Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 16 Novembre 1863
1863
; Nancy (Meurthe-et-Moselle)
; Discours Officiel
;
Document
;
partie, publication en série imprimée
; sr1863
;
par : Université Impériale / Académie de Nancy
seance_rentree_1863_complet.pdf, application/pdf, 3,90 Mo,
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Titre | Libellé alternatif | Classe |
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Identifiant (dcterms:identifier)
sr1863
Créateur (dcterms:creator)
Université Impériale / Académie de Nancy
Titre (dcterms:title)
Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 16 Novembre 1863
Sujet (dcterms:subject)
Discours Officiel
Editeur (dcterms:publisher)
Imprimerie de Veuve Raybois, Imprimeur de l'Académie, Rue du faubourg Stanislas, 3
Direction de la Documentation et de l’Édition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
Bibliothèque-médiathèque de Nancy
Date (dcterms:date)
1863
Droits (dcterms:rights)
Couverture spatiale (dcterms:spatial)
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
Type (dcterms:type)
partie
publication en série imprimée
Date de publication (dcterms:issued)
1863
Format (dcterms:format)
PDF avec ocr
Langue (dcterms:language)
fr
extracted text (extracttext:extracted_text)
RENTRÉE
SOLENNELLE
DE
L'ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR
UNIVERSITÉ
IMPÉRIALE.
ACADÉMIE
DE
NANCY.
RENTRÉE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
BES
SCIENCES
ET DES LETTRES
ET
DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY,
ET
LE
16
NOVEMBRE
4868.
NANCY,
Ve RAYBOIS, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE,
Rue de faubourg Slanislas, 3.
1863
PROCÈ 57 VERBAL
DE LA SÉANCE.
La Séance solennelle de Rentrée des Facultés des Sciencés, des Lettres et de l'Ecole préparatoire
de Médecine et
de Pharmacie de Nancy s’est faite, le 16 novembre, sous
la présidence de M. Dunoyer, Recteur de l'Académie.
À dix heures
et demie, la messe
du St-Esprit,
célébrée:
par M# l’Evêque de Nancy, réunissait dans la chapelle de
l'Evéché les Inspecteurs d'Académié et les Professeurs des
trois établissements d'enseignement supérieür.
À midi, la Séänce publique s’est ouvérlé dans le grand
amphithéätre du palais Académique. M. le Recteur était :
entouré des Inspecteurs d'Académie de son ressort, du
Doyen et dés Professeurs des Facultés des Sciences
et des
Lettres, du Directeur ct des Professeurs de l'Ecole de
Médecine, du Proviseur et des Professeurs du Lycée
impérial qui avaient été priés de prendre part à la céréImonIc.
_
6
—
M. Lezaud, premier Président
de la Cour impériale :
M: Lavigerie, Evêque de Nancy; M. le Général, Comte
d’Alton;
M.
Neveu-Lemaire,
Procureur
général;
M. le
Baron de Barral, secrétaire: général. de: la Préfécture, représentant
M.
le
Préfet
absent;
M.
Welche, premier
adjoint au Maire de-la ville; M. le’ Président Garnier:
-M. de Prailly, Président
du Tribunal de première instance:
M. Bompart,
Procureur impérial
; M. le Colonel
du 79e
de ligne; des membres du clergé, de la magistrature ct des
Sociétés savantes, et un public nombreux et choisi assistaient.à cette cérémonie.
. Après avoir rappelé en peu de mots l'objet de la Séance,
M, le Recteur adresse quelques paroles de remerciment à
l'assemblée d'élite qui vient, chaque année, ‘honorer de sa-
présence celte solennité,
et donner:à nos écoles. de haut
enseignement-une marque,de bienveillante sympathie,
À invite ensuite successivement MM. les Doyens, Godron,
Benoît et M. -le Directeur .Simonin. à. lire leurs
Comptes
rendus des travaux. de la Faculté. des Sciences, de:la Faculté
des Lettres. et del Ecole de médecine. :
…..,
|
La cérémonie a été close..par la. “proclamation: des prix
accordés, par S, Exe. le Ministre de lInstruction ‘publique
aux étudiants en médecine et en pharmacie.
RAPPORT
DE
M. GODRON,
DOYEN
DE LA FACULTÉ
DES SCIENCES.
Monsieur LE RECTEUR,
MonxSEIGNEUR,
Messieurs,
Une
voix éloquente
a cherché
récemment,
dans
une
autre enceinte et sous une forme poétique que nous ne lui
emprunterons pas et pour cause, à démontrer que les
élèves font les professeurs. Si cette pensée est vraie dans
l'enceinte d’un lycée, elle ne l’est pas moins dans l'amphithéâtre d’une Faculté. Ce n’est pas, cependant, le public
qui donne Île savoir, la méthode, la diction claire et facile,
en un mot les qualités principales du professeur; mais
lorsqu'un auditoire sympathique et avide d'instruction
sérieuse vient, par sa présence el son assiduité aux lecons,
soutenir les efforts incessants du professeur, il lui commu-
unique infailliblement ce feu sacré qui donne la vie à tout
enseignement.
C’est dans ce sens principalement que nous acceptons
_—
BB
—
l’idée émise à la distribution des prix du Lycée de Nancy.
Aussi,
heureuses
terrain
sont les Facultés qui,
aussi propice
ronces, ni épines,
est communiquée
. nous procure ce
seulement il ne se
placées
sur un
et ne trouvant sur leur route ni
n’ont qu’à suivre l’impulsion qui leur
! L'esprit sérieux de nos populations
bienfait et, depuis neuf années, nonfatigue pas, mais la fréquentation des
cours semble. être entrée définitivement dans les mœurs et
dans les habitudes de notre cité Nancéienne.
Et cependant notre enseignement officiel n’a eu aucun
sacrifice à faire à la popularité et la fantaisie n’y peut
trouver aucune place ; il n’a donc rien perdu de son élévation. Réglé par des programmes, il suit pas à pas la
voie qui lui est tracée et ne s’en écarte que pour embrasser,
chemin faisant, les découvertes scientifiques. nées d'hier et
qu’enfante journellement notre laborieuse époque. Nous
ne pensons pas toutefois devoir vous exposer Ka série des
matières qui en ont élé l’objet, pendant la dernière
année
scolaire; dans une période de deux-ow.de trois années, le
même enseignement se reproduit d’une manière régulière
etnous-n ‘avons. ici.iqu à Tenvoyer. à nos précédents rapports,
m'a
du
eme
à
Lane
ot
Mais, si de sageses règlements limitent àà cet égard la sponianéité du professeur, ils Jui permettent-aussi de consacrer
des leçons supplémentaires à des. enseignements spéciaux,
Vous savez déjà comment
la Faculté a usé. de cette préro-
gative ; depuis huit années elle a institué des cours du soir:
en faveur des ouvriers de Ja ville ; elle met à leur portée
les connaissances théoriques
et. pratiques qui peuvent leur.
être utilés.et dont ils se sont. jusqu'ici montrés si avides..
Comme
ces cours varient d'objets tous
croyons ulile , d'entrer dans
les ans,
quelques détails
sur
nous
les
_
9
—
matières enseignées pendant Ja dernière année scolaire.
M. Renard a exposé, d’une manière complète, les principes de la géométrie descriptive, se réservant, dans les
années suivantes,
de
traiter
des applications. de
cette
science à la théorie des ombres,à la perspective, à la coupe
des pierres,à la charpente, à la topographie et au nivellement, Il me semble superflu d'insister sur l'utilité d’un
cours
qui
entrera
nécessairement,
comme
élément
es-
sentiel, dans tout programme ayant pour but l’enscignement professionnel.
M. Lafon a commencé, commetous
les ans,
à exposer
les principes généraux de la mécanique ; il en a fait ensuite.
l'application‘à l'étude de ces machines qui ont pour moteur la vapeur d’eau, puissance immense qui, asservie par
l'intelligence de l’homme, obéit aveuglément à ses ordres
ct donne naissanceà toutes les merveilles
de l’industrie moderne, Mais, pour atteindre sûrement le but, ce cours de,
mécanique appliquée doit être à la portée des. auditeurs
auxquels il s’adresse et ne peut reposer sur de hautes con_ceptions mathématiques. Aussi, le professeur a dû, dans
son exposition, s'étayer simplement sur les notions élémentaires de l'algèbre et de la géométrie, enseignées avec
succèsà l'école primaire supérieure de Nancy, qui, depuis
un. grand nombre d'années, est devenue la pépinière
nos.bons ouvriers.
de
M. Nicklès a cousacré ses leçons du soir à l'étude du
plomb, de ce métal si universellement employé et si intéressant par ses qualités, aussi bien que par ses défauts. Sa
connaissance remonte assez haut dans
l’histoire, pour qu’il
ait figuré au siége de Troie, non pas comme projectile (l'art
de la guerre n’avait pas encore accompli ce funeste progrès)
mais comme métal de luxe. En effet, si nous ne croyons
.—
10 —
Homère, Ja cuirasse d ‘Âgamernnon et le bouclier d' Achilles
étaient couverts d’ornements de ce métal: Les Romains en
connaissaient toute l’importañce, recherchaient avec “soin”
ses minerais.et ont même, exploité daris nos contrées les
mines, assez pauvres du reste, du Bleyberg el dé Vaudre-
vange près. de $t-Avold. Poursuivant cétte étude à travers .
ler moyen âge, M. Nickiès a cherchéà apprécier, par la voie
expérimentale, les procédés d'exploitation, alors en usage
et dont les diverses phases sont figurées avec beaucoup de
soin et de netteté dans un vieux missel enluminé, que possède la bibliothèque
de St-Dié. Arrivant aux lenips mo-
dérnes, il passe èn revue.les minerais aujourd'hui exploilés, les diverses mélhodes dont lascience et l'expérience
ont consacré l’üsage et qui varient nécessairement
suivant
la nature du minerai, sa richesse, les ressources locales,
etc. Le sulfate de plomb qui, à ‘Mulhouse et'à Wesserling
s’amoncelleà la porte des fibriques (d’indiennes et alongtemps constitué un résidu encombrant, est aujourd'hui
exploité} lui-même comme. “minerai et va devenir, grâce
aux recherches
d'un de ños concitoyens,
à la fois une
source de plomb mélallique et un foyer d’électricité, en
remplaçant dans les piles le sulfate dé cuivré.
Après. ces considérations historiques, ila exposé les pro- °
priétés du plomb, étudié ses combinaisons. et traité de
ses. principaux usages. Les services qu’il rend à larchitec-"
ture et aux arts, | mécaniques par” sa ductilité, ses alliages
et son minium ; ‘son rôle dans Ta cristallerie ét dans la’
céramiqué ; les bèlles- couleurs, telles que la céruse, le”
jaune de. chrome, là mine orange,
etc., qu'il fournit
à la’
peinture au pastel étà l'impression des étofles; ses usages
et ses dangers dans l'économie doméstique ; ses combinaisons oxygénées employées dans l'art de: guérir, aussi”
à
bien que “dans la. “pyrotechhie et. dans la fabrication dés
articles dits de Paris; enfin leur. “emploi dans la, prépa-‘
ration ‘de quelques cosmétiques, ont. été l'objet d'un
examen détaillé. .
|
u.
LL
M. Chautard, “après avoir épuisé, dans le coursrs dé quaire
années couséculives, toutes les questions qui se rattachent
aux applications de l'électricité, à commencé l' étude de la
chaleur, de. son, usage dans l'industrie et des appareils dont
le jeu repose sur ses propriétés. Après quelques con
sidérations générales-sur la correlation qui existe entre les
diflérentes forces de la nature, électricité, . magnétisme,
chaleur et lumière, il a étudié les sourcès de chaleur, _$e
bornant, pour celle année, à celles qui se raltachént aux
actions mécaniques ef électriques,
se “réservant de. traiter
plus tard des sources dues aux. actions chimiques, puis
d'examiner les divers combustibles en ‘usage dans l'indus-
trie et de décrire les appareils propres :à en assurer le meilleur emploi.
.
M. le docteur Léon. Parisot, qui s est associé résolument.
‘à noire œuvre, s’est occupé. ‘d’un
c
sujet qui { touche aux plus
hautes questions del hygiène sociale et de rééconomie politique, nous voulons. parler des subsistances. Les. .éco 10
mises
de tous les temps, les statisticiens et. les” méde
ins
hygiénistes ont unanimement reconnu Taction dominante.
qu'exercent sur le mouvement des populations et sur Ja
mortalité l ‘abondance « ou la disefte. Ne pouyant étendre ses :
recherches sur toutes les contrées du globe, M. Parisot a
résumé les documents les plus. récents sur la production et.
la consommation de la. France et s’est appliqué à: préciser
les effets que les fluctuations éxtrèmes, dans le prix des.
denrées alimentaires, exercent sur la santé des populations.
l'a fait, en outre, ressortir les avantages de la suppressian
:
À
-
12
—
des monopoles. et. des droits. prohibitifs, surtout
en
ce
qui concerne lé commérce de la boulangerie et de la bou
cherie et considèrre celteliberté nouvelle. comme l'une des
‘dé l'heu.
reuse influence qu "elle doit exercer sur là longévité hu
maine. |
Le piofessèut d'histoire ridturellé, entrant mômentané-"
mient dâns ün autre ordre d'idées que ses collègues, a consacré
8es ‘lecôns supplémentaires
de la dernière année
scolaire à l’étude d’un des sujets les plus complexes que
présénte la science anthropologique, nous voulons parler
de l'unité de l'espèce humaine. Il a exposé et discuté, exclusivement au point « de vue physiologique,
cette question.
d’une {haute importance, non-seulemênt parce qu'elle a”
l’homme pour. objet, mais aussi en raison des déductions
philosophiques qui découlent naturellement du genre de.
solution qu’on ui doïné, tout, à la fois aux points de vue
politique, moräl et religieux.
Mais, pour que l'enseignement des sciences produise
|
tous les résuliais dont il ‘est suscéptilile, la fréquentation
dés cours ne “suffit pas; GE faut manier les’ instruments,
exécuter
les opérations, 8 exercer ‘aux diverses
méthodes.
d'observation étà la pratique du'ealcul, C’est à ce complé-"
mieñt'ütilé d' instruction que
( pourvoient les manipulations,
ies ‘éonférences, les travaux graphiques et les herborisations. Ces exercices n "ént j jamais cessé de se fire régulièrement dans notre faculté des sciences.
En dehors de leur enseignement mes laborieux collègues
ne sont pas: restés
inactifs et c'est pour : moi un devoir de.
vous faire connaitre les travaux particuliers qu ‘ils ont publiés,. pendant |la dernière
année scolaire.
M. Nicklès,. qui n° a pas, perdu la louable habitude de
|
—
produire, chaque année,
13
—
.
les résultats de ses nombreuses
recherches, a examiné récemment plusieurs questions qui,
par une coïncidence tout à fait forluite, se rapportent à des
objets de première nécessité: nous voulons parler de l’eau,
du pain et du vin.
Notré collègue a déterminé la comiposition chimique de
l'eau minérale de Vittel (Meurthe), dans laquelle il a constaté la présence des fluorures, mais en moindre proportion
qüé dañs celle de Contrexéville.
11 a fait aussi l’analyse des eaux du canal de la Marne au
Rhin, au port de Nancy, dans le but de constater une cause
d’insalubrité qui aujourd’huia disparu.
|
Dans l'intérêt des populations rurales, victimes de pluies
prolongées
au moment
de
la moisson,
il a cherché
le
moyen de tirer parti des blés avariés par cette cause et
a constaté la possibilité de faire encore du pain salubre
par l'addition d'une plus grande quantité de sel.
Ïl a étudié aussi la fabrication de ce vin particulier à à la
Lorraine, connu sous le nom de vin de pelle, et en a donné
la théorie.
Tout en s’occupant de ces utiles questions, il n'a pas
perdu de vue le côté théorique de la science, comme le
prouvent ses recherches sur la force épipolique et sur le
Wasium, qui n’est pas un corps simple, comme.on l’a dit
à tort, mais qui, d’après les recherches de notre collègue,
est un corps complexe, formé de métaux déjà connus
tels que l’Yttrium, le Terbium et le Didyme.
M. Chautard, reprenant ses anciens travaux sur Île
camphre indigène et sur les produits qui en dérivent, a
étendu ses recherches et les a rendues-plus complètes. En
étudiant les produits fournis par la Matricaire aux diverses
époques de végétation ou extraits des divers organes de la
—
14
—
plante, il est parvenu à préciser les moilleures conditions
‘dans lesquelles il convient de procéder àla préparation
d'un produit dont la découverte permettra peut-être d’affran‘chir l'Europé d'uû tribut considérable qu elle paye à l’étran-
‘ger. Ce mémoire est complété par l’éxamen d’une centaine
de produits végétaux, jusqu ici confondus avec le véritable
camphre, mais qui ne soût pas identiques avec lui, d'où
l'auteur conclut, contrairement àÀ l'opinion accréditée dans
la‘science, que la Matricaire està peu près la seule plante
de nos contrées, susceptible de. fournir un. camphre com
parable à celui du Japon.
|
Dans un second mémoire, M. Chautard décrit les propriétés de deux nouveaux acides, qu ‘ila découverts et qui
établissent pour la série des acides camphoriques la
même loi de constitution que pour la série des acides tar-
triques. /
* Vous savez tous que, pendant vingt année ss d'observations
patientes, M. le docteur Simonin père nous a fourni des
documents précieux ‘sur la. météorologie de Nancy. Une
uvre aussi importante mérilait d’être continuée; elle le
sera d’autant plus facilement que des observations régulièrés $e fit simultanément, depuis quelques années, sur
divers points du pays. C’està notre ancien recteur et collègue, M. Faye, que nous dévons l’organisation de ce service établi dans chacune des quatre écoles normales primaires du ‘réssort académique. ‘Ce sont ces observations,
auxquelles il faut joindre encore celles que veut bien nous
communiquer M: le Docteur Marchal de Lorquin, qu’il s’'agissait de résumer. Notre collègue M. Chautard a bien
voulu s'en charger et à publié, au commencement de celle
année, les observations faites en 1862 dans les cinq s lations
que nous avons indiquées.
_
—
19
—
M. Lafon acontinué s ses recherches sur la mécanique ; sit
est ar rivé par une méthode nouvelle aux formules générales .
qui délerminent le mouvement
. À l’aide de deux théorèmes, qu'il
“une idée précise du mouvement
de celui de la projection de l'axe
relatif d'un Corps . solide.
vient de trouver, il donne :
de la digne des nœuds et
instantané‘ sur le plan du
maximum des aires. Ën second Heu, la thédrie féconde des
‘déterminants lui a! permis d'arriver, à cerlains résultats
connus, d’une mañière plus directe et sensiblement plus
courte que.ses devanciers. :. … 4:
Lane
M. Renard a soumis au jugement de l'Académie des
sciences un long mémoire ayant pour titre: Théorie du
magnétisme terrestré dans Ÿhyjpothèse d'un seul'füide élec-
trique. Après avoir énumiéré les différentes doctrines émises
“jusqu'ici sur cette question importante: de la physique du
globe, il s’est arrêtéà celle d'Ampère, qui admet Pexistenée
‘dé'eourants dirigés de l’ést à l’ouest
dans l'intérieur de la terre. Mais d'où viennent ces courants ? M. Renard-a cru
en trouver la cause dans le double mouvement de translation ct de rotation de la terre au sein du fluide éthéré. T1
s’est occupé tout d'abord dés variations: des éléments magnétiques,
déclinaison, inclinaison et intensité, observées
‘à une Même époque, en passant d’un lieuà un autre sur
la surface de la terre. En second lieu il à étudié les variations de ces éléments’ pour un même lieu, mais à des époquès différentes. 11 espère être arrivé par le caleul a expliquer d’une manière
satisfaisante
toutes les Phases du
phénomène. |
oo
|
Pour corpléter les travaux des membres de la faculté,
‘il faut y ajouter ceux du professeur d’ histoire naturelle, Je
me conlenterai de les énumérer; ce sont les suivants: ”
4° Zoologie de Ja Lorraine, A vole in-12 ; 2. Recherches
_—
16
—
| éxpériméntales sûr l'hybridité dans le règné végétal” {l ):
3° De l'originé hybride dû Prémula väriabils ; A "Deséiip-
‘tion d’un œuf dé poule monstrueux.
J'ajoutérai qu'un certain nôribré des travaux, dont il
vient d’être question, ont été lus, au mois d'avril dérnier,
RE
lé congrès des sôciétés sivantes.
‘jme reste enfin à indiquer les résullats dés exàmèns
relatifs àà l'obtention des grades universitaires.
Doctorat ès sciences.
—
La Faculté n'a pas
- annéé, à. vosféter cé grade exceptionnel.
eu, cetie”
Licence ès sciences. — Le nombre des candidats, qui se
sont présentés aux deux sessions réglementaires de l’année
scolaire, a été de 15, chiffre un peu supérieur à celui des
années précédentes.
.
. Parmi.eux, sept nous demandaient le diplôme de licencié
ès sciences mathématiques ; mais trois seulement ont subi
avec suceès ces épreuves difficiles; se sont:
4° M: Laurent, ancien élève de: l'école impériale polytechnique, qui a soutenu dignement devant Ja faculté la
réputation de cette école célèbre;
.
_2° M. Ratisbonne, élève de la faculté, qui a “obtenu ka
récompense d'un travail assidu pendant plusieurs années.
. 3° M. Crémel, qui simple instituteur adjoint dans une
école primaire de Nancy et'ne pouvant pas, en raison
même de ses fonctions, suivré les cours de la faculté, a
depuis plusieurs années travaillé avec une volonté ferme ct
sans autres secours étrangers queles conseils bienvéillants
de deux de nos collègues ; il ne s'est pas laissé décourager
(1) Ce mémoire, présenté ai concours duvert par l'Académie dès
. Sciences dé Paris pour le grarid prix des sciencés physiques, à valu à
son auteur une mention très-honorable.
|
— 117 —
par suite de plusieurs échecs successifs et a pi enfin atieindre le but de’tant d'efforts.
|
|
Lés huit autrés candidats aspiraient : à Ja licence àès séiencés physiques ; trois d’entre eux seulement ont conquis le
| di iplôme ; ce sont:
|
.
19 M. Rigout, préparateur à Pécole des mines s de Paris, :
qui à à subi les épreuves d’une manière irès-satisfaisante
:
2° M. Philippe, maître répétiteur au Lycée de Nancy, :
qui a suivi assiduement les cours de la faculté;
|
3° M. Jaillard, professeur à l’école de perfectionnement
du Val-de-Grâcés, qui a subi le plus brillant examen, qui se
soit produit devant la faculté depuis plusieurs années.
: Bäccalauréat ès sciences. — Le nombre des candidats à
ce grade,s’il n’a pas augmenté, ne diminue pas non plus.
Nous. avons exactement, pour. la dernière année scolaire,
le même chiffre que l’année précédente, celui. de 414
jeunes gens, qui sont venus de tous les points de la province xcadémique nous demander le diplôme de. bachelier èsà
sciences. :
ue
—
Nos opérations sont. résumées dans le tableau suivant.
: NOMBRE
‘des
CANDIDATS.
complet...
BaccALAUNEAT
|
CANDIDATS
admisaux
a:
fre partie. ,...
a
118
_ TOTAUX
OA
à
107
De
-
où |
"2{
7h
2e partie. :....|)
admis
[épreuves orales définitivement:
: 186
restreint ruse
Da
|
|.
.
:
-
53
67
|
| 20:
og
|
‘
51
61
|.
993
Fi
_
Le
baccalauréat
18
—
scindé qui, à l'origine,
semblait
être
Vancre de salut, à laquelle s’accrochaient, pour échapper
plus facilement au naufrage, un grand nombre de candidats,
a perdu peu à peu dans Pesprit de ces jeunes gens, justes
appréciateurs de la question, une partie
de la confiance
qu’elle leur avait d’abord inspirée. Le chiffre de 166 candidats, qui se sont présentés à la première partie de l’exa
men pendant l’année scolaire 1860-1861, est tombé Pannée suivante à 110 et pour celle qui vient de s’écouler il
est réduit à 74. Les jeunes gens de nos établissements secondaires semblaient done provoquer eux-mêmes la mesure :
prise récemment par son Exc. M. le Ministre de l’Instruc-
tion publique.
. Mais, si nous-avons sur ce point une diminution à signa
ler, nous constatons, d’une autre part, une augmentation
dés plus heureuses. J'ai déjà imsisté dans mes précédents
rapports, sur Ja noble ambition, qui se manifeste de plus
en plus chez les jeunes gens de nos contrées, celle d'obtenir |
successivement
le grade
de bachelier ès lettres et le grade
de bachelier ès sciences. La progression dans le nombre
des candidats, qui, depuis 4859, se sont présentés devant
_nous, déjà pourvus du diplôme de bachelicr ès lettres, a
été assez rapide, comme lindiquent les chiffres suivants:
Année scolaire 1859-1800 —
29 bacheliers ès lettres.
1860-1861 — 45
1861-1862 — 74
1862-1863.— 94
id.
id,
id.
‘Il ya donc un retour bien marqué, du moins dans le
ressort de notre académie, vers les études littéraires. Si la
culture des lettres constitue l'élément essentiel qui fait les
19
—
|
hommes, elle dispose aussi
:
morveilleusementklétude des
sciences; aussi nos jeunes candidats, déjà munis du diplô—
me liléraire, réussissent-ils généralement bien dans les
épreuves scientifiques. Ces fails prouvent qu'ils ont enfin conscience de leurs véritables intérêts et qu’ils ont compris
ja nécessité de ne pas sacrifier l'un à l’autre deux genres.
d'enseignement qui se fortifient par leur union, ét le dernier
mot
de touies les tergiversations
dont nous avons été té
moins, dans la question si difficile de Porganisation ‘de.
l’enseignement secondaire, sera peut-être le aliance intime …
des lettres et des sciences.
RAPPORT
DE
M. Cu. BENOIT,
DOYEN
DE LA FACULTÉ
DES LETTRES.
MESSIEURS,
Cette fois encore j'ai cru que vous échapperiez à l'ennui
de nos Rapports annuels. La question a été de nouveau
agitée de transformer cette séance. Au lieu de la consacrer
à un Programme des Cours et à une Statistique d'examens,
on songeait à donner à tour de rôle la parole à l’un des
Maîtres de nos Facultés ou de notre École de Médecine,
pour qui ce serait l’occasion, ou de développer quelque
vérité générale sur la science qu’il professe,
ou de vous
jnitier à quelqu’unc des grandes questions, vers lesquelles
le monde savant tourne actuellement les yeux. C'eut été
un régal plus digne d’être offert à celte élite de notre ville,
si amoureuse des choses de Pesprit. Mais il y faut encore
une fois renoncer.
Ce qui soulient du moins notre courage dans cette tâche
ingrate de nos Comptes rendus, c’est l'intérêt, que vous
avez toujours pris à cette Statistique de nos études. Ces
chiffres sont pour vous des révélations du mouvement des
99
—
esprits. Après lant de remaniements,. qu’à subis depuis
quelques années le système de notre éducation nationale,
vous interrogez avec sollicitude nos Rapports, pour connaître les tendances de la jeuñésse et les promesses de
- l'avenir, Si vous êtes curieux en effet de savoir les ressour.
Ces militaires de la France, la situation de son commerce,
de son industric, de ses finances, vous
n'attachez pas un
moindre prix à connaître lesprit de nos Écoles,
| riations de nos études, les ressources morales,
les va-
que l’édu-
-Cation publique prépare aux générations qui nous vont
succéder
dans la vie. Quel est l’état des études littéraires
et scientifiques dans notre Académie? Comment notre
jeunesse se partage-t-elle entre les unes et les autres?
* D’après le niveau actuel de l'éducation publique, que peut-
on conjecturer de ce qu’elle apportera dans la vie active
de culture ‘intellectuelle et d'é slévation morale, celte générätion de nos. fils, qui sera la sociélé de demain, el qui
porte sur sa tête les destinées futures de notre pays?
Voilà, Messieurs, ce que VOUS «essayez de dégager avec nous
de: nos renseignements et de, nos. chiffres. Après : avoir suivi
avec inquiétude pendant, quelques : années Les Lettres dans
leur déclin, convaincus que leur culte ne saurait
gligé en France, sans entrainer un abaissement
être nédans le
caractère national et dans la grarideur morale de la patrie,
aujourd’hui vous êles heureux de leur voir reprendre dans
Véducation publique leur grande et légitime influence.
Càr c’est I ‘ce que vous constaterez par le Compte rendu
de nos Examens.
“L'opinion, un insfant fourvoyée, est revenue avec fa-
veur
aux Lettres, en dehors desquelles il ne peut y avoir
d'éducation vraiment libérale;' et, le Ministre de l'Instrucion publique, qui vient de signaler son avénement par
_
93
—
tant de mesures généreuses et hardies, n’a fait que suivre
l'impulsion de plus en plus décidée de Pesprit publie,
quand, complétant l'œuvre de son prédécesseur, il a élargi
encore la part des Lettres dans notre instruction nationale,
et lui a rendu la philosophie pour couronnement. Peulêtre, dans le temps troublé encore et plein d'incertitude, |
qui. succédait à un profond ébranlément social, peut-être
avait-il fallu restreindre la carrière de a pensée exaltée
jusqu’à l'ivresse ; peut-être quelque défiance était-elle alors
fondée contre les Lettres, qui avaient toujours joué
j
un si
grand rôle. dans nos révolutions. Peut-être aussi le.développement « de notre industrie nationale, et les merveilleux
progrès des Sciences appliquées, exigeaient-ils que l'on fit
à ces Sciences de la matière une plus
truction des enfants du XIX° siècle.
les orages s'éloignaient, l'Empere ur,
fiter du raflermissement de l'ordre,
en avant vers la liberté, TEmpereur
large part dans Pi08
Mais, à mesure que
qui, semble ne pro
que pour faire un pas
a voulu quel éduca-
tion nationale vint se retremperà ses sources iles” “plus gé-
néreuses, et que TUniversité, avant de préparer les jeunes
j
gens aux diverses professions, s’efforçât surtout d'élever
les esprits et de former des âmes viriles. Vous l'entendiez
(il y a quelques années) dans un Manifeste€demeuré célèbre convier le génie national à reprendre dans tous les .
