lesquels
je vais être forcé d’entrer'envousiprésentanturi exposé de
notre situation scolaire soustous:ses aspects:
Le chiffre de 110 inscriptions par trimestre:(1) et celui
de 136 élèves pendant l’année écoulée-ont> dépassé, vous
vous en souvenez,
vos espérañces et les nôtres.
Sur ce
nombre, les trois quarts ont été fournis par les départements du ressort académique,
là moitié appartient
à la
Meurthe,
le tiers. à là ville même dé Nancy. En moyenne
nous avons compté 10’ aspirants aù cerlificat” dé capacité
{1} Rélévé dés inscriptions :
‘
Lértriméstre dé novemibré 486%... .... 408 inscriptions:
3e-trimestre de.jänvier 1865. ,.,...,., 110
3e trimestre d'avril 4865.......,,,.....410
4® trimestre de juillet 1865....,......,
Total.....
A0
—
_
—
459 inscriptions,
—
À7
—
requis pour des fonctions d’avoué, 70 élèves de première
année, 20
Doctorat.
de seconde,
4 de troisième,
et 6 aspirants au
o
‘
Nous avions réclamé dès le début un enseignement complet à tous les degrés. Nous savions bien que les cours
de première année pourraient seuls réunir un auditoire
normal, mais nous pensions qu'il se trouverait assez
d'élèves lorrains, que la proximité de leurs familles rappe-
lerait dans
ce centre
universitaire,
pour réunir un
per-
sonnel suffisant de seconde et de iroisième année. L'événement n’a point trompé nos prévisions : la troisième
année qu'il semblait à l'avance difficile de constituer, à
cause des liens formés ailleurs entre les maîtres et les
élèves,
a recruté 11 étudiants parvenusà des degrés d’ins_cription divers; à ces derniers sont venus se joindre des
auditeurs bénévoles, et, parmi eux, des magistrats, de
hauts fonctionnaires appartenant aux administrations
financières, dont la présence assidue ajoutait un surcroît
d'autorité à l’enseignement des professeurs.
Nos huit cours ont donc été ouverts dès le 28 novembre; bien plus, un cours libre a été autorisé par M. le
Ministre, pour que notre Faculté n’eût rien à envier à
aucune autre (1). M. de Metz-Noblat, utilisant noblement
ses loisirs, a bien voulu faire profiter nos élèves et le
public des travaux d’une partie de sa vie; abordant pour
la première fois la chaire, 1l a révélé un talent de parolé
qui s’ignorait lui-même, et dans une série de leçons
pleines de science,
d’esprit et de bon sens, il a initié ses
(1) Paroles de M. linspecteur général
‘de la Faculté.
Giraud,
dans la séance d’inauguration
—
18
—
nombreux auditeurs à la connaissance des lois fondamen-
tales de l'économie politique.
Obligatoires, les cours réglementaires destinés aux différentes années ont été suivis par les étudiants qui s’y
étaient fait inscrire. Le devoir de Passiduité est, en effet,
un de ceux qui ne comportent d'autre dérogation que.
celles que
prévoient
les instructions
ministérielles. En
dehors des dispenses accordées par l'autorité académique,
à raison des fonctions publiques ou du surnumérariat qui
les précède, tout élève valide doit assister aux leçons de
ses professeurs. Manque-t-il à cette obligation, ses ab-
sences
sont
constatées
au
commencement
de
chaque.
séance, et si elles ne sont pas justifiées, si elles dépassent
un certain chiffre qui varie suivant le nombre des lecons
faites pendant le trimestre,
le certificat d'assiduilé
est
refusé; l'inscription est perdue et doit être reprise de
nouveau. Nous devons rendre ce témoignage aux élèves
des différentes années que l’immense majorité a compris
cette condition élémentaire de la vie de l’étudiant, la présence aux cours:
les autres ont
déféré aux observations
qui leur ont été faites et se sont soumis à la règle ; quelques-uns, malgré {outes nos exhortations, n’ont pu se
décider à vaincre leur penchant à l’inexactitude; ils ont
été atteints par la mesure à laquelle on leur avait donné:
tous les moyens de se soustraire. Un aspirant au certificat
de capacité, un élève de première année, ont chacun
perdu successivement deux inscriptions et ont abandonné
le Droit pour lequel ils n’avaient aucune vocation. Sur
cinq autres élèves (1), qui ont perdu chacun une inscrip-
(4) 4 aspirant au certificat de capacité, 2 élèves de 11e année, 2 de seconde. |
|
—
À9
—
.
tion," un a. quitté'la Faculté, un autre ‘a suspendu des
études ‘qu’il reprend aujourd’hui, trois autres se sont. fait
remarquer depuis par leur exactitude.:
. En maintenant aïnsi l’autorité dé la règle de l'assiduité,
nous eroyons remplir, nos devoirs les plus essentiels: et
offrir aux familles ces garanties qui sont le caractère dis-
tinctif des Facultés de province. La nécessité de la pré-
sence aux cours est le seul motif qui puisse décider les
parents, résidant ailleurs qu’à Nancy, à se séparer de leurs
enfants, ils ont le droit d'exiger que leurs sacrifices ne
soient pas rendus inutiles; et pour les familles nancéiennes, elles tiennent trop. aux études sérieuses pour ne
pas nous savoir gré de notre insistance. En dehors des
leçons et des
conférences
(et encore. l’inscriplion
à ces
dernières est-elle facultative), nous r’avons aucun moyen
direct d'obtenir que les élèves les moins laborieux. s’occupent de Droit; nous ne pouvons renoncer à ces quelques
heures pendant lésquelles, d’un côté, nous mettons tout
en œuvre pour Jeur faire aimer cette science, et, de
l'autre, ils reçoivent l'exemple de leurs condisciples atten- .
tifs et recueillant avidement les enseignements de leurs
maîtres. Nous ne fesons d’ailleurs que nous conformer à
la loi de notre institution, qui veut que les professeurs
s’assurent par l'appel, ou de toute autre manière, de la
présence des étudiants, et qui exige, pour qu’une inscription soit confirmée, le certificat d’assiduité signé par
chacun des professeurs de l’année; nos élèves ne peuvent
attendre de nous que nous manquions à nos devoirs en
donnant des attestations contraires à la vérité. — Si-quelques étudiants, formant une imperceptible minorité, ne
veulent pas se soumettre à la règle, nous ne les retenons
_— où —
pas malgré.euxà Nancy, leurs pièces leur sont renduesà
leur première demandeet nous sommes loin de nous
plaindre de leur départ. L'examen attentif des érear délivrés prouve en effet qu’à l'exception de ceux que des considérations de famille appelaient dans d’autres parties: de
la France, pas un seul bon élève ne nous a abandonnés. ”
Ï se forme ainsi des traditions -de travail, de régula-
rité, de bonne tenue aux leçons ; l'aspect de’ nos cours est
satisfaisant, nous en appelons à tous ceux qui nous ont
fait l'honneur d'y assister : nos étudiants se font remar-
quer par leur convenance, leur attention; le nombre de
ceux qui prennent des notes sérieuses et complètes est
considérable, il a varié en première année entre les deux
tiers et les trois quarts, proportion rarement atteinte si
nous consulions nos souvenirs. Nous ne cessons de rècom-
mander à nos élèves la seule méthode qui puisse leur
faire retirer une sérieuse utilité de l'enseignement oral,
je veux dire la rédaction des notes prises aux cours. IIS
conservent ainsi le plan et les détails des leçons,
ils s’approprient les notions données, ils s’assimilent là nourriture intellectuelle qu’ils ont reçue, ils ne sont plus seulement
passifs, toutes leurs facultés
entrent en jeu,
et;
en cherchant à reproduire la pensée du professeur, ils
arrivent à faire un travail personnel. Se familiariser avec
la science, apprendre à penser et à écrire sur le droit,
avoir un ensemble fortement coordonné de principes et
de règles fondamentales éclairées par leurs plus importantes applications, ces résultats ne valent-ils point quelque travail, quelque persévérance ? Que nos étudiants le
demandent aux élèves de toutes les grandes Écoles du
gouvernement, à leurs devanciers,
à leurs pères. Combien
n’avons-nous
mm
D
pas. connu
de
magistrats, d'avocats,
de
membres de nos Facultés qui conservaient précieusément:
les éahiers
de leurs anciens professeurs. et troüväient
grand profità y recourir.
_
C'est beaucoup sans doute de suivie cette ancientié
méthode qui n’a pas viéilli, parce qu’elle est fondée suf
la nature même de Pesprit humain : mais il est un avitre
moyen de progrès qui est offértà nos élèves, la participation aux-econférences dirigées par les Agrégés. Ces exer-
cices comprennent à la fois des éxameris hebdomadaires
sur les matières de chaque cours, l'explication dés points
les plus difficiles, des diseussions juridiques, des compositions écrites, Ils ont le doublé avantage d’häbitüer nos
jeunes étudiants à traiter dans ün langage technique les
quéstions de droit, et de les faire revenir avant là fin dé
l’année sur toutes les parties de l’enseignement en lés
préparant aux concours. 25 élèves de première année s’y
étaient inscrits,
47 à 18 y ont pris une part assidué, ét
presque tous. ces derniers ont retiré le plus grand fruit de
ce travail intelligent, soit au point de vue de l'examen,
soit à celui d’une instruction durable. Nous n'avons pü:
décider les autres à profiter de leurs inscriptions, la timidité: ou la mollesse les ont éloignés de ces conférences,
nous. l'avons regretté pour eux et ils ont pu s’apercevoir,
à la fix de l’année, qu’ils avaient eu grand tort de négliger
ce secours.
.
Les élèves de seconde année n’ont pas estimé peut-être
à leur juste valeur les avantages de ces exercices, maïs a
moins ils ne sont pas restés inactifs. Hs ont organisé entre
eux une conférence sur le modèle de celle des stagiaires,
ét l’un des honorables membres du Conseil de. l’ordre des’
—
22
—
avocats à la Cour impériale
a bien voulu
les présider
avec une bienveillance etun dévouement dont nousaimons.
à lui
exprimer ici toute notre gratitude.
Nos. excellents,
confrères de Nancy nous ont accoutumés, depuis notre
arrivée,
à éprouver
ce sentiment
pour eux;
l’un de nos
plus précieux souvenirs sera toujours celui de la fête à
laquelle ils nous ont conviés, et où l'alliance si naturelle
et si ancienne du barreau et du professorat a été cimentée
au milieu des témoignages de la plus afféctueuse frater-
nité. Nous nous plaisons à voir nos élèves se placer sous le.
patronage des anciens d’un ordre auquel nous sommes
tous fiers d'appartenir, el où ils trouveront des jurisconsultes consommés,
des maîtres dans l’art de la parole et
des modèles dans l'exercice d’une des plus nobles professions auxquelles puissent se vouer les hommes d’intelligence et de cœur.
.
Nous voudrions que nos élèves de troisième année
sussent trouver le temps de fréquenter les audiences de la
Cour et du Tribunal. En voyant de près la manière dont la
justice est rendue, ils fortifieraient ce. sentiment de véné-
ration que nous cherchons à leur inspirer pour.la Magis-
trature Française, dépositaire
de tant dé science et de tant
de vertus, et dont l'intégrité, l'indépendance et les lumières.
constituent chez nous une des plus solides
l'ordre social et apparaissent aux étrangers
des gloires les plus pures de notre pays.
Les jeunes stagiaires aspirant au Doctorat
berté pour poursuivre le double but qu’ils
garanties de
comme l’une
ont toute lise proposent.
Îls trouvent au Palais les audiences et la conférence des
avocats,
à la Faculté
les cours
de
licence et
la
confé-
rence de Pandectes que préside alternativement pendant
.
—
23 —
un semestre chacun des Professeurs de Droit Romain:
C’est vers le Droit Romain en effet qu’ils doivent tourner
leurs efforts dans la première année qui suit leur réception en qualité de licenciés, des études approfondies sur ce
droit modèle, élément essentiel du nôtre, leur sont indis-
pensables pour subir honorablement l'épreuve qui constitue le premier examen de Doctorat. L'exégèse d'un titre
du Digeste les familiarise avec la manière des grands
jurisconsultes, et en leur offrant l'exposition complète d’un
rapport de droit, les fait revenir sur une foule de principes
qui se combinent avec les règles spéciales de la partie expliquée. Tout se tient dans le Droit comme dans les Sciences
et la connaissance parfaite d’une seule théorie appliquée
suppose de grandes lumières sur les autres.
:
Mais c’est assez parler des moyens d'instruction offerts
aux étudiants de tous les degrés, nous devons maintenant
vous entretenir des résultats de notre enseignement ou
plutôt de l'épreuve qui est la pierre de touche du travail
des élèves, -
|
Les examens de toute nature qui ont eu lieu dans le
courant de l’année doivent être mis à part. Subis par des
étudiants qui, ayant pris un certain nombre d’inscriplions
ailleurs, avaient interrompu
leurs études ou avaient été
ajournés, ils ne pouvaient, à l'exception d’un petit nombre,
être bien satisfaisants. L’éloge résultant de l'unanimité des
boules blanches a pu cependant être accordé à MM. Aubry
et Pasquier pour le premier examen de baccalauréat, à
M. Joslé pour chacun de ses deux examens de licence.
Mais en revanche 8 étudiants sur 38 ont dù être ajournés,
‘2 pour le second examen de baccalauréat, 2 pour le premier
‘examen de licence, 1 pour la thèse, 2 pour le premier
examen de doctorat, 1 pour le second.
—
2
—
Les épreuves de fin d'année ont. donné de tnéilleurs
résultats; les élèves. des diverses catégories que: des fonctions publiques ou d’autres examens spéciaux n’en détournaient pas, s’y sont présentés à de très-rares exceptions près:
Soixante examens ont été subis, parmi lesquels 3 de capaeité, 38 de première année, 43 de seconde, 4 de troisième,
et 2 thèses de licence. Sur ce nombre 2 aspirants au certificat. de capacité,
L élève de seconde année ont seuls été
ajournés, et, malgré la réserve avec laquelle les examinateurs décernent la plus haute marque de satisfaction,
MM. Bitschet Descostes, élèves de seconde année, MM. Au-
diat, Baille de Beauregard, Binet, Joly (Alphonse), Pusset,
_Thiry, élèves de première année, ont été reçus à l’unanimité de boules blanches et avec éloge. Nous aimons à
proclamer ces noms que vous allez retrouver parmi ceux
des lauréats qui ont si bien gagné leurs couronnes. Un
de nos honorables collègues veut bien se charger de vous
rendre compte, à la fin de la séance , des résultats des. di-
vers concours ; les succès si remarquables de la première
année nous remplissent de bônnes espérances et les fortes
études que nous désirions instituer dans notre jeune École
sont brillamment inaugurées.
Ce qui nous touche encore davantage et ce que nous
tenons à proclamer ici, c’est que, dans cette première génération d'étudiants formés exclusivenient à Nancy, la proportion des travaïlleurs a été considérable. Lorsque, dans
une seule année comprenant 47 élèves non dispensés d’assiduité,
on
peut
en
signaler
14
excellents,
8° trés-bons,
42 bons, 5 assez-bons el seulement 3 médiocres et 4 très-
médiocres, car je ne compte pas les 3 mauvais qui se sont
éliminés d'eux-mêmes, on a le droit de montrer, je ne
—
9
—.
dirakpas avec orgueil, mais:avee: confiencé de telsrésultats.
Laproportion des élèves:qu’on peut qualifier d'excellents,
de. bons, d'assez-bons, a été plus: forte encore en troisième
année, moins forte en. capacité, en seconde année et.en:
Doctorat, mais.elle a cependant partout dépassé la moitié ;
nous ne pouvions attendre davantage.:
»
“Une telle classification scrupuleusement: exacte et un
vingtième de refus contre dix-neuf vingtièmes d'admissions montrent ce que vaut le reproche de trop de sévérité
qu'ont répandu en nous quittant quatre ou einq mauvais
élèves qui croyaient trouver ici des facilités qu’on leur:
refusait ailleurs, pensant que.le désir d’accroître le nom
bre de-nos inscriptions nous entraînerait à quelque fai-:
blesse. On: leur a prouvé dans une circonstance dont ils
doivent avoir gardé le souvenir, que la Faculté de: Nancy
n’autoriserait jamais dans son sein des appels aw relàchement des mœurs qui ne sont admis nulle part. Nous ne.
mentionñerions pas même ce reproche s'il n'était répété
avec complaisance par quelques fils de famille qui eherchent tous les prétextes pour aller mener dans la grandé:
villé uné vie de plaisirs: et de dissipations. Nous mavons
pas la pensée de:nier les avantages intellectuels. que Paris
peut présenter à des caractères fortement trempés. dont
les principes sont inébranlables; mais parmi ceux qui demandent à s'éloigner de leurs parents combien en est-il
. qui obéissent à des inspirations élevées? que chacun regarde autour de soï ef répondeà cette question. :
Peut-être aussi pourrions-nous trouver le. motif caché
de ce reproche dans les bulletins trimestriels que: nous
envoyons aux familles. Dans ces communications, ‘en
faisant connaître les inscriptions prises, les résultats des
—
26
—
examens subis, nous donnons, d’après les témoignages des
Professeurs, des notes précises sur l’assiduité, le travail au
cours, la conduite à l’intérieur de l’École, et nous résumons, en une appréciation générale, la situation de l’étudiant, ayant soin de mentionner les plaintes
qui
auraient
pu nous être adressées sur sa conduite à l'extérieur. Les
règlements nous obligent à remplir ce devoir envers les
familles. deux fois par an; nous avons pensé qu’à chaquetrimestre la position de chacun de nos élèves devait être liquidée pour ainsi dire, que le délai de six mois était trop long et
que les exhortations des parents risquaient souvent d’arriver
trop tard. Qu'est-il advenu? Nous avons eu la satisfaction
de voir l'influence des familles s'unir à la nôtre pour combattre le relâchement dans l’assiduité, la défaillance dans
le travail et tous les mauvais entraînements. Beaucoup
ont été soutenus, fortifiés, d'excellentes résolutions ont
été prises, nous avons pu constater des retours sérieux
vers le bien et les. résultats ont été. tels que nous nous
sommes vivement félicités de cette innovation, Que ceux-
là même.sur le compte desquels nous avons cru devoir,
avec ménagement, donner. des notes peu satisfaisantes;
disent si auparavant ils n’ont pas été avertis à plusieurs
reprises, et si nous ne leur avons pas fourni, avec une affectueuse insistance, tous les moyens d’épargner un chagrin
à leurs pères, une douleur à leurs mères. Si nous pouvions
vous faire les confidents de ce que nous avons recueilli de
leur bouche même, vous verriez tout ce qu’il y a de res
sources chez ces jeunes gens quand on leur parle le langage du cœur et qu’on réveille en eux les sentiments généreux. Plusieurs qui comptaient parmi les plus médiocres
ont réussi à se relever; parmi les sept qu’il fallait bien,
—
27
—.
quoi qu'il nous.en coutât, considérer cominé de mauvais
élèves, deux se sont réhabilités,: deux ont compris qu’ils
devaient renoncer à obtenir des grades et, comme nous le
disions tout à l’heure, trois se sont exclus volontairement
de l’École dans laquelle ils ne pouvaient donner que de
fâcheux exemples. Aujourd’hui, nous le constatons avec
bonheur en reprenant nos travaux, nous n’ayons aucun
élève qui puisse compromettre le titre d'étudiant à la
Faculté de Droit de Nancy, et je m’assure que c’est là un
des plus remarquables succès dont les familles puissent se
réjouir avec nous.
Après avoir fait la part des élèves dans les résultats obtenus pendant cette année écoulée, il me sera permis de
rendre à mes chers et honorables collaborateurs le témoignage qui leur est dû. Unis de cœur et d'esprit,
mettant
en commun leur expérience, leur amour du progrès, leur
sollicitude pour une jeunesse dont ils ont su conquérir
l'affection, ils ont été les premiers à l’œuvre laborieuse de
tous les jours, qu’ils soient les premiers à en recueillir
l’honneur. Professeurs, Agrégés, n’ont eu qu’un but, constituer de fortes traditions scientifiques et morales dans
l’École, un seul moyen pour y parvenir, se dévouer tout
entiers à leur œuvre. Ce que j'ai trouvé en eux d’ardeur
dans l’accomplissement du devoir, je ne le dirai jamais
assez, mais ces délibérations
de quinzaine qui figurent dans
nos registres et où toutes les questions intéressant l’appli-
cation des règlements, l'administration de l’École, les améliorations réalisables ont été si soigneusement étudiées,
en resteront la preuve irrécusable; et ceux qui ont suivi
les membres
de
la Faculté aux
cours et aux examens,
savent quelle passion pour la science et quelle conscien-
em 28
—
cieuse équité les animent. Des deuils, des maladies, d’impérieux devoirs de famille sous toutes les formes,
ont trop
souvent enlevé à leurs chaires pendant des jours, des semaines, quelques-uns des Professeurs de: l’École, maisÎle
zèle de leurs collègues a suffi à tout, et, grâce à leur concours, sur 776 leçons réglementaires,
3 seulement n’ont
pu être données par suite d'événements imprévus survenus
à la dernière heure; et, quand un cours devait vaquer, le
Doyen n'avait d'autre embarras que celui de désigner,
entre tous ces suppléants volontaires, celui auquel ül devait
permettre de s’imposer une double charge.
Cette douceur inexprimable de relations marquées au
coin de estime la plus entière et de la plus affectueuse
confraternité n’a été troublée que par des séparations légitimes, maïs qui ne nous en ont pas été moins douloureuses. Déjà, au commencement de juillet, M. Gérardin
_était allé reprendre dans la première Faculté de France la
place qu’il y avait conquise en 4864; il nous avait été prêté
par nos collègues de Paris, nous le leur avons rendu après
avoir recueilli les fruits d’une collaboration dont nous garderons le meilleur souvenir. Esprit solide et mûr, familier
avec toutes les difficultés de la science, il a apporté dans
l'enseignement du Droit Romain (seconde année) la sûreté
de ses. doctrines et la précision de sa parole. Un avance-
ment dû à des mérites et à des services exceptionnels
devait réunir à M. Gérardin les deux Agrégés qui avaient
été ses collègues à Nancy, M. Desjardins qui joignait au
goût littéraire le plus délicat les connaissances juridiques
les plus étendues et qui était parmi nous comme le repré-
sentant vivant de l’union si féconde des Lettres et du Droit
à obtenu une double récompense à laquelle nous applau-
—
29
—
.
dissons de grand cœur. Une mention ‘honorable a été dé-
_cermée par l’Académie Française à son mémoire écrit avec
une lumineuse sagacité sur les conditions de l'alliance de
l'érudition et du goût dans les œuvres
de l'esprit; le titre
d’Agrégé à la Faculté de Droit de Paris, est venu sanctionner
le mérite du Professeur si goûté de Droit Romain et de l’auteur dubéau livre de la Compensation. M. Cassin qui avait
été enievé à ses fonctions de Toulouse pour inaugurer à
Nancy le-cours de Droit administratif et dont l’enseigne-
ment siélevé avait conquis tous les suffrages, a recu une
des distinctions les plus enviées auxquelles puisse prétendre un Agrégé de talent «et d’avenir. Il portera à Paris cette
vigueur de conception, cette puissance de généralisation,
et cette profondeur d’analyse qui, jointes à une parole incisive et éloquente, saisissaient ici son auditoire. Un autre
dé nos collaborateurs que la Magistrature nous avait cédé
et qui nous en apportait toute la dignité et toutes les vertus,
M. Paringault devait également nous quitter. Obéissant
aux-inspirations de la piété filiale, il avait demandé sa
translation à Douai, et lorsque le sacrifice qu'il nous avait
imposé comme à lui est devenu malheureusement inutile,
ika-réalisé un projet formé depuis longtemps en renonçant
à toute fonction active pour se consacrer touténtier aux
travaux de cabinet. Criminaliste profond., érudit distingué, comme l’attestent de nombreux écrits et une récente
étude sur la réforme de la législation en matière de liberté
provisoire, il savait allier dans son cours l’histoireet Ja
pratique. “Les liens qui nous attachaïient à M. Paringault
ne seront pas rompus; nommé Professeur honoraire à.là
Faculté de Droit
de Nancy, il demeure notre collègue:et, à
ce titre, ses futurs ouvrages nous appartiennent par avance.
—
30
—
.
L'intérêt tout particulier que veut bien -porter: à:notre
jeune Faculté
le Ministre ‘auquel elle doit son existence
nous garantissait
que nos vides seraient comblés èt nos
pertes dignement réparées, Déjà pour remplacer M. Gérardin premier élu au concours d’Agrégation de 1864, le
premier élu ‘du concours de 4865, M. Glasson, l’un des
Docteurs les.plus distingués de cette Faculté de Strasbourg
qui compte de si illustres maîtres, était attaché à Nancy et
chargé du second cours de Droit Romain. — Depuis,
M. Dubois Agrégé était, après trois ans d’un enseignement
‘vivement apprécié à Strasbourg
et à Grenoble, appelé à
continuer ici l’œuvre de M. Desjardins. — Un peu plus
tard, le cours de Procédure
civile et de Législation: crimi-
nelle était confié à M. Arnault qui a vaillamment conquis
cette année le titre d’Agrégé et qui en a rempli temporairement les fonctions à Toulouse. — Enfin le Droit administratif revenait àM. Liégeois, Professeur nommé à Douai,
et que les liens de famille et le plus honorable passé devaient
rappeler à Nancy. Nous savons déjà ce que nous avons à
attendre du caractère et du talent de nos nouveaux collègues, de leur instruction profonde, de leurs connaissances
spéciales et surtout de leur dévouement à leurs fonctions.
Chargés chacun de l’enseignement qui convient à sa votation, ils.ont toutes les qualités qui commandent l'estime .
et inspirent l'affection.
|
Honorés de la haute bienveillance de notre éminent
Fondateur, objet de la sollicitude attentive du savant Inspecteur général de nos Facultés, nous avons eu le bonheur de
trouver dans le Recteur actuel de cette Académie un Chef
qui veut bien remplacer pour nous le digne et excellent
M. Dunoyer. Notre vénération et notre gratitude ont suivi
#
ce dernier dans sa retraite : nous n’oublirons jamais ce
qu’il fut pour nous à nos débuts et la paternelle affection
qu’il portait à notre jeune École, au rétablissement de laquelle il avait puissamment contribué. Que son successeur
nous permette de lui adresser publiquement lhommage
des sentiments de respectueuse confiance avec lesquels
nous avons accueilli son retour dans un ressort où il avait
laissé de vivants souvenirs. Il nous a déjà prouvé que nul
ne pouvait avoir, à un plus haut degré, la conscience de
nos besoins, l'intelligence de notre mission, et que rien ne
lui tenait plusà cœur que le développement et la prospé-
rité de notre École.
_ Messieurs, si les hommes passent, les fortes institutions
progressives comme la nôtre. demeurent et s’affermissent;
j'en atteste ce chiffre inattendu de 155 inscriptions prises
au début de cette nouvelle année scolaire. Renouvelée en
partie, mais animée du même esprit, la Faculté de Droit de
Nancy poursuivra sa carrière dans cette union des maîtres
“et des élèves qui fait sa force. L'œuvre est grande, mais
nos reins sont ceints, nos lampes sont allumées et, avec la
grâce. de Dieu, nous marcherons vers l'idéal de vérité et de
justice qui nous est proposé, au cri de ralliement du spiritualisme chrétien : Sursum cordal En haut les cœurs!
RAPPORT
M. GODRON, DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES.
Monsreur LE MARÉCHAL,
. Monsur
LE ReCTEUR,
_ Mussturs,
Fout en reconnaissant parfaitement: l'utilité du. rapport
que, dans chacune de nos séances de renlréë, nous devons
vous présenter sur la situation de la Faculté des Sciences,
et qui vous offre le résumé fidèle des travaux de l’annéé
classique, iky a pour le Doyen un certain. péril à placer,
Chaque année, sous: vos veux un tableau peint parla même
maio, représentant invariablement les mêmes objets, avec
dés‘traits:et un éoloris presque identiques: Nous n'avons
pas oublié que :
|
7
Jà variété plait,
Nous savonss'égalèment que:
mr.
o
L’ennui naquit un jour de l'uniforni
_
4
—
et, malgré la bienveillante indulgence que vous nous
conservez, depuis onze années, nous craignons fort quele
sentiment dont nous parlons ne finisse par pénétrer dans
votre esprit. Pour l’éviter ; aûtant qu'il est possible, je
têcherai d’être court pour ne pas trop fatiguer votre attention.
:
.
Pour nous conformer à l'usage, nous vous parlerons
successivement de notre enseignement, des travaux particuliers des Professeurs, de la collation des grades univer-
sitaires.
.
1. ENSEIGNEMENT.
Je
constaterai
tout
d’abord
que
nos
cours
officiels,
grâce à l’état sanitaire excellent qui a régné à la Faeulté,
n’ont subi aucune interruption. Ils ont eu pour base les programmes
de
la licence
ès-sciences;
c’est
vous
dire
la
marche qui a été suivie par tous les Professeurs, l'esprit
qui a dirigé l’enseignement et le but principal que chacun
de nous a cherché à atteindre, celui d’instruire spéciale-
ment les jeunes gens qui se proposent d'aborder les
épreuves difficiles de la licence ès-sciences. Pour remplir
complétement les. obligations qui nous sont imposées à
cet égard, nous ne pouvions rien retrancher de cet ensei-
gnement officiel, nous ne pouvions en abaisser le niveau
que peuvent seuls atteindre ceux dont l'intelligence a été
cultivée par des études classiques sérieuses. Mais nous n’avons pas pu oublier, après tous Les sacrifices que la ville de
Nancy s’est imposés pour notre installation, que nous devions aussi quelque chose aux autres classes de la popula-
= 8 —
tion et notamment aux ouvriers de cette ville. C’est dans
ce but qu'ont été créés, il y a dix ans, nos cours du soir
et vous savez déjà que nous n’avons pas eu lieu de le regretter. C'est de ces cours, dont le sujet varie généralement
chaque année, que nous avons l'intention de vous entre-
tenir.
|
M. Nicklès a consacré ses leçons supplémentaires à l’histoire ancienne de la chimie. Les origines de cette science
ont été poursuivies par lui à travers les âges et retrouvées
dans les différents cultes de l’antiquité. De la période
mythologique, il s’est trouvé naturellement conduit à s’occuper de la période mystique ; passant rapidement sur les
extravagances qui caractérisent cette période, il s’est attaché .
spécialement à mettre en lumière les résultats certains
qu'a produit cette époque et à rendre justice aux grands
“hommes qui, comme Roger Bacon, Raymond Eulle, Arnould de Villeneuve, Albert le Grand et Paracelse peuvent
être considérés comme les précurseurs de la Chimie. En
décrivant la longue enfance de cette science, qui n’a pu se
dégager de ses langes que dans les temps tout à fait modernes, M. Nicklès a constamment justifié ses assertions
par des expériences nombreuses et notamment par celles
qui sont relatives à l’Aomunculus, à l'âme du monde, à la
pierre philosophale, enfin à la palingénésie dans laquelle
certains illuminés voyaient la possibilité de renaître de
leurs cendres. Il n’a pas insisté sur ces aberrations et a
préféré exposer les découvertes utiles qui, comme celles du
phosphore, du zinc, du bismuth,
de l’eau régale,
de l'a-
cide sulfurique, etc., se sont dégagées, commie par hasard,
des folles et laborieuses tentatives des philosophes hermétiques.
|
|
—
36
—
M. Chautarda continué l'étude des applications indus-
trielles de la chaleur, qui fait l’objet de ses leçons du soir
depuis plusieurs années.
Il s’est trouvé
amené celte fois à
traiter de l'équivalent mécanique de la chaleur.
Les der- |
niers travaux entrepris sur ce sujet, tant en France qu'à
Pétranger, pour obtenir une détermination exacte de cet
équivalent; les applications qui'en ont été faites pour l’emploi plus régulier et plus rationnel des divers moteurs fondés sur l’action du calorique, imprimaient à ce sujet d’étude un eachet d'actualité et d'intérêt que le professeur
n’a pas négligé de faire ressortir. Après avoir démontré
par des expériences heureusement choisies cette grande
loi de corrélation des forces de la nature, savoir: que tous
les phénomènes de chaleur, d'électricité, de magnétisme
et de lumière peuvent dans une foule de circonstances, setransformer l’un dans l’autre et ne sont que des manifesta-
tions différentes d’un seul:et même agent, il s’agissait de
relier l’idée de chaleur à celle de mouvement. C’est ici que
motre collègue, s'inspirant des recherches récentes de
M. Tyndall, a dû non-seulement répéter la plupart des-ex-
périences du savant professeur anglais, mais imaginer. de
nouvelles combinaisons destinées à rendre les phénomènes
plus saillants aux yeux de l'auditoire.
M. Renard a exposé d’une manière complète les. prin-
cipes de la, géométrie descriplive, se réservant
-de traiter
l’année prochaine des applications de cette scienceà la
théorie des ombres, à la perspective, à la coupe des
pierres, à la charpente, à la topographie et au nivellement.
Ilme semble superflu d’insister sur l’utilité d’un pareil
enseignement, suivi du reste avec succès par ceux des
jeunes ouvriers de notre ville, qui ont puisé dans notre
_—
école primaire
supérieure
37
—
les connaissances nécessaires
pour profiter de cet enseignement.
Dans son cours de mécanique appliquée, M. Lafon a
fait connaître les principaux systèmes de machines à vapeur en usage dans nos usines et s’est attaché à signaler les
avantages et les inconvénients qu'elles présentent, suivant
les diverses industries auxquelles elles fournissent la puissance motrice. Il s’est étendu, en outre, sur les méthodes
à suivre pour calculer facilement le travail utile que doit
fournir chaque genre de machine avec un poids déterminé
de combustible.
|
Le professeur d'histoire naturelle qui, chaque année,
choisit pour sujet de son enseignement supplémentaire,
l’une des grandes questions qui sont du domaine de la
science qu’il cultive, s’est occupé d’une doctrine bien
vieille, puisqu'elle date de l’époque elle-même où l’homme
eut la curiosité d'étudier les êtres organisés au milieu desquels il vit; doctrine qui, à différentes époques, s’est ra-
jeunie et a suscité les discussions les plus passionnées,
nous voulons parler des générations spontanées. Admise
par toute l'antiquité, cette doctrine a reculé de plus en
plus devant les découvertes successives de l’anatomie et
de la physiologie, et ne s’est plus appuvée, dans ces derniers temps, que sur deux catégories d'êtres, les entozoai-
res, d’une part, et de l’autre les infusoires et les mucédinées. Mais nous savons aujourd'hui par les admirables
travaux des Siebold, des Van Beneden, des Leuckart,
des
Kükenmeister, etc., que les entozoaires subissent la loi
commune relativement à la fonction de reprodnetion. La
découverte du microscope, au 17° siècle,
amena
celle des
infusoires, et Nedham, le premier, tenta de démontrer ex-
—
38
—
périmentalement que ces petits êtres naissent sans parents
au milieu des infusions végétales et animales. L'abbé
Spallanzani, employant lesmèmes armes que son adversaire et l'attaquant sur son propre terrain, parut, aux yeux
de ses contemporains, avoir complétement triomphé das
cette lutte ardente et mit fin momentanément à la discussion.
Pendant les trente dérnières
Schultze, Schræder, Dusch, ete.,
années,
Schwann,
reprirent l'étude expéri-
menñlale de cette question. Mais la lutte ne devint vive
qu’à l'entrée dans l’arène de zoologistes distingués parmi
lesquels nous devons citer MM. Montegazza, Pouchet,
Musset, et notre savant compatriote, M. Joly. Les belles
expériences de M. Pasteur, auxquels les travaux de
MM. Coste, Lemaire, Gratiolet, ele., quoique d’un autre
ordre, sont venus en aide pour
combattre
la doctrine de
lhétérogénie, nous ont paru résoudre cette grave question
dans le sens de la négative et avoir repoussé de ses
derniers retranchements la doctrine des générations
spontanées.
.
.
. M, le docteur L. Parisot qui s’est, depuis l’origine, associé à notre œuvre, à continué ses savantes leçons d’hygiène: I s’est ‘ccupé, cette année, des ateliers et plus spé-
cialement de la vicialion de l'air qu’on y respire, par les
poussières de nature diverses qu'y répandent les différentes
industries,
question des plus importantes en raison des
accidents plus ou moins graves qui en sont le résultat et
du grand nombre d'ouvriers qui y sont journellement
.exposés.
Il a fait ressortir,
en
outre, l’action
délétère de
l'air lui-même, lorsqu'il est confiné et devient ainsi un
véritable poison, qui tantôt tarit lentement les sources de
la vie, tantôt les détruit rapidement en engendrant les épi-
_
39
—.
-démies les plus meurtrières. Il a beaucoup insisté sur les
effets pernicieux que détermine surtout la chaleur humide
des ateliers, en provoquant Ja fermentation de la matière
organique qu'y versent à chaque instant les excrétions cu-
tanée et pulonaire. Il n’a pas négligé d'établir que l’hygiène a marché avec les progrès de la civilisation, que la
science a diminué le nombre des victimes qui succombent
dans cette lutte de l’homme avec là matière. Aujourd’hui
de puissants appareils de ventilation renouvellent constam-
ment l'air dés ateliers où ils sont établis, emportent les
poussières délétères et les particules organiques et permettent aux ouvriers d'y respirer presque impunément,
tandis qu’autrefois leur vie était abrégée de plus de moitié,
M. Parisot à passé en revue les différentes industries autrefois dangereuses et que les indications de la science
moderne ont rendu inoffensives. Mais ces belles applica-
tions de la science ne suffisent plus, si l'inconduite et tous
les vices qu’elle enfante envahissent les ateliers et viennent
ajouter leur influence délétère à celle des agents physiques. La morale et l'hygiène sont donc deux sœurs qui,
par leur union peuvent seules protéger efficacement la
santé et la‘ vie de l'ouvrier.
