Installation des facultés des sciences et des lettres et de l'école et de médecine et de pharmacie de Nancy le 7 décembre 1854
1854
; Nancy (Meurthe-et-Moselle)
; Discours officiel
;
Document
;
partie, publication en série imprimée
; sr1854
;
par : Université Impériale / Académie de Nancy
seance_rentree_1854_complet.pdf, application/pdf, 3,61 Mo,
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Titre | Libellé alternatif | Classe |
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Identifiant (dcterms:identifier)
sr1854
Créateur (dcterms:creator)
Université Impériale / Académie de Nancy
Titre (dcterms:title)
Installation des facultés des sciences et des lettres et de l'école et de médecine et de pharmacie de Nancy le 7 décembre 1854
Sujet (dcterms:subject)
Discours officiel
Editeur (dcterms:publisher)
Grimblot et veuve Raybois, Imprimeurs-Libraires de l'Académie de Nancy, Place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.
Direction de la Documentation et de l’Édition (Université de Lorraine)
Institut François Gény (EA 7301 Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté des Sciences (Université de Lorraine)
Décanat de la Faculté de Droit Sciences économiques et gestion de Nancy (Université de Lorraine)
Maison des sciences de l'homme Lorraine (Université de Lorraine)
Bibliothèque-médiathèque de Nancy
Date (dcterms:date)
1854
Droits (dcterms:rights)
Couverture spatiale (dcterms:spatial)
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
Type (dcterms:type)
partie
publication en série imprimée
Date de publication (dcterms:issued)
1854
Format (dcterms:format)
PDF avec ocr
Langue (dcterms:language)
fr
extracted text (extracttext:extracted_text)
SÉANCE
SOLENNELLE
DE-RENTRÉE
DES FACULTÉS.
UNIVERSITÉ IMPÉRIALE..
AGADÉMIE DE NANCY.
: INSTALLATION
DES FACULTÉS.
DES
SCIENCES ET DES LETTRES
L'ÉCOLE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE :
| DE NANCY
LE 7 DÉCEMBRE
186€,
| © NANCY,
GRIMBL OT ET
VEUVE
DE L'ACADÉMIE PE
RAYBOIS,
NANCY.
——
|
ce
IMPRINEURS-LIBRAIRES
RUE à SANT-DIZIER,
im. L
428.
.
INSTALLATION
SOLENNELLE
BE
L'ENSEIGNEMENT
FT
LS TE
SUPÉRIEUR.
ae
PROCÈS-VERBAL
des cérémonies. du 7 décembre 1854.
*°
Le rétablissement d’une partie du ‘haut enseignement que com
prenait l’ancienne Université lorraine, dû à la volonté de Sa Majesté
Impériale, à l'initiative de $. E. le Ministre de l'instruction publique et des Cultes et aux votes des trois grands corps de l'Etat était
pour les départements de la Meurthe, de la Meuse, des Vosges et
de la Moselle, qui aujourd’hui constituent la nouvelle Académie,
un
fait trop important pour qu’il ne füt point dignement solennisé.
M. Faye, membre de l’Institut, Recteur de l'Académie de Nancy,
Li
voulant associer à l'installation des Facultés et de l'École de médecine tous les hommes qui, par leurs fonctions où par leurs travaux
_—
6 —
ou par leurs sentiments, sont unis. dans la pensée commune dé
soutenir et d'accroître la gloire de la France à l’aide de tous les
dévouements, avait adressé de nombreuses invitations pour la
messe du Saint-Esprit, célébrée à l'église cathédrale, et pour la
séance tenue, immédiatement après, dans le grand salon de l'hôtel
de ville.
$
En conséquence d’invitations spéciales, les hauts fonctionnaires
et les membres des conseils du département et de la ville se réu-
nissaient à dix heures
ét demie du matin, dans les salles de la
mairie, à l'administration académique, aux professeurs des Facultés
et de l'Ecole de médecine, et se rendaient à onze heures à la cathé-
drale, pour entendre la messe du Saint-Esprit, dite par M. Delalle :
Fun des grands vicaires, et à laquelle assistait, pontificalement, sa
Grandeur Monseigneur l'Evêque de Nancy et de Toul, premier
Aumônier de sa Majesté Impériale, entouré d’un nombreux clergé.
Rien n'avait été omis par M. l'abbé Gridel, curé de NotreDame, pour donner de l'éclat à cette imposante cérémonie, à laquelle les masses chorales de l'école normaleétaient venues apporter
leur important et puissant concours.
A droite, dans la grande nef, les membres des divers corps
constitués ont trouvé place, tandis qu’à gauche se trouvait M, Faye,
en costume de membre de l'Institut, accompagné des quatre inspecteurs de son académie, également en costume,
et des inspecteurs
honoraires, suivis des secrétaires de l'administration. Venaient en-
suite, revêtus de la robe universitaire, le Doyen et les professeurs
de la Faculté des Sciences, le Doyen et.les professeurs de la Faculté
des Lettres, le Directeur, les professeurs et les divers fonctionnaires
de l'École de médecine. Un grand nombre de membres apparte-
nant à divers professorats de Nancy
costume,
à la cérémonie,
assistaient, également en
et l’on remarquait M. le Directeur et
MM. les Professeurs de l'École impériale forestière, M. le Proviseur
et MM. les Professeurs du Lycée. Le publie formait une ceinture
compacte autour des corps officiels.
Après la messe du Saint-Esprit, la bénédiction papale a été
donnée par $. G. Monseigneur l'Évéque de Naney et de Toul, et
un Te Deum a terminé la cérémonie religieuse.
_
TT
—.
À midi la séance d'installation de l'enseignement supérieur à eu
lieu dans le grand salon de l'hôtel de ville, seul local suffisant pour
contenir les invités d’élite, et choisi, aussi, pour placer, en quelque
sorte, sous les auspices du Conseil de la ville de Naney, l'enseigne
ment supérieur qui doit sa dotation au vote si libéral des conseillers
|:
municipaux.
Aux premiers rangs se trouvaient Monseigneur le premier Au-
mônier
de S. M. I.,
M.
Albert Lenglé, préfet de la Meurthe
et
M. le prince de Beauvau, président du Conseil général, suivis des
membres de ce conseil, M. le baron Buquet, député au Corps légis-
latif et maire de Nancy, M. le baron Viard et M. À. Drouot, députés
au Corps législatif, MM. Paul Collenot, Gttenheimer et Bernard,
adjoints au maire et accompagnés des membres du Conseil municipal, M. fe lieutenant général comte de Goyon, aide-de-camp de
$. M. l'Empereur, M. le premier Président Quenoble et MM. les
Présidents de la Cour, M. Lezaud, procureur général et MM. les
membres de son parquet, M. Poillouë de Saint-Mars, général
commandant la subdivision militaire, M. Akermann, recéveur général des finances; tous ces hauts fonctionnaires étaient én cos-tumes officiels et derriëre eux étaient les membres de la cour,
ceux des tribunaux, du parquet, du barreau, les chefs de toutes les
administrations et les citoyens qui, dans toutes les occasions où
Fhonneur de Nancy est intéressé, accourent pour prendre leur part
du bien à réaliser. Les honneurs de la séance étaient faits par trois
professeurs désignés par chacun des trois corps d'instruction supérieure. Sur une estrade se trouvaient les fonctionnaires de FAcadémie et les professeurs dont l'installation allait avoir lieu.
M. le Recteur a ouvert la séance et a donné la parole à M. Hen-
rion, secrétaire de l'Académie, qui a lu les divers décrets consti-
. tuant la Faculté des Sciences, la Faculté des Lettres et réorganisant
: l'École de médecine et de pharmacie, et les arrêtés ministériels con: tenant les nominations aux chaires créées et désignant les Doyens
des Facultés, le Directeur de l’École de médecine et le secrétaire
agent comptable près des Facultés.
M. le Recteur a ensuite prononcé une allocution qui a été suivie
de discours lus par M. Godron, Doyen de la Faculté des Sciences,
.
—
8
—.
>:
.
par M. Benoit, Doyen de la Faculté des Lettres et par M. Edmond
”Simonin, Directeur de FÉcole de médecine et de pharmacie. La
séance a été terminée par la proclamation faite par M. V. Parisot,
secrétaire de l'École, des prix et-des mentions honorables accordés
aux Élèves et des résultats des concours qui ont eu pour but d’assurer les divers services de l’École de médecine.
La séance a été levée à deux heures.
DÉCRETS
ARRÊTÉS MINISTÉRIELS
RELATIFS
À
L'ORGANISATION
DES
FACULTÉS ET DE L'ÉCOLE PRÉPARATOIRE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE.
—ÉESe—-
FACULTÉ DES SCIENCES.
DÉCRET,
NAPOLÉON,
EnPareuR
PAR LA GRACE DE DIEU ET LA VOLONTÉ NATIONALE,
DES Français,
À tous présents et à venir, salut.
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d'État au département de
linstruction publique et des Gultes.
Vu le décret du 9 mars 4859 ;
Vu Particle 2 et l’article 6 du décret du 22 août 1854, sur lorganisation des Académies ;
æ
Avons décrété et décrétons ce qui suif :
ARTICLE
PREMIER.
Sont nommés à la Faculté des Sciences de Nancy (Faculté nouvelle).
Professeur de mathématiques pures et appliquées, M. FAYE, membre
de l’Institut, recteur de l’Académie de Nancy;
_ 40.
D
Professeur de physique ; M. SeuIx, doctet. êsrscionees, professeur
dé physique au Lycée de Caen ;
.
” Professeur de chimie, M. NicELès, docteur ès-sciences;
|
Professeur d'histoire naturelle, M. Goprow, docteur ès-sciences, ane
cien recteur de l'Académie départementale du Doubs.
“ARTICLE
2.
Notre Ministre Secrétaire d'État au | département de l'instruction
_ publique et des Cultes est chargé de l'exécution du pr résent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 29 novembre 1854.
Signé : NAPOLEON.
Par l'Empereur :
Le
Ministre Secrétaire
d'État au département de Pnstruction
publique et des Cultes.
Signé : H. Fonrour.
Pour extrait :
Le chef du Secrétariat,
Signé : CaarLes Fonrour.
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES.
ARRÈTÉ.
|
|
Le Ministre de lInstrucfion pique et des Cultes,
Vu l'article 3 du décret du 9 mars 1859 ;
Vu le décret du 22 août 1854, surl organisation des Académies:
.
Vu le décret du 29 novembre 4884 ; |
ARRÊTE :
… ARTICLE
.
PREMIER.
Gopron, ancienn recteur, professeur d'histoire naturelle à la.
Faculté des Sciences de Nancy, est nommé Doyen de ladite Faculté.
—
.
À
—
- ARTICLE ©.
:
‘M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de l’exécution du
présent arrêté,
Fait à Paris, le 30 novembre 1854.
Signé : H. Fonrour.
Pour extrait :
Le chef du Secrétariat,
Signé: Cnarzes Fortour,
RSR
FACULTÉ DES LETTRES.
DÉCRET.
NAPOLÉON, PAR LA GRACE DE DIEU ET LA VOLONTÉ NATIONALE,
Empereur nes FRançais.
À tous présents et à venir, salut.
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d’État au département de
Finstruction publique et des Cultes;
Vu le décret du 9 mars 4852;
Vu Particle 2 et l’article 6-du décret du 29 août 1854, sur l’organisation des Académies;
ÂAvons décrété et décrétons ce qui suit ‘
ARTICLE
PREMIER.
Sont nommés :
À la Faculté des Lettres de Nancy (Faculté nouvelle),
Professeur de philosophie, M. Levique, docteur ès-letires, ancien
membre de l’École d'Athènes, chargé de la chaîre de philosophie à la
Faculté des Lettres de Besançon ;
Professeur de littérature ancienne, M. Em. Burnour, docteur èslettres, ancien membre de l'École d'Athènes, professeur dé logique au
Lycée Impérial de Toulouse;
Professeur de littérature française, M. Ch. Benorr, docteur ès-lettres,
19.
ancien mieinbre de PÉcole d'Athènes, agrégé. de. la Faculté des. Lettres
de Paris, maître de conférencesà VÉcole normale supérieure ;
Professeur d’histoire, M. Lacroix, docteur ës-lettres, ancien membre
de l'École d’Athènes, ancien proviseur
du Lycée Impérial
de Nantes.
|
|
ARTICLE 2.
|
Notre Ministre Secrétaire d'État au département de Pinstruction
publique et des Cultes est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 40 octobre 1834.