Arts son glorieux essor. C estsous l'inspiration de la mème
pensée, que le Ministre, “choisi par lui dans l Université, a
restauré dans sa grandeur sincère Pétude de la Philosophie. Avec le rôle que la France a repris désormais en
Europe, il. est nécessaire qu’une forte éducation morale
pr épare nos filss à soutenir dignement ces nobles destinées.
EXAMENS.
Quelques mots d’abord sur nos Examens.
Baccalauréat-ès-Lettres. Le nombre des Candidats au
Baccalauréat-ès-Leitres continue à s’accroître dans notre
Académie.
L’an dernier,
nous
en comptions
275;
et je
croyais, en considérant la population de nos Écoles, que
nous avions atteint le maximum.
Mais en voici 299 cette
année. À quoi lient cette augmentation continue? —
Constatons d’abord que ce mouvement intelligent, qui
depuis quelques années ramène aux Lettres l'élite de notre
jeunesse, se prolonge et s'étend de plus en plus. Mais en
outre bien des Candidats étrangers au ressort Académique
de Nancy viennent ici de préférence se présenter à l’examen. Grâce à son réseau de chemins de fer, Nancy devient de plus en plus le centre d’une vaste région, qui
déborde bien au delà des limites de notre vieille Lorraine,
ou de la circonscription actuelle de notre Académie. Les
Ardennes,
la Iaute-Marne,
la Haute-Saône,
la Marne
même et l’Aube tendent à se grouper autour de cette
capitale de l’Est. Symptômes de bon augure, que j'aime
à signaler, parce qu'il me semble que la fortune se plaît
à dessiner ainsi d'avance la circonscription de l'École de
Droit promise à notre ville.
Si le nombre des candidats s'est élevé, la moisson
aussi
de cette année a été assez bonne. Jamais l'Épreuve préliminaire des Compositions ne nous avait permis d'admettre
—
2%
—
une aussi grande proportion de Candidats
.
à PÉpreuve
orale : 196 sur 299, qui s'étaient présentés, c'est-à-dire, les
deux tiers. De plusieurs de ces jeunes gens, nous avons
même obtenu des morceaux de Latin aussi distingués par
la pensée que par le style. Si la plupart des autres se
tiennent dans une médiocrité assez banale, leur
travail
témoigne cependant, qu’il n’est point encore d’exercice
plus propre que cette pratique du Discours Latin, pour
former de jeunes esprits à l’art de penser sévèrement et
d'écrire avec fermeté. On voit bien que ce n’est pas sans
fruit, qu'ils ont pour cela fréquenté les maîtres de la pensée antique, et essayé de leur dérober les formes de leur
style. Peut-être même l’étude du Français est-elle un peu
négligée pour celle du Latin. Car, en général, nos jeunes
gens entendent mieux qu’ils ne traduisent le texte d’une
Version : ils en sentent les nuances ; mais, à vouloir suivre
de près dans leur traduction la phrase antique, leur style
s’embarrasse, se traine et souvent
se hérisse de soiécismes:
il faut avoir le Latin, pour deviner leur Français.
Mais c’est à l'Épreuve orale, qu’on sent peut-être encore
davantage cette lacune du Français dans nos études classi-
ques. Les Candidats sont toujours bien mieux préparés
sur les Auteurs Grecs et Latins, que sur les nôtres; et
nous avons lieu de croire, qu’en maint Collége létude de
nos grands écrivains n’a pas encore pris sa place à côté de
l'explication des chefs-d’œuvre de l'Antiquité. Je crains
bien qu’on n’abandonne le plus souvent aux élèves la lecture de ces ouvrages d’un plus facile accès. On a tort : il
‘est si peu de jeunes gens qui sachent lire. Celte facilité
même, avec laquelle ils parcourent les chefs-d’œuvre de
notre langue, ne leur permet pas d’en approfondir la pen-
sée et d'en sentir le style. La plupart du reste ne prennent
_
pas
même
la peine ‘de dir
96
—
ce petit nombre d'œuvres‘ de
choix, que leur impose
i
le Prograrnme; ils aiment mieux
en emprunter des résurnés arides et sommaires à leurs
Mänuels. Le procédé sans doute ne. leur réussit guère: à
là prêt
ière question, l'Examinateur lesa désarçonnés,
mais
saüs être” parvenu encoreà les désabuser de cette litiérature ‘superficielle et de faux aloi:
© En somme, on né s'aperçoit que trop encore,
à cette
épreuve orale, de l'impatience qu'ont la plupart des Candidats de finir leurs études. Ils en sacrifient d'ordinaire la
dernière année, l'année de Philosophie, qui devrait en
être le couronnement. — Nous exeusons encore cette précipitätion regrettable chez les jeunes gens pressés par
l'âge, qui, leurs études littéraires terminées, ont à reprendre, ensuite l'étude des sciences en vue d’une École.
Mais que nous voudrions voir rétablir le Certificat d’ Études, pour retenir de force en Philosophie tous ces imprudents déserteurs, qui (se destinant au Droit, à la Médecine,
aux Beaux-Arts, à l'Enseignement) ne s'y pourraient
mieux préparer, qu’ en, laissant leur intelligence mürir
dans une Classe consacrée, non-seulement à l'analyse de
l'esprit humain età Ja méditation des grandes questions de
notre destinée,
mais encoreà lé inde de l'Histoire et de
toutes ces Sciences des nombres et de la nature, auxquell es
meurer étrânger?
: Vous: avez pu, jeunes gens, être tentés de déserter la
Philosophie, quand vous l'avez vue amoindrie et reléguée.
Mais aujourd’ hui, qu’on vient de lui restituer ses honneurs
ét sa légitime influence dans vôtre éducation, revenez à son
cülle trop longtemps méprisé. Ne dites plus que vous
n’en avez que faire: que vous laissez aux rêveurs les ques-
-
—
9
—
tions qu’elle agite ; que, fixés sur. les principes essentiels
de la vie, VOUS ne voulez pas connaître ces inquiétudes de
“h; pensée. — Non, non’, malgré que vous
*
en ayiez,.Lôt ou
tard, il vous faudra bien yarriver et faire votre _philoso“phies On ne supprime pas la réflexion à son gré, et l'on ne
peut s se. flaiter de retenir son. intelligence dans un éternel
assoupissement. En dépit du bruit de vos affaires ou de
vos plaisirs, un jour arrivera, où les problèmes de la destinée humaine viendront vous assiéger, vous obséder, vous
troubler. Mais alors, ‘jeunes gens, combien ne risquez.YOUS pas, dénués d'une forte doctrine philosophique, combien ne risquez-vous pas de vous égarer, lorsque vous serez
‘saisis et enveloppés par cette atmosphère de faux systèmes
et de sophismes malsains qui obscureissent la lumière de
notre siècle, lorsque,
sans gouvernail ni boussole,
vous
serez entraînés sur celte mer orageuse, dont, vous ne con—
naissez ni les écueils, ni les étoiles? 1 n’y a qu’un Cours
solide de philosophie au seuil de la vie où vous allez entrer, qui puisse vous prémunir contre les égarements inséi
parables des spéculations de la pensée. {n'y a que la vraie
philosophie, qui puisse guérir. les maux. de la. mauvaise.
« Sans la philosophie (disait Royer. Collard) 7 n'y a ni
» littérature ni science véritables. Si de pernicieuses, doc» trines se'sont élevées sous son abri, c'est à elle, non à
» làignorance, qu'il appartient. de ls détruire. » Revenez
donc, Jeunes gens, à l’école des grands philosophes du
XVI
siècle, des Descartes,
des Leibnitz, des Malebranche,
des Pascal, des Bossuet, des Fénelon; venez Yous armer
auprès d'eux de. science et de raison. pour | vous défendre
contre les atiaques du faux savoir, pour repousser surtout
avec la conscience de leur erreur et. de. leurs périls ces
doctrines folles ou perverses, qui commencent par nous
_.
confondre nous-mêmes
DR
dans le vaste sein de la nature,
pour y änéantir ensuite Dieu lui-même.
En insistant encore sur ces lacunes d’une éducation incomplète, je dois ajouter pourtant, que, chaque année, la
situation s améliore, et que le niveau moyen des Examens
s'élève. Toutefois en signalant le mieux, il faut aspirer à
plus encore. — Or, sur 196 Candidats admisà l'Épreuve
orale, nous avons eu la satisfaction sans doute d'en déclarér 172 dignes
du Grade de
Bacheliers-ès-Lettres;
mais la majorité d’entr’eux wa pu qu’atteindre le but, sans
‘le dépasser. 98, en effet, n’ont été admis qu'avec l’humble
mention Passablement; 48 avec la mention bien modeste
“encore d'Assez Bien — 15 seulement ont mérité JaNote
Bien: 9 la Note Très-Bien.
Ce sont :
‘
MM. Lévy-Bnne
Hanesse
MicHaun
°°
Marnin (Michel-Alexandre}
Prczon
Rozzer
. Enfin 2 Candidats,
AUBERT
Couvaz
Mure
‘
MM. Dexss et Ponte
onf obtenu la
Mention Parfaitement Bien.
En somme, 172 Candidats admis, sur 299 qui se sont
présentésà l’Examen, nous offrent pour le succès une proportion de plus de 57 pour 160. C’est un chiffre qui témoigne assez de la prospérité des’étüdes dans notre ressort
Académique, mais qui n’étonnera ici personne; car où
sait, combien notre Province renferme d'Établissements
publics ou privés d'Enseignement secondaire, qui rivalisent âvec une généreuse émulation dans cette grande
œuvre de l'éducation nationale; et l'on connait assez
dailleurs l'excellent esprit de nôtre jeunesse Lorraine si
—
29 —
laborieuse, si appliquée et si docile. Certes, on a le droit
de dire avec orgueil, qu’il n’est point de Région de l’'Empire qui présente à l’Examen des Facultés, comme au
Concours
des
Grandes
Écoles,
un
bataillon
sacré plus
vaillant et plus nombreux.
Quand nous signalons ces résultats, qui attestent le raffermissement de nos études classiques,
il est juste de payer
ici notre dette de pieuse reconnaissance au Ministre si
avisé et si sage, qui vient de quitter l'Instruction Publique
pour la Présidence du Conseil d’État, et qui a laissé de si
bons souvenirs parmi nous. C'est lui qui, en effet, par
une série de mesures discrètes et habilement graduées, a
commencé à réparer peu à peu les brèches déplorables,
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SESSIONS
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105
6124156
(172
—
30
—
qu'un esprit d'aveugle prévention avait faites dans
le.
système de notre édue ation classique. — Pour. achever son.
œuvre dé restauration, M. Rouland a laissé son héritage
en bonnes mains. M. Duruy est un vrai fils de l’Université, :
un maîlre de nos Lycées, qui, dans une longue pratique
de l'Enseignement, a vu l'effet des Programmes excessifs,
et qui, après avoir de près jugé l'arbre par ses fruits, est
arrivé au Pouvoir avec une pleine expérience, une COnvICtion faité, et une volonté bien décidée de profiter du bien, .
de corriger le mal.
Aussi l'Université a-t-elle été tout en-
semble heureuse et fière de ce Ministre choisi dans ses
rangs. Elle et lui avaient appris de loinà se connaître par :
une estime et une affection mutuelles. La France du reste.
n’a pas tardé ‘de savoir elle-même l'esprit libéral de
M. Duruy. On a vu son activitéà imprimer partout une
impulsion féconde. Chaque jour, pendant ces vacances,
nous apportaif une mesure importante. Hier, c'était le :
Cours de Philosophie véritable rétabli: dans nos Lycées; :
aujourd” hui, c’est la réconciliation graduelle des études
scientifiques et littéraires, qu'un fâcheux divorce avait
trop séparées depuis dix ans; puis, c’est la réorganisation
d'un enseignement plus râlionnel des langues vivantes:
puis, l'institution étendue et régularisée d’un enseigne- .:
ment professionnel. En même temps que le ifinistre a
voulu fortifier par une plus. solide instruction philosophique et littéraire l’édueation des jeunes gens destinés aux
fonctions publiques et aux carrières libérales, il travaille
ainsi, d'un autre côté, (selon le vœu de notre siècle) à mé
nager à ceux de nos fils, qui se proposent d’entrer dans le
commerce et l'industrie, un enseignement mieux approprié à leur vocation et aux. besoins de notre société fran- :
çaise. Tout sous sa main se transforme et s’organise à la
_
3
—
fois, mais selon un plan longuement
médité à l'avance.
Car toutes ces mesures sont le fruit d’une ancienne expé-
rience. Aussi est-ce avec une pleine confiance, que PUniversité, sous un parcil pilote, s'élance vers l'avenir à
voiles déployées.
Licence ès-Lettres. La Licence, cette année,
n’a produit
que d’assez modestes résullats. À la Session de Novembre
1862, nous n'avons pu admettre au Grade aucun des Candidats qui s’élaient présentés. À celle du mois de juillet,
six Candidats seulement ont subi les épreuves de PExamen.
Bien d’autres, qui y aspiraient, ont consenti d’après nos
Conseils à attendre. Comme nous sommes en rapport avec
la plupart d’entr'eux par une correspondance assidue,
nous pouvons, sur les compositions d'essai qu’ils nous
envoient, dissuader les imprudents, ajourner ceux qui
nous semblent encore trop faibles, et prévenir ainsi des
échecs probables. Grâce à ces conseils, nos jeunes Maîtres
n’affrontent ces épreuves qu'avec des chances sérieuses de
succès. — Les Candidats de juillet étaient tous des disciples de nos Conférences, ou de ceux que nous guidons de
loin par correspondance. Trois d’entr'eux ont été jugés
dignes du titre de Licencié ès-Lelires :
MM.
Brian»,
Tomas,
GérarD.
Le premier, l’un des plus brillants élèves sortis du Lycée
de Nancy, à voulu, en même temps qu’il commençait
son Cours de Droit, poursuivre ses études classiques et
mürir et fortifier son esprit dans cette haute discipline.
Noble alliance des Lettres et de la Jurisprudence,
qui à été
la gloire de notre ancienne Magistrature, et dont l’heureuse
tradition est perpétuce ainsi avec éclat par quelques jeunes
gens d’élite destinés à être un jour l'honneur de notre
barreau. M. George Maume, il y a quelques années, ou-
vrait vaillamment la voie.
M. Briard l'ya
suivi avec
une émulation généreuse; el son exemple, nous le savons,
ne sera point perdu. MM. Thomas et Gérard sont Maîtres:
répéliteurs au Lycée de Nancy; ils prométtent à l’enseignement public des professeurs d’un esprit net, d’un goût
cultivé, d’une littérature
concurrents sérieux.
étendue, et à l'agrégation des
IE.
ENSEIGNEMENT.
Sur notre Enseignement, je tâcherai d’être bref. Nos
Cours de l'an dernier, la plupart d’entre vous les connaissent aussi bién que moi. Quant à ceux de celte année, d'ici
à quelques jours, chacun de nous vous en exposera le
sujet et l'esprit, bien mieux que je ne puis le faire moimême.
Philosophie. M. de Margerie a complété pendant le
premier Semestre de l’an dernier son Cours sur le Droit
international. En étudiant surtout la question de la Guerre,
et en traitant à ce propos des causes qui la justifient, des
règles qu’elle
doit
observer,
du
droit
des
Neutres,
des
Trailés de Paix, il a montré comment les principes de la
Morale ne sont pas moins obligatoires dans les relations des
peuples que dans celle des individus. Il n’ya pas,
en effet,
deux justices; et jamais l’intérêt public, pas plus que celui
—
88
—
.
des particuliers, nc
saurait
(quoiqu’en dise Machiavel)
prévaloir
Morale,
et justifier l’iniquité. Les
contre la
crimes
des’ nations s’expient comme ceux des particuliers,
et par une punition d’autaut plus inévitable même én ce
monde, qu'il n’y a pas pour les nations de vie future, et
que toute leur destinée doit se consommer ici bas.— Dans
le second Semestre, le Professeur a repris l’histoire du Droit
international, dont il avait exposé la philosophie. En se
plaçant toujours au point de vue de la Morale universelle,
qui. doit finir par régner un jour dans les rapports des
peuples entre eux, il a développé et jugé successivement
les
plus célèbres doctrines politiques et sociales enseignées par
les philosophes depuis Platon .et Aristote jusqu’à Montesquieu, ou pratiquées par les Gouvernements depuis les
Républiques grecques jusqu'aux. Monarchies modernes,
en insistant particulièrement sur les modifications profondes apportées par le Christianisme dans la science
et la
vie sociales. — Ces intéressantes études, que le Professeur.
n'a pas-eu le Joisir d'achever, seront reprises par lui avec |:
plus de détail cette année dans ses Conférences du vendredr.
“Le Cours du mercredi sera consacré à l’enseignement-de
la Théodicée. Dans une série. d’études philosophiques,
M. de Margerie se propose de résumer tout ce que la rai-.
son humaine,
éclairée et fortifiée
par le Christianisme,
peut démontrer avec certitude touchant les chioses divines:
À savoir : qu'il est un Dieu; que ce Dieu-est parfait
; qu'il
est distinct du monde créé par un acte de sa toute-puis-
sance; qu'il
merveilleux,
a organisé, cel univers suivant un -plan.
dont les sciences nous révèlent de plus en L
plus la grandeur et la beaulé : que sa Providence conduit.
Jé monde par des voies mystérieuses vers un but digne de.
sa sagesse et de sa bonté suprèmes, — Puis, descendant:
3
—
4
—
de Dieu vers l’homme, le professeur montrera que ce Roi
de la création a été associé, en vertu de’son intelligence et
de sa liberté, à l’accomplissement du plan divin; qu’il est
_ uni à son Créateur par des liens nécessaires:
et tenu envers
lui à des devoirs, qu’une saine philosophie peut proclamer
sans doute en principe, mais qu’il appartient
à la religion
seule d'enseigner. avec précision et avec une autorité
souveraine.
Car,
pour s'élever de la terre au ciel, il faut
que la raison et la foi se prêtent un’ mutuel appui. La rai-
son gravira.bien seule. les premiers degrés de li merveil-
leuse échelle de Jacob; mais, à mesuré qu’elle s'élève, sa
vue se trouble dans la vision céleste; il faut alors que la
foi l'emporte sur ses ailes jusqu’au sacré parvis,
Quoique M. de Margerie, dont vous avez assez éprouvé
la discrète sagesse,: se garde bien de mêler la polémique à
ses spéculations élevées, peut-être ici lui sera-t-il pourtant
difficile de l'éviter toujours. Le scepticisme moderne,
après avoir tout ébranlé dans la conscience humaine, s’est
attaqué enfin à l’idée même de Dieu, ce fondement de
toute philosophie, de toute religion, de toute morale. Vous
le savez, Messieurs, tandis que la Philosophie dite positive
prétend ouvertement à expulser Dieu de l'univers et du
cœur de l'homme, pour ne plus laisser dans le monde
solitaire que les forces de la nature; l'Ecole Hégélienne,.
dans sa théorie panthéistique, arrive au même résultat, en
dénaturant l’idée de Dieu, qui n’est plus pour elle que
Pâme du monde, le principe de la vie universelle. Pour
. défendre contre ces dangereux sophismes la métaphysique’
religieuse, il est nécessaire que le Professeur descende sur
le terrain choisi par ses adversaires pour le combat ; qu’il
expose ces doctrines trop aisément accueillies par l'esprit
incertain de notre siècle; qu’il les réfute.par elles-mêmes,
—
85
—
|
et‘montre qu’elles aboutissent, non-seulement à l’anéantissement de toute moralité, mais encore au renversemerit
de-toute raison. En présence de ces attaques insidieuses de
l’athéisme moderne contre les principes sur lesquels repose
le salut du monde, il est impossible que la philosophie
spiritualiste garde le silence. Vous savez, Messieurs, que
nul, par son talent et son caractère, n’a plus que M. de
Margerie
le droit de se porter sur la brêche en cette occurrence et de se faire le champion de la morale et du bon
sens.
Histoire. M. Lacroix s'était engagé l’an dernier à vous
raconter en entier le règne de Louis XV. Il se flattait qu’il
lui serait possible d’embrasser ainsi, dans cette période de
plus d’un demi-siècle, le tableau de la décadence continue.
de la société française et de la maison de Bourbon descen-
dant des hauteurs du XVIF siècle jusqu’à Pabime, où la.
Révolution doit les précipiter. Maïs l’abondance des matériaux, l'importance des événements, la variété des ques-
_tions de toute sorte qui le sollicitaient à chaque pas de sa
- carrière, ont retardé sa marche: il n’a pu remplir que la
moitié de sa course. Il se propose de l’achever cette
année. Il vous avait conduits jusqu’au terme du pacifique
Ministère du Cardinal de Fleury, pendant lequel la France’
se reposait des guerres du règne précédent, et s’appliquait
- à en réparer les désastres. Ce sera son point de départ. —
Au lendemain de la mort du vieux Ministre, tout va prendre
une physionomie nouvelle. Tous les ferments d'agitation,
dont la société française et l'Europe entière étaient tra-
vaillées, et que Fleury avait assoupis jusqu'alors dans un
calme trompeur, vont faireà la fois explosion. Une lgénération nouvelle apparait sur la scène ; inquiète, remuante,
—
36
—
téméraire, tourmentée d’un vague malaise, lassée- d’institutions politiques et sociales en désaccord de plus en plus
manifeste avec ses idées et ses mœurs, aspirant au chan-
gement, et sapant aveë un: acharnement unanime le vieil
édifice, pour hâter l’avénement d’un ordre nouveau plus
conformeà la justice et à la raison. La faiblesse du pouvoir.
et son infamie ne contribuent pas médiocrement à encou:
rager. les attaques de l'esprit philosophique. Comment
la France aurait-elle pu respecter encore cette royauté,
tombée aux mains des Courtisanes? Pour couvrir cette
honte du Gouvernement, ilne reste pas même la gloire des
armes. Ce n’est pas toutefois que la France ait pu se défendre de prendre part aux grandes luttes, qui recommençaient alors autour d'elle, Car, sur la tombe à peine
fermée de Fleury, la guerre, que le:vieux Ministre semblait
tenir enchaînée, éclate. partout à la fois. C’est une mêlée:
universelle.
des puissances Européennes, pour se disputer:
la prépondérance sur. le continent et l'empire des mers.
Si la France.cependant à encore le goût de la guerre, elle
n’en a plus le génie ; ses soldats.sont toujours braves : mais
les généraux lui manquent. La victoire déserte ses armées,
et.ses campagnes désastreuses n’amènent que de honteux
traités, qui blessent profondément l'honneur national. La.
Guerre de la Succession d’Autriche.et la Guerre de Septans.
consomment l’abaissement politique de notre pays. C'est:
alors que l'Angleterre suscite contre nous et contre l’Autriche la Monarchie Prussienne, qui va changer sur le continent Pé quilibre Européen; et. que, sur les ruines de notre
empire colonial, elle établit sa souveraineté maritime. Sur
la fin du misérable règne de Louis XV, le partage de la
Pologne. vient révolter encore la conscience nationale, et:
témoigner du mépris, où le gouvernement Français
est
—
97
—
tombé;Tant d’humiliations et de revers ne font qu’ laccroilrè
encore le dégoût du présent et la démangeaison des nouveautés. Dans cette impuissance de la Cour et des Classes
privilégiées, auxquelles la direction des affaires échappe .
des mains, le Tiers-État, qui sent qu’enfin son jour arrive,
aspire à se placer à son tour à la tête de l'Etat, et il y est”
porté par le flot montant de la nation entière, Aussi, vers
la fin du règne de Louis XV, verrez-vous l’ancien ordre
social s’affaisser de toutes parts sur lui-même. On sent venir
une Révolution menaçante, que ne sauraient déjà plus con-
jurer, niles vertus populaires du jeune Roi qui lui succède,
ni ses intentions loyales. Voilà, Messieurs, les traits principaux de l’époque, que vous allez parcourir avec M. Lacroix,
et dont étude vous promet un intérêt toujours croissant, à
mesure. que vous verrez le torrent accélérer son cours ora-
geux, et que vous entendrez de plus près le bruit de la
cataracte, où l’ancien régime va s’abîmer pour jamais.
Littérature ancienne. L'an dernier, M. E.
pris pour sujet les Poëmes -homériques.
de près et en comparant ensemble l’Iliade
vous avez été amenésà. conclure avec lui,
Burnouf avait
En étudiant
et l'Odyssée,
que cés deux
poëmes ne sauraient appartenir ni au même auteur, ni a
même pays, ni à la même époque de lacivilisation Grecque.
Aux yeux du Professeur, et désormais aux vôtres,
Viliade
est au moins d’un siècle antérieureà l'Odyssée, tant le spectacle du ciel et de la terre a changé dans Pintervalle ; .€t
tandis que la première épopée a eu manifestement ‘pour
berceau les régions de l'Asie Mineure voisines du théâtre de
Ja guerre de Troie, il est probable que la seconde au conraire, qui est l'épopée non plus des guerriers, mais des
marins, a dû naître dans les Îles loniennes ou sur les riva-
—
38
—
ges prochains du Continent hellénique. Après’avoir ainsi
établi que ces deux poëmes ne peuvent plus être. réunis
désormais sous le nom unique d'Homère, M. Burnouf lesa
étudiés séparément,
comme
de curieux monuments
de .
l’état des mœurs, des usages, des institutions, des croyances
religieuses et des idées philosophiques, dans les deux phases
différentes de la civilisation Grecque, auxquelles ils COrrespondent.
Cette année, M. Burnouf se propose dè faire de l’Enéide
de Virgile une étude analogue. Seulement, au lieu d’une
Epopée primitive, dont un Chantre de génie n'avait eu
sans doute qu'à recueillir et à coordonner les‘ matériaux
préparés pendant des siècles par l’imagination populaire;
il aura ici affaire à une Epopée d'imitation, composée par
un artiste habile, à une époque de littérature avancée et
savante, sur le modèle des poëmes homériques. Il analysera
du moins, dans ses matériaux et son harmonie, cette œuvre
artificielle, où le poëte érudit et créateur tout ensemble est
parvenu à unir, avec une si heureuse industrie, aux légendesGréco-troyennes, queluiavait léguées la PoésieCyclique,
les maigres et douteuses traditions, qu’il avait recueillies à
grand’peine sur le sol si peu poétique du Latium: Il
essaiera de surprendre ainsi dans ses secrets et ses jointures
cet art délicat, avec lequel Virgile, fondant ensemble les
traditions nationales, les imitations du passé; les passions
huinaiñes et sa propre sensibilité, et animant le tout de
son génie, a su faire d’une œuvre d’érudition une Epopée
intéressante et durable. — Auguste, dans son essai de restauration religieuse et sociale, avait demandé au poëte des
Géorgiques cette Epopée nationale ; il espérait par là ravi-
ver dans les âmes
les souvenirs ét le culte d’un passé de
plus en plus enseveli dans les derniers bouleversements de
_—
39
—
la République, et plus encore dans les accroisscments démesurés de la puissance Romaine. Il fallait consacrer de
nouveau la Religion de la patrie, en lui rendant sa vénéra-
ble antiquité. Et rien assurément ne pouvait mieux que
l'Enéide répondre au vœu du réparateur
Si Pergama dextra
Defendi possent, etiam hâc defensa fuissent.
Si l’œuvre du poëte et de César à échoué, c’est que déjà le
Christianisme alors se levait à l'Orient, seul capable de
sauver le monde de sa ruine, et de fonder sur le Capitole
PEmpire immortel. Ce n’était plus à ce passé mythologique,
ressuscité par Virgile, que pouvait se rattacher l'univers
romain en détresse de périr. Il lui fallait une autre foi,
d’autres espérances. La pensée chrétienne, sortant des
Catacombes avec une irrésistible puissance, fera évanouir
les croyances antiques et l’œuvre d'Auguste, comme des
songes au lever du jour.
En mème temps que M. Burnouf trouve
ainsi chaque
ännée le moyen de nous ramener par des routes toujours
nouvelles à la vieille antiquité, il poursuit activement, en
dehors de ses Cours, la publication de ce Dictionnaire
sanskrit, qu’attendent la France et l’Europe savantes. Car
vous savez déjà, Messieurs, que, gräce à M. Burnouf et au
concours de quelques zélés collaborateurs, Nancy est devenu
l’un des foyers les plus actifs de ces études sur les vieilles
langues de l’Asie, dont la connaissance doit bien autant que
le succès de nos arines contribuer à nous ouvrir l'accès de
l'Orient. Quand M. Rouland est venu ici, il a été frappé de
la grandeur et de l'importance de ces travaux, et il a prodigué à M. Burnouf les plus nobles encouragements. Nous
_
40
—
.ne-doutons pas que M. Duruy n’accepteà son tour, come
“une des plus-belles parts de son héritage, ce patronage de
l Ecole orientaliste de’ Nancy.