“J'ajoutérai, pour compléter ce qui a rapportà notre enseignement, que nos conférences et nos manipulations,
malgré les sacrifices pécuniaires qu’elles imposent aux
jeunes gens, ont été suivies comme par le passé,
IL. TRAVAUX PARTICULIERS DES PROFESSEURS.
Nous devons, comme d’habitude, à M. Nicklès, plusieurs
mémoires publiés depuis notre dernière séance de rentrée.
. Après avoir découvert les acides bromo-thallique cet
iodo-thallique ainsi que leurs principales combinaisons, il
a signalé les services que ces produits nouveaux sont ape
pelés à rendre dans la recherche des eaux potables et dont
l'emploi s'applique également à Ia séparation de: deux
métaux , qui s’'accompagnent souvent
dans
la nature ,
le
bismuth et le plomb, et qu’on ne pouvait jusqu'ici qu'avec
peine isoler par les méthodes anciennement connues.
Notre collègue, ayant aussi reconnu que l’éther donne
de la stabilité aux composés helogènés avec lesquels il peut
s'unir, s’est servi de ce fait pour préparer des combinaisons
vainement cherchées depuis le commencement de ce siècle, ce sont les chlorures, les bromures, les iodures appelés singuliers par M. Dumas, à cause de la singularité, de
leur attitude à l'égard des réactifs.
Nous devons encore au même professeur : un travail
sur l’Atlantide de Platon, croyance dont il explique l’origine au moyen des données de la science;
un autre sur
l’antimoine détonnant, dont il donne la théorie ; une note
sur les sulfates de barÿte, de strontiane et de chaux et sur
leur
solubilité dans
l'acide
sulfurique; un mémoire
sur
un nouveau Caractère distinctif entre le sucre de canne et
le glucose.
Enfin,
ïl publie
actuellement,
dans
les
Annales
de
Chimie et de Physique, des recherches sur l’aimantation,
——
A
—
qui font suiteà ses anciens travaux sûr l’adhérence magnétique, et établissent les lois qui régissent les électro-aimants, organes essentiels de la (éégraphie et de l'horlogerie.
électriques, ,
:
:
«
M. Chautard a complété, cette année, devant le congrès
avnuel des sociétés savantes, l’exposé de ses rechèrches
sur les. spectres dus à la lumière de l’étincelle d’induction
dans les gaz raréfiés. - .
Notre collègue a signalé également uné nouvelle. propriété de la lumière.
du magnésium. Peu de personnes
ignorent, aujourd’hui, les propriétés de ce curieux métal
et surtout la lumière vive qu’il répand en brûlant; cette
flamme, dans laquelle dominent les rayons violets du
spectre, jouit de propriétés chimiques qui. n'ont pas
‘échappé aux savants et. que les photographes commencent
à mettre à contribution
dans une large mesure. Elle pos
sède également une autre propriété, dont la découverte
est due aux recherches de M. Chautard, celle de développer, avec la même intensité que les rayons solaires
directs, la phosphorescence des matières aptes à produire
ce genre d'effets, et il:a pu, dans ses leçons de cette
année, rendre ses auditeurs témoins de ce, phénomène
remarquable. : … ..
Fu
eat
L'étude des orages, recommandée. parir plusieurs
cireu-
laires de Son Excellence M, le Ministre de l’Instruction
publique,
a trouvé dans M. Chautard un. auxiliaire dé-
voué. En dehors de ses résumés météorologiques annuels,
il a pu rédiger sept cartes des principaux orages qui, pen-
dant lété dernier, ont éclaté dans notre contrée.
ou
M. Renard, poursuivant ses études sur..la théorie de
l'électricité
et du magnétisme,
s’est occupé plus spéciale-
—
42
—
ment, cette année, de l'établissement des formules géné-
rales sur lesquelles elle repose. Pour me borner à indiquer ce qui, dans ce travail assez long, est propre à notre
collègue, il faut savoir que, jusqu’à ces derniers temps,
les géomètres, qui ont traité la question des mouvements
vibratoires dans les milieux élastiques, ont regardé les
molécules matérielles comme des points géométriques.
Suivant lui, cette restriction ne saurait exister dans la
nature: les molécules matérielles doivent ‘avoir des di-
mensions proportionnées à leur masse. C’est un professeur distingué de l’Athénée de Luxembourg, qui, le premier, vient d'émettre cette idée, et qui, après avoir établi
les équations des mouvements rotatoires des molécules,
- en a déduit plusieurs théorèmes remarquables; mais il
s’est borné aux milieux homogènes et isotropes. M. Renard
a élargi la voie, qui lui paraît devoir aboutir
à des résul-
tats féconds pour l'explication des phénomènes de chaleur, de lumière et d'électricité. H a examiné le cas d’un
milièéu homogène quelconque êt a donné plus de généra-
lité aux formules dont il vient d’être question.
“ M. Lafon, dans un mémoire qu’il va publier, se plaçant
- à un point de vue nouveau, a réduit à un même type plusieurs principes fondamentaux. de la mécanique ration. nelle. Il espère que ses idées seront utiles aux jeunes gens
qui se préparent à la licence.
Le professeur d'histoire naturelle a, pendant le cours
de la précédente année scolaire, publié les travaux sui-
vants, dont il se contente d’énoncer les titres : 1° Mé-
moire sur des ossements humains trouvés dans une caverne
des environs
de Toul;
2%
De la ladrerie chez
les
porcs; 3° Observations sur les races du Datura Stramo-
—
3
—
num; 4° Mémoire sur les Fumäriées à fleurs irrégulières
et sur la cause de leur irrégularité ; 5° Mémoire sur l’inflorescence et les fleurs des Crucifères; 6° De la suppression
congéniale de lappendice caudal sur üne famille de.
chiens;
7° L'homme de Platon, ou description d’un coq et
d’une poule naturellement dépourvus de plumes;
la pélorie du Delphinium.
8° De
HT Co£LATION DES GRADES UNIVERSITAIRES.
Doctorat ès sciences. — Cette année encore, la Faculté
a été appelée à conférer ce grade élevé. M, Laurent, élève
sortant de l’École d’application de Metz, se souvenant des
traditions scientifiques de sa famille, nous a présenté une |
Thèse d'analyse sur la continuité des fonctions imaginaires
et des séries en particulier. Ce travail, à peu près complétement. neuf, contient deux parties. Dans la première, le
candidat représente la continuité des fonctions imaginaires, non plus par l’ensemble de deux surfaces comme
on le fait ordinairement, mais par une seule, dont il élu"
die les principales propriétés. Dans la seconde partie, il
généralise les théorèmes de Cauchy, relatifs à la conver-
gence dés séries imaginaires, en les’étudiant
au cas où les
différents termes de ces séries sont, non plus des puis-
sances entières de la variable multipliée par des -cons-
tantes, mais bien des fonctions synectiques quelconques.
L'ensemble de. ce travail indique dans sôn auteur uné
étude approfondie des théories de Cauchy sur les quantités
dites
géométriques
ou
‘imaginaires,
et ‘en
même
temps un esprit d'investigation dignes d’être. eïtouragés,
—
ho
—
M. Laurent a pleinement justifié, par les développements
qu’il a donnés dans la discussion, la bonne opinion que sa
thèse avait fait concevoir sur ses connaissances él la Faculté
n'a pas. hésité à lui conférer le grade de docteur ès
sciences mathématiques.
Licence ès sciences. — La Faculté a eu à examiner huit
candidats à ce grade. Trois d’entre eux seulement ont sa-
tisfait aux épreuves. Ce sont:
1° Pour la licence ès sciences
professeur au lycée de Bar-le-Duc;
physiques,
M. Thomas,
2° Pour la licence ès sciences mathématiques,
MM. Rit-
ter et Rosenstieh}, tous deux préparateurs dans une Faculté voisine.
‘
Parmi les candidats malheureux, il en est plusieurs qui
ont approché du but, que de nouveaux efforts leur per-
mettront d'atteindre. Ils ne doivent pas oublier que l’examen de la licence est une épreuve sérieuse, qui exige des
connaissances théoriques et pratiques assez étendues.
il
doit en être ainsi, puisque ce grade ouvre la porte du
professorat.
Baccalauréat ès sciences. — Bien que le mouvement.
qui entraîne, vers létude des sciences, beaucoup de
jeunes gens de notre province académique, se soit un peu
ralenti pendant les deux dernières années, nous comptons
toujours un nombre considérable de jeunes gens, qui
viennent nous demander ce grade modeste, mais qui
conduit à un assez grand-nombre de carrières.
Il en est,
cette année,
328
qui se sont
présentés
|
35 —
|
AUX. épreuves. et. 184 d’entre. eux ont êté jugés dignes de
recevoir. le diplôme, objet de leur-ambition. .
Nos opérations sont: résumées dans: le tableau suivant :
NOMBRE |
des
CANDIDATS.
| complet.
Bicoarauniar “restreint...
D pan
Torix,…]
|
262
82
ADMIS
OA
|
s1
395 . |
| ADMIS
aux:
ee
<
À
|épreûves orales DÉFINITIVEMENT
CA
|
16...
474 |
|
120
|
| 19
45.
456.
‘A ne nous est pas encore possible de juger d’une ma“nière précise les résuHats que doivent produire les nouvelles
dispositions prescrites récemment sur là manière de procéder aux épreuves, d'autant plus qu’elles n’ont reçu
encore qu'un commencement d'exécution. Comme elles
ont plus particulièrement pour but d'empêcher autant
que possible, les préparations artificielles, qui ne laissent
dans l'esprit que des connaissances vagues et fugitives,
nous ne pouvons qu'y applaudir.
Le progrès lent,.que nous avons signalé custeurs
fois,
_ dans la force des études continue à suivre régulièrement |
sa marche ascensionnelle ; ce n’est pas cependant que tout
soit pour le mieux dans lemonde des bacheliers, que le règne
des-bonnes études littéraires et scientifiques soit définitivement inauguré ; il nous reste encore bien du chemin
à parcourir pour voir cet âge d'or de l’enseignement
classique. Mais nous constatons
du moins des tendances
_
6
—
rassurantes et pleines d'avenir dans Pesprit de la plupart
des jeunes gens qui viennent subir dévant nous les épreuves du baccalauréat et nous y aiderons autant qu’il est en
notre pouvoir.
L’ambition de conquérir le double diplôme avant de
quitter les bancs du collége se développe d’une manière
progressive d'année en année, Dans notre dernière séance
de rentrée, nous étions heureux de vous
annoncer
que
27 pour cent des candidats au baccalauréat ès siences
étaient déjà pourvus du diplôme de bachelier ès lettres.
Pendant la dernière année scolaire, la proportion a augmenté encore et se formule par le rapport de 33 pour
cent; c’est le tiers des candidats. Des faits aussi saillants
nous
semblent démontrer,
avec une
évidence
qui
com-
mande la conviction, qu’il est possible d’allier avec succès
pendant la durée ordinaire de la vie classique, l'étude des
lettres à la culture des sciences.
_
6
—
rassurantes et pleines d’avenir dans l'esprit de la plupart
des jeunes gens qui viennent subir dévant nous les épreuves du baccalauréat et nous y aiderons autant qu'il est en
notre pouvoir.
L’ambition de conquérir le double diplôme avant de
quitter les bancs du collége se développe d’une manière
progressive d'année en année, Dans notre dernière séance
de rentrée, nous étions heureux de vous
annoncer
que
27 pour cent des candidats au baccalauréat ès siences
étaient déjà pourvus du diplôme de bachelier ès lettres.
Pendant la dernière année scolaire, la proportion a augmenté encore et se formule par le rapport de 33 pour
cent; c’est le tiers des candidats. Dés faits aussi saillants
nous
semblent démontrer,
avec une
évidence
qui
com-
mande la conviction, qu’il est possible d’allier avec succès
pendant la durée ordinaire de la vie classique, l'étude des
lettres à la culture des sciences.
RAPPORT
DE
M. Cn. BENOIT, DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
Monsieur Le MARÉCHAL,
Monsœur Le Recreur,
Messieurs.
L
On consentirait à vieillir, si l’on conservait toujours
autour de soi fout son monde, et si de temps en temps
quelques changements ne venaient avertir tristement de la
fuite des années, Depuis la fondation de notre Faculté,
Paris nous a pris déjà plusieurs de nos Professeurs; et je
m'étonne en vérité qu’il ne nous en ait pas pris davantage.
Cette fois, c’est M. Emile Chasles, que la Sorbonne nous
enlève, ce Professeur aimable et savant,
que passer parmi nous, mais assez pour
souvenir, et que vos propres suffrages ont
du Ministre. 1 va rejoindre M. Mézières
qui n’a guère fait
y laisser un long
désigné au choix
à la Faculté des
—
48
—
|
Lettres de Paris, et y partager âvec lui l’enseignement des
Littératures étrangères. En regrettant ce Maître distingué,
soyons fiers, Messieurs, de voir ainsi notre Faculté garder
son privilége de recruter les hautes Chaires de là Capitale;
et remercions le Ministre, qui, pour suppléer M. Chasles,
nous ramène un enfant de notre ville, un des fils prédestinés
de notre Faculté, et dont la jeunesse, mûrie sous le ciel de
la Grèce et de l'Italie, a donné déjà plus que des espérances.
M. Gebhart, connu déjà par des publications importantes
sur l’histoire et-la-philosophie de l’art, et versé dans toutes
nos langues modernes, promet à la Chaire de Littéräture
étrangère un brillant Professeur.
M. Dunoyer aussi, notre vénéré Recteur, nous fait défaut
aujourd'hui. Je suis sûr de répondre à vos pensées, en
payant ici le tribut d’un pieux souvenir à cet homme de
bien, qui laisse des regrets d'autant plus vifs à ceux qui
l'ont connu davantage. Car, en entrant dans son intimité,
on était charmé de tout ce que l’on rencontrait sous ses
dehors discrets de qualités excellentes, surtout chez un supérieur; droiture admirable d'esprit et de cœur, respect
scrupuleux des droits de chacun, sollicitude. paternelle
pour tous les intérêts confiés à ses soins, plus d'action effi-
“cace que de promesses; enfin le commerce le plus sûr en
même temps que le plus cordial, Aussi avions-nous appris
à l'aimer et. à le révérer comme un père. Puisse.cet
hommage de notre filial attachement réjouir son cœur dans
sa retraite, et lui montrer qu'il ne sera pas. oublié parmi
nous, Son successeur applaudira, j'en: suis sûr, à
piété fidèle; il estimera nos regrets, comme jadis
nislas, en entrant à Nancy, respectait la tristesse
laquelle les vieux Lorrains gardaient là mémoire dé
notre
Staavec
leurs
—
49
.—
Ducs, et se félicitait lui-même d’être appelé à régner sur
un si bon peuple.
:
Tout en parlant plus volontiers desabsents, j'ai bien le
droit de dire ici, Monsieur le Recteur, que nul choix ne
pouvait mieux pour nous réparer
la retraite de M, Dunoyer,
que celui qui vous ramenait parmi nous. Nous y comptions
du reste. Car nous savions que c'était dans vos vœux comme dans les nôtres. Vous rentriez {on le peut dire) dans
votre pays, où vous aviez laissé à la fois les meilleurs souvenirs et une partie de votre âme. Soyez le bien revenu.
Vous avez pu voir déjà, combien, grâce au concours de tous,
les choses ont prospéré dans votre Académie. Naney, qui
n'était qu'un chef-lieu de Département, est devenu la
capitale intellectuelle d’une vaste province. Tout en restant
de plus en plus française d'esprit et de cœur, la ville de
Charles HE, de Léopold et de Stanislas a recouvré quelques-uns des joyaux de sa couronne ducale; et se souvenant de son grand passé, elle a voulu que l'aveniry répondit. Elle n’a pour cela rien épargné, nul effort, nul sacri-
fice. Les circonstances sans doute l'ont servie, Mais aussi
ses magistrats, comme des pilotes habiles, n’ont. jamais
manqué de déployer les voiles aux vents favorables.
Grâce à leur activité généreuse, grâce surtout au grand
cœur d’un Maire, à la retraite duquel elle ne ‘se résigneFait jamais, notre ville a pris de plus en plus confiance
dans sa fortune : son ascendant ést assuré désormais.
Nancy ne saurait plus être confondu à l'avenir avec les
villes ordinaires de province, On sait, on sent qu’il ya ici
un foyer de pensées, un centre de travail. Pour soutenir
dignement cette destinée en ce qui nous concerne, Monsieur le Recteur,
nous savons que nous pouvons compter
4
—…
59
—
‘sur votre bienveillant appui, comme vous-même vous êtes.
assuré de notre plus dévoué concours.
Dans cette œuvre libérale, quelle
|
part revient à notre
Faculté? Une noble part sans doute, mais aussi délicate,
et non sans difficultés. C’est à nous surtout qu’il appartient
d'entretenir et de transmettre aux générations nouvelles
ce culte des lettres et ce goût des choses de lesprit, par
lesquels notre villé entre toutes se distingue. Une Faculté
des Lettres doit être comme une sorte de sanctuaire des
Muses, où l'élite des esprits aime à venir contempler les.
vérités morales dans les plus glorieux exemplaires que
le passé nous en ait légués, mais où la jeunesse surtout
doit apprendre à s'intéresser aux nobles intérêts de la penséeet s’enflammer d’une passion généreuse pour les grandes
œuvres, qui sont comme les titres d'honneur de Pesprit
humain. — Dieu sait, et vous aussi, Messieurs, que, pour
remplir cette mission, ce n’est pas le zèle qui nous manque. Mais il faut que nous y soyions aidés par la bonne
volonté de tous. Les temps sont difficiles. Les esprits, chez
les jeunes générations surtout, ne sont pas tournés vers ces
spéculations désintéressées. Sans doute. on est revenu des
préventions que l’on avait contre elles; on ne croit plus
qu’elles ne soient bonnes qu’à faire des chimériques : mais
on les délaisse; l’indifférence a succédé à l'hostilité. Les
sciences pratiqués, et leurs merveilles,
et les sources
de
richesses qu’elles nous ouvrent par leur application à l’industrie, ont fasciné les imaginations. Mais aussi les œuvres
convulsives et malsaines de la littérature contemporaine
n'ont que trop blasé et affadi les esprits, qui ne sauraient
plus goûter l’austère et généreuse saveur des grandes âmes
et des époques saines. Ajoutez-y en outre chez beaucoup
—
Hi
—
de nos jeunes gens l'éloignement qu’ils ont gardé de leurs
études pour les lectures sérieuses. Tel est le résultat funeste
de ces programmes , qui ont pesé si longtemps sur l’édu-
cation littéraire de nos Colléges, et dont-un Ministre aussi
expérimenté que libéral vient enfin de nous affranchir.
Façonnés par une discipline mécanique, habituésà n'avoir
pour stimuler leur ardeur que le cauchemar des Examens,
nos jeunes gens n’ont pas assez savouré les vraies lettres,
pour en conserver le culte et amour. C’est pour beaucoup
un souvenir d'ennui.
|
Aussi regrettons-nous, encore plus que nous ne nous en
élonnons, de ne pas voir en plus grand nombre autour de
nos Chaires les Élèves de nos Écoles supérieures, En rendant justiceà celte élite de nos Étudiants, qui ont assez profité de leurs études classiques, pour sentir le profit de-ces
entretiens élevés, je dois dire que beaucoup
trop d’entr'eux
se bornent à se faire inscrire à nos Cours et abusent quelque peu de notre tolérance. Ou bien leurs autres études
les absorbent, ou ils nous donnent à penser, que leur culture d'esprit a été insuffisante, pour porter ce facile com-
plément d'une édueation littéraire. À quoi cela sert-i1?
disent-ils.— Vous ne savez pas, jeunes gens, combien, dans
les carrières libérales où vous voulez entrer, ce superflu
devient le nécessaire; el combien votre esprit peut gagner
à élargir ici la sphère de ses idées, à sortir de lui-même et
de son métier, et à voir les choses sous une perspective
plus large. Est-il donc inutile d'échapper par intervalles
aux préoccupations vulgaires et aux intérêts mesquins de
la vie, pour venir respirer un instant dans les sérieuses
régions de la vérité et de l’art, et s’enfretenir avec ces
grandes âmes et ces beaux génies du passé, qui nous ont
— 59 —
|
laissé dans leurs œuvres immortelles la pure moelle de
leurs pensées et la flamme
de leur cœur?
Non, la rosée,
qui après un jour brülant descend sur les plantes altérées,
n'est pas plus salutaire et plus rafraîchissante que ce commerce journalier avec les grands esprits de tous les temps.
— Est-il donc inutile en outre, d’avoir appris à connaître
dans l'étude des littératures étrangères le génie des autres
peuples? Est-ce inutile, d’avoir vu comment les lois des
nations, immuables dans certains principes, se modifient
dans leurs applications selon les mœurs, le caractère, et
les institutions politiques et religieuses de chacune d’elles?
Est-il donc inutile, surtout de nos jours, d’avoir prémuni
son âme par les doctrines d’un noble spiritualisme, qui
nous éclaire dans les obscurités de la vie, nous soutienne
dans ses défaillances, nous fortifie dans
les luttes qui
l’attendent? Mais en outre de quelle lumière, jeunes gens,
la philosophie n'illumine-t-elle pas vos études de Droit,
en vous ramenant aux principes éternels d’où toute loi
découle? Et vous, jeunes médecins, quand vous scrutez les
mystères de l'organisme, combien n’avez-vous pas souvent
besoin, pour ne pas vous y égarer, qu’une science appro-
fondie de l’âme vous explique mille phénomènes, dont la
plus savante physiologie ne saurait rendre compte? Et l’histoire à son tour, quel concours ne prêle-t-elle pas à cette
éducation morale par les lettres? Nous ne savons plus suffisamment ce long passé du genre humain, qui nous intéresse, et qui peut tant servir à nous expliquer le présent.
Le monde en effet, est le théâtre d’un Drame immense, où
chacune des générations qui se succèdent est appelée à
jouer un rôle à son tour. Ïl y a longtemps que la pièce est
commencée. Au moment d’entrer en scène, pouvons-nous
æ
HE —
.
la ‘comprèndre, et y faire convénäblèment notré person
nage,si l'histoire, coinme un progrämime dû Dränié, nè
nous met au courant des péripéties antérièures? .
Voilà, Messieurs; sommairement ce complément, que
vous dèvéz venir
chercher
ici, d’une éducation libérale.
C’est dans ce commerce prolongé des Lettres, que l'on
devient ce qu’au XVII siècle on appelait un honnûte
hofime et un galant hômme, c’est-à-dire, un esprit ouvert à toutes les idées, un cœur à tous les nobles senti-
ments. Voyez les hommes,
à qui cettè culture par Res
Léttresa manqué, quekqu'e soït leur mérite personnel, que
de lacünes dans leur intelligence et surtout dans leur ämié?
Sans lés Létires, et cette élévation qu’elles cominuniquent
à l'esprit, le plus instruit même d’ailleurs n'est guère:
qu'un manœuvre. Enfermé dans ses études spéciales,
ne voit rien, ne comprend rien au delà. Avec
commerce.
Lui-même, aux moments
lui, nul
de loisir, a peur dè
se rencontrer avec soi, tant il se trouve sot ét ennuyeux.
Et quand arrivent lés heures du déclin, Fâge de la ré-
traite, que Dieu parfois nous réserve pour vivre enfin
avec noùs-mêmes, il n’en sait pas l’emploi; il ne connaît
pas les doux entretiens des Muses. Il n'échappe à l’ennui
dé sa vie maussade et vide, qu’en s’abrutissant.
E.
EXAMENS.
Mais alors, me direz-vous, si l'éducation littéraire de
nos jeunes gens ne les a pas assez préparés à goûter l’en-
—
Bk —
seignement supérieur, pourquoi, vous, chargés de veiller
aux portes du Baccalauréat, qui sépare les deux périodes
des études, pourquoi leur ouvrir ces portes si aisément?
Pourquoi? Parce qu’il faut bien s’accommoder aux temps,
aux dispositions des esprits, à l’état général des études,
à la nature des examens, à la préparation des candidats.
. Baccalauréat ès Lettres. En général l'examen du Baccalauréat ès Leitres ne s'élève guères au-dessus d’une honnête
médiocrité. Comme la discipline militaire, le régime actuel de nos études forme plutôt des corps de troupes
solides ‘que des
héros;
il est vraiment démocratique. Je
n'ai rien à dire des Examens de cette année, que je n’aie
déjà maintes fois répété. Les Compositions manquent de
maturité et de réflexion. En dehors de certains moules du
Conciones, la plupart de nos Candidats sont muets, ou ne
savent plus que paraphraser les lieux communs les plus
vulgaires, L'Epreuve orale, non plus, n’est guères brillante;
* nos jeunes gens ont peu lu, et s'efforcent d'y suppléer par
quelque notice superficielle empruntée au Manuel. Si le
Concours Académique ne nous avait pas offert une excel-
lente Composition
d'histoire, nous croirions pareillement
que l’histoire et surtout l’histoire ancienne ne garde pas
dans les études de nos Colléges la place qui lui appartient.
Le résultat des épreuves cependant
(grâce à une nouvelle
supputation des points) a donné à peu près les mêmes
chiffres que les années précédentes.
Sur 338 Candidats, qui se sont présentés dans le cours
de l’année classique, 198 ont été admis à l'épreuve orale
(c'est-à-dire
58 pour 400);
et
183
ont obtenu
leur di-
plôme de Bachelier ès Lettres (c’est-à-dire 54 pour 100).
.
—
55
—
.
| Dans <enombre ‘3. Candidats seulement ont dé. reçus
avec la mention Très-bien.
Cesont:
MM.
|
Do
Leuercer-Mousseaux
ou
|
eo
de
HiRTzMANN
|
GERDOLLE
. 82 ont obtenu la Mention Bien. E
83 la Mention Assez-bien. |
Et 65 l’humble note Passablement.
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|
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Novembre.
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15 | 155 À 5
CL
52 | 83 |.65 l185
Si ce résultat ne nous donne pas encore le droit d'être
fiers, hâtons-nous d'ajouter cependant, ‘que. nous ayons
| souvent éprouvé,
que nos jeunes gens valaient mieux que
—
56
—
leurs Examens. Le Concours Académique, sans répondre
encore à toutes nos espérances, à exeilé une grande ému-
lation et porté déjà, surtout en philosophie
, en histoire,
en version et en thême
Nous
Latins des. fruits assez heureux.
attendons beaucoup de cette institution, qui, au lieu
de borner l’ambilion des meilleurs élèves au Baccalauréat,
relève leurs regards et leur cœur vers une
palme.
plus noble
Licence. La Licence, non plus, n'a pas rempli toutes ses.
promesses. Le Ministre, en établissant au Lycée de Nancy
un
certain nombre
de Maîtres
auxiliaires,
auxquels
il
laissait presque tout leur temps pour se préparer à la Licence, était en droit d'attendre d'eux plus de zèle à profiter
de son bienfait. Chez les uns trop peu de: constance; les. incertitudes d’une vocation hésitante chez les autres; les
séductions du loisir peut-être ; enfin notre dispositionà
à frop compter sur leur bonne volonté et à nous abstenir
de toute contrainte à leur égard, tout cela a fait, qu'ainsi
qué dans la Parabole du Semeur, la récolte au jour de la
moisson a été assez chétive.
L'expérience du moins nous
profitera; et j'aime à croire que les jeunes gens, qui ont
sollicité pour cette année avec tant d’ardeur ces places de
Maîtres auxiliaires, comprendront aussi cette leçon.
Six Candidats se sont présentés à la Session: de Novembre, et six à celle de Juillet. En novembre, nous n’avons
pu conférer le grade de Licencié qu’à MM. Vautrin et
Bourguignon. Le premier, qui avait manqué l'entrée de
l’Ecole Normale, s’est vengé à la Licence de l’aveugle fortune; et par la solidité de son instruction, non moins que
par la fértilité de son esprit et son élocution nette et sin
_
BE
—
cère, il a prouvé combien il était digne d'entrer dans
l'Université. M. Bourguignon, qui avait consacré sa jeu-
niesse aux devoirs de la piété filiale, devait aussi nous revenir, quoique tardivement, rameñé par une irrésistible
vocation: C’est un vrai classique, d’un esprit méthodique
et d’une parole magistrale. — La Session de Juillet a été
plus brillante. Quatre Candidats ont été admis. Au premier
rang, M, Prerson de Nancy,
un esprit heureux et aimable,
que l’Université est charmée d'enlever à la littérature facile, et de fixer désormais dans les études sérieuses et les
graves
devoirs du Professorat.
— Après lui, M.
lPabbé
IHyver, avecsa littérature variée, la justesse de son esprit,
son
goût cultivé,
sa parole délicate et nette, et la chaleur .
de son âme, a fait honneur à la fois à FEcole des Carmes,
dont ilest 1 Félèes et au Petit-Séminaire de Pont-à-Mous-
brillants que les précédents, M. Paquir, alors Régent au
Collége de Neufchâteau, aujourd'hui à Mirecourt, et
M. Grosse de Thionville ont dignement répondu à Fespé-
rance, que depuis longtemps leur travail nous avait fait
concevoir, et promettent à FUniversité des Maîtres aussi
dévoués qu’instruits.
IE.
ENSEIGNEMENT.
Selon mon usage; je veux ici moins vous rendre compte
de nos Cours.de l’an dernier,
que vous exposer sommai-
_—
58
—
rement l’objet de notre enseignement pour l’année prochaine.
Plilosophie. M. de Margerie vous retraçait l’an dernier
le réveil
de
la
Philosophie
spiritualiste
au
début
du
XIX° siècle et ses vicissitudes. — Après les déplorables
excès des doctrines sensualistes au XVII siècle, le spiritualisme renaissait enfin, en même temps que les esprits
étaient ramenés par un besoin mélancolique de croire vers
le Christianisme. Puis bientôt vous avez vu l’École éclectique s'emparer de la direction de ce mouvement philosophique; École pleine d'espérance à son début, mais à
laquelle il a manqué pour durer d’aller jusqu’au bout de
Ja raison, c’est-à-dire jusqu’à la foi. Aussi le rationalisme
trop étroit de cette École n’a-t-il pas tardé à être battu en
brèche de toutes parts par ces systèmes absolus et négatifs,
dont le relour sinistre n’alarme que trop justement notre
époque troublée. — De cette expérience le Professeur
était en droit de conclure, que, de nos jours, comme dans
tous les temps, la vraie philosophie ne saurait trouver
d’assiette solide, qu’en céntractant avec le Christianisme
une alliance intime, qui protège la raison contre ses propres écarts, tout en la maintenant dans la plénitude
légitime de ses droits.
Cette année, ramené par le Règlement à la Psychologie,
M. de Margerie
étudiera la nature humaine,
telle qu’elle
se révèle à nous par l'observation intérieure. Rien de plus
difficile sans doute, mais aussi rien de plus utile que cette
science de nous-mêmes. Après en avoir posé les règles,
ce Maître si pénétrant et si délicat analysera successive-
ment toutes nos facultés dans leurs opérations les plus
complexes.
Là encore il va retrouver devant lui les doc-
_
_—
#9
—
trines négatives du matérialisme contemporain,
mais pour
en combaltre les fünestes sophismes, et pour raffermir
dans nos âmes Ja foi à la raison et à la liberté, c’est-à-dire,
la foi aux principes éternels du vrai, du bien, du beau;
la foi au devoir et à la responsabilité morale; la foi à
l'action de Dieu sur les âmes et au but divin de la vie.
Car les études psychologiques sont la base essentielle de
toutes les sciences morales : et selon l'esprit qui les dirige,
elles prêtent le plus solide appui à toutes les vérités, ou
bien elles vont à ruiner les fondements de tout principe
et de toute croyance.
|
Histoire. M. Lacroix nous retraçait, l’an dernier,
tructive leçon des événements
l’ins-
qui avaient précipité la
décadence de la Grèce, et l'avaient amenée,
vaincue par
la corruption de ses mœurs encore plus que par les armes,
à subir la domination romaine.
Cette année, il se propose de vous transporter au cœur
du
Moyen-Age,
et de
vous
raconter
en
particulier
le
XIE siècle, si grand dans l'histoire du monde et surtout
dans celle de la France. Aujourd’hui, en effet, ce siècle de
Saint Louis et d'innocent HiE, longtemps méconnu, apparaît dans une splendeur de plus en plus vive, et attire la
curiosité des esprits autant par ses actes que par ses pro-
ductions littéraires. Car c’est là surtout que le monde du
Moyen-Age s'achève, et que le monde moderne commence
à poindre. La lutte prolongée entre Frédéric Barberousse
et le Saint-Siége occupera dans le tableau de M. Lacroix
le devant de la scène. Au milieu de la fermentation générale d’une société en travail de transformation, vous verrez
déjà s’agiter les questions religieuses et politiques, qui
——
6Ù
—
vont tenir longtemps le monde en suspens. En même
temps qu’elle défend la doctrine dont elle est dépositaire
éontre les hérésies renaissantes, et contre des philosophies
séparées et négatives, l’Église, appuyée sur l'opinion,
lutte avec une indomptable énergie contre les prétentions .
de Frédéric, qui, en qualité d’héritier des Césars, aspirè à
ja domination universelle, et songe à remplacer la papauté dans sa grande hégémonie spirituelle et temporelle
sur toutes les nations de la république Chrétienne. Le
duel sera terrible. Mais c’est qu’il s’agit aussi pour l'Église
de sauver, avec l'indépendance des peuples, la liberté dés
consciences. L'Église sortira de ce combat victorieuse à la
fois et blessée; et dès Ja fin du siècle, elle verra décliner
cet empire, qu’elle avait exercé si longtemps sur les
affaires de la Chrétienté. — Pour vous reposer du spectacle de ces orages, le Professeur aimera par intervalles à
revenir auprès de Saint Louis. Ce ne sera pas le moindre
intérêt de ce drame saisissant, que d’y suivre le rôle de la
France et l'attitude de son Roi, dont la vénération univer-
selle fait alors l'arbitre du monde. M. Lacroix dira toutes
les grandes choses faites sous le règne de ce prince, qui a
trouvé le génie dans la sainteté, et aécompli tant d'œuvres
fécondes et glorieuses, en cherchant à réaliser sur la terre
le règne de Dieu. La politique s’est rencontrée alors avec
la justice et la vérité; et, à la gloire de la religion, jamais
elle n’obtint uñ plus complet succès.
Littérature Française. Tel est l'attrait de ce grand
XIIF siècle, qu'après l'avoir pris moi-même pour sujet de
Cours l’an dernier, je ne puis m’en détacher. J'avais entrepris de retracer le mouveinent des esprits et Phistoire
._
—
fi
—
des Lettres en France à cette époque; mais. c’est à peine
si. j'ai pu remplir la moilié de ma tâche. Aussi ai-je
demandé l’autorisation de poursuivre cette année ‘cette
carrière interrompue; et j'aime à croire que ceux d’entre
vous qui m'ont suivi dans mon exploration à travers cette
curieuse et féconde époque, seront heureux avec moi
revenir.
Littérature
Ancienne.
M.
E. Burnouf,
d’y
l'an- dernier,
traitait de la Tragédie Grecque au temps de Périclès; et,
après en avoir recherché les éléments primitifs, et Les lois
essentielles, il essayait d'en retracer le type idéal, tel que
l'avaient rêvé les Athéniens, et tel que leurs poëtes s’étaient efforcés de le réaliser dans leurs œuvres les plus
parfaites. — Pendant le premier semestre de cette année,
il se propose de faire sur la Comédie Grecque une étude
analogue. Après avoir signalé les circonstances où celte
Comédie est née, et qui ont influé sur son développement,
- iFs’appliquera à déterminer aussi les règles de sa compo-
_ sition idéale, son canon parfait, comme disaient les Grecs ;
et s’attachera après cela à suivre les variations apportées à
ce modèle dans les diverses pièces d’Aristophane et de ses
contemporains. — C'est ensuite dans les pièces Latines
imitées du Grec par Plaute et Térence, que le Professeur
compte poursuivre celte histoire de la Comédie Athé-
nienne à travers les métamorphoses successives, que lui
imposèrent les révolutions de la liberté politique.
Littérature Étrangère. M.
Émile
Chasles,
l'an der-
nier vous expliquait Dante, avec quelle érudition et
quelle lumière? vous le savez. -— Selon sa méthode
_—
habituelle,
poür
62
commenter
—
l’œuvre
du grand
poëte,
il la replaçait au milieu des conditions historiques où
elle s'était produite. Au terme du XIE siècle si brillant
à la surface, mais si travaillé au dedans par l’enfantement
du monde moderne, vous avez vu apparaître au sein de
l'Italie déchirée ce sombre prophète de l'avenir, apostrophant tourà tour de sa parole enflammée le pays qu’il
aime, la papauté qu’il révère, Florence qu’il a gouvernée,
et, avec un mélange extraordinaire de malédiction et d’amour, prédisant à son pays les destinées orageuses, qui
pendant cinq cents ans seront celles de l’Halie, Soit que le
Professeur vous montrât dans les sombres parties de la
Divine Comédie le reflet des événements et l'écho des
passions contemporaines, soit au contraire qu'il vous ravit
avec le sublime rèveur aux régions de la splendeur éter-
nelle, vous admiriez, avec l'étendue de ses connaissances
égaleà son vaste sujet, la variété de son talent, l'heureuse
souplesse et le mouvement de sa parole.