Signé: NAPOLÉON.
Par l'Empereur :
Le Ministre Secrétaire d'État au département de l'instruction
publique et des Cultes,
Signé : H. Forrous.
Pour extrait:
Pour le chef du Secrétariat,
Signé : P. Couuin
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES.
Santé
ARRÊTÉS.
Le Ministre de lPinstruction publique et des Cultes ;
Vu Particle 3 du décret du 9 mars 4832
;
Vu l'article à et Particie 9 du décretdu 22 août 1854, ‘sur Vorga-
nisation des Académies ;
ARRÊTE :
ARTICLE PREMIER.
DE
M. Mézrknxs, docteur ès-lettres, ancien membre de l’École d'Athènes, |
professeur de rhétorique au Lycée Impérial de Toulouse, est chargé de
la chaire de liltérature étrangère , à la Faculté des Lettres de Nancy
(Faculté nouvelle},
—
15
ARTICLE 2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy, est chargé de Pexécution du
présent arrêté.
Fait à Paris,
le 40 octobre 1854.
|
Signé: H, ForTour.
Pour ampliation :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé : P. Cours.
Le Ministre de l'instruction publique et des Cultes,
Vu l'article 3 du décret du 9 mars 1852 ; |
Vu l'article 2 du décret du 22 août 1834,
Académies;
sur l'organisation des
Vu le décret du 10 octobre 1854 :
ARRÈÊTE:
ARTICLE
PREMIER.
M. Cu. Benorr, professeur ‘de littérature française à la Faculté des
Lettres de Nancy, est nommé Doyen de ladite Faculté.
ARTICLE 2,
M. le Recteur de l’Académie de
présent arrêté,
Nancy, est chargé de l’exécution du
Faità Paris, le 40 octobre 1854.
Signé : H. Forrou.
Pour ampliation :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé: P. Couuin.
_—
ÉCOLE
PRÉPARATOIRE
4
—
DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE.
mnt
DÉCRET.
NAPOLÉON, paR LA GRACE DE DIEU ET LA VOLONTÉ
EmPEREUR DES FRANÇAIS,
‘
NATIONALE,
À tous présents et à venir, salut,
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d’État au département de
Pinstruction publique et des Cultes;
Vu les ordonnances des 43 octobre 4840, 12 mars et 48 avril 484 ;
Vu Fordonnanee du 47 octobre 4843, qui constitue l'École préparatoire de médecine et de pharmacie de Naney ;
Vu la délibération du Conseil impérial de l'instruction publique, en
date du 41 juillet 1854;
Vu les décrets du 43 août et 40 oetobre 48824, qui ont réorganisé les
Écoles préparatoires de médecine et de pharmacie de Lyon et de Bordeaux ;
Vu le décret du 29 novembre 1854 qui organise le personnel de la
Faculté des Sciences de Nancy;
Avons décrété et décrétons ce qui suit:
ARTICLE PREMIER.
L'École préparatoire de médecine et de pharmacie de Nancy
réorganisée de la manière suivante :
est
L'enseignement comprendra :
1° Anatomie et Physiologie;
2° Pathologie externe et Médecine opératoire;
3° Clinique externe;
4° Pathologie interne ;
5° Clinique interne;
6° Accouchements, maladies des femmes et des enfants;
7° Matière médicale et Thérapeutique;
8° Pharmacie et notions de Toxicologie.
Ces chaires sont confiées à huit professeurs titulaires.
ARTICLE 2.
|
Le nombre des professeurs adjoints de ladite école est fixé à trois qui
seront attachés :
À Ja chaire de clinique externe;
.
—
15
—
À la chaire de chnique interne ;
À la chaire d'anatomie et physiologie.
ARTICLE 3.
Le nombre des professeurs suppléants est de quatre, qui seront atfachés :
|
|
=
Aux
Aux
À la
Aux
et
chaires de médeeine proprement dite:
chaires de chirurgie et d’accouchements ;
chaire d’anatomie et physiologie ;
chaires de matière médicale, thérapeutique, pharmacie
toxicologie.
|
ARTICLE
4.
Il est également attaché à l’École préparatoire
pharmacie de Nancy:
|
de médecine et de
Un chef des travaux anatomiques;
Un prosecteur;
Un préparateur de pharmacie et toxicologie.
ARTICLE D.
Il ne sera pourvu définitivement aux diverses fonctions instituées par
le présent décret, qu’au fur et à mesure que la ville de Nancy aura
assuré, par un vote du Conseil municipal, les fonds nécessaires.
ARTICLE 6.
Notre Ministre Secrétaire d'État au département de l'instruction
blique et des Cultes est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait au palais des Tuileries, le 6 décembre 1854.
pu-
Signé : NAPOLÉON.
Par l'Empereur :
Le Ministre Secrétaire
d'État au département
de
lInstruction
publique et des Cultes,
Signé : H. ForTouL.
Pour ampliation :
|
Le chef du Secrétariat,
"Signé : CuarLes ForRtouL.
_—
MINISTÈRE
16
—
DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES.
mms
ARRÊTÉS.
Le Ministre Secrétaire d’État au département de l’Instruction publique
et des Cultes,
Vu l'ordonnance du 43 octobre 4840 relative aux Écoles préparatoires
de Médecine et de Pharmacie;
Vu le décret impérial, en date de ce jour, qui réorganise l’École préparatoire de Médecine et de Pharmacie de Naney.
ARRÈTE :
Sont nommés à l’École préparatoire de Médecine et de Pharmacie de
Naney,
Professeurs titulaires des chaires suivantes, savoir:
Anatomie et Physiologie.
Clinique externe,
Clinique interne,
Accouchements, maladies des femmes et des
enfants.
Matière médicale et Thérapeutique.
Pharmacie et notions de Toxicologie.
M. Léon Parisor.
M, Edmond Simonix.
M. Victor Parisor.
M. Rousse...
M. Laurens. .
M. Broxpzor.
ARTICLE 2,
Sont nommés professeurs adjoints chargés des cours suivants, savoir :
Pathologie externe et Médecine opératoire.
M. Bécaer.
. Pathologie interne.
M. Demaner.
ARTICLE
3.
Sont nommés:
Professeur suppléant,
Chef des travaux anatomiques.
M. GRANDIFAN.
M. Porxcané.
Anticir 4.
M. Edmond Son , Professeur de clinique externe, est nommé Di-
recteur de l’École préparatoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy.
— A7
—
. ARTICLE 5.
N. le Recteur de l'Académie
présent arrêté,
|
de Nancy ést chargé de
Ce
| Paris, le 6 décembre 1854.
exécution du
|
Signé : E. Fonrot.
Pour ampliation:
_
Le chef du Secrétariar,
Signé : Cuarzes FortouL.
Le Ministre Gecrétaire d'État auu département der Instruction publique |
. et des Culles,
ARRÊTE : |
© ARTICLE PREMIER.
M. Victor PaRISOT, professeur de Clinique interne, à l'École prépa-
ratoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy, est nommé: Officier
| V'instruction publique,
ARTICLE
de _
2.
M. le Recteur de l'Académie de Naney est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Faità Paris, le 6 décembre 1854.|
L
Signé : H. FoRrouL.
Pour ampliation :
Le chef du Secrétariat,
Signé : Cnanves Fonrour.
on
SÉCRÉTAIRE
qu
AGENT COMPTABLE,
Le Ministre Sécrétaire d'Etat au département de p Instruction publique
et des Cultes,
|
‘Vu le décret du 22 août 1854, sur le régime des établissements d'enseignement supérieur;
Va Yarrêté du 24 août 1854 ;
|
_
ARRÊTE:
18 —
|
|
ARTICLE
Sont nommés
PREMIER.
secrétaires agents comptables près les nouvelles Fa-
cultés des Sciences et des Lettres des Académies dénommées ci-après,
savoir :
Académie de Nancy. — M. Grrermenx, ancien secrétaire de lAcadémie départementale de Seine-et-Marne (fonction nouvelle).
ARTICLE 2,
M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le 34 octobre 1854.
Signé : H. Forrour.
|
Pour ampliation :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé : P, Cozxrn.
DISCOURS
PRONONCÉ
PAR
s
M. LE RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE NANCY.
MonNSFiGNECR,
Messieurs,
I y a moins d'un siècle, Nancy possédait presque toutes
les’
institutions nécessaires à la vie des capitales : comme {ant d’au-
tres centres de ces nationalités diverses, dont l’heureuse fusion
a constitué la France actuelle, Nancy a perdu d'un seul coup,
par la révolution, ces précieux éléments de sa grandeur. Le
. gouvernement lui rend aujourd'hui tout ce qui peut assurer à
une grande ville, centre d'une grande province, la prépondérance ou
gnement,
mème
la souveraineté
locale dans l’ordre de l'ensei|
Naguëre le rectorat de Naney était restreint au seul départe-
+ ment de la Meurthe: il comprend aujourd'hui la Lorraine entiére.
Naguëre Naney ne possédait aucune
pour que litres ou diplômes de toute
fallait que des commissions formées
étrangères, et rendre passagérement
juridiction universitaire,
espèce y fussent conférés,
au loin y vinssent siéger
leurs avrêts. Aujourd’hui
et
il
en
le
gouvernement réorganise l'excellente Ecole de médecine que vous
possédiez; il lui confère de nouveaux privilèges, et ilne tiendra
qu'à vous, désormais, de la maintenir au rang des premiéres Ecoles
de l'Empire ; bien plus, il érige à Nancy une Faculté des sciences
et une Faculté des lettres: c'est presque dire une Université.
:
EL
—. 20:
une
| Quelle est la signification de ces actesss réparatours? Y verrez:
vous
un simple revirement des choses d'ici-bas,
lesquelles
|
sem
blent procéder par oscillations successives, allant
toujours, en
à l’autre, de la faute à la réparation, et quelquefois
outrant tout,
apparence du moins et pour Fobservateur superficiel, d'un excès
même la réparation?
Non, Messieurs, il ya là ün sens plus profond. D'ailleurs cet
acfe n’est point un fait isolé dans le pays; il se rattache à un ensemble de réformes dont il nous faut rechercher la valeur et Ia
portée, afin de pouvoir mesurer, nous, l'étendue des devoirs,
vous, Messieurs, celle de [a reconnaissance.
La révolution est close aujourd'hui, de par la volonté trois
fois exprimée de la nation entière. Son œuvre exigeait, vous le
savez, la plus vaste concentration qui ait jamais été tentée. Toutes
les forces vives du pays se portérent vers un seul point, de même
que, dans lhomme, à l'instant suprême du péril et d'un grand
effort, le sang reflue au cœur ou remonte au cerveau. L'erreur,
disons plutôt le malheur des quarante derniéres années, c'est
d'avoir voulu maintenir cette tension de tous les ressorts, cette
concentration anérmale de toutes les ressources, cet appel dan-
gereux vers üne même ville de toutes les énergies, de toutes les
ambitions. Aussi devait-on croire que la révolution durait toujours,
suivant un
mot
célèbre que citait récemment, dans une autre
enceinte (4), un orateur dont la parole élevéea laissé une vive im
pression
dans nos esprits : mais, au
fond,
elle ne durait
que
parce qu'on en maintenait obstinément la forme et l’effrayante
_ organisation. Qu'en est-il résulté, Messieurs ? Ces forces, réunies
pour une œuvre depuis longtemps achevée, ont fonctionné dans
le vide, et, comme pour avoir quelque chose à faire, deux fois
les rouages de l'énorme machine ont broyé le mécanicien. De
même encore, dans l'horme dont je parlais tout à l'heure, si fe
sang, qui afflue vers le centré*pour en quadrupler un instant
la puissance, reste-là, l'organisme
l'apoplexie.
tombe
bientôt foudroyé par.
|
(f} Séance de rentrée de la Cour Impériale de Naney.
|
—
I
—
Tout au contraire, Messieurs, le Pouvoir normal que la France
s’est enfin
donné, et cette fois en pleine connaissance de cause,
en pleine liberté de choix, le Pouvoir veut rendre à son tour à la
pation sa vie régulière et son développement normal. Il ne réagit
point aveuglément contre le passé ; il ne décentralise point jusqu'au morcellement ; il se garde bien d’amoindrir Paris, cette tête
et ce cœur de la France; — mais il reconnaît que le temps est
venu où les éléments originaux de la nation doivent se développer
désormais suivant leurs aptitudes caractéristiques, et où chaque
province
doit au nroins retrouver sur son propre sol les sources
si longtemps taries de sa vie intellectuelle,
Aussi, quand les délégués de vos principales villes allérent plaider auprés de l'Empereur et de son Ministre la cause de la Lorraine, il leur a sufli, pour réussir, de montrer que cette noble
province a en France, elle aussi, plus que tout autre peut-être,
son esprit et son caractère particuliers, ses tendances propres
trop longtemps annihilées, son rôle à part, sa mission, si j'ose
m'exprimer ainsi ; il leur a suffi enfin d'invoquer son droit historique que la révolution avait suspendu, mais non pas abrogé.