:
Littérature Française. Depuis que j'aiouvert man Cours,
je n'ai jamais pu remplir mon Programme. La fin de l’année :
me surprenait à la moitié du chemin. L'an dernier, je me
| proposais d'emhrasser l’histoire complète des Lettres et de
l'Esprit en France sous l'Empire et la Restauration. Mais,
séduits par Chateaubriand et Madame de Staël, qui inaugu...
rent avec tant d'éclat l'ère nouvelle de notre Littérature,
nous nous sommes arrêtés avec complaisance à étudier leurs
oùvrages, dont l'influence a été sidécisiveet si féconde. Nous
. reprendrons la suite de ce tableau en 1815. Vous savez que
c’est surlout de cette époque, que date le grand mouvement
liltéräire du XIX° siècle. Jusque là: Chateaubriand et
Madame de Slaël avaient été des génies précurseurs, mais
‘solitaires. Le génie des armes occupait.seul alors: la scène.
Ce fut enfin le tour de l'esprit, rafraichi par un long silence
et impatient de prendrela parole: Nous redirons l’'ardeur de
Ja France à celte époque. et ses espérances, et ses illusions.
Nous montrerons avec quelle confiance généreusé et parfois
téméraire, mais aussi avec quel incomparable éclat la pensée
s'élance dans tous les voies. Poésie, histoire, philosophie, :
éloquence, tout prend à la fois un brillant essor. C’est alors
seulement que le sol, profondément remué par la révo-
lution, va produire sa moisson,
et qué
et les rêves de feu de l’Empire vont se
ses de l'esprit.
Si la France a perdu ses
dans son contact avec l'étranger, son
la passion de la gloire
tourner vers les choconquêtes, du moins
génie s’est éveillé à
des inspirations nouvelles, Byron ; Walter Scott, Schiller,.
Gaœthe nous couvrent les horizons de la Poésie romantique. -
—
1
—
La Littérature française s’affranchit des traditions classi-
qués, dans lesquelles elle s'était jusque-là trop étroitement.
reniferméé. Elle fait son 89à son tour ;-elle en a surtout les.
espérances. Mais la France sait-elle s’arrêter dans sa poursuite de l'idéal? Le Romantismé aura aussi son 93. Les violents, en poussant à outrance les principes de la Révolution
littéraire, en compromettront ke succès. — 1830 sera le
termé de notre course. Tout en regrettant lés fanatiques
ardeurs
de l'Ecole
romantique,
nous
nous féliciterons
cependant des conquêtes libérales et durables, par lesquel-
les elle a élargi le champ des Lettres françaises; et nous
aurons à signaler une multitude de grandes œuvres, suscitées par ce mouvement généreux, qui demeureront pour
être à jamais l'honneur de cette époqué mémorable.
Littérature Etrangère. M. E. Chasles a consacré son Cours
de l’an dernier à l’étude de la Poésie Espagnole au Moyen
âge. Après avoir essayé d’en surprendre le premier essor
au milieu des obscurités d’une époque barbare, il en a suivi
le développement spontané jusqu’au XVF siècle. Vous avez
- entendu d’abord dans leur naïveté pieuse ou guerrière ces
Chansons populaires, que le Professeur allait recueillir à
travers le Romancero. Pendänt que de vaillänts Capitaines
lüttäient pied à pied pour refouler l'invasion de lIslamisme, le peuple chantäit la Croisade. — Après le peuple, les
Rois ont consacré à leur tour les souvenits de l’héroïsme
national. Vous avez écouté les pages éloquentes d’Alphonse
le Savant; les apolôgües de l’Infant Juan Manuel ; les parolesaustères de l'historien Ayala;
œuvres bien diverses de
forme sans doute, mais semblables par l'inspiration patriotique et chrétienne qui les anime. Cette histoire progressive
du génie Castillan nous a conduit jusqu’à celte heure de
= & =
rériaissante,
‘où l'Espagne; affranchie enfin ét pacifiée, se
tourne vérs l'Europe;
ét se laisse pénétrer de-plus en plus
pat l’inflüence littéraire dela France et de l'Italie. Arrivé
ainsi au seuil du XVE siècle-si fécond'en écrivains immor-
tels; M. Chasles a dû choisir. C'est à: Cervantes, :le plus
giand génie de l'Espagne; qu’il s'ést d'abôrd attaché: déjà
vous-én avez étudié avec lui la vie’et les‘œuvrés, du moins
dans leur suite et lei ensemble: Une:seule partie
de ses
écrits
a élé réservée; là plus rare; la moins connue
: je veux :
parler de’ses œuvres dramatiques. — C’est par à que M.
Chasles se propose: de -commencer Fhistoire du théâtre
Espagnol, qui sera l’objet de son cours de cette année.
Quelle étüde plus curieusé et plus intéressante, que d’entrer, avec'un'tel guide, dâns ce trésor d'œuvres théâtralés
de toute sorte, où tragiques ef comiques de tous les pays
sont.venus puiser à pleines mains, et.qui réserve tant ‘de
richesses :à qui'saura en user? On connait:la fécondité
merveilléuse
de Lope, de;Caldéron, qui mènent ce chœur
glorieux'des poëtes dramatiques
de l'Espagne: mais on ne
sait:pas assez leur génie. Pour ces recherches originales; M.
E: Chasles, vous le savez, trouve dans sa famille comme.üun
hébitage de:science doméstique, Son père; :son.oncle; ‘lui
ont frayé la voie avecéclats Lui-mêmevousa montré assez,
avec quelle finesse et-quelle-:curiosité d'esprit ‘il sait pénéirér dans le génie de ces œuvres-étrangères. Avec la littératuré étendue qu'il possède il'a le dessein, en‘étudiant. ces
pièces, d’en rapprocher les imitations
ou les thèmes bril-
Jants, que lascèné Espagnole n'a-cessé dé fournir:
à tousles
tliéâtres de l'Europe, depuis Corneille «et1 Molière, jusqu à
Mozart et-mibriie àà Byron
PEUR
UE
OUR
Sir nous nous1 efforcons chaque an
annéee derenouveler ainsi
—
le sujet de nos
43
—
entretiens, nous devons
dire aussi-avec
gratitude l'intérêt soutenu, que prennent à ces leçons de
notre faculté tous les esprits cultivés de notre ville. Après
tantôt dix ans, la faveur, avec laquelle ces Cours sont
suivis, est aussi vive qu’au premier jour. Notre intelligente
cité a fidèlement prouvé son goût pour les choses de l’esprit. On ne saurait plus contester, que Nancy semble plus
particulièrement destiné, ‘entre toutes les villes voisines, à
redevenir un foyer d’études, une capitale universitaire, Le
premier essai, qui a été fait dans ce sens par la création
des deux
Facultés
des
Sciences
et des Letlres,
est désor-
mais justifié par le succès. On peut maintenant, à coup
sûr, compléter l'institution, en nous accordant enfin l'Ecole
de Droit, tant désirée et presque promise. Nous espérons
bien que l'honorable M. Rouland n'aura pas emporté et
enseveli dans sa retraite ses promesses et-nos espérances,
et que son successeur tiendra à honneur de remplir ses
engagements.
Car, pour que les Facultés exercent une influence vrai-
ment efficace, il est nécessaire,
que,
réunies en faisceau,
elles se prètent un mutuel concours. Lorsqu’au début du
siècle une main puissante releva l'Université parmi les
ruines du passé, et rétablit dans une hiérarchie plus solide
que jamais l’enseignement national, ce fut une regrettable
erreur de disperser sur le sol de l’Empire les diverses
Facultés, comme si l’on voulait par ce partage satisfaire
plus d'ambitions particulières. On les condamnait ainsi à
languir dans l'isolement. Il est vrai qu’alors les Facultés
des Sciences et des Lettres ne semblaient destinées qu’à
conférer des grades et à préparer au Professorat. Mais
aujourd'hui une plus large carrière leur est ouverte : les
Examens
ne sont plus
que leur moindre tâche; l’Ensei-
—
dE
—
gnement a pris. de beaucoup
la première place. Ges Kacul=
tés sont appelées de plus en plusà répandre du ‘haut de
leurs chaires, et à populariser autour d’elles par la parole
tous les progrès de la science moderne; en même temps’
qu'à entretenir, avec le goût des Lettres, le culte des grandes
pensées, qui font l'honneur de l'âme humaine et comme
le patrimoine particulier de la France. Or,
en séparant les
Facultés des Sciences et des Lettres; des autres Ecoles de
Penseignement supérieur, ou leur «enlève leur auditoire
naturel, on paralyse en partie leur action. Les jeunes gens
sont trop rares autour de nos chaires. C’est à eux pourtant
que.nos Cours sont surtout destinés, — Ce qui assure aux
Universités allemandes. au contraire une si forte influence
sur Ja jjeunesse de ce pays, c'est qu’elles réunissent dans
une sorte d'enseignement encyclopédique toutes les branches de la connaissance humaine; et qu’elles saisissent les
jeunes gens à la fois par toutes les vocations et toutes les
curiosités de leur esprit, en leur offrant dans l’ensemble
coordonné de leurs Cours comme un vaste concert de
toutes les Sciences, qui se donnent la main sous lesauspices
de la Philosophie. Ce concours des Muses réunies dans un
même culte fait des éducations plus complètes : Ja Faculté
de Droit s'appuie sur celle des Lettres; la Faculté de Médecme sur celle des Sciences,
toutes sur chacune ;
et les
villes ainsi choisies pour être le siége d’une Université, deviennent autant de capitalés de Ja pensée et des études;
on y respire la science comme l'air du ciel. J'ai souvent, dans mes rêves, caressé pour Nancy une destinée analogue.
Dans notre région de l'Est, je me plaisais à faire de notre
ville une grande Ecole des Arts de la Paix, comme Metz
serait l'Ecole des Arts de la Guerre.
. Nul pays n’a un enseignement secondaire mieux orga-
nisé que la France. Certes, nous pouvons ‘opposé
-orgueilk ños
avec
Lycées aux Établissements analogues des
nalions voisines. Mais c'ést au delà de nos Lycées, que:
la discipline dé. nos études offre. de’regrettables lacu-
nes: Le lien, qui unit entre elles les Sciences morales.
ou les Sciences de la nature, ‘est trop. tôt brisé. A peine:
échappés
du Lycée, nos fils s’enfoncent trop vite dans
des. études: spéciales: Pour la plupart, ils auraient grand
besoin
pourtant d'entretenir
un commerce
plus pro-
longé avec les hautes. études. de: Fltérature, ‘d’histoiré, de.
philosophie, d'y mürir leurâme, d'x: étendre l'horizon: deleurs idées, et d'y nourrir leurs esprits de grandes et généreuses-pensées. Car, pour les diverses fonetions où la:vie-
les appelle, cette libérale préparation devient chaque jour.
, plus. nécessaire. L'existence moderne,
en effet, ne les inclinera que trop aux choses de la terre, aux intérêts étroits.
et aux mesquines pensées. Si notre siècle est justement
fier de ses conquêtes.sur la: nature, s’il étale avec compläisance ses manufactures, ses chemins de fer, ses immenses
capitaux, peut-être a-t-il trop oublié, que Phomme ne vit.
- pas seulement de pain, et que ce n’est point là Punique
destinée de l'humanité. Comme jadis les Hébreux dans le.
désertle demandaient à Aaron, nous avons dit à la matière :
Fais-nous des Dieux qui marchent devant nous: et la ma-lière nous. a créé des. Dieux de bois, de fer, d’eau et-de.
feu : Dieux tout-puissants, mais aveugles comme les Dieux
des peuples antiques,
et incapables de guider le monde
dans les voies mystérieuses de l'avenir. — Personne assurément n’admire plus que moi les merveilles de l'industrie, ni. tout ce que le génie de l’homme ouvre chaque
jour de sources fécondes pour<la: fortune publique: Mais
est-ce là le-tout de l'homme, et:la fin; de .sa destinée: ici
—
A6
—
bas? Ornez la.terre tant qu’il vous plaira, creusez-la, fouil-
lezla dans ses dernières profondeurs, nivelez montignes
et. vallées; vantez-vous, tant que vous voudrez, de votre victoire sur la, nature; triomphez, faites votre apothéose. Là:
pourtant n’est pas le nœud de l'énigme humaine.
Car
après cela, vous ne trouverez jamais sur la terre que ce.
quela terre possède, les inquiétudes, les sueurs amères, le
néant des choses finies, le temps qui dévore tout, et pour
couronnement la mort, au delà de laqüelle s’achève notre
destinée. Vous ne supprimerez jamais ces inévitables misères, ces grands problèmes qui déconcertent tous nos.
rèves de bonheur en ce monde. — Aussi, quand notre
Société moderne, perdant de vue les choses de l'âme,
s’absorbe, s’égare, s’oublie si äisément aux choses de la:
terre, pouvons nous jamais assez prémunir nos jeunes
gens par-urie forte éducation morale et religieuse contrè
le souffle du siècle? Pouvons-nous jamais nous trop effor-. :
cér de relever:leurs regards et leurs cœurs vers les vérités
morales. et les choses éternelles? Surssn corda! — C'est
pour cela même, que je réclame une plus étroite union :
entre les Facultés consacrées aux Sciences morales, et ces
autres Ecoles spéciales, ‘où nos jeunes gens se préparent
aux carrières libérales -ou aux fonctions publiques. C'est
pour la mieux défendre, cette chère jeunesse, notre espérance, contre l’inféodation à la matière, que je la voudrais
retenir plus longtemps dans la méditation des immortelles
et splendides doctrines du genre huinain ;. justice, amour,
beauté, immôrtalité,. conscience, plaisirs de l'âme, tradi-
lions. de toutes les intelligences, qui, après avoir éclairé et
orné les temps passés, doivent encore, comme une nuée'
lumineuse, guider la:marche des temps nouveaux. —
Jeunes gens, que ‘votre éducation appelle à être un jour
—
7
—
comme la tête et le cœur de votre pays, gardez-vous de
borner aux. intérêts matériels les destinées de la société
moderne; mais croyez qu’une mission plus haute lui a été
assignée par Dieu, de poursuivre sur la terre le triomphe
. de la vérité et du bien.
Nous surtout, fils de la France, souvenons-nous, que
notre patrie semble avoir reçu particulièrement d’en haut
un rôle providentiel au milieu des nations. Que les
autres peuples ne vivent que pour eux et leurs inté-
‘rêls,
personne ne
s'en
étonne.
Mais on
attend autre
chose de la France. C’est le seul pays (a dit fièrement
l'Empereur) qui se lève pour une idée. Ne dirait-on même
‘pas, que la France est investie de la mission divine de
veiller pour.tous sur la vérité et la justice, et de défendre
les intérêts supérieurs de la civilisation? Elle est comme la
conscience du genre humain. Si jamais au droit brutal de
la force, on doit, dans les relations internationales, substituer l’arbitrage d’un tribunal souverain, investi par les
peuples eux-mêmes du droit de pacifier leurs querelles,
c’est à la France, que reviendra l'honneur d'en avoir pris
l'initiative. En attendant, partout où un droit est violé, un
“peuple opprimé, la France apparaît; elle fait entendre sa
protestation généreuse, par delà les Alpes, par delà le Liban,
par delà la Vistule : elle réclame au om de la morale
éternelle : au besoin, elle étend son épée protectrice. La
France a été la terre classique de la Chevalerie, Noble rôle,
qui. explique toute notre hisloire, depuis les Croisades jusqu’à nos jours. — Un tel passé, jeunes gens, vous oblige.
Songez donc, songez à rester dignes de la mission, que nos
pères nous ont léguée. Pour cela, ne. négligez rien de ce
qui peut entretenir dans vos âmes cette religion des hautes
pensées et des nobles sentiments, qui sont comme la marque particulière de la vocation de la France,
À
RAPPORT
SUR
L'ANNÉE
SCOLAIRE
1862-1863
PRÉSENTÉ
Par M, En.
DIRECTEUR
SIMONIN,
DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE,
AU
CONSEIL ACADÉMIQUE
DANS
LA
Monsteur
SESSION
DE
NOVEMBRE
1863,
Le RECTEUR,
Messieurs,
Mon devoir m'a appelé douze fois, déjà, dans une séance
solennelle, à exposer les faits d'un exercice scolaire écoulé.
J'ai cherché à accroître la signification de ces premiers
comptes rendus, en retraçant devant vous les origines de
l'École de Nancy, en rappelant ses ressources, envisagées
sous le rapport de son budget, les transformations de plus
en plus heureuses de son local, les réglementations multiples de l’enseignement, les vues générales qui président à
chacun des cours, les moyens d'instruction à l’aide des
collections scientifiques; la direction morale et la discipline
qui font fructifier l’enseignement, les travaux personnels
4
—
50
—
des professeurs et leurs efforts collectifs pour agrandir le
champ des études médicales, en dehors du programme
officiel. J’ai eu l'honneur, aussi, de vous indiquer, parmi les
buts divers proposés à l’activité des étudiants, les succès
glorieux de la médecine militaire, el vous avez applaudi au
courage civil déployé par un très-grand nombre de nos
élèves, lors d’épidémie
meurtrières.
Parfois, encore,
en
m’adressant plus spécialement aux jeunes gens que nous
avons mission d’instruire, j'ai profité de votre présence pour
donnér une haute sanction à des conseils de natures bien
diverses: conseilsmoraux, conseilsen vue des études, et, l’an
dernier même, conseils relatifs à la pratique médicale, envi-
sagée sous le rappôrt scientifique. Si, Messieurs, j'ai énuméré les divers points de vue ou je me suis successivement
placé, c'est pour ajouter que désormais je devrai, selon toute
probabilité, me restreindre au rapport annuel réclamé par
le règlement. Je ne puis, en effet, oublier que l’assemblée
qui m'accorde sa bienveillante attention n’est point une
réunion médicale; qu’en conséquence les aperçus généraux doivent être nécessairement limités, .et que le titre de
compte rendu, impliquant l’idée du passé, interdit la disœüssion sérieuse d’un grand nombre de modifications
organiques que l’École appelle de tous ses vœux.
L'Ecole
de Nancy
ressortit,
à la fois, au ministère de
l'instruction publique, au Conseil générai de la Meurtheet
au Conseil municipal de Nancy. Ces relations diverses qui.
ont parfois entravé le développement de la prospérité de
quelques écoles de médecine, ont au contraire, à Nancy,
depuis un certain nombre d'années, facilité les plus heu-
reux résullats. La bienveillance de l'administration départementale s’est traduite par des actes nombreux et impor-
tants, et l'administration municipale, en ce qui la concer-
—, 5
—
|
üe,a bién voulu réaliser tous les vœux dé l'Ecole; Si l'an
prochairi je garde le silence sur ee point, si les professeurs
.n’6ût pas de remerciments nouveaux à adresser au Conseil
“municipal, c'est que, dans l'état actuel de l’enseignement,
PEcole n’a plus de demändes à formuler. En effét, l'admiBistration municipale, après avoir installé l'Ecole à la nouvelle Académie, après lavoir dotée d’un matériel approprié
à toutes les exigerices des
ment,
divers services,
a, tout récem-—
élevé à 2,600 fr., la partie du budget de l'Ecole,
consacrée aux dépenses matérielles,
et aux frais de l’enseignemehtet fixée à 1,000 fr. par l’ordonnance de 1840 et
par le décret de 1854. L'Ecole se plait, ici, à répéter hautement que le Conseil général et le Conseil municipal ont
assuré sa prospérité, autant qu’il leur était possible. Cet
accord heureux n'existe pas seulement entre les pouvoirs
auxquels est confiée, à divers titres, la tutelle de l'Ecole; ül
règne, aussi, entre les nombreuses administrations qui
‘doivent concourirà ses progrès. L’instruction clinique se
développe, de plus en plus, dans les établissements hospitaliers et, partout, l'unité de vue accompagne l'unité d'action
qui existe si heureusement dans les cliniques officielles.
Aussiest-il permis, peut-être, de dire que les succès et les
revers dé l'Ecole devront être surtout les résultats des réglementations futures, suivant que les idées théoriques
qui, depuis un demi siècle, favorisent ou renversent, tour
à tour, les légitimes espérances des Ecoles dites préparatoires, respecteront leur spontanéité, développeront la vie
qui les anime encore, ou en comprimeront les manifesta-
tions. lei, Messieurs, je m’arrête; je cherche à ne point
sortir des limites d’un compte rendu, et, d'autre part, cer-
tains signes font penser que, lors de l'examen des questions
médicales, les prescriptions réglementaires résulteront, de
—
plus
52
—
|
en plus, de la nature -des choses, suivant les condi-
‘tions assignées aux bonnes lois, et que l'espoir légué. aux
professeurs actuels par leurs devanciers ne sera pas déçu.
En 1862-63, quarante-trois élèves en médecine ou-en
pharmacie ont suivi les cours de l'École. J'ai déjà expliqué
les oscillations observées dans le nombre desétudiants, etje
ne reviendrai pas sur ce point, Il suffira d'ajouter que le
rang de l'École de Nancy, envisagé par le rapport du nombre des élèves, varie peu, lorsque l’on consulte les docu-
ments officiels relatifs aux 22 écoles de même ordre: dans
le dernier tableau, notre École occupe le 7° rang (1). Toutefois une cause permanente de réduction dans le
nombre
des
étudiants existera,
désormais,
À raison du
mode actuel du recrutement des médecins de la chirurgie :
militaire qui reçoit immédiatement ses élèves au sortir des
lycées et avant qu’ils aient, comme autrefois, reçu une in-
struction médicale préalable au concours en. vue des ad-.
‘missions à l’École militaire de Strasbourg. Ce mode qui,
‘chaque année, enlève à toutés les écoles un certain nombre
d'étudiants se fait sentir à Nancy, plus particulièrement,
vous le savez Messieurs, à raison des sentiments militaires
de notre contrée.
Lo
——.
Do
Mais il existe d’autres motifs généraux qui expliquent-la
ec
“diminution dans le nombre des élèves en médecine et, en
. examinant les faits pratiques, l’on est étonné du désaccord
‘qui existe entre ces fails et les vues qui président à une
:
sage décentralisation. H y a peu d'années, les élèves pou- ‘ :
vaient, er province, prendre toutes leurs inscriptions, en
vue du doctorat. En 1854, cette facilité, trop grande, je
l'avoue, a été réduite à trois années et demie d’études.
Cette dernière mesure, qui offre l'avantage incontesté de
mettre chaque génération d'étudiants en relations avec les
#
-
_—
53
—
plus hautes notabilités médicales de chaque époque, rece-
vrait un assentiment complet si, pendant les trois années
et demie d’études établies dans les écoles préparatoires,
les familles retiraient, réellement,
de
ces établissements
régionaux les avantages qui les distinguent, c'est-à-dire des
garanties sérieuses d'instruction accompagnées d’une sur-
veillance et d’une discipline salutaires. Mais il n’en est pas
ainsi et un très-petit nombre de familles peut profiter de
ces avantages achetés au prix d’une perte de temps considérable, et, en réalité, les étudiants ne passent guère plus
de deux années dans nos écoles. Comment,
en effet, rete-
nir en province pour une 3° année d'étude des étudiants
qui y reçoivent pour cette même année deux inscriptions
seulement, tandis qu'ils en acquièrent quatre lorsqu'ils se
rendent à Paris, à Strasbourg ou à Montpellier. On a, timi-
dement il est vrai, émis l’idée que les écoles préparatoires
devraient borner leur ambition à instruire les officiers de
santé, comme si les malades dont l’examen constitue, dans
nos cliniques, l'étude principale des étudiants de troisième
année n'offraient pas les mêmes symptômes aux élèves qui
se destinent au doctorat comme à ceux qui seront officiers
de santé. Ces prétentions à ne trouver des malades sérieux
que dans les facultés rappellent, vraiment, certains étonne-
ments causés par la province.
Aussi le conseil Académique de Nancy n’a-t-il cessé de
placer au nombre de ses vœux officiels celui de la parité
des inscriptions pour la 3° année
d’études,
dans tous les
établissements d'instruction médicale (2). J’oserai ajouter
qu’en présence de l'entraînement de chacun vers Paris, ce
n’est pas, seulement, la parité qu'il conviendrait d'établir
pour engager les éludiants à profiter des admirables
ressources cliniques offertes par les écoles de médecine, et
—
4
—
:
pour en:finir, par la statistique, avec l'arme que l’on pour
rait chercher dans la distinction des élèves en futurs:
docteurs et futurs officiers de santé, je dirai qu'en neuf
années, l'École de Nancy, en dehors des échanges de diplômes, n’a conféré que neuf fois le certificat d’aplitude
pour le titre d’officier de santé ct qu’elle conservera tou- :
jours l'ambition de diriger ses élèves vers le doctorat, sans
réconnaître, toutefois, les servicesrendus par les praticiens
du 2° degré.
Depuis qu'une nouvelle situation a été faite à l'École à à
la nouvelle Académie, elle a tenté la réalisation de certaines
mesures, entrevues depuis longtemps, déjà, mais dont l’exé.
cution était impraticable dans l’ancien local. L’une de sesespérances était l'établissement d’une salle réservée aux
études. L'École, persuadée que les cours ne peuvent pro
duire tous leurs résultats qu'au moyen du travail personnel
des étudiants,
a voulu
favoriser ce travail,
en mettant à
leur disposition, non-seulement un local approprié à cette
destination, mais, aussi, les livres indispensables aux études
journalières. Elle a pensé qu'elle pouvait, dans une certaine :
mesure, suppléer à l'absence du foyer de la famille et
détourner, ainsi, des habitudes que motive, parfois, la tris- :
#
tesse de la cellule de l'étudiant. Déjà, l’an passé, un assez.
grand nombre d'ouvrages et de journaux de médecine ont
été mis entre les mains des élèves et la fréquentation de la
salle des études, pendant l'hiver surtout, a montré que le:
but désiré pourrait être atteint dès que les diverses collections, commencées en vuc du résultat dont il s'agit, seraient
plus importantes. Pendant l’année qui s’ouvre aujourd'hui.
l'École continuera cette œuvre qui-devra sans cesse s'amé- .
liorer, en s’agrandissant.
Un autre espoir à réaliser est l’organisation de la biblio-
_
55
—
thèque de l'Ecole. Au premier abord il avait semblé que.
ce dépôt assez considérable de livres pourrait être utilisé
par les Elèves, mais la réflexion a fait voir qu'il n’en pouvait
être ainsi, et que la bibliothèque
devait être réservée
aux
professeurs, aux attachés de l'Ecole et qu’elle ne devait s’ouvrir aux étudiants que d’une manière exceptionnelle. Ceuxci, en effet, ont à peine chaque jour le temps d'étudier
les matières qui sont l’objet de cours nombreux; ils doivent
aussi se livrer à des travaux pratiques
et il faut se garder,
sous prétexte d'érudition, de faire naître une cause d’insuccès dans des études déjà très-variées. L’érudition n’est
pas nécessaire seulement aux professeurs, elle est indispensable
aussi, certainement,
aux
praticiens, mais
pour
qu'elle puisse être utilement acquise par eux, il faut pos-
séder un critérium qui n’est conquis lui-même, péniblement, qu'après des études non-seulement théoriques, mais
pratiques. Nul, en effet, ne peut être initié, sérieusement,
aux vraies connaisances médicales, si, à raison de sa responsabilité, il n’a souffert du doute, et s’il n’a subi, fré-
quemment, ces longues et douloureuses insomnies pendant lesquelles la conscience médicale, en présence de
faits cliniques sérieux, se dresse devant la tradition et lui
livre ces luttes si souvent renaissantes qui, en définitive,
se font au profit de la science et plus encore au profit de
lPhumanité souffrante. Or, pour l'étudiant, ces luttes salutaires ne pouvant exister, l’érudition ne saurait être ac-
quise par lui, prématurement, sans un arrêt fâcheux dans
lordre et la marche de ses études et sans que son intelligence ne reçoive trop profondément l'empreinte des erreurs
qui,
mêlées
sans
cesse
aux
vérités,
ne sont
pour
l’homme instruit. par une pratique scientifique, que l’indication des étapes suivies d’àge en âge par l'esprit humain.
56 —
Que nos étudiants soient élevés dans l'admiration profonde :
des hommes
de génie dont vingt siècles ont’ consacré la -
gloire, inais qu'ils sachent, aussi, que leur déférence doit .
avoir une limite dans la pratique, et qu’ils soient, par leurs
études mêmes, mis en garde contre les théories que l’ob:
servation rigoureuse ne peut consacrer. Pour ne prendre
qu’un exemple, je citerai le nom entouré le plus de respect :
légitime, celui d'Hippocraté. Quel médecin de nos jours
oserait accepter les conclusions de tous les aphorismes
du
médecin de. Côs, malgré la profondeur de son observation, ét
agir, dans le traitement des maladies, d’après ses théories
relatives à l’atrabile,
aux crises, aux métastases
et même’
aux constitulions médicales. Au point de vue de Ja science
moderne, n'est-il pas permis de dire que plus de la moitié
de ces célèbres aphorismes contiennent des erreurs mêlées
aux plus sérieuses vérités. Au reste, au début de cette grande œuvre, Hippocrate a posé lui-même cet axiome : Judierum difficile, et cette opinion formulée au point de vue médical se retrouve chez tous les penseurs. N'est-ce pas la même
idée que veut exprimer le tibétain Saskya Pandita; en écri- :
vant dans le irésor des belles paroles : l'est difficile detrou- :
ver quelqu'un qui donne de bons avis, difficilé de trouver .
quelqu'un qui les écoute. Un médecin habile est difficile à
trouver, et,-ajoute l’auteur, peu de personnes agissent conformément à ses conseils (3). Le célèbre aphorisme d'Hippocraie Vita brevis, ars lonqua contient bien des enseignements et, dans la direction des études relatives à l’érudition,
ne doit-il pas être invoqué pour montrer aux étudiants la ligne droite à suivre et pour leur épargner, ainsi, du temps et
des règrets.Si mon opinion dans un sujet aussi grave, après
de récentes recherches, semblait attribuer trop d’importance à la science moderne, aux dépeñs des époquesanté-
rieures, qu’il me soit permis, à vingt ans de distance; de :
reproduire une citation empruntée au médecin de Char-.:
les IX,à l’illustre et modeste Ambroise. Paré « qu’on ne .
saurait refuser d'admettre qu’un nain monté sur. lesé épau-
les d’un géant ne voit plus loin que lui »
Les résultats des études, en 1862-63, peuvent être. appréciés de bien des manières; il suffira d'indiquer, rapi-.
dement, ceux qui ont été constatés lors des. examens, :lors
des concours, et pendant les sessions ouvertes, én:septembre dernier, en vue des titres professionnels. En.ce qui concerne. les examens, je me bornerai à dire qu’à aucune
époque le nombre des notes satisfaisantes n’a été aussi
élevé (4) et que les résultats d'examen,
en août dernier, :
ont parfaitement répondu à l'espérance qu'avait fait concevoir aux professeurs l’émulation des étudiants, pendant le
éecond semestre de l’année.