… En vérité c’est un noble héritage, que recueille aujourd’hui M. Gebhart. Mais tout jeune que soit le suppléant
de M. Chasles, il a déjà justifié la prédilection du Ministre
par les titres les plus honorables. Pour son Cours de cette
année, M. Gebhart n’a pas cru pouvoir mieux faire, que de
reprendre en partie les traces de son devancier. M. Chasles
n'avait pu compléter son étude de la Renaissance poétique en Italie au XIV* et au XV? siècles. M. Gebhart se
propose d'étendre et d’achever ce tableau, mais en
se plaçant à un nouveau point de vue : car il veut embrasser dans un même regard l'histoire des Lettres et des
Beaux-Arts
en
Italie,
et commenter
tout
d’abord,
par
exemple, avec l’œuvre de Dante les fresques puissantes de
—
63
—
Cimabüe, d'Orcagna, de Giotto, et les marbres des sculpteurs Pisans. Après avoir établi dès le début de son Cours
cette communauté d'inspiration entre la poésie, la peinture et la statuaire Italiennes et leur influence réciproque,
il poursuivra celte histoire parallèle à travers les siècles
suivants, ramenant sous un même rayon, avec les Journées
de Boccace ou les vers de Guido Cavalcanti les peintures
de Donatello : Raphaël et Corrège à côté de lArioste et du
Tasse. L'objet de ces rapprochements pour M. Gebhart
sera surtout de glorifier le génie de ce peuple Italien
si heureusement doné pour les Beaux-Arts, et de montrer
dans quelle admirable harmonie ses artistes de la Renaissance ont su marier ensemble, avec l'inspiration personnelle, la tradition de l’art antique et le sentiment moral et
religieux du Christianisme. — Grâce à ses études particulières, le jeune voyageur, en vous entretenant de l'Italie,
peut encore être entièrement neuf dans une carrière
maintes fois déjà parcourue par ses prédécesseurs. L'Italie
en effet est pour lui comme une autre patrie. I la sait si
bien, il en a si bien goûté les œuvres, admiré la nature,
respiré l'âme, que ce sera plaisir de le suivre tout d’abord
en-un tel sujet, qui est la vocation dominante de son
esprit et de son cœur.
_—
64
—
UL.
PurticaTions.
Nous n'avons pu, vousle savez, répondre à l'appel du
Ministre, alors qu’il nous invitaità répandre notre enseignement dans les villes: voisines qui nous y convieraient.
Pour plusieurs d’entre nous, le labeur
ordinaire excédait
déjà nos forces; d’autres étaient engagés dans des travaux
_considérables. Certes on a pu voir,
dans le cours de celte
‘ année, de quelle façon les Professeurs de notre Faculté:
emploient les loisirs, que leur peut laisser l’enseignement.
La moisson a été généreuse. Tous y ont apporté leur gerbe.
Je ne parle pas de mon
ÆEfude sur Chäteaubriand,
qui a
paru annotée au commencement de Fannée. Mais j'ai le
droit d'être fier de tant d'œuvres excellentes, par lesquelles mes Collègues ont si justement attiré l’attention
du monde savant sur notre Faculté des Lettres, et montré
-combien la Province peut être favorable par son recueille
ment aux œuvres sérieuses ct müries.
.
C'est d'abord M. Burnouf,
qui, après avoir enfin ter-
miné son Dictionnaire de la Langue sanskrite, si savant
sous une forme si simple, écrivait dans la Revue des Deux
Mondes ses deux articles tant remarqués sur la science des
Religions. On peut à ce sujet différer d'opinion avec l’auteur; ainsi on ne lui accordera pas volontiers que les Religions ne soient qu’un produit naturel du cœur de l’homme,
qui, aspirant à l’idéal, et voulant contempler l'infini, le
um
‘65 —
réaliseà sa manière, et lui donne.une forme variable se
lon.le génie des: différentes races. Mais on admirera. la
-puissante-sagacité de son. esprit, l'étendue: de ses recher.ches; et ‘par-dessus tout la sincérité de son. intention.
Quant à moi,.je. ne suis pas .de ceux qui.ont peur de Ja
science ;.je me fie à. la Providence divine età la destinée
humaine, bien assuré d'avance, que, quels que, puissent
être les résultats de Ia critique, la vérité du Christianisme
_ne.pourra qu'en sortir plus éclatante et'plus victorieuse.
-$i cependant, dans les questions.d’histoire religieuse, on
n'accepte pas toutes les conclusions actuelles de M: Bur-
nouf,.en. revanche on le suit avec. une -confiance absolue,
quand:il ne s’agit plus que d'étudier l'Asie, et son génie et
ses évolutions religieuses; l'Asie, qui jusqu'à présent était
pour nous un mystère, et dont la science nous
a - révélé
-seulement d'hier le passé antique et vénérable, L'Asie, en
effet, avait pu être forcée par les, armes des puissances
Européennes, mais non entamée jusqu'ici par, leur civii_sation. C'est un tout autre monde, qu il. faut, connaître
d’abord, pour.avoir prise sur lui. Or personne peut-être
en Europe n’en sait mieux que M. Burnouf la: pensée
time, les traditions, les mœurs, les préjugés. Le pass: Ju
. en a révélé le. présent, On a vu, il ya
six mois; -dans. un
nouvel article de la. Revue, avec quelle « sûre pénétration il
. éterminait les conditions jusqu'alors méconnues, qui
seules rendaient possible la conquête morale de l'Asie. :
._ Toutautre est l'esprit, qui a inspiré à .MM. Lacroix et
de Margerie. les deux grands ouvrages qu’ils viennent de
. publier, le premier sur la. Philosophie de l'histoire, et. le.
sécond sur J’Zdée de Dieu. _Philosophes spiritualistes. et
chrétiens tous. deux, et tous deux inquiets des progrès de
5
— 66
—
ce panthéisme et de cette critique négative, qui de: nos
jours travaillent
sans relâche à chasser Dieu du monde et
‘dü cœur de l’homme, ils ont voulu, l’un, rétablir la
science de Dieu dans ses vérités essentielles et fondamen-
tales; l'autre, montrer au milieu des événements de l’his-
toire l'actionà la fois mystérieuse et éclatante de cette
Providence divine, qu'un fatalisme
aveugle
en voudrâit
écarter en vain.
‘
En lisant le Livre de M. de Margerie, on se sent heureux en vérité d'échapper à ces vapeurs malsaines, dont la
sophistique contemporaine obscureit nos yeux, pour ren-
trer dans le bon sens et la vérité; et de voir se renouer
d’une façon si lumineuse cette chaîne des vérités éternelles, dont le dernier anneau se rattache au trône même
. de Dieu. Pour démontrer ce Dieu personnel, créateur,
distinct de son œuvre et veillant sur le monde sorti de ses
mains avec une Providence paternelle; pour en signaler
les attributs suprêmes, mais surtout
pour
déterminer le
‘rôle assigné par lui à l’homme dans le plan de sa création,
les seules lumières de la raison auraient suffi à M. de Mar“gerie. Mais la raison n’a toute sa forceet sa sécurité, que
‘dans son accord avec la foi. La raison entrevoit sans doute
les vérités divines; mais, pour
‘leur plénitude et les affirmer
elle a besoin des clartés d'en
du Livre de M. de Margerie,
les plus remarquables, qu’ait
engagée entre
les embrasser
dans
toute
avec une autorité souveraine, .
haut. — Voilà la conclusion
l’un des ouvrages assurément
suscités la lutte actuellement
la philosophie spiritualiste et les systèmes
matérialistes. Aussi sa fortune est-elle assurée. La seconde
Édition vient de paraître. Tous les esprits sérieux Pont
voulu
lire : mäis particulièrement toutes les âmes obsé-
— 67 — .
dées par les grands et redoutables problèmes qui troublent
notre-siècley viennent respirer .la lumière. et la paix.
‘A
l'ascéndant
d’un raisonnement qui vous saisit et vous en-
traîne victorieusement, l’écrivain, j'allais
dire l’orateur,
joint je ne sais quelle
chaleur
intime, qui. pénètre tout
l'ouvrage; on sent palpiter son âme à travers ces: pages
éloquentes. On reconnaît à cette flamme que cela a été:un
Cours, avant d’être un Livre. Pour vous, Méssieurs, vous
ne l'aviez pas oublié.
:
_—
Tel.est aussi le caractère du Livre de M. Lacroix, qui à
pour titre Dix Années d'Enseignement à la Faculté de
Nancy. Chaque année M. Lacroix a, vous
le savez, l’habi-
tude d’inaugurer son Cours par un Discours d'ouverture,
où, se plaçant au sommet du sujet qu’il se propose de trai-
ter, il établit, en en indiquant les événements dominants,
les principes et les lois morales, qui
semblent en
avoir
gouverné Je cours. C’est ainsi que, .dans l’espace de dix
années, il a pu embrasser les principales questions de l'his{oire. du monde, et en faire sortir une philosophie de
l’histoire. Ces discours ordonnés et réunis composent un
.corps complet de doctrine, Ouvre opportune, s’il en fut!
Car, dans les grandes œuvres historiques de notre siècle,
on peut regrelter trop généralement, que, pour en -éclairer les faits et en tirer l’enseignement, il y. manque l’idée
religieuse ét morale. Une philosophie de Fhistoire, qui ne
voit rien au delà de la nature et de l’homme, et qui professe qu’en dehors des lois de l’une et de la liberté’
de
l'autre il n’y a rien, dont la science doive tenir compte,
ne peut aboutir en effet qu'à des conclusions incomplètes et erronnées. — L'homme s'agite et Dieu le mène,
a-t-on dit. Convaincu donc que le monde moral a
—
3
—
|
coriné le monde physique ‘ses ‘lois immuables, M. La
croix, au fond de ces grands spectacles ‘de T'histoïife,
recherche quelles sont ces lois morales, par lesquelles la
Providence gouverne les destinées dés nations, lois suprê-
mes, qui ne contraignent-pas sansdoutela liberté‘ humaine,
mais que lés peuples et les hommes ne sauraient enfreindre, sansen-éxpier la-violation :par des catastrophes.
En‘disciple de:saint Augustin et de Bossuet, c’est à la philosophie chrétienne, que M. Lacroix s'adresse, pour con:
naître.ces lois mystérieuses, qui président ainsi à la fortune des ‘nations et aux wvicissitudés des “empires; et ‘il en
poursuit la vérification, ‘en l’appliquarità tous les grands
faits de l’histoire ancienne et moderne.
A-cette revue des travaux de notre Faculté, j'äi le plaisir d'ajouterle Livre-que M. Chasles publie en ce moment
sur da Vie et les Œuvres de Cervantès. Cet ouvrage, ‘vous
le-connaissez en partie avant de lavoir lu ; car vous l'avez
-enténdu."il.a été professé ici à:la suite d'un pèlerinage que
M. Chasles venait de faire en Espagne pour -en recueillir
les matériaux. Le Professeur s’est proposé de nous mon'trér'que l’auteur de Don Quixotte n'était pas seulement un
admirable-esprit, mais un noble:caractère ‘et un cœur'héroique; et .ceite biographie nouvelle en vérité nous en“chänte, ennous révélant tout ce qu’il y-aväit de grandes
vues, de:généreux patriotisme et de vaillance dans ce génie
satirique, qui nous a laissé une si amusante mais en même
temps’si profonde parodie du-monde chevaleresque.
Dans ces œuvres si:diverses, éclate. non-seulement Pactivité féconde de notreFaculté, mais encore la liberté de
pénsée, “qui nous.permetà chacun toute l'originalité de
:nôtre’esprit. Animés tous d’une émulation ‘commune pour
!
_.
——
69
—
.
Ja science et la vérité, nous avons cependant chacun notre |
_allure et suivons notre
vole, Tandis que les uns croient
pouvoir demander compte de tout à la seule raison, les
autres cherchent le vrai dans l'art et dans la vie-à Îa Jumière du Christianisme. Cette liberté, contenue (bien entendu) dans de discrètes limites par la sagesse de chacun,
“est le privilége
et la vertu de l’enseignement supérieur,
destiné de sa nature à provoquer la pensée. Chacun de
nous dônc suit l'indépendance de son esptit et les convic-
tions de son âme. Et vous, Messieurs, dans notre sage et |
sérieuse province, vous nous rendez cette liberté facile, par
la sympathie avec laquelle vous accueillez toute pensée
loyale et toute parole sincère. La franchise accordée à l’un
atteste-et assure celle des autres. La divergence d’ailleurs,
qui peut exisler entre nous sur plusieurs points, n'empêche
nullement, on le sait, ni l'harmonie des esprits ni la fraternité des âmes. C’est l’ordre dans la liberté, Cette sincère
originalité de la parole est à la fois l’ honneur del auditoire |
_et la force du Professeur.
AL Ed. SIMONIN
DIRÉCTEUR
DE
L'ÉCOLE
DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE,
Monsieur LE RECTEUR,
MessŒuRSs,
h
L'heureuse réunion à Nancy des principaux établissements d'instruction supérieure en portant, désormais, à
quatre le nombre des comptes rendus relatifs à chaque
exercice scolaire impose aux rapporteurs le devoir de la
briéveté; j'aborderai donc immédiatement mon sujet:
- Qu'il me’soit, toutefois, permis auparavant d'adresser
—
1
—
à M. Dunoyer, notre ancien Recteur, un témoignage offi-
ciel de la respectueuse affection de l'Ecole et de saluer
avec joie le retour à Naney d’un chef dont, il y a quinze
ans, déjà, j'ai éprouvé
la bienveillance, au début de mon
administration et lorsque l'Ecole de Médecine, restée seule
des anciennes Facultés lorraines, conservait, seule aussi,
dans notre contrée la tradition d’un enseignement supé-
rieur.
h
‘La dernière année scoläite. a été, Méssieurs, marquée
par plusieurs faits à la fois importants et heureux. L’un
des plus considérables conceïne le nombre des Etudiants
et surtout les conditions dans lesquelles ces jeunes gens se
trouvaient sous le rappôrt dé leur inistruction littéraire et
scientifique au:moment où ils entraient dans la carrière de
la médecine ou dans celle de la pharmacie.
La courbe
descendante, signalée, plusieurs fois, dans le nombre
des
Etudiants à Nancy et qui, depuis douze années, s’abais-
sait du chiffre de 75 à celui de 38, paraît s'être arrêtée,
. car, Pan passé, l'Ecole a compté 50 Etudiants et 8 au-
diteurs bénévoles inscrits (1). Dans la période qui vient
d’être citée, l'Ecole a toujours gardé son rang distingué
‘parmi
les établissements. de: même
ordre; fait qui,à
défaut d’autres renseignements, eût démontré que le
recrutement pour la médecine civile et pour la pharmacie
avait éprouyé un ralentissement marqué dans toute la
France, et ce fait qui a ses explications
manifestes. menña-
-çait d'accroître sur. bien des points l'insuffisance inquié<
tante constatée dans.le nombre des, praticiens, pendant
les années même où.aucune Spitttnie sérieuse
naçait le pays.
ou
je
ne meoi
Mais ce-n’est passeulement ssur ce retour à. un. chiffre de
=
7ÿ
=
médecins plas en rapport aveé lés' besoiris des popülations:
qu'il éotivient d'insistér et Iés coriditions d’étades préalas
bles dâns lesquélles se trouvaient lés -Eltidiants sént, :au'
moins; AUS intéréssantes & signaler
Lés hetréusés modi.
cations réglentntarés aie ot pieseri aux Étudiants qui
ës Letttes, suivi peu apte dés épréuves. di bitéaläiibat à ès
Sciences restreint, avdit, peidant plusieurs anriées, réñidu
l'accès.
de la’ carrière médicale bien diffiéile 4ux jéuñes
gens qui, duparavatt, se présentaient avéc le titre-seul ‘de
bachelier ès Sciences. Aujourd’hui ces difficultés paraissent
sinon vaincues, du moins surmontéés en partie. Les trois:
quarts des Etudiaiis, inscrits én nôvembre 1864,-se S6nt
présentés avec le diplômié de bachelier ès Lettres;
et plus
de
la moitié d’entre eux sé trouvaient déjà pourvus dudiplôme
de bachelier ès Sciénées cornplet, où restreint. Les prô
fesseurs de l'Ecole éprouvent donc la satisfaction de: voir
bientôt atteint, dé noûveau, lé noble but assigiié aux effotts
_ des médecins, lorsque M. Roullañd preéérivait ‘aux Etui
diants én Médésine le rétour aux études littéräires. à Ce:
» sôtit; disait alors le Ministre de linstructio® Publique;
» «ces études qui dénnènt au goût, au-cœur et à l’esprit-les
», tendances les plus délicates ét:les impréssions les plus
» heureuses. Le médecin attaché à dés’ travaux infinis,
» consulté dans toutes les classes de Ha société; : por tous
». les maux qui afféctent le:corps ët l'intelligence, ‘obligé. à
» tant de disceriement et d’äction morale, ‘doit être; -&vant
» tout, préparé à l’apprehtissage scientifique pat une ins
» truction Httéraire complète. En négligeant les humianités
» ilnéglige un élément: indispensable pour lui, il écarte
» un moyen de succès et d'influence et il éréé, peutétré;
Th
—
». un véritable. obstacle à l'autorité comme au progrès de,
» l'art qu'il exerce. » J'ai reproduit. ces belles considérations parce qu'elles paraissent
des. axiomes aûx. professeurs de l'Ecole et. que tous:ont vu, avec bonheur, ce.
retour. .complet à l'Etude d’une sage philosophie
:et à:
celle de l'antiquité par l'intermédiaire
de ces langues
mortes qui doivent, de nouveau, être considérées comme
immortelles, Cette préparation antérieureà l’entrée dans.
la carrière ne.s’est point bornée aux Etudiants en Médecine;
elle a été constatée aussi chez les Etudiants en Pharmacie.
Depuis bien des annéesil n’était
plus question d'inscriptions.
en-vue du titre de pharmacien de première classe qui né
cessite le ‘diplôme de bachelier ès Sciences complet. En:
4864-65-plus du tiers.des nouveaux
Etudiants en phar-.
macie . présentait ce diplôme et nous espérons à raison
même des faits actuels que ce retour aux fortes. études ne.
sera point éphémère.
‘
La réunion des circonstances
favorables dont
1 vient.
d’être question et qui rappellent les plus beaux jours de.
PÉcole devait.amener-des résultats satisfaisants
et ces ré
sultats.se Sont produits en effet. Le travail a fait fructifier.
l’assiduité, et la régularité des cours; traditionnelle à Nancy,
a été rendue plus agréable aux professeurs par les qualités.
solides de cette jeunesse si bien préparée à.ces études. Les
cours suivis, par elle, en 1864-65, ont été au nombre de.
1323.. De ces leçons 157 ont été données par ia Faculté
des Sciences. À l’occasion des cours, l’École doit ses
remerciments à MM. Blondlot et Demange, qui. pour exposer entièrement leur programme, ont, commme pendant
les années précédentes: fait un grand. nombre de leçons.
supplémentaires.
-
_—
73
—
:: Les matières traitées dans notre enseignement .ont.été
plusieurs. fois l'objet de. considérations diverses:. “depuis
quelques années des programmes, tout en.se perfection
nant, n’ont pas varié beaucoup; ils ont.reçu la plus-complète approbation ministérielle et plusieurs :d’entre eux
ont motivé à leurs auteurs des félicitations de S. Ex. Je ne
m'arrêterai donc pas sur ce sujet, mais si les programmes
dans leur ensemble ne soulèvent aucune question sérieuse,
pour cette année du moins, je ne puis passer sous silence
l'influence exercée, en vue de l'instruction des Étudiants,
par la manière dont le. professorat est compris. Je dois ici
être très-bref, et j’arrête un seul instant, Messieurs, votre
attention.sur les travaux anatomiques. M. Lallement, dont
l'an dernier j’annonçais la nomination, a su-donner à cette
importante partie des études la plus heureuse impulsion,
non-seulement
par une savante direction, mais aussi par
l'introduction d'améliorations de diverses natures. Pinsiste
beaucoup sur ces heureux résultats dans cette partie de
l'enseignement, parce que de jour en jour ils. deviennent
plus difficiles à obtenir. La science médicale multiplie ses:
exigences et un trop grand nombre d'Étudiants ne vont pas
au delà du nécessaire, en vue des examens. Îls acquièrent,
convenablement il est vrai, les connaissances
qui sont.la
. base de la science, mais, depuis longtemps, ils ont perdu le
désir de laisser dans les musées le souvenir de longs.et patients travaux, et ils n'ont
plus Pambition, beaucoup plus
noble, d'accroître
,- par de belles préparations anato-
miques, les facilités de démonstration et d’études. Il y.a
quelques semaines, en contemplant,à Padoue,
le .por-
trait et le buste de Morgagni , Cet immortel investigateur des causes. et du siége. des maladies, et en admirant de
préciètsés préparations anatotñiques, jé sotigéais, ‘avec
régfet; àcés odifications quis’üpérent dans la téaditioit dé
plüsiéurs-parties de nos études et à li disparition dercertainis
eïtrainémients Scientifiques. Et céjeñdänt nul tiè net én
fés
doûté la haülé Valeur de ces préparations. qui rappellent
dé éénatéations1 jourhalières dés COUTS, èn “ficilite Re € ri
tant sans cessé à l'@il lus détails tiaténtiéues 6 éntfevus par
Pésprit, ifais bietôt oubliés quand Péil west pis frappé
d'uné manière pérmaneñte par Paspéct physique des 6b-.
jets: Le regret qué j'éxpiimé affaiblira, peut-être; par
Suite dés circonstances heureuses rappeléés tout à l’heüré
êt pêut-êtré; dussi, à raisoit des modifications qui comirenceñt à rompre: l'uniformité aBsolué quia été, pendant ces
dérhières annéés, éheréhiéé dis l’enseigiemient des Éco:
fes dé médécine, et qui enlevait aux Professeurs céminé
aux Étudiants ñon-séulement l'initiative personnelle, mais
ênicote à possibilité d'ubiliser cérisinés soûrées d'iistirié
Sans doute it é$t indispeñsäble que les études qui
"Sont lt base de l’enseignement médiéal sient partout sern:
bläblés, et l’École de Nancy à récläinié, vivement (2), eëlte
uniféritité dans tous les Étiblissenients d’instruétion médicalé"et phafmiäcéutiqué, ais il-ést à désirer que chaque
éentre, à côié dé cet enseigiernent fondamental, puisse ‘
prodüire les‘résültats qui sont la coriséquéncé
du génie
particulier dé chaquë contrée, des ressources séientifiqués
spéciales à chaque école et parfois même des travaux originaux dé ses professeurs. Cétie idée voilée un instant
réparaît, ain$i que le prouve la variété introduite, récemint, $üit dans le nombre des professeurs des Écoles, soit
dans le ‘nombre des Cours: Narèyÿ possède -des ressourcës
—
7
—
“éxcéplionnelles..
L'an ‘passé jai parlé de ses nombreuses
cliniques, je’ dois aujourd’hui insister sur-les avantages
qu'un certain nombre d'Étudiants, avancés déjà dans:leurs
études, peut-retirer du magnifique établissement de Ma
réville, si habilement dirigéet dont les médecins chefs
de service étendent de jour en jour la-réputation parleurs
travaux. ‘Grâce à cet asile important, les Étudiants de
Nancy ont toujours pris un goût très-vif ponr les études
relatives
à lalrénation mentale, et depuis quârante années
an grand nombre d’entre eux ontsuivi, avec.des fortunes
diverses, a route que notre
eoncitoyen, ke bon:et-savant
Leuret leur avait indiquée d’une manière
-si brillante. À
plusieurs reprises, des cliniques ont été ouvertes
à l'asile et
des cours-ont été failsà nos Étudiants, Je suis heureux de
faire connaître que ces études vont-de nouveau lèur :ètre
-permises et.qu'ils pourront puiser à Maréville, dont tous
les
intérêts seront
entièrement
sauvegardés, les saines
‘traditions dant la France s’honore
à sï bon dreit.. Le
retour. aux études philosophiques fécondera.de nouveau :ces
travaux spéciaux et-les méthodes de Maréville :se-vulga-
riseront de plus en plus, et cette vulgarisation
de saines
doctrines «est bien plus nécessaire qu'on ne le pense gé-
-néralement. En 4861, je proyvoquais votre étonnement,
Messieurs,
‘en vous disant :qu'à celte époque, dans de
splendide palais. des Sforza, devenu à Milan:le grand hôpi-
- tal, javais rencontré ün certain nombre
d’aliénés retenus
par des chaînes, etbien, en 1865, il y a moins d’un mois,
. j€. trouvais éncore à l’hôpital civil de Venise, le même
. mode -de ‘répression. Dans. une salle renfermant des
femmes,
quatre. malades avaient les mains fixées à une
ceinture à d'aide de cadenas;. cinq autges-étaient retenues
—
Fe
—
sur des-siéges par. des liens qui entouraient le corpset-six
‘autres malades étaient attachées à 1eur lit, à l’aide de la
‘eamisole de force. Et. cependant nul bruit ne se faisait
-dans cette salle et chacune de ces aliénées, prétendues
furieuses, rendait un sourire pour. un sourire, et chez
toutes la figure se modifiait d’une manière heureuse, lors
de là pression de la main par une main bienveillante.
* Comme chaque année aux cours ont succédé des
“examens et ils ont démontré, de la manière la plus satisfaisante, l'instruction acquise par les Etudiants
en médecine et en pharmacie (3). Enfin comme couronnement de :
l'année scolaire, des sessions ont été ouvertes, en vue de
-titres professionnels (4). L'Ecole à conféré les certificats
d'aptitude à un candidat pour le titre d’officier de santé, à
8 candidats pharmaciens et à: 23 sages-femmes.
Elle a eu.
‘le regret d'éloigner 1 candidat officier de santé et 3 candidats au titre de pharmacien.
Ces sessions ont eu cette
“année unintérétspécial. M. Jacquemin, professeur à PEcole
- supérieure de. pharmacie de Strasbourg, a présidé l'une
- d'elles, tandis que l’autre était dirigée par M. Denonvilliers,
" Inspecteur général des Etudes médicales. L’appréciation
de
- V'École faite par les Présidents des sessions, en termes cour-
lois et charmants qui ne peuvent être répétés ici, a permis
‘aux professeurs de Nancy de se croire toujours dans la bonne
* voie pour leur enseignement, Ces appréciations favorables
“vous rappeltent, Messieurs, les distinctions honorifiques
adressées par M. le Ministre de l'instruction publiqueà
: MM:
Delcominète,
Xardel
et Poincaré, et la nomination
de l’un dè nos collègues dans l’ordre de la Légion d'Hon-
neur.Les titres de M. Léon Parisot à cette haute récom‘pense ‘étaient nombreux, et la manifestation chaleureuse
du sentiment public dispense de leur énumération.
mm
79
—
À côté des travaux relatifs aux cours de’ l’Ecole; plusieurs professeurs ont apporté leur :concours à:d'autrés
enseignements. M: L. Parisot a continué à la Faculté des
Sciences le cours d'hygiène qu’il ‘professe depuis 12.ans
- déjà; M. Demange a, aussi, donné le même enseignement
- dans les Ecoles de la ville.
os
: Plusieurs de nos collègues-se sont livrés à des travaux
particuliers. Le temps qui nous presse m’interdit, Messieurs, d'ajouter aux faits officiels l’analyse des. travaux
de MM. Blondlot, Demange, Grandjean, Poincaré, Delcominète, Bertin
.et Lallement. Mais si la modestie de mes
collègues me permet de réserver pour le Conseil acadé. mique lanalyse des travaux. publiés par éux et qui concer-
nent, surtout, la chimie, la toxicologie, la physiologie,
l’hygiène, et la pathologie
(5), je ne puis passer
sous
silence la haute sanction que l’Académie impériale de
Médecine a donnée aux œuvres nombreuses et importantes
de M. le Professeur Blondlot, en lui conférant le titre
de membre correspondant de.la savante compagnie à
laquelle le même titre rattache déjà, depuis plus de trente
années, notre Directeur honoraire.
Tel'est; Méssieurs, l’exposé rapide des faits principaux
de l’exercice scolaire écoulé sous l'influence de conditions
organiques qui, depuis bien des années, motivent la demande. de modifications nombreuses et profondes. Depuis
10 ans, le Conseil académique de Nancy s’est constam-
ment associé aux principales réclamations formulées par
Jes Ecoles de Médecine, après une étude préparatoire faite
d’abord dans une assemblée composée des directeurs d’un
grand
nombre
d’Ecoles,
et reprise,
ensuite,
après une
invitation ministérielle, dans tous
les centres d’Instruction
— 280 —
süpérieute. Les
considérations: fondamentales présentées,
cici-même;: d'année
‘en: année , semblent: dévoir passer,
“très-prochainement; du domaine syécülatif dans::le -do«maine des fails, après avoir reçu une ‘sanction. législative.
Ha diseussion de certairis principes-que mon dévoir m'in-posait. chaque année, ne me paraît pas nécessaire: au_jourd’hui,. et l'Ecole-attend, avec une respectueuse: im
_pâtience,:uné législation nouvelle, due à-une heureuse-et
- ferme: initiative.
du Ministre de Plastruction. publique, et
appropriée, de plus-en plus, aux besoins réels des Ecoles
de Médecine, .envue du :perfectionnement de. l'Enseignement qu'elles ont la haute mission de. donner aux: “éta“diants, au.profit de tous. : RAT Ps ct eee IR
_
3 Le nombre dés inscriptions prises pendant 1 l'année scolaire :a êté
es (2)N pe 44, 35, 46, de. Ja Hrochure intitulée : de ; FOrganisation
des. Écoles . préparatoires | de médecine. et de. pharmacie. Nancy,
4860.
“@
Les notes s d'examens de fin & année ont été lès suivantes : ce
|
Extrémement satisfait.
. ... | 3 fois.
| Très- satisfait . poses
ses :
“Bien satisfait « duuss E vs
.
°7 (Satisfait, . 5...
Fe.
: Médiverement satisfait...
‘ ʰ ‘Ajourné.: seu
ses ei
5 |
5
407
7
2
ges:
—
81
—
{4) Les examens de fin d’études ont eu lieu pour les divers crdres de
candidats ainsi qu’il suit :,
|
de
Le ue
3 Candidats officiers de santé sos. ie“ .…
9 réceptions. _
9 Candidats au titre de pliarmacien . rs... 6 réceptions. *
93 Elèves sages-femmes sossssssessess .. . 23réceptions. |
{5) Indication sommaire des travaux particuliers dès professeurs ::
M. Blondiot. 4° Recherches sur le phosphore noir.
Le phosphore cristallisable présente trois modifications relativement à
sa couleur : il peut être blanc, jaune ou noir. Cette dernière variété,
découverte autrefois par Thénard, n’avait pu être reproduite depuis,
de sorte que beaucoup dé chimistes modernes mettaient en doute son
existence, Par de persévérantes recherches, M. Blondlot est parvenu à
retrouver le secret de celte préparation, et les conditions nécessaires
pour qu'elle s’accomplisse. — Il établit d’abord que, éonformément'à
Vopinion de Thénard, pour :passer au noir, le phosphore doit être purifié par plusieurs distillations successives ; mais il a constaté, de plus, ce
qui avait échappé à l'ilustre chimiste, que, pour que ces distillations
soient efficaces, il est nécessaire que, dans l'intervalle de chacune
d’elles, le phosphore soit soumis à linsolation, de manière qu il se
produisè une certaine quantité de phosphore rouge, qui reste dans la
cornue, tandis que le phosphôre qui distille passe d’abord du jaune au
blanc de plus en plus pur.
Îl a en outre constaté une particularité extrêmement remarquäble.
Thénard pensait que, pour passer au noir, le phosphore, après avoir
été fondu, devait'être refroidi subitement, de manière à éprouver une
sorte de trempage. Notre confrère a constaté, au contraire, que, quand,
par des distillations successives, le phosphore a aëquis son dernier degré de blancheur, après qu’il s’est solidifié, et pendant qu’il achève de
se refroidir lentement, tout-à-coup, il passe spontanément au noir.
L'auteur termine l'exposé de ses recherches par une remarque générale: c’est que, puisque le phosphore jaune est reconnu impur, et
que le blane n’est qu’un état transitoire pour arriver au noir, ce dernier, beaucoup plus stable, devrait être considéré, non plus comme une
G
=
82
ue
añomalié, ais, auü contraire, cornmé je: “éritäble ijpe. Cé qi “vièndrait
à l'appui de cette opinion, c’est que l’on trouve quélquefois du” vieux
phosphore abandonnéà lui-même, qui, en se couvrant d’une eroute
rouge, est devenu noir à l'intérieur, comme si, en S ’épurant spoñtané-
ment, il avait subi un changement moléculaire
qui n est
pas sans ana-
logie avec la crisfallisafiôn.
29 Sur la pulvérisation du phosphore.
:
op
On sait que pour diviser le phosphore, il-suffit, ‘après J'avoir e fondu
dans l’eau,
de l’agiter vivement jusqu’à ce qu'il soit refroidi. Un chimiste allemand avait trouvé que. si,.au lieu d’eau, on employait une
dissolution durée, on obtenäit une poudre beaucoup plus fine. En cherchant à à se rendre compte de celle étrange partieularilé, M... Blondlot a
reconnu qu on obtenait le même résultat en employant une dissolution
saline, où même une solution de sucre ou de gomme, ce qui réduit
tout le merveilleux du fait. à uue simple question de densité.
M. Demange, Compte rendu des travaux des Conseils d'hygiène. de
.
la Meurthe. 1864.
M. Grandjean, Discours prononcé à la séance e générale de VAssocia-
tion des médecins de la Meurthe, le 6 août 1865.
M. Poincaré,
-
E tude physiologique sur “de magnétisme animal.
‘ De l’éxamen des faits il résulte pour Pauteur que les procédés magnétiques, en frappant vivement l'imagination des sujets et en les soumettant à une sensation uniforme ef sans césse répétée, arrivent à
produire une. névrose analogue à lhystérie et au somnambulisme natu-
rel. Geite névrose. se traduit par un
état comparable au. sommeil, où
Vexaltation des sens alterne avec l’anésthésie la plus complète, et dans
lequel intelligence rachète souvent l'initiative qu’elle a perdue par. la
perspicacité de ses jugements, la rapidité et la solidité de ses raisonnements et la profondeur de.ses vues. Mais, dans aucune circonstance,
celte surexcitation des ne intellectuelles ne va jusqu'à faire naître
des aptitudes surnaturelles
M, Delcominète. Analyse d’une
artésien, à Pusiné à gaz de Nancy.
eau
o
minérale donnée par
un | püñt
‘
Recherche relative à la présence accidentelle de l'acide nitrique
l’iode du commerce.
dans
D
M. Bertin. Compte rendu des travaux de l'association des médecins
de la Meurthe en 1864-1865.
M. Lallement. 4° En collaboration avec M. le docteur Demange, une
observation de Laryngite diphthéritique remarquable par lPévolution
rémittente des accidents du début, et nécessitant la trachéotomie.
2 Description d’une oblitération de l'acrte abdominale, par compression exercée sur ce vaisseau au-dessus de l’origine du tronc cæliaque par une tumeur squirrheuse de la face postérieure de l’estomac,
suivie de réflexions historiques et pratiques.
Jusqu'à présent, on admettait que l'aorte pouvait être obturée par
la pression d’une tumeur voisine; ce n’était là qu’une hypothèse dont
cette observation vient démontrer la réalité. De plus, les annales de
Ja science ne paraissent pas renfermer un seul cas de compression de
l'aorte par un carcinome gastrique.
3 Note sur un monstre célosomien que l’auteur à déposé dans les
collections de l'Ecole.
M. Edmond Simonin. Æapport sur le service de l’ussistance médicale dans les circonscriptions rurales et sur le service de la vaccine
du département de la Meurthe, pendant l'exercice 1864.
c'RAPPORT
C ONCOURS DE
Buiie
U
co
LA FACULTÉ
“ h DE RANCE
;: (ANNÉE
SCOLAIRE
DE DRoiT
. |
1864-1865)
© PAR M. LOMBARD, PROFESSEUR À LA FACULTÉ.
: Moxsiéur LE Manécuat,
- - MonstieneUR, :
L
Mrs MonsiruR ‘LE Rrcreum, Fe
- Messieurs,
. Au moment où la Faculté de Droit va rouvrir l’ensei-
gnement qu’elle inaugurait l'année dernière, elle rencontre une obligation qu’elle est appeléeà remplir pour la
première
fois. Elle doit un compte public du résultat des
concours où elle appelle, comme à un sérieux apprentis-
—
86 —
sage des travaux virils, l’activité volontaire, le zèle pure-
ment libre de jeunes intelligences. Et je suis heureux, je
l'avoue, de le présenter en son nom à cet auditoire d’élite
qui, j'en suis sûr, prend intérêt à son avenir, à cette ville
et à ces départements dont elle a éprouvé la sympathie, à
tous ceux que touchient les bonnes: aspirations de la jeunesse, enfin à ces jeunes gens qui ont déjà trouvé en eux- .
mêmes la plus pure récompense de leurs travaux, mais
qui en auront une seconde, et bien enviable encore,
dans l'honneur qui ‘leur est-fait aujourd’ hui!
Pour nous, Messieurs, nous ayons un droit que personne
ne viendra nous contester, celui de prendre largement
notre part de la satisfaction qu'inspirent les premiers
-succès de nos élèves. Il me sera permis d'ajouter que dans,
les circonstances ‘actuelles ‘elle doit être plus grande que
jamais. Comme vous tous, nous sentons tout ce que la
jeunesse, par un privilège qui lui est propre, éveille naturellement de bienveillance et de faveur. Sur le point
d'aborder les épreuves de l’homme,
intact
tout le
sur elle,
pour
et ce
prestige
des
elle retient encore
espérances
qui
reposent
charme que Dieu même, sans
seconder le développement de-son œuvre,
doute
atta-
che partout aux promesses.d'avenir dans Ia nature et
dans la vie. C’est le temps de l’ardeur intellectuelle, celui
des fêtes de l'esprit; elle-même est faite pour les goûter,
et je ne sais si l’homme, quand il recueille la moisson
de ses travaux, y trouve un contentement égal à celui des
récompenses qui ont’ horioré sa jeunesse: -Mais, Messieurs,
Si nous sentons tout cela, nous faisons en même temps un
retour sûr nous-mêmes: comment oublier en effet que
notre Faculté a eu ce bonhéut des choses qui commencent,
——
8
—
et qu'elle-a ainsi contracté une lourde dette qu’elle prend
à cœur d’acquitter ? Or,à ses yeux, ce compte rendu, sera
peut-être. un. moyen.de.
plus . de prouver que sa reconnaisSU É
Ÿ
sance n’a point été vaine, Bi ses.efforts absolument. infruc-
lueux.…
Sub
dut
Ro
tn
en
on
Lorsque: la Faculté fut instituée, intérèt d& son avenir
exigeait Ampérieusement que Jes cours des trois années de
licence fussent ouverts en même temps; cette mesure pou-
vait seule assurer À V'Ecole de! Nancy tout le relief qui lui
était dû et toute sa puissance d'attraction. A n’en était pas
moins certain que la troisième et même la seconde année
n auraient d’abord qu’ un nombre d'élèves relativement
restreint ; aucune illusion sur ce point n'était possible.