L'Empereur a fait droit à vos demandes, Messieurs; désormais
la Lorraine à une place etun rôle dans la vaste réorganisation de
l'enseignement public, par laquelle un Ministre éminent a su,
dans sa sphère d'activité, traduire en faïts et en institutions cette
pensée généreuse de notre Empereur, de faire produire à Ja
France toutes les grandes choses dont elle porte le germe, afin
de lui rendre dans le monde le rang qui lui appartient.
C'est à vous maintenant, Messieurs, d'appuyer celte œuvre
réparatrice, disons mieux, cette œuvre d'avenir. C'est à vous de
faire comprendre à vos concitoyens la valeur pratique des institutions nouvelles, et de guider vers nos chaires cette jeunesse
lorraine qui sait si bien s'ouvrir foules les carrières à force de
travail et d'intelligence, mais que l'on condamnait à émigrer, en
quelque sorte, pour compléter son éducation et conquérir les grades ou les diplômes dont l'Etat fait sa première garantie. Alors
vous verrez un esprit public plein de séve et d’ardeur se reconstituer peu à peu au milieu de vous, formant son caractère moral
sur celui de la province, sans cesser d'être éminemment français;
.
—
922
—
alors tout ce qu'il y a de noble, d'élevé, de vrai dans des aspirations restées jusqu'ici individuelles, trouvera son écho au sein
d'une jeunesse généreuse et intelligente, initiée sur son propre
sol, sous vos regards et votre tutelle, aux plus féconds enseignements des Lettres et des Sciences. Plaise à Dieu que le foyer de
cette puissance intellectuelle exerce son attraction par delà nos
frontières, et que votre Nancy, point de croisement de grandes
voies de commuuication,. placé près des limites de la France et
offrant cependant un type si français, devienne, comme autrefois,
le rendez-vous de la jeunesse allemande, désireuse de connaitre
le génie de notre pays et de s'en assimiler les ressources.
Mais, pour bien faire connaître la portée des institutions nou
velles, il ne suffit pas d'indiquer simplement, comme j'ai voulu
le faire, la pensée générale qui a présidé à leur création. Il faut
encore exposer en détail leur but commun et surtout leurs moyens
d'action si variés, depuis l'enseignement qui imprime à l'intelligence un caractère d'humaine noblesse, jusqu'à celui qui enrichit
le pays d'une pépiniére d'ingénieurs etrend la science, comme le
voulait Bacoh,
productrice
d'utilité publique;
depuis
l'influence
des leçons et des conférences, jusqu’à l'autorité des arrêts que les
Facultés rendent lorsque l'Etat les constitue en tribunal et leur
confére le droit d'ouvrir ou de fermer les plus belles carrières.
Mais je laisse ce soin aux interprètes naturels des deux Facultés
et de l'Ecole de Médecine, aux hommes distingués que le choix
du Ministre a si heureusement placés à leur tête. Je ne revendique
pour le Recteur, que le privilège de remercier ici, au nom du Minisire de l'nstruction publique, la Municipalité de Nancy dont
le zèle et le patriotisme éclairé ont si bien secondé les vues du
Gouvernement; je voudrais que la France entière sùl par ma voix
qu'aucun sacrifice ne lui parait trop lourd lorsqu'il s’agit de doter
les Facultés nouvelles d'une manière digne de la Lorraine qui
les accueille avec tant d’empressement, et de l'Empereur qui les
a si gracieusement octroyées.
en
Er Der
DISCOURS
PRONONCÉ
M. GODRON,
DOYEN
Monsizur
PAR
DE LA FACULTÉ DES SCIENCES.
LE REcrEuUr,
MonsEiGNEUR,
Messieurs,
Si l'histoire des peuples est instructive; si leurs institutions
religieuses et civiles méritent une étude sérieuse; si enfin, les
actes par lesquels ils ont marqué leur existence, fournissent des
enseignements utiles, il en est de même des corps savants, et
leurs annales ne sont pas moins dignes d'intérêt. C'est que les
corps savants laissent également après eux des traces de leur
passage; leurs conquêtes, plus pacifiques, il est vrai, que celles
des peuples, n’en sont pas moins glorieuses, et, dans l'atmosphère
calme où ils se meuvent, ils exercent sur la civilisation une influ-
ence incontestable. Leur passé est de nature à nous éclairer et à
guider dans leur marche les institutions nouvelles, qui sont appelées à recueillir et à étendre leur héritage.
L'histoire des anciennes Universités serait éminemment propre
à nous donner ces enseignements, et je voudrais qu'il me fût
permis de tracer ici le tableau de leur organisation, de suivre
avec vous les diverses phases qu’elles ont parcourues, d'énumérer
les découvertes précieuses dont elles ont successivement enrichi
les diverses branches des connaissances humaines, d'étudier enfin
leur action sur la marche de l'esprit humain et sur le développement de nos institutions sociales.
_—
2%
—
Mais cette tâche serait trop vaste, ét c'est pour moi une néces-
sité de me restreindre dans des limites plus étroites, Je me contenterai de vous rappeler, d'une manière générale, comment les
anciennes Universités ont préparé, peu à peu, les tendances qui
dominent dans nos sociétés modernes, et donné la première impulsion au mouvement scientifique qui nous entraîne et qui forme
le caractère le plus saillant de l'époque actuelle.
Au douzième siècle, les derniers représentants de la science
antique avaient disparu depuis longtemps de !la chrétienté, et
c'est chez les Arabes que nous en retrouvons la tradition pendant
une Jongue période. Mais les croisades eurent pour effet de nous
initier aux connaissances que possédait encore l'Asie; un immense
besoin de savoir se manifesia dans toute l'Europe occidentale et
détermina l'époque de la renaissance des lettres. Des écoles
publiques
de haut enseignement
furent
ouvertes
et donnérent
naissance aux premières Universités, qui, à partir du commencement du ÆX{EE siècle, reçurent une organisation régulière et
travaillérent ‘avec ardeur à populariser la culture des Sciences
et des Lettres, Mais, dés l'origine, elles épuisérent leur activité
sur les questions les plus ardues de la scolastique, et prirent une
part active aux luttes ardentes qui divisaient alors les écoles.
D'une autre part, la science proprement dite ne sut pas, tout
d'abord, se dégager de l'ornière que lui avait tracée le moyen
âge; c'est en vain que Roger Bacon cherchait à faire revivre Ja
méthode de l'observation et de l’expérimentation; l’alchimie et
l'astrologie avaient pris la place de tout autre connaissance, et
Ja Science, détournée de sa véritable voie, n'eut plus pour objet
que la folle recherche de la pierre philosophale et des destinées
humaines au sein des astres,
Aussi les découvertes peu nombreuses, que nous offre celte
première période de l'existence des Universités, furent-elles
plutôt l'effet du hasard, que le fruit de recherches entreprises
d'une maniére rationnelle, et, par conséquent, scientifique.
Toutefois les exercices scolastiques et les immenses travaux des
alchimistes ne furent pas complétement inutiles : en aïguisant les
esprits, en les habituant à de pénibles recherches, ils les façonnèrent à des études plus sérieuses et surtout mieux dirigées.
1! faut néanmoins remonter au X VE siècle pour retrouver la
science dans sa véritable acception et pour constater des progrés,
en réalité dignes d'elle. Favorisée, du reste, dans son développement par l'invention encore récente de l'imprimerie, elle arrive
plus sûrement à la connaissance de vérités nouvelles, et ses efforts sont bientôt couronnés par des découvertes importantes, qui
laissent bien loin en arriére l'antiquité païenne et bouleversent :
les systèmes qui, jusque là, semblaient définitivement établis.
Je ne m'arrêterai pas à vous présenter l'historique des acquisitions successives, dont la science s’est enrichie
des trois
actuelles,
derniers siècles,
une
me suffit de
situation
et qui ont créé, dans
spéciale
dans
le cours
nos sociétés
et des besoins nouveaux. Ïl
déduire, de ce rapide
exposé,
cette conclusion
que, pour s'être lancée dans des recherches incertaines, sans
guide et sans méthode, la science s’est égarée dans une route
aventureuse, et ses immenses travaux n’ont abouti qu'à des ré-
suHa!s presque stériles. Mais dujour où un enseignement rationnel,
Jui faisant abandonner les systèmes à priori et les recherches
empiriques, l'a replacée sur la voie de l'observation, elle a marché,
d'un pas ferme et assuré, à des conquêtes de plus en plus rapides.
Il faut donc distinguer, dans le rôle qu'ont joué en Europe les
anciennes Universités, deux périodes distinctes, l’une peu proftable pour la science, l’autre féconde en grandes découvertes.
L'ancienne Université lorraine, établie d’abord à Pont-à-Mousson,
puis transférée à Nancy, eut l'avantage de naître dés les premiers
temps de la seconde période ; aussi, elle évita l'écueil dans lequel
étaient tombées ses sœurs ainées. Créée en 4572, en vertu d'une
bulle du Pape Grégoire XIII, et organisée sur le même plan que
les plus célèbres
dés
l'origine, un
“Messieurs,
Universités
de l'époque,
enseignement
que richement
complet.
elle donna, presque
Vous
savez
tous,
dotée par le duc Charles III, son fon-
dateur, et pourvue de privilèges étendus, elle justifia par son enseignement la sollicitude toute paternelle, dont les anciens souverains de Ja Lorraine ne cessérent de l’entourer. Non-seulement
elle propagea dans le pays, pendant plus de deux siécles, le goût
de l'étude, mais c’est elle qui forma, en grande partie du moins,
cette pléïiade de théologiens éminents, de jurisconsultes illustres,
_
2% —
de littérateurs distingués et de savants médecins qui furent une
des gloires de notre ancienne province.
|
Il y a soixante-deux ans, Nancy était encore un foyer d’enseignement supérieur des plus actifs, lorsqu'un décret de l'Assemblée
nationale, du 18 août 1792, vint tarir momentanément en France
les sources des hautes études, et y arrêter un instant la marche
progressive du mouvement scientifique.
Le décret réparateur du 17 mars 1808, qui fonda l'Université
impériale, substitua aux anciennes Universités, qui avaient vécu,
pour
ainsi
dire, dans l'isolement les unes des autres, un système
d'enseignement supérieur se rattachant à une même pensée et à
une direction unique. Comme tout ce qui sortait du génie de
l'Empereur, les Facultés qui furent alors créées reçurent une
organisation forte et durable, et continuérent avec distinction le
rôle si utile des anciens corps enseignants.