L'Ecole ‘attache beaucoup d'importance aux concours.Ses plus anciens professeurs ont dû aux concours la chaire
qu’ils occupent aujourd’hui; leurs collègues
plus jeunes doi-:.
vent,-également, à ces épreuves les titres honorables quiles
ont désignés au.choix ministériel, et tousconsidèrent les lut-
tes scientifiques comme l'expression du mouvement intellectuel- qui anime les étudiants et comme la traduction de
la vie de l'Ecole élle-mêmé. C’est par le concours que nous :
adjoignons à notre enseignement les préparateurs-aides
d'anatomie, de physiologie, d’accouchements et de mé- -
decine opératoire, et c'est par les notes dues à ce genre
d'épreuve que nous souhaitons pouvoir toujours désigner
les élèves internes à la nomination de l administration des
hôpitaux civils. Tout à la l'heure, le secrétaire
du conseil :
de l’École, en indiquant les noms. des lauréats,
fera con-
naître; en même temps, les élèves que lés concours nous -
—_
58 .—
ont donnés conte colläborateuts, :et je mie borne à-dire:
que les diverses épreuves qui ont été ‘closes; avant-hier
seulement, ont été heureuses, tant sous le rapport du nome.
bre.des concurrents qué sous celui des connaissances dont
ils ont fait preuve.
_
Les examens en vue de la réceplion. des sages-femmes,
des officiers de santé et des pharmaciens ont eu, en général, une grande valeur. Les siges-femmes ont, comme tou:
jours,
donné la preuve de sérieuses
connaissances dues,
prineïpalement, au mode disciplinaire qui régit les études
de ces jeunes femmes. . Il n’en a pas été de même pour.
l'unique candidat au grade d’officier de santé. Bien que
portant le titre d'étudiant depuis-huil années il n’a pu
franchir les épreuves cliniques et il s’est convairicu de la
nécessité
de se livrer, sans cesse, dans les hôpitaux, à cette
recherche de tous les problèmes qu'offre l’économie ma:
lade.et dont la solution permettant le: vrai diagnostic devient l& base d’un traitement rationnel. Des six candidats
pharmaciens l’un.a été, il est vrai, arrêté à la deuxième
épreuve;: mais les cinq autres. candidats ont exposé leurs
connaissances solides d'une.manière parfois fort heureuse.
et trois d’entre eux, élèves de Nancy,
en méritant la notebien satisfait (3), ont prouvé la justesse des vues de l'Ecole .
relative au programme des-matières spéciales professées:
dans le-cours de toxicologie et de pharmacie. Les épreuves
professionnelles:
de 1863 ont justifié pleinement le retour
à d'anciens programmes dont j’ai eu l'honneur de vous en- :
tretenir l’an passé.
Mais lambition des professeurs de Nancy ne se borne
pas, Messieurs, à diriger sérieusement les efforts des élèves
qui les entourent; leur sollicitude dépasse les horizons de
nôtre circonscription académique et leur satisfaction est
_
59
—
bien grande lorsque certains élèves conservent au loin la
borne renommée acquise à Nancy.Cette année nous avons,
sous ce rapport,de nouveaux succès à constater : M.Edmond
Lallement qui, après avoir quitté l’internat de la clinique
chirurgicale de Nancy, a obtenu par le concours d’être
nommé le premier à linternat des hôpitaux de Paris, a
mérité, en 1861, la première mention honorable, en 1862
la médaille d'argent, et en 1863 la médaille d’or de l’école
pratique de Paris.
L’horizon de l’influence de l'Ecole s'agrandit encore,
Messieurs, si l’on songe aux travaux scientifiques de ses.
professeurs. La nature de plusieurs de ces travaux, et la
direction même dans laquelle, cette année, plusieurs d’en-
tre eux ont été entrepris, ne permettent pas d’en faire ici l’analyse complète, et j'ai le vif regret de reporter dans les no-
‘tes de ce compte rendu les faits qui
doivent être exposés
dans le langage scientifique auquel l'on ne peut se soustraire, lorsqu'il est question de haute chimie, de physiologie
élevée et d'importants travaux à l’aide du microscope.
M. Simonin père a recherché, à l’aide de faits observés
pendant vingt et une années, l'influence des phases de la
lune sur le nombre des jours de pluie et de neige. W existe à
cet égard des opinions bien diverses, et l’on se souvient que
l’un de nos glorieux Maréchaux avait la réputation de sa
voir choisir, presque avec certitude, intervalle des pluies
pour certaines expéditions de l’armée d'Afrique; peut-être
le général Bugeaud mettait-il tout simplement: en. pratique
les observations énoncées d’une manière si concise par Virgile dans le premier champ des Géorgiques (6). Les recher-
ches faites à Nancy ont confirmé les résultats obtenus en
Allemagne
par
M.
Schoübler
et en France
par M.
de
Gasparin. D’après l'étude de chacune des. phases de 259
— 60 —
lunaisons complètes, il résulte que pendant la nouvellé
lune il pleut plus souvent que peridant le prémier quartier, :
que le maximun des jours pluÿieux a lieu pendant la pleine
lune, ‘et le minimum
durant le derniér quartier, ou, en
d’autres termes, qu’il pleut plus fréquemment pendant la
June croissante que pendant son déclin, et qu’une espèce
d'alternance existe dans le nombre des faits observés pendant-les quatre phases des luriaisons. Mais ces alternances
-n'offrent pas, toutefois, des différences telles qu'on puisse
les invoquer comme un point de départ très-utile dans.la
pratique et l’atmosphère peut, d'ailleurs, être troublée par
une mullitude de causes étrangères aux phases lunaires.
Monsieur Blondlot dans un travail relatif à la #ransformation de l'arsenic en hydrure solide, par l'hydrogène naïissant sous l'influence des composés nitreux, a recueilli des
faits très-importants, au point de vue de la chimie générale, -
mais d'un intérêt plus grand, encore, au point de vue de la
toxicologie.Notre savant collègue a démantré, en effet, qu’il’
était malheureusement possible avec les moyens actuels:
üusités tors de l'emploi de l'appareil de Marsh, tantôt de méconnaître la présence de l’arsenic, tantôt, au contraire, dans
des circonstances bien exceptionnelles il est vrai, de produire par l’action même des réactifs chimiques l'anneau
arsenical et de l’attribuer, fatalement, à la nature des ma-
tières suspectes qui motivent l'expertise médico-légale (7)...
La physiologie. normale et pathologique tient encore
cette année une large place dans les travaux des professeurs
de l'Ecole. M. Poincaré à publié un mémoire ayant pour
titre : La Glycogénie justifiée par l'examen des excrétions chez
les diabétiques. L'auteura pu ajouter à ses observations sur
l’homme malade des études faites sur des animaux chez
lesquels-il a produit artificiellement le diabète, à l’aide de :
.
—
61
—
viviséctions.(8):-M; Poincaré. a étudié: le ‘premier au mi.croscope l'existence de certains corpuseules.qui.entrent
dans
la composition des reins de ‘quelques poissons, (9) et il a
soumis, également, aux investigations faites à l’aide du microscope les éléments d'une tumeur à laquelle, récemment,
dans le langage pathologique, l’on a donné le nom de #u-meur perlée (10).
:
Un autre professeur a donné deux mémoires relatifs àà
Paetion de l'Ether et du Chloroforme. Dans l’un d'eux, l’au-
teur a tenté d'expliquer la cause de la présence ou de l’absence du sucre dans l’une des excrétions des sujets anesthésiés (11),et dans l'autre travailil a exposé les remarques
physiologiques faites dans sa clinique et qui, dans l'emploi
des agents anesthésiques, peuvent faire éviter la sidération
des fonctions
circulatoire et respiratoire,
c’est-à-dire la
mort des malades qui veulent recevoir le bienfait des agents
destinés à supprimer la douleur (12). Ces deux mémoires
ainsi que les travaux de M. Blondlot et de M. Poincaré ont
été lus à la Sorbonne,
en avril 4863, lors de la réunion
par le Ministre de l'instruction publique des membres délégués par toutes les sociétés savantes de France. MM. Bertin,
Edmond de Schaken et Ed. Simonin ont aussi publié des
travaux relatifs à l’association générale des médecins de la
Meurthe (13),à la Société de médecine de Naney (14)
et au service d'assistance médicale dans notre département {15). D’autres travaux devaient être-lus à la Sorbonne, mais leur publicité a été retardée par suite de l'im-
possibilité où leur auteur M. L. Parisot s’est trouvé de se
rendre aux séances de Paris.
Tels sont, Messieurs, les faits principaux de notre der-
nière année scolaire, vous connaissez de plus en plus notre
œuvre, ses ressources et ses espérances, vous savez quels
o
62, —
Poe
* sent les vues et les sentiments qui dirigent tous les'actés de
PÉcole, ét vous associant à ses professeurs vous souhaitérez,
‘sans doute, avec eux que les heureux résultats dont j'ai eu
lhonneur
de vous entretenir
se renouvellent d'année en
année, que chacun de nos étudiants s'inspire d’une glo-
rieuse tradition comme un soldat s'inspire de celle de son
régiment
et qu’ils contribuent tous, par leurs laborieux
efforts, à la défendre comme l'honneur d’un drapeau.
“NOTES,
—
(1) Tableau du nombre annuel des élèves de l’école rédigé à l’aide
des comptes rendus lus par M. Ed. Simonin, en séance solennelle de
rentrée.
4850-51. — 30 élèves.
1851-52. — 67.
4832-53.
1833-54.
1854-55.
1855-56.
1836-57.
1857-58.
1858-59.
1859-60.
4860-61,
1861-62.
1862-63.
— 75, plus dix auditeurs bénévoles,
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
60, plus dix auditeurs bénévoles,
62.
55.
59.
45.
41.
63.
53.
62.
43.
(2) Le conseil académique de Nancy a compris, dès ses premières
sessions, les difficultés sérieuses nées des règlements qui régisssent les
Ecoles préparatoires et depuis 1856 il a, par une délibération spéciale,
émis, chaque année, les vœux suivants :
Vœu relatif à la possibilité, prur les écoles dites préparatoires, de
délivrer douze inscriptions de Faculté au lieu de huit,
Vœu de porter à 16 les inscriptions des oficiers de santé, et à 8 les
inscriptions des pharmaciens de 2° classe,
Vœu de rendre le plan d'Etudes uniforme dans les divers ordres
d’Etablissements d'Instruction médicale,
(3) Le Trésur des belles paroles, Choix de Sentences composées en
_—
“64
—
thibétain par le lama Saskya Pandita, traduites, pour la première fois
en français,
par M. Foucaux :
(4) Les notes données par les jurys d’examen de fin de 47°, de 2° et
de 3° année out été les suivantes:
Ajournement. sessesesssessespess
Médiocrement satisfait. ....,.....,
Satisfait........,,........s..sss
| Bien safisfait........,.,,:....
| Très-satisfait.....,..,......1,.:
{3} Lors des sessions, tenues
en.septembre
À fois.
65
6 D
119
9%
4863; les notes don-
nées par je Jury d’examen aux candidats pharmaciens ont été les sui.
vantes:
AGOUPRÉ. un ssssenecsoreserese
Avec indulgence. .…....,..........
Assez satisfait. ..................
Satisfait...
Bien satisfait...
À fois,
A
1%
T9
TD
{6) Luna, revertentes quum primum eonligit ignis,
Si nigrum obscuüro conprenderit aera corgu,
Maxumus agricolis pelagoque parabitur imber.
At, si virgineum suffuderit ore ruborem;
|
Ventus erit; venlo semper rubet aurea Phæbe.
Sin ortu quarto, namque is “ceitisimus auctor,
.
Pura, neque obtusis per cœlur
cornibus ibit:
” Totus et ille dies, et qui nascentur ab illo
Exactum ad mensum, pluvia, ventisque carebunt ;
Georgiques, liv. À, vers 497 et suivants.
{7} Recherches toricologiques sur la transformation de l’arsenic en
hydrure solide par l'hydrogène naïssant, sous l'influence de composés
nitreur. On sait que les acides dégagent l’hydrogène de l’eau en
présence du zinc ou du fer, et que, quand ce gaz naissant rencontre un
. composé soluble d’arsenic, il.se forme un hydrure gazeux (AS H°). Or,
à cètté règle &générale
y. à ‘une ‘exception
pouf l'acidè aotique 4êtses
dérisés ‘qui, donhant häïssnce à dé Vanimôniaqué , ne produisent, en
péreil tas, que de l'hydrüre solide (AS
H),. lequel se dépose: sur le
. inc ou nage dans le liquide côts la forme de flocons bruns. Il en est.
ainsi non-sculémeñt avec l'acide
azotique pur, mais aussi avec tous
les autres âcides, lorsqu'ils réñferment la moindre proportion ‘d'un core
posé nitreux. Toutelois, ces réactions, qui sont d’une sénsiblité extrême,
ne sé manifestent qu’ autant que lé liquide ne renferme en dissolution
ni sübstäces drganiques qui, presque toutes, opposént ui Gbstacté plus.
ou moins absoluà la foriiiation de lhydrure solide, ni dissolütioné mé
talliques, notamment de plomb, qui, en se déposant eur le zinc," empéchent aussi cette formation, C’est pourquoi Pexpérience ne réussit
complétement qu'avec du zine et des acides distillés. H résulte de là que
le fait eû question ne saurait constituer une méthode propre à la re-
cherche judidiaire.de Parsenic, iais il ’en est pas moins d’une grande
inportance pour la tôxicologie, car il signäle dans l'emploi de la
thode de Marsh an double dañger dont on ne s'était pas douté jusqu
Lé premier est de méconniaître l’arsenie contenu dañs les matières
pécies. Il Suffirait pour cela que, soit l'acide sulfurique employé,
mé-'
id.
sussôit
les liquides stispects, par suité des taitements qivils 6ût subis récélassent
la iôindre irice d’un composé aitréus, car ‘il üe se raïifesteräit alors
que de lhydrure solide, au lieu d’hydrure gazeux. L'erreur inversé
pourrait aussi se produire, c’est ce qui aurait lieu, par exemple, si
Vacide “sulfurique renfermait à la fois des traces d’arsenic et d'acide
azotique. Dans cé'cas; en effet, l’expérience à blanc ne hroduiraif quê:
de l’hydrure sotide. Or, si;-croyantt d'après cela à la pureté des réactifs,
on iroduistit ensuite la liqueur àsuspecte, et qué celle-ci, quoique
exempie d’aréenie, rettüt encore un peu de matière orgäniqué ifconiplétement détruite, les réactions changeänt, ce qui resterait d’arsenic
dans appareil prendrait
Pétat gazeux et pourrait ainsi doûner lieuà une
erreur fatale.
(8)M. Poincaré, dans une étude à la fois expérimentale
cet raisonné
des éncrétions chez lés diabétiquéé, 4. trouvé la ‘confirmation de la
théorie glycogénique émise par M. C. Beñiard: D’üne pañt; à l'aide”
de-procédés d'analyse qui lui sont persoñnèls, illa pu réconialtré que
&
5
_
66
—
chez les hommes atteints de diabète spontané, comme chez les ani.
maux rendus diabétiques par la piqûre du bulbe, la combüstion nutri-
tive est plutôt exagérée que diminuée ; que, par conséquent, la glycosurie
ne saurait être attribuée à une insuffisance de combustion. D'autie part
par le dosage de l’urée et de l’acide urique dans lurine des diabétiques
il a, tout au moins, ébranlé fortement l'opinion qui attribue l’anomalie
d'élimination à une exagération du travail de décomposition, Enfin en
comparant autant que possible les éngesta avec les feces, il a acquis la
conviction que les deux hypothèses précédentes doivent céder incontestablement la place à l’idée de Fexagération d’une function créatrice,
{9} Dans un travail relatif à l’histologie comparée, M. Poincaré signale
et étudie l’existence des corpuscules qui entrent dans la constitution des
reins d'un petit nombre de poissons. Ces éléments microscopiques diftérent essentiellement des
corpuscules
de
Maipighi
qui
existent, sans
exception aueune, dans toute l'échelle des vertébrés, ils n’ont aucune
communication avec les tubes urinifères et sont logés dans
les lacunes
de la substance entortillée, IL est impossible pour le moment de déterminer leur destination physiologique, mais leur existence exceptionnelle
donne à penser que l'organe par lequel s’échappent les scories de la
combustion nutritive n’a pas toujours un mode de fonctionnement
identique,
(10) M. Poincaré a fait Vobjet d’un travail particulier de l’examen.
microscopique d’une tumeur appartenant au groupe désigné récemment sous le nom de tumeurs perlées, En dehors de la partie purement des
criptive, il pense avoir, par une analyse consciencieuse des travaux
publiés sur le même sujet, démontré que la forme perlée n’est pas liée
à la nature de Ia substance qui la présente, car elle peut appartenir
tantôt au cancer tantôt à l’epithelioma, tantôt à l’enchondrome,
tantôt
même à un simple amas de cholesterine, évidemment c’est une forme .
et non un tissu particulier.
(14) Causes présumées de la présence ou de l'absence du sucre dans’
l'urine des sujets anesthésiés. — Par M. Edmond Simonin.
:
Frappé de ce fait signalé par M, Claude Bernard que si l’on prend.
—
67
—
un animal qui n’a pas de sucre dans l’urine et que si l’on irrite avec
la pointe d’un scalpel la moelle allongée au niveau de l’origine des
nerfs preumo-gastriques, l’urine contient, après quelques minutes, du
sucre en quantité appréciable, M. Simonin a pensé que, sous l’influence de l’éthérisation, il pouvait en être de même chez l’homme,
puisque chez lui l’anesthésiation simule sur le système nerveux certains effets de vivisections opérées sur les animaux. Pendant un
temps assez long, M. Simonir ne put se livrer aux recherches projetées, parce que, lors des éthérisations faites à sa clinique, les opérations portaient sur le réservoir urinaire même (taille bilatérale; taille
recto-vésicale). Ses premières études sur ce sujet furent commencées à
partir du 6 mars 4856 (1).
Dans le mémoire dont il s’agit, M. Simonin formule les conclusions
suivantes,
Bien que l’éthérisation simule sur le système nerveux de l’homme
certains effets semblables à ceux qui ont été constatés après des vivisections pratiquées sur des animaux, on ne peut, sous le rapport de la
sécrétion urinaire, comparer entièrement l’action de L'éther et du chlo-
roforme sur la moelle allongée de l’homme à l'excitation produite sur
celle des animaux, à laide du scalpel, au niveau des nerfs pneumo-
gastriques.
L'action des anesthésiques est très-variable à raison même
de leur mode d’action.
. D’après cinq observations, il paraît évident que, dans certains cas,
après l'éthérisation, tantôt l’urine a contenu de la glucose, tantôt au
contraire n’en a renfermé aucune trace. Ces différences dans les résultats observés dans la sécrétion urinaire ont, semble-t.il, une explication
fort simple. L’analogie entre l’anesthésiation et l’irritation mécanique
tentée sur les animaux ne paraît, en effet, devoir exister qu’autant que
Pagent anesthésique développe une véritable excitation du système
nerveux traduite par une excitation générale, et par celle du système
musculaire en particulier. Cette analogie n’a au contraire aucune raison
de se produire, lorsque la rapidité d’action de l’agent anesthésique a été
(1) Le 48 août 1856, M. Simonin a porté à la connaissance de l’Académie de
Stanislas les premiers résultats obtenus,
telle que la période d’excitation ne s’est pas manifestée, Or ce dernier
résultat est fréquent dans la pratique chirurgicale, et parfois on cherche
avec soin à labtenir. Dans un grand nombre de cas, la rapile sidération du <ystème nerveux a lieu, comme l’on sait, en raison même de
Pétat de ce système chez certains sujets.
|
Les observations cilées paraissent donner raïson à cette manière de
voir. Là, en effet, où le sucre a té rencontré d’une mauière notable,
Pexcitation musculaire a été extrême avant la période de collapsnss là
où les traces de sucre ont été si faibles qu’il $ a eu doute sur sa production, on trouve dans les observations une excitation musculaire fort
médiocre; enfin nulle trace de glucose
n’existe dans les cas où le
système nerveux a Été sidéré très-rapidement.
(19) Considérations physiologiques propres à éviter dans l'emploi des
agents anesthésiques la sidération des fonctions respiratoire et cireulatoire. — Par M. Edmond Simonin.
Des divers résultats de ses recherches sur les agents anesthésiques
M.E Simonin n’a voulu dans ce mémoire signaler que ceux qui se
rapportent aux deux faits suivants : l’insensihilité des régions temporales et l’éthérisme des muscles massetcrs.
A l'égard des proposilions relatives à l’insensibilité périphérique résultant de linhalation des agents anesthésiques ou de leur emploi per
anum, l’auteur a énoncé celles qui suivent,
Vous les points de la périphérie du corps ne deviennent point insensibles au même moment. -— La peau du front et des régions temporales ne devient insensible, le plus généralement, que plusieurs secondes,
et parfois plusieurs minutes après que l’anesthésie a 61 constatée à la
peau des mains et à celle des pieds. — Le temps qui s'écoule entre le
moment où les extrémités des membres sont anesthésiées et celui où la
peau des régions
long, lorsque, au
celles de léther.
de l’éther a licu
frontales et temporales cesse de réagir est un peu pins,
lieu de vapeur du chloroformie, Les malades respirent
Ce temps est plus long encore, lorsque l'introduction
per anuim.
Pour reconnaître à temps l’anesthésie des diverses parties de la périphérie du corps, il faut, d’une part, ralentir l’action des agents
anés-
69
—
.
a.
| thésiques, et opérer. des piqitres. ssut les, diverses: parties civdesgus: sign
Jées, environ chaque dix secondes, ef plus Faune
. la clinique chicurgigale de. Naney.).
|
La disparition
Celui
de
ces phénomènes
de leur. appacition th.
ds
ne
à, “lieu
{Métunde, ‘de
cape
dans
un avdre
Lou ut ml
tt
no
inverse. à
si
muet
| Des. diverses- propositions. relatives. à. action. des: mêmes agents. sur
Ÿ appareil musculaire, M. Simonin, a jadiqué.les. suivantes? 25 4 ve
u. La, contraction
des, muscles masseters. apparaîten: dernier Hew-dans
ke périod e, d’exeitation du-syslème musculaire, larque. soûventdéjà-tout
le reste de ce système est relâché. Cette rigidité locale est l’indiée d’un
collapsus três-prochain dans tous les aprareik, surtout dans ceux. a k
circulation, et, de la, respiration.
.
:
tir
L'anatomie. donne la raison. de..ces s faits, et Jeuk explain: révèle
Fiimportange. de Jeur recherche pendant, l'anesthésialion,: 25,7
| Eu résumés. € ’est. Ja.cinquième paire qui donne-la.sensibifitéià. le peat
des tempes; e’est. la. cinquième. paire qui. fournit des rantifcaliôns.at
muscle masseter. (nerf. masticateur de Bellingeri).…
Ur,
Or cette cinquième. paire paît de la partie. tatérale: et: antérieure de
la moelle allongée, et dès que les parties anxquelles. elle se. <distibue,
soit comme
organe
de
sentiment, soil comme
organe
de
mouvement,
offrent,le commencement de. l'éthérisme, celui de-la respiration et: de la
circulation n’est pas loin de. se manifester: car le- nœud. ta: est près
d être influencé à son tour.
Toutefois; Fauteur.a: fait. remarquerque, Paction:sensitie des filets
. nerveux qui se rendent à la peaux: s'étéirit bien avant l'actioñ-iotiiéei
Ïl résulte de cette absence normale de synchronisme qu’il n’y à pas lieu
de s’inquiétèr, encore lors. de la: disparition
de la‘ sensibititéaux temps;
fait très-importaüt, puisqu'it résulte des: recherches files:àxtNaney; quë
l'anesthésie séusicutanée n'existe, nülle.part-tant que ‘da:.sensibilité: nest.
pas éteinteà la tempe, au moins depuis quelques secondes. M. Simoñin.
n’a vu à cette loi qu’une seule exception en seize années. Sans doute,
{1) L'exposition de ces faits a élé adressée à l'Académie impériale de médecine en 1848, et la commudication de M. Simonin a été publiée dans le bulletin
de} a Compagnie, le 24 novembre de la même année (V. iome XIV, pages 309
à 510).
:
— 10 —
a
dans bien des circonstances, on observe le collapsus des muscles :
masseters sans que la vie soit. compromise; mais, pour le praticien,
l'inquiétude doit commencer avec celle dernière période de l’éthérisme
musculaire. La permanence: de
la rigidité musculaire qui amène le
resserrement des mächoires est done une limite physiologique favo.
rable qu'il faüt chercherà ne point dépasser, chaque fois que Pouverture de la bouche n’est pas üne des conditions mêmes de l'opération à
“exécuter. Le. trimus
a toujours
rassuré l’auteur, lorsque
plusieurs
autres symptômes d'intoxication profonde Font alermé pendant les
anesthésies, 7
:
: D’après ce qui vient d’être dit, on comprend combien il impotte de
constater
la disparition
de
la sensibilité aux” régions ‘temporales êt de
s'assurer de l’état des muscles élévateurs de la mâchoire inférieure,
puisque l'observateur a; ainsi, sous les yeux, avec la plus grande facilité,
la traduction des progrès de l’intoxication de la moelle allongée et que,
dans la presque généralité dés faits, en ‘cessant l'emploi de FPagent toxi-
| que,
il a, souvent, le pouvoir d'empêcher les phases ultimes et redouta-
de Fanesthésie; c’est-à-dire la sidération de la circulation « et de la respi-
. ration, en un mot, la mort,
(45) Compte rendu des actes de l'association
EL médecins de la Meurthe par LE E Hértin.
de prévoyance à des
(14). Compte rendu des travaux de la société de médecine de Nancy
1860-1861, par
M. E. de Schachen.
” 5}. Rapport sur le service médical des circonseriptions rurales
et sur le ‘service de la: Vaccine, dans le département de la Meurthe,
pendant l'exercice 1862. — par M. Edmond Simonin Inspecteur du
service, :
Lo
_
:
ÉCOLE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE NANCY.
_ Prix accordés par S. Exc. le Ministre de PInstruction
publique. — Mentions honorables: — Résultats. des.
Concours. — Nominations des Préparateurs des Cours.
: Prix et Mentions honorabies.….
Les Professeurs de l'École; réunis en Conseil, ‘le 9 novembre 1863,
ont décerné aux Étudiants en. Médecine et en Pharmacie, les récompenses dans l’ordre suivant:
do ÉTUDIANTS EN MÉDECINE.
PREMIÈRE
ANNÈE D'ÉTUDESS
©
Premier
|
priz, M. Neservne (Ferdinand), de Rätisbonne (Bavière).
Second prix, M, Vinix, (Henry), de Raon-l'Etape (Vosges).
DEUXIÈME
ANNÉE
D PÉTUDES. -
: Prix, M: Mancenor (Charles), de Sarrebourg (Meurthe). ”.
Mention honorable, M. Marc: (Auguste), de Gironcourt (Vosges).
TROISIÈME
ANNÉE
D "RTUDSS.
Prix, M. VALENTIN (Camille), de. Nancy (Meurthe).
.
Mention hnorable, M. Rounau ( “ben , de Metz? (Moselle).
Prix pour la rédaction des observationss cliniques.
Clinique chirurgicale.
M. ManGenor (Charles), de Sarrebourg (Meurthe).
_
Clinique médicale.
M. Rourato (Albert, de Metz (Moselle).
-
do ÉvunrANTS ER PHARMAGE,
Prix M. Wainssacu (Alfred), de St-Avold (Moselle). Étudiant de
; 2° année.
© Mention ‘honorable, M Évraio tréoglite) , de “deau-Saiis
(Méuréhe Étdiant de année.:
Résultats êes Concours.
Âc
A la suite du concours oüvert le 12 ioÿembte 1863, pour les fonc“tions d' aide du gours de médecine opératoire, a été nommé :
M. MANGENOT (Charles, de Sarrebourg Meurthe).
°
CS
A la suite du concours ouvert le 13 novembre 4863, pour les fonctions de préparateur-aide des cours d'anstomie, de physiologie et d'acouchements, ont êté nommés :
Fe
MM. Nerezune Fétdinand); dé Ratisbonne:{Bavière),
Vinis (Heñty),: dé‘ Raon-l'Étape (Vosges):
:
139
A la suite'dti contours euvert le 44 noveribre:.1863, pour les trois
places d'élèves internes ‘dans les hôpitaux, ‘ont été nommés :
MM. Mancenor (Gharles), de Sarrebourg (Meurthe).
Manc (Auguste), de Gironcourt (Vosges).
Niverer (Réné}, de’ ‘Commercy (Meuse).