Aussi dans un premier concours, la Faculté né pouvait attendre que du chiffre normal. de BR première année un
ensemble : de Compositions. qui fût.la mesure des forces de
l'Ecole et le gage de ses futurs succès. Hâtons-nous de dire
.que nos jeunes-é“étudiants ont-bien répondu àà notre attente,
QU. plutôt, Pour: n'être que. justes, qu'ils l'ont de beaucoup
dépassée, mais qu’en même temps| leurs aînés, malgré leur
dufériorité numérique, tous. ont apporté un remarquable
contingent de:travaux, et. ont obtenu des victoires que nous
.nOUs empressons de signaler. ‘
:
Le Concours de la troisième année, institué en 1840 par
l'ordonnance qui créait aussi les, Concours du Doctorat,
présente ce caractère particulier que c’est déjà un véritable
honneur d'y, être, admis; car il n’est ouvert qu'aux
“étudiants qui ont obtenu la majorité de boules blanches,
daus l'ensemble des examens qui précèdent la thèse de
licence. Mais, si l'abord eu. est ainsi difficile, et honorable,
ce Concours offre.aux lauréats. ce. précieux avantage.de
—
88
—
pouvoir conquérir,” sans nouveaux. frais d’études, lé di-
plôme de docteur.
“Le sort, entre les ‘sujets adoptés” par ‘la Ficulls! avait
désigné le suivant pour la composition de Droit romain: :
De l'action en revendication et de l'action Publicienne:
matière variée et riche, dominée par une distinction fondamentale, celle des droits réels’ et personnels, qui règne
sur toutés les législations possibles, parce qu’elle exprime
des rapports qui dérivent de notre nature même, les
rapports d'obligation entre les personnes, ct ceux de propriété entre les personnes et les choses. Comment cette
inévitable distinction se réproduit-elle dans les systèmes
successifs
de procédure qui correspondent aux divers
‘états du Droit romain ? Et spécialement, comment à Rome
s’exerçait la poursuite judiciaire du droit de propriété, Ja
revendicätion? Iei l'histoire ‘agrandit le sujet, l'intérêt
philosophique lañime. La procédure primitive reproduit :
une image ‘frappante. de l’action civilisatrice du Droit, si
profondément sehtie dans les: sociétés antiques, ‘quand la
justice viént les arracher à l'empire de la force. C’est le
‘combat simulé qui s'engage entre les contenidants, et ‘qui
‘s'arrête, sur ün mot du magistrat; c'est la lance, l’instru-
ment de conquête, qui s’abaissé devant là majesté de Ja
justice, symbole
de la force matérielle qui reconnaît la su- .
«périorité de la puissance morale. Les formes judiciaires
‘que le système formulaire, par une profonde analyse de
“la science du Droit, portera un jourà un degré
si singulier
‘de perfection, sortent d'abord d’une barbarie foute récente,
‘et’se colorent de séssouvenirs, éomme pour agir plus
‘énergiquement surlâine du nouveau peuple, et lui im-
“primer plus avant le séñtimént de la’sainteté du Droit.
—
89
—
|
:. De même que la revendication nous reporte aux 6rigines du Droit romain, laction Publicienne’ nous en
montre, sous un aspect particulier, la transformation et-le
progrès. Que le. Droit commence par être ‘une
: science
mystérieuse, soumise aux pratiques
sacerdotales,
qué la
divinité-se couvre -de voiles, qu’elle s’enferme «dans-un
sanctuaire dont les abords sont gardés par la superstition
de da forme ; que la propriété si fortement, organisée par
les nouvelles institutions juridiques, soit ‘assujettie, dans
sa transmission, à l'observation de formalités rigoureuses;
s'en suivra-t-il que le progrès soit à jamais enchaîné? Il
s’en faut de beaucoup: c’est un courant continu qui:trouvera toujours une large issue. À côté de la loi des douze
Tables, éternel objet. de vénération, le Préteur représente
le génie de l'équité, qui pénètre la loi,.et l'assouplit à l'aide
de fictions heureuses, {out en entourant de respects sa:ma- .
jesté séculaire. Ainsi l'action Publicienne viendra protéger
une acquisition de propriété à laquelle ne manquait qu’une
«condition de forme,
sauf à ne
pas honorer,
du nom de
propriété quiritaire où romaine, le: nouveau droit:solidement garanti par les.principes de la juridiction ‘prétoL
Lou
oo.
‘rienne.
Sur ce sujet, deux compositions nous ont été remises.
-L'insuffisance de l’une,.qui ne contenait guère quela tra
duction
des textes
de Gaïus,
l'a ‘fait. écarter sans hési-
‘tation. L'autre présentait un travail bien ordonné, .des
notions ‘précises sur le sujet, sans être fort étendues,
-exposées dans ‘un style qui.ne manque pas de netteté,
-Incontestablement une mention. honorable était due.à. ce
travail; un prix eût été une distinction trop. éclatante, eu
-égard:au caractère .du.coneours de la troisième année,
_—
99
—
-:: L'auteur de. cette composition est M. Vitalis;-dont nous
aurons bientôt àréparler, et qui, 'au:milieu-de
ses devoirs
‘de militaire, ‘a poursuivi l’étude:du Broit avec une perse
véranice récompensée de légitimes succès.”
. En Droit français, les concurrents devaient
traitèr : Du
privilje du vendeur’ d'eets mobiliers et? des ‘droits qu
rattachent.
CT
o
s%
Te
: Si la vente transmetà l'acheteur a propriété ‘de la chose
vendue, c’est à la condition d’eni payer le prix; et-cette
‘obligation est: garantie par un privilége, mème au: profit
du vendeur d’effets mobiliers, en ce sens qu’il rétient sur
la chose vendue, et ‘possédée par l'acheteur, un droit de
préférence sur les autres créanciers. Expôser lés règles de
ce privilége, où les conditions’ auxquelles ilif s exercé, telle
élait là première partie du sujèt proposé.:
suc
- Mais ensuite, et pour le cas spécial où le vendeur n'a
pas accordé de terme de paiement, le code Lui atiribue un
droit de revendication contre l'achetéur, à - charge. de
V'exetcer dans la ‘huitaine de la livraison et-la nature.de
“ce droit soulèvé un véritable problème juridique. N'est=il,
‘en effet, que là conséquence
de ce principe, ‘commun à
tous les contrais, et qui m'autorise, si les engagements
‘pris envers moi ne sont pas exécutés, à démander aux
‘tribunaux de me délier des miéns, et à ressaisir ainsi la
“propriété de la chose dont je devais recevoir le prix? Mais
alors c’est le bénéfice du droit commun amoïindri pour le
:vendeur, et restreint dans l'intérêt des autres créanciers.
Où plutôt la revendication ne serait-elle pas; pour le vendeur au comptant,
qui n’était pas tenu de se dessaisir de
la possession, et qui ne l’a fait que par un excès de con-
fiance, un moyen de rentrer d'urgence dans cette posses-
—
1
—
|
sion, de recouvrer. ainsi une garantie dont ik ne:devait:pas
être frustré,: en conservant d’ailleurs: de. droit
l'exécution de la vente?.. © +.
:: Telle était la: question
sujet
Pose
capital
ee
+.
‘+
d'exiger
c.
de là Seconde partie du
:
-
en
A
Les deux compositions reçues:par:la Faculté, sans avoir
‘une valeur égale, lui ont paru l’une et l'autre dignes
d'un.prix. Le travail
de M. Pougnet, qui obtient
le premier prix, atteste une grande connaissance
de la matière;
rien d’essentiel
n’y est omis; les difficultés du sujet sont
vivement. abordées, nettement résolues; et l’ensemble
de
‘a composition est bien ordonné. Cependant les éloges qui
lui sont dus seront tempérés par quelques réserves, moti-
vées: par un style que nous aurions désiré plus pur, plus
correct; et mieux. marqué de l'empreinte personnelle -de
‘l'auteur.
oo
NE
:.La:composition de M: Vitalis a de. la méthode, un style
simple -et le plus souvent exact ;'mais elle est moins com-plèle que celle de M. Pougnet. Les principes, bien exposés, n’y sont pas suivis: de. développements aussi larges;
‘c'est particulièrement sur:la ‘question de :revendication
quecette infériorité s’est manifestée. Ce travail:n’en est
-pas moins très-estimable éncore,
et la Faculté a été heu-
reuse de pouvoir lui accorder un second-prix.
+.
C'est à la bienveillance des Conseils généraux de:trois
‘départements'que nous devons les récompenses qui seront
‘décernées aux ‘étudiants de premièreet de seconde année.
Ici l'accès du concours était ouvert à tous. Néanmoins,
la Faculté tient à dire qu’elle -sait gré de leur zèle à‘tous
ceux qui entrent dans la.lice, et que, si elle compte, de‘la
part de ses lauréats, sur la persévérance à laquelle ils s'en-
—
92
—
gagent-par un premier succès, elle a confiance aussi dans
le courage de leurs rivaux, moins bien-préparés une pre=
mière fois ou peut-être moins heureux. :
:
1, 7
. Les concurrents de. seconde année. devaient, en: Droit
civil français, expliquer le sens et la portée d’une maxime
ancienne et célèbre que notre vieux Droit nous.a léguée:
Donner. et retenir ne ‘vaut. Que .veut dire cette formule
vénérable? Ne: renferme-t-elle que cette vérité si simple,
-qué. l'exécution d’une obligation ne saurait dépendre de la
fantaisie du débiteur? Non; il est certain qu'ellé.a une
“portée autrement-grande. Le principe qu’elle résume dans
son énergique
brièveté fut regardé, par
nos coutumés
-comme une barrière contre l’imprudence et l’exagération
des donations entre vifs. Non-seulement le donateur: ne
pourra se réserver un droit de révocation arbitraire, con-
traire à l'essence même de la donation, mais encore:il.ne
“pourra. la soumettre à des conditions dont l'exécution
-dépendrait de sa volonté, ni se réserver.un moyen quel-conque d’effacer:la libéralité, ou de la réstréindre,. même
‘indirectement. :C’est dans: ce sens que la nécessité. du
dépouillement actuel. et irrévoeable deviendra-un puissant
‘motif. de réflexion. Règle. importante surtout dans. un
temps ‘où la réserve héréditaire ne pouvait atteindre des
biens donnés entre vifs, où dès lors il fallait, dans l’inté-
rêt des familles, prévenir l’excès.de ces libéralités ! Mais,
si cette grave raison est étrangère au droit actuel, le code
n’en a pas moins maintenu le principe dans toute sa force;
ilen
a formulé
les conséquences dans plusieurs articles,
943 à 946, dout il eût fallu développer le sens, en pour-
‘suivant dans ses principales applications la théorie com-
.mune qui les domine.et les explique.
|
_
93
—
…Cetiaperçu de:la question doit suffire pout démontrer
aux concurrents qu'ils ne'sont pas entrés dans’ le cœur du
sujet, qu'ils ne l'ont pas suffisamment
compris et déve-
loppé: A son grand regret, là Faculté: s'est vüe privée
du :
plaisir” de: constater un: succès éttd ét déverner là récon-
pense, Lo
e
nos
TR
rte
C'est done un mallieur à réparer lors des nréchuià
épréuves,
: dans ‘une lulte où la victoiré séra plus:belle
encore. ét plus avantageuse. Certainémerit'on le voudra;
et celà’ signifie ‘qu’on lé pourra. Rappeléns-nous le beau
mot de e Virgile :. Possunt, quia pose. videntur! -
* Au réslé, ñous puisons cette confiance dans dés résul
tats acqüis, ceux ‘du ‘Concours de Procédure ‘entre les
mêmés élèves. La: théorie de l'action « en garantie en était
le Sujet. Cette action met aux prises du moins trois inté>
rêts distincts qui attirent l’égale soilicitude- du législateur:
J'intérêt du demandeur, qui se prévaut d’une obligation
ou d’un droit réel; celui du défendeur principal qui in:
voque la responsabilité d’un garant, d’un vendeur, par
“éxemiple, si Fobjét du procès ést une question de propriété;" enfin celui ‘du prétendu gâtant appèléà répondre
“dés conséquences dù procès. Développer les ‘règles qui
‘aurônt pour but d’asurer la protection également düéà
Gés frois intérêts en conflit, ét, cômme ‘partont se rétrouve
“éelte grande distinction du droit dé propriété ét du droit
: dé eréarice, montrer corainent les formes dé- procédure et
r l’exééution des jugements, en "cette matière, viénnent pré-
cisément s’y plier, voilà la tâche assez délicate à remplir,
nous le reconnaissons, qui était imposée aux concurrents.
—_
9%
—
-. Deux compositiotis ont eu unë supériorité; marquée sur
les autres, et ont paru dignes l’une:d’un second: prix et
l’autre :d’une-mention honoräble:-:-:., :7 + 1
. Assurément, celle de M; Bitsch,:que nous avons classée
la première, porte. la trace d’un travail-soutenwet de-fortes
études juridiques. Elle atteste une connaissance étendue
du sujet. Il est-fâcheux seulement qu’elle soit-déparéé par
une grave erreur'sur la forme de la mise én cause du
garant; il est vrai. que M. Bitsch finit par reconnaître cette
erreur, mais il ne la redresse que par un motif qui luimême
est inexact. Il faut ajouter que le-style de cette
composition est loin de répondre à sa valeur juridique.
Sans doute, l'austérité de la‘science repousse tout ornement. inutile. La science. du
Droit
n’a pas une dignité
moindre. que l’histoire dont la perfection, suivant un historien éminent, serait de montrer pleinement.
la vérité des
faits, comme la glace sans défaut réfléchit les objets. dans
sa pure transparence. C’est donc l'exactitude et la propriété des termes quela Faculté apprécie dans le style, en
ayant égard aux exigences d’unee composition de quelques
heures.
oc
: M. Descôstes, qui vient après M. Bitsch et reçoit une
mention honorable, mérite lé
éloge. et le blâme opposés.
Son style est soigné, quelquefois empreint. d’une élégance
qui n’exclut pas l'exactitude. Il sait ordonner-un sujet. On
rencontre dans.son travail des notions justes et bien exprimées. Mais les détours d’un long préambule l'ont eontraint
à écourter les développements du sujet, ce qui est une
faute plus grave que celles que nous avons roprochées à à
M. Bitsch. Il avait emprunté sa deviseà Boileau :
| Hâtez-voùs lentement y quelqué ordre qui vous presse,
_
95 —
“Cela estexceltent, je le veux bien, surtout. dans Le-bel
art dés:vers, où jamais la-quantité ne‘compensera
la: qua-
hité. Mais il fallait: songer à:ce que dit
c le> poëte un: peu plus
loin :. Pa
tie
sis
7
So
megiaties
Que jauais dû sue lédiscours nee s'écarte es
ui fallait observer: les deix préceptes.
J'arrive enfin, . Messieurs, au concours: de première
année. Cértes, les: élèves avaient donné à la Faculté le
droit de.compter sur eux. Vingt ont répondu.à son appel.
Le sujet de Droit français offrait un champ large à:leur
nouveau savoir. Ï s'agissait du mariage des Etrangers en
France.et des Français en pays. étrangers, malière admirable qui permettait d'ordonner l’abondance des développements sous les principes les-plus saillants du Droit civil.
$i-Fon. considère les grandes lignes du sujet, le mariäge
s’y montre
d'abord comme
une
inslitution du
droit na-
turel ; la vie des familles en descend, et c’est la.source de
‘Ja société même. Cette importance:incalculable exige lintervention du législateur qui reconnait et sanctionne les
conditions de son'existence et de sa validité, fixant à la fois
les règles de la ‘câpacité des
contractants,
et celles de:la
forme solennelle et. publique de leur union. Mais ici deux
principes différents. Quant à la capacité, la loi qui la gou“verné suivra.la personne
au delà du sol national; quant à
la forme,
la loi s'arrête à la frontière, et cède l'empire
à la
législation du dehors, sauf les précautions’ prises par le
législateur français pour assurer la publicité des mariages
-contractésà l'étranger. C’est ici que .nous pouvons em
prunter à M. Royer-Collard ce mot que « l'État ne contient
pas l’homme. » A la vérité, le philosophe l’enteridail.en ce
—
96
—
sens que la destinée hurñaïñe n’est pas: renfermée aù sein
de ces sociétés qui naissent, vivent et meurent sur la terre,
que l'homme engagé à la. société. garde cependant, dans
son immortelle indépendance, la plus noble partie de luimême et les facultés par lesquelles il s'élève à Dieu: Mais
cela peut se dire encore, à ne considérer que la loi civile.
Au delà de ces montagnes. et de ces fleuves qui -circonscrivent le: territoire d’un peuple, le citoÿen qui devient
l'étranger peut -toujours exercer les droits attachés à la
qualité d'homme ; c’est l’honneur du législateur moderne
‘de lavoir reconnu. Seulement, cet exercice deviendrait
“bien vite un abus et un désordre, s’il suffisait de passer la
frontière pour se soustraire aux conditions de. capacité ;
car elles sont les garanties sociales elles-mêmes. Aussi la
loi méconnue,
la loi, notre sauvegarde
commune, n’ab-
diquera jamais ses droits sur les nationaux ingrats qui,
“ayant joui de ses bienfaits, iraient à l'étranger pour violer
ses défenses.
Huit compositions ont été. distinguées par la Faculté,
celles de MM. Joly, Pusset, Michaud, Leroy, Audiat, Binet,
Gérardin et‘Fhomas. Nous avons ici, Messieurs, l'embarras
des richesses; et sous peine de répétitions fatigantes, je
‘suis bien obligé de leur: payerà tous un tribut d’éloges
-communs. Toutes ces compositions présentent de l’ordre,
“un savoir vrai qui se montre. toujours dans les limites du
‘sujet, un style convénable ‘et généralement juste; 6n n’y
relèverait point d'erreurs graves, de lacunes considérables.
Toutes sont l'œuvre de rivaux dignes de lutter entre eux :
-et les nuances qui les séparent, au moins dans la série des
mentions honorables, ne descendent
peu sénsibles.
que par dégradations
. Néanmoins je! re puis me dispenser de dire unn mot parronnées. Celle de M. Joly, qui remporte % premier prix,
est vraiment hors ligne, bien divisée, .bien conduite, riche
en détails; et dans toutes ses parties, elle.se maintient au
mème niveau. Seulement
quelquefois un peu lourd
le style, bon en substance, est
et embarrassé,
défaut
que
M. Joly doit s’étudier à corriger; son savoir et les excel-
lentes qualités de son esprit y gagneront en relief. .
Quant à M. Pusset, si la fin de son travail en avait égaléle
commencement, il pouvait aspirer à la première couronne.
Mais, clair et complet, excellent en un mot dans la première partie, il a un peu faibli dans la seconde.
Le lauréat qui partage avec lui le second prix, M. Michaud, s’est distingué par la vigueur avec laquelle il a posé
les grands principes de la matière et par la fermeté d’un
style déjà formé. Mais un savoir juridique moins étendu,
moins sûr que celui de M. Joly, et par suite quelques parties traitées d’une manière trop brève l’ont laissé au second
“rang, quand il a tout ce qu’il faut pour monter au premier.
‘Cette somme.de travail et d'aptitude que nous avons
constatée dans le concours de Broit Français s’est retrou-
vée à peu
capionet
dire, deux
une même
près égale dans celui de Droit Romain. L'Usula Prescæption en formaient de sujet, c'est-àmoyens d'acquérir qui puisaient leur vertu dans
cause, la possession continuée pendant un cer-
tain temps, mais dont l’un tirait son origine de la loi civile
et conduisait, sur le sol de l'Italie, à la propriété vraiment
romaine, tandis que l’autre, issu du droit prétorien et de
l'équité, servit de sauvegarde aux possesseurs des fonds
provinciaux, dont le domaine éminent appartenait au peu:
7
|
_
98
—
ple ou à César. Avec les siècles, les différences primitives
s’effacèrent; l’ancienne distinction n’eut plus de raison
d’être. Le Droit Romain, sorti de l'enceinte étroite de la
cité, s'était élargi pour devenir celui dû moûde. Et quand
Justinien identifie ces deux modes d'acquisition, et les
soumet à la même loi, il ne fait que reconnaître et consacrer législativement une révolution accomplie depuis longtemps dans le régime de la propriété. Désormais, en eflet,
la propriété est une; la même garantie lui est partout
donnée, la prescription en est pour ainsi dire l'inséparable
compagne, et répond, chez les peuples civilisés,à ce puissant désir de conservation, de durée, de sécurité, d'avenir
pour soi et les siens, qui est chez l’homme malgré l’hu- maine fragilité, et que Dieu a mis en lui pour en faire ce
qu'il est ici-bas, l’infatigable ouvrier de la civilisation.
Au jugement de la Faculté, le concours de Droit Romain
présente encore huit compositions très-dignes d’éloges,
celles de MM. Joly, Audiat, Pusset, Girardin, de Morville, Binet, Parisot, Thomas. Il est à remarquer que six
des noms qui se sont distingués dans le Droit Français
reparaissent dans le Droit Romain; nouveau témoignage
de cette vérité que toutes les études se prêtent un mutuel
appui, et que l'intelligence juridique se fortifie, lorsqu'elle
se trempe aux grandes sources de la Science. Parmi tant
de bons
travaux,
tous mentionnés
avec
honneur,
nous
avons dû mettre ensemble au premier rang ceux de M. Joly
et de M. Audiat; l’un remarquable par les qualités que nous
avons déjà louées, ce savoir qui ne s’achète que par la persévérance, et qui embrasse tous les rapports d’ un sujet,
joint à l'esprit de méthode qui les coordonne, les analyse, et les résume; l'autre, celui dé M. Audiat, com-
.
—
99
—
.
pensant une légère infériorilé dans les détails par l'avantage
d’un style
dont l'aisance
et l’heureuse justesse
vivement frappé la Faculté. C’est M. Pusset qui
le second prix, remportant comme M: Joly une
couronüe. Sa composition, bien divisée et bien
renferme une partie supérieuremént traitée,
ont
obtient
double
écrite,
l'exposé
de la justa causa; mais elle à quelques lacunes, et n’est
pas dans son ensemble aussi soutenue que les deux premières.
LU Te
Je me suis efforcé, Messieurs, de vous retracer une fidèle image de ces premiers Concours. Si nous devons en
être satisfaits, il faut bien qu’en terminant j'avoue que
nous avions encore un désir qui n’a pointété rempli. Nous
aurions voulu, dès cette année, qu’il nous fût donné de
proclamer un succès obtenu dans le plus élevé de nos
Concours, celui du Doctorat. C’est là que les concurrents,
dans un mémoire composé à loisir, avec toutes les ressources qu’ils peuvent réunir par leurs recherches personnelles, sont en mesure de déployer ces qualités du jurisconsulte, but suprême de leurs études. I] ne faut donc pas
s'étonner de la grandeur des ‘sujets proposés ; elle est en
raison de l'importance de la lutte. Pour l'année 18641865, Son Excellence M.
le Ministre de l'instruction Pu-
blique avait choisi le sujet suivant: De l'autorité de la
chose jugée en matière criminelle, et des votes de recours
contre les décisions des juridictions pénales. Serait-ce Pétendue de la matière qui aurait effrayé les concurrents ?
Mais s'il faut éviter la présomption, n’y a-t-il pas une
légitime hardiesse, indispensable à qui veut sérieusement
essayer ses forces? Un nouveau sujet est choisi pour cette
année, le Louage d'ouvrage et d'industrie dans notre droit
|
om
100
ancien et moderne, 1 à: des propottions plus restreinles,
fais if offre un intérêt
au moins égal, dont témoigne l’ac-
| tivité de nôtre époque. Espérons cette fois que notre appel ‘
séra .éntendu, que la lice: ne restera pas déserte, et que
nous aurons à décerner l’année: prochaine lés éclatantes
récompenses de cé Concours!
Nous le croyons d'autant
imièux:que.se vouer à la Science du Droit, c'est obéir aux .
tendances légitimes
et nécessaires de notre époque; car,.
si nous regardons ce qui se passe autour de nous, le mous.
vement du: travail, l'énergie. dé l’industtie, Pactivité de
l'homme centuplée par les inventions nouvelles, comment
méconnailre qu'un tel spectacle a donné le signal d'efforts :
nouveaux à la science. juridique, chargée de répondre aux
- besoins. de justice de eette société. laporiense ?!.
a
AU
DISTRIBUTION
—
DES PRIX.
." M. Lachasse, docteur en Droit; secrétaire de la Faculté de Droit, et
M. Demange ,. professeur, secrétaire de l’École de Médecine et de
Pharmacie , proclament , dans Fordre suivant , les noms des lauréats
de 4865.
|
:
FACULTÉ. DE DROIT.
. Pit nées 28 EXÉCUNON DE L'ORDONANCE
CONCOURS DE TROISIÈME
Droit Romain.
| © Méntion honorable :
M.
Virauas
phonse),
DU 47 MARS 4840.
année.
|
Macie-Hippolyte-Atlieutenant au ‘79° de
ligrie, né à Joyeuse {Ardèche), le
29 mai 1834.
Ebroîit
4e
Français,
Prix (médaille d'argent) :: M. Pouaner (Françdis-Jüles-Charles),
.:
:
.
né à Wibr-en-Plaine (Haut-Rhin),
le 23 novembre 1840.
. 2° Prix (médaille de bronze) : M. Virauis, déjà nommé.
|
— 40
—
PRIX.DES CONSEILS. GÉNÉRAUX DE LA MEURTRE,DE LA MEUSE ET DES VOSGES.
CONCOURS DE SECONDE ANNÉE.
| Procédure
civile ét Législation criminelle.
2 Prix (médailie de bronze) : M. Bison (Félix-Louts-Adolphe),
PL
ue
ot 02
Dour
et
à Vitry-le-Français (Marne),
eue
97 décembre 4844.
ne Mention. honcrablé 5:
né. .
le
Ms
M. Descosres (Anne-François-Marié= ‘
… Joseph-Eloi}, né à Rumilly: (Haulé_ Savoie), le 21 mars 1846.
: CONCOURS: Dé BhETÈRE ÉNNÉE,
Droit. Fomain.
M.
Pt
Aux
(Gharles-François-ay-
mord), né à Nänéÿ
.
(Meurthe), le
1e Prix ex æquo
6 août 4843.
(médailles d'argent}.
: : .}‘M. Jorx (sph-dan-Dapte-A
phonse), né à Chalieny (Meurthe),
ue Ve
Je 48:mars 1846,
2 Prix (médaille de bronze) : M. Pusser (Pierre- Joseph- Léon), né
pme
CT
ter
#
_:
.à
Pierre
(Saône- et-Loire),
:
le .
Be
ot
ce
ee
20 août 1843.
: 4%" Mention honorable :°:"..M, Gérannin (Charles-Marc-Henti), _
ie
LE
72
NE
o
°: 8e Mention honorable
(ex æquo}.
°°"
mé à Épinal {Vosges), le 45 décembre 1844.
..{ M. Bunet' (Edouard-Adolphe), né à
-
Rocroi (Ardennes), le 27 février
ASAT.
“
À} M.pe Monviux (Chaileÿ-Pau, né.
à aner (Meurthe), LE
janvier |
ASA4T:
CS
:
c—
3° Mention honorable
(ex æquoi :
403 —
“{ M. Parisot (Gustave-Achille), né à
_Chaumorit({ Haute-Marne},
le-1e' dé|
cembre 1816.
| M. Tnomas (Charles-Marie-Gabriel\,
né à Nancy (Meurthe), le 25 jan-
vier 1848.
! Droit
fer Prix (médaille d'argent) :
:
2° Prix ex æquo
(médaille dé bronze) :
|
Français.
M. Jocyx, déjà nommé.
M. MicHaur (Narcisse-Nicolas),
à Robert-Espagne (Meuse),
né
le
5 mers 14846.
M. Pusser, déjà nommé.
1°* Mention honorable
(ex æquo) :
2° Mention honorable
‘(ex æquo) :
3° Mention honorable :
M. Auprar, déjà nommé,
M. Leroy (Henri-Joseph), né à Épi/
nal (Vosges), le 2 avril 1846.
M. Biner, déjà nommé.
M. Géranpin, déjà nommé.
M. Taomas, déjà nommé.
*
—
PRIX
PUBLIQUE.
ACCORDÉS
=
PAR
MENTION
1498
SON
EXC.
—
LE
HONORABLE:
MINISTRE
“=
DE
RÉSULTATS
L'INSTRUCTION
DES
CONCOURS.
‘Big et niénéiôns honoïables.
Les professeurs de l'Ecole de-médecineet de pharmacie réunis en
Conseil, le 9 septembre
. das l’ordre suivant:
4863, ont décerné les récompenses
|
4e ÉTUDIANTS EN MÉDECINE.
. PREMIÈRE
ANNÉE
D'ÉTUDES.
Premier prix.
M. Carérien (Henry), de Chaligny (Meurthe).
Second pris.
Ex œquo MM. :
|
Demance (Emile), de Nancy.
Maxsuy (Edmond), de Dieulouard {Meurthe).
Mention honorable.
M. Ménesrrez (Paul), de Martigny-les-Lamarche (Vosges).
DEUXIÈME ANNÉE D'ÉTUDES.
Prix.
M. Conrar (Gustave), de Mattaincourt {Vosges).
Mention
honorable,
M. Sbrcumann (Paul), de Nancy.
annuelles
—
106
—
3° ET 4° ANNÉES D'ÉTUDES.
Prix unique.
M. Ancel {Louis}, de Vaudeville (Vosges).
Prix spéciaux pour
Ia rédaction
‘CLINIQUE
des
observations
cliniques.
CHIRURGICALE.
Prix.
M. Srizzmann (Paul,
Mentions honorables.
MM. Gicrer (Armand), de Martigny-les-Lamarche (Vosges).
ConraL (Gustave).
‘
© CLINIQUE MÉDICALE.
Pric.
M. Ancez (Louis',
20
gr,
Étndiants
®%
gr
3°
en
pharmacie.
ANNÉES
D'ÉTUDES,
Prix.
M. Hussox (Camille), de Toul (Meurthe).
Mentions
honorables.
MM. Jour (Félix), de Ramberviller (Vosges).
HamiLLox (Constantin), de Saint-Julien-les-Gorze (Moselle).
—
Résultats
407
des
—
Concours.
À la suite du concours ouvert le 44 novembre
1865, pour les fonc-
tions d’aide du cours de pathologie chirurgicale, de médecine opéra. toire et d’accouchements, à été nommé :
M. Conraz (Gustave). .
À la suite du concours ouvert ie 45 novembre 4865, pour les fone-
tions de préparateur aide des cours d’anatomie, conférences
_miques et physiologie, ont été nommés :
MM. Mansur (Edmond).
CarëTiEN (HENRY).
anato-
IMPÉRIALE,
ACADÉMIE
DE
ne
NANCY.
à "mme
RENTRÉE SOLENNELLE
DES
FACULTÉS DE DROIT.
DES
SCIENCES
ET
ET
DES LETTRES
DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE & DE PHARMACIE
|
DE NANCY,
Le
16
novembre
1865.
NANCY,
Ve RAYBOIS, IMPRIMEUR DES FACULTÉS,
°
Rue du faubourg Stanislas, 3.
MDCCCLXV.
PRO CÈS- -VERBAL.
DE LA SÉANCÉ
‘La.séance solennelle de ‘rentrée des Facultés dé
Droit, des Sciences, des Lettrés, de l'Évolé dé Médecine
et de Pharmacie de Nancy a eu lieu le jeudi, 16 novérn-
_ bre 1865, sous la présidence de M. le Recteur.
©
.À onze heurés, üne messe du Saiñt-Eéprit, célébrée
dans le Palais académique par Mè Lavigerie, Evèque
de Nancy, réunissait M. 16 Recteur, lés Meïnbres dû
Conseil académique, les Inspecteurs d'Académie, les
Doyen, Directeur et Professeurs des quatre établissei
ments d’enseignemént, Îles Fonctionnaires du. Lycée |
et ceux de l'Ecole normale.
_
|
A midi, la Séance publique s’est ouverte dans 16.
grand amphithéâtre.
du Palais académique.
M. le Recteur était sur l'estradé, entouré dés Inspeë-
fours d'Académie du ressort, des Doyens et Professeurs
— 6 —
des Facultés de Droit, des Sciences, des Lettres, du
Directeur et des Professeurs de l'Ecole de Médecine et
de Pharmacie,
du Proviseur
et
des
Professeurs
du
Lycée, tous en robes.
Sur les fauteuils placés en avant de l’estrade on re-
marquait S. Exe. M. le Maréchal Forey, M. Lezaud,
premier Président de la Cour impériale,
M. Podevin,
Préfet de la Meurthe, M# l’Evêque de Nancy, M. Leclerc,
Procureur général, M. le baron Buquet, Député et Maire
de Nancy, M. le général d'Auvergne, chef d'état-major
de M. le Maréchal Forey, M. le vicomte Drouot, Député
de la Meurthe, M. Bompard, Président du Tribunal de
première
instance, M. le chanoirie Bureaux, membre
du Conseil académique , M. le colonel de la Gendarmerie,
M. le colonel du 79° de ligne, des Officiers supérieurs
de l'état-major de M. le Maréchal Forey.
Derrière ces hauts fonctionnairés ; tous en costume
officiel , on remarquait des membres du Conseil général
du département, du Conseil munipal de Nancy, du
Clergé, de la Magistrature, de l'Armée, des Sociétés
savantes, enfin un
public nombreux
et choisi.
M. le Recteur a ouvert la séance par une allocution,
puis il a donné successivement la parole à M. Jalabert,
Doyen de la Faculté de Droit, à M. Godron, Doyen de
la Faculté des Sciences, à M. Benoit, Doyen de la Faculté
des Lettres, à M. Simonin, Directeur de l'Ecole de Mé-
— 7 —
|
decine et de Pharmacie, et à M. Lombard, Professeur
à la Faculté de Droit, chargé du rapport sur le concours
ouvert entre les étudiants en droït de première et de
deuxième année. :
.
on
À Ja fin de la séance on a proclamé les prix mérités
par les étudiants de la Faculté de Droit et par les
élèves de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie.
ALLOCUTION
DE
| M..LE RECTEUR DE L'ACADÉMIE.
Monsieur LE MarécHaL,
Monsrieneur,
Messreurs,
- Æn-me voyant présider pourla première: fois cette impo-
sante réunion, vous vous rappelez naturellement lad-
minisirateur distingué que vos regrets unanimes accompagnaient,
il y. a quelques mois, dans sa retraite. Vous
rendez hommage à cette remarquable intelligence des
affaires, À cette expérience consommée que, pendant huit
ans, mon honorable prédécesseur mit au se:
et vaste ressort, M. Dunoyer, vous le savez, élait discret et
modeste, aussi le bien s'opérait sans bruit sous.sa direction
paternelle et éclairée, et-comme il entretenait sans peine |
autour de lui l'amour du devoir dont il était lui-même si
profondément pénétré, il n'avait qu’à faire sentir à toys
—
40
—
une bienveillance que chacun s’efforçait de mériter. C’est
ainsi que l’administration de cet homme de bien aura
marqué une des périodes les plus tranquilles et les plus
prospères de l’Académie de Nancy; c’est ainsi qu’il aura
laissé à ceux qui l’ont connu un souvenir mêlé d’estime profonde et de véritable affection, età celui qui a l’honneur
de lui succéder, de précieuses traditionsà suivre et de bons
exemplesà imiter.
C'est, Messieurs, dans ces traditions, qui sont celles de
l’Académie elle-même,
que je trouverai à mon
ou plutôt celles
de l’Université,
tour, je l'espère , la règle et
l'appui de mon administration. F’aurai surtout pour auxi-
liaires le Conseil académique qui en est le gardien ; le corps
si actif et si dévoué de l'inspection, les chefs renommés de
vos établissements de tout ordre; enfin je m’inspirerai de
cette vive émulation, de cette généreuse ardeur et de ce
magnifique élan qui emportent cette intelligente contrée
dans toutes les voies du progrès.
Que l'enseignement supérieur ait puissamment contribué
à ce réveil ou plutôtà ce développement de vie intellectuelle dont nous sommes témoins, c’est ce que nul ne con-
teste. Votre Faculté de Droit, si admirablement dirigée,
a tout d’abord dépassé les espérances les plus ambitieuses,
et le pays tout entier est maintenant édifié sur la solidité
et l'éclat de son enseignement. La Faculté des Sciences,
“par un dévouement qu’on ne saurait trop louer, devançant
un mouvement, qui sous une haute impulsion s’est depuis
communiqué à la France entière, a su mettre depuis longtemps la science à la portée de tous par ses cours du soir.
Votre Faculté des Lettres
n’a pas d’égale parmi ses
sœurs des départements pour le nombre et la qualité des
—
A4
—
.
auditeurs, et je n’en connais pas qui sache répandre plus
de charme et d’attrait sur de plus pures et plus austères.
doctrines. Quant à votre Écolé de Médecine,
elle est tou-
jours cette excellente École que j'ai connue il y a quinzé
ans et qui était déjà digne de figurer parmi les établissements de l’ordre le plus élevé.
J'ai dit ailleurs quels vieux liens d'affection nvattachent
à votre beau et florissant Lycée. Et que n’aurai--je pas à
ajouter à ce tableau de vos richesses intellectuelles, si je
voulais rappeler ici les merveilleux progrès qui s’accomplissent chaque jour dans l'éducation populaire?