Mais les préoccupations politiques de l’époque, la lutte gigantesque et sans cesse renaissanie, que la France soutenait avec
énergie contre l'Europe liguée contre elle, la pénurie enfin de
professeurs distingués qu'avait
dispersés
la révolution, ne per-
mirent pas alors de reconstituer {ous les anciens centres d'études,
ét Nancy fut ainsi privé de cet enseignement supérieur, qui, flo-
rissant en Lorraine pendant de longues années, semblait avoir
acquis définitivement dans ses murs le droit de bourgeoisie,
Je me trompe, Messieurs; l’enseignement supérieur n’y périt
pas tout entier. Vous savez tous que quelques-uns de nos conci-
toyens, sans autre ressource que leur zèle infatigable, entreprirent
de continuer à Nancy Pœuvre de l’ancienne Faculté de médecine
et da Collége royal de chirurgie. Ils ouvrirent, dés les premiéres
années de ce siècle, des cours où un grand nombre de jeunes
gens vinrent acquérir des connaissances, qui leur permirent
d'exercer avec succés l’art de guérir, et dans nos communes rurales, et à la suite des armées. Telle est l'origine de l'Ecole de
médecine que possède encore Nancy, et tels sont les résultats qui
ont marqué ses débuts, alors qu’elle n'était encore revêtue d'aucun
caractère officiel. Reconnue depuis par l'Etat sous le nom d’Ecole
secondaire, puis d'Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie, elle a continué jusqu’aujourd'hui à marcher résolument
_
97
—
vers le but qu'elle s'était proposé. Je voudrais pouvoir, Messieurs,
vous exposer les services qu'elle a rendus ; mais cette tâche serait
pour moi bien délicate. Je ne puis oublier que c’est comme
professeur à celte école, que j'ai fait mes premiéres armes dans
l'instruction publique, et que, pendant seize années, j'ai été associé à ses travaux. Qu'il me soit permis, toutefois, de faire
observer, qu'en conservant dans notre ville les anciennes traditions d'enseignement et en contribuant, pour sa part, à y enfre-
tenir l’activité scientifique, elle forme le lien naturel qui unit
l’ancienne Université lorraine aux Facultés que nous inaugurons
aujourd'hui.
Il était réservé au Gouvernement de l'Empereur Napoléon III
de
compléter
l’œuvre
de limmortel
fondateur de l'Université
impériale, en rétablissant dans quelques-unes de nos provinces,
depuis longtemps deshéritées, ces anciens centres d'instruction,
qui avaient leur raison d'être, parce qu'ils donnaient satisfaction à
des intérêts de l’ordre le plus élevé. Les révolutions peuvent bien
renverser une institution, mais elles ne suppriment pas du même
coup le sentiment du passé, les traditions locales, les besoïns
intellectuels d'une province.
Aussi, Messieurs, vous avez tous applaudi à la pensée bienveillante, qu'a manifestée le chef de l'Etat, de reconstituer à Nancy
des écoles de haut enseignement, et le Conseil municipal, dispensateur intelligent
des revenus
de la cité, n’a pas hésité à lui im-
poser des sacrifices considérables pour doter nos Facultés de
toutes les ressources matériellés que nécessite leur organisation.
Mais la sollicittde du Gouvernement ne s’est pas bornée à la
création de quelques établissements nouveaux. La même pensée,
d'où émanent les modifications si importantes et si fécondes qu'a
subi le plan d'études de nos lycées, s’est étendue également'ä l'enseignemént supérieur, auquel
complétant et
notre époque.
en l'appropriant
elle donne une vie nouvelle en le
aux
exigences
impérieuses de
I me reste à indiquer, Messieurs, les circonstances qui ontnécessité une réforme dans l'enseignement des Facultés des Sciences,
et à faire connaitre le caractère que doit avoir désormais cet
enseignement,
—
28
—
Les Sciences avaient déjà pris, en 1808, une extension telle
que l'ancienne Faculté des arts ne pouvait plus embrasser les
connaissances si variées qui, dans les anciennes Universités,
avaient fait l'objet de ses études. Chargée à la fois de l’enseignement des Lettres et des Sciences, comme pour marquer l'alliance
intime qui doit exister entre elles, elle ne suffisait plus à cette
tâche laborieuse, et elle dut être scindée en deux Facultés nouvelles : le trivium, pour parler l’ancien langage scolastique, devint.
le domaine de la Faculté des Lettres, le quadrivium, l'apanage
de la Faculté des Sciences.
Mais, depuis cette époque, le mouvement scientifique s'est ac
céléré de plus en plus; des découvertes importantes viennent,
presque chaque année, frapper d'étonnement notre intelligence et
agrandir le champ déjà si vaste des connaissances acquises. L'industrie, en s'appuyant de plus en plus sur la science, a suivi d’un
pas non moins rapide, l'impulsion qui Jui est communiquée ; elle
a pris, à son tour, des développements inouis, el qui tendent sans
cesse à s'aceroître. De nos jours, l'enseignement scientifique
pratique est devenu indispensable; il peut seut soutenir les progrès de l'industrie et féconder son activité. Bt cependant, si l'on.
excepte quelques établissements spéciaux, ouverts
seulement à
un petit nombre de jeunes gens, la France était jusqu'ici privée,
ou à peu prés, d'un enseignement qu'elle enviait aux nations
voisines, Les Facultés des Sciences n’ont plus aujourd'hui pour
but exclusif de développer parmi leurs auditeurs des connaissances purement théoriques, mais encore d'enseigner avec soin
les applications de ces connaissances aux diverses industries, qui
dominent dans chacune des nouvelles provinces académiques;
eltes ont, en un mot, pour mission, non plus seulement de former
des hommes instruits, mais en outre de donner au pays des
citoyens utiles.
Aussi, Messieurs, dans les cours que nous allons ouvrir, les.
théories purement spéculatives n'excluront pas les questions
vraiment pratiques. Les collections scientifiques importantes,
en physique, en chimie, en histoire naturelle, en modèles de
machines, etc. dont le Conseil municipal a doté notre Faculté des
Sciences, collections qui viennent déjà de s’accroitre d’un riche
_
29 —
herbier dû à la générosité d’un de nos compatriotes (1), ‘permet {ront de placer constamment, sous les yeux desjeunes gens qui
suivront nos leçons, les différents objets d'étude; des expériences
nombreuses
confirmer
viendrontà chaque
ces lois admirables,
instant
les
étayer
théories
et
auxquelles obéissent toutes les
forces naturelles: lois, dont la connaissance offre non-seulement
l'immense avantage de lier dans notre esprit les faits épars, et de
les fixer dans la mémoiré, mais encore de servir de guide dans
{a recherche de vérités nouvelles.
|
Mais, dans les sciences d'observation, il ne suffit pas, pour se
les assimiler, de suivre Îes leçons d’un professeur; d'examiner
rapidement les objets qu’il fait passer sous les yeux de ses auditeurs; d'assistér aux expériences sur lesquelles il s'appuie dans
ses démonstrations, il faut encore que ses élèves mettent euxmêmes la main à l'œuvre, s'habituenià manier les instruments, à
diriger une opération, à faire enfin toutes les recherches scienti-
fiques, qui peuvent conduire à des résultats utiles. C’est ainsi seu-
lement que la Faculté des Sciences pourra produire tous les
avantages qu'on est en droil d'attendre dé son enseignement: |
Désormais les collections, les laboratoires ne seront plus des
sanctuaires impénétrables et soustraits aux regards de tous ceux
qui désirent être initiés à la connaissance de l'arsenal de la science
et à la pratique des méthodes d'éxpérimentation. Dés salles de
travail pour la chimie, pour la physique, pour l'histoire naturelle
ne tarderont pasà être organisées, el seront ouvertes aux jeunes
gens, qu’anime la noble ambition d'aller au:delà des études théoriques et d'acquérii
l'häbitude des manipulations.
Ce n'est pas seulement dans ses collections, dans ses laboratoires,
que la Faculté ira chercher ses moyens d'enseignement ; il est dés
objets qu’il faut voir et étudier dans les lieux mêmes qui léur ont
été assignés dans l'harmonie générale de la création. Lä géologie,
par exemple, ne s'étudie pas complétement dans lés livres et dans
les musées ; ceux-là seuls possédent réellement cetiè science et
OM. Monnier, membre du Conseil général de
Société céntralé d'agriculture de Naney.
la Meurthe
ef Président
|
de la
_
7)
—
peuvent utiliser leurs connaissances dans cetté branche si importante de l’histoire naturelle, qui sont aptes à reconnaitre une roche
eu place et à distinguer sûrement les unes des autres les diverses
formations qui constituent l'écorce solide de notre globe; mais
l'exploration du terrain lui-même permet seul d'arriver à ce degré
d'instruction. L'étude du gisement des minéraux soulève la même .
observation. Les mœurs, les habitudes, les travaux de certains
animaux utiles à l’homme ou qui lui sont au contraire nuisibles,
soit directement, soit par Paction destructive qu'ils exercent sur
les substances indispensables à l’économie domestique, et sur les
maliéres premiéres qui alimentent l'industrie, ne peuvent être
étudiés d'une maniére fructueuse que dans les localités où ces
animaux habitent. Nous en dirons tout autant de l'étude de la géographie botanique, de celle des relations que présente la végétation
avec la nature minéralogique et les influences physiques du sol, de
celle enfin de l’économie forestière, et des procédés en usage dans
la science par excellence, je veux parler de l’agriculture. Ici l'enseignement en plein air, au milieu de nos campagnes, peut seul
‘atteindre le but et nécessitera des excursions qui seront dirigées
dans ce sens et qui auront lieu pendant le semestre d'été.
La Faculté des Sciences, étant spécialement chargée de donner
à son enseignement une direction qui soit en rapport avec les industries principales du pays, non-seulement né faillira pas à cette
tâche, mais
elle espère pouvoir terminer les travaux de chaque
année classique par la visite de quelques établissements industriels,
où les élèves de la Faculté se livreront à l'étude des machines et
des procédés de fabrication. Ces excursions leur offriront également l'avantage de pouvoir élendre leurs études d'histoire naturelle au-delà des limites du territoire de Nancy.
L'enseignement de, la Faculté n'aura pas seulement pour effet
de répandre autour d'elle des connaissances utiles; mais le législateur lui a conféré le pouvoir de sanctionner par un certificat
d'aptitude le travail de ceux de ses éléves qui seront reconnus
suffisamment instruits pour se livrer à la pratique d'une industrie
spéciale, dont elle peut ainsi leur faciliter Paccès.
Enfin les Facultés des Sciences, chargées de conférer des grades
qui, jusqu'ici, n'étaient exigés que pour l'étude de la médecine
M
—
ou pour l'admission dans les fonctions de l’enseignement, viennent
d'acquérir une importance nouvelle par l'effet d’un récent décret,
rendant obligatoire le diplôme de bachelier ès sciences, pour les
jeunes gens
qui se destinent,
soit
à
l'Ecole polytechnique ou à
l'École militaire de Saint-Cyr, soit à l'Ecole forestière et à diffé
Les Facultés
rentes administrations publiques.
des Sciences for-
ment donc aujourd'hui une véritable magistrature, qui à pour :
mission
d'ouvrir l'entrée de toutes
les
carriéres scientifiques,
même la carriére des armes spéciales aux
et
candidats qui se re-
commandent par leur aptitude et par des études sérieuses.
Telles sont, Messieurs, la voie dans laquelle doit entrer à
l'avenir l'enseignement des Facultés des Sciences et l'étendue nouvelle donnée à leur juridiction.
Tous ces détails, que nous venons de vous exposer, nous inspirent une réflexion, qui sans doute a déjà surgi dans votre esprit:
c'est qu'on ne peut trop admirer la sollicitude du Gouvernement
de l'Empereur
l'assiégent de
qui, au milieu
toute
part,
vient
des
de
graves
préoccupations
doter d'utiles
réformes
qui
les
établissements de tous ordres, depuis les asiles de l'enfance
jusqu'aux écoles de haut enseignement, et s'impose la noble
tâche de faire des éléves de ces établissements, une génération
mâle et forte sous la double influence des Lettres et des Sciences.
Ce sera là un des bienfaits les plus féconds que nous devrons à
. la baute sagesse et au génie du Prince qui a rétabli au dedans
et qui soutient aujourd'hui glorieusement au dehors les principes
d'ordre et de justice qui font la force des nations et qui président aux destinées des Sociétés humaines.