Nominations
des préparateurs
du Cours.
: Cours d'anatomie, de physiologie el d’acouchements.
M. Marc (Auguste), dé Gironcôurt { Vosgeb).
Cours de toxicologie et pharmacie.
M. Laronrane (Émile), de Bourhonne-les-Bains (Haute-Marne).
Bt
Naxev, imprimerie de ve Raynors, rue du faub. Stanislas, 3.
SOLENNELLE
DE
L'ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR
UNIVERSITÉ
IMPÉRIALE.
ACADÉMIE
DE
NANCY.
RENTRÉE SOLENNELLE
DES FACULTÉS
BES
SCIENCES
ET DES LETTRES
ET
DE
L'ÉCOLE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE
DE NANCY,
ET
LE
16
NOVEMBRE
4868.
NANCY,
Ve RAYBOIS, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE,
Rue de faubourg Slanislas, 3.
1863
PROCÈ 57 VERBAL
DE LA SÉANCE.
La Séance solennelle de Rentrée des Facultés des Sciencés, des Lettres et de l'Ecole préparatoire
de Médecine et
de Pharmacie de Nancy s’est faite, le 16 novembre, sous
la présidence de M. Dunoyer, Recteur de l'Académie.
À dix heures
et demie, la messe
du St-Esprit,
célébrée:
par M# l’Evêque de Nancy, réunissait dans la chapelle de
l'Evéché les Inspecteurs d'Académié et les Professeurs des
trois établissements d'enseignement supérieür.
À midi, la Séänce publique s’est ouvérlé dans le grand
amphithéätre du palais Académique. M. le Recteur était :
entouré des Inspecteurs d'Académie de son ressort, du
Doyen et dés Professeurs des Facultés des Sciences
et des
Lettres, du Directeur ct des Professeurs de l'Ecole de
Médecine, du Proviseur et des Professeurs du Lycée
impérial qui avaient été priés de prendre part à la céréImonIc.
_
6
—
M. Lezaud, premier Président
de la Cour impériale :
M: Lavigerie, Evêque de Nancy; M. le Général, Comte
d’Alton;
M.
Neveu-Lemaire,
Procureur
général;
M. le
Baron de Barral, secrétaire: général. de: la Préfécture, représentant
M.
le
Préfet
absent;
M.
Welche, premier
adjoint au Maire de-la ville; M. le’ Président Garnier:
-M. de Prailly, Président
du Tribunal de première instance:
M. Bompart,
Procureur impérial
; M. le Colonel
du 79e
de ligne; des membres du clergé, de la magistrature ct des
Sociétés savantes, et un public nombreux et choisi assistaient.à cette cérémonie.
. Après avoir rappelé en peu de mots l'objet de la Séance,
M, le Recteur adresse quelques paroles de remerciment à
l'assemblée d'élite qui vient, chaque année, ‘honorer de sa-
présence celte solennité,
et donner:à nos écoles. de haut
enseignement-une marque,de bienveillante sympathie,
À invite ensuite successivement MM. les Doyens, Godron,
Benoît et M. -le Directeur .Simonin. à. lire leurs
Comptes
rendus des travaux. de la Faculté. des Sciences, de:la Faculté
des Lettres. et del Ecole de médecine. :
…..,
|
La cérémonie a été close..par la. “proclamation: des prix
accordés, par S, Exe. le Ministre de lInstruction ‘publique
aux étudiants en médecine et en pharmacie.
RAPPORT
DE
M. GODRON,
DOYEN
DE LA FACULTÉ
DES SCIENCES.
Monsieur LE RECTEUR,
MonxSEIGNEUR,
Messieurs,
Une
voix éloquente
a cherché
récemment,
dans
une
autre enceinte et sous une forme poétique que nous ne lui
emprunterons pas et pour cause, à démontrer que les
élèves font les professeurs. Si cette pensée est vraie dans
l'enceinte d’un lycée, elle ne l’est pas moins dans l'amphithéâtre d’une Faculté. Ce n’est pas, cependant, le public
qui donne Île savoir, la méthode, la diction claire et facile,
en un mot les qualités principales du professeur; mais
lorsqu'un auditoire sympathique et avide d'instruction
sérieuse vient, par sa présence el son assiduité aux lecons,
soutenir les efforts incessants du professeur, il lui commu-
unique infailliblement ce feu sacré qui donne la vie à tout
enseignement.
C’est dans ce sens principalement que nous acceptons
_—
BB
—
l’idée émise à la distribution des prix du Lycée de Nancy.
Aussi,
heureuses
terrain
sont les Facultés qui,
aussi propice
ronces, ni épines,
est communiquée
. nous procure ce
seulement il ne se
placées
sur un
et ne trouvant sur leur route ni
n’ont qu’à suivre l’impulsion qui leur
! L'esprit sérieux de nos populations
bienfait et, depuis neuf années, nonfatigue pas, mais la fréquentation des
cours semble. être entrée définitivement dans les mœurs et
dans les habitudes de notre cité Nancéienne.
Et cependant notre enseignement officiel n’a eu aucun
sacrifice à faire à la popularité et la fantaisie n’y peut
trouver aucune place ; il n’a donc rien perdu de son élévation. Réglé par des programmes, il suit pas à pas la
voie qui lui est tracée et ne s’en écarte que pour embrasser,
chemin faisant, les découvertes scientifiques. nées d'hier et
qu’enfante journellement notre laborieuse époque. Nous
ne pensons pas toutefois devoir vous exposer Ka série des
matières qui en ont élé l’objet, pendant la dernière
année
scolaire; dans une période de deux-ow.de trois années, le
même enseignement se reproduit d’une manière régulière
etnous-n ‘avons. ici.iqu à Tenvoyer. à nos précédents rapports,
m'a
du
eme
à
Lane
ot
Mais, si de sageses règlements limitent àà cet égard la sponianéité du professeur, ils Jui permettent-aussi de consacrer
des leçons supplémentaires à des. enseignements spéciaux,
Vous savez déjà comment
la Faculté a usé. de cette préro-
gative ; depuis huit années elle a institué des cours du soir:
en faveur des ouvriers de Ja ville ; elle met à leur portée
les connaissances théoriques
et. pratiques qui peuvent leur.
être utilés.et dont ils se sont. jusqu'ici montrés si avides..
Comme
ces cours varient d'objets tous
croyons ulile , d'entrer dans
les ans,
quelques détails
sur
nous
les
_
9
—
matières enseignées pendant Ja dernière année scolaire.
M. Renard a exposé, d’une manière complète, les principes de la géométrie descriptive, se réservant, dans les
années suivantes,
de
traiter
des applications. de
cette
science à la théorie des ombres,à la perspective, à la coupe
des pierres,à la charpente, à la topographie et au nivellement, Il me semble superflu d'insister sur l'utilité d’un
cours
qui
entrera
nécessairement,
comme
élément
es-
sentiel, dans tout programme ayant pour but l’enscignement professionnel.
M. Lafon a commencé, commetous
les ans,
à exposer
les principes généraux de la mécanique ; il en a fait ensuite.
l'application‘à l'étude de ces machines qui ont pour moteur la vapeur d’eau, puissance immense qui, asservie par
l'intelligence de l’homme, obéit aveuglément à ses ordres
ct donne naissanceà toutes les merveilles
de l’industrie moderne, Mais, pour atteindre sûrement le but, ce cours de,
mécanique appliquée doit être à la portée des. auditeurs
auxquels il s’adresse et ne peut reposer sur de hautes con_ceptions mathématiques. Aussi, le professeur a dû, dans
son exposition, s'étayer simplement sur les notions élémentaires de l'algèbre et de la géométrie, enseignées avec
succèsà l'école primaire supérieure de Nancy, qui, depuis
un. grand nombre d'années, est devenue la pépinière
nos.bons ouvriers.
de
M. Nicklès a cousacré ses leçons du soir à l'étude du
plomb, de ce métal si universellement employé et si intéressant par ses qualités, aussi bien que par ses défauts. Sa
connaissance remonte assez haut dans
l’histoire, pour qu’il
ait figuré au siége de Troie, non pas comme projectile (l'art
de la guerre n’avait pas encore accompli ce funeste progrès)
mais comme métal de luxe. En effet, si nous ne croyons
.—
10 —
Homère, Ja cuirasse d ‘Âgamernnon et le bouclier d' Achilles
étaient couverts d’ornements de ce métal: Les Romains en
connaissaient toute l’importañce, recherchaient avec “soin”
ses minerais.et ont même, exploité daris nos contrées les
mines, assez pauvres du reste, du Bleyberg el dé Vaudre-
vange près. de $t-Avold. Poursuivant cétte étude à travers .
ler moyen âge, M. Nickiès a cherchéà apprécier, par la voie
expérimentale, les procédés d'exploitation, alors en usage
et dont les diverses phases sont figurées avec beaucoup de
soin et de netteté dans un vieux missel enluminé, que possède la bibliothèque
de St-Dié. Arrivant aux lenips mo-
dérnes, il passe èn revue.les minerais aujourd'hui exploilés, les diverses mélhodes dont lascience et l'expérience
ont consacré l’üsage et qui varient nécessairement
suivant
la nature du minerai, sa richesse, les ressources locales,
etc. Le sulfate de plomb qui, à ‘Mulhouse et'à Wesserling
s’amoncelleà la porte des fibriques (d’indiennes et alongtemps constitué un résidu encombrant, est aujourd'hui
exploité} lui-même comme. “minerai et va devenir, grâce
aux recherches
d'un de ños concitoyens,
à la fois une
source de plomb mélallique et un foyer d’électricité, en
remplaçant dans les piles le sulfate dé cuivré.
Après. ces considérations historiques, ila exposé les pro- °
priétés du plomb, étudié ses combinaisons. et traité de
ses. principaux usages. Les services qu’il rend à larchitec-"
ture et aux arts, | mécaniques par” sa ductilité, ses alliages
et son minium ; ‘son rôle dans Ta cristallerie ét dans la’
céramiqué ; les bèlles- couleurs, telles que la céruse, le”
jaune de. chrome, là mine orange,
etc., qu'il fournit
à la’
peinture au pastel étà l'impression des étofles; ses usages
et ses dangers dans l'économie doméstique ; ses combinaisons oxygénées employées dans l'art de: guérir, aussi”
à
bien que “dans la. “pyrotechhie et. dans la fabrication dés
articles dits de Paris; enfin leur. “emploi dans la, prépa-‘
ration ‘de quelques cosmétiques, ont. été l'objet d'un
examen détaillé. .
|
u.
LL
M. Chautard, “après avoir épuisé, dans le coursrs dé quaire
années couséculives, toutes les questions qui se rattachent
aux applications de l'électricité, à commencé l' étude de la
chaleur, de. son, usage dans l'industrie et des appareils dont
le jeu repose sur ses propriétés. Après quelques con
sidérations générales-sur la correlation qui existe entre les
diflérentes forces de la nature, électricité, . magnétisme,
chaleur et lumière, il a étudié les sourcès de chaleur, _$e
bornant, pour celle année, à celles qui se raltachént aux
actions mécaniques ef électriques,
se “réservant de. traiter
plus tard des sources dues aux. actions chimiques, puis
d'examiner les divers combustibles en ‘usage dans l'indus-
trie et de décrire les appareils propres :à en assurer le meilleur emploi.
.
M. le docteur Léon. Parisot, qui s est associé résolument.
‘à noire œuvre, s’est occupé. ‘d’un
c
sujet qui { touche aux plus
hautes questions del hygiène sociale et de rééconomie politique, nous voulons. parler des subsistances. Les. .éco 10
mises
de tous les temps, les statisticiens et. les” méde
ins
hygiénistes ont unanimement reconnu Taction dominante.
qu'exercent sur le mouvement des populations et sur Ja
mortalité l ‘abondance « ou la disefte. Ne pouyant étendre ses :
recherches sur toutes les contrées du globe, M. Parisot a
résumé les documents les plus. récents sur la production et.
la consommation de la. France et s’est appliqué à: préciser
les effets que les fluctuations éxtrèmes, dans le prix des.
denrées alimentaires, exercent sur la santé des populations.
l'a fait, en outre, ressortir les avantages de la suppressian
:
À
-
12
—
des monopoles. et. des droits. prohibitifs, surtout
en
ce
qui concerne lé commérce de la boulangerie et de la bou
cherie et considèrre celteliberté nouvelle. comme l'une des
‘dé l'heu.
reuse influence qu "elle doit exercer sur là longévité hu
maine. |
Le piofessèut d'histoire ridturellé, entrant mômentané-"
mient dâns ün autre ordre d'idées que ses collègues, a consacré
8es ‘lecôns supplémentaires
de la dernière année
scolaire à l’étude d’un des sujets les plus complexes que
présénte la science anthropologique, nous voulons parler
de l'unité de l'espèce humaine. Il a exposé et discuté, exclusivement au point « de vue physiologique,
cette question.
d’une {haute importance, non-seulemênt parce qu'elle a”
l’homme pour. objet, mais aussi en raison des déductions
philosophiques qui découlent naturellement du genre de.
solution qu’on ui doïné, tout, à la fois aux points de vue
politique, moräl et religieux.
Mais, pour que l'enseignement des sciences produise
|
tous les résuliais dont il ‘est suscéptilile, la fréquentation
dés cours ne “suffit pas; GE faut manier les’ instruments,
exécuter
les opérations, 8 exercer ‘aux diverses
méthodes.
d'observation étà la pratique du'ealcul, C’est à ce complé-"
mieñt'ütilé d' instruction que
( pourvoient les manipulations,
ies ‘éonférences, les travaux graphiques et les herborisations. Ces exercices n "ént j jamais cessé de se fire régulièrement dans notre faculté des sciences.
En dehors de leur enseignement mes laborieux collègues
ne sont pas: restés
inactifs et c'est pour : moi un devoir de.
vous faire connaitre les travaux particuliers qu ‘ils ont publiés,. pendant |la dernière
année scolaire.
M. Nicklès,. qui n° a pas, perdu la louable habitude de
|
—
produire, chaque année,
13
—
.
les résultats de ses nombreuses
recherches, a examiné récemment plusieurs questions qui,
par une coïncidence tout à fait forluite, se rapportent à des
objets de première nécessité: nous voulons parler de l’eau,
du pain et du vin.
Notré collègue a déterminé la comiposition chimique de
l'eau minérale de Vittel (Meurthe), dans laquelle il a constaté la présence des fluorures, mais en moindre proportion
qüé dañs celle de Contrexéville.
11 a fait aussi l’analyse des eaux du canal de la Marne au
Rhin, au port de Nancy, dans le but de constater une cause
d’insalubrité qui aujourd’huia disparu.
|
Dans l'intérêt des populations rurales, victimes de pluies
prolongées
au moment
de
la moisson,
il a cherché
le
moyen de tirer parti des blés avariés par cette cause et
a constaté la possibilité de faire encore du pain salubre
par l'addition d'une plus grande quantité de sel.
Ïl a étudié aussi la fabrication de ce vin particulier à à la
Lorraine, connu sous le nom de vin de pelle, et en a donné
la théorie.
Tout en s’occupant de ces utiles questions, il n'a pas
perdu de vue le côté théorique de la science, comme le
prouvent ses recherches sur la force épipolique et sur le
Wasium, qui n’est pas un corps simple, comme.on l’a dit
à tort, mais qui, d’après les recherches de notre collègue,
est un corps complexe, formé de métaux déjà connus
tels que l’Yttrium, le Terbium et le Didyme.
M. Chautard, reprenant ses anciens travaux sur Île
camphre indigène et sur les produits qui en dérivent, a
étendu ses recherches et les a rendues-plus complètes. En
étudiant les produits fournis par la Matricaire aux diverses
époques de végétation ou extraits des divers organes de la
—
14
—
plante, il est parvenu à préciser les moilleures conditions
‘dans lesquelles il convient de procéder àla préparation
d'un produit dont la découverte permettra peut-être d’affran‘chir l'Europé d'uû tribut considérable qu elle paye à l’étran-
‘ger. Ce mémoire est complété par l’éxamen d’une centaine
de produits végétaux, jusqu ici confondus avec le véritable
camphre, mais qui ne soût pas identiques avec lui, d'où
l'auteur conclut, contrairement àÀ l'opinion accréditée dans
la‘science, que la Matricaire està peu près la seule plante
de nos contrées, susceptible de. fournir un. camphre com
parable à celui du Japon.
|
Dans un second mémoire, M. Chautard décrit les propriétés de deux nouveaux acides, qu ‘ila découverts et qui
établissent pour la série des acides camphoriques la
même loi de constitution que pour la série des acides tar-
triques. /
* Vous savez tous que, pendant vingt année ss d'observations
patientes, M. le docteur Simonin père nous a fourni des
documents précieux ‘sur la. météorologie de Nancy. Une
uvre aussi importante mérilait d’être continuée; elle le
sera d’autant plus facilement que des observations régulièrés $e fit simultanément, depuis quelques années, sur
divers points du pays. C’està notre ancien recteur et collègue, M. Faye, que nous dévons l’organisation de ce service établi dans chacune des quatre écoles normales primaires du ‘réssort académique. ‘Ce sont ces observations,
auxquelles il faut joindre encore celles que veut bien nous
communiquer M: le Docteur Marchal de Lorquin, qu’il s’'agissait de résumer. Notre collègue M. Chautard a bien
voulu s'en charger et à publié, au commencement de celle
année, les observations faites en 1862 dans les cinq s lations
que nous avons indiquées.
_
—
19
—
M. Lafon acontinué s ses recherches sur la mécanique ; sit
est ar rivé par une méthode nouvelle aux formules générales .
qui délerminent le mouvement
. À l’aide de deux théorèmes, qu'il
“une idée précise du mouvement
de celui de la projection de l'axe
relatif d'un Corps . solide.
vient de trouver, il donne :
de la digne des nœuds et
instantané‘ sur le plan du
maximum des aires. Ën second Heu, la thédrie féconde des
‘déterminants lui a! permis d'arriver, à cerlains résultats
connus, d’une mañière plus directe et sensiblement plus
courte que.ses devanciers. :. … 4:
Lane
M. Renard a soumis au jugement de l'Académie des
sciences un long mémoire ayant pour titre: Théorie du
magnétisme terrestré dans Ÿhyjpothèse d'un seul'füide élec-
trique. Après avoir énumiéré les différentes doctrines émises
“jusqu'ici sur cette question importante: de la physique du
globe, il s’est arrêtéà celle d'Ampère, qui admet Pexistenée
‘dé'eourants dirigés de l’ést à l’ouest
dans l'intérieur de la terre. Mais d'où viennent ces courants ? M. Renard-a cru
en trouver la cause dans le double mouvement de translation ct de rotation de la terre au sein du fluide éthéré. T1
s’est occupé tout d'abord dés variations: des éléments magnétiques,
déclinaison, inclinaison et intensité, observées
‘à une Même époque, en passant d’un lieuà un autre sur
la surface de la terre. En second lieu il à étudié les variations de ces éléments’ pour un même lieu, mais à des époquès différentes. 11 espère être arrivé par le caleul a expliquer d’une manière
satisfaisante
toutes les Phases du
phénomène. |
oo
|
Pour corpléter les travaux des membres de la faculté,
‘il faut y ajouter ceux du professeur d’ histoire naturelle, Je
me conlenterai de les énumérer; ce sont les suivants: ”
4° Zoologie de Ja Lorraine, A vole in-12 ; 2. Recherches
_—
16
—
| éxpériméntales sûr l'hybridité dans le règné végétal” {l ):
3° De l'originé hybride dû Prémula väriabils ; A "Deséiip-
‘tion d’un œuf dé poule monstrueux.
J'ajoutérai qu'un certain nôribré des travaux, dont il
vient d’être question, ont été lus, au mois d'avril dérnier,
RE
lé congrès des sôciétés sivantes.
‘jme reste enfin à indiquer les résullats dés exàmèns
relatifs àà l'obtention des grades universitaires.
Doctorat ès sciences.
—
La Faculté n'a pas
- annéé, à. vosféter cé grade exceptionnel.
eu, cetie”
Licence ès sciences. — Le nombre des candidats, qui se
sont présentés aux deux sessions réglementaires de l’année
scolaire, a été de 15, chiffre un peu supérieur à celui des
années précédentes.
.
. Parmi.eux, sept nous demandaient le diplôme de licencié
ès sciences mathématiques ; mais trois seulement ont subi
avec suceès ces épreuves difficiles; se sont:
4° M: Laurent, ancien élève de: l'école impériale polytechnique, qui a soutenu dignement devant Ja faculté la
réputation de cette école célèbre;
.
_2° M. Ratisbonne, élève de la faculté, qui a “obtenu ka
récompense d'un travail assidu pendant plusieurs années.
. 3° M. Crémel, qui simple instituteur adjoint dans une
école primaire de Nancy et'ne pouvant pas, en raison
même de ses fonctions, suivré les cours de la faculté, a
depuis plusieurs années travaillé avec une volonté ferme ct
sans autres secours étrangers queles conseils bienvéillants
de deux de nos collègues ; il ne s'est pas laissé décourager
(1) Ce mémoire, présenté ai concours duvert par l'Académie dès
. Sciences dé Paris pour le grarid prix des sciencés physiques, à valu à
son auteur une mention très-honorable.
|
— 117 —
par suite de plusieurs échecs successifs et a pi enfin atieindre le but de’tant d'efforts.
|
|
Lés huit autrés candidats aspiraient : à Ja licence àès séiencés physiques ; trois d’entre eux seulement ont conquis le
| di iplôme ; ce sont:
|
.
19 M. Rigout, préparateur à Pécole des mines s de Paris, :
qui à à subi les épreuves d’une manière irès-satisfaisante
:
2° M. Philippe, maître répétiteur au Lycée de Nancy, :
qui a suivi assiduement les cours de la faculté;
|
3° M. Jaillard, professeur à l’école de perfectionnement
du Val-de-Grâcés, qui a subi le plus brillant examen, qui se
soit produit devant la faculté depuis plusieurs années.
: Bäccalauréat ès sciences. — Le nombre des candidats à
ce grade,s’il n’a pas augmenté, ne diminue pas non plus.
Nous. avons exactement, pour. la dernière année scolaire,
le même chiffre que l’année précédente, celui. de 414
jeunes gens, qui sont venus de tous les points de la province xcadémique nous demander le diplôme de. bachelier èsà
sciences. :
ue
—
Nos opérations sont. résumées dans le tableau suivant.
: NOMBRE
‘des
CANDIDATS.
complet...
BaccALAUNEAT
|
CANDIDATS
admisaux
a:
fre partie. ,...
a
118
_ TOTAUX
OA
à
107
De
-
où |
"2{
7h
2e partie. :....|)
admis
[épreuves orales définitivement:
: 186
restreint ruse
Da
|
|.
.
:
-
53
67
|
| 20:
og
|
‘
51
61
|.
993
Fi
_
Le
baccalauréat
18
—
scindé qui, à l'origine,
semblait
être
Vancre de salut, à laquelle s’accrochaient, pour échapper
plus facilement au naufrage, un grand nombre de candidats,
a perdu peu à peu dans Pesprit de ces jeunes gens, justes
appréciateurs de la question, une partie
de la confiance
qu’elle leur avait d’abord inspirée. Le chiffre de 166 candidats, qui se sont présentés à la première partie de l’exa
men pendant l’année scolaire 1860-1861, est tombé Pannée suivante à 110 et pour celle qui vient de s’écouler il
est réduit à 74. Les jeunes gens de nos établissements secondaires semblaient done provoquer eux-mêmes la mesure :
prise récemment par son Exc. M. le Ministre de l’Instruc-
tion publique.
. Mais, si nous-avons sur ce point une diminution à signa
ler, nous constatons, d’une autre part, une augmentation
dés plus heureuses. J'ai déjà imsisté dans mes précédents
rapports, sur Ja noble ambition, qui se manifeste de plus
en plus chez les jeunes gens de nos contrées, celle d'obtenir |
successivement
le grade
de bachelier ès lettres et le grade
de bachelier ès sciences. La progression dans le nombre
des candidats, qui, depuis 4859, se sont présentés devant
_nous, déjà pourvus du diplôme de bachelicr ès lettres, a
été assez rapide, comme lindiquent les chiffres suivants:
Année scolaire 1859-1800 —
29 bacheliers ès lettres.
1860-1861 — 45
1861-1862 — 74
1862-1863.— 94
id.
id,
id.
‘Il ya donc un retour bien marqué, du moins dans le
ressort de notre académie, vers les études littéraires. Si la
culture des lettres constitue l'élément essentiel qui fait les
19
—
|
hommes, elle dispose aussi
:
morveilleusementklétude des
sciences; aussi nos jeunes candidats, déjà munis du diplô—
me liléraire, réussissent-ils généralement bien dans les
épreuves scientifiques. Ces fails prouvent qu'ils ont enfin conscience de leurs véritables intérêts et qu’ils ont compris
ja nécessité de ne pas sacrifier l'un à l’autre deux genres.
d'enseignement qui se fortifient par leur union, ét le dernier
mot
de touies les tergiversations
dont nous avons été té
moins, dans la question si difficile de Porganisation ‘de.
l’enseignement secondaire, sera peut-être le aliance intime …
des lettres et des sciences.
RAPPORT
DE
M. Cu. BENOIT,
DOYEN
DE LA FACULTÉ
DES LETTRES.
MESSIEURS,
Cette fois encore j'ai cru que vous échapperiez à l'ennui
de nos Rapports annuels. La question a été de nouveau
agitée de transformer cette séance. Au lieu de la consacrer
à un Programme des Cours et à une Statistique d'examens,
on songeait à donner à tour de rôle la parole à l’un des
Maîtres de nos Facultés ou de notre École de Médecine,
pour qui ce serait l’occasion, ou de développer quelque
vérité générale sur la science qu’il professe,
ou de vous
jnitier à quelqu’unc des grandes questions, vers lesquelles
le monde savant tourne actuellement les yeux. C'eut été
un régal plus digne d’être offert à celte élite de notre ville,
si amoureuse des choses de Pesprit. Mais il y faut encore
une fois renoncer.
Ce qui soulient du moins notre courage dans cette tâche
ingrate de nos Comptes rendus, c’est l'intérêt, que vous
avez toujours pris à cette Statistique de nos études. Ces
chiffres sont pour vous des révélations du mouvement des
99
—
esprits. Après lant de remaniements,. qu’à subis depuis
quelques années le système de notre éducation nationale,
vous interrogez avec sollicitude nos Rapports, pour connaître les tendances de la jeuñésse et les promesses de
- l'avenir, Si vous êtes curieux en effet de savoir les ressour.
Ces militaires de la France, la situation de son commerce,
de son industric, de ses finances, vous
n'attachez pas un
moindre prix à connaître lesprit de nos Écoles,
| riations de nos études, les ressources morales,
les va-
que l’édu-
-Cation publique prépare aux générations qui nous vont
succéder
dans la vie. Quel est l’état des études littéraires
et scientifiques dans notre Académie? Comment notre
jeunesse se partage-t-elle entre les unes et les autres?
* D’après le niveau actuel de l'éducation publique, que peut-
on conjecturer de ce qu’elle apportera dans la vie active
de culture ‘intellectuelle et d'é slévation morale, celte générätion de nos. fils, qui sera la sociélé de demain, el qui
porte sur sa tête les destinées futures de notre pays?
Voilà, Messieurs, ce que VOUS «essayez de dégager avec nous
de: nos renseignements et de, nos. chiffres. Après : avoir suivi
avec inquiétude pendant, quelques : années Les Lettres dans
leur déclin, convaincus que leur culte ne saurait
gligé en France, sans entrainer un abaissement
être nédans le
caractère national et dans la grarideur morale de la patrie,
aujourd’hui vous êles heureux de leur voir reprendre dans
Véducation publique leur grande et légitime influence.
Càr c’est I ‘ce que vous constaterez par le Compte rendu
de nos Examens.
“L'opinion, un insfant fourvoyée, est revenue avec fa-
veur
aux Lettres, en dehors desquelles il ne peut y avoir
d'éducation vraiment libérale;' et, le Ministre de l'Instrucion publique, qui vient de signaler son avénement par
_
93
—
tant de mesures généreuses et hardies, n’a fait que suivre
l'impulsion de plus en plus décidée de Pesprit publie,
quand, complétant l'œuvre de son prédécesseur, il a élargi
encore la part des Lettres dans notre instruction nationale,
et lui a rendu la philosophie pour couronnement. Peulêtre, dans le temps troublé encore et plein d'incertitude, |
qui. succédait à un profond ébranlément social, peut-être
avait-il fallu restreindre la carrière de a pensée exaltée
jusqu’à l'ivresse ; peut-être quelque défiance était-elle alors
fondée contre les Lettres, qui avaient toujours joué
j
un si
grand rôle. dans nos révolutions. Peut-être aussi le.développement « de notre industrie nationale, et les merveilleux
progrès des Sciences appliquées, exigeaient-ils que l'on fit
à ces Sciences de la matière une plus
truction des enfants du XIX° siècle.
les orages s'éloignaient, l'Empere ur,
fiter du raflermissement de l'ordre,
en avant vers la liberté, TEmpereur
large part dans Pi08
Mais, à mesure que
qui, semble ne pro
que pour faire un pas
a voulu quel éduca-
tion nationale vint se retremperà ses sources iles” “plus gé-
néreuses, et que TUniversité, avant de préparer les jeunes
j
gens aux diverses professions, s’efforçât surtout d'élever
les esprits et de former des âmes viriles. Vous l'entendiez
(il y a quelques années) dans un Manifeste€demeuré célèbre convier le génie national à reprendre dans tous les .