Ti faut l'avouer,
Messieurs,
vous
avez eu cette bonne
fortune (el vous la méritez bien) que depuis dix ans, tous
les ministres qui se sont succédé à notre tête ont tenu à
honneur de n’attacher à vos institutions renaissantes que.
des esprits d'élite. Chaque année, pour ainsi dire, vos
Facultés donnent
des lauréats à FInstitut,
la Sorbonne
s'enrichit de vos pertes, et tout récemment la Faculté de
Droit de Paris enlevait à la vôtre, qui n’est que d’hier,
trois maîtres renommés et qui avaient conquis parmi vous
la plus légitime popularité. Nous aurions même le droit
de nous en plaindre et de nous en affliger, si l'habile
ministre, qui veille avec la plus vive sollicitude sur son
œuvre, n'avait adouci nos regrets en réalisant dans ses
nouveaux choix toutes nos espérances. À la Faculté des
Lettres comme
à la Faculté de Droit,
de jeunes et bril-
lantes recrues sont venues combler les vides et mettre en
regard de talents müûris et éprouvés les plus belles perspectives d'avenir.
|
Qui n'adrhirerait, Messieurs, ce magnifique. ensemble
_de ressources qu’un gouvernement libéral et une muni-
…—-
42
—
|
cipalité intelligente ont su-mettre à la disposition de Ja
jeunesse? Qui
n'applaudirait aux nobles ‘efforts «de ces
hommes .de. talent et de cœur qui versent chaque jour à
pleines mains, dans J’ârne ‘de cette jeunesse, les trésors
variés-de la science.
en
Et, cependant, j'entends répéter autour de moi, que,
. à part nos cours de droit ét de médecine, où il faut bien
aller chercher cette instruction obligätoire et :qui. mène
à une carrière déterminée,
ce n’est pas elle qui fréquente
avec le plus d’assiduité nos amphithéâtres des Sciences
et des Lettres, Eh! quoil dirai-je alors aux étudiants
qui m'écoutent en ce moment : voulez-vous, dès les
premiers jours de votre ‘jeunesse, vous séparer ‘de. ces
. vieux maîtres de la vie humaine qu'on appelle les écri-
vains .classiques? Cétle antiquité, que vous avez à pei-
ue
entrevue
à travers
d’admirables fragments
d’élo- :
quence et de poésie, n’a-t-elle plus rien à vous apprendre?
Avez-vous jamais songé à étudier ses institutions socialés
et politiques qu’il est si utile de connaître, ne füt-ce que
pour mieux apprécier la supériorité des nôtres? Fils de la
civilisation chrétienne, avez-vous interrogé les grands
siècles de son histoire, qui furent aussi ceux du progrès
dans la: dignité humaine, dans
la moralité, dans de Droit
enfin. Vous qui aspirez aux carrières de la magistrature et
du barreau, où irouverez-vous les véritables origines du
droit lui-même, si ce n’est dans cette philosophie spiritualiste qu’avaient entrevue Platon et Cicéron, et qui fut
la foi de tous les beaux génies des âges modernes.
Je le sais, il faut embrasser une profession et acquérir
les connaissances qui s’y rapportent; mais n'oubliez pas
que si ces connaissances spéciales font les praticiens dis
—
À
—
tingués, la culture générale de l'esprit fait seule les hommes-supérieurs.
Vous rechércherez aussicette instruction qui représente
les besoins les plus élevés de l'intelligence humaine et les
plus nobles aspirations du cœur, celle qui se nourrit des
grandes et antiques traditions de la foi religieuse, des
pures inspirations des lettres, des fortes leçons de l’his-.
toire et des graves enseignements des sciences proprement
dites. Ne vous y trompez pas d'ailleurs; cette instruction
profite plus qu'on ne croit aux aptitudes qu’exigent les
vocations particulières, car elle donneà la pensée plus de
souplesse et de ressort, plus d’étendue et de vigueur.
Voilà, Messieurs les Étudiants, la forte éducatioti que
nous ambilionnons pour vous;. c'est celle qui vous offre
parmi vos maîtres de si beaux types; c’est celle qui, hier
encore, dans le Conseil académique, inspirait au chef
éminent de la Cour impériale de si éloquentes paroles.
C'est ce grand intérêt qui rapproche ici, en ce moment,
les représentants les plus élevés de l’armée, de la magistraiture, de Padministration; qui amène sur le théâtre
même de vos travaux où il vous apporte ses | bénédictions
et ses prières un prélat vénéré!
Do
Vous répondrezà tous ces. encouragements
par vos.
efforts et vous ferez en sorte que cette ville de Nancy, qui
offre à votre jeunesse de si puissants moyens d'instruction,
soit un jour fière d’avoir donné en vous, à la France et à +
l'Empereur, de belles intelligences et de nobles cœurs.
RAPPORT
M. JALABERT, DOYEN DE LA FACULTÉ DE DROIT.
Monsteur LE MARÉCHAL,
Monxsreur LE RECTEUR, .
: MONSEIGNEUR,
- Messreurs,
La Faculté de Droit de Nancy, rétablie l’an dernier par
l'Empereur, aux acclamations de l'élite d’une province à
jamais française, a repris sa place au milieu des établissements de cette intelligente cité: Appelée par vos vœux les
plus constants, soutenue à ses débuts par la sympathie
publique, elle n'a cessé de rencontrer votre appui. Ses
membres se sont efforcés de répondre à votre légitime
attente, vous avez cherchéà leur prouver qu ils n’ont pas
été au-dessous de leur tâche, les résultats obtenus vous
ont paru de bon augure pour l'avenir. Aujourd’hui nul ne
—.
16
—
doute du succès de cette initiative provinciale, si hardie
et si sûre d'elle-même, qui a excité l'émulation d’autres
villes jalouses de recouvrer leurs anciennes Universités.
Notre institution est pleine de vitalité et de séve, les
germes qu’elle renferme vont se développant tous les
jours, et c’est de la première période de son existence que
nous venons rendre- compte au Conveil académique, sous
la haute tutelle duquel nous sommes
placés, et, avec son
assentiment, à opinion publique, cette grande puissance
des.temps modernes, représentée ici par ses organes les
plus haut placés et les plus éclairés.
L'intérêt si vif et si patriolique que vous prenez aux
progrès d’une École, en grande partie votre ouvrage, nous
assure que les chiffres d’une statistique un peu aride ne
lasseront pas votre attention bienveillante, et que vous ne
serez pas rebutés par les détails techniques dans lesquels
je vais être forcé d’entrer'envousiprésentanturi exposé de
notre situation scolaire soustous:ses aspects:
Le chiffre de 110 inscriptions par trimestre:(1) et celui
de 136 élèves pendant l’année écoulée-ont> dépassé, vous
vous en souvenez,
vos espérañces et les nôtres.
Sur ce
nombre, les trois quarts ont été fournis par les départements du ressort académique,
là moitié appartient
à la
Meurthe,
le tiers. à là ville même dé Nancy. En moyenne
nous avons compté 10’ aspirants aù cerlificat” dé capacité
{1} Rélévé dés inscriptions :
‘
Lértriméstre dé novemibré 486%... .... 408 inscriptions:
3e-trimestre de.jänvier 1865. ,.,...,., 110
3e trimestre d'avril 4865.......,,,.....410
4® trimestre de juillet 1865....,......,
Total.....
A0
—
_
—
459 inscriptions,
—
À7
—
requis pour des fonctions d’avoué, 70 élèves de première
année, 20
Doctorat.
de seconde,
4 de troisième,
et 6 aspirants au
o
‘
Nous avions réclamé dès le début un enseignement complet à tous les degrés. Nous savions bien que les cours
de première année pourraient seuls réunir un auditoire
normal, mais nous pensions qu'il se trouverait assez
d'élèves lorrains, que la proximité de leurs familles rappe-
lerait dans
ce centre
universitaire,
pour réunir un
per-
sonnel suffisant de seconde et de iroisième année. L'événement n’a point trompé nos prévisions : la troisième
année qu'il semblait à l'avance difficile de constituer, à
cause des liens formés ailleurs entre les maîtres et les
élèves,
a recruté 11 étudiants parvenusà des degrés d’ins_cription divers; à ces derniers sont venus se joindre des
auditeurs bénévoles, et, parmi eux, des magistrats, de
hauts fonctionnaires appartenant aux administrations
financières, dont la présence assidue ajoutait un surcroît
d'autorité à l’enseignement des professeurs.
Nos huit cours ont donc été ouverts dès le 28 novembre; bien plus, un cours libre a été autorisé par M. le
Ministre, pour que notre Faculté n’eût rien à envier à
aucune autre (1). M. de Metz-Noblat, utilisant noblement
ses loisirs, a bien voulu faire profiter nos élèves et le
public des travaux d’une partie de sa vie; abordant pour
la première fois la chaire, 1l a révélé un talent de parolé
qui s’ignorait lui-même, et dans une série de leçons
pleines de science,
d’esprit et de bon sens, il a initié ses
(1) Paroles de M. linspecteur général
‘de la Faculté.
Giraud,
dans la séance d’inauguration
—
18
—
nombreux auditeurs à la connaissance des lois fondamen-
tales de l'économie politique.
Obligatoires, les cours réglementaires destinés aux différentes années ont été suivis par les étudiants qui s’y
étaient fait inscrire. Le devoir de Passiduité est, en effet,
un de ceux qui ne comportent d'autre dérogation que.
celles que
prévoient
les instructions
ministérielles. En
dehors des dispenses accordées par l'autorité académique,
à raison des fonctions publiques ou du surnumérariat qui
les précède, tout élève valide doit assister aux leçons de
ses professeurs. Manque-t-il à cette obligation, ses ab-
sences
sont
constatées
au
commencement
de
chaque.
séance, et si elles ne sont pas justifiées, si elles dépassent
un certain chiffre qui varie suivant le nombre des lecons
faites pendant le trimestre,
le certificat d'assiduilé
est
refusé; l'inscription est perdue et doit être reprise de
nouveau. Nous devons rendre ce témoignage aux élèves
des différentes années que l’immense majorité a compris
cette condition élémentaire de la vie de l’étudiant, la présence aux cours:
les autres ont
déféré aux observations
qui leur ont été faites et se sont soumis à la règle ; quelques-uns, malgré {outes nos exhortations, n’ont pu se
décider à vaincre leur penchant à l’inexactitude; ils ont
été atteints par la mesure à laquelle on leur avait donné:
tous les moyens de se soustraire. Un aspirant au certificat
de capacité, un élève de première année, ont chacun
perdu successivement deux inscriptions et ont abandonné
le Droit pour lequel ils n’avaient aucune vocation. Sur
cinq autres élèves (1), qui ont perdu chacun une inscrip-
(4) 4 aspirant au certificat de capacité, 2 élèves de 11e année, 2 de seconde. |
|
—
À9
—
.
tion," un a. quitté'la Faculté, un autre ‘a suspendu des
études ‘qu’il reprend aujourd’hui, trois autres se sont. fait
remarquer depuis par leur exactitude.:
. En maintenant aïnsi l’autorité dé la règle de l'assiduité,
nous eroyons remplir, nos devoirs les plus essentiels: et
offrir aux familles ces garanties qui sont le caractère dis-
tinctif des Facultés de province. La nécessité de la pré-
sence aux cours est le seul motif qui puisse décider les
parents, résidant ailleurs qu’à Nancy, à se séparer de leurs
enfants, ils ont le droit d'exiger que leurs sacrifices ne
soient pas rendus inutiles; et pour les familles nancéiennes, elles tiennent trop. aux études sérieuses pour ne
pas nous savoir gré de notre insistance. En dehors des
leçons et des
conférences
(et encore. l’inscriplion
à ces
dernières est-elle facultative), nous r’avons aucun moyen
direct d'obtenir que les élèves les moins laborieux. s’occupent de Droit; nous ne pouvons renoncer à ces quelques
heures pendant lésquelles, d’un côté, nous mettons tout
en œuvre pour Jeur faire aimer cette science, et, de
l'autre, ils reçoivent l'exemple de leurs condisciples atten- .
tifs et recueillant avidement les enseignements de leurs
maîtres. Nous ne fesons d’ailleurs que nous conformer à
la loi de notre institution, qui veut que les professeurs
s’assurent par l'appel, ou de toute autre manière, de la
présence des étudiants, et qui exige, pour qu’une inscription soit confirmée, le certificat d’assiduité signé par
chacun des professeurs de l’année; nos élèves ne peuvent
attendre de nous que nous manquions à nos devoirs en
donnant des attestations contraires à la vérité. — Si-quelques étudiants, formant une imperceptible minorité, ne
veulent pas se soumettre à la règle, nous ne les retenons
_— où —
pas malgré.euxà Nancy, leurs pièces leur sont renduesà
leur première demandeet nous sommes loin de nous
plaindre de leur départ. L'examen attentif des érear délivrés prouve en effet qu’à l'exception de ceux que des considérations de famille appelaient dans d’autres parties: de
la France, pas un seul bon élève ne nous a abandonnés. ”
Ï se forme ainsi des traditions -de travail, de régula-
rité, de bonne tenue aux leçons ; l'aspect de’ nos cours est
satisfaisant, nous en appelons à tous ceux qui nous ont
fait l'honneur d'y assister : nos étudiants se font remar-
quer par leur convenance, leur attention; le nombre de
ceux qui prennent des notes sérieuses et complètes est
considérable, il a varié en première année entre les deux
tiers et les trois quarts, proportion rarement atteinte si
nous consulions nos souvenirs. Nous ne cessons de rècom-
mander à nos élèves la seule méthode qui puisse leur
faire retirer une sérieuse utilité de l'enseignement oral,
je veux dire la rédaction des notes prises aux cours. IIS
conservent ainsi le plan et les détails des leçons,
ils s’approprient les notions données, ils s’assimilent là nourriture intellectuelle qu’ils ont reçue, ils ne sont plus seulement
passifs, toutes leurs facultés
entrent en jeu,
et;
en cherchant à reproduire la pensée du professeur, ils
arrivent à faire un travail personnel. Se familiariser avec
la science, apprendre à penser et à écrire sur le droit,
avoir un ensemble fortement coordonné de principes et
de règles fondamentales éclairées par leurs plus importantes applications, ces résultats ne valent-ils point quelque travail, quelque persévérance ? Que nos étudiants le
demandent aux élèves de toutes les grandes Écoles du
gouvernement, à leurs devanciers,
à leurs pères. Combien
n’avons-nous
mm
D
pas. connu
de
magistrats, d'avocats,
de
membres de nos Facultés qui conservaient précieusément:
les éahiers
de leurs anciens professeurs. et troüväient
grand profità y recourir.
_
C'est beaucoup sans doute de suivie cette ancientié
méthode qui n’a pas viéilli, parce qu’elle est fondée suf
la nature même de Pesprit humain : mais il est un avitre
moyen de progrès qui est offértà nos élèves, la participation aux-econférences dirigées par les Agrégés. Ces exer-
cices comprennent à la fois des éxameris hebdomadaires
sur les matières de chaque cours, l'explication dés points
les plus difficiles, des diseussions juridiques, des compositions écrites, Ils ont le doublé avantage d’häbitüer nos
jeunes étudiants à traiter dans ün langage technique les
quéstions de droit, et de les faire revenir avant là fin dé
l’année sur toutes les parties de l’enseignement en lés
préparant aux concours. 25 élèves de première année s’y
étaient inscrits,
47 à 18 y ont pris une part assidué, ét
presque tous. ces derniers ont retiré le plus grand fruit de
ce travail intelligent, soit au point de vue de l'examen,
soit à celui d’une instruction durable. Nous n'avons pü:
décider les autres à profiter de leurs inscriptions, la timidité: ou la mollesse les ont éloignés de ces conférences,
nous. l'avons regretté pour eux et ils ont pu s’apercevoir,
à la fix de l’année, qu’ils avaient eu grand tort de négliger
ce secours.
.
Les élèves de seconde année n’ont pas estimé peut-être
à leur juste valeur les avantages de ces exercices, maïs a
moins ils ne sont pas restés inactifs. Hs ont organisé entre
eux une conférence sur le modèle de celle des stagiaires,
ét l’un des honorables membres du Conseil de. l’ordre des’
—
22
—
avocats à la Cour impériale
a bien voulu
les présider
avec une bienveillance etun dévouement dont nousaimons.
à lui
exprimer ici toute notre gratitude.
Nos. excellents,
confrères de Nancy nous ont accoutumés, depuis notre
arrivée,
à éprouver
ce sentiment
pour eux;
l’un de nos
plus précieux souvenirs sera toujours celui de la fête à
laquelle ils nous ont conviés, et où l'alliance si naturelle
et si ancienne du barreau et du professorat a été cimentée
au milieu des témoignages de la plus afféctueuse frater-
nité. Nous nous plaisons à voir nos élèves se placer sous le.
patronage des anciens d’un ordre auquel nous sommes
tous fiers d'appartenir, el où ils trouveront des jurisconsultes consommés,
des maîtres dans l’art de la parole et
des modèles dans l'exercice d’une des plus nobles professions auxquelles puissent se vouer les hommes d’intelligence et de cœur.
.
Nous voudrions que nos élèves de troisième année
sussent trouver le temps de fréquenter les audiences de la
Cour et du Tribunal. En voyant de près la manière dont la
justice est rendue, ils fortifieraient ce. sentiment de véné-
ration que nous cherchons à leur inspirer pour.la Magis-
trature Française, dépositaire
de tant dé science et de tant
de vertus, et dont l'intégrité, l'indépendance et les lumières.
constituent chez nous une des plus solides
l'ordre social et apparaissent aux étrangers
des gloires les plus pures de notre pays.
Les jeunes stagiaires aspirant au Doctorat
berté pour poursuivre le double but qu’ils
garanties de
comme l’une
ont toute lise proposent.
Îls trouvent au Palais les audiences et la conférence des
avocats,
à la Faculté
les cours
de
licence et
la
confé-
rence de Pandectes que préside alternativement pendant
.
—
23 —
un semestre chacun des Professeurs de Droit Romain:
C’est vers le Droit Romain en effet qu’ils doivent tourner
leurs efforts dans la première année qui suit leur réception en qualité de licenciés, des études approfondies sur ce
droit modèle, élément essentiel du nôtre, leur sont indis-
pensables pour subir honorablement l'épreuve qui constitue le premier examen de Doctorat. L'exégèse d'un titre
du Digeste les familiarise avec la manière des grands
jurisconsultes, et en leur offrant l'exposition complète d’un
rapport de droit, les fait revenir sur une foule de principes
qui se combinent avec les règles spéciales de la partie expliquée. Tout se tient dans le Droit comme dans les Sciences
et la connaissance parfaite d’une seule théorie appliquée
suppose de grandes lumières sur les autres.
:
Mais c’est assez parler des moyens d'instruction offerts
aux étudiants de tous les degrés, nous devons maintenant
vous entretenir des résultats de notre enseignement ou
plutôt de l'épreuve qui est la pierre de touche du travail
des élèves, -
|
Les examens de toute nature qui ont eu lieu dans le
courant de l’année doivent être mis à part. Subis par des
étudiants qui, ayant pris un certain nombre d’inscriplions
ailleurs, avaient interrompu
leurs études ou avaient été
ajournés, ils ne pouvaient, à l'exception d’un petit nombre,
être bien satisfaisants. L’éloge résultant de l'unanimité des
boules blanches a pu cependant être accordé à MM. Aubry
et Pasquier pour le premier examen de baccalauréat, à
M. Joslé pour chacun de ses deux examens de licence.
Mais en revanche 8 étudiants sur 38 ont dù être ajournés,
‘2 pour le second examen de baccalauréat, 2 pour le premier
‘examen de licence, 1 pour la thèse, 2 pour le premier
examen de doctorat, 1 pour le second.
—
2
—
Les épreuves de fin d'année ont. donné de tnéilleurs
résultats; les élèves. des diverses catégories que: des fonctions publiques ou d’autres examens spéciaux n’en détournaient pas, s’y sont présentés à de très-rares exceptions près:
Soixante examens ont été subis, parmi lesquels 3 de capaeité, 38 de première année, 43 de seconde, 4 de troisième,
et 2 thèses de licence. Sur ce nombre 2 aspirants au certificat. de capacité,
L élève de seconde année ont seuls été
ajournés, et, malgré la réserve avec laquelle les examinateurs décernent la plus haute marque de satisfaction,
MM. Bitschet Descostes, élèves de seconde année, MM. Au-
diat, Baille de Beauregard, Binet, Joly (Alphonse), Pusset,
_Thiry, élèves de première année, ont été reçus à l’unanimité de boules blanches et avec éloge. Nous aimons à
proclamer ces noms que vous allez retrouver parmi ceux
des lauréats qui ont si bien gagné leurs couronnes. Un
de nos honorables collègues veut bien se charger de vous
rendre compte, à la fin de la séance , des résultats des. di-
vers concours ; les succès si remarquables de la première
année nous remplissent de bônnes espérances et les fortes
études que nous désirions instituer dans notre jeune École
sont brillamment inaugurées.
Ce qui nous touche encore davantage et ce que nous
tenons à proclamer ici, c’est que, dans cette première génération d'étudiants formés exclusivenient à Nancy, la proportion des travaïlleurs a été considérable. Lorsque, dans
une seule année comprenant 47 élèves non dispensés d’assiduité,
on
peut
en
signaler
14
excellents,
8° trés-bons,
42 bons, 5 assez-bons el seulement 3 médiocres et 4 très-
médiocres, car je ne compte pas les 3 mauvais qui se sont
éliminés d'eux-mêmes, on a le droit de montrer, je ne
—
9
—.
dirakpas avec orgueil, mais:avee: confiencé de telsrésultats.
Laproportion des élèves:qu’on peut qualifier d'excellents,
de. bons, d'assez-bons, a été plus: forte encore en troisième
année, moins forte en. capacité, en seconde année et.en:
Doctorat, mais.elle a cependant partout dépassé la moitié ;
nous ne pouvions attendre davantage.:
»
“Une telle classification scrupuleusement: exacte et un
vingtième de refus contre dix-neuf vingtièmes d'admissions montrent ce que vaut le reproche de trop de sévérité
qu'ont répandu en nous quittant quatre ou einq mauvais
élèves qui croyaient trouver ici des facilités qu’on leur:
refusait ailleurs, pensant que.le désir d’accroître le nom
bre de-nos inscriptions nous entraînerait à quelque fai-:
blesse. On: leur a prouvé dans une circonstance dont ils
doivent avoir gardé le souvenir, que la Faculté de: Nancy
n’autoriserait jamais dans son sein des appels aw relàchement des mœurs qui ne sont admis nulle part. Nous ne.
mentionñerions pas même ce reproche s'il n'était répété
avec complaisance par quelques fils de famille qui eherchent tous les prétextes pour aller mener dans la grandé:
villé uné vie de plaisirs: et de dissipations. Nous mavons
pas la pensée de:nier les avantages intellectuels. que Paris
peut présenter à des caractères fortement trempés. dont
les principes sont inébranlables; mais parmi ceux qui demandent à s'éloigner de leurs parents combien en est-il
. qui obéissent à des inspirations élevées? que chacun regarde autour de soï ef répondeà cette question. :
Peut-être aussi pourrions-nous trouver le. motif caché
de ce reproche dans les bulletins trimestriels que: nous
envoyons aux familles. Dans ces communications, ‘en
faisant connaître les inscriptions prises, les résultats des
—
26
—
examens subis, nous donnons, d’après les témoignages des
Professeurs, des notes précises sur l’assiduité, le travail au
cours, la conduite à l’intérieur de l’École, et nous résumons, en une appréciation générale, la situation de l’étudiant, ayant soin de mentionner les plaintes
qui
auraient
pu nous être adressées sur sa conduite à l'extérieur. Les
règlements nous obligent à remplir ce devoir envers les
familles. deux fois par an; nous avons pensé qu’à chaquetrimestre la position de chacun de nos élèves devait être liquidée pour ainsi dire, que le délai de six mois était trop long et
que les exhortations des parents risquaient souvent d’arriver
trop tard. Qu'est-il advenu? Nous avons eu la satisfaction
de voir l'influence des familles s'unir à la nôtre pour combattre le relâchement dans l’assiduité, la défaillance dans
le travail et tous les mauvais entraînements. Beaucoup
ont été soutenus, fortifiés, d'excellentes résolutions ont
été prises, nous avons pu constater des retours sérieux
vers le bien et les. résultats ont été. tels que nous nous
sommes vivement félicités de cette innovation, Que ceux-
là même.sur le compte desquels nous avons cru devoir,
avec ménagement, donner. des notes peu satisfaisantes;
disent si auparavant ils n’ont pas été avertis à plusieurs
reprises, et si nous ne leur avons pas fourni, avec une affectueuse insistance, tous les moyens d’épargner un chagrin
à leurs pères, une douleur à leurs mères. Si nous pouvions
vous faire les confidents de ce que nous avons recueilli de
leur bouche même, vous verriez tout ce qu’il y a de res
sources chez ces jeunes gens quand on leur parle le langage du cœur et qu’on réveille en eux les sentiments généreux. Plusieurs qui comptaient parmi les plus médiocres
ont réussi à se relever; parmi les sept qu’il fallait bien,
—
27
—.
quoi qu'il nous.en coutât, considérer cominé de mauvais
élèves, deux se sont réhabilités,: deux ont compris qu’ils
devaient renoncer à obtenir des grades et, comme nous le
disions tout à l’heure, trois se sont exclus volontairement
de l’École dans laquelle ils ne pouvaient donner que de
fâcheux exemples. Aujourd’hui, nous le constatons avec
bonheur en reprenant nos travaux, nous n’ayons aucun
élève qui puisse compromettre le titre d'étudiant à la
Faculté de Droit de Nancy, et je m’assure que c’est là un
des plus remarquables succès dont les familles puissent se
réjouir avec nous.
Après avoir fait la part des élèves dans les résultats obtenus pendant cette année écoulée, il me sera permis de
rendre à mes chers et honorables collaborateurs le témoignage qui leur est dû. Unis de cœur et d'esprit,
mettant
en commun leur expérience, leur amour du progrès, leur
sollicitude pour une jeunesse dont ils ont su conquérir
l'affection, ils ont été les premiers à l’œuvre laborieuse de
tous les jours, qu’ils soient les premiers à en recueillir
l’honneur. Professeurs, Agrégés, n’ont eu qu’un but, constituer de fortes traditions scientifiques et morales dans
l’École, un seul moyen pour y parvenir, se dévouer tout
entiers à leur œuvre. Ce que j'ai trouvé en eux d’ardeur
dans l’accomplissement du devoir, je ne le dirai jamais
assez, mais ces délibérations
de quinzaine qui figurent dans
nos registres et où toutes les questions intéressant l’appli-
cation des règlements, l'administration de l’École, les améliorations réalisables ont été si soigneusement étudiées,
en resteront la preuve irrécusable; et ceux qui ont suivi
les membres
de
la Faculté aux
cours et aux examens,
savent quelle passion pour la science et quelle conscien-
em 28
—
cieuse équité les animent. Des deuils, des maladies, d’impérieux devoirs de famille sous toutes les formes,
ont trop
souvent enlevé à leurs chaires pendant des jours, des semaines, quelques-uns des Professeurs de: l’École, maisÎle
zèle de leurs collègues a suffi à tout, et, grâce à leur concours, sur 776 leçons réglementaires,
3 seulement n’ont
pu être données par suite d'événements imprévus survenus
à la dernière heure; et, quand un cours devait vaquer, le
Doyen n'avait d'autre embarras que celui de désigner,
entre tous ces suppléants volontaires, celui auquel ül devait
permettre de s’imposer une double charge.
Cette douceur inexprimable de relations marquées au
coin de estime la plus entière et de la plus affectueuse
confraternité n’a été troublée que par des séparations légitimes, maïs qui ne nous en ont pas été moins douloureuses. Déjà, au commencement de juillet, M. Gérardin
_était allé reprendre dans la première Faculté de France la
place qu’il y avait conquise en 4864; il nous avait été prêté
par nos collègues de Paris, nous le leur avons rendu après
avoir recueilli les fruits d’une collaboration dont nous garderons le meilleur souvenir. Esprit solide et mûr, familier
avec toutes les difficultés de la science, il a apporté dans
l'enseignement du Droit Romain (seconde année) la sûreté
de ses. doctrines et la précision de sa parole. Un avance-
ment dû à des mérites et à des services exceptionnels
devait réunir à M. Gérardin les deux Agrégés qui avaient
été ses collègues à Nancy, M. Desjardins qui joignait au
goût littéraire le plus délicat les connaissances juridiques
les plus étendues et qui était parmi nous comme le repré-
sentant vivant de l’union si féconde des Lettres et du Droit
à obtenu une double récompense à laquelle nous applau-
—
29
—
.
dissons de grand cœur. Une mention ‘honorable a été dé-
_cermée par l’Académie Française à son mémoire écrit avec
une lumineuse sagacité sur les conditions de l'alliance de
l'érudition et du goût dans les œuvres
de l'esprit; le titre
d’Agrégé à la Faculté de Droit de Paris, est venu sanctionner
le mérite du Professeur si goûté de Droit Romain et de l’auteur dubéau livre de la Compensation. M. Cassin qui avait
été enievé à ses fonctions de Toulouse pour inaugurer à
Nancy le-cours de Droit administratif et dont l’enseigne-
ment siélevé avait conquis tous les suffrages, a recu une
des distinctions les plus enviées auxquelles puisse prétendre un Agrégé de talent «et d’avenir. Il portera à Paris cette
vigueur de conception, cette puissance de généralisation,
et cette profondeur d’analyse qui, jointes à une parole incisive et éloquente, saisissaient ici son auditoire. Un autre
dé nos collaborateurs que la Magistrature nous avait cédé
et qui nous en apportait toute la dignité et toutes les vertus,
M. Paringault devait également nous quitter. Obéissant
aux-inspirations de la piété filiale, il avait demandé sa
translation à Douai, et lorsque le sacrifice qu'il nous avait
imposé comme à lui est devenu malheureusement inutile,
ika-réalisé un projet formé depuis longtemps en renonçant
à toute fonction active pour se consacrer touténtier aux
travaux de cabinet. Criminaliste profond., érudit distingué, comme l’attestent de nombreux écrits et une récente
étude sur la réforme de la législation en matière de liberté
provisoire, il savait allier dans son cours l’histoireet Ja
pratique. “Les liens qui nous attachaïient à M. Paringault
ne seront pas rompus; nommé Professeur honoraire à.là
Faculté de Droit
de Nancy, il demeure notre collègue:et, à
ce titre, ses futurs ouvrages nous appartiennent par avance.
—
30
—
.
L'intérêt tout particulier que veut bien -porter: à:notre
jeune Faculté
le Ministre ‘auquel elle doit son existence
nous garantissait
que nos vides seraient comblés èt nos
pertes dignement réparées, Déjà pour remplacer M. Gérardin premier élu au concours d’Agrégation de 1864, le
premier élu ‘du concours de 4865, M. Glasson, l’un des
Docteurs les.plus distingués de cette Faculté de Strasbourg
qui compte de si illustres maîtres, était attaché à Nancy et
chargé du second cours de Droit Romain. — Depuis,
M. Dubois Agrégé était, après trois ans d’un enseignement
‘vivement apprécié à Strasbourg
et à Grenoble, appelé à
continuer ici l’œuvre de M. Desjardins. — Un peu plus
tard, le cours de Procédure
civile et de Législation: crimi-
nelle était confié à M. Arnault qui a vaillamment conquis
cette année le titre d’Agrégé et qui en a rempli temporairement les fonctions à Toulouse. — Enfin le Droit administratif revenait àM. Liégeois, Professeur nommé à Douai,
et que les liens de famille et le plus honorable passé devaient
rappeler à Nancy. Nous savons déjà ce que nous avons à
attendre du caractère et du talent de nos nouveaux collègues, de leur instruction profonde, de leurs connaissances
spéciales et surtout de leur dévouement à leurs fonctions.
Chargés chacun de l’enseignement qui convient à sa votation, ils.ont toutes les qualités qui commandent l'estime .
et inspirent l'affection.
|
Honorés de la haute bienveillance de notre éminent
Fondateur, objet de la sollicitude attentive du savant Inspecteur général de nos Facultés, nous avons eu le bonheur de
trouver dans le Recteur actuel de cette Académie un Chef
qui veut bien remplacer pour nous le digne et excellent
M. Dunoyer. Notre vénération et notre gratitude ont suivi
#
ce dernier dans sa retraite : nous n’oublirons jamais ce
qu’il fut pour nous à nos débuts et la paternelle affection
qu’il portait à notre jeune École, au rétablissement de laquelle il avait puissamment contribué. Que son successeur
nous permette de lui adresser publiquement lhommage
des sentiments de respectueuse confiance avec lesquels
nous avons accueilli son retour dans un ressort où il avait
laissé de vivants souvenirs. Il nous a déjà prouvé que nul
ne pouvait avoir, à un plus haut degré, la conscience de
nos besoins, l'intelligence de notre mission, et que rien ne
lui tenait plusà cœur que le développement et la prospé-
rité de notre École.
_ Messieurs, si les hommes passent, les fortes institutions
progressives comme la nôtre. demeurent et s’affermissent;
j'en atteste ce chiffre inattendu de 155 inscriptions prises
au début de cette nouvelle année scolaire. Renouvelée en
partie, mais animée du même esprit, la Faculté de Droit de
Nancy poursuivra sa carrière dans cette union des maîtres
“et des élèves qui fait sa force. L'œuvre est grande, mais
nos reins sont ceints, nos lampes sont allumées et, avec la
grâce. de Dieu, nous marcherons vers l'idéal de vérité et de
justice qui nous est proposé, au cri de ralliement du spiritualisme chrétien : Sursum cordal En haut les cœurs!
RAPPORT
M. GODRON, DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES.
Monsreur LE MARÉCHAL,
. Monsur
LE ReCTEUR,
_ Mussturs,
Fout en reconnaissant parfaitement: l'utilité du. rapport
que, dans chacune de nos séances de renlréë, nous devons
vous présenter sur la situation de la Faculté des Sciences,
et qui vous offre le résumé fidèle des travaux de l’annéé
classique, iky a pour le Doyen un certain. péril à placer,
Chaque année, sous: vos veux un tableau peint parla même
maio, représentant invariablement les mêmes objets, avec
dés‘traits:et un éoloris presque identiques: Nous n'avons
pas oublié que :
|
7
Jà variété plait,
Nous savonss'égalèment que:
mr.
o
L’ennui naquit un jour de l'uniforni
_
4
—
et, malgré la bienveillante indulgence que vous nous
conservez, depuis onze années, nous craignons fort quele
sentiment dont nous parlons ne finisse par pénétrer dans
votre esprit. Pour l’éviter ; aûtant qu'il est possible, je
têcherai d’être court pour ne pas trop fatiguer votre attention.
:
.
Pour nous conformer à l'usage, nous vous parlerons
successivement de notre enseignement, des travaux particuliers des Professeurs, de la collation des grades univer-
sitaires.
.
1. ENSEIGNEMENT.
Je
constaterai
tout
d’abord
que
nos
cours
officiels,
grâce à l’état sanitaire excellent qui a régné à la Faeulté,
n’ont subi aucune interruption. Ils ont eu pour base les programmes
de
la licence
ès-sciences;
c’est
vous
dire
la
marche qui a été suivie par tous les Professeurs, l'esprit
qui a dirigé l’enseignement et le but principal que chacun
de nous a cherché à atteindre, celui d’instruire spéciale-
ment les jeunes gens qui se proposent d'aborder les
épreuves difficiles de la licence ès-sciences. Pour remplir
complétement les. obligations qui nous sont imposées à
cet égard, nous ne pouvions rien retrancher de cet ensei-
gnement officiel, nous ne pouvions en abaisser le niveau
que peuvent seuls atteindre ceux dont l'intelligence a été
cultivée par des études classiques sérieuses. Mais nous n’avons pas pu oublier, après tous Les sacrifices que la ville de
Nancy s’est imposés pour notre installation, que nous devions aussi quelque chose aux autres classes de la popula-
= 8 —
tion et notamment aux ouvriers de cette ville. C’est dans
ce but qu'ont été créés, il y a dix ans, nos cours du soir
et vous savez déjà que nous n’avons pas eu lieu de le regretter. C'est de ces cours, dont le sujet varie généralement
chaque année, que nous avons l'intention de vous entre-
tenir.
|
M. Nicklès a consacré ses leçons supplémentaires à l’histoire ancienne de la chimie. Les origines de cette science
ont été poursuivies par lui à travers les âges et retrouvées
dans les différents cultes de l’antiquité. De la période
mythologique, il s’est trouvé naturellement conduit à s’occuper de la période mystique ; passant rapidement sur les
extravagances qui caractérisent cette période, il s’est attaché .
spécialement à mettre en lumière les résultats certains
qu'a produit cette époque et à rendre justice aux grands
“hommes qui, comme Roger Bacon, Raymond Eulle, Arnould de Villeneuve, Albert le Grand et Paracelse peuvent
être considérés comme les précurseurs de la Chimie. En
décrivant la longue enfance de cette science, qui n’a pu se
dégager de ses langes que dans les temps tout à fait modernes, M. Nicklès a constamment justifié ses assertions
par des expériences nombreuses et notamment par celles
qui sont relatives à l’Aomunculus, à l'âme du monde, à la
pierre philosophale, enfin à la palingénésie dans laquelle
certains illuminés voyaient la possibilité de renaître de
leurs cendres. Il n’a pas insisté sur ces aberrations et a
préféré exposer les découvertes utiles qui, comme celles du
phosphore, du zinc, du bismuth,
de l’eau régale,
de l'a-
cide sulfurique, etc., se sont dégagées, commie par hasard,
des folles et laborieuses tentatives des philosophes hermétiques.
|
|
—
36
—
M. Chautarda continué l'étude des applications indus-
trielles de la chaleur, qui fait l’objet de ses leçons du soir
depuis plusieurs années.