DISCOURS
PRONONCÉ
PAR
M. CH. BENOIT, DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
Moxsiur
LE Recreur,
MOoNsEIGNEUR,
Messieurs,
Aujourd'hui que l'inauguration de nos Facultés réunit autour
de nous, en cette enceinte, l'élite de la cité, ma première pensée,
et la vôtre, Messieurs, est une pensée de reconnaissance
|
envers
le Gouvernement de l'Empereur, qui est entré avec une bienveillance si généreuse dans nos désirs et nos espérances, et qui à
. voulu que Nancy retrouvât enfin son Université. Grâces aussi
soient rendues en ce jour aux hommes dévoués, qui par leurs
: nobles démarches ont provoqué ce bienfait, et à vous, Magistrats
de la ville, que l'Etat a trouvés si zélés à seconder ses desseins,
si généreux à doter notre institution de iout ce qui peut en assurer
le succès.
La faveur
qui
entoure
cet établissement
dès son
début
ne
m'étonne pas, Messieurs. Nancy se souvient de ce qu'elle était
autrefois,et de ce qu'elle se doità elle-même. Déchue de son rang
de capitale souveraine depuis son annexion à la France, elle a
songé enfin à reprendre, à défaut de sa couronne à jamais perdue,
quelques-unes du moins de ces nobles institutions, fondées par
ses princes, dont elle se glorifiait autrefois, et dont la révolution LU Y
l'avait dépouillée. Elle se rappelle de quel éclat à brillé surtout .
_
3h
—
pendant deux siècles l'Université fondée à Pont-à-Mousson par
le Duc Charles LIT, et transportée dans nos murs en 1768. Si en
4808, lorsqu'un Gouvernement réparateur restaurait l'enseigne
ment et dotait de Facultés les principales villes de France, Nancy
ne fut pas d'abord comprise dansle partage, aujourd'hui du moins
elle n’a pas failli à ses droits, et dans la répartition nouvelle qui
allait être faite de ces grandes institulions académiques, des voix
citoyennes se sont élevées pour revendiquer les titres de la cité.
Votre cause était bonne, Messieurs, et le Gouvernement de l'Empereur trop éclairé et trop équitable, pour n'en pas reconnaître la
justice. Un ministre toujours ardent à seconder l'essor des esprits,
partout où il se manifeste, a cru dans l'avenir de Nancy :il a
choisi notre ville, pour en faire un de ses nouveaux foyers d’enseignement qu'il voulait élever au cœur de la province. J'aime
à penser, que dans sa confiance
il ne s'est pas trompé. Non, ce
n'est pas en vain qu'une ville a longtemps été une capitale, et le
centre d'une vie nationale et énergique. Alors même qu'elle a
perdu sa vie politique, elle garde pourtant toujours quelque chose |
de son royal esprit d'autrefois. Ne dirait-on pas, que jusque dans
ses efforts pour se créer dans le commerce et l'industrie, cette
royauté des temps modernes, une autre destinée, une fortune
nouvelle, elle retient encore ses traditions d'élégance et de goût,
elle demeure plus libérale : son industrie touche aux arts ; elle se
livre aux affaires, sans s'y absorber: elle continue à aimer les
choses de l'esprit; et quand la fortune vient la doter de quelque
institution généreuse, elle s'en empare naturellement, elle y entre
comme chez elle: elle se retrouve.
de n'en veux pour témoin, Messieurs, que l'emipressement, avec
lequel ont toujours été accueillies dans cette ville toutes les fondations propres à répandre les lumiéres et à rendre les hommes
meilleurs, Edification de l'intelligence ou du cœur, science ou
charité à mettre en commun, quelle grande idée vous a trouvés
indifférents? quel bien à faire n'a pas excité votre sympathie?
Que de fois, en vous voyant réunis en si grand nombre, partout
où l'on vous entretenait des intérêts de l'intelligence, me suis-je
senti ému et fier d’appartenir à une ville où toute parole généreuse trouvait tant d'échos ? Dés-lors, je souhaitais au ford du
_
5
—
cœur, que (Nancy devint un jour, dans nos provinces de l'Ést, un
de ces centres d'enseignement universitaire, ot, mieux qu'ailleurs,
ce semble, la jeunesse appelée aux fonctions libérales devait trou.
ver, pour S'y préparer, le recueillement si nécessaire aux fortes
études, et aujourd'hui si rare,
Voilà ces vœux maintenant en partie accomplis. Nancy est dotée
à la fois de deux Facultés. Je sais, Messieurs, que vos désirs
vont encore au-delà. Vous aimez à espérer que daus l'avenir
une autre École encore viendra prêter son appui àà notre Faculté
des Lettres. Mais aujourd'hui, ne songeons qu'à mériter par le
‘concours de nos efforts, que le Ministre complète son bienfaits
et sachons apprécier déjà les avantages de l'institution actuelle.
Tout à l'heure, mon honorable collègue vous a laissé entrevoir
quelle impulsion nouvelle la Faculté des Sciences était appelée à
donner aux études scientifiques en ce pays. Quel doit être à son
tour le rôle de la Faculté des Lettres ? quelle influence est-elle
appelée à exercer sur les études littéraires? Il est sans doute plus
d'une personne parmi vous
qui attend à ce sujet quelques expli-
cations,
Les Facultés, ainsi qu’on vous le disait tout à l'heure, sont ins
tituées dans un double but. En même temps qu'elles sontun foyer
d'enseignement librement accessible à tous, elles ont mission de.
dispenser de la part de l'Etat les grades universitaires, et d'ouvrir
* ainsi l'entrée des carrières libérales, Dés lundi prochain, commen-
.cera ici une session d'examen pour le baccalauréat és lettres.
Vos fils, Messieurs, ne seront plus obligés d’aller au loin se présenter à ces épreuves nécessaires. Mais ici même, sous vos yeux,
ils trouveront à la fois, et toutes les ressources, pour aider à leur
travail, et le titre qui en doit étre le prix. Îls apprendront à connaître de plus prés ces examens, qui couronnent leurs études du
lycée, ou leur ouvrent la carrière de l’enseignement; ils sentiront
mieux, que désormais nulle préparation artificielle et hâtée ne
saurait suppléer à des études régulières et sérieuses, et qu'il n'y a.
qu'un gage assuré du succés, le travail. L'Etat, en reconnaissant
le droit sacré des familles dans l'éducation, en laissant toute liberté
aux méthodes, et en-ouvrant l'enseignement à la concurrence,
p'a pas oublié pour cela, qu'il est responsable devant le pays du
_
36
—
progrés ou dé la décadence des lettres, qui sont une des plus
glorieuses parts de notre héritage national; et c'est nous, qu’il
a chargés d'y veiller, en environnant nos examens de garanties
sérieuses, et en maintenant par là le niveau des études à une hauteur digne de la France. Mais en même temps que notre Faculté
sera pour vous, jeunes gens, comme une magis{rature chargée de
vous dispenser les grades aveé une prudence impartiale, vous
trouverez aussi en nous des maîtres dévoués, pour vous guider de
nos conseils, encourager vos efforts d'une voix amie, les récompenser avec bonheur; et dans nos cours, des ressources nouvelles,
pour vous préparer aux épreuves.
Car une Faculté des Letfres est en même temps destinée à
compléter l'éducation littéraire confmencée dans les lycées. Pour
cela, elle ouvre libéralement ses cours, non pas seulement aux
hommes qui se destinent particuliérement à l’enseignement, et
prennent des inscriptions pour la Licence et le Doctorat, mais
encore, et sans distinetion, à la jeunesse d'élite, qui. pense, qu'ä
quelque profession que la fortune l'appelle, äl est bon d'y apporter un esprit cultivé et müri par l'étude, J'espère que la jeunesse
de cette ville saura profiter de cét avantage. L'étude des lettres,
en effet, pour être plus désintéressée que les autres
études dans
son objet, n'en est pas moins utile; sielle ne conduit pas directement
comme les autres à telle ou telle carriére spéciale, elle prépare
à toutes, ou plutôt, elle prépare à la vie; et ainsi que l'a dit
FEmpereur Napoléon E*,«tandis que les autres connaissances n'intéressent qu'un côté de l'esprit humain, les lettres sont l'esprit
‘
humain lui-même».
Cependant toutes ces vérités, qui autrefois auraient passé pour
des lieux communs, ont presque l'air aujourd'hui de paradoxes,
tant est grand le changement, qui, depuis quelques années, s'est
opéré à cet égard dans notre pays. Ne nous le dissimulons pas,
Messieurs, le culte des lettres, qui avait fait si longtemps notre
gloire, s'est affaibli parmi nous ; et un autre esprit n'a que trop
souvent prévalu, esprit positif, qui ne mesure les choses qu'aux
avantages maiériels qu’on en peut immédiatement recueillir. Cet
esprit du temps a pénétré jusque dans l'asile de nos écoles; il
saisit notre jeunesse au débat même de la vie, pour étouffer dans
_
leur germe ces
thousiasmes de
veut, qui siéent
part la passion
37
—
nobles sentiments, ces amours de l'idéal, ces enl’art et de la vertu, ces saintes chimères, si l’on
si bien à cet âge. Si l'on trouve encore quelque
désintéressée des lettres si commune en France
autrefois, ce n'est plus guëres parmi nos jeunes générations. Nos
collégiens même se hâtent trop d’être à cet égard des hommes de
leur temps, et de calculer avec une maturité précoce ce que leur
rapportera chacun de leurs efforts ; ils sont trop impatients, pour se
résigner à ces études des lettres, dont ils ne peuventsentir encore la
lointaine efficacité, Ils sont pressés d’entrer dans la vie, et prennent
pour arriver plus vite le chemin de traverse; ils effleurentles études;
ils retiennent de chacune le moins possible, tout juste ce qu'il en
faut, pour l’escompter au plus tôt en diplôme; et ils se lancent
dans la carrière avec ce mince bagage. Heureux encore, lorsque
plus tard ils s'aperçoivent de cette insuffisance de leur instruction,
et qu'ils ont le loisir et le courage d'y revenir.
Une autre circonstance a contribué encore à diminuer parmi
nous le goût des lettres, en entraînant ailleurs la curiosité des .
hommes ; c'est le génie des sciences modernes, ce sont les mer-
veilleuses conquêtes de l’industrie sur la nature. L'épopée de
notre siécle est l'histoire de la machine à vapeur, et la poésie est
aujourd'hui dans nos chemins de fer plus vites que la tempête,
dans l'électricité plus vite que la pensée. Loin de moi, Messieurs, de
médire de ces merveilles dela science moderne. Comment pourraisje en avoir la pensée, devant une telle assemblée, et devantl'homme
éminent, qui nous préside et donne ici tant d'éclat à l'enseignement
des sciences ? Bien loin d'en médire, je remercie Dieu, au contraire, de m'avoir fait assister à ces grands spectacles que Findustrie de notre temps a offerts à nos regards; mais
c'est surtout
parce que j'attends de ces conquêtes de la science sur le monde
matériel, qu'en facilitant le travail
de l'homme, et en
ajoutant
à son bien-être, elles serviront en même temps à l'affranchissement
de son âme jusqu'alors courbée vers la terre avec son corps par
les servitudes d'un labeur sans repos. Qu’avec la richesse, l'homme
devienne donc plus libre, mais pour devenir en même temps plus
éclairé et meilleur. Que le loisir profite au développement de son
âme ; et que le fils affranchi de la terre apprenne à regarder
davantage le ciel. Sursum corda. L'homme ne vit pas seulement de
pain. Si les inventions de l’industrie ne servaient qu'à accroître
en nous la soif des jouissances, et si le progrès moral d'un peuple
ne répondait pas à ses progrés matériels, prenons garde que ce
goût du bien-être ne nous devienne fatal. I y a un équilibre difficile à maintenir entre les choses du corps et les intérêts de la
pensée. Notre époque a entrevu quel chaos peut se faire en certains esprits, quand la conscience morale venant à s'obscurcir,
l'homme, enivré de sa victoire sur la nature, a osé presque se pro-
clamer Dieu dans son orgueil, se livrer aux plus honteuses chimères, et sanctifier tous ses appétits. Rêves insensés ! dont le bon
sens public a fait vite justice; mais
qui. n'étaient après tout que
l'exagération même des tendances matérialistes, auxquelles, tous,
nous avons plus ou moins cédé,
_
Aussi, Messieurs, est-ce avec une juste sollicitude, que le Gou-
vernement de l'Empereur,
tout en élevant et en réglant
l’ensei-
gnement des sciences, s’est si vivement préoccupé de ranimer et
de fortifier les études littéraires parmi nous. Noble et salutaire
pensée. Car, aprés la Religion, cette maitresse souveraine
de
toutes les vertus, est-il rien de plus propre encore que le goût
des lettres, pour entretenir en nous la vie morale ? Philosophie,
histoire, littérature conspirent à l’envi, pour nous dérober aux
mesquines et égoistes préoccupations de la vie journaliére, élever
nos âmes vers la contemplation de vérités éternelles, et nous faire
vivre dans un commerce assidu avec les grands cœurs et les plus
belles intelligences dont l'humanité s'honore. Car, qu'est-ce donc,
aprés tout, que ces penseurs, ces écrivains, ces poëtes, dont nous
venons vous entretenir, sinon les fils prédestinés du génie, lesquels,
aprés s'être élevés plus ou moins vers les régions divines
de l'idéal, nous en ont laissé dans
leurs œuvres une splendide
image? Dans leur fréquentation, l'esprit s'éclaire, le cœur s’épure,
l'âme s'aguerrit et se fortifie. Non, ce n'est pas impunément qu'on
vif avec ces grands hommes du passé; ils nous associent à leurs
pensées, ils font battre nos cœurs aux sentiments dont ils furent
émus ; leur âme devient la nôtre : leur souffle généreux a passé
dans notre sein : nous vivons de leur vie, nous voudrions mourir
leur mort; et quand nous les quittons pour redevenir nous-mêmes,
nous nous sentons longtemps encore agrandis par leur contact,
plus forts, plus dévoués, plus amoureux de vérité et dé vertu.