Arts son glorieux essor. C estsous l'inspiration de la mème
pensée, que le Ministre, “choisi par lui dans l Université, a
restauré dans sa grandeur sincère Pétude de la Philosophie. Avec le rôle que la France a repris désormais en
Europe, il. est nécessaire qu’une forte éducation morale
pr épare nos filss à soutenir dignement ces nobles destinées.
EXAMENS.
Quelques mots d’abord sur nos Examens.
Baccalauréat-ès-Lettres. Le nombre des Candidats au
Baccalauréat-ès-Leitres continue à s’accroître dans notre
Académie.
L’an dernier,
nous
en comptions
275;
et je
croyais, en considérant la population de nos Écoles, que
nous avions atteint le maximum.
Mais en voici 299 cette
année. À quoi lient cette augmentation continue? —
Constatons d’abord que ce mouvement intelligent, qui
depuis quelques années ramène aux Lettres l'élite de notre
jeunesse, se prolonge et s'étend de plus en plus. Mais en
outre bien des Candidats étrangers au ressort Académique
de Nancy viennent ici de préférence se présenter à l’examen. Grâce à son réseau de chemins de fer, Nancy devient de plus en plus le centre d’une vaste région, qui
déborde bien au delà des limites de notre vieille Lorraine,
ou de la circonscription actuelle de notre Académie. Les
Ardennes,
la Iaute-Marne,
la Haute-Saône,
la Marne
même et l’Aube tendent à se grouper autour de cette
capitale de l’Est. Symptômes de bon augure, que j'aime
à signaler, parce qu'il me semble que la fortune se plaît
à dessiner ainsi d'avance la circonscription de l'École de
Droit promise à notre ville.
Si le nombre des candidats s'est élevé, la moisson
aussi
de cette année a été assez bonne. Jamais l'Épreuve préliminaire des Compositions ne nous avait permis d'admettre
—
2%
—
une aussi grande proportion de Candidats
.
à PÉpreuve
orale : 196 sur 299, qui s'étaient présentés, c'est-à-dire, les
deux tiers. De plusieurs de ces jeunes gens, nous avons
même obtenu des morceaux de Latin aussi distingués par
la pensée que par le style. Si la plupart des autres se
tiennent dans une médiocrité assez banale, leur
travail
témoigne cependant, qu’il n’est point encore d’exercice
plus propre que cette pratique du Discours Latin, pour
former de jeunes esprits à l’art de penser sévèrement et
d'écrire avec fermeté. On voit bien que ce n’est pas sans
fruit, qu'ils ont pour cela fréquenté les maîtres de la pensée antique, et essayé de leur dérober les formes de leur
style. Peut-être même l’étude du Français est-elle un peu
négligée pour celle du Latin. Car, en général, nos jeunes
gens entendent mieux qu’ils ne traduisent le texte d’une
Version : ils en sentent les nuances ; mais, à vouloir suivre
de près dans leur traduction la phrase antique, leur style
s’embarrasse, se traine et souvent
se hérisse de soiécismes:
il faut avoir le Latin, pour deviner leur Français.
Mais c’est à l'Épreuve orale, qu’on sent peut-être encore
davantage cette lacune du Français dans nos études classi-
ques. Les Candidats sont toujours bien mieux préparés
sur les Auteurs Grecs et Latins, que sur les nôtres; et
nous avons lieu de croire, qu’en maint Collége létude de
nos grands écrivains n’a pas encore pris sa place à côté de
l'explication des chefs-d’œuvre de l'Antiquité. Je crains
bien qu’on n’abandonne le plus souvent aux élèves la lecture de ces ouvrages d’un plus facile accès. On a tort : il
‘est si peu de jeunes gens qui sachent lire. Celte facilité
même, avec laquelle ils parcourent les chefs-d’œuvre de
notre langue, ne leur permet pas d’en approfondir la pen-
sée et d'en sentir le style. La plupart du reste ne prennent
_
pas
même
la peine ‘de dir
96
—
ce petit nombre d'œuvres‘ de
choix, que leur impose
i
le Prograrnme; ils aiment mieux
en emprunter des résurnés arides et sommaires à leurs
Mänuels. Le procédé sans doute ne. leur réussit guère: à
là prêt
ière question, l'Examinateur lesa désarçonnés,
mais
saüs être” parvenu encoreà les désabuser de cette litiérature ‘superficielle et de faux aloi:
© En somme, on né s'aperçoit que trop encore,
à cette
épreuve orale, de l'impatience qu'ont la plupart des Candidats de finir leurs études. Ils en sacrifient d'ordinaire la
dernière année, l'année de Philosophie, qui devrait en
être le couronnement. — Nous exeusons encore cette précipitätion regrettable chez les jeunes gens pressés par
l'âge, qui, leurs études littéraires terminées, ont à reprendre, ensuite l'étude des sciences en vue d’une École.
Mais que nous voudrions voir rétablir le Certificat d’ Études, pour retenir de force en Philosophie tous ces imprudents déserteurs, qui (se destinant au Droit, à la Médecine,
aux Beaux-Arts, à l'Enseignement) ne s'y pourraient
mieux préparer, qu’ en, laissant leur intelligence mürir
dans une Classe consacrée, non-seulement à l'analyse de
l'esprit humain età Ja méditation des grandes questions de
notre destinée,
mais encoreà lé inde de l'Histoire et de
toutes ces Sciences des nombres et de la nature, auxquell es
meurer étrânger?
: Vous: avez pu, jeunes gens, être tentés de déserter la
Philosophie, quand vous l'avez vue amoindrie et reléguée.
Mais aujourd’ hui, qu’on vient de lui restituer ses honneurs
ét sa légitime influence dans vôtre éducation, revenez à son
cülle trop longtemps méprisé. Ne dites plus que vous
n’en avez que faire: que vous laissez aux rêveurs les ques-
-
—
9
—
tions qu’elle agite ; que, fixés sur. les principes essentiels
de la vie, VOUS ne voulez pas connaître ces inquiétudes de
“h; pensée. — Non, non’, malgré que vous
*
en ayiez,.Lôt ou
tard, il vous faudra bien yarriver et faire votre _philoso“phies On ne supprime pas la réflexion à son gré, et l'on ne
peut s se. flaiter de retenir son. intelligence dans un éternel
assoupissement. En dépit du bruit de vos affaires ou de
vos plaisirs, un jour arrivera, où les problèmes de la destinée humaine viendront vous assiéger, vous obséder, vous
troubler. Mais alors, ‘jeunes gens, combien ne risquez.YOUS pas, dénués d'une forte doctrine philosophique, combien ne risquez-vous pas de vous égarer, lorsque vous serez
‘saisis et enveloppés par cette atmosphère de faux systèmes
et de sophismes malsains qui obscureissent la lumière de
notre siècle, lorsque,
sans gouvernail ni boussole,
vous
serez entraînés sur celte mer orageuse, dont, vous ne con—
naissez ni les écueils, ni les étoiles? 1 n’y a qu’un Cours
solide de philosophie au seuil de la vie où vous allez entrer, qui puisse vous prémunir contre les égarements inséi
parables des spéculations de la pensée. {n'y a que la vraie
philosophie, qui puisse guérir. les maux. de la. mauvaise.
« Sans la philosophie (disait Royer. Collard) 7 n'y a ni
» littérature ni science véritables. Si de pernicieuses, doc» trines se'sont élevées sous son abri, c'est à elle, non à
» làignorance, qu'il appartient. de ls détruire. » Revenez
donc, Jeunes gens, à l’école des grands philosophes du
XVI
siècle, des Descartes,
des Leibnitz, des Malebranche,
des Pascal, des Bossuet, des Fénelon; venez Yous armer
auprès d'eux de. science et de raison. pour | vous défendre
contre les atiaques du faux savoir, pour repousser surtout
avec la conscience de leur erreur et. de. leurs périls ces
doctrines folles ou perverses, qui commencent par nous
_.
confondre nous-mêmes
DR
dans le vaste sein de la nature,
pour y änéantir ensuite Dieu lui-même.
En insistant encore sur ces lacunes d’une éducation incomplète, je dois ajouter pourtant, que, chaque année, la
situation s améliore, et que le niveau moyen des Examens
s'élève. Toutefois en signalant le mieux, il faut aspirer à
plus encore. — Or, sur 196 Candidats admisà l'Épreuve
orale, nous avons eu la satisfaction sans doute d'en déclarér 172 dignes
du Grade de
Bacheliers-ès-Lettres;
mais la majorité d’entr’eux wa pu qu’atteindre le but, sans
‘le dépasser. 98, en effet, n’ont été admis qu'avec l’humble
mention Passablement; 48 avec la mention bien modeste
“encore d'Assez Bien — 15 seulement ont mérité JaNote
Bien: 9 la Note Très-Bien.
Ce sont :
‘
MM. Lévy-Bnne
Hanesse
MicHaun
°°
Marnin (Michel-Alexandre}
Prczon
Rozzer
. Enfin 2 Candidats,
AUBERT
Couvaz
Mure
‘
MM. Dexss et Ponte
onf obtenu la
Mention Parfaitement Bien.
En somme, 172 Candidats admis, sur 299 qui se sont
présentésà l’Examen, nous offrent pour le succès une proportion de plus de 57 pour 160. C’est un chiffre qui témoigne assez de la prospérité des’étüdes dans notre ressort
Académique, mais qui n’étonnera ici personne; car où
sait, combien notre Province renferme d'Établissements
publics ou privés d'Enseignement secondaire, qui rivalisent âvec une généreuse émulation dans cette grande
œuvre de l'éducation nationale; et l'on connait assez
dailleurs l'excellent esprit de nôtre jeunesse Lorraine si
—
29 —
laborieuse, si appliquée et si docile. Certes, on a le droit
de dire avec orgueil, qu’il n’est point de Région de l’'Empire qui présente à l’Examen des Facultés, comme au
Concours
des
Grandes
Écoles,
un
bataillon
sacré plus
vaillant et plus nombreux.
Quand nous signalons ces résultats, qui attestent le raffermissement de nos études classiques,
il est juste de payer
ici notre dette de pieuse reconnaissance au Ministre si
avisé et si sage, qui vient de quitter l'Instruction Publique
pour la Présidence du Conseil d’État, et qui a laissé de si
bons souvenirs parmi nous. C'est lui qui, en effet, par
une série de mesures discrètes et habilement graduées, a
commencé à réparer peu à peu les brèches déplorables,
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—
30
—
qu'un esprit d'aveugle prévention avait faites dans
le.
système de notre édue ation classique. — Pour. achever son.
œuvre dé restauration, M. Rouland a laissé son héritage
en bonnes mains. M. Duruy est un vrai fils de l’Université, :
un maîlre de nos Lycées, qui, dans une longue pratique
de l'Enseignement, a vu l'effet des Programmes excessifs,
et qui, après avoir de près jugé l'arbre par ses fruits, est
arrivé au Pouvoir avec une pleine expérience, une COnvICtion faité, et une volonté bien décidée de profiter du bien, .
de corriger le mal.
Aussi l'Université a-t-elle été tout en-
semble heureuse et fière de ce Ministre choisi dans ses
rangs. Elle et lui avaient appris de loinà se connaître par :
une estime et une affection mutuelles. La France du reste.
n’a pas tardé ‘de savoir elle-même l'esprit libéral de
M. Duruy. On a vu son activitéà imprimer partout une
impulsion féconde. Chaque jour, pendant ces vacances,
nous apportaif une mesure importante. Hier, c'était le :
Cours de Philosophie véritable rétabli: dans nos Lycées; :
aujourd” hui, c’est la réconciliation graduelle des études
scientifiques et littéraires, qu'un fâcheux divorce avait
trop séparées depuis dix ans; puis, c’est la réorganisation
d'un enseignement plus râlionnel des langues vivantes:
puis, l'institution étendue et régularisée d’un enseigne- .:
ment professionnel. En même temps que le ifinistre a
voulu fortifier par une plus. solide instruction philosophique et littéraire l’édueation des jeunes gens destinés aux
fonctions publiques et aux carrières libérales, il travaille
ainsi, d'un autre côté, (selon le vœu de notre siècle) à mé
nager à ceux de nos fils, qui se proposent d’entrer dans le
commerce et l'industrie, un enseignement mieux approprié à leur vocation et aux. besoins de notre société fran- :
çaise. Tout sous sa main se transforme et s’organise à la
_
3
—
fois, mais selon un plan longuement
médité à l'avance.
Car toutes ces mesures sont le fruit d’une ancienne expé-
rience. Aussi est-ce avec une pleine confiance, que PUniversité, sous un parcil pilote, s'élance vers l'avenir à
voiles déployées.
Licence ès-Lettres. La Licence, cette année,
n’a produit
que d’assez modestes résullats. À la Session de Novembre
1862, nous n'avons pu admettre au Grade aucun des Candidats qui s’élaient présentés. À celle du mois de juillet,
six Candidats seulement ont subi les épreuves de PExamen.
Bien d’autres, qui y aspiraient, ont consenti d’après nos
Conseils à attendre. Comme nous sommes en rapport avec
la plupart d’entr'eux par une correspondance assidue,
nous pouvons, sur les compositions d'essai qu’ils nous
envoient, dissuader les imprudents, ajourner ceux qui
nous semblent encore trop faibles, et prévenir ainsi des
échecs probables. Grâce à ces conseils, nos jeunes Maîtres
n’affrontent ces épreuves qu'avec des chances sérieuses de
succès. — Les Candidats de juillet étaient tous des disciples de nos Conférences, ou de ceux que nous guidons de
loin par correspondance. Trois d’entr'eux ont été jugés
dignes du titre de Licencié ès-Lelires :
MM.
Brian»,
Tomas,
GérarD.
Le premier, l’un des plus brillants élèves sortis du Lycée
de Nancy, à voulu, en même temps qu’il commençait
son Cours de Droit, poursuivre ses études classiques et
mürir et fortifier son esprit dans cette haute discipline.
Noble alliance des Lettres et de la Jurisprudence,
qui à été
la gloire de notre ancienne Magistrature, et dont l’heureuse
tradition est perpétuce ainsi avec éclat par quelques jeunes
gens d’élite destinés à être un jour l'honneur de notre
barreau. M. George Maume, il y a quelques années, ou-
vrait vaillamment la voie.
M. Briard l'ya
suivi avec
une émulation généreuse; el son exemple, nous le savons,
ne sera point perdu. MM. Thomas et Gérard sont Maîtres:
répéliteurs au Lycée de Nancy; ils prométtent à l’enseignement public des professeurs d’un esprit net, d’un goût
cultivé, d’une littérature
concurrents sérieux.
étendue, et à l'agrégation des
IE.
ENSEIGNEMENT.
Sur notre Enseignement, je tâcherai d’être bref. Nos
Cours de l'an dernier, la plupart d’entre vous les connaissent aussi bién que moi. Quant à ceux de celte année, d'ici
à quelques jours, chacun de nous vous en exposera le
sujet et l'esprit, bien mieux que je ne puis le faire moimême.
Philosophie. M. de Margerie a complété pendant le
premier Semestre de l’an dernier son Cours sur le Droit
international. En étudiant surtout la question de la Guerre,
et en traitant à ce propos des causes qui la justifient, des
règles qu’elle
doit
observer,
du
droit
des
Neutres,
des
Trailés de Paix, il a montré comment les principes de la
Morale ne sont pas moins obligatoires dans les relations des
peuples que dans celle des individus. Il n’ya pas,
en effet,
deux justices; et jamais l’intérêt public, pas plus que celui
—
88
—
.
des particuliers, nc
saurait
(quoiqu’en dise Machiavel)
prévaloir
Morale,
et justifier l’iniquité. Les
contre la
crimes
des’ nations s’expient comme ceux des particuliers,
et par une punition d’autaut plus inévitable même én ce
monde, qu'il n’y a pas pour les nations de vie future, et
que toute leur destinée doit se consommer ici bas.— Dans
le second Semestre, le Professeur a repris l’histoire du Droit
international, dont il avait exposé la philosophie. En se
plaçant toujours au point de vue de la Morale universelle,
qui. doit finir par régner un jour dans les rapports des
peuples entre eux, il a développé et jugé successivement
les
plus célèbres doctrines politiques et sociales enseignées par
les philosophes depuis Platon .et Aristote jusqu’à Montesquieu, ou pratiquées par les Gouvernements depuis les
Républiques grecques jusqu'aux. Monarchies modernes,
en insistant particulièrement sur les modifications profondes apportées par le Christianisme dans la science
et la
vie sociales. — Ces intéressantes études, que le Professeur.
n'a pas-eu le Joisir d'achever, seront reprises par lui avec |:
plus de détail cette année dans ses Conférences du vendredr.
“Le Cours du mercredi sera consacré à l’enseignement-de
la Théodicée. Dans une série. d’études philosophiques,
M. de Margerie se propose de résumer tout ce que la rai-.
son humaine,
éclairée et fortifiée
par le Christianisme,
peut démontrer avec certitude touchant les chioses divines:
À savoir : qu'il est un Dieu; que ce Dieu-est parfait
; qu'il
est distinct du monde créé par un acte de sa toute-puis-
sance; qu'il
merveilleux,
a organisé, cel univers suivant un -plan.
dont les sciences nous révèlent de plus en L
plus la grandeur et la beaulé : que sa Providence conduit.
Jé monde par des voies mystérieuses vers un but digne de.
sa sagesse et de sa bonté suprèmes, — Puis, descendant:
3
—
4
—
de Dieu vers l’homme, le professeur montrera que ce Roi
de la création a été associé, en vertu de’son intelligence et
de sa liberté, à l’accomplissement du plan divin; qu’il est
_ uni à son Créateur par des liens nécessaires:
et tenu envers
lui à des devoirs, qu’une saine philosophie peut proclamer
sans doute en principe, mais qu’il appartient
à la religion
seule d'enseigner. avec précision et avec une autorité
souveraine.
Car,
pour s'élever de la terre au ciel, il faut
que la raison et la foi se prêtent un’ mutuel appui. La rai-
son gravira.bien seule. les premiers degrés de li merveil-
leuse échelle de Jacob; mais, à mesuré qu’elle s'élève, sa
vue se trouble dans la vision céleste; il faut alors que la
foi l'emporte sur ses ailes jusqu’au sacré parvis,
Quoique M. de Margerie, dont vous avez assez éprouvé
la discrète sagesse,: se garde bien de mêler la polémique à
ses spéculations élevées, peut-être ici lui sera-t-il pourtant
difficile de l'éviter toujours. Le scepticisme moderne,
après avoir tout ébranlé dans la conscience humaine, s’est
attaqué enfin à l’idée même de Dieu, ce fondement de
toute philosophie, de toute religion, de toute morale. Vous
le savez, Messieurs, tandis que la Philosophie dite positive
prétend ouvertement à expulser Dieu de l'univers et du
cœur de l'homme, pour ne plus laisser dans le monde
solitaire que les forces de la nature; l'Ecole Hégélienne,.
dans sa théorie panthéistique, arrive au même résultat, en
dénaturant l’idée de Dieu, qui n’est plus pour elle que
Pâme du monde, le principe de la vie universelle. Pour
. défendre contre ces dangereux sophismes la métaphysique’
religieuse, il est nécessaire que le Professeur descende sur
le terrain choisi par ses adversaires pour le combat ; qu’il
expose ces doctrines trop aisément accueillies par l'esprit
incertain de notre siècle; qu’il les réfute.par elles-mêmes,
—
85
—
|
et‘montre qu’elles aboutissent, non-seulement à l’anéantissement de toute moralité, mais encore au renversemerit
de-toute raison. En présence de ces attaques insidieuses de
l’athéisme moderne contre les principes sur lesquels repose
le salut du monde, il est impossible que la philosophie
spiritualiste garde le silence. Vous savez, Messieurs, que
nul, par son talent et son caractère, n’a plus que M. de
Margerie
le droit de se porter sur la brêche en cette occurrence et de se faire le champion de la morale et du bon
sens.
Histoire. M. Lacroix s'était engagé l’an dernier à vous
raconter en entier le règne de Louis XV. Il se flattait qu’il
lui serait possible d’embrasser ainsi, dans cette période de
plus d’un demi-siècle, le tableau de la décadence continue.
de la société française et de la maison de Bourbon descen-
dant des hauteurs du XVIF siècle jusqu’à Pabime, où la.
Révolution doit les précipiter. Maïs l’abondance des matériaux, l'importance des événements, la variété des ques-
_tions de toute sorte qui le sollicitaient à chaque pas de sa
- carrière, ont retardé sa marche: il n’a pu remplir que la
moitié de sa course. Il se propose de l’achever cette
année. Il vous avait conduits jusqu’au terme du pacifique
Ministère du Cardinal de Fleury, pendant lequel la France’
se reposait des guerres du règne précédent, et s’appliquait
- à en réparer les désastres. Ce sera son point de départ. —
Au lendemain de la mort du vieux Ministre, tout va prendre
une physionomie nouvelle. Tous les ferments d'agitation,
dont la société française et l'Europe entière étaient tra-
vaillées, et que Fleury avait assoupis jusqu'alors dans un
calme trompeur, vont faireà la fois explosion. Une lgénération nouvelle apparait sur la scène ; inquiète, remuante,
—
36
—
téméraire, tourmentée d’un vague malaise, lassée- d’institutions politiques et sociales en désaccord de plus en plus
manifeste avec ses idées et ses mœurs, aspirant au chan-
gement, et sapant aveë un: acharnement unanime le vieil
édifice, pour hâter l’avénement d’un ordre nouveau plus
conformeà la justice et à la raison. La faiblesse du pouvoir.
et son infamie ne contribuent pas médiocrement à encou:
rager. les attaques de l'esprit philosophique. Comment
la France aurait-elle pu respecter encore cette royauté,
tombée aux mains des Courtisanes? Pour couvrir cette
honte du Gouvernement, ilne reste pas même la gloire des
armes. Ce n’est pas toutefois que la France ait pu se défendre de prendre part aux grandes luttes, qui recommençaient alors autour d'elle, Car, sur la tombe à peine
fermée de Fleury, la guerre, que le:vieux Ministre semblait
tenir enchaînée, éclate. partout à la fois. C’est une mêlée:
universelle.
des puissances Européennes, pour se disputer:
la prépondérance sur. le continent et l'empire des mers.
Si la France.cependant à encore le goût de la guerre, elle
n’en a plus le génie ; ses soldats.sont toujours braves : mais
les généraux lui manquent. La victoire déserte ses armées,
et.ses campagnes désastreuses n’amènent que de honteux
traités, qui blessent profondément l'honneur national. La.
Guerre de la Succession d’Autriche.et la Guerre de Septans.
consomment l’abaissement politique de notre pays. C'est:
alors que l'Angleterre suscite contre nous et contre l’Autriche la Monarchie Prussienne, qui va changer sur le continent Pé quilibre Européen; et. que, sur les ruines de notre
empire colonial, elle établit sa souveraineté maritime. Sur
la fin du misérable règne de Louis XV, le partage de la
Pologne. vient révolter encore la conscience nationale, et:
témoigner du mépris, où le gouvernement Français
est
—
97
—
tombé;Tant d’humiliations et de revers ne font qu’ laccroilrè
encore le dégoût du présent et la démangeaison des nouveautés. Dans cette impuissance de la Cour et des Classes
privilégiées, auxquelles la direction des affaires échappe .
des mains, le Tiers-État, qui sent qu’enfin son jour arrive,
aspire à se placer à son tour à la tête de l'Etat, et il y est”
porté par le flot montant de la nation entière, Aussi, vers
la fin du règne de Louis XV, verrez-vous l’ancien ordre
social s’affaisser de toutes parts sur lui-même. On sent venir
une Révolution menaçante, que ne sauraient déjà plus con-
jurer, niles vertus populaires du jeune Roi qui lui succède,
ni ses intentions loyales. Voilà, Messieurs, les traits principaux de l’époque, que vous allez parcourir avec M. Lacroix,
et dont étude vous promet un intérêt toujours croissant, à
mesure. que vous verrez le torrent accélérer son cours ora-
geux, et que vous entendrez de plus près le bruit de la
cataracte, où l’ancien régime va s’abîmer pour jamais.
Littérature ancienne. L'an dernier, M. E.
pris pour sujet les Poëmes -homériques.
de près et en comparant ensemble l’Iliade
vous avez été amenésà. conclure avec lui,
Burnouf avait
En étudiant
et l'Odyssée,
que cés deux
poëmes ne sauraient appartenir ni au même auteur, ni a
même pays, ni à la même époque de lacivilisation Grecque.
Aux yeux du Professeur, et désormais aux vôtres,
Viliade
est au moins d’un siècle antérieureà l'Odyssée, tant le spectacle du ciel et de la terre a changé dans Pintervalle ; .€t
tandis que la première épopée a eu manifestement ‘pour
berceau les régions de l'Asie Mineure voisines du théâtre de
Ja guerre de Troie, il est probable que la seconde au conraire, qui est l'épopée non plus des guerriers, mais des
marins, a dû naître dans les Îles loniennes ou sur les riva-
—
38
—
ges prochains du Continent hellénique. Après’avoir ainsi
établi que ces deux poëmes ne peuvent plus être. réunis
désormais sous le nom unique d'Homère, M. Burnouf lesa
étudiés séparément,
comme
de curieux monuments
de .
l’état des mœurs, des usages, des institutions, des croyances
religieuses et des idées philosophiques, dans les deux phases
différentes de la civilisation Grecque, auxquelles ils COrrespondent.
Cette année, M. Burnouf se propose dè faire de l’Enéide
de Virgile une étude analogue. Seulement, au lieu d’une
Epopée primitive, dont un Chantre de génie n'avait eu
sans doute qu'à recueillir et à coordonner les‘ matériaux
préparés pendant des siècles par l’imagination populaire;
il aura ici affaire à une Epopée d'imitation, composée par
un artiste habile, à une époque de littérature avancée et
savante, sur le modèle des poëmes homériques. Il analysera
du moins, dans ses matériaux et son harmonie, cette œuvre
artificielle, où le poëte érudit et créateur tout ensemble est
parvenu à unir, avec une si heureuse industrie, aux légendesGréco-troyennes, queluiavait léguées la PoésieCyclique,
les maigres et douteuses traditions, qu’il avait recueillies à
grand’peine sur le sol si peu poétique du Latium: Il
essaiera de surprendre ainsi dans ses secrets et ses jointures
cet art délicat, avec lequel Virgile, fondant ensemble les
traditions nationales, les imitations du passé; les passions
huinaiñes et sa propre sensibilité, et animant le tout de
son génie, a su faire d’une œuvre d’érudition une Epopée
intéressante et durable. — Auguste, dans son essai de restauration religieuse et sociale, avait demandé au poëte des
Géorgiques cette Epopée nationale ; il espérait par là ravi-
ver dans les âmes
les souvenirs ét le culte d’un passé de
plus en plus enseveli dans les derniers bouleversements de
_—
39
—
la République, et plus encore dans les accroisscments démesurés de la puissance Romaine. Il fallait consacrer de
nouveau la Religion de la patrie, en lui rendant sa vénéra-
ble antiquité. Et rien assurément ne pouvait mieux que
l'Enéide répondre au vœu du réparateur
Si Pergama dextra
Defendi possent, etiam hâc defensa fuissent.
Si l’œuvre du poëte et de César à échoué, c’est que déjà le
Christianisme alors se levait à l'Orient, seul capable de
sauver le monde de sa ruine, et de fonder sur le Capitole
PEmpire immortel. Ce n’était plus à ce passé mythologique,
ressuscité par Virgile, que pouvait se rattacher l'univers
romain en détresse de périr. Il lui fallait une autre foi,
d’autres espérances. La pensée chrétienne, sortant des
Catacombes avec une irrésistible puissance, fera évanouir
les croyances antiques et l’œuvre d'Auguste, comme des
songes au lever du jour.
En mème temps que M. Burnouf trouve
ainsi chaque
ännée le moyen de nous ramener par des routes toujours
nouvelles à la vieille antiquité, il poursuit activement, en
dehors de ses Cours, la publication de ce Dictionnaire
sanskrit, qu’attendent la France et l’Europe savantes. Car
vous savez déjà, Messieurs, que, gräce à M. Burnouf et au
concours de quelques zélés collaborateurs, Nancy est devenu
l’un des foyers les plus actifs de ces études sur les vieilles
langues de l’Asie, dont la connaissance doit bien autant que
le succès de nos arines contribuer à nous ouvrir l'accès de
l'Orient. Quand M. Rouland est venu ici, il a été frappé de
la grandeur et de l'importance de ces travaux, et il a prodigué à M. Burnouf les plus nobles encouragements. Nous
_
40
—
.ne-doutons pas que M. Duruy n’accepteà son tour, come
“une des plus-belles parts de son héritage, ce patronage de
l Ecole orientaliste de’ Nancy.
:
Littérature Française. Depuis que j'aiouvert man Cours,
je n'ai jamais pu remplir mon Programme. La fin de l’année :
me surprenait à la moitié du chemin. L'an dernier, je me
| proposais d'emhrasser l’histoire complète des Lettres et de
l'Esprit en France sous l'Empire et la Restauration. Mais,
séduits par Chateaubriand et Madame de Staël, qui inaugu...
rent avec tant d'éclat l'ère nouvelle de notre Littérature,
nous nous sommes arrêtés avec complaisance à étudier leurs
oùvrages, dont l'influence a été sidécisiveet si féconde. Nous
. reprendrons la suite de ce tableau en 1815. Vous savez que
c’est surlout de cette époque, que date le grand mouvement
liltéräire du XIX° siècle. Jusque là: Chateaubriand et
Madame de Slaël avaient été des génies précurseurs, mais
‘solitaires. Le génie des armes occupait.seul alors: la scène.
Ce fut enfin le tour de l'esprit, rafraichi par un long silence
et impatient de prendrela parole: Nous redirons l’'ardeur de
Ja France à celte époque. et ses espérances, et ses illusions.