Il s’est trouvé
amené celte fois à
traiter de l'équivalent mécanique de la chaleur.
Les der- |
niers travaux entrepris sur ce sujet, tant en France qu'à
Pétranger, pour obtenir une détermination exacte de cet
équivalent; les applications qui'en ont été faites pour l’emploi plus régulier et plus rationnel des divers moteurs fondés sur l’action du calorique, imprimaient à ce sujet d’étude un eachet d'actualité et d'intérêt que le professeur
n’a pas négligé de faire ressortir. Après avoir démontré
par des expériences heureusement choisies cette grande
loi de corrélation des forces de la nature, savoir: que tous
les phénomènes de chaleur, d'électricité, de magnétisme
et de lumière peuvent dans une foule de circonstances, setransformer l’un dans l’autre et ne sont que des manifesta-
tions différentes d’un seul:et même agent, il s’agissait de
relier l’idée de chaleur à celle de mouvement. C’est ici que
motre collègue, s'inspirant des recherches récentes de
M. Tyndall, a dû non-seulement répéter la plupart des-ex-
périences du savant professeur anglais, mais imaginer. de
nouvelles combinaisons destinées à rendre les phénomènes
plus saillants aux yeux de l'auditoire.
M. Renard a exposé d’une manière complète les. prin-
cipes de la, géométrie descriplive, se réservant
-de traiter
l’année prochaine des applications de cette scienceà la
théorie des ombres, à la perspective, à la coupe des
pierres, à la charpente, à la topographie et au nivellement.
Ilme semble superflu d’insister sur l’utilité d’un pareil
enseignement, suivi du reste avec succès par ceux des
jeunes ouvriers de notre ville, qui ont puisé dans notre
_—
école primaire
supérieure
37
—
les connaissances nécessaires
pour profiter de cet enseignement.
Dans son cours de mécanique appliquée, M. Lafon a
fait connaître les principaux systèmes de machines à vapeur en usage dans nos usines et s’est attaché à signaler les
avantages et les inconvénients qu'elles présentent, suivant
les diverses industries auxquelles elles fournissent la puissance motrice. Il s’est étendu, en outre, sur les méthodes
à suivre pour calculer facilement le travail utile que doit
fournir chaque genre de machine avec un poids déterminé
de combustible.
|
Le professeur d'histoire naturelle qui, chaque année,
choisit pour sujet de son enseignement supplémentaire,
l’une des grandes questions qui sont du domaine de la
science qu’il cultive, s’est occupé d’une doctrine bien
vieille, puisqu'elle date de l’époque elle-même où l’homme
eut la curiosité d'étudier les êtres organisés au milieu desquels il vit; doctrine qui, à différentes époques, s’est ra-
jeunie et a suscité les discussions les plus passionnées,
nous voulons parler des générations spontanées. Admise
par toute l'antiquité, cette doctrine a reculé de plus en
plus devant les découvertes successives de l’anatomie et
de la physiologie, et ne s’est plus appuvée, dans ces derniers temps, que sur deux catégories d'êtres, les entozoai-
res, d’une part, et de l’autre les infusoires et les mucédinées. Mais nous savons aujourd'hui par les admirables
travaux des Siebold, des Van Beneden, des Leuckart,
des
Kükenmeister, etc., que les entozoaires subissent la loi
commune relativement à la fonction de reprodnetion. La
découverte du microscope, au 17° siècle,
amena
celle des
infusoires, et Nedham, le premier, tenta de démontrer ex-
—
38
—
périmentalement que ces petits êtres naissent sans parents
au milieu des infusions végétales et animales. L'abbé
Spallanzani, employant lesmèmes armes que son adversaire et l'attaquant sur son propre terrain, parut, aux yeux
de ses contemporains, avoir complétement triomphé das
cette lutte ardente et mit fin momentanément à la discussion.
Pendant les trente dérnières
Schultze, Schræder, Dusch, ete.,
années,
Schwann,
reprirent l'étude expéri-
menñlale de cette question. Mais la lutte ne devint vive
qu’à l'entrée dans l’arène de zoologistes distingués parmi
lesquels nous devons citer MM. Montegazza, Pouchet,
Musset, et notre savant compatriote, M. Joly. Les belles
expériences de M. Pasteur, auxquels les travaux de
MM. Coste, Lemaire, Gratiolet, ele., quoique d’un autre
ordre, sont venus en aide pour
combattre
la doctrine de
lhétérogénie, nous ont paru résoudre cette grave question
dans le sens de la négative et avoir repoussé de ses
derniers retranchements la doctrine des générations
spontanées.
.
.
. M, le docteur L. Parisot qui s’est, depuis l’origine, associé à notre œuvre, à continué ses savantes leçons d’hygiène: I s’est ‘ccupé, cette année, des ateliers et plus spé-
cialement de la vicialion de l'air qu’on y respire, par les
poussières de nature diverses qu'y répandent les différentes
industries,
question des plus importantes en raison des
accidents plus ou moins graves qui en sont le résultat et
du grand nombre d'ouvriers qui y sont journellement
.exposés.
Il a fait ressortir,
en
outre, l’action
délétère de
l'air lui-même, lorsqu'il est confiné et devient ainsi un
véritable poison, qui tantôt tarit lentement les sources de
la vie, tantôt les détruit rapidement en engendrant les épi-
_
39
—.
-démies les plus meurtrières. Il a beaucoup insisté sur les
effets pernicieux que détermine surtout la chaleur humide
des ateliers, en provoquant Ja fermentation de la matière
organique qu'y versent à chaque instant les excrétions cu-
tanée et pulonaire. Il n’a pas négligé d'établir que l’hygiène a marché avec les progrès de la civilisation, que la
science a diminué le nombre des victimes qui succombent
dans cette lutte de l’homme avec là matière. Aujourd’hui
de puissants appareils de ventilation renouvellent constam-
ment l'air dés ateliers où ils sont établis, emportent les
poussières délétères et les particules organiques et permettent aux ouvriers d'y respirer presque impunément,
tandis qu’autrefois leur vie était abrégée de plus de moitié,
M. Parisot à passé en revue les différentes industries autrefois dangereuses et que les indications de la science
moderne ont rendu inoffensives. Mais ces belles applica-
tions de la science ne suffisent plus, si l'inconduite et tous
les vices qu’elle enfante envahissent les ateliers et viennent
ajouter leur influence délétère à celle des agents physiques. La morale et l'hygiène sont donc deux sœurs qui,
par leur union peuvent seules protéger efficacement la
santé et la‘ vie de l'ouvrier.
“J'ajoutérai, pour compléter ce qui a rapportà notre enseignement, que nos conférences et nos manipulations,
malgré les sacrifices pécuniaires qu’elles imposent aux
jeunes gens, ont été suivies comme par le passé,
IL. TRAVAUX PARTICULIERS DES PROFESSEURS.
Nous devons, comme d’habitude, à M. Nicklès, plusieurs
mémoires publiés depuis notre dernière séance de rentrée.
. Après avoir découvert les acides bromo-thallique cet
iodo-thallique ainsi que leurs principales combinaisons, il
a signalé les services que ces produits nouveaux sont ape
pelés à rendre dans la recherche des eaux potables et dont
l'emploi s'applique également à Ia séparation de: deux
métaux , qui s’'accompagnent souvent
dans
la nature ,
le
bismuth et le plomb, et qu’on ne pouvait jusqu'ici qu'avec
peine isoler par les méthodes anciennement connues.
Notre collègue, ayant aussi reconnu que l’éther donne
de la stabilité aux composés helogènés avec lesquels il peut
s'unir, s’est servi de ce fait pour préparer des combinaisons
vainement cherchées depuis le commencement de ce siècle, ce sont les chlorures, les bromures, les iodures appelés singuliers par M. Dumas, à cause de la singularité, de
leur attitude à l'égard des réactifs.
Nous devons encore au même professeur : un travail
sur l’Atlantide de Platon, croyance dont il explique l’origine au moyen des données de la science;
un autre sur
l’antimoine détonnant, dont il donne la théorie ; une note
sur les sulfates de barÿte, de strontiane et de chaux et sur
leur
solubilité dans
l'acide
sulfurique; un mémoire
sur
un nouveau Caractère distinctif entre le sucre de canne et
le glucose.
Enfin,
ïl publie
actuellement,
dans
les
Annales
de
Chimie et de Physique, des recherches sur l’aimantation,
——
A
—
qui font suiteà ses anciens travaux sûr l’adhérence magnétique, et établissent les lois qui régissent les électro-aimants, organes essentiels de la (éégraphie et de l'horlogerie.
électriques, ,
:
:
«
M. Chautard a complété, cette année, devant le congrès
avnuel des sociétés savantes, l’exposé de ses rechèrches
sur les. spectres dus à la lumière de l’étincelle d’induction
dans les gaz raréfiés. - .
Notre collègue a signalé également uné nouvelle. propriété de la lumière.
du magnésium. Peu de personnes
ignorent, aujourd’hui, les propriétés de ce curieux métal
et surtout la lumière vive qu’il répand en brûlant; cette
flamme, dans laquelle dominent les rayons violets du
spectre, jouit de propriétés chimiques qui. n'ont pas
‘échappé aux savants et. que les photographes commencent
à mettre à contribution
dans une large mesure. Elle pos
sède également une autre propriété, dont la découverte
est due aux recherches de M. Chautard, celle de développer, avec la même intensité que les rayons solaires
directs, la phosphorescence des matières aptes à produire
ce genre d'effets, et il:a pu, dans ses leçons de cette
année, rendre ses auditeurs témoins de ce, phénomène
remarquable. : … ..
Fu
eat
L'étude des orages, recommandée. parir plusieurs
cireu-
laires de Son Excellence M, le Ministre de l’Instruction
publique,
a trouvé dans M. Chautard un. auxiliaire dé-
voué. En dehors de ses résumés météorologiques annuels,
il a pu rédiger sept cartes des principaux orages qui, pen-
dant lété dernier, ont éclaté dans notre contrée.
ou
M. Renard, poursuivant ses études sur..la théorie de
l'électricité
et du magnétisme,
s’est occupé plus spéciale-
—
42
—
ment, cette année, de l'établissement des formules géné-
rales sur lesquelles elle repose. Pour me borner à indiquer ce qui, dans ce travail assez long, est propre à notre
collègue, il faut savoir que, jusqu’à ces derniers temps,
les géomètres, qui ont traité la question des mouvements
vibratoires dans les milieux élastiques, ont regardé les
molécules matérielles comme des points géométriques.
Suivant lui, cette restriction ne saurait exister dans la
nature: les molécules matérielles doivent ‘avoir des di-
mensions proportionnées à leur masse. C’est un professeur distingué de l’Athénée de Luxembourg, qui, le premier, vient d'émettre cette idée, et qui, après avoir établi
les équations des mouvements rotatoires des molécules,
- en a déduit plusieurs théorèmes remarquables; mais il
s’est borné aux milieux homogènes et isotropes. M. Renard
a élargi la voie, qui lui paraît devoir aboutir
à des résul-
tats féconds pour l'explication des phénomènes de chaleur, de lumière et d'électricité. H a examiné le cas d’un
milièéu homogène quelconque êt a donné plus de généra-
lité aux formules dont il vient d’être question.
“ M. Lafon, dans un mémoire qu’il va publier, se plaçant
- à un point de vue nouveau, a réduit à un même type plusieurs principes fondamentaux. de la mécanique ration. nelle. Il espère que ses idées seront utiles aux jeunes gens
qui se préparent à la licence.
Le professeur d'histoire naturelle a, pendant le cours
de la précédente année scolaire, publié les travaux sui-
vants, dont il se contente d’énoncer les titres : 1° Mé-
moire sur des ossements humains trouvés dans une caverne
des environs
de Toul;
2%
De la ladrerie chez
les
porcs; 3° Observations sur les races du Datura Stramo-
—
3
—
num; 4° Mémoire sur les Fumäriées à fleurs irrégulières
et sur la cause de leur irrégularité ; 5° Mémoire sur l’inflorescence et les fleurs des Crucifères; 6° De la suppression
congéniale de lappendice caudal sur üne famille de.
chiens;
7° L'homme de Platon, ou description d’un coq et
d’une poule naturellement dépourvus de plumes;
la pélorie du Delphinium.
8° De
HT Co£LATION DES GRADES UNIVERSITAIRES.
Doctorat ès sciences. — Cette année encore, la Faculté
a été appelée à conférer ce grade élevé. M, Laurent, élève
sortant de l’École d’application de Metz, se souvenant des
traditions scientifiques de sa famille, nous a présenté une |
Thèse d'analyse sur la continuité des fonctions imaginaires
et des séries en particulier. Ce travail, à peu près complétement. neuf, contient deux parties. Dans la première, le
candidat représente la continuité des fonctions imaginaires, non plus par l’ensemble de deux surfaces comme
on le fait ordinairement, mais par une seule, dont il élu"
die les principales propriétés. Dans la seconde partie, il
généralise les théorèmes de Cauchy, relatifs à la conver-
gence dés séries imaginaires, en les’étudiant
au cas où les
différents termes de ces séries sont, non plus des puis-
sances entières de la variable multipliée par des -cons-
tantes, mais bien des fonctions synectiques quelconques.
L'ensemble de. ce travail indique dans sôn auteur uné
étude approfondie des théories de Cauchy sur les quantités
dites
géométriques
ou
‘imaginaires,
et ‘en
même
temps un esprit d'investigation dignes d’être. eïtouragés,
—
ho
—
M. Laurent a pleinement justifié, par les développements
qu’il a donnés dans la discussion, la bonne opinion que sa
thèse avait fait concevoir sur ses connaissances él la Faculté
n'a pas. hésité à lui conférer le grade de docteur ès
sciences mathématiques.
Licence ès sciences. — La Faculté a eu à examiner huit
candidats à ce grade. Trois d’entre eux seulement ont sa-
tisfait aux épreuves. Ce sont:
1° Pour la licence ès sciences
professeur au lycée de Bar-le-Duc;
physiques,
M. Thomas,
2° Pour la licence ès sciences mathématiques,
MM. Rit-
ter et Rosenstieh}, tous deux préparateurs dans une Faculté voisine.
‘
Parmi les candidats malheureux, il en est plusieurs qui
ont approché du but, que de nouveaux efforts leur per-
mettront d'atteindre. Ils ne doivent pas oublier que l’examen de la licence est une épreuve sérieuse, qui exige des
connaissances théoriques et pratiques assez étendues.
il
doit en être ainsi, puisque ce grade ouvre la porte du
professorat.
Baccalauréat ès sciences. — Bien que le mouvement.
qui entraîne, vers létude des sciences, beaucoup de
jeunes gens de notre province académique, se soit un peu
ralenti pendant les deux dernières années, nous comptons
toujours un nombre considérable de jeunes gens, qui
viennent nous demander ce grade modeste, mais qui
conduit à un assez grand-nombre de carrières.
Il en est,
cette année,
328
qui se sont
présentés
|
35 —
|
AUX. épreuves. et. 184 d’entre. eux ont êté jugés dignes de
recevoir. le diplôme, objet de leur-ambition. .
Nos opérations sont: résumées dans: le tableau suivant :
NOMBRE |
des
CANDIDATS.
| complet.
Bicoarauniar “restreint...
D pan
Torix,…]
|
262
82
ADMIS
OA
|
s1
395 . |
| ADMIS
aux:
ee
<
À
|épreûves orales DÉFINITIVEMENT
CA
|
16...
474 |
|
120
|
| 19
45.
456.
‘A ne nous est pas encore possible de juger d’une ma“nière précise les résuHats que doivent produire les nouvelles
dispositions prescrites récemment sur là manière de procéder aux épreuves, d'autant plus qu’elles n’ont reçu
encore qu'un commencement d'exécution. Comme elles
ont plus particulièrement pour but d'empêcher autant
que possible, les préparations artificielles, qui ne laissent
dans l'esprit que des connaissances vagues et fugitives,
nous ne pouvons qu'y applaudir.
Le progrès lent,.que nous avons signalé custeurs
fois,
_ dans la force des études continue à suivre régulièrement |
sa marche ascensionnelle ; ce n’est pas cependant que tout
soit pour le mieux dans lemonde des bacheliers, que le règne
des-bonnes études littéraires et scientifiques soit définitivement inauguré ; il nous reste encore bien du chemin
à parcourir pour voir cet âge d'or de l’enseignement
classique. Mais nous constatons
du moins des tendances
_
6
—
rassurantes et pleines d'avenir dans Pesprit de la plupart
des jeunes gens qui viennent subir dévant nous les épreuves du baccalauréat et nous y aiderons autant qu’il est en
notre pouvoir.
L’ambition de conquérir le double diplôme avant de
quitter les bancs du collége se développe d’une manière
progressive d'année en année, Dans notre dernière séance
de rentrée, nous étions heureux de vous
annoncer
que
27 pour cent des candidats au baccalauréat ès siences
étaient déjà pourvus du diplôme de bachelier ès lettres.
Pendant la dernière année scolaire, la proportion a augmenté encore et se formule par le rapport de 33 pour
cent; c’est le tiers des candidats. Des faits aussi saillants
nous
semblent démontrer,
avec une
évidence
qui
com-
mande la conviction, qu’il est possible d’allier avec succès
pendant la durée ordinaire de la vie classique, l'étude des
lettres à la culture des sciences.
_
6
—
rassurantes et pleines d’avenir dans l'esprit de la plupart
des jeunes gens qui viennent subir dévant nous les épreuves du baccalauréat et nous y aiderons autant qu'il est en
notre pouvoir.
L’ambition de conquérir le double diplôme avant de
quitter les bancs du collége se développe d’une manière
progressive d'année en année, Dans notre dernière séance
de rentrée, nous étions heureux de vous
annoncer
que
27 pour cent des candidats au baccalauréat ès siences
étaient déjà pourvus du diplôme de bachelier ès lettres.
Pendant la dernière année scolaire, la proportion a augmenté encore et se formule par le rapport de 33 pour
cent; c’est le tiers des candidats. Dés faits aussi saillants
nous
semblent démontrer,
avec une
évidence
qui
com-
mande la conviction, qu’il est possible d’allier avec succès
pendant la durée ordinaire de la vie classique, l'étude des
lettres à la culture des sciences.
RAPPORT
DE
M. Cn. BENOIT, DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
Monsieur Le MARÉCHAL,
Monsœur Le Recreur,
Messieurs.
L
On consentirait à vieillir, si l’on conservait toujours
autour de soi fout son monde, et si de temps en temps
quelques changements ne venaient avertir tristement de la
fuite des années, Depuis la fondation de notre Faculté,
Paris nous a pris déjà plusieurs de nos Professeurs; et je
m'étonne en vérité qu’il ne nous en ait pas pris davantage.
Cette fois, c’est M. Emile Chasles, que la Sorbonne nous
enlève, ce Professeur aimable et savant,
que passer parmi nous, mais assez pour
souvenir, et que vos propres suffrages ont
du Ministre. 1 va rejoindre M. Mézières
qui n’a guère fait
y laisser un long
désigné au choix
à la Faculté des
—
48
—
|
Lettres de Paris, et y partager âvec lui l’enseignement des
Littératures étrangères. En regrettant ce Maître distingué,
soyons fiers, Messieurs, de voir ainsi notre Faculté garder
son privilége de recruter les hautes Chaires de là Capitale;
et remercions le Ministre, qui, pour suppléer M. Chasles,
nous ramène un enfant de notre ville, un des fils prédestinés
de notre Faculté, et dont la jeunesse, mûrie sous le ciel de
la Grèce et de l'Italie, a donné déjà plus que des espérances.
M. Gebhart, connu déjà par des publications importantes
sur l’histoire et-la-philosophie de l’art, et versé dans toutes
nos langues modernes, promet à la Chaire de Littéräture
étrangère un brillant Professeur.
M. Dunoyer aussi, notre vénéré Recteur, nous fait défaut
aujourd'hui. Je suis sûr de répondre à vos pensées, en
payant ici le tribut d’un pieux souvenir à cet homme de
bien, qui laisse des regrets d'autant plus vifs à ceux qui
l'ont connu davantage. Car, en entrant dans son intimité,
on était charmé de tout ce que l’on rencontrait sous ses
dehors discrets de qualités excellentes, surtout chez un supérieur; droiture admirable d'esprit et de cœur, respect
scrupuleux des droits de chacun, sollicitude. paternelle
pour tous les intérêts confiés à ses soins, plus d'action effi-
“cace que de promesses; enfin le commerce le plus sûr en
même temps que le plus cordial, Aussi avions-nous appris
à l'aimer et. à le révérer comme un père. Puisse.cet
hommage de notre filial attachement réjouir son cœur dans
sa retraite, et lui montrer qu'il ne sera pas. oublié parmi
nous, Son successeur applaudira, j'en: suis sûr, à
piété fidèle; il estimera nos regrets, comme jadis
nislas, en entrant à Nancy, respectait la tristesse
laquelle les vieux Lorrains gardaient là mémoire dé
notre
Staavec
leurs
—
49
.—
Ducs, et se félicitait lui-même d’être appelé à régner sur
un si bon peuple.
:
Tout en parlant plus volontiers desabsents, j'ai bien le
droit de dire ici, Monsieur le Recteur, que nul choix ne
pouvait mieux pour nous réparer
la retraite de M, Dunoyer,
que celui qui vous ramenait parmi nous. Nous y comptions
du reste. Car nous savions que c'était dans vos vœux comme dans les nôtres. Vous rentriez {on le peut dire) dans
votre pays, où vous aviez laissé à la fois les meilleurs souvenirs et une partie de votre âme. Soyez le bien revenu.
Vous avez pu voir déjà, combien, grâce au concours de tous,
les choses ont prospéré dans votre Académie. Naney, qui
n'était qu'un chef-lieu de Département, est devenu la
capitale intellectuelle d’une vaste province. Tout en restant
de plus en plus française d'esprit et de cœur, la ville de
Charles HE, de Léopold et de Stanislas a recouvré quelques-uns des joyaux de sa couronne ducale; et se souvenant de son grand passé, elle a voulu que l'aveniry répondit. Elle n’a pour cela rien épargné, nul effort, nul sacri-
fice. Les circonstances sans doute l'ont servie, Mais aussi
ses magistrats, comme des pilotes habiles, n’ont. jamais
manqué de déployer les voiles aux vents favorables.
Grâce à leur activité généreuse, grâce surtout au grand
cœur d’un Maire, à la retraite duquel elle ne ‘se résigneFait jamais, notre ville a pris de plus en plus confiance
dans sa fortune : son ascendant ést assuré désormais.
Nancy ne saurait plus être confondu à l'avenir avec les
villes ordinaires de province, On sait, on sent qu’il ya ici
un foyer de pensées, un centre de travail. Pour soutenir
dignement cette destinée en ce qui nous concerne, Monsieur le Recteur,
nous savons que nous pouvons compter
4
—…
59
—
‘sur votre bienveillant appui, comme vous-même vous êtes.
assuré de notre plus dévoué concours.
Dans cette œuvre libérale, quelle
|
part revient à notre
Faculté? Une noble part sans doute, mais aussi délicate,
et non sans difficultés. C’est à nous surtout qu’il appartient
d'entretenir et de transmettre aux générations nouvelles
ce culte des lettres et ce goût des choses de lesprit, par
lesquels notre villé entre toutes se distingue. Une Faculté
des Lettres doit être comme une sorte de sanctuaire des
Muses, où l'élite des esprits aime à venir contempler les.
vérités morales dans les plus glorieux exemplaires que
le passé nous en ait légués, mais où la jeunesse surtout
doit apprendre à s'intéresser aux nobles intérêts de la penséeet s’enflammer d’une passion généreuse pour les grandes
œuvres, qui sont comme les titres d'honneur de Pesprit
humain. — Dieu sait, et vous aussi, Messieurs, que, pour
remplir cette mission, ce n’est pas le zèle qui nous manque. Mais il faut que nous y soyions aidés par la bonne
volonté de tous. Les temps sont difficiles. Les esprits, chez
les jeunes générations surtout, ne sont pas tournés vers ces
spéculations désintéressées. Sans doute. on est revenu des
préventions que l’on avait contre elles; on ne croit plus
qu’elles ne soient bonnes qu’à faire des chimériques : mais
on les délaisse; l’indifférence a succédé à l'hostilité. Les
sciences pratiqués, et leurs merveilles,
et les sources
de
richesses qu’elles nous ouvrent par leur application à l’industrie, ont fasciné les imaginations. Mais aussi les œuvres
convulsives et malsaines de la littérature contemporaine
n'ont que trop blasé et affadi les esprits, qui ne sauraient
plus goûter l’austère et généreuse saveur des grandes âmes
et des époques saines. Ajoutez-y en outre chez beaucoup
—
Hi
—
de nos jeunes gens l'éloignement qu’ils ont gardé de leurs
études pour les lectures sérieuses. Tel est le résultat funeste
de ces programmes , qui ont pesé si longtemps sur l’édu-
cation littéraire de nos Colléges, et dont-un Ministre aussi
expérimenté que libéral vient enfin de nous affranchir.
Façonnés par une discipline mécanique, habituésà n'avoir
pour stimuler leur ardeur que le cauchemar des Examens,
nos jeunes gens n’ont pas assez savouré les vraies lettres,
pour en conserver le culte et amour. C’est pour beaucoup
un souvenir d'ennui.
|
Aussi regrettons-nous, encore plus que nous ne nous en
élonnons, de ne pas voir en plus grand nombre autour de
nos Chaires les Élèves de nos Écoles supérieures, En rendant justiceà celte élite de nos Étudiants, qui ont assez profité de leurs études classiques, pour sentir le profit de-ces
entretiens élevés, je dois dire que beaucoup
trop d’entr'eux
se bornent à se faire inscrire à nos Cours et abusent quelque peu de notre tolérance. Ou bien leurs autres études
les absorbent, ou ils nous donnent à penser, que leur culture d'esprit a été insuffisante, pour porter ce facile com-
plément d'une édueation littéraire. À quoi cela sert-i1?
disent-ils.— Vous ne savez pas, jeunes gens, combien, dans
les carrières libérales où vous voulez entrer, ce superflu
devient le nécessaire; el combien votre esprit peut gagner
à élargir ici la sphère de ses idées, à sortir de lui-même et
de son métier, et à voir les choses sous une perspective
plus large. Est-il donc inutile d'échapper par intervalles
aux préoccupations vulgaires et aux intérêts mesquins de
la vie, pour venir respirer un instant dans les sérieuses
régions de la vérité et de l’art, et s’enfretenir avec ces
grandes âmes et ces beaux génies du passé, qui nous ont
— 59 —
|
laissé dans leurs œuvres immortelles la pure moelle de
leurs pensées et la flamme
de leur cœur?
Non, la rosée,
qui après un jour brülant descend sur les plantes altérées,
n'est pas plus salutaire et plus rafraîchissante que ce commerce journalier avec les grands esprits de tous les temps.
— Est-il donc inutile en outre, d’avoir appris à connaître
dans l'étude des littératures étrangères le génie des autres
peuples? Est-ce inutile, d’avoir vu comment les lois des
nations, immuables dans certains principes, se modifient
dans leurs applications selon les mœurs, le caractère, et
les institutions politiques et religieuses de chacune d’elles?
Est-il donc inutile, surtout de nos jours, d’avoir prémuni
son âme par les doctrines d’un noble spiritualisme, qui
nous éclaire dans les obscurités de la vie, nous soutienne
dans ses défaillances, nous fortifie dans
les luttes qui
l’attendent? Mais en outre de quelle lumière, jeunes gens,
la philosophie n'illumine-t-elle pas vos études de Droit,
en vous ramenant aux principes éternels d’où toute loi
découle? Et vous, jeunes médecins, quand vous scrutez les
mystères de l'organisme, combien n’avez-vous pas souvent
besoin, pour ne pas vous y égarer, qu’une science appro-
fondie de l’âme vous explique mille phénomènes, dont la
plus savante physiologie ne saurait rendre compte? Et l’histoire à son tour, quel concours ne prêle-t-elle pas à cette
éducation morale par les lettres? Nous ne savons plus suffisamment ce long passé du genre humain, qui nous intéresse, et qui peut tant servir à nous expliquer le présent.
Le monde en effet, est le théâtre d’un Drame immense, où
chacune des générations qui se succèdent est appelée à
jouer un rôle à son tour. Ïl y a longtemps que la pièce est
commencée. Au moment d’entrer en scène, pouvons-nous
æ
HE —
.
la ‘comprèndre, et y faire convénäblèment notré person
nage,si l'histoire, coinme un progrämime dû Dränié, nè
nous met au courant des péripéties antérièures? .
Voilà, Messieurs; sommairement ce complément, que
vous dèvéz venir
chercher
ici, d’une éducation libérale.
C’est dans ce commerce prolongé des Lettres, que l'on
devient ce qu’au XVII siècle on appelait un honnûte
hofime et un galant hômme, c’est-à-dire, un esprit ouvert à toutes les idées, un cœur à tous les nobles senti-
ments. Voyez les hommes,
à qui cettè culture par Res
Léttresa manqué, quekqu'e soït leur mérite personnel, que
de lacünes dans leur intelligence et surtout dans leur ämié?
Sans lés Létires, et cette élévation qu’elles cominuniquent
à l'esprit, le plus instruit même d’ailleurs n'est guère:
qu'un manœuvre. Enfermé dans ses études spéciales,
ne voit rien, ne comprend rien au delà. Avec
commerce.
Lui-même, aux moments
lui, nul
de loisir, a peur dè
se rencontrer avec soi, tant il se trouve sot ét ennuyeux.
Et quand arrivent lés heures du déclin, Fâge de la ré-
traite, que Dieu parfois nous réserve pour vivre enfin
avec noùs-mêmes, il n’en sait pas l’emploi; il ne connaît
pas les doux entretiens des Muses. Il n'échappe à l’ennui
dé sa vie maussade et vide, qu’en s’abrutissant.
E.
EXAMENS.
Mais alors, me direz-vous, si l'éducation littéraire de
nos jeunes gens ne les a pas assez préparés à goûter l’en-
—
Bk —
seignement supérieur, pourquoi, vous, chargés de veiller
aux portes du Baccalauréat, qui sépare les deux périodes
des études, pourquoi leur ouvrir ces portes si aisément?
Pourquoi? Parce qu’il faut bien s’accommoder aux temps,
aux dispositions des esprits, à l’état général des études,
à la nature des examens, à la préparation des candidats.
. Baccalauréat ès Lettres. En général l'examen du Baccalauréat ès Leitres ne s'élève guères au-dessus d’une honnête
médiocrité. Comme la discipline militaire, le régime actuel de nos études forme plutôt des corps de troupes
solides ‘que des
héros;
il est vraiment démocratique. Je
n'ai rien à dire des Examens de cette année, que je n’aie
déjà maintes fois répété. Les Compositions manquent de
maturité et de réflexion. En dehors de certains moules du
Conciones, la plupart de nos Candidats sont muets, ou ne
savent plus que paraphraser les lieux communs les plus
vulgaires, L'Epreuve orale, non plus, n’est guères brillante;
* nos jeunes gens ont peu lu, et s'efforcent d'y suppléer par
quelque notice superficielle empruntée au Manuel. Si le
Concours Académique ne nous avait pas offert une excel-
lente Composition
d'histoire, nous croirions pareillement
que l’histoire et surtout l’histoire ancienne ne garde pas
dans les études de nos Colléges la place qui lui appartient.
Le résultat des épreuves cependant
(grâce à une nouvelle
supputation des points) a donné à peu près les mêmes
chiffres que les années précédentes.
Sur 338 Candidats, qui se sont présentés dans le cours
de l’année classique, 198 ont été admis à l'épreuve orale
(c'est-à-dire
58 pour 400);
et
183
ont obtenu
leur di-
plôme de Bachelier ès Lettres (c’est-à-dire 54 pour 100).
.
—
55
—
.
| Dans <enombre ‘3. Candidats seulement ont dé. reçus
avec la mention Très-bien.
Cesont:
MM.
|
Do
Leuercer-Mousseaux
ou
|
eo
de
HiRTzMANN
|
GERDOLLE
. 82 ont obtenu la Mention Bien. E
83 la Mention Assez-bien. |
Et 65 l’humble note Passablement.
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15 | 155 À 5
CL
52 | 83 |.65 l185
Si ce résultat ne nous donne pas encore le droit d'être
fiers, hâtons-nous d'ajouter cependant, ‘que. nous ayons
| souvent éprouvé,
que nos jeunes gens valaient mieux que
—
56
—
leurs Examens. Le Concours Académique, sans répondre
encore à toutes nos espérances, à exeilé une grande ému-
lation et porté déjà, surtout en philosophie
, en histoire,
en version et en thême
Nous
Latins des. fruits assez heureux.
attendons beaucoup de cette institution, qui, au lieu
de borner l’ambilion des meilleurs élèves au Baccalauréat,
relève leurs regards et leur cœur vers une
palme.
plus noble
Licence. La Licence, non plus, n'a pas rempli toutes ses.
promesses. Le Ministre, en établissant au Lycée de Nancy
un
certain nombre
de Maîtres
auxiliaires,
auxquels
il
laissait presque tout leur temps pour se préparer à la Licence, était en droit d'attendre d'eux plus de zèle à profiter
de son bienfait. Chez les uns trop peu de: constance; les. incertitudes d’une vocation hésitante chez les autres; les
séductions du loisir peut-être ; enfin notre dispositionà
à frop compter sur leur bonne volonté et à nous abstenir
de toute contrainte à leur égard, tout cela a fait, qu'ainsi
qué dans la Parabole du Semeur, la récolte au jour de la
moisson a été assez chétive.
L'expérience du moins nous
profitera; et j'aime à croire que les jeunes gens, qui ont
sollicité pour cette année avec tant d’ardeur ces places de
Maîtres auxiliaires, comprendront aussi cette leçon.
Six Candidats se sont présentés à la Session: de Novembre, et six à celle de Juillet. En novembre, nous n’avons
pu conférer le grade de Licencié qu’à MM. Vautrin et
Bourguignon. Le premier, qui avait manqué l'entrée de
l’Ecole Normale, s’est vengé à la Licence de l’aveugle fortune; et par la solidité de son instruction, non moins que
par la fértilité de son esprit et son élocution nette et sin
_
BE
—
cère, il a prouvé combien il était digne d'entrer dans
l'Université. M. Bourguignon, qui avait consacré sa jeu-
niesse aux devoirs de la piété filiale, devait aussi nous revenir, quoique tardivement, rameñé par une irrésistible
vocation: C’est un vrai classique, d’un esprit méthodique
et d’une parole magistrale. — La Session de Juillet a été
plus brillante. Quatre Candidats ont été admis. Au premier
rang, M, Prerson de Nancy,
un esprit heureux et aimable,
que l’Université est charmée d'enlever à la littérature facile, et de fixer désormais dans les études sérieuses et les
graves
devoirs du Professorat.
— Après lui, M.
lPabbé
IHyver, avecsa littérature variée, la justesse de son esprit,
son
goût cultivé,
sa parole délicate et nette, et la chaleur .
de son âme, a fait honneur à la fois à FEcole des Carmes,
dont ilest 1 Félèes et au Petit-Séminaire de Pont-à-Mous-
brillants que les précédents, M. Paquir, alors Régent au
Collége de Neufchâteau, aujourd'hui à Mirecourt, et
M. Grosse de Thionville ont dignement répondu à Fespé-
rance, que depuis longtemps leur travail nous avait fait
concevoir, et promettent à FUniversité des Maîtres aussi
dévoués qu’instruits.
IE.
ENSEIGNEMENT.
Selon mon usage; je veux ici moins vous rendre compte
de nos Cours.de l’an dernier,
que vous exposer sommai-
_—
58
—
rement l’objet de notre enseignement pour l’année prochaine.
Plilosophie. M. de Margerie vous retraçait l’an dernier
le réveil
de
la
Philosophie
spiritualiste
au
début
du
XIX° siècle et ses vicissitudes. — Après les déplorables
excès des doctrines sensualistes au XVII siècle, le spiritualisme renaissait enfin, en même temps que les esprits
étaient ramenés par un besoin mélancolique de croire vers
le Christianisme. Puis bientôt vous avez vu l’École éclectique s'emparer de la direction de ce mouvement philosophique; École pleine d'espérance à son début, mais à
laquelle il a manqué pour durer d’aller jusqu’au bout de
Ja raison, c’est-à-dire jusqu’à la foi. Aussi le rationalisme
trop étroit de cette École n’a-t-il pas tardé à être battu en
brèche de toutes parts par ces systèmes absolus et négatifs,
dont le relour sinistre n’alarme que trop justement notre
époque troublée. — De cette expérience le Professeur
était en droit de conclure, que, de nos jours, comme dans
tous les temps, la vraie philosophie ne saurait trouver
d’assiette solide, qu’en céntractant avec le Christianisme
une alliance intime, qui protège la raison contre ses propres écarts, tout en la maintenant dans la plénitude
légitime de ses droits.
Cette année, ramené par le Règlement à la Psychologie,
M. de Margerie
étudiera la nature humaine,
telle qu’elle
se révèle à nous par l'observation intérieure. Rien de plus
difficile sans doute, mais aussi rien de plus utile que cette
science de nous-mêmes. Après en avoir posé les règles,
ce Maître si pénétrant et si délicat analysera successive-
ment toutes nos facultés dans leurs opérations les plus
complexes.
Là encore il va retrouver devant lui les doc-
_
_—
#9
—
trines négatives du matérialisme contemporain,
mais pour
en combaltre les fünestes sophismes, et pour raffermir
dans nos âmes Ja foi à la raison et à la liberté, c’est-à-dire,
la foi aux principes éternels du vrai, du bien, du beau;
la foi au devoir et à la responsabilité morale; la foi à
l'action de Dieu sur les âmes et au but divin de la vie.
Car les études psychologiques sont la base essentielle de
toutes les sciences morales : et selon l'esprit qui les dirige,
elles prêtent le plus solide appui à toutes les vérités, ou
bien elles vont à ruiner les fondements de tout principe
et de toute croyance.
|
Histoire. M. Lacroix nous retraçait, l’an dernier,
tructive leçon des événements
l’ins-
qui avaient précipité la
décadence de la Grèce, et l'avaient amenée,
vaincue par
la corruption de ses mœurs encore plus que par les armes,
à subir la domination romaine.