L'écho, que leur noble parole a éveillé en notre âme, continue-encore à vibrer. Laissons les aveugles traiter d'illusions ces ravissemenfs de Part, qu’ils n’ontjamais connus: Mais nous, Messieurs,
qui avons éprouvé plus d'une fois les vives et douces jouissances
de ce commerce avec les grands esprits d'autrefois, reserrons en
de plus en plus les liens. Aimons à venir auprés d'eux oublier
par intervalles les médiocrités de la vie, à nous reposer dans ce
monde plus beau de la pensée, que nous poursuivons de nos
rêves, à nous refremper enfin, et à nous désaltérerà ces sources
vives de la poésie, qui semblent descendre du ciel. Puisse notre
Faculté devenir à vos yeux comme un asile sacré des lettres,
où vous prendrez plaisir à goûter dans le recueillement ces divines émotions de l'art. Certes, les grandes œuvres de l'esprit
humain, dont nous venons vous entretenir, peuvent trouver ailleurs de plus brillants interprètes, mais nulle part de plus pas-
sionés admirateurs. de tout ce qui est grand, beau et bon.
Notre Faculté comptera cinq chaires. M, le Ministre, dans sa
bienveillance particulière pour notre ville, a voulu que dés le
début l'enseignement littéraire y fût complet; et aux chaires de
Philosophie, d'Histoire, de Littérature ancienne et de Littérature
française, il a daigné adjoindre une chaire pour l’enseignement de
© la Littérature étrangère.
Quelques mots d’explication, Messieurs, sur chacun de ces
cours.
.
Si la sagesse de l'Etat a cru devoir borner dans nos Lycées
l'enseignement de la Philosophie, qui, pour de trop jeunes esprits,
n'y avait pas été toujours sans péril, c'était pour rendre à cette
science sa place véritable dans l’enseignement supérieur. Ici viendront librement tous ceux qui s'intéressent aux choses de l'âme
et aux grands problèmes de la nature de l'homme et de sa destinée. Avec quel charme et quelle autorité de parole M. Lévêque
savait fraiter ces hautes questions, c'est ce que déjà vous avait
appris la renommée qui l'avait précédé en cette ville, Mais,
avant que ce maître, donf notre Faculté naissante éfait justement
fière, ait pu faire entendre parmi nous son éloquente voix, la
—
0
—
Sorbonne, qui nous l’enviait, nous l’a ravi. Nous ne doutons pas,
du moins, qu’en son absence, M. le Ministre ne lui donne un suppléant digne de lui, et qui sache par sa sagesse, non moins que par
son talent, conquérir à cette chaire, ainsi que l'aurait fait M, Lévèque, l’influence salutaire qui lui appartient. Car , si la Philosophie excite de justes -ombrages, quand, trop vaine de ses forces,
elle prétend résoudre les questions suprêmes qui dépassent la
raison, et où la voix d’un Dieu pouvait seule nous révéler ce qu'il
fallait croire, elle mérite au contraire d'obtenir toule autorité auprés des hommes et de seconder les enseignements même de la
Religion, lorsque, se tenant dans son légitime domaine, elle
éclaire des lumiéres naturelles de la raison
tant de questions
si
intéressantes déjà dans le probléme de notre destinée, et nous apprend à relever nos yeux vers les éternelles vérités. — La raison
et la foi, ainsi que le disait récemment à l'Académie française une
voix bien plus autorisée que la mienne, la raison et la foi descendent
également du Ciel; elles sont l'une et l’autre filles de Dieu, sœurs, et
ne sauraient se contredire. À chacune sa sphère légitime : ou plutôt,
qu'elles se prêtent l’une à l'autre un mutuel appui. La
Religion,
en effet, pourrait-elle perdre de son autorité, parce qu'elle se sera
trouvée d'accord avec une saine philosophie ? N'est-ce pas, au con-
traire, pour nous, une force de plus, que de sentir la conformité de
la doctrine chrétienne avec la nature humaine? En marquant donc
à la Philosophie ses limites en face de la Foi, ne craïgnons pas de
Jui accorder ses droits. À l’âge où les passions obscurcissent si souvent la conscience morale, que tout se réunisse, Philosophie et
Religion, pour affermir les jeunes gens dans le bien : que toutes
les voix s'élèvent pour les instruire, les exhorter, les défendre
contre les sophismes de Ïa corruption. Assez et trop longtemps
l'Ecole et l'Eglise ont été séparées par un antagonisme funeste.
Il est temps qu'elles se donnent la maïn pour le salut du monde.
L'Histoire, Messieurs, est surtout la science de notre siècle.
Quelques maîtres de génie nous ont appris à retrouver, à force
d'impartialité et d’érudition, la vérité du passé. Replacés dans
Fhorizon de leur temps , les événements d'autrefois nous ont ap-
paru avec une physionomie nouvelle. Le génie des divers peuples,
le sens de leurs institutions, l'esprit des faits s'est manifesté de plus
.
—
M
—
en plus; on a mieux connu, mieux compris le secret des siècles
écoulés. L'histoire a dû prendre donc aujourd'hui une grande
place dans nos études, Déjä depuis longtemps cet enseignement a
été organisé dans nos Lycées sur de larges bases. Mais là encore,
il faut bien que le maître se proportionne à l’âge de ses élèves.
C'estici que cet enseignement doit s'achever, en reprenant devant
des esprits préparés déjà, et déjà müris par la réflexion et par la
vie, cette étude du passé, mais, pour pénétrer plus avant dans la
pensée intime des événements, en suivre l'enchaînement mystérieux, et apprécier les circonstances qui ont influé sur la marche
de la civilisation. Le professeur, cette année, en vous rappelant à
l'histoire de Rome, s'attachera surtout à y étudier les révolutions
d'opinions, les luttes des partis, la transformation des mœurs -publiques et du caractère national, qui ont entraîné la ruine de Ja
République et préparé l'établissement de Empire. Ne dédaignons
pas, Messieurs, cette histoire de Rome, parce qu'elle a étonné et
charmé notre enfance. Ne nous plaignons pas que les Grecs et les
Romains continuent à régner dans nos écoles et nous détournent ‘
de l’histoire de notre pays. Ca été le privilège de ces peuples pré
destinés, de n'avoir pas vécu seulement pour eux-mêmes, mais
pour le genre
hunrain,
et de rester à jamais l’enseignement du
monde. Ils sont nos vrais ancêtres dans la civilisation et leur histoire est déjà notre histoire nationale.
Nos-autres chaires appartiennent à l’enseignement des Lettres
proprement dit. L'une est consacrée aux Lettres antiques,
grec-
ques et latines, l’autre aux Lettres françaises, et la troisième à la
Littérature étrangère. Les deux premiéres s'appellent mutuellement. S'il est une nation moderne, en effet, qui ait particuliérement revendiqué l'héritage de l'antiquité classique, et qui ait justifié de sa prétention par l'éclat avec lequel élle en a repris la
grande tradition,
c'est la France. À nous l'honneur d'avoir conti-
aué la Grèce et Rome, et d'avoir eu, comme
la Grèce et Rome,
une littératuré qui n'appartient pas seulement à notre nation, mais
au monde entier. Lä sont nos origines, nos modèles , nos inspira
tions; et nous cesserions de comprendre les œuvres de notre
littérature nationale, si nous laissions se rompre la chaîne de la
tradition antique,
—
49
—
- Cette. année, le. professeur de: Lelires anciennes, remontant
jusqu'au berceau de la Poésie hellénique, dont il recherchera les
mystérieux rapports avec la Poësie sacrée dé l'Inde, s'arrêtera
surtout aux immortelles épopées d'Homère. Puis, de là, suivant
le libre et naturel développement de Part en cette terre aimée des
Muses, il étudiera les religieuses origines du drame en Attique et
ses grandes productions, C’est 4 ce jeune maître, Messieurs, qu'il
appartient surtout, entre nous tous, de montrer combien
aujour-
d'hui encore le séjour de la Gréce peut féconder l'étude de ses
antiques monuments. Car c'est en Grèce qu'a commencé ce con-"
cert d'études communes et d'amitié entre nous tous, que le Ministre, par une faveur spéciale, a daigné réunir ici de nouveau,
comme en une autre Athônes, pour nous associer en un commun
enseignement. Mais M. Burnouf a prolongé plus que nous tous
son séjour dans cette patrie des arts, commentant avec les lieux
les œuvres des poëles, et apprenant à mieux saisir la secréte har…
monie du génie d'un peuple et de ses productions avec la nature
du pays où il a vécu. Ses leçons, partagées entre des expositions
entiérement littéraires et l'interprétation des textes mêmes des
auteurs anciens, s'adresseront, nou pas seulement à ceux qui viennent se préparer ici à l'enseignement, mais à tous ceux encore.
-dont la studieuse jeunesse s’est éprise pour tous ces doctes et aimables génies de l'antiquité, qui sont en possession depuis tant
de siècles d’instruire et d’enchanter la terre. Els apprendront ici à
goûter davantage, dans son heureuse et puissante originalité, cet
esprit Grec, qui d’instinct a trouvé le beau dans tous les genres,
et laïssé aux arts d'inimitables modèles. Rome apparaîtra à son
tour, s'appropriant comme une conquête la civilisation de la Gréce,
la transformant selon son fort et orgueilleux génie, la portant avec
ses armes jnsqu’aux extrémités du monde, et laissant partout une
empreinte si puissante de sa pensée que toute notre vie moderne
en est encore pleine.