Nous montrerons avec quelle confiance généreusé et parfois
téméraire, mais aussi avec quel incomparable éclat la pensée
s'élance dans tous les voies. Poésie, histoire, philosophie, :
éloquence, tout prend à la fois un brillant essor. C’est alors
seulement que le sol, profondément remué par la révo-
lution, va produire sa moisson,
et qué
et les rêves de feu de l’Empire vont se
ses de l'esprit.
Si la France a perdu ses
dans son contact avec l'étranger, son
la passion de la gloire
tourner vers les choconquêtes, du moins
génie s’est éveillé à
des inspirations nouvelles, Byron ; Walter Scott, Schiller,.
Gaœthe nous couvrent les horizons de la Poésie romantique. -
—
1
—
La Littérature française s’affranchit des traditions classi-
qués, dans lesquelles elle s'était jusque-là trop étroitement.
reniferméé. Elle fait son 89à son tour ;-elle en a surtout les.
espérances. Mais la France sait-elle s’arrêter dans sa poursuite de l'idéal? Le Romantismé aura aussi son 93. Les violents, en poussant à outrance les principes de la Révolution
littéraire, en compromettront ke succès. — 1830 sera le
termé de notre course. Tout en regrettant lés fanatiques
ardeurs
de l'Ecole
romantique,
nous
nous féliciterons
cependant des conquêtes libérales et durables, par lesquel-
les elle a élargi le champ des Lettres françaises; et nous
aurons à signaler une multitude de grandes œuvres, suscitées par ce mouvement généreux, qui demeureront pour
être à jamais l'honneur de cette époqué mémorable.
Littérature Etrangère. M. E. Chasles a consacré son Cours
de l’an dernier à l’étude de la Poésie Espagnole au Moyen
âge. Après avoir essayé d’en surprendre le premier essor
au milieu des obscurités d’une époque barbare, il en a suivi
le développement spontané jusqu’au XVF siècle. Vous avez
- entendu d’abord dans leur naïveté pieuse ou guerrière ces
Chansons populaires, que le Professeur allait recueillir à
travers le Romancero. Pendänt que de vaillänts Capitaines
lüttäient pied à pied pour refouler l'invasion de lIslamisme, le peuple chantäit la Croisade. — Après le peuple, les
Rois ont consacré à leur tour les souvenits de l’héroïsme
national. Vous avez écouté les pages éloquentes d’Alphonse
le Savant; les apolôgües de l’Infant Juan Manuel ; les parolesaustères de l'historien Ayala;
œuvres bien diverses de
forme sans doute, mais semblables par l'inspiration patriotique et chrétienne qui les anime. Cette histoire progressive
du génie Castillan nous a conduit jusqu’à celte heure de
= & =
rériaissante,
‘où l'Espagne; affranchie enfin ét pacifiée, se
tourne vérs l'Europe;
ét se laisse pénétrer de-plus en plus
pat l’inflüence littéraire dela France et de l'Italie. Arrivé
ainsi au seuil du XVE siècle-si fécond'en écrivains immor-
tels; M. Chasles a dû choisir. C'est à: Cervantes, :le plus
giand génie de l'Espagne; qu’il s'ést d'abôrd attaché: déjà
vous-én avez étudié avec lui la vie’et les‘œuvrés, du moins
dans leur suite et lei ensemble: Une:seule partie
de ses
écrits
a élé réservée; là plus rare; la moins connue
: je veux :
parler de’ses œuvres dramatiques. — C’est par à que M.
Chasles se propose: de -commencer Fhistoire du théâtre
Espagnol, qui sera l’objet de son cours de cette année.
Quelle étüde plus curieusé et plus intéressante, que d’entrer, avec'un'tel guide, dâns ce trésor d'œuvres théâtralés
de toute sorte, où tragiques ef comiques de tous les pays
sont.venus puiser à pleines mains, et.qui réserve tant ‘de
richesses :à qui'saura en user? On connait:la fécondité
merveilléuse
de Lope, de;Caldéron, qui mènent ce chœur
glorieux'des poëtes dramatiques
de l'Espagne: mais on ne
sait:pas assez leur génie. Pour ces recherches originales; M.
E: Chasles, vous le savez, trouve dans sa famille comme.üun
hébitage de:science doméstique, Son père; :son.oncle; ‘lui
ont frayé la voie avecéclats Lui-mêmevousa montré assez,
avec quelle finesse et-quelle-:curiosité d'esprit ‘il sait pénéirér dans le génie de ces œuvres-étrangères. Avec la littératuré étendue qu'il possède il'a le dessein, en‘étudiant. ces
pièces, d’en rapprocher les imitations
ou les thèmes bril-
Jants, que lascèné Espagnole n'a-cessé dé fournir:
à tousles
tliéâtres de l'Europe, depuis Corneille «et1 Molière, jusqu à
Mozart et-mibriie àà Byron
PEUR
UE
OUR
Sir nous nous1 efforcons chaque an
annéee derenouveler ainsi
—
le sujet de nos
43
—
entretiens, nous devons
dire aussi-avec
gratitude l'intérêt soutenu, que prennent à ces leçons de
notre faculté tous les esprits cultivés de notre ville. Après
tantôt dix ans, la faveur, avec laquelle ces Cours sont
suivis, est aussi vive qu’au premier jour. Notre intelligente
cité a fidèlement prouvé son goût pour les choses de l’esprit. On ne saurait plus contester, que Nancy semble plus
particulièrement destiné, ‘entre toutes les villes voisines, à
redevenir un foyer d’études, une capitale universitaire, Le
premier essai, qui a été fait dans ce sens par la création
des deux
Facultés
des
Sciences
et des Letlres,
est désor-
mais justifié par le succès. On peut maintenant, à coup
sûr, compléter l'institution, en nous accordant enfin l'Ecole
de Droit, tant désirée et presque promise. Nous espérons
bien que l'honorable M. Rouland n'aura pas emporté et
enseveli dans sa retraite ses promesses et-nos espérances,
et que son successeur tiendra à honneur de remplir ses
engagements.
Car, pour que les Facultés exercent une influence vrai-
ment efficace, il est nécessaire,
que,
réunies en faisceau,
elles se prètent un mutuel concours. Lorsqu’au début du
siècle une main puissante releva l'Université parmi les
ruines du passé, et rétablit dans une hiérarchie plus solide
que jamais l’enseignement national, ce fut une regrettable
erreur de disperser sur le sol de l’Empire les diverses
Facultés, comme si l’on voulait par ce partage satisfaire
plus d'ambitions particulières. On les condamnait ainsi à
languir dans l'isolement. Il est vrai qu’alors les Facultés
des Sciences et des Lettres ne semblaient destinées qu’à
conférer des grades et à préparer au Professorat. Mais
aujourd'hui une plus large carrière leur est ouverte : les
Examens
ne sont plus
que leur moindre tâche; l’Ensei-
—
dE
—
gnement a pris. de beaucoup
la première place. Ges Kacul=
tés sont appelées de plus en plusà répandre du ‘haut de
leurs chaires, et à populariser autour d’elles par la parole
tous les progrès de la science moderne; en même temps’
qu'à entretenir, avec le goût des Lettres, le culte des grandes
pensées, qui font l'honneur de l'âme humaine et comme
le patrimoine particulier de la France. Or,
en séparant les
Facultés des Sciences et des Lettres; des autres Ecoles de
Penseignement supérieur, ou leur «enlève leur auditoire
naturel, on paralyse en partie leur action. Les jeunes gens
sont trop rares autour de nos chaires. C’est à eux pourtant
que.nos Cours sont surtout destinés, — Ce qui assure aux
Universités allemandes. au contraire une si forte influence
sur Ja jjeunesse de ce pays, c'est qu’elles réunissent dans
une sorte d'enseignement encyclopédique toutes les branches de la connaissance humaine; et qu’elles saisissent les
jeunes gens à la fois par toutes les vocations et toutes les
curiosités de leur esprit, en leur offrant dans l’ensemble
coordonné de leurs Cours comme un vaste concert de
toutes les Sciences, qui se donnent la main sous lesauspices
de la Philosophie. Ce concours des Muses réunies dans un
même culte fait des éducations plus complètes : Ja Faculté
de Droit s'appuie sur celle des Lettres; la Faculté de Médecme sur celle des Sciences,
toutes sur chacune ;
et les
villes ainsi choisies pour être le siége d’une Université, deviennent autant de capitalés de Ja pensée et des études;
on y respire la science comme l'air du ciel. J'ai souvent, dans mes rêves, caressé pour Nancy une destinée analogue.
Dans notre région de l'Est, je me plaisais à faire de notre
ville une grande Ecole des Arts de la Paix, comme Metz
serait l'Ecole des Arts de la Guerre.
. Nul pays n’a un enseignement secondaire mieux orga-
nisé que la France. Certes, nous pouvons ‘opposé
-orgueilk ños
avec
Lycées aux Établissements analogues des
nalions voisines. Mais c'ést au delà de nos Lycées, que:
la discipline dé. nos études offre. de’regrettables lacu-
nes: Le lien, qui unit entre elles les Sciences morales.
ou les Sciences de la nature, ‘est trop. tôt brisé. A peine:
échappés
du Lycée, nos fils s’enfoncent trop vite dans
des. études: spéciales: Pour la plupart, ils auraient grand
besoin
pourtant d'entretenir
un commerce
plus pro-
longé avec les hautes. études. de: Fltérature, ‘d’histoiré, de.
philosophie, d'y mürir leurâme, d'x: étendre l'horizon: deleurs idées, et d'y nourrir leurs esprits de grandes et généreuses-pensées. Car, pour les diverses fonetions où la:vie-
les appelle, cette libérale préparation devient chaque jour.
, plus. nécessaire. L'existence moderne,
en effet, ne les inclinera que trop aux choses de la terre, aux intérêts étroits.
et aux mesquines pensées. Si notre siècle est justement
fier de ses conquêtes.sur la: nature, s’il étale avec compläisance ses manufactures, ses chemins de fer, ses immenses
capitaux, peut-être a-t-il trop oublié, que Phomme ne vit.
- pas seulement de pain, et que ce n’est point là Punique
destinée de l'humanité. Comme jadis les Hébreux dans le.
désertle demandaient à Aaron, nous avons dit à la matière :
Fais-nous des Dieux qui marchent devant nous: et la ma-lière nous. a créé des. Dieux de bois, de fer, d’eau et-de.
feu : Dieux tout-puissants, mais aveugles comme les Dieux
des peuples antiques,
et incapables de guider le monde
dans les voies mystérieuses de l'avenir. — Personne assurément n’admire plus que moi les merveilles de l'industrie, ni. tout ce que le génie de l’homme ouvre chaque
jour de sources fécondes pour<la: fortune publique: Mais
est-ce là le-tout de l'homme, et:la fin; de .sa destinée: ici
—
A6
—
bas? Ornez la.terre tant qu’il vous plaira, creusez-la, fouil-
lezla dans ses dernières profondeurs, nivelez montignes
et. vallées; vantez-vous, tant que vous voudrez, de votre victoire sur la, nature; triomphez, faites votre apothéose. Là:
pourtant n’est pas le nœud de l'énigme humaine.
Car
après cela, vous ne trouverez jamais sur la terre que ce.
quela terre possède, les inquiétudes, les sueurs amères, le
néant des choses finies, le temps qui dévore tout, et pour
couronnement la mort, au delà de laqüelle s’achève notre
destinée. Vous ne supprimerez jamais ces inévitables misères, ces grands problèmes qui déconcertent tous nos.
rèves de bonheur en ce monde. — Aussi, quand notre
Société moderne, perdant de vue les choses de l'âme,
s’absorbe, s’égare, s’oublie si äisément aux choses de la:
terre, pouvons nous jamais assez prémunir nos jeunes
gens par-urie forte éducation morale et religieuse contrè
le souffle du siècle? Pouvons-nous jamais nous trop effor-. :
cér de relever:leurs regards et leurs cœurs vers les vérités
morales. et les choses éternelles? Surssn corda! — C'est
pour cela même, que je réclame une plus étroite union :
entre les Facultés consacrées aux Sciences morales, et ces
autres Ecoles spéciales, ‘où nos jeunes gens se préparent
aux carrières libérales -ou aux fonctions publiques. C'est
pour la mieux défendre, cette chère jeunesse, notre espérance, contre l’inféodation à la matière, que je la voudrais
retenir plus longtemps dans la méditation des immortelles
et splendides doctrines du genre huinain ;. justice, amour,
beauté, immôrtalité,. conscience, plaisirs de l'âme, tradi-
lions. de toutes les intelligences, qui, après avoir éclairé et
orné les temps passés, doivent encore, comme une nuée'
lumineuse, guider la:marche des temps nouveaux. —
Jeunes gens, que ‘votre éducation appelle à être un jour
—
7
—
comme la tête et le cœur de votre pays, gardez-vous de
borner aux. intérêts matériels les destinées de la société
moderne; mais croyez qu’une mission plus haute lui a été
assignée par Dieu, de poursuivre sur la terre le triomphe
. de la vérité et du bien.
Nous surtout, fils de la France, souvenons-nous, que
notre patrie semble avoir reçu particulièrement d’en haut
un rôle providentiel au milieu des nations. Que les
autres peuples ne vivent que pour eux et leurs inté-
‘rêls,
personne ne
s'en
étonne.
Mais on
attend autre
chose de la France. C’est le seul pays (a dit fièrement
l'Empereur) qui se lève pour une idée. Ne dirait-on même
‘pas, que la France est investie de la mission divine de
veiller pour.tous sur la vérité et la justice, et de défendre
les intérêts supérieurs de la civilisation? Elle est comme la
conscience du genre humain. Si jamais au droit brutal de
la force, on doit, dans les relations internationales, substituer l’arbitrage d’un tribunal souverain, investi par les
peuples eux-mêmes du droit de pacifier leurs querelles,
c’est à la France, que reviendra l'honneur d'en avoir pris
l'initiative. En attendant, partout où un droit est violé, un
“peuple opprimé, la France apparaît; elle fait entendre sa
protestation généreuse, par delà les Alpes, par delà le Liban,
par delà la Vistule : elle réclame au om de la morale
éternelle : au besoin, elle étend son épée protectrice. La
France a été la terre classique de la Chevalerie, Noble rôle,
qui. explique toute notre hisloire, depuis les Croisades jusqu’à nos jours. — Un tel passé, jeunes gens, vous oblige.
Songez donc, songez à rester dignes de la mission, que nos
pères nous ont léguée. Pour cela, ne. négligez rien de ce
qui peut entretenir dans vos âmes cette religion des hautes
pensées et des nobles sentiments, qui sont comme la marque particulière de la vocation de la France,
À
RAPPORT
SUR
L'ANNÉE
SCOLAIRE
1862-1863
PRÉSENTÉ
Par M, En.
DIRECTEUR
SIMONIN,
DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE,
AU
CONSEIL ACADÉMIQUE
DANS
LA
Monsteur
SESSION
DE
NOVEMBRE
1863,
Le RECTEUR,
Messieurs,
Mon devoir m'a appelé douze fois, déjà, dans une séance
solennelle, à exposer les faits d'un exercice scolaire écoulé.
J'ai cherché à accroître la signification de ces premiers
comptes rendus, en retraçant devant vous les origines de
l'École de Nancy, en rappelant ses ressources, envisagées
sous le rapport de son budget, les transformations de plus
en plus heureuses de son local, les réglementations multiples de l’enseignement, les vues générales qui président à
chacun des cours, les moyens d'instruction à l’aide des
collections scientifiques; la direction morale et la discipline
qui font fructifier l’enseignement, les travaux personnels
4
—
50
—
des professeurs et leurs efforts collectifs pour agrandir le
champ des études médicales, en dehors du programme
officiel. J’ai eu l'honneur, aussi, de vous indiquer, parmi les
buts divers proposés à l’activité des étudiants, les succès
glorieux de la médecine militaire, el vous avez applaudi au
courage civil déployé par un très-grand nombre de nos
élèves, lors d’épidémie
meurtrières.
Parfois, encore,
en
m’adressant plus spécialement aux jeunes gens que nous
avons mission d’instruire, j'ai profité de votre présence pour
donnér une haute sanction à des conseils de natures bien
diverses: conseilsmoraux, conseilsen vue des études, et, l’an
dernier même, conseils relatifs à la pratique médicale, envi-
sagée sous le rappôrt scientifique. Si, Messieurs, j'ai énuméré les divers points de vue ou je me suis successivement
placé, c'est pour ajouter que désormais je devrai, selon toute
probabilité, me restreindre au rapport annuel réclamé par
le règlement. Je ne puis, en effet, oublier que l’assemblée
qui m'accorde sa bienveillante attention n’est point une
réunion médicale; qu’en conséquence les aperçus généraux doivent être nécessairement limités, .et que le titre de
compte rendu, impliquant l’idée du passé, interdit la disœüssion sérieuse d’un grand nombre de modifications
organiques que l’École appelle de tous ses vœux.
L'Ecole
de Nancy
ressortit,
à la fois, au ministère de
l'instruction publique, au Conseil générai de la Meurtheet
au Conseil municipal de Nancy. Ces relations diverses qui.
ont parfois entravé le développement de la prospérité de
quelques écoles de médecine, ont au contraire, à Nancy,
depuis un certain nombre d'années, facilité les plus heu-
reux résullats. La bienveillance de l'administration départementale s’est traduite par des actes nombreux et impor-
tants, et l'administration municipale, en ce qui la concer-
—, 5
—
|
üe,a bién voulu réaliser tous les vœux dé l'Ecole; Si l'an
prochairi je garde le silence sur ee point, si les professeurs
.n’6ût pas de remerciments nouveaux à adresser au Conseil
“municipal, c'est que, dans l'état actuel de l’enseignement,
PEcole n’a plus de demändes à formuler. En effét, l'admiBistration municipale, après avoir installé l'Ecole à la nouvelle Académie, après lavoir dotée d’un matériel approprié
à toutes les exigerices des
ment,
divers services,
a, tout récem-—
élevé à 2,600 fr., la partie du budget de l'Ecole,
consacrée aux dépenses matérielles,
et aux frais de l’enseignemehtet fixée à 1,000 fr. par l’ordonnance de 1840 et
par le décret de 1854. L'Ecole se plait, ici, à répéter hautement que le Conseil général et le Conseil municipal ont
assuré sa prospérité, autant qu’il leur était possible. Cet
accord heureux n'existe pas seulement entre les pouvoirs
auxquels est confiée, à divers titres, la tutelle de l'Ecole; ül
règne, aussi, entre les nombreuses administrations qui
‘doivent concourirà ses progrès. L’instruction clinique se
développe, de plus en plus, dans les établissements hospitaliers et, partout, l'unité de vue accompagne l'unité d'action
qui existe si heureusement dans les cliniques officielles.
Aussiest-il permis, peut-être, de dire que les succès et les
revers dé l'Ecole devront être surtout les résultats des réglementations futures, suivant que les idées théoriques
qui, depuis un demi siècle, favorisent ou renversent, tour
à tour, les légitimes espérances des Ecoles dites préparatoires, respecteront leur spontanéité, développeront la vie
qui les anime encore, ou en comprimeront les manifesta-
tions. lei, Messieurs, je m’arrête; je cherche à ne point
sortir des limites d’un compte rendu, et, d'autre part, cer-
tains signes font penser que, lors de l'examen des questions
médicales, les prescriptions réglementaires résulteront, de
—
plus
52
—
|
en plus, de la nature -des choses, suivant les condi-
‘tions assignées aux bonnes lois, et que l'espoir légué. aux
professeurs actuels par leurs devanciers ne sera pas déçu.
En 1862-63, quarante-trois élèves en médecine ou-en
pharmacie ont suivi les cours de l'École. J'ai déjà expliqué
les oscillations observées dans le nombre desétudiants, etje
ne reviendrai pas sur ce point, Il suffira d'ajouter que le
rang de l'École de Nancy, envisagé par le rapport du nombre des élèves, varie peu, lorsque l’on consulte les docu-
ments officiels relatifs aux 22 écoles de même ordre: dans
le dernier tableau, notre École occupe le 7° rang (1). Toutefois une cause permanente de réduction dans le
nombre
des
étudiants existera,
désormais,
À raison du
mode actuel du recrutement des médecins de la chirurgie :
militaire qui reçoit immédiatement ses élèves au sortir des
lycées et avant qu’ils aient, comme autrefois, reçu une in-
struction médicale préalable au concours en. vue des ad-.
‘missions à l’École militaire de Strasbourg. Ce mode qui,
‘chaque année, enlève à toutés les écoles un certain nombre
d'étudiants se fait sentir à Nancy, plus particulièrement,
vous le savez Messieurs, à raison des sentiments militaires
de notre contrée.
Lo
——.
Do
Mais il existe d’autres motifs généraux qui expliquent-la
ec
“diminution dans le nombre des élèves en médecine et, en
. examinant les faits pratiques, l’on est étonné du désaccord
‘qui existe entre ces fails et les vues qui président à une
:
sage décentralisation. H y a peu d'années, les élèves pou- ‘ :
vaient, er province, prendre toutes leurs inscriptions, en
vue du doctorat. En 1854, cette facilité, trop grande, je
l'avoue, a été réduite à trois années et demie d’études.
Cette dernière mesure, qui offre l'avantage incontesté de
mettre chaque génération d'étudiants en relations avec les
#
-
_—
53
—
plus hautes notabilités médicales de chaque époque, rece-
vrait un assentiment complet si, pendant les trois années
et demie d’études établies dans les écoles préparatoires,
les familles retiraient, réellement,
de
ces établissements
régionaux les avantages qui les distinguent, c'est-à-dire des
garanties sérieuses d'instruction accompagnées d’une sur-
veillance et d’une discipline salutaires. Mais il n’en est pas
ainsi et un très-petit nombre de familles peut profiter de
ces avantages achetés au prix d’une perte de temps considérable, et, en réalité, les étudiants ne passent guère plus
de deux années dans nos écoles. Comment,
en effet, rete-
nir en province pour une 3° année d'étude des étudiants
qui y reçoivent pour cette même année deux inscriptions
seulement, tandis qu'ils en acquièrent quatre lorsqu'ils se
rendent à Paris, à Strasbourg ou à Montpellier. On a, timi-
dement il est vrai, émis l’idée que les écoles préparatoires
devraient borner leur ambition à instruire les officiers de
santé, comme si les malades dont l’examen constitue, dans
nos cliniques, l'étude principale des étudiants de troisième
année n'offraient pas les mêmes symptômes aux élèves qui
se destinent au doctorat comme à ceux qui seront officiers
de santé. Ces prétentions à ne trouver des malades sérieux
que dans les facultés rappellent, vraiment, certains étonne-
ments causés par la province.
Aussi le conseil Académique de Nancy n’a-t-il cessé de
placer au nombre de ses vœux officiels celui de la parité
des inscriptions pour la 3° année
d’études,
dans tous les
établissements d'instruction médicale (2). J’oserai ajouter
qu’en présence de l'entraînement de chacun vers Paris, ce
n’est pas, seulement, la parité qu'il conviendrait d'établir
pour engager les éludiants à profiter des admirables
ressources cliniques offertes par les écoles de médecine, et
—
4
—
:
pour en:finir, par la statistique, avec l'arme que l’on pour
rait chercher dans la distinction des élèves en futurs:
docteurs et futurs officiers de santé, je dirai qu'en neuf
années, l'École de Nancy, en dehors des échanges de diplômes, n’a conféré que neuf fois le certificat d’aplitude
pour le titre d’officier de santé ct qu’elle conservera tou- :
jours l'ambition de diriger ses élèves vers le doctorat, sans
réconnaître, toutefois, les servicesrendus par les praticiens
du 2° degré.
Depuis qu'une nouvelle situation a été faite à l'École à à
la nouvelle Académie, elle a tenté la réalisation de certaines
mesures, entrevues depuis longtemps, déjà, mais dont l’exé.
cution était impraticable dans l’ancien local. L’une de sesespérances était l'établissement d’une salle réservée aux
études. L'École, persuadée que les cours ne peuvent pro
duire tous leurs résultats qu'au moyen du travail personnel
des étudiants,
a voulu
favoriser ce travail,
en mettant à
leur disposition, non-seulement un local approprié à cette
destination, mais, aussi, les livres indispensables aux études
journalières. Elle a pensé qu'elle pouvait, dans une certaine :
mesure, suppléer à l'absence du foyer de la famille et
détourner, ainsi, des habitudes que motive, parfois, la tris- :
#
tesse de la cellule de l'étudiant. Déjà, l’an passé, un assez.
grand nombre d'ouvrages et de journaux de médecine ont
été mis entre les mains des élèves et la fréquentation de la
salle des études, pendant l'hiver surtout, a montré que le:
but désiré pourrait être atteint dès que les diverses collections, commencées en vuc du résultat dont il s'agit, seraient
plus importantes. Pendant l’année qui s’ouvre aujourd'hui.
l'École continuera cette œuvre qui-devra sans cesse s'amé- .
liorer, en s’agrandissant.
Un autre espoir à réaliser est l’organisation de la biblio-
_
55
—
thèque de l'Ecole. Au premier abord il avait semblé que.
ce dépôt assez considérable de livres pourrait être utilisé
par les Elèves, mais la réflexion a fait voir qu'il n’en pouvait
être ainsi, et que la bibliothèque
devait être réservée
aux
professeurs, aux attachés de l'Ecole et qu’elle ne devait s’ouvrir aux étudiants que d’une manière exceptionnelle. Ceuxci, en effet, ont à peine chaque jour le temps d'étudier
les matières qui sont l’objet de cours nombreux; ils doivent
aussi se livrer à des travaux pratiques
et il faut se garder,
sous prétexte d'érudition, de faire naître une cause d’insuccès dans des études déjà très-variées. L’érudition n’est
pas nécessaire seulement aux professeurs, elle est indispensable
aussi, certainement,
aux
praticiens, mais
pour
qu'elle puisse être utilement acquise par eux, il faut pos-
séder un critérium qui n’est conquis lui-même, péniblement, qu'après des études non-seulement théoriques, mais
pratiques. Nul, en effet, ne peut être initié, sérieusement,
aux vraies connaisances médicales, si, à raison de sa responsabilité, il n’a souffert du doute, et s’il n’a subi, fré-
quemment, ces longues et douloureuses insomnies pendant lesquelles la conscience médicale, en présence de
faits cliniques sérieux, se dresse devant la tradition et lui
livre ces luttes si souvent renaissantes qui, en définitive,
se font au profit de la science et plus encore au profit de
lPhumanité souffrante. Or, pour l'étudiant, ces luttes salutaires ne pouvant exister, l’érudition ne saurait être ac-
quise par lui, prématurement, sans un arrêt fâcheux dans
lordre et la marche de ses études et sans que son intelligence ne reçoive trop profondément l'empreinte des erreurs
qui,
mêlées
sans
cesse
aux
vérités,
ne sont
pour
l’homme instruit. par une pratique scientifique, que l’indication des étapes suivies d’àge en âge par l'esprit humain.
56 —
Que nos étudiants soient élevés dans l'admiration profonde :
des hommes
de génie dont vingt siècles ont’ consacré la -
gloire, inais qu'ils sachent, aussi, que leur déférence doit .
avoir une limite dans la pratique, et qu’ils soient, par leurs
études mêmes, mis en garde contre les théories que l’ob:
servation rigoureuse ne peut consacrer. Pour ne prendre
qu’un exemple, je citerai le nom entouré le plus de respect :
légitime, celui d'Hippocraté. Quel médecin de nos jours
oserait accepter les conclusions de tous les aphorismes
du
médecin de. Côs, malgré la profondeur de son observation, ét
agir, dans le traitement des maladies, d’après ses théories
relatives à l’atrabile,
aux crises, aux métastases
et même’
aux constitulions médicales. Au point de vue de Ja science
moderne, n'est-il pas permis de dire que plus de la moitié
de ces célèbres aphorismes contiennent des erreurs mêlées
aux plus sérieuses vérités. Au reste, au début de cette grande œuvre, Hippocrate a posé lui-même cet axiome : Judierum difficile, et cette opinion formulée au point de vue médical se retrouve chez tous les penseurs. N'est-ce pas la même
idée que veut exprimer le tibétain Saskya Pandita; en écri- :
vant dans le irésor des belles paroles : l'est difficile detrou- :
ver quelqu'un qui donne de bons avis, difficilé de trouver .
quelqu'un qui les écoute. Un médecin habile est difficile à
trouver, et,-ajoute l’auteur, peu de personnes agissent conformément à ses conseils (3). Le célèbre aphorisme d'Hippocraie Vita brevis, ars lonqua contient bien des enseignements et, dans la direction des études relatives à l’érudition,
ne doit-il pas être invoqué pour montrer aux étudiants la ligne droite à suivre et pour leur épargner, ainsi, du temps et
des règrets.Si mon opinion dans un sujet aussi grave, après
de récentes recherches, semblait attribuer trop d’importance à la science moderne, aux dépeñs des époquesanté-
rieures, qu’il me soit permis, à vingt ans de distance; de :
reproduire une citation empruntée au médecin de Char-.:
les IX,à l’illustre et modeste Ambroise. Paré « qu’on ne .
saurait refuser d'admettre qu’un nain monté sur. lesé épau-
les d’un géant ne voit plus loin que lui »
Les résultats des études, en 1862-63, peuvent être. appréciés de bien des manières; il suffira d'indiquer, rapi-.
dement, ceux qui ont été constatés lors des. examens, :lors
des concours, et pendant les sessions ouvertes, én:septembre dernier, en vue des titres professionnels. En.ce qui concerne. les examens, je me bornerai à dire qu’à aucune
époque le nombre des notes satisfaisantes n’a été aussi
élevé (4) et que les résultats d'examen,
en août dernier, :
ont parfaitement répondu à l'espérance qu'avait fait concevoir aux professeurs l’émulation des étudiants, pendant le
éecond semestre de l’année.