Cette année, il se propose de vous transporter au cœur
du
Moyen-Age,
et de
vous
raconter
en
particulier
le
XIE siècle, si grand dans l'histoire du monde et surtout
dans celle de la France. Aujourd’hui, en effet, ce siècle de
Saint Louis et d'innocent HiE, longtemps méconnu, apparaît dans une splendeur de plus en plus vive, et attire la
curiosité des esprits autant par ses actes que par ses pro-
ductions littéraires. Car c’est là surtout que le monde du
Moyen-Age s'achève, et que le monde moderne commence
à poindre. La lutte prolongée entre Frédéric Barberousse
et le Saint-Siége occupera dans le tableau de M. Lacroix
le devant de la scène. Au milieu de la fermentation générale d’une société en travail de transformation, vous verrez
déjà s’agiter les questions religieuses et politiques, qui
——
6Ù
—
vont tenir longtemps le monde en suspens. En même
temps qu’elle défend la doctrine dont elle est dépositaire
éontre les hérésies renaissantes, et contre des philosophies
séparées et négatives, l’Église, appuyée sur l'opinion,
lutte avec une indomptable énergie contre les prétentions .
de Frédéric, qui, en qualité d’héritier des Césars, aspirè à
ja domination universelle, et songe à remplacer la papauté dans sa grande hégémonie spirituelle et temporelle
sur toutes les nations de la république Chrétienne. Le
duel sera terrible. Mais c’est qu’il s’agit aussi pour l'Église
de sauver, avec l'indépendance des peuples, la liberté dés
consciences. L'Église sortira de ce combat victorieuse à la
fois et blessée; et dès Ja fin du siècle, elle verra décliner
cet empire, qu’elle avait exercé si longtemps sur les
affaires de la Chrétienté. — Pour vous reposer du spectacle de ces orages, le Professeur aimera par intervalles à
revenir auprès de Saint Louis. Ce ne sera pas le moindre
intérêt de ce drame saisissant, que d’y suivre le rôle de la
France et l'attitude de son Roi, dont la vénération univer-
selle fait alors l'arbitre du monde. M. Lacroix dira toutes
les grandes choses faites sous le règne de ce prince, qui a
trouvé le génie dans la sainteté, et aécompli tant d'œuvres
fécondes et glorieuses, en cherchant à réaliser sur la terre
le règne de Dieu. La politique s’est rencontrée alors avec
la justice et la vérité; et, à la gloire de la religion, jamais
elle n’obtint uñ plus complet succès.
Littérature Française. Tel est l'attrait de ce grand
XIIF siècle, qu'après l'avoir pris moi-même pour sujet de
Cours l’an dernier, je ne puis m’en détacher. J'avais entrepris de retracer le mouveinent des esprits et Phistoire
._
—
fi
—
des Lettres en France à cette époque; mais. c’est à peine
si. j'ai pu remplir la moilié de ma tâche. Aussi ai-je
demandé l’autorisation de poursuivre cette année ‘cette
carrière interrompue; et j'aime à croire que ceux d’entre
vous qui m'ont suivi dans mon exploration à travers cette
curieuse et féconde époque, seront heureux avec moi
revenir.
Littérature
Ancienne.
M.
E. Burnouf,
d’y
l'an- dernier,
traitait de la Tragédie Grecque au temps de Périclès; et,
après en avoir recherché les éléments primitifs, et Les lois
essentielles, il essayait d'en retracer le type idéal, tel que
l'avaient rêvé les Athéniens, et tel que leurs poëtes s’étaient efforcés de le réaliser dans leurs œuvres les plus
parfaites. — Pendant le premier semestre de cette année,
il se propose de faire sur la Comédie Grecque une étude
analogue. Après avoir signalé les circonstances où celte
Comédie est née, et qui ont influé sur son développement,
- iFs’appliquera à déterminer aussi les règles de sa compo-
_ sition idéale, son canon parfait, comme disaient les Grecs ;
et s’attachera après cela à suivre les variations apportées à
ce modèle dans les diverses pièces d’Aristophane et de ses
contemporains. — C'est ensuite dans les pièces Latines
imitées du Grec par Plaute et Térence, que le Professeur
compte poursuivre celte histoire de la Comédie Athé-
nienne à travers les métamorphoses successives, que lui
imposèrent les révolutions de la liberté politique.
Littérature Étrangère. M.
Émile
Chasles,
l'an der-
nier vous expliquait Dante, avec quelle érudition et
quelle lumière? vous le savez. -— Selon sa méthode
_—
habituelle,
poür
62
commenter
—
l’œuvre
du grand
poëte,
il la replaçait au milieu des conditions historiques où
elle s'était produite. Au terme du XIE siècle si brillant
à la surface, mais si travaillé au dedans par l’enfantement
du monde moderne, vous avez vu apparaître au sein de
l'Italie déchirée ce sombre prophète de l'avenir, apostrophant tourà tour de sa parole enflammée le pays qu’il
aime, la papauté qu’il révère, Florence qu’il a gouvernée,
et, avec un mélange extraordinaire de malédiction et d’amour, prédisant à son pays les destinées orageuses, qui
pendant cinq cents ans seront celles de l’Halie, Soit que le
Professeur vous montrât dans les sombres parties de la
Divine Comédie le reflet des événements et l'écho des
passions contemporaines, soit au contraire qu'il vous ravit
avec le sublime rèveur aux régions de la splendeur éter-
nelle, vous admiriez, avec l'étendue de ses connaissances
égaleà son vaste sujet, la variété de son talent, l'heureuse
souplesse et le mouvement de sa parole.
… En vérité c’est un noble héritage, que recueille aujourd’hui M. Gebhart. Mais tout jeune que soit le suppléant
de M. Chasles, il a déjà justifié la prédilection du Ministre
par les titres les plus honorables. Pour son Cours de cette
année, M. Gebhart n’a pas cru pouvoir mieux faire, que de
reprendre en partie les traces de son devancier. M. Chasles
n'avait pu compléter son étude de la Renaissance poétique en Italie au XIV* et au XV? siècles. M. Gebhart se
propose d'étendre et d’achever ce tableau, mais en
se plaçant à un nouveau point de vue : car il veut embrasser dans un même regard l'histoire des Lettres et des
Beaux-Arts
en
Italie,
et commenter
tout
d’abord,
par
exemple, avec l’œuvre de Dante les fresques puissantes de
—
63
—
Cimabüe, d'Orcagna, de Giotto, et les marbres des sculpteurs Pisans. Après avoir établi dès le début de son Cours
cette communauté d'inspiration entre la poésie, la peinture et la statuaire Italiennes et leur influence réciproque,
il poursuivra celte histoire parallèle à travers les siècles
suivants, ramenant sous un même rayon, avec les Journées
de Boccace ou les vers de Guido Cavalcanti les peintures
de Donatello : Raphaël et Corrège à côté de lArioste et du
Tasse. L'objet de ces rapprochements pour M. Gebhart
sera surtout de glorifier le génie de ce peuple Italien
si heureusement doné pour les Beaux-Arts, et de montrer
dans quelle admirable harmonie ses artistes de la Renaissance ont su marier ensemble, avec l'inspiration personnelle, la tradition de l’art antique et le sentiment moral et
religieux du Christianisme. — Grâce à ses études particulières, le jeune voyageur, en vous entretenant de l'Italie,
peut encore être entièrement neuf dans une carrière
maintes fois déjà parcourue par ses prédécesseurs. L'Italie
en effet est pour lui comme une autre patrie. I la sait si
bien, il en a si bien goûté les œuvres, admiré la nature,
respiré l'âme, que ce sera plaisir de le suivre tout d’abord
en-un tel sujet, qui est la vocation dominante de son
esprit et de son cœur.
_—
64
—
UL.
PurticaTions.
Nous n'avons pu, vousle savez, répondre à l'appel du
Ministre, alors qu’il nous invitaità répandre notre enseignement dans les villes: voisines qui nous y convieraient.
Pour plusieurs d’entre nous, le labeur
ordinaire excédait
déjà nos forces; d’autres étaient engagés dans des travaux
_considérables. Certes on a pu voir,
dans le cours de celte
‘ année, de quelle façon les Professeurs de notre Faculté:
emploient les loisirs, que leur peut laisser l’enseignement.
La moisson a été généreuse. Tous y ont apporté leur gerbe.
Je ne parle pas de mon
ÆEfude sur Chäteaubriand,
qui a
paru annotée au commencement de Fannée. Mais j'ai le
droit d'être fier de tant d'œuvres excellentes, par lesquelles mes Collègues ont si justement attiré l’attention
du monde savant sur notre Faculté des Lettres, et montré
-combien la Province peut être favorable par son recueille
ment aux œuvres sérieuses ct müries.
.
C'est d'abord M. Burnouf,
qui, après avoir enfin ter-
miné son Dictionnaire de la Langue sanskrite, si savant
sous une forme si simple, écrivait dans la Revue des Deux
Mondes ses deux articles tant remarqués sur la science des
Religions. On peut à ce sujet différer d'opinion avec l’auteur; ainsi on ne lui accordera pas volontiers que les Religions ne soient qu’un produit naturel du cœur de l’homme,
qui, aspirant à l’idéal, et voulant contempler l'infini, le
um
‘65 —
réaliseà sa manière, et lui donne.une forme variable se
lon.le génie des: différentes races. Mais on admirera. la
-puissante-sagacité de son. esprit, l'étendue: de ses recher.ches; et ‘par-dessus tout la sincérité de son. intention.
Quant à moi,.je. ne suis pas .de ceux qui.ont peur de Ja
science ;.je me fie à. la Providence divine età la destinée
humaine, bien assuré d'avance, que, quels que, puissent
être les résultats de Ia critique, la vérité du Christianisme
_ne.pourra qu'en sortir plus éclatante et'plus victorieuse.
-$i cependant, dans les questions.d’histoire religieuse, on
n'accepte pas toutes les conclusions actuelles de M: Bur-
nouf,.en. revanche on le suit avec. une -confiance absolue,
quand:il ne s’agit plus que d'étudier l'Asie, et son génie et
ses évolutions religieuses; l'Asie, qui jusqu'à présent était
pour nous un mystère, et dont la science nous
a - révélé
-seulement d'hier le passé antique et vénérable, L'Asie, en
effet, avait pu être forcée par les, armes des puissances
Européennes, mais non entamée jusqu'ici par, leur civii_sation. C'est un tout autre monde, qu il. faut, connaître
d’abord, pour.avoir prise sur lui. Or personne peut-être
en Europe n’en sait mieux que M. Burnouf la: pensée
time, les traditions, les mœurs, les préjugés. Le pass: Ju
. en a révélé le. présent, On a vu, il ya
six mois; -dans. un
nouvel article de la. Revue, avec quelle « sûre pénétration il
. éterminait les conditions jusqu'alors méconnues, qui
seules rendaient possible la conquête morale de l'Asie. :
._ Toutautre est l'esprit, qui a inspiré à .MM. Lacroix et
de Margerie. les deux grands ouvrages qu’ils viennent de
. publier, le premier sur la. Philosophie de l'histoire, et. le.
sécond sur J’Zdée de Dieu. _Philosophes spiritualistes. et
chrétiens tous. deux, et tous deux inquiets des progrès de
5
— 66
—
ce panthéisme et de cette critique négative, qui de: nos
jours travaillent
sans relâche à chasser Dieu du monde et
‘dü cœur de l’homme, ils ont voulu, l’un, rétablir la
science de Dieu dans ses vérités essentielles et fondamen-
tales; l'autre, montrer au milieu des événements de l’his-
toire l'actionà la fois mystérieuse et éclatante de cette
Providence divine, qu'un fatalisme
aveugle
en voudrâit
écarter en vain.
‘
En lisant le Livre de M. de Margerie, on se sent heureux en vérité d'échapper à ces vapeurs malsaines, dont la
sophistique contemporaine obscureit nos yeux, pour ren-
trer dans le bon sens et la vérité; et de voir se renouer
d’une façon si lumineuse cette chaîne des vérités éternelles, dont le dernier anneau se rattache au trône même
. de Dieu. Pour démontrer ce Dieu personnel, créateur,
distinct de son œuvre et veillant sur le monde sorti de ses
mains avec une Providence paternelle; pour en signaler
les attributs suprêmes, mais surtout
pour
déterminer le
‘rôle assigné par lui à l’homme dans le plan de sa création,
les seules lumières de la raison auraient suffi à M. de Mar“gerie. Mais la raison n’a toute sa forceet sa sécurité, que
‘dans son accord avec la foi. La raison entrevoit sans doute
les vérités divines; mais, pour
‘leur plénitude et les affirmer
elle a besoin des clartés d'en
du Livre de M. de Margerie,
les plus remarquables, qu’ait
engagée entre
les embrasser
dans
toute
avec une autorité souveraine, .
haut. — Voilà la conclusion
l’un des ouvrages assurément
suscités la lutte actuellement
la philosophie spiritualiste et les systèmes
matérialistes. Aussi sa fortune est-elle assurée. La seconde
Édition vient de paraître. Tous les esprits sérieux Pont
voulu
lire : mäis particulièrement toutes les âmes obsé-
— 67 — .
dées par les grands et redoutables problèmes qui troublent
notre-siècley viennent respirer .la lumière. et la paix.
‘A
l'ascéndant
d’un raisonnement qui vous saisit et vous en-
traîne victorieusement, l’écrivain, j'allais
dire l’orateur,
joint je ne sais quelle
chaleur
intime, qui. pénètre tout
l'ouvrage; on sent palpiter son âme à travers ces: pages
éloquentes. On reconnaît à cette flamme que cela a été:un
Cours, avant d’être un Livre. Pour vous, Méssieurs, vous
ne l'aviez pas oublié.
:
_—
Tel.est aussi le caractère du Livre de M. Lacroix, qui à
pour titre Dix Années d'Enseignement à la Faculté de
Nancy. Chaque année M. Lacroix a, vous
le savez, l’habi-
tude d’inaugurer son Cours par un Discours d'ouverture,
où, se plaçant au sommet du sujet qu’il se propose de trai-
ter, il établit, en en indiquant les événements dominants,
les principes et les lois morales, qui
semblent en
avoir
gouverné Je cours. C’est ainsi que, .dans l’espace de dix
années, il a pu embrasser les principales questions de l'his{oire. du monde, et en faire sortir une philosophie de
l’histoire. Ces discours ordonnés et réunis composent un
.corps complet de doctrine, Ouvre opportune, s’il en fut!
Car, dans les grandes œuvres historiques de notre siècle,
on peut regrelter trop généralement, que, pour en -éclairer les faits et en tirer l’enseignement, il y. manque l’idée
religieuse ét morale. Une philosophie de Fhistoire, qui ne
voit rien au delà de la nature et de l’homme, et qui professe qu’en dehors des lois de l’une et de la liberté’
de
l'autre il n’y a rien, dont la science doive tenir compte,
ne peut aboutir en effet qu'à des conclusions incomplètes et erronnées. — L'homme s'agite et Dieu le mène,
a-t-on dit. Convaincu donc que le monde moral a
—
3
—
|
coriné le monde physique ‘ses ‘lois immuables, M. La
croix, au fond de ces grands spectacles ‘de T'histoïife,
recherche quelles sont ces lois morales, par lesquelles la
Providence gouverne les destinées dés nations, lois suprê-
mes, qui ne contraignent-pas sansdoutela liberté‘ humaine,
mais que lés peuples et les hommes ne sauraient enfreindre, sansen-éxpier la-violation :par des catastrophes.
En‘disciple de:saint Augustin et de Bossuet, c’est à la philosophie chrétienne, que M. Lacroix s'adresse, pour con:
naître.ces lois mystérieuses, qui président ainsi à la fortune des ‘nations et aux wvicissitudés des “empires; et ‘il en
poursuit la vérification, ‘en l’appliquarità tous les grands
faits de l’histoire ancienne et moderne.
A-cette revue des travaux de notre Faculté, j'äi le plaisir d'ajouterle Livre-que M. Chasles publie en ce moment
sur da Vie et les Œuvres de Cervantès. Cet ouvrage, ‘vous
le-connaissez en partie avant de lavoir lu ; car vous l'avez
-enténdu."il.a été professé ici à:la suite d'un pèlerinage que
M. Chasles venait de faire en Espagne pour -en recueillir
les matériaux. Le Professeur s’est proposé de nous mon'trér'que l’auteur de Don Quixotte n'était pas seulement un
admirable-esprit, mais un noble:caractère ‘et un cœur'héroique; et .ceite biographie nouvelle en vérité nous en“chänte, ennous révélant tout ce qu’il y-aväit de grandes
vues, de:généreux patriotisme et de vaillance dans ce génie
satirique, qui nous a laissé une si amusante mais en même
temps’si profonde parodie du-monde chevaleresque.
Dans ces œuvres si:diverses, éclate. non-seulement Pactivité féconde de notreFaculté, mais encore la liberté de
pénsée, “qui nous.permetà chacun toute l'originalité de
:nôtre’esprit. Animés tous d’une émulation ‘commune pour
!
_.
——
69
—
.
Ja science et la vérité, nous avons cependant chacun notre |
_allure et suivons notre
vole, Tandis que les uns croient
pouvoir demander compte de tout à la seule raison, les
autres cherchent le vrai dans l'art et dans la vie-à Îa Jumière du Christianisme. Cette liberté, contenue (bien entendu) dans de discrètes limites par la sagesse de chacun,
“est le privilége
et la vertu de l’enseignement supérieur,
destiné de sa nature à provoquer la pensée. Chacun de
nous dônc suit l'indépendance de son esptit et les convic-
tions de son âme. Et vous, Messieurs, dans notre sage et |
sérieuse province, vous nous rendez cette liberté facile, par
la sympathie avec laquelle vous accueillez toute pensée
loyale et toute parole sincère. La franchise accordée à l’un
atteste-et assure celle des autres. La divergence d’ailleurs,
qui peut exisler entre nous sur plusieurs points, n'empêche
nullement, on le sait, ni l'harmonie des esprits ni la fraternité des âmes. C’est l’ordre dans la liberté, Cette sincère
originalité de la parole est à la fois l’ honneur del auditoire |
_et la force du Professeur.
AL Ed. SIMONIN
DIRÉCTEUR
DE
L'ÉCOLE
DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE,
Monsieur LE RECTEUR,
MessŒuRSs,
h
L'heureuse réunion à Nancy des principaux établissements d'instruction supérieure en portant, désormais, à
quatre le nombre des comptes rendus relatifs à chaque
exercice scolaire impose aux rapporteurs le devoir de la
briéveté; j'aborderai donc immédiatement mon sujet:
- Qu'il me’soit, toutefois, permis auparavant d'adresser
—
1
—
à M. Dunoyer, notre ancien Recteur, un témoignage offi-
ciel de la respectueuse affection de l'Ecole et de saluer
avec joie le retour à Naney d’un chef dont, il y a quinze
ans, déjà, j'ai éprouvé
la bienveillance, au début de mon
administration et lorsque l'Ecole de Médecine, restée seule
des anciennes Facultés lorraines, conservait, seule aussi,
dans notre contrée la tradition d’un enseignement supé-
rieur.
h
‘La dernière année scoläite. a été, Méssieurs, marquée
par plusieurs faits à la fois importants et heureux. L’un
des plus considérables conceïne le nombre des Etudiants
et surtout les conditions dans lesquelles ces jeunes gens se
trouvaient sous le rappôrt dé leur inistruction littéraire et
scientifique au:moment où ils entraient dans la carrière de
la médecine ou dans celle de la pharmacie.
La courbe
descendante, signalée, plusieurs fois, dans le nombre
des
Etudiants à Nancy et qui, depuis douze années, s’abais-
sait du chiffre de 75 à celui de 38, paraît s'être arrêtée,
. car, Pan passé, l'Ecole a compté 50 Etudiants et 8 au-
diteurs bénévoles inscrits (1). Dans la période qui vient
d’être citée, l'Ecole a toujours gardé son rang distingué
‘parmi
les établissements. de: même
ordre; fait qui,à
défaut d’autres renseignements, eût démontré que le
recrutement pour la médecine civile et pour la pharmacie
avait éprouyé un ralentissement marqué dans toute la
France, et ce fait qui a ses explications
manifestes. menña-
-çait d'accroître sur. bien des points l'insuffisance inquié<
tante constatée dans.le nombre des, praticiens, pendant
les années même où.aucune Spitttnie sérieuse
naçait le pays.
ou
je
ne meoi
Mais ce-n’est passeulement ssur ce retour à. un. chiffre de
=
7ÿ
=
médecins plas en rapport aveé lés' besoiris des popülations:
qu'il éotivient d'insistér et Iés coriditions d’étades préalas
bles dâns lesquélles se trouvaient lés -Eltidiants sént, :au'
moins; AUS intéréssantes & signaler
Lés hetréusés modi.
cations réglentntarés aie ot pieseri aux Étudiants qui
ës Letttes, suivi peu apte dés épréuves. di bitéaläiibat à ès
Sciences restreint, avdit, peidant plusieurs anriées, réñidu
l'accès.
de la’ carrière médicale bien diffiéile 4ux jéuñes
gens qui, duparavatt, se présentaient avéc le titre-seul ‘de
bachelier ès Sciences. Aujourd’hui ces difficultés paraissent
sinon vaincues, du moins surmontéés en partie. Les trois:
quarts des Etudiaiis, inscrits én nôvembre 1864,-se S6nt
présentés avec le diplômié de bachelier ès Lettres;
et plus
de
la moitié d’entre eux sé trouvaient déjà pourvus dudiplôme
de bachelier ès Sciénées cornplet, où restreint. Les prô
fesseurs de l'Ecole éprouvent donc la satisfaction de: voir
bientôt atteint, dé noûveau, lé noble but assigiié aux effotts
_ des médecins, lorsque M. Roullañd preéérivait ‘aux Etui
diants én Médésine le rétour aux études littéräires. à Ce:
» sôtit; disait alors le Ministre de linstructio® Publique;
» «ces études qui dénnènt au goût, au-cœur et à l’esprit-les
», tendances les plus délicates ét:les impréssions les plus
» heureuses. Le médecin attaché à dés’ travaux infinis,
» consulté dans toutes les classes de Ha société; : por tous
». les maux qui afféctent le:corps ët l'intelligence, ‘obligé. à
» tant de disceriement et d’äction morale, ‘doit être; -&vant
» tout, préparé à l’apprehtissage scientifique pat une ins
» truction Httéraire complète. En négligeant les humianités
» ilnéglige un élément: indispensable pour lui, il écarte
» un moyen de succès et d'influence et il éréé, peutétré;
Th
—
». un véritable. obstacle à l'autorité comme au progrès de,
» l'art qu'il exerce. » J'ai reproduit. ces belles considérations parce qu'elles paraissent
des. axiomes aûx. professeurs de l'Ecole et. que tous:ont vu, avec bonheur, ce.
retour. .complet à l'Etude d’une sage philosophie
:et à:
celle de l'antiquité par l'intermédiaire
de ces langues
mortes qui doivent, de nouveau, être considérées comme
immortelles, Cette préparation antérieureà l’entrée dans.
la carrière ne.s’est point bornée aux Etudiants en Médecine;
elle a été constatée aussi chez les Etudiants en Pharmacie.
Depuis bien des annéesil n’était
plus question d'inscriptions.
en-vue du titre de pharmacien de première classe qui né
cessite le ‘diplôme de bachelier ès Sciences complet. En:
4864-65-plus du tiers.des nouveaux
Etudiants en phar-.
macie . présentait ce diplôme et nous espérons à raison
même des faits actuels que ce retour aux fortes. études ne.
sera point éphémère.
‘
La réunion des circonstances
favorables dont
1 vient.
d’être question et qui rappellent les plus beaux jours de.
PÉcole devait.amener-des résultats satisfaisants
et ces ré
sultats.se Sont produits en effet. Le travail a fait fructifier.
l’assiduité, et la régularité des cours; traditionnelle à Nancy,
a été rendue plus agréable aux professeurs par les qualités.
solides de cette jeunesse si bien préparée à.ces études. Les
cours suivis, par elle, en 1864-65, ont été au nombre de.
1323.. De ces leçons 157 ont été données par ia Faculté
des Sciences. À l’occasion des cours, l’École doit ses
remerciments à MM. Blondlot et Demange, qui. pour exposer entièrement leur programme, ont, commme pendant
les années précédentes: fait un grand. nombre de leçons.
supplémentaires.
-
_—
73
—
:: Les matières traitées dans notre enseignement .ont.été
plusieurs. fois l'objet de. considérations diverses:. “depuis
quelques années des programmes, tout en.se perfection
nant, n’ont pas varié beaucoup; ils ont.reçu la plus-complète approbation ministérielle et plusieurs :d’entre eux
ont motivé à leurs auteurs des félicitations de S. Ex. Je ne
m'arrêterai donc pas sur ce sujet, mais si les programmes
dans leur ensemble ne soulèvent aucune question sérieuse,
pour cette année du moins, je ne puis passer sous silence
l'influence exercée, en vue de l'instruction des Étudiants,
par la manière dont le. professorat est compris. Je dois ici
être très-bref, et j’arrête un seul instant, Messieurs, votre
attention.sur les travaux anatomiques. M. Lallement, dont
l'an dernier j’annonçais la nomination, a su-donner à cette
importante partie des études la plus heureuse impulsion,
non-seulement
par une savante direction, mais aussi par
l'introduction d'améliorations de diverses natures. Pinsiste
beaucoup sur ces heureux résultats dans cette partie de
l'enseignement, parce que de jour en jour ils. deviennent
plus difficiles à obtenir. La science médicale multiplie ses:
exigences et un trop grand nombre d'Étudiants ne vont pas
au delà du nécessaire, en vue des examens. Îls acquièrent,
convenablement il est vrai, les connaissances
qui sont.la
. base de la science, mais, depuis longtemps, ils ont perdu le
désir de laisser dans les musées le souvenir de longs.et patients travaux, et ils n'ont
plus Pambition, beaucoup plus
noble, d'accroître
,- par de belles préparations anato-
miques, les facilités de démonstration et d’études. Il y.a
quelques semaines, en contemplant,à Padoue,
le .por-
trait et le buste de Morgagni , Cet immortel investigateur des causes. et du siége. des maladies, et en admirant de
préciètsés préparations anatotñiques, jé sotigéais, ‘avec
régfet; àcés odifications quis’üpérent dans la téaditioit dé
plüsiéurs-parties de nos études et à li disparition dercertainis
eïtrainémients Scientifiques. Et céjeñdänt nul tiè net én
fés
doûté la haülé Valeur de ces préparations. qui rappellent
dé éénatéations1 jourhalières dés COUTS, èn “ficilite Re € ri
tant sans cessé à l'@il lus détails tiaténtiéues 6 éntfevus par
Pésprit, ifais bietôt oubliés quand Péil west pis frappé
d'uné manière pérmaneñte par Paspéct physique des 6b-.
jets: Le regret qué j'éxpiimé affaiblira, peut-être; par
Suite dés circonstances heureuses rappeléés tout à l’heüré
êt pêut-êtré; dussi, à raisoit des modifications qui comirenceñt à rompre: l'uniformité aBsolué quia été, pendant ces
dérhières annéés, éheréhiéé dis l’enseigiemient des Éco:
fes dé médécine, et qui enlevait aux Professeurs céminé
aux Étudiants ñon-séulement l'initiative personnelle, mais
ênicote à possibilité d'ubiliser cérisinés soûrées d'iistirié
Sans doute it é$t indispeñsäble que les études qui
"Sont lt base de l’enseignement médiéal sient partout sern:
bläblés, et l’École de Nancy à récläinié, vivement (2), eëlte
uniféritité dans tous les Étiblissenients d’instruétion médicalé"et phafmiäcéutiqué, ais il-ést à désirer que chaque
éentre, à côié dé cet enseigiernent fondamental, puisse ‘
prodüire les‘résültats qui sont la coriséquéncé
du génie
particulier dé chaquë contrée, des ressources séientifiqués
spéciales à chaque école et parfois même des travaux originaux dé ses professeurs. Cétie idée voilée un instant
réparaît, ain$i que le prouve la variété introduite, récemint, $üit dans le nombre des professeurs des Écoles, soit
dans le ‘nombre des Cours: Narèyÿ possède -des ressourcës
—
7
—
“éxcéplionnelles..
L'an ‘passé jai parlé de ses nombreuses
cliniques, je’ dois aujourd’hui insister sur-les avantages
qu'un certain nombre d'Étudiants, avancés déjà dans:leurs
études, peut-retirer du magnifique établissement de Ma
réville, si habilement dirigéet dont les médecins chefs
de service étendent de jour en jour la-réputation parleurs
travaux. ‘Grâce à cet asile important, les Étudiants de
Nancy ont toujours pris un goût très-vif ponr les études
relatives
à lalrénation mentale, et depuis quârante années
an grand nombre d’entre eux ontsuivi, avec.des fortunes
diverses, a route que notre
eoncitoyen, ke bon:et-savant
Leuret leur avait indiquée d’une manière
-si brillante. À
plusieurs reprises, des cliniques ont été ouvertes
à l'asile et
des cours-ont été failsà nos Étudiants, Je suis heureux de
faire connaître que ces études vont-de nouveau lèur :ètre
-permises et.qu'ils pourront puiser à Maréville, dont tous
les
intérêts seront
entièrement
sauvegardés, les saines
‘traditions dant la France s’honore
à sï bon dreit.. Le
retour. aux études philosophiques fécondera.de nouveau :ces
travaux spéciaux et-les méthodes de Maréville :se-vulga-
riseront de plus en plus, et cette vulgarisation
de saines
doctrines «est bien plus nécessaire qu'on ne le pense gé-
-néralement. En 4861, je proyvoquais votre étonnement,
Messieurs,
‘en vous disant :qu'à celte époque, dans de
splendide palais. des Sforza, devenu à Milan:le grand hôpi-
- tal, javais rencontré ün certain nombre
d’aliénés retenus
par des chaînes, etbien, en 1865, il y a moins d’un mois,
. j€. trouvais éncore à l’hôpital civil de Venise, le même
. mode -de ‘répression. Dans. une salle renfermant des
femmes,
quatre. malades avaient les mains fixées à une
ceinture à d'aide de cadenas;. cinq autges-étaient retenues
—
Fe
—
sur des-siéges par. des liens qui entouraient le corpset-six
‘autres malades étaient attachées à 1eur lit, à l’aide de la
‘eamisole de force. Et. cependant nul bruit ne se faisait
-dans cette salle et chacune de ces aliénées, prétendues
furieuses, rendait un sourire pour. un sourire, et chez
toutes la figure se modifiait d’une manière heureuse, lors
de là pression de la main par une main bienveillante.
* Comme chaque année aux cours ont succédé des
“examens et ils ont démontré, de la manière la plus satisfaisante, l'instruction acquise par les Etudiants
en médecine et en pharmacie (3). Enfin comme couronnement de :
l'année scolaire, des sessions ont été ouvertes, en vue de
-titres professionnels (4). L'Ecole à conféré les certificats
d'aptitude à un candidat pour le titre d’officier de santé, à
8 candidats pharmaciens et à: 23 sages-femmes.
Elle a eu.
‘le regret d'éloigner 1 candidat officier de santé et 3 candidats au titre de pharmacien.
Ces sessions ont eu cette
“année unintérétspécial. M. Jacquemin, professeur à PEcole
- supérieure de. pharmacie de Strasbourg, a présidé l'une
- d'elles, tandis que l’autre était dirigée par M. Denonvilliers,
" Inspecteur général des Etudes médicales. L’appréciation
de
- V'École faite par les Présidents des sessions, en termes cour-
lois et charmants qui ne peuvent être répétés ici, a permis
‘aux professeurs de Nancy de se croire toujours dans la bonne
* voie pour leur enseignement, Ces appréciations favorables
“vous rappeltent, Messieurs, les distinctions honorifiques
adressées par M. le Ministre de l'instruction publiqueà
: MM:
Delcominète,
Xardel
et Poincaré, et la nomination
de l’un dè nos collègues dans l’ordre de la Légion d'Hon-
neur.Les titres de M. Léon Parisot à cette haute récom‘pense ‘étaient nombreux, et la manifestation chaleureuse
du sentiment public dispense de leur énumération.
mm
79
—
À côté des travaux relatifs aux cours de’ l’Ecole; plusieurs professeurs ont apporté leur :concours à:d'autrés
enseignements. M: L. Parisot a continué à la Faculté des
Sciences le cours d'hygiène qu’il ‘professe depuis 12.ans
- déjà; M. Demange a, aussi, donné le même enseignement
- dans les Ecoles de la ville.
os
: Plusieurs de nos collègues-se sont livrés à des travaux
particuliers. Le temps qui nous presse m’interdit, Messieurs, d'ajouter aux faits officiels l’analyse des. travaux
de MM. Blondlot, Demange, Grandjean, Poincaré, Delcominète, Bertin
.et Lallement. Mais si la modestie de mes
collègues me permet de réserver pour le Conseil acadé. mique lanalyse des travaux. publiés par éux et qui concer-
nent, surtout, la chimie, la toxicologie, la physiologie,
l’hygiène, et la pathologie
(5), je ne puis passer
sous
silence la haute sanction que l’Académie impériale de
Médecine a donnée aux œuvres nombreuses et importantes
de M. le Professeur Blondlot, en lui conférant le titre
de membre correspondant de.la savante compagnie à
laquelle le même titre rattache déjà, depuis plus de trente
années, notre Directeur honoraire.
Tel'est; Méssieurs, l’exposé rapide des faits principaux
de l’exercice scolaire écoulé sous l'influence de conditions
organiques qui, depuis bien des années, motivent la demande. de modifications nombreuses et profondes. Depuis
10 ans, le Conseil académique de Nancy s’est constam-
ment associé aux principales réclamations formulées par
Jes Ecoles de Médecine, après une étude préparatoire faite
d’abord dans une assemblée composée des directeurs d’un
grand
nombre
d’Ecoles,
et reprise,
ensuite,
après une
invitation ministérielle, dans tous
les centres d’Instruction
— 280 —
süpérieute. Les
considérations: fondamentales présentées,
cici-même;: d'année
‘en: année , semblent: dévoir passer,
“très-prochainement; du domaine syécülatif dans::le -do«maine des fails, après avoir reçu une ‘sanction. législative.
Ha diseussion de certairis principes-que mon dévoir m'in-posait. chaque année, ne me paraît pas nécessaire: au_jourd’hui,. et l'Ecole-attend, avec une respectueuse: im
_pâtience,:uné législation nouvelle, due à-une heureuse-et
- ferme: initiative.
du Ministre de Plastruction. publique, et
appropriée, de plus-en plus, aux besoins réels des Ecoles
de Médecine, .envue du :perfectionnement de. l'Enseignement qu'elles ont la haute mission de. donner aux: “éta“diants, au.profit de tous. : RAT Ps ct eee IR
_
3 Le nombre dés inscriptions prises pendant 1 l'année scolaire :a êté
es (2)N pe 44, 35, 46, de. Ja Hrochure intitulée : de ; FOrganisation
des. Écoles . préparatoires | de médecine. et de. pharmacie. Nancy,
4860.
“@
Les notes s d'examens de fin & année ont été lès suivantes : ce
|
Extrémement satisfait.
. ... | 3 fois.
| Très- satisfait . poses
ses :
“Bien satisfait « duuss E vs
.
°7 (Satisfait, . 5...
Fe.
: Médiverement satisfait...
‘ ʰ ‘Ajourné.: seu
ses ei
5 |
5
407
7
2
ges:
—
81
—
{4) Les examens de fin d’études ont eu lieu pour les divers crdres de
candidats ainsi qu’il suit :,
|
de
Le ue
3 Candidats officiers de santé sos. ie“ .…
9 réceptions. _
9 Candidats au titre de pliarmacien . rs... 6 réceptions. *
93 Elèves sages-femmes sossssssessess .. . 23réceptions. |
{5) Indication sommaire des travaux particuliers dès professeurs ::
M. Blondiot. 4° Recherches sur le phosphore noir.
Le phosphore cristallisable présente trois modifications relativement à
sa couleur : il peut être blanc, jaune ou noir. Cette dernière variété,
découverte autrefois par Thénard, n’avait pu être reproduite depuis,
de sorte que beaucoup dé chimistes modernes mettaient en doute son
existence, Par de persévérantes recherches, M. Blondlot est parvenu à
retrouver le secret de celte préparation, et les conditions nécessaires
pour qu'elle s’accomplisse. — Il établit d’abord que, éonformément'à
Vopinion de Thénard, pour :passer au noir, le phosphore doit être purifié par plusieurs distillations successives ; mais il a constaté, de plus, ce
qui avait échappé à l'ilustre chimiste, que, pour que ces distillations
soient efficaces, il est nécessaire que, dans l'intervalle de chacune
d’elles, le phosphore soit soumis à linsolation, de manière qu il se
produisè une certaine quantité de phosphore rouge, qui reste dans la
cornue, tandis que le phosphôre qui distille passe d’abord du jaune au
blanc de plus en plus pur.
Îl a en outre constaté une particularité extrêmement remarquäble.
Thénard pensait que, pour passer au noir, le phosphore, après avoir
été fondu, devait'être refroidi subitement, de manière à éprouver une
sorte de trempage. Notre confrère a constaté, au contraire, que, quand,
par des distillations successives, le phosphore a aëquis son dernier degré de blancheur, après qu’il s’est solidifié, et pendant qu’il achève de
se refroidir lentement, tout-à-coup, il passe spontanément au noir.