La chaire de Littérature française ne fera presqué que continuer
cet enseignement. Car, depuis la Renaissance surtout, notre Littérature s’est développée sous la double inspiration de la pensée
chrétienne et de l'art antique, qu'elle est parvenueà réconcilier
dans une incomparable harmonie. C’est au glorieux siècle de
Louis XIV principalement
que je m'arréterai, en toute occasion,
avec plus de complaisance. Rien n'égale encore, en effet, dans
l'histoire du monde, cet admirable concert de grandes œuvres et
de beaux génies. Il faut y revenir avec ardeur. Car, peut-être, le
culte s'en était-ilun peu affaibli parmi nous; affadis et gâtés par la
lecture malsaine des œuvres contemporaines, peut-être ne goûlions-
. nous plus assez ces forts et sévères ouvrages qui font tant d'honneur
à la nature humaine, Retournons à ces maîtres de la vie; réapprenons à les comprendre, à les sentir, à les aimer. Pour moi, j'en
sens si vivement le besoin que, dès celte année même, où le Moyen
Age doit faire l'objet principal de mon enseignement, j'ai voulu
néanmoins réserver déjà une place à des lectures et à des études
choisies dans les œuvres du grand siècle. y consacrerai particu
Hèrement ma conférence du mardi. Le samedi seulement aura lieu
Ja leçon d'Histoire littéraire, dans laquelle je me propose de vous
exposer cette année le développement des Lettres françaises depuis la fin du XI: siècle jusqu'à la Renaissance. Car aujourd'hui,
Messieurs, grâce à de doctes recherches, lé Moyen Age nous est
rendu. Relégué longtemps dans les ténèbres de la barbarie par les
injustes dédains du XVI: siècle, éclipsé par lessplendeurs du XVIK,
insulté et méconnu par le XVIIE, il a reparu, à notre époque impartiale, dans toute sa grandeur. Dans cette poussière du passé,
sous des formes et à travers une langue qui étonnent d'abord notre
goût classique, on a retrouvé toute une littérature, toute une civilisation, avec ses livres de science, d'histoire, d'art et de poésie;
on à reconnu que le siécle de saint Louis avaït été pour le Moyen
Âge ce qu'est le siècle de Louis XIV pour les temps modernes.
Aussi, désormais, n'est-il plus possible de faire l'histoire des
lettres françaises, sans
remonter
au moins à l'époque des Croi-
sades et de Philippe-Auguste,
La chaire de Littérature étrangère complète cet enseignement
de noire Faculté : complément désormais indispensable. Car, le
temps n'est plus, où la France, trop fière de son génie, affectait
d'ignorer et de dédaigner tout ce qui se faisait à l'étranger, où
Voltaire traitait Shakspeare de sauvage ivre, et souhaitait aux
Allemands plus d'esprit et moins de consonnes, El était plus commode pour notre vanité de mépriser, que de connaître. Mais au-
—
Àk
—
jourd'hui, que les barriéres des peuples se sont abaïissées, et
qu'au delà de notre horizon, de nouveaux mondes de la pensée
se sont ouverts pour nous, nous avons appris, aprés un premier
étonnement, à mieux juger un génie autre que le nôtre, et à goûter
avec une sympathique admiration Îles œuvres étrangères dans leur .
originalité. L'Ftalie, l'Espagne, l'Allemagne, où le succés de nos
armes nous a tour à tour entraînés, nous avaient montré leurs
richesses littéraires: et cette conquête du moins nous devait de-
meurer. Car, si les armes reprennent souvent ce qui a été pris
chaire a été confiée, et qui y débute sous les auspices
d'un nom
illustré déjà par son père, dans ce genre d'études, n'assure ici
un succès dürable à cet enseignement si varié et si curieux.
M. Mézières commencera celie année sa revue des littératures
étrangères par l'Italie, en s’attachant 4 l'histoire de la poésie itaKenne, depuis la renaissance jusqu'à la fin du X VIEIL: siécle, et
en marquant surtout l'influence, qu'ont exercée sur son brillant
développement les lettres et les arts retrouvés de l'antiquité, La
Littérature italienne avait droit au premier hommage du jeune
-professeur. À son retour de Grèce, litalie a longtemps arrêté
M. Mézières: c’est la patrie de prédilection de ses études. La
poésie italienne, d'ailleurs,
est la première
dont la France
ait:
subi l'influence. Car c'est l'Italie qui, dans le réveil des arts au
XV: siécle, a devancé tous les peuples de l’Europe, en les éblouis-
sant de ses splendeurs.
|
Tel est, Messieurs, dans son ensemble l'enseignement que
notre Faculté offrira à la jeunesse de ce pays? Puisse-t-il ne point
rester au-dessous de votre attente, et justifier par son succès les
espérances que vous avez fondées là-dessus, et l’empressement
généreux de nos Magistrats municipaux à solliciter celte institution du Gouvernement, et à la doter d'une facon si libérale.
3
par les armes, les conquêtes de la pensée n’ont point de retour,
Depuis 1815, en effet, les littératures des divers pays de l'Europe occidentale ne forment plus qu'une seule littérature, mais .
où c'est toujours l'ambition et l'orgueil de la France de garder le
premier rang. Désormais donc, l'étude des langues et des littératures étrangères devait tenir une large place dans l’enseignement public. Et je.ne doute pas que le jeune maître, à qui cette
Nous nous mettons du moins à l'œuvre avec ardeur 5 mais nous
vous demandons, à tous en même {emps, votré bienveillante coopé-
ration. L'Etat et la ville ont fondé l'établissement; mais c’est à
nous maintenant à fonder l’enseignement, à nous tous, auditeurs
et maîtres. Car cette tâche est en commun, et nous nous devons
un mutuel et assidu concours. Pour nous, vous nous trouverez
toujours prêts à multiplier nos efforts, pour seconder les études
d'une jeunesse laborieuse; mais nous aimons aussi à compter sur
elle, Qu’une Université ici ne soit pas une vaine parure.pour la
vanité d'une ville, mais une institution efficace, qui porte de
vrais fruits. Quant à moi, j'ai foi dans notre avenir. Aussi, dés que
nos Facultés de Nancy ont été décrétées, n'ai-je pas hésifé à
rompre des liens anciens et chers, qui m'aftachaient à l'Ecole
normale et à la Faculté de Paris, pour venir m'associer
à cette
œuvre patriotique. Enfant de Nancy, élève de son Lycée, il m'est
doux, aprés bien des années, de rentrer au milieu de vous ; et ce
n’est pas sans émotion que je me retrouve dans cette salle, où je
venais, écolier, recueillir mes premiéres couronnes, et devant les
hommes qui ont guidé mes premiers pas dans la vie, et m'ont
toujours suivi au loin de leur pieuse sollicitude. L'accueil qui
m'attendait ici a dépassé encore mon espérance, et profondément
touché mon cœur. Mon vœu est accompli, de venir poursuivre
désormais ma carrière aux lieux où elle a commencé. J'ai recu
ici les premières semences d'instruction ; aujourd'hui, que la ma
turité est venue pour moi, je voudrais, dans ma reconnaissance,
vous rapporter une plus ample moïsson; mais telle quelle, je suis
heureux du moins de vous consacrer désormais, Messieurs, toutes
mes études et toute mon ardeur.
LEO
OPEN
SS
+
DISCOURS
|
PRONONCÉ
M. EDMOND
PAR
SIMONIN, DIRECTEUR DE L'ÉCOLE
DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE.
TE
nue
Monseur LE RecrEeur,
MonseiGNEUR,
Messigurs,
L'usage veut que, lors des séances consacrées uniquement à
l'instruction supérieure, les Directeurs des Ecoles de médecine et
de pharmacie résument les faits intéressants qui appartiennent à
l’ordre de la médecine. Mais avant de faire cetie courte exposition, j'ai un devoir à remplir. Je dois adresser à M. Faye,
Recteur de l'Académie de Nancy, l'expression de la reconnais
sance de l'Ecole pour le bien que sa haute position lui a permis
d'y réaliser, lui offrir l'assurance des sentiments de gratitude
des professeurs, pour la bienveillance qu'il a témoignée à chacun
d'eux, et le remercier personnellement
d'avoir bien voulu
con-
tinuer avec le Directeur de l'Ecole, les rapports auxquels, depuis
plusieurs années, la bonté de MM. Caresme, Guillemin et Percin
l'avait habitué.
Après les deux discours qui ont marqué si nettement un point
de départ dans le professorat de plusieurs parties du haut enseignement, je dois à mon tour indiquer, comme
faits principaux,
les modifications générales qui viennent ‘d'agrandir
et d'élever
_— 48 —
la mission de toutes les Ecoles de médecine, et faire connaitre
surtout la transformation
spéciale de l'Ecole
de Nancy,
rendue
possible par la création de la Faculté des Sciences de notre Académie. Aprés l'exposition de ces faits importants qu'une heureuse
coïncidence permet de solenniser dans cette réunion qui a pour
but d'inaugurer un nouvel avenir dans toutes les branches de l'enseignement supérieur, je devrai encore vous signaler les résultats
les plus sérieux et les plus récents de l’enseignement médical qui,
sous des titres divers, et avec des fortunes diverses, subsiste
depuis plusieurs siècles dans notre contrée.
Toutes les Ecoles de médecine et de pharmacie vont prendre
une importance et une vie nouvelle, par suite des prescriptions
du décret du 22 août dernier qui transporte, des jurys médicaux,
à ces établissements le droit de délivrer les certificats d'aptitude
pour les professions d’officier de santé et de pharmacien de seconde classe, pour celles de sage-femme et d'herboriste du se-
cond degré. La loi du 10 mars 1803 avait établi les jurys des
départements sous la pression d'impérieuses nécessités sociales ;
mais leur raison d’être ne pouvait se légitimer, aprés quarante
années, en face de l'heureux développement donné à l’enseignement médical, par la création de ces annexes des Facultés de
médecine et des Ecoles supérieures de pharmacie, qui, connues,
dés 1806,
curent,
en
sous le nom
d'Écoles secondaires de médecine, re-
1840, le titre d'Ecoles
préparatoires,
dénomination
qui ne peut subsister longtemps encore, puisqu'elle ne se trouve
pas en harmonie avec les réformes radicales opérées par le
récent décret.
Dans une lettre (1), à laquelle j'ai déjà emprunté plusieurs expressions, Son Excellence le Ministre de l'Instruction publique
et des Cultes, appréciait, de la manière suivante, l'institution des
anciens jurys. « Non-seulement cette institution devenait inutile,
mais elle créait une position singuliére et fâcheuse à nos Ecoles
qui, chargées de l’enseignement médical et pharmaceutique, se
trouvaient privées du droit de vérifier l'aptitude de ceux qui aspirent à pratiquer la médecine et la pharmacie. Il appartenait à
ces écoles de maintenir et d’élever par l'enseignement le niveau
des connaissances médicales ; de répandre et de sanctionner les
_
meilleures
méthodes,
49
—
les plus saines doctrines, les pratiques les
plus sûres, et il ne leur appartenait pas de juger si ceux aux mains
de qui doit être remise la santé publique possédent des connaissances offrant des garanties suffisantes.
Les nouvelles dispositions du décret font cesser cetle situation
anormale. Elles restituent aux Ecoles préparatoires une mission
pour laquelle elles sont si compétentes, et ces dispositions ne
peuvent que profiter à l'art médical lui-même. En rattachant né-
cessairement
la direction
des épreuves
pour
la
délivrance des
grades à la direction de l'enseignement, elles imprimentà ces
épreuves un caractère d'unité qui les rendra plus sérieuses et
leur donnera plus de valeur. »
Mais, Messieurs, je me hâte de Le proclamer, ce décret, qui
donne une entière satisfaction à la logique, avait déjà recu dans
nofre département
une grande partie de son exécution. Depuis
longtemps le bon sens général amenait à des études réelles,
sérieuses et publiques les candidats qui, aux {ermes de la loi de
4803, eussent pu motiver sur des certificais illusoires de pratique
leur comparution devant les examinateurs, Quant aux membres
des jurys, ils étaient toujours choisis par l'autorité supérieure dans
le sein de l'Ecole de médecine; ils furent, pendant bien des
années, nos maîtres avant que nous devinssions leurs collégues, .
et la préoccupation constante qui les dirigeait, ainsi que les mem
- bres qui leur étaient adjoints, n'avait pour but que le bien public.
Aussi,à la veille de leur succèder, n'avons-nous qu'un seul
désir, C'est celui de les imiter.
Au moment où les Ecoles de médecine et de pharmacie sont
investies du droit de conférer des grades définitifs, l'Ecole de
Nancy trouve, dans l'établissement de nos Facultés, un nouveau
moyen de succès pour les études ef, peut-être aussi, un nouvel
espoir pour l'avenir.
|
Cette récente création des Facultés donne une satisfaction, déjà
bien vive, à.des désirs constants et que Ia tradifion d'un passé
glorieux semble légitimer, de voir renaître, fout entiére, notre
ancienne Université, avec les modifications que doivent lui apporter, à la fois, et la tolérance, qui de nos jours éléve si haut
dans l'estime publique les convictions religieuses, et les transfor4
.