L'Ecole ‘attache beaucoup d'importance aux concours.Ses plus anciens professeurs ont dû aux concours la chaire
qu’ils occupent aujourd’hui; leurs collègues
plus jeunes doi-:.
vent,-également, à ces épreuves les titres honorables quiles
ont désignés au.choix ministériel, et tousconsidèrent les lut-
tes scientifiques comme l'expression du mouvement intellectuel- qui anime les étudiants et comme la traduction de
la vie de l'Ecole élle-mêmé. C’est par le concours que nous :
adjoignons à notre enseignement les préparateurs-aides
d'anatomie, de physiologie, d’accouchements et de mé- -
decine opératoire, et c'est par les notes dues à ce genre
d'épreuve que nous souhaitons pouvoir toujours désigner
les élèves internes à la nomination de l administration des
hôpitaux civils. Tout à la l'heure, le secrétaire
du conseil :
de l’École, en indiquant les noms. des lauréats,
fera con-
naître; en même temps, les élèves que lés concours nous -
—_
58 .—
ont donnés conte colläborateuts, :et je mie borne à-dire:
que les diverses épreuves qui ont été ‘closes; avant-hier
seulement, ont été heureuses, tant sous le rapport du nome.
bre.des concurrents qué sous celui des connaissances dont
ils ont fait preuve.
_
Les examens en vue de la réceplion. des sages-femmes,
des officiers de santé et des pharmaciens ont eu, en général, une grande valeur. Les siges-femmes ont, comme tou:
jours,
donné la preuve de sérieuses
connaissances dues,
prineïpalement, au mode disciplinaire qui régit les études
de ces jeunes femmes. . Il n’en a pas été de même pour.
l'unique candidat au grade d’officier de santé. Bien que
portant le titre d'étudiant depuis-huil années il n’a pu
franchir les épreuves cliniques et il s’est convairicu de la
nécessité
de se livrer, sans cesse, dans les hôpitaux, à cette
recherche de tous les problèmes qu'offre l’économie ma:
lade.et dont la solution permettant le: vrai diagnostic devient l& base d’un traitement rationnel. Des six candidats
pharmaciens l’un.a été, il est vrai, arrêté à la deuxième
épreuve;: mais les cinq autres. candidats ont exposé leurs
connaissances solides d'une.manière parfois fort heureuse.
et trois d’entre eux, élèves de Nancy,
en méritant la notebien satisfait (3), ont prouvé la justesse des vues de l'Ecole .
relative au programme des-matières spéciales professées:
dans le-cours de toxicologie et de pharmacie. Les épreuves
professionnelles:
de 1863 ont justifié pleinement le retour
à d'anciens programmes dont j’ai eu l'honneur de vous en- :
tretenir l’an passé.
Mais lambition des professeurs de Nancy ne se borne
pas, Messieurs, à diriger sérieusement les efforts des élèves
qui les entourent; leur sollicitude dépasse les horizons de
nôtre circonscription académique et leur satisfaction est
_
59
—
bien grande lorsque certains élèves conservent au loin la
borne renommée acquise à Nancy.Cette année nous avons,
sous ce rapport,de nouveaux succès à constater : M.Edmond
Lallement qui, après avoir quitté l’internat de la clinique
chirurgicale de Nancy, a obtenu par le concours d’être
nommé le premier à linternat des hôpitaux de Paris, a
mérité, en 1861, la première mention honorable, en 1862
la médaille d'argent, et en 1863 la médaille d’or de l’école
pratique de Paris.
L’horizon de l’influence de l'Ecole s'agrandit encore,
Messieurs, si l’on songe aux travaux scientifiques de ses.
professeurs. La nature de plusieurs de ces travaux, et la
direction même dans laquelle, cette année, plusieurs d’en-
tre eux ont été entrepris, ne permettent pas d’en faire ici l’analyse complète, et j'ai le vif regret de reporter dans les no-
‘tes de ce compte rendu les faits qui
doivent être exposés
dans le langage scientifique auquel l'on ne peut se soustraire, lorsqu'il est question de haute chimie, de physiologie
élevée et d'importants travaux à l’aide du microscope.
M. Simonin père a recherché, à l’aide de faits observés
pendant vingt et une années, l'influence des phases de la
lune sur le nombre des jours de pluie et de neige. W existe à
cet égard des opinions bien diverses, et l’on se souvient que
l’un de nos glorieux Maréchaux avait la réputation de sa
voir choisir, presque avec certitude, intervalle des pluies
pour certaines expéditions de l’armée d'Afrique; peut-être
le général Bugeaud mettait-il tout simplement: en. pratique
les observations énoncées d’une manière si concise par Virgile dans le premier champ des Géorgiques (6). Les recher-
ches faites à Nancy ont confirmé les résultats obtenus en
Allemagne
par
M.
Schoübler
et en France
par M.
de
Gasparin. D’après l'étude de chacune des. phases de 259
— 60 —
lunaisons complètes, il résulte que pendant la nouvellé
lune il pleut plus souvent que peridant le prémier quartier, :
que le maximun des jours pluÿieux a lieu pendant la pleine
lune, ‘et le minimum
durant le derniér quartier, ou, en
d’autres termes, qu’il pleut plus fréquemment pendant la
June croissante que pendant son déclin, et qu’une espèce
d'alternance existe dans le nombre des faits observés pendant-les quatre phases des luriaisons. Mais ces alternances
-n'offrent pas, toutefois, des différences telles qu'on puisse
les invoquer comme un point de départ très-utile dans.la
pratique et l’atmosphère peut, d'ailleurs, être troublée par
une mullitude de causes étrangères aux phases lunaires.
Monsieur Blondlot dans un travail relatif à la #ransformation de l'arsenic en hydrure solide, par l'hydrogène naïissant sous l'influence des composés nitreux, a recueilli des
faits très-importants, au point de vue de la chimie générale, -
mais d'un intérêt plus grand, encore, au point de vue de la
toxicologie.Notre savant collègue a démantré, en effet, qu’il’
était malheureusement possible avec les moyens actuels:
üusités tors de l'emploi de l'appareil de Marsh, tantôt de méconnaître la présence de l’arsenic, tantôt, au contraire, dans
des circonstances bien exceptionnelles il est vrai, de produire par l’action même des réactifs chimiques l'anneau
arsenical et de l’attribuer, fatalement, à la nature des ma-
tières suspectes qui motivent l'expertise médico-légale (7)...
La physiologie. normale et pathologique tient encore
cette année une large place dans les travaux des professeurs
de l'Ecole. M. Poincaré à publié un mémoire ayant pour
titre : La Glycogénie justifiée par l'examen des excrétions chez
les diabétiques. L'auteura pu ajouter à ses observations sur
l’homme malade des études faites sur des animaux chez
lesquels-il a produit artificiellement le diabète, à l’aide de :
.
—
61
—
viviséctions.(8):-M; Poincaré. a étudié: le ‘premier au mi.croscope l'existence de certains corpuseules.qui.entrent
dans
la composition des reins de ‘quelques poissons, (9) et il a
soumis, également, aux investigations faites à l’aide du microscope les éléments d'une tumeur à laquelle, récemment,
dans le langage pathologique, l’on a donné le nom de #u-meur perlée (10).
:
Un autre professeur a donné deux mémoires relatifs àà
Paetion de l'Ether et du Chloroforme. Dans l’un d'eux, l’au-
teur a tenté d'expliquer la cause de la présence ou de l’absence du sucre dans l’une des excrétions des sujets anesthésiés (11),et dans l'autre travailil a exposé les remarques
physiologiques faites dans sa clinique et qui, dans l'emploi
des agents anesthésiques, peuvent faire éviter la sidération
des fonctions
circulatoire et respiratoire,
c’est-à-dire la
mort des malades qui veulent recevoir le bienfait des agents
destinés à supprimer la douleur (12). Ces deux mémoires
ainsi que les travaux de M. Blondlot et de M. Poincaré ont
été lus à la Sorbonne,
en avril 4863, lors de la réunion
par le Ministre de l'instruction publique des membres délégués par toutes les sociétés savantes de France. MM. Bertin,
Edmond de Schaken et Ed. Simonin ont aussi publié des
travaux relatifs à l’association générale des médecins de la
Meurthe (13),à la Société de médecine de Naney (14)
et au service d'assistance médicale dans notre département {15). D’autres travaux devaient être-lus à la Sorbonne, mais leur publicité a été retardée par suite de l'im-
possibilité où leur auteur M. L. Parisot s’est trouvé de se
rendre aux séances de Paris.
Tels sont, Messieurs, les faits principaux de notre der-
nière année scolaire, vous connaissez de plus en plus notre
œuvre, ses ressources et ses espérances, vous savez quels
o
62, —
Poe
* sent les vues et les sentiments qui dirigent tous les'actés de
PÉcole, ét vous associant à ses professeurs vous souhaitérez,
‘sans doute, avec eux que les heureux résultats dont j'ai eu
lhonneur
de vous entretenir
se renouvellent d'année en
année, que chacun de nos étudiants s'inspire d’une glo-
rieuse tradition comme un soldat s'inspire de celle de son
régiment
et qu’ils contribuent tous, par leurs laborieux
efforts, à la défendre comme l'honneur d’un drapeau.
“NOTES,
—
(1) Tableau du nombre annuel des élèves de l’école rédigé à l’aide
des comptes rendus lus par M. Ed. Simonin, en séance solennelle de
rentrée.
4850-51. — 30 élèves.
1851-52. — 67.
4832-53.
1833-54.
1854-55.
1855-56.
1836-57.
1857-58.
1858-59.
1859-60.
4860-61,
1861-62.
1862-63.
— 75, plus dix auditeurs bénévoles,
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
60, plus dix auditeurs bénévoles,
62.
55.
59.
45.
41.
63.
53.
62.
43.
(2) Le conseil académique de Nancy a compris, dès ses premières
sessions, les difficultés sérieuses nées des règlements qui régisssent les
Ecoles préparatoires et depuis 1856 il a, par une délibération spéciale,
émis, chaque année, les vœux suivants :
Vœu relatif à la possibilité, prur les écoles dites préparatoires, de
délivrer douze inscriptions de Faculté au lieu de huit,
Vœu de porter à 16 les inscriptions des oficiers de santé, et à 8 les
inscriptions des pharmaciens de 2° classe,
Vœu de rendre le plan d'Etudes uniforme dans les divers ordres
d’Etablissements d'Instruction médicale,
(3) Le Trésur des belles paroles, Choix de Sentences composées en
_—
“64
—
thibétain par le lama Saskya Pandita, traduites, pour la première fois
en français,
par M. Foucaux :
(4) Les notes données par les jurys d’examen de fin de 47°, de 2° et
de 3° année out été les suivantes:
Ajournement. sessesesssessespess
Médiocrement satisfait. ....,.....,
Satisfait........,,........s..sss
| Bien safisfait........,.,,:....
| Très-satisfait.....,..,......1,.:
{3} Lors des sessions, tenues
en.septembre
À fois.
65
6 D
119
9%
4863; les notes don-
nées par je Jury d’examen aux candidats pharmaciens ont été les sui.
vantes:
AGOUPRÉ. un ssssenecsoreserese
Avec indulgence. .…....,..........
Assez satisfait. ..................
Satisfait...
Bien satisfait...
À fois,
A
1%
T9
TD
{6) Luna, revertentes quum primum eonligit ignis,
Si nigrum obscuüro conprenderit aera corgu,
Maxumus agricolis pelagoque parabitur imber.
At, si virgineum suffuderit ore ruborem;
|
Ventus erit; venlo semper rubet aurea Phæbe.
Sin ortu quarto, namque is “ceitisimus auctor,
.
Pura, neque obtusis per cœlur
cornibus ibit:
” Totus et ille dies, et qui nascentur ab illo
Exactum ad mensum, pluvia, ventisque carebunt ;
Georgiques, liv. À, vers 497 et suivants.
{7} Recherches toricologiques sur la transformation de l’arsenic en
hydrure solide par l'hydrogène naïssant, sous l'influence de composés
nitreur. On sait que les acides dégagent l’hydrogène de l’eau en
présence du zinc ou du fer, et que, quand ce gaz naissant rencontre un
. composé soluble d’arsenic, il.se forme un hydrure gazeux (AS H°). Or,
à cètté règle &générale
y. à ‘une ‘exception
pouf l'acidè aotique 4êtses
dérisés ‘qui, donhant häïssnce à dé Vanimôniaqué , ne produisent, en
péreil tas, que de l'hydrüre solide (AS
H),. lequel se dépose: sur le
. inc ou nage dans le liquide côts la forme de flocons bruns. Il en est.
ainsi non-sculémeñt avec l'acide
azotique pur, mais aussi avec tous
les autres âcides, lorsqu'ils réñferment la moindre proportion ‘d'un core
posé nitreux. Toutelois, ces réactions, qui sont d’une sénsiblité extrême,
ne sé manifestent qu’ autant que lé liquide ne renferme en dissolution
ni sübstäces drganiques qui, presque toutes, opposént ui Gbstacté plus.
ou moins absoluà la foriiiation de lhydrure solide, ni dissolütioné mé
talliques, notamment de plomb, qui, en se déposant eur le zinc," empéchent aussi cette formation, C’est pourquoi Pexpérience ne réussit
complétement qu'avec du zine et des acides distillés. H résulte de là que
le fait eû question ne saurait constituer une méthode propre à la re-
cherche judidiaire.de Parsenic, iais il ’en est pas moins d’une grande
inportance pour la tôxicologie, car il signäle dans l'emploi de la
thode de Marsh an double dañger dont on ne s'était pas douté jusqu
Lé premier est de méconniaître l’arsenie contenu dañs les matières
pécies. Il Suffirait pour cela que, soit l'acide sulfurique employé,
mé-'
id.
sussôit
les liquides stispects, par suité des taitements qivils 6ût subis récélassent
la iôindre irice d’un composé aitréus, car ‘il üe se raïifesteräit alors
que de lhydrure solide, au lieu d’hydrure gazeux. L'erreur inversé
pourrait aussi se produire, c’est ce qui aurait lieu, par exemple, si
Vacide “sulfurique renfermait à la fois des traces d’arsenic et d'acide
azotique. Dans cé'cas; en effet, l’expérience à blanc ne hroduiraif quê:
de l’hydrure sotide. Or, si;-croyantt d'après cela à la pureté des réactifs,
on iroduistit ensuite la liqueur àsuspecte, et qué celle-ci, quoique
exempie d’aréenie, rettüt encore un peu de matière orgäniqué ifconiplétement détruite, les réactions changeänt, ce qui resterait d’arsenic
dans appareil prendrait
Pétat gazeux et pourrait ainsi doûner lieuà une
erreur fatale.
(8)M. Poincaré, dans une étude à la fois expérimentale
cet raisonné
des éncrétions chez lés diabétiquéé, 4. trouvé la ‘confirmation de la
théorie glycogénique émise par M. C. Beñiard: D’üne pañt; à l'aide”
de-procédés d'analyse qui lui sont persoñnèls, illa pu réconialtré que
&
5
_
66
—
chez les hommes atteints de diabète spontané, comme chez les ani.
maux rendus diabétiques par la piqûre du bulbe, la combüstion nutri-
tive est plutôt exagérée que diminuée ; que, par conséquent, la glycosurie
ne saurait être attribuée à une insuffisance de combustion. D'autie part
par le dosage de l’urée et de l’acide urique dans lurine des diabétiques
il a, tout au moins, ébranlé fortement l'opinion qui attribue l’anomalie
d'élimination à une exagération du travail de décomposition, Enfin en
comparant autant que possible les éngesta avec les feces, il a acquis la
conviction que les deux hypothèses précédentes doivent céder incontestablement la place à l’idée de Fexagération d’une function créatrice,
{9} Dans un travail relatif à l’histologie comparée, M. Poincaré signale
et étudie l’existence des corpuscules qui entrent dans la constitution des
reins d'un petit nombre de poissons. Ces éléments microscopiques diftérent essentiellement des
corpuscules
de
Maipighi
qui
existent, sans
exception aueune, dans toute l'échelle des vertébrés, ils n’ont aucune
communication avec les tubes urinifères et sont logés dans
les lacunes
de la substance entortillée, IL est impossible pour le moment de déterminer leur destination physiologique, mais leur existence exceptionnelle
donne à penser que l'organe par lequel s’échappent les scories de la
combustion nutritive n’a pas toujours un mode de fonctionnement
identique,
(10) M. Poincaré a fait Vobjet d’un travail particulier de l’examen.
microscopique d’une tumeur appartenant au groupe désigné récemment sous le nom de tumeurs perlées, En dehors de la partie purement des
criptive, il pense avoir, par une analyse consciencieuse des travaux
publiés sur le même sujet, démontré que la forme perlée n’est pas liée
à la nature de Ia substance qui la présente, car elle peut appartenir
tantôt au cancer tantôt à l’epithelioma, tantôt à l’enchondrome,
tantôt
même à un simple amas de cholesterine, évidemment c’est une forme .
et non un tissu particulier.
(14) Causes présumées de la présence ou de l'absence du sucre dans’
l'urine des sujets anesthésiés. — Par M. Edmond Simonin.
:
Frappé de ce fait signalé par M, Claude Bernard que si l’on prend.
—
67
—
un animal qui n’a pas de sucre dans l’urine et que si l’on irrite avec
la pointe d’un scalpel la moelle allongée au niveau de l’origine des
nerfs preumo-gastriques, l’urine contient, après quelques minutes, du
sucre en quantité appréciable, M. Simonin a pensé que, sous l’influence de l’éthérisation, il pouvait en être de même chez l’homme,
puisque chez lui l’anesthésiation simule sur le système nerveux certains effets de vivisections opérées sur les animaux. Pendant un
temps assez long, M. Simonir ne put se livrer aux recherches projetées, parce que, lors des éthérisations faites à sa clinique, les opérations portaient sur le réservoir urinaire même (taille bilatérale; taille
recto-vésicale). Ses premières études sur ce sujet furent commencées à
partir du 6 mars 4856 (1).
Dans le mémoire dont il s’agit, M. Simonin formule les conclusions
suivantes,
Bien que l’éthérisation simule sur le système nerveux de l’homme
certains effets semblables à ceux qui ont été constatés après des vivisections pratiquées sur des animaux, on ne peut, sous le rapport de la
sécrétion urinaire, comparer entièrement l’action de L'éther et du chlo-
roforme sur la moelle allongée de l’homme à l'excitation produite sur
celle des animaux, à laide du scalpel, au niveau des nerfs pneumo-
gastriques.
L'action des anesthésiques est très-variable à raison même
de leur mode d’action.
. D’après cinq observations, il paraît évident que, dans certains cas,
après l'éthérisation, tantôt l’urine a contenu de la glucose, tantôt au
contraire n’en a renfermé aucune trace. Ces différences dans les résultats observés dans la sécrétion urinaire ont, semble-t.il, une explication
fort simple. L’analogie entre l’anesthésiation et l’irritation mécanique
tentée sur les animaux ne paraît, en effet, devoir exister qu’autant que
Pagent anesthésique développe une véritable excitation du système
nerveux traduite par une excitation générale, et par celle du système
musculaire en particulier. Cette analogie n’a au contraire aucune raison
de se produire, lorsque la rapidité d’action de l’agent anesthésique a été
(1) Le 48 août 1856, M. Simonin a porté à la connaissance de l’Académie de
Stanislas les premiers résultats obtenus,
telle que la période d’excitation ne s’est pas manifestée, Or ce dernier
résultat est fréquent dans la pratique chirurgicale, et parfois on cherche
avec soin à labtenir. Dans un grand nombre de cas, la rapile sidération du <ystème nerveux a lieu, comme l’on sait, en raison même de
Pétat de ce système chez certains sujets.
|
Les observations cilées paraissent donner raïson à cette manière de
voir. Là, en effet, où le sucre a té rencontré d’une mauière notable,
Pexcitation musculaire a été extrême avant la période de collapsnss là
où les traces de sucre ont été si faibles qu’il $ a eu doute sur sa production, on trouve dans les observations une excitation musculaire fort
médiocre; enfin nulle trace de glucose
n’existe dans les cas où le
système nerveux a Été sidéré très-rapidement.
(19) Considérations physiologiques propres à éviter dans l'emploi des
agents anesthésiques la sidération des fonctions respiratoire et cireulatoire. — Par M. Edmond Simonin.
Des divers résultats de ses recherches sur les agents anesthésiques
M.E Simonin n’a voulu dans ce mémoire signaler que ceux qui se
rapportent aux deux faits suivants : l’insensihilité des régions temporales et l’éthérisme des muscles massetcrs.
A l'égard des proposilions relatives à l’insensibilité périphérique résultant de linhalation des agents anesthésiques ou de leur emploi per
anum, l’auteur a énoncé celles qui suivent,
Vous les points de la périphérie du corps ne deviennent point insensibles au même moment. -— La peau du front et des régions temporales ne devient insensible, le plus généralement, que plusieurs secondes,
et parfois plusieurs minutes après que l’anesthésie a 61 constatée à la
peau des mains et à celle des pieds. — Le temps qui s'écoule entre le
moment où les extrémités des membres sont anesthésiées et celui où la
peau des régions
long, lorsque, au
celles de léther.
de l’éther a licu
frontales et temporales cesse de réagir est un peu pins,
lieu de vapeur du chloroformie, Les malades respirent
Ce temps est plus long encore, lorsque l'introduction
per anuim.
Pour reconnaître à temps l’anesthésie des diverses parties de la périphérie du corps, il faut, d’une part, ralentir l’action des agents
anés-
69
—
.
a.
| thésiques, et opérer. des piqitres. ssut les, diverses: parties civdesgus: sign
Jées, environ chaque dix secondes, ef plus Faune
. la clinique chicurgigale de. Naney.).
|
La disparition
Celui
de
ces phénomènes
de leur. appacition th.
ds
ne
à, “lieu
{Métunde, ‘de
cape
dans
un avdre
Lou ut ml
tt
no
inverse. à
si
muet
| Des. diverses- propositions. relatives. à. action. des: mêmes agents. sur
Ÿ appareil musculaire, M. Simonin, a jadiqué.les. suivantes? 25 4 ve
u. La, contraction
des, muscles masseters. apparaîten: dernier Hew-dans
ke périod e, d’exeitation du-syslème musculaire, larque. soûventdéjà-tout
le reste de ce système est relâché. Cette rigidité locale est l’indiée d’un
collapsus três-prochain dans tous les aprareik, surtout dans ceux. a k
circulation, et, de la, respiration.
.
:
tir
L'anatomie. donne la raison. de..ces s faits, et Jeuk explain: révèle
Fiimportange. de Jeur recherche pendant, l'anesthésialion,: 25,7
| Eu résumés. € ’est. Ja.cinquième paire qui donne-la.sensibifitéià. le peat
des tempes; e’est. la. cinquième. paire qui. fournit des rantifcaliôns.at
muscle masseter. (nerf. masticateur de Bellingeri).…
Ur,
Or cette cinquième. paire paît de la partie. tatérale: et: antérieure de
la moelle allongée, et dès que les parties anxquelles. elle se. <distibue,
soit comme
organe
de
sentiment, soil comme
organe
de
mouvement,
offrent,le commencement de. l'éthérisme, celui de-la respiration et: de la
circulation n’est pas loin de. se manifester: car le- nœud. ta: est près
d être influencé à son tour.
Toutefois; Fauteur.a: fait. remarquerque, Paction:sensitie des filets
. nerveux qui se rendent à la peaux: s'étéirit bien avant l'actioñ-iotiiéei
Ïl résulte de cette absence normale de synchronisme qu’il n’y à pas lieu
de s’inquiétèr, encore lors. de la: disparition
de la‘ sensibititéaux temps;
fait très-importaüt, puisqu'it résulte des: recherches files:àxtNaney; quë
l'anesthésie séusicutanée n'existe, nülle.part-tant que ‘da:.sensibilité: nest.
pas éteinteà la tempe, au moins depuis quelques secondes. M. Simoñin.
n’a vu à cette loi qu’une seule exception en seize années. Sans doute,
{1) L'exposition de ces faits a élé adressée à l'Académie impériale de médecine en 1848, et la commudication de M. Simonin a été publiée dans le bulletin
de} a Compagnie, le 24 novembre de la même année (V. iome XIV, pages 309
à 510).
:
— 10 —
a
dans bien des circonstances, on observe le collapsus des muscles :
masseters sans que la vie soit. compromise; mais, pour le praticien,
l'inquiétude doit commencer avec celle dernière période de l’éthérisme
musculaire. La permanence: de
la rigidité musculaire qui amène le
resserrement des mächoires est done une limite physiologique favo.
rable qu'il faüt chercherà ne point dépasser, chaque fois que Pouverture de la bouche n’est pas üne des conditions mêmes de l'opération à
“exécuter. Le. trimus
a toujours
rassuré l’auteur, lorsque
plusieurs
autres symptômes d'intoxication profonde Font alermé pendant les
anesthésies, 7
:
: D’après ce qui vient d’être dit, on comprend combien il impotte de
constater
la disparition
de
la sensibilité aux” régions ‘temporales êt de
s'assurer de l’état des muscles élévateurs de la mâchoire inférieure,
puisque l'observateur a; ainsi, sous les yeux, avec la plus grande facilité,
la traduction des progrès de l’intoxication de la moelle allongée et que,
dans la presque généralité dés faits, en ‘cessant l'emploi de FPagent toxi-
| que,
il a, souvent, le pouvoir d'empêcher les phases ultimes et redouta-
de Fanesthésie; c’est-à-dire la sidération de la circulation « et de la respi-
. ration, en un mot, la mort,
(45) Compte rendu des actes de l'association
EL médecins de la Meurthe par LE E Hértin.
de prévoyance à des
(14). Compte rendu des travaux de la société de médecine de Nancy
1860-1861, par
M. E. de Schachen.
” 5}. Rapport sur le service médical des circonseriptions rurales
et sur le ‘service de la: Vaccine, dans le département de la Meurthe,
pendant l'exercice 1862. — par M. Edmond Simonin Inspecteur du
service, :
Lo
_
:
ÉCOLE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE NANCY.
_ Prix accordés par S. Exc. le Ministre de PInstruction
publique. — Mentions honorables: — Résultats. des.
Concours. — Nominations des Préparateurs des Cours.
: Prix et Mentions honorabies.….
Les Professeurs de l'École; réunis en Conseil, ‘le 9 novembre 1863,
ont décerné aux Étudiants en. Médecine et en Pharmacie, les récompenses dans l’ordre suivant:
do ÉTUDIANTS EN MÉDECINE.
PREMIÈRE
ANNÈE D'ÉTUDESS
©
Premier
|
priz, M. Neservne (Ferdinand), de Rätisbonne (Bavière).
Second prix, M, Vinix, (Henry), de Raon-l'Etape (Vosges).
DEUXIÈME
ANNÉE
D PÉTUDES. -
: Prix, M: Mancenor (Charles), de Sarrebourg (Meurthe). ”.
Mention honorable, M. Marc: (Auguste), de Gironcourt (Vosges).
TROISIÈME
ANNÉE
D "RTUDSS.
Prix, M. VALENTIN (Camille), de. Nancy (Meurthe).
.
Mention hnorable, M. Rounau ( “ben , de Metz? (Moselle).
Prix pour la rédaction des observationss cliniques.
Clinique chirurgicale.
M. ManGenor (Charles), de Sarrebourg (Meurthe).
_
Clinique médicale.
M. Rourato (Albert, de Metz (Moselle).
-
do ÉvunrANTS ER PHARMAGE,
Prix M. Wainssacu (Alfred), de St-Avold (Moselle). Étudiant de
; 2° année.
© Mention ‘honorable, M Évraio tréoglite) , de “deau-Saiis
(Méuréhe Étdiant de année.:
Résultats êes Concours.
Âc
A la suite du concours oüvert le 12 ioÿembte 1863, pour les fonc“tions d' aide du gours de médecine opératoire, a été nommé :
M. MANGENOT (Charles, de Sarrebourg Meurthe).
°
CS
A la suite du concours ouvert le 13 novembre 4863, pour les fonctions de préparateur-aide des cours d'anstomie, de physiologie et d'acouchements, ont êté nommés :
Fe
MM. Nerezune Fétdinand); dé Ratisbonne:{Bavière),
Vinis (Heñty),: dé‘ Raon-l'Étape (Vosges):
:
139
A la suite'dti contours euvert le 44 noveribre:.1863, pour les trois
places d'élèves internes ‘dans les hôpitaux, ‘ont été nommés :
MM. Mancenor (Gharles), de Sarrebourg (Meurthe).
Manc (Auguste), de Gironcourt (Vosges).
Niverer (Réné}, de’ ‘Commercy (Meuse).
Nominations
des préparateurs
du Cours.
: Cours d'anatomie, de physiologie el d’acouchements.
M. Marc (Auguste), dé Gironcôurt { Vosgeb).
Cours de toxicologie et pharmacie.
M. Laronrane (Émile), de Bourhonne-les-Bains (Haute-Marne).
Bt
Naxev, imprimerie de ve Raynors, rue du faub. Stanislas, 3.
Fichiers
seance_rentree_1863_complet.pdf, application/pdf, 3,90 Mo,
Classe
Document
Université Impériale / Académie de Nancy. (1863). Rentrée solennelle des Facultés des sciences et des lettres et de l'École de médecine et de pharmacie de Nancy, le 16 Novembre 1863. https://histoire-universite-nancy.fr/s/una2gm/item/8464, accès le 19 mai 2022