L'auteur termine l'exposé de ses recherches par une remarque générale: c’est que, puisque le phosphore jaune est reconnu impur, et
que le blane n’est qu’un état transitoire pour arriver au noir, ce dernier, beaucoup plus stable, devrait être considéré, non plus comme une
G
=
82
ue
añomalié, ais, auü contraire, cornmé je: “éritäble ijpe. Cé qi “vièndrait
à l'appui de cette opinion, c’est que l’on trouve quélquefois du” vieux
phosphore abandonnéà lui-même, qui, en se couvrant d’une eroute
rouge, est devenu noir à l'intérieur, comme si, en S ’épurant spoñtané-
ment, il avait subi un changement moléculaire
qui n est
pas sans ana-
logie avec la crisfallisafiôn.
29 Sur la pulvérisation du phosphore.
:
op
On sait que pour diviser le phosphore, il-suffit, ‘après J'avoir e fondu
dans l’eau,
de l’agiter vivement jusqu’à ce qu'il soit refroidi. Un chimiste allemand avait trouvé que. si,.au lieu d’eau, on employait une
dissolution durée, on obtenäit une poudre beaucoup plus fine. En cherchant à à se rendre compte de celle étrange partieularilé, M... Blondlot a
reconnu qu on obtenait le même résultat en employant une dissolution
saline, où même une solution de sucre ou de gomme, ce qui réduit
tout le merveilleux du fait. à uue simple question de densité.
M. Demange, Compte rendu des travaux des Conseils d'hygiène. de
.
la Meurthe. 1864.
M. Grandjean, Discours prononcé à la séance e générale de VAssocia-
tion des médecins de la Meurthe, le 6 août 1865.
M. Poincaré,
-
E tude physiologique sur “de magnétisme animal.
‘ De l’éxamen des faits il résulte pour Pauteur que les procédés magnétiques, en frappant vivement l'imagination des sujets et en les soumettant à une sensation uniforme ef sans césse répétée, arrivent à
produire une. névrose analogue à lhystérie et au somnambulisme natu-
rel. Geite névrose. se traduit par un
état comparable au. sommeil, où
Vexaltation des sens alterne avec l’anésthésie la plus complète, et dans
lequel intelligence rachète souvent l'initiative qu’elle a perdue par. la
perspicacité de ses jugements, la rapidité et la solidité de ses raisonnements et la profondeur de.ses vues. Mais, dans aucune circonstance,
celte surexcitation des ne intellectuelles ne va jusqu'à faire naître
des aptitudes surnaturelles
M, Delcominète. Analyse d’une
artésien, à Pusiné à gaz de Nancy.
eau
o
minérale donnée par
un | püñt
‘
Recherche relative à la présence accidentelle de l'acide nitrique
l’iode du commerce.
dans
D
M. Bertin. Compte rendu des travaux de l'association des médecins
de la Meurthe en 1864-1865.
M. Lallement. 4° En collaboration avec M. le docteur Demange, une
observation de Laryngite diphthéritique remarquable par lPévolution
rémittente des accidents du début, et nécessitant la trachéotomie.
2 Description d’une oblitération de l'acrte abdominale, par compression exercée sur ce vaisseau au-dessus de l’origine du tronc cæliaque par une tumeur squirrheuse de la face postérieure de l’estomac,
suivie de réflexions historiques et pratiques.
Jusqu'à présent, on admettait que l'aorte pouvait être obturée par
la pression d’une tumeur voisine; ce n’était là qu’une hypothèse dont
cette observation vient démontrer la réalité. De plus, les annales de
Ja science ne paraissent pas renfermer un seul cas de compression de
l'aorte par un carcinome gastrique.
3 Note sur un monstre célosomien que l’auteur à déposé dans les
collections de l'Ecole.
M. Edmond Simonin. Æapport sur le service de l’ussistance médicale dans les circonscriptions rurales et sur le service de la vaccine
du département de la Meurthe, pendant l'exercice 1864.
c'RAPPORT
C ONCOURS DE
Buiie
U
co
LA FACULTÉ
“ h DE RANCE
;: (ANNÉE
SCOLAIRE
DE DRoiT
. |
1864-1865)
© PAR M. LOMBARD, PROFESSEUR À LA FACULTÉ.
: Moxsiéur LE Manécuat,
- - MonstieneUR, :
L
Mrs MonsiruR ‘LE Rrcreum, Fe
- Messieurs,
. Au moment où la Faculté de Droit va rouvrir l’ensei-
gnement qu’elle inaugurait l'année dernière, elle rencontre une obligation qu’elle est appeléeà remplir pour la
première
fois. Elle doit un compte public du résultat des
concours où elle appelle, comme à un sérieux apprentis-
—
86 —
sage des travaux virils, l’activité volontaire, le zèle pure-
ment libre de jeunes intelligences. Et je suis heureux, je
l'avoue, de le présenter en son nom à cet auditoire d’élite
qui, j'en suis sûr, prend intérêt à son avenir, à cette ville
et à ces départements dont elle a éprouvé la sympathie, à
tous ceux que touchient les bonnes: aspirations de la jeunesse, enfin à ces jeunes gens qui ont déjà trouvé en eux- .
mêmes la plus pure récompense de leurs travaux, mais
qui en auront une seconde, et bien enviable encore,
dans l'honneur qui ‘leur est-fait aujourd’ hui!
Pour nous, Messieurs, nous ayons un droit que personne
ne viendra nous contester, celui de prendre largement
notre part de la satisfaction qu'inspirent les premiers
-succès de nos élèves. Il me sera permis d'ajouter que dans,
les circonstances ‘actuelles ‘elle doit être plus grande que
jamais. Comme vous tous, nous sentons tout ce que la
jeunesse, par un privilège qui lui est propre, éveille naturellement de bienveillance et de faveur. Sur le point
d'aborder les épreuves de l’homme,
intact
tout le
sur elle,
pour
et ce
prestige
des
elle retient encore
espérances
qui
reposent
charme que Dieu même, sans
seconder le développement de-son œuvre,
doute
atta-
che partout aux promesses.d'avenir dans Ia nature et
dans la vie. C’est le temps de l’ardeur intellectuelle, celui
des fêtes de l'esprit; elle-même est faite pour les goûter,
et je ne sais si l’homme, quand il recueille la moisson
de ses travaux, y trouve un contentement égal à celui des
récompenses qui ont’ horioré sa jeunesse: -Mais, Messieurs,
Si nous sentons tout cela, nous faisons en même temps un
retour sûr nous-mêmes: comment oublier en effet que
notre Faculté a eu ce bonhéut des choses qui commencent,
——
8
—
et qu'elle-a ainsi contracté une lourde dette qu’elle prend
à cœur d’acquitter ? Or,à ses yeux, ce compte rendu, sera
peut-être. un. moyen.de.
plus . de prouver que sa reconnaisSU É
Ÿ
sance n’a point été vaine, Bi ses.efforts absolument. infruc-
lueux.…
Sub
dut
Ro
tn
en
on
Lorsque: la Faculté fut instituée, intérèt d& son avenir
exigeait Ampérieusement que Jes cours des trois années de
licence fussent ouverts en même temps; cette mesure pou-
vait seule assurer À V'Ecole de! Nancy tout le relief qui lui
était dû et toute sa puissance d'attraction. A n’en était pas
moins certain que la troisième et même la seconde année
n auraient d’abord qu’ un nombre d'élèves relativement
restreint ; aucune illusion sur ce point n'était possible.
Aussi dans un premier concours, la Faculté né pouvait attendre que du chiffre normal. de BR première année un
ensemble : de Compositions. qui fût.la mesure des forces de
l'Ecole et le gage de ses futurs succès. Hâtons-nous de dire
.que nos jeunes-é“étudiants ont-bien répondu àà notre attente,
QU. plutôt, Pour: n'être que. justes, qu'ils l'ont de beaucoup
dépassée, mais qu’en même temps| leurs aînés, malgré leur
dufériorité numérique, tous. ont apporté un remarquable
contingent de:travaux, et. ont obtenu des victoires que nous
.nOUs empressons de signaler. ‘
:
Le Concours de la troisième année, institué en 1840 par
l'ordonnance qui créait aussi les, Concours du Doctorat,
présente ce caractère particulier que c’est déjà un véritable
honneur d'y, être, admis; car il n’est ouvert qu'aux
“étudiants qui ont obtenu la majorité de boules blanches,
daus l'ensemble des examens qui précèdent la thèse de
licence. Mais, si l'abord eu. est ainsi difficile, et honorable,
ce Concours offre.aux lauréats. ce. précieux avantage.de
—
88
—
pouvoir conquérir,” sans nouveaux. frais d’études, lé di-
plôme de docteur.
“Le sort, entre les ‘sujets adoptés” par ‘la Ficulls! avait
désigné le suivant pour la composition de Droit romain: :
De l'action en revendication et de l'action Publicienne:
matière variée et riche, dominée par une distinction fondamentale, celle des droits réels’ et personnels, qui règne
sur toutés les législations possibles, parce qu’elle exprime
des rapports qui dérivent de notre nature même, les
rapports d'obligation entre les personnes, ct ceux de propriété entre les personnes et les choses. Comment cette
inévitable distinction se réproduit-elle dans les systèmes
successifs
de procédure qui correspondent aux divers
‘états du Droit romain ? Et spécialement, comment à Rome
s’exerçait la poursuite judiciaire du droit de propriété, Ja
revendicätion? Iei l'histoire ‘agrandit le sujet, l'intérêt
philosophique lañime. La procédure primitive reproduit :
une image ‘frappante. de l’action civilisatrice du Droit, si
profondément sehtie dans les: sociétés antiques, ‘quand la
justice viént les arracher à l'empire de la force. C’est le
‘combat simulé qui s'engage entre les contenidants, et ‘qui
‘s'arrête, sur ün mot du magistrat; c'est la lance, l’instru-
ment de conquête, qui s’abaissé devant là majesté de Ja
justice, symbole
de la force matérielle qui reconnaît la su- .
«périorité de la puissance morale. Les formes judiciaires
‘que le système formulaire, par une profonde analyse de
“la science du Droit, portera un jourà un degré
si singulier
‘de perfection, sortent d'abord d’une barbarie foute récente,
‘et’se colorent de séssouvenirs, éomme pour agir plus
‘énergiquement surlâine du nouveau peuple, et lui im-
“primer plus avant le séñtimént de la’sainteté du Droit.
—
89
—
|
:. De même que la revendication nous reporte aux 6rigines du Droit romain, laction Publicienne’ nous en
montre, sous un aspect particulier, la transformation et-le
progrès. Que le. Droit commence par être ‘une
: science
mystérieuse, soumise aux pratiques
sacerdotales,
qué la
divinité-se couvre -de voiles, qu’elle s’enferme «dans-un
sanctuaire dont les abords sont gardés par la superstition
de da forme ; que la propriété si fortement, organisée par
les nouvelles institutions juridiques, soit ‘assujettie, dans
sa transmission, à l'observation de formalités rigoureuses;
s'en suivra-t-il que le progrès soit à jamais enchaîné? Il
s’en faut de beaucoup: c’est un courant continu qui:trouvera toujours une large issue. À côté de la loi des douze
Tables, éternel objet. de vénération, le Préteur représente
le génie de l'équité, qui pénètre la loi,.et l'assouplit à l'aide
de fictions heureuses, {out en entourant de respects sa:ma- .
jesté séculaire. Ainsi l'action Publicienne viendra protéger
une acquisition de propriété à laquelle ne manquait qu’une
«condition de forme,
sauf à ne
pas honorer,
du nom de
propriété quiritaire où romaine, le: nouveau droit:solidement garanti par les.principes de la juridiction ‘prétoL
Lou
oo.
‘rienne.
Sur ce sujet, deux compositions nous ont été remises.
-L'insuffisance de l’une,.qui ne contenait guère quela tra
duction
des textes
de Gaïus,
l'a ‘fait. écarter sans hési-
‘tation. L'autre présentait un travail bien ordonné, .des
notions ‘précises sur le sujet, sans être fort étendues,
-exposées dans ‘un style qui.ne manque pas de netteté,
-Incontestablement une mention. honorable était due.à. ce
travail; un prix eût été une distinction trop. éclatante, eu
-égard:au caractère .du.coneours de la troisième année,
_—
99
—
-:: L'auteur de. cette composition est M. Vitalis;-dont nous
aurons bientôt àréparler, et qui, 'au:milieu-de
ses devoirs
‘de militaire, ‘a poursuivi l’étude:du Broit avec une perse
véranice récompensée de légitimes succès.”
. En Droit français, les concurrents devaient
traitèr : Du
privilje du vendeur’ d'eets mobiliers et? des ‘droits qu
rattachent.
CT
o
s%
Te
: Si la vente transmetà l'acheteur a propriété ‘de la chose
vendue, c’est à la condition d’eni payer le prix; et-cette
‘obligation est: garantie par un privilége, mème au: profit
du vendeur d’effets mobiliers, en ce sens qu’il rétient sur
la chose vendue, et ‘possédée par l'acheteur, un droit de
préférence sur les autres créanciers. Expôser lés règles de
ce privilége, où les conditions’ auxquelles ilif s exercé, telle
élait là première partie du sujèt proposé.:
suc
- Mais ensuite, et pour le cas spécial où le vendeur n'a
pas accordé de terme de paiement, le code Lui atiribue un
droit de revendication contre l'achetéur, à - charge. de
V'exetcer dans la ‘huitaine de la livraison et-la nature.de
“ce droit soulèvé un véritable problème juridique. N'est=il,
‘en effet, que là conséquence
de ce principe, ‘commun à
tous les contrais, et qui m'autorise, si les engagements
‘pris envers moi ne sont pas exécutés, à démander aux
‘tribunaux de me délier des miéns, et à ressaisir ainsi la
“propriété de la chose dont je devais recevoir le prix? Mais
alors c’est le bénéfice du droit commun amoïindri pour le
:vendeur, et restreint dans l'intérêt des autres créanciers.
Où plutôt la revendication ne serait-elle pas; pour le vendeur au comptant,
qui n’était pas tenu de se dessaisir de
la possession, et qui ne l’a fait que par un excès de con-
fiance, un moyen de rentrer d'urgence dans cette posses-
—
1
—
|
sion, de recouvrer. ainsi une garantie dont ik ne:devait:pas
être frustré,: en conservant d’ailleurs: de. droit
l'exécution de la vente?.. © +.
:: Telle était la: question
sujet
Pose
capital
ee
+.
‘+
d'exiger
c.
de là Seconde partie du
:
-
en
A
Les deux compositions reçues:par:la Faculté, sans avoir
‘une valeur égale, lui ont paru l’une et l'autre dignes
d'un.prix. Le travail
de M. Pougnet, qui obtient
le premier prix, atteste une grande connaissance
de la matière;
rien d’essentiel
n’y est omis; les difficultés du sujet sont
vivement. abordées, nettement résolues; et l’ensemble
de
‘a composition est bien ordonné. Cependant les éloges qui
lui sont dus seront tempérés par quelques réserves, moti-
vées: par un style que nous aurions désiré plus pur, plus
correct; et mieux. marqué de l'empreinte personnelle -de
‘l'auteur.
oo
NE
:.La:composition de M: Vitalis a de. la méthode, un style
simple -et le plus souvent exact ;'mais elle est moins com-plèle que celle de M. Pougnet. Les principes, bien exposés, n’y sont pas suivis: de. développements aussi larges;
‘c'est particulièrement sur:la ‘question de :revendication
quecette infériorité s’est manifestée. Ce travail:n’en est
-pas moins très-estimable éncore,
et la Faculté a été heu-
reuse de pouvoir lui accorder un second-prix.
+.
C'est à la bienveillance des Conseils généraux de:trois
‘départements'que nous devons les récompenses qui seront
‘décernées aux ‘étudiants de premièreet de seconde année.
Ici l'accès du concours était ouvert à tous. Néanmoins,
la Faculté tient à dire qu’elle -sait gré de leur zèle à‘tous
ceux qui entrent dans la.lice, et que, si elle compte, de‘la
part de ses lauréats, sur la persévérance à laquelle ils s'en-
—
92
—
gagent-par un premier succès, elle a confiance aussi dans
le courage de leurs rivaux, moins bien-préparés une pre=
mière fois ou peut-être moins heureux. :
:
1, 7
. Les concurrents de. seconde année. devaient, en: Droit
civil français, expliquer le sens et la portée d’une maxime
ancienne et célèbre que notre vieux Droit nous.a léguée:
Donner. et retenir ne ‘vaut. Que .veut dire cette formule
vénérable? Ne: renferme-t-elle que cette vérité si simple,
-qué. l'exécution d’une obligation ne saurait dépendre de la
fantaisie du débiteur? Non; il est certain qu'ellé.a une
“portée autrement-grande. Le principe qu’elle résume dans
son énergique
brièveté fut regardé, par
nos coutumés
-comme une barrière contre l’imprudence et l’exagération
des donations entre vifs. Non-seulement le donateur: ne
pourra se réserver un droit de révocation arbitraire, con-
traire à l'essence même de la donation, mais encore:il.ne
“pourra. la soumettre à des conditions dont l'exécution
-dépendrait de sa volonté, ni se réserver.un moyen quel-conque d’effacer:la libéralité, ou de la réstréindre,. même
‘indirectement. :C’est dans: ce sens que la nécessité. du
dépouillement actuel. et irrévoeable deviendra-un puissant
‘motif. de réflexion. Règle. importante surtout dans. un
temps ‘où la réserve héréditaire ne pouvait atteindre des
biens donnés entre vifs, où dès lors il fallait, dans l’inté-
rêt des familles, prévenir l’excès.de ces libéralités ! Mais,
si cette grave raison est étrangère au droit actuel, le code
n’en a pas moins maintenu le principe dans toute sa force;
ilen
a formulé
les conséquences dans plusieurs articles,
943 à 946, dout il eût fallu développer le sens, en pour-
‘suivant dans ses principales applications la théorie com-
.mune qui les domine.et les explique.
|
_
93
—
…Cetiaperçu de:la question doit suffire pout démontrer
aux concurrents qu'ils ne'sont pas entrés dans’ le cœur du
sujet, qu'ils ne l'ont pas suffisamment
compris et déve-
loppé: A son grand regret, là Faculté: s'est vüe privée
du :
plaisir” de: constater un: succès éttd ét déverner là récon-
pense, Lo
e
nos
TR
rte
C'est done un mallieur à réparer lors des nréchuià
épréuves,
: dans ‘une lulte où la victoiré séra plus:belle
encore. ét plus avantageuse. Certainémerit'on le voudra;
et celà’ signifie ‘qu’on lé pourra. Rappeléns-nous le beau
mot de e Virgile :. Possunt, quia pose. videntur! -
* Au réslé, ñous puisons cette confiance dans dés résul
tats acqüis, ceux ‘du ‘Concours de Procédure ‘entre les
mêmés élèves. La: théorie de l'action « en garantie en était
le Sujet. Cette action met aux prises du moins trois inté>
rêts distincts qui attirent l’égale soilicitude- du législateur:
J'intérêt du demandeur, qui se prévaut d’une obligation
ou d’un droit réel; celui du défendeur principal qui in:
voque la responsabilité d’un garant, d’un vendeur, par
“éxemiple, si Fobjét du procès ést une question de propriété;" enfin celui ‘du prétendu gâtant appèléà répondre
“dés conséquences dù procès. Développer les ‘règles qui
‘aurônt pour but d’asurer la protection également düéà
Gés frois intérêts en conflit, ét, cômme ‘partont se rétrouve
“éelte grande distinction du droit dé propriété ét du droit
: dé eréarice, montrer corainent les formes dé- procédure et
r l’exééution des jugements, en "cette matière, viénnent pré-
cisément s’y plier, voilà la tâche assez délicate à remplir,
nous le reconnaissons, qui était imposée aux concurrents.
—_
9%
—
-. Deux compositiotis ont eu unë supériorité; marquée sur
les autres, et ont paru dignes l’une:d’un second: prix et
l’autre :d’une-mention honoräble:-:-:., :7 + 1
. Assurément, celle de M; Bitsch,:que nous avons classée
la première, porte. la trace d’un travail-soutenwet de-fortes
études juridiques. Elle atteste une connaissance étendue
du sujet. Il est-fâcheux seulement qu’elle soit-déparéé par
une grave erreur'sur la forme de la mise én cause du
garant; il est vrai. que M. Bitsch finit par reconnaître cette
erreur, mais il ne la redresse que par un motif qui luimême
est inexact. Il faut ajouter que le-style de cette
composition est loin de répondre à sa valeur juridique.
Sans doute, l'austérité de la‘science repousse tout ornement. inutile. La science. du
Droit
n’a pas une dignité
moindre. que l’histoire dont la perfection, suivant un historien éminent, serait de montrer pleinement.
la vérité des
faits, comme la glace sans défaut réfléchit les objets. dans
sa pure transparence. C’est donc l'exactitude et la propriété des termes quela Faculté apprécie dans le style, en
ayant égard aux exigences d’unee composition de quelques
heures.
oc
: M. Descôstes, qui vient après M. Bitsch et reçoit une
mention honorable, mérite lé
éloge. et le blâme opposés.
Son style est soigné, quelquefois empreint. d’une élégance
qui n’exclut pas l'exactitude. Il sait ordonner-un sujet. On
rencontre dans.son travail des notions justes et bien exprimées. Mais les détours d’un long préambule l'ont eontraint
à écourter les développements du sujet, ce qui est une
faute plus grave que celles que nous avons roprochées à à
M. Bitsch. Il avait emprunté sa deviseà Boileau :
| Hâtez-voùs lentement y quelqué ordre qui vous presse,
_
95 —
“Cela estexceltent, je le veux bien, surtout. dans Le-bel
art dés:vers, où jamais la-quantité ne‘compensera
la: qua-
hité. Mais il fallait: songer à:ce que dit
c le> poëte un: peu plus
loin :. Pa
tie
sis
7
So
megiaties
Que jauais dû sue lédiscours nee s'écarte es
ui fallait observer: les deix préceptes.
J'arrive enfin, . Messieurs, au concours: de première
année. Cértes, les: élèves avaient donné à la Faculté le
droit de.compter sur eux. Vingt ont répondu.à son appel.
Le sujet de Droit français offrait un champ large à:leur
nouveau savoir. Ï s'agissait du mariage des Etrangers en
France.et des Français en pays. étrangers, malière admirable qui permettait d'ordonner l’abondance des développements sous les principes les-plus saillants du Droit civil.
$i-Fon. considère les grandes lignes du sujet, le mariäge
s’y montre
d'abord comme
une
inslitution du
droit na-
turel ; la vie des familles en descend, et c’est la.source de
‘Ja société même. Cette importance:incalculable exige lintervention du législateur qui reconnait et sanctionne les
conditions de son'existence et de sa validité, fixant à la fois
les règles de la ‘câpacité des
contractants,
et celles de:la
forme solennelle et. publique de leur union. Mais ici deux
principes différents. Quant à la capacité, la loi qui la gou“verné suivra.la personne
au delà du sol national; quant à
la forme,
la loi s'arrête à la frontière, et cède l'empire
à la
législation du dehors, sauf les précautions’ prises par le
législateur français pour assurer la publicité des mariages
-contractésà l'étranger. C’est ici que .nous pouvons em
prunter à M. Royer-Collard ce mot que « l'État ne contient
pas l’homme. » A la vérité, le philosophe l’enteridail.en ce
—
96
—
sens que la destinée hurñaïñe n’est pas: renfermée aù sein
de ces sociétés qui naissent, vivent et meurent sur la terre,
que l'homme engagé à la. société. garde cependant, dans
son immortelle indépendance, la plus noble partie de luimême et les facultés par lesquelles il s'élève à Dieu: Mais
cela peut se dire encore, à ne considérer que la loi civile.
Au delà de ces montagnes. et de ces fleuves qui -circonscrivent le: territoire d’un peuple, le citoÿen qui devient
l'étranger peut -toujours exercer les droits attachés à la
qualité d'homme ; c’est l’honneur du législateur moderne
‘de lavoir reconnu. Seulement, cet exercice deviendrait
“bien vite un abus et un désordre, s’il suffisait de passer la
frontière pour se soustraire aux conditions de. capacité ;
car elles sont les garanties sociales elles-mêmes. Aussi la
loi méconnue,
la loi, notre sauvegarde
commune, n’ab-
diquera jamais ses droits sur les nationaux ingrats qui,
“ayant joui de ses bienfaits, iraient à l'étranger pour violer
ses défenses.
Huit compositions ont été. distinguées par la Faculté,
celles de MM. Joly, Pusset, Michaud, Leroy, Audiat, Binet,
Gérardin et‘Fhomas. Nous avons ici, Messieurs, l'embarras
des richesses; et sous peine de répétitions fatigantes, je
‘suis bien obligé de leur: payerà tous un tribut d’éloges
-communs. Toutes ces compositions présentent de l’ordre,
“un savoir vrai qui se montre. toujours dans les limites du
‘sujet, un style convénable ‘et généralement juste; 6n n’y
relèverait point d'erreurs graves, de lacunes considérables.
Toutes sont l'œuvre de rivaux dignes de lutter entre eux :
-et les nuances qui les séparent, au moins dans la série des
mentions honorables, ne descendent
peu sénsibles.
que par dégradations
. Néanmoins je! re puis me dispenser de dire unn mot parronnées. Celle de M. Joly, qui remporte % premier prix,
est vraiment hors ligne, bien divisée, .bien conduite, riche
en détails; et dans toutes ses parties, elle.se maintient au
mème niveau. Seulement
quelquefois un peu lourd
le style, bon en substance, est
et embarrassé,
défaut
que
M. Joly doit s’étudier à corriger; son savoir et les excel-
lentes qualités de son esprit y gagneront en relief. .
Quant à M. Pusset, si la fin de son travail en avait égaléle
commencement, il pouvait aspirer à la première couronne.
Mais, clair et complet, excellent en un mot dans la première partie, il a un peu faibli dans la seconde.
Le lauréat qui partage avec lui le second prix, M. Michaud, s’est distingué par la vigueur avec laquelle il a posé
les grands principes de la matière et par la fermeté d’un
style déjà formé. Mais un savoir juridique moins étendu,
moins sûr que celui de M. Joly, et par suite quelques parties traitées d’une manière trop brève l’ont laissé au second
“rang, quand il a tout ce qu’il faut pour monter au premier.
‘Cette somme.de travail et d'aptitude que nous avons
constatée dans le concours de Broit Français s’est retrou-
vée à peu
capionet
dire, deux
une même
près égale dans celui de Droit Romain. L'Usula Prescæption en formaient de sujet, c'est-àmoyens d'acquérir qui puisaient leur vertu dans
cause, la possession continuée pendant un cer-
tain temps, mais dont l’un tirait son origine de la loi civile
et conduisait, sur le sol de l'Italie, à la propriété vraiment
romaine, tandis que l’autre, issu du droit prétorien et de
l'équité, servit de sauvegarde aux possesseurs des fonds
provinciaux, dont le domaine éminent appartenait au peu:
7
|
_
98
—
ple ou à César. Avec les siècles, les différences primitives
s’effacèrent; l’ancienne distinction n’eut plus de raison
d’être. Le Droit Romain, sorti de l'enceinte étroite de la
cité, s'était élargi pour devenir celui dû moûde. Et quand
Justinien identifie ces deux modes d'acquisition, et les
soumet à la même loi, il ne fait que reconnaître et consacrer législativement une révolution accomplie depuis longtemps dans le régime de la propriété. Désormais, en eflet,
la propriété est une; la même garantie lui est partout
donnée, la prescription en est pour ainsi dire l'inséparable
compagne, et répond, chez les peuples civilisés,à ce puissant désir de conservation, de durée, de sécurité, d'avenir
pour soi et les siens, qui est chez l’homme malgré l’hu- maine fragilité, et que Dieu a mis en lui pour en faire ce
qu'il est ici-bas, l’infatigable ouvrier de la civilisation.
Au jugement de la Faculté, le concours de Droit Romain
présente encore huit compositions très-dignes d’éloges,
celles de MM. Joly, Audiat, Pusset, Girardin, de Morville, Binet, Parisot, Thomas. Il est à remarquer que six
des noms qui se sont distingués dans le Droit Français
reparaissent dans le Droit Romain; nouveau témoignage
de cette vérité que toutes les études se prêtent un mutuel
appui, et que l'intelligence juridique se fortifie, lorsqu'elle
se trempe aux grandes sources de la Science. Parmi tant
de bons
travaux,
tous mentionnés
avec
honneur,
nous
avons dû mettre ensemble au premier rang ceux de M. Joly
et de M. Audiat; l’un remarquable par les qualités que nous
avons déjà louées, ce savoir qui ne s’achète que par la persévérance, et qui embrasse tous les rapports d’ un sujet,
joint à l'esprit de méthode qui les coordonne, les analyse, et les résume; l'autre, celui dé M. Audiat, com-
.
—
99
—
.
pensant une légère infériorilé dans les détails par l'avantage
d’un style
dont l'aisance
et l’heureuse justesse
vivement frappé la Faculté. C’est M. Pusset qui
le second prix, remportant comme M: Joly une
couronüe. Sa composition, bien divisée et bien
renferme une partie supérieuremént traitée,
ont
obtient
double
écrite,
l'exposé
de la justa causa; mais elle à quelques lacunes, et n’est
pas dans son ensemble aussi soutenue que les deux premières.
LU Te
Je me suis efforcé, Messieurs, de vous retracer une fidèle image de ces premiers Concours. Si nous devons en
être satisfaits, il faut bien qu’en terminant j'avoue que
nous avions encore un désir qui n’a pointété rempli. Nous
aurions voulu, dès cette année, qu’il nous fût donné de
proclamer un succès obtenu dans le plus élevé de nos
Concours, celui du Doctorat. C’est là que les concurrents,
dans un mémoire composé à loisir, avec toutes les ressources qu’ils peuvent réunir par leurs recherches personnelles, sont en mesure de déployer ces qualités du jurisconsulte, but suprême de leurs études. I] ne faut donc pas
s'étonner de la grandeur des ‘sujets proposés ; elle est en
raison de l'importance de la lutte. Pour l'année 18641865, Son Excellence M.
le Ministre de l'instruction Pu-
blique avait choisi le sujet suivant: De l'autorité de la
chose jugée en matière criminelle, et des votes de recours
contre les décisions des juridictions pénales. Serait-ce Pétendue de la matière qui aurait effrayé les concurrents ?
Mais s'il faut éviter la présomption, n’y a-t-il pas une
légitime hardiesse, indispensable à qui veut sérieusement
essayer ses forces? Un nouveau sujet est choisi pour cette
année, le Louage d'ouvrage et d'industrie dans notre droit
|
om
100
ancien et moderne, 1 à: des propottions plus restreinles,
fais if offre un intérêt
au moins égal, dont témoigne l’ac-
| tivité de nôtre époque. Espérons cette fois que notre appel ‘
séra .éntendu, que la lice: ne restera pas déserte, et que
nous aurons à décerner l’année: prochaine lés éclatantes
récompenses de cé Concours!
Nous le croyons d'autant
imièux:que.se vouer à la Science du Droit, c'est obéir aux .
tendances légitimes
et nécessaires de notre époque; car,.
si nous regardons ce qui se passe autour de nous, le mous.
vement du: travail, l'énergie. dé l’industtie, Pactivité de
l'homme centuplée par les inventions nouvelles, comment
méconnailre qu'un tel spectacle a donné le signal d'efforts :
nouveaux à la science. juridique, chargée de répondre aux
- besoins. de justice de eette société. laporiense ?!.
a
AU
DISTRIBUTION
—
DES PRIX.
." M. Lachasse, docteur en Droit; secrétaire de la Faculté de Droit, et
M. Demange ,. professeur, secrétaire de l’École de Médecine et de
Pharmacie , proclament , dans Fordre suivant , les noms des lauréats
de 4865.
|
:
FACULTÉ. DE DROIT.
. Pit nées 28 EXÉCUNON DE L'ORDONANCE
CONCOURS DE TROISIÈME
Droit Romain.
| © Méntion honorable :
M.
Virauas
phonse),
DU 47 MARS 4840.
année.
|
Macie-Hippolyte-Atlieutenant au ‘79° de
ligrie, né à Joyeuse {Ardèche), le
29 mai 1834.
Ebroîit
4e
Français,
Prix (médaille d'argent) :: M. Pouaner (Françdis-Jüles-Charles),
.:
:
.
né à Wibr-en-Plaine (Haut-Rhin),
le 23 novembre 1840.
. 2° Prix (médaille de bronze) : M. Virauis, déjà nommé.
|
— 40
—
PRIX.DES CONSEILS. GÉNÉRAUX DE LA MEURTRE,DE LA MEUSE ET DES VOSGES.
CONCOURS DE SECONDE ANNÉE.
| Procédure
civile ét Législation criminelle.
2 Prix (médailie de bronze) : M. Bison (Félix-Louts-Adolphe),
PL
ue
ot 02
Dour
et
à Vitry-le-Français (Marne),
eue
97 décembre 4844.
ne Mention. honcrablé 5:
né. .
le
Ms
M. Descosres (Anne-François-Marié= ‘
… Joseph-Eloi}, né à Rumilly: (Haulé_ Savoie), le 21 mars 1846.
: CONCOURS: Dé BhETÈRE ÉNNÉE,
Droit. Fomain.
M.
Pt
Aux
(Gharles-François-ay-
mord), né à Nänéÿ
.
(Meurthe), le
1e Prix ex æquo
6 août 4843.
(médailles d'argent}.
: : .}‘M. Jorx (sph-dan-Dapte-A
phonse), né à Chalieny (Meurthe),
ue Ve
Je 48:mars 1846,
2 Prix (médaille de bronze) : M. Pusser (Pierre- Joseph- Léon), né
pme
CT
ter
#
_:
.à
Pierre
(Saône- et-Loire),
:
le .
Be
ot
ce
ee
20 août 1843.
: 4%" Mention honorable :°:"..M, Gérannin (Charles-Marc-Henti), _
ie
LE
72
NE
o
°: 8e Mention honorable
(ex æquo}.
°°"
mé à Épinal {Vosges), le 45 décembre 1844.
..{ M. Bunet' (Edouard-Adolphe), né à
-
Rocroi (Ardennes), le 27 février
ASAT.
“
À} M.pe Monviux (Chaileÿ-Pau, né.
à aner (Meurthe), LE
janvier |
ASA4T:
CS
:
c—
3° Mention honorable
(ex æquoi :
403 —
“{ M. Parisot (Gustave-Achille), né à
_Chaumorit({ Haute-Marne},
le-1e' dé|
cembre 1816.
| M. Tnomas (Charles-Marie-Gabriel\,
né à Nancy (Meurthe), le 25 jan-
vier 1848.
! Droit
fer Prix (médaille d'argent) :
:
2° Prix ex æquo
(médaille dé bronze) :
|
Français.
M. Jocyx, déjà nommé.
M. MicHaur (Narcisse-Nicolas),
à Robert-Espagne (Meuse),
né
le
5 mers 14846.
M. Pusser, déjà nommé.
1°* Mention honorable
(ex æquo) :
2° Mention honorable
‘(ex æquo) :
3° Mention honorable :
M. Auprar, déjà nommé,
M. Leroy (Henri-Joseph), né à Épi/
nal (Vosges), le 2 avril 1846.
M. Biner, déjà nommé.
M. Géranpin, déjà nommé.
M. Taomas, déjà nommé.
*
—
PRIX
PUBLIQUE.
ACCORDÉS
=
PAR
MENTION
1498
SON
EXC.
—
LE
HONORABLE:
MINISTRE
“=
DE
RÉSULTATS
L'INSTRUCTION
DES
CONCOURS.
‘Big et niénéiôns honoïables.
Les professeurs de l'Ecole de-médecineet de pharmacie réunis en
Conseil, le 9 septembre
. das l’ordre suivant:
4863, ont décerné les récompenses
|
4e ÉTUDIANTS EN MÉDECINE.
. PREMIÈRE
ANNÉE
D'ÉTUDES.
Premier prix.
M. Carérien (Henry), de Chaligny (Meurthe).
Second pris.
Ex œquo MM. :
|
Demance (Emile), de Nancy.
Maxsuy (Edmond), de Dieulouard {Meurthe).
Mention honorable.
M. Ménesrrez (Paul), de Martigny-les-Lamarche (Vosges).
DEUXIÈME ANNÉE D'ÉTUDES.
Prix.
M. Conrar (Gustave), de Mattaincourt {Vosges).
Mention
honorable,
M. Sbrcumann (Paul), de Nancy.
annuelles
—
106
—
3° ET 4° ANNÉES D'ÉTUDES.
Prix unique.
M. Ancel {Louis}, de Vaudeville (Vosges).
Prix spéciaux pour
Ia rédaction
‘CLINIQUE
des
observations
cliniques.
CHIRURGICALE.
Prix.
M. Srizzmann (Paul,
Mentions honorables.
MM. Gicrer (Armand), de Martigny-les-Lamarche (Vosges).
ConraL (Gustave).
‘
© CLINIQUE MÉDICALE.
Pric.
M. Ancez (Louis',
20
gr,
Étndiants
®%
gr
3°
en
pharmacie.
ANNÉES
D'ÉTUDES,
Prix.
M. Hussox (Camille), de Toul (Meurthe).
Mentions
honorables.
MM. Jour (Félix), de Ramberviller (Vosges).
HamiLLox (Constantin), de Saint-Julien-les-Gorze (Moselle).
—
Résultats
407
des
—
Concours.
À la suite du concours ouvert le 44 novembre
1865, pour les fonc-
tions d’aide du cours de pathologie chirurgicale, de médecine opéra. toire et d’accouchements, à été nommé :
M. Conraz (Gustave). .
À la suite du concours ouvert ie 45 novembre 4865, pour les fone-
tions de préparateur aide des cours d’anatomie, conférences
_miques et physiologie, ont été nommés :
MM. Mansur (Edmond).
CarëTiEN (HENRY).
anato-
Fichiers
seance_rentree_1865_complet.pdf, application/pdf, 5,65 Mo,
Classe
Document
Université Impériale / Académie de Nancy. (1865). Rentrée Solennelle des Facultés de droit, des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 16 novembre 1865. https://histoire-universite-nancy.fr/s/una2gm/item/8468, accès le 19 mai 2022