—
50
—
mations opérées dans l'étude des lettres, dans celle du droit et
surtout dans les travaux scientifiques.
Ne
toute
liens
sous
peut-on pas dire, aussi, pour justifier ces désirs, que dans
grande nation les diverses contrées, bien que réunies par les
puissants d'affection et d’unité complète de vue, différent,
le rapport intellectuel et moral, comme sous le rapport phy-
sique, et que
des
aptitudes diverses
des populations résuitent,
nécessairement, des goûts et des besoins différents ?
Gserai-je, devant un grand nombre d'auditeurs intéressés, tenter l'application de cette vérité 4 notre sol natal? Permettez-moi
de l'essayer, car si l'amour de l’impartialité et l'habitude des re"
cherches qui appartient au professorat médical peuvent empêcher les illusions de l’orgueil, lorsque l’on tente de suivre le
précepte antique de se connaitre soi-même, à plus forte raison,
peut-on espérer de se préserver de l'erreur lorsque, au point de
vue physiologique et psychologique, l'on veut rechercher
les traits
qui caractérisent l’esprit ou le génie propre à toute forte nation,
ou à lune des parties importantes de son territoire,
|
. L'esprit, dans les contrées qui furent la Lorraine, différe, réellement, du génie spécial aux régions qui nous entourent, et il ne
faut pas être un observateur bien attentif pour se convaincre
qu'il constitue une forme particulière de l'intelligence, placée,
comme fransition, entre les formes que l’on rencontre au midi, et
celles qui dominent dans
les contrées da nord. Cet esprit impro-
pre, en général, à produire les brillantes et rapides étincelles de
la pensée, qui, trop souvent, trompent l'oreille, comme l'œil du
voyageur est égaré par les lueurs fugitives, émanées des terrains
sans consistance, parfois pernicieux et que la culture fait dispa
raître de jour en jour, ne se berce point, non plus, dans les ré
veries qui semblent les produits de cerveaux souflrants, quand
elles ne sont pointrégularisées par une intelligence supérieure et
ramenées par elie à la réalité que le sens humain général a reconnue. identifié avec les sentiments les plus vifs du cœur, mais
dont l'expression est toujours maïntenue en de sages et fermes
limites, dirigé, sans cesse, par le mâle sentiment du devoir et de
la moralité, cet esprit me paraît, parmiles nombreuses définitions,
mériter celle de raison enjouée qu'a formulée #. Ampère.
_—
4,
—
N'est-ce point ce tempérament particulier de l'esprit, dont la
froideur apparente donne la certitude de la sûreté et de la durée
des rapports sociaux, qui est l'origine d’une: certaine défiance, à.
l'occasion de succès trop subits,. et de cette aspiration constante
vers ce qui est vérité, vers ce qui est bien et vers ce qui est
beau, à laquelle nous devons rapporter la naïssance de toutes les.
associations littéraires, scientifiques, et artistiques, et de ces en
seignements nombreux et divers qui, dans nos contrées, ont établi
un trait d'union entre le passé éloigné de plus d'un demi-siècle’
etun avenir devenu, en ce moment même, en partie, le présent.
N'est-ce point cette forme spéciale de
Fintelligence qui à motivé.
cette alliance heureuse, et toujours subsistan(e entre les esprits distingués, pour repousser la tendance contagieuse 4 se priver des
plaisirs de l'esprit et à remplacer ces nobles, pures et saines jouissances par des plaisirs plus sensuels, par le confortable sans distinction et par le luxe inintelligent. Doit-on s'étonner du désir ardentde
voir se rouvrir un sanciuaire des lettres dans un pays où chacun
connaît les vers de Gilbert, dans une contrée où des élèves de
Michel Ange doivent à leur ciseau une immense renommée, et
qui fut la patrie de ce grand paysagiste, dontle nom a été changé,
par le monde entier, en celui du Lorrain. Doit-on être surpris de
la noble ambition d'ajouter de nouvelles
aux fravaux sérieux
conquêtes
scientifiques
et utiles qui rappellent fant de noms de
savants dont la liste ouverte, depuis bientôt trois siécles, par le
nom de Charles Le Pois se termine, aujourd’hui, par celui de
M. Alexandre de Haldat. Pour ne point sortir de l’objet de celte
cérémonie, destinée aux lettres et aux sciences;:.je n'évoquerai
point les souvenirs qui, parmi nous, s'attachent, aussi, aux études
théologiques, et aux études du droit illus{rées, de nos jours, par
des noms prononcés dans une solennité toute récente et qui
vibrent encore à nos oreilles charmées (2),
L'Ecole de médecine, vous le savez, Messieurs, s'est associée,
constamment, aux efforts que je viens de rappeler et dans ces dernières années elle a, volontairement, ajouté à ses fravaux une
partie de l'enseignement d'une Faculté des Sciences dont elle
- cherchait, ainsi, à préparer la venue.
Mais nous devons l'avouer, dans cetie lutte de toutes les com
.
—
52
—
pagnies et de lous les corps savants, pout conserver intactes de .
recommandables traditions locales, pour satisfaire aux périlleuses
exigences du moment, tout en se préoccupant des succès futurs,
les travailleurs ressemblaient à une
troupe
peu nombreuse,
ienant constamment sur la défensive, réparant, sans cesse,
se
des
brèches incessamment reproduites, changeant d'armes et de but,
et se
nulle
grâce
venue
portant, sans relâche, d'un point à un autre pour ne céder
part, Désormais les conditions du combat seront changées,
à l'arrivée de puissants auxiliaires dont nous saluons la
avec bonheur, et avec l'espérance que l'affection se join
dra, bientôt, à l'estime et à la sympathie qu'ils ont déjà inspirée.
Tandis que l'une de nos Facultés aïdera les littérateurs à surmonter les obstacles dans la route qu'ils ont déjà suivie, l'autre
affermira le drapeau de la science que l'Ecole de médecine à
arboré et qui à couvert ses récents succès.
L'initiation d’une nombreuse jeunesse aux secrets des déconvertes scientifiques n'est pas l'unique service que la Faculté est
appelée à rendre parmi nous. Le décret du 6 décembre 1854
qu'il ne faut pas
séparer du décret du 22 août,
en
réorga-
nisant l'Ecole de médecine détermine entre elle et la Faculté une
fusion tellement intime
que les deux
enseignements,
n'offriront
plus, en quelque sorle, à nos élèves qu'un seul et vaste programme d'études, au lieu de deux programmes ordinairement
séparés. Le doyen de la Faculté des Sciences a, tout à l’heure,
+ signalé des faits dont je ne dois plus répéter les détails’ mais je
ne puis passer sous silence les conséquences sérieuses d'une
transformation qui, sanctionnée depuis hier par l'Empereur, a
placé l'Ecole de Nancy dans les conditions heureuses, et encore
exceptionnelles, où se trouvent, depuis peu, les Écoles de Lyon
et de Bordeaux. Gette transformation permettra le développement
de plusieurs de nos cours ef la création de sources nouvellés d'instruction pratique, par suite de la cession d'une partie de l'ensei- .
gnemenf scientifique faite aux professeurs de la Faculté devenus,
ainsi, de nouveaux collaborateurs de l'Ecole de médecine, au
moment
où le décret qui a été lu tout à l'heure assure la valeur
et la continuité de ses travaux, en lui donnant le droit de porter
de dix à quinze le nombre de ses professeurs (3).
_—
Hz
—
Quelques-uns de nos cours ne subiront aucune modification.
Cinq cliniques seront
ouvertes
aux
élèves
cette année, comme
pendant les années précédentes, et huit autres cours seront des-
tinés à l'anatomie théorique et pratique et à la physiologie, à la
pathologie chirurgicale et à la médecine opératoire, à la pathologie inlerne et aux accouchements. Les nouveaux résultats
décrétés en faveur des élèves seront dus à la transformation immédiate de la chaire d'histoire naturelle et de matière médicale,
et à celle de la chaire de chimie.
Dégagé d'une partie de ses devoirs, autrefois trop nombreux,
le professeur de matière niédicale et de thérapeutique pourra
donner à son nouvel enseignement le développement et l'importance que réclame un cours dans lequel le professeur, en faisant
connaître tous les produits qui sont convertis en remèdes, doit
développer l'intelligence de ses auditeurs, par des appréciations
de haute pratique, et par des considérations philosophiques, et
leur prouver que si la puissance du médecin peut être très-efficace dans la cure de certaines maladies, cette puissance à, toutefois, des limites infranchissables, qu'elle doit être invoquée plus
rarement qu'on ne le croit, et, toujours, pour favoriser l'action
des lois qui régissent l'économie humaine, au même degré que les
lois qui président à l'ordre de l'Univers. Un de nos collègues, qui
s’est acquis une baute considération dans le cours de chimie,
devra à la modification de ce cours, transformé en chaire de toxicologie et de pharmacie, de pouvoir initier les élèves à ces études
sévères qui élévent la médecine à la hauteur d'un tribunal sans
appel et qui, lors de débats solennels, font passer dans l'esprit
des jurés la conviction qu'elles ont inspirée à la conscience des
magistrats. Cette transformation de l’enseignement crée aussi un
cours nouveau
de pharmacie, en faveur d'une catégorie nombreuse
d'éléves que le décret du 22 août appelle, pendant plusieurs
années, dans les Ecoles de médecine, afin de faire participer,
désormais, tous les élèves en pharmacie, sans exception, aux
bienfaits de l'enseignement supérieur.
En remettant plusieurs parties de l'instruction scientifique aux
professeurs de la Faculté, l'Ecole ressent la satisfaction de voir
cet enscignement assuré, ct mis à l'abri de toute éventualilé
|
—
54
—
fâcheuse, par la Hibéralité de l'Etat répondant, ainsi, heureusement
au bien réalisé par le conseil municipal, et dont l'Ecole de médecine aime à exprimer sa vive reconnaissance.
|
Si nos éléves ne peuvent guëre concevoir l’espérance de s'occuper tous de l'objet du cours du savant membre de l’Institut
‘qui nous préside aujourd'hui, ils devront tous assister, assidûment, aux leçons
de chimie, aux répétitions et aux manipu-
lations qui doivent les faire fruclifier; tous devront suivre les
herborisations et le cours d'histoire naturelle, que nous voyons,
avec
plaisir, professé de nouveau par notre ancien Directeur,
et beaucoup d'entre eux iront chercher aux démonstrations de
physique le complément de l'instruction déjà acquise dans les
lycées.
.
Beaucoup aussi, j'aime à le penser, puiseront, dans les divers
cours de la faculté des Lettres, une connaissance plus appro-
fondie de l'histoire et des œuvres de l'antiquité et des temps modernes, aborderont sérieusement l'étude importante &e la philosophie trop négligée, et pourront, ainsi, perfectionner en eux, au
profit de leur -existence entière, ce sentiment divin et poétique
de l'idéal qui empêche l'humanité de s'abaïsser à la seule satis…
faction de ses intérêts matériels, et qui, dans la littérature et
dans les sciences, comme dans les arts, élève l'homme vers
Dieu, principe unique et but unique de ses efforts.
Aujourd’hui, je ne vous retracerai pas les faits scolaires de
l'année qui vient de s’écouler. La proclamation des prix, des
mentions
honorables et des résultats de plusieurs concours vous
prouvera que MM. les élèves ont mérité les récompenses attribuées à l’assiduité et au travail, et j'ai hâte de vous signaler des
faits plus intéressants, parce qu'ils se rapportent aux services que
l'Ecole et ses élèves ont eu le bonheur de rendre 4 notre contrée.
Lorsque les circonstances politiques dans lesquelles le pays est
si noblement engagé, motivérent le départ pour nos armées d'un
grand nombre de chirurgiens, dix de nos élèves furent chargés
par l'Intendance de remplacer nos confréres dans les hôpitaux
militaires. Mais c’est à l'occasion d'un malheur public que jé dois,
surtout, vous signaler le dévouement que le choléra a fait éclater
parmi nos élèves, au profit des malheureux malades.
_—
55
—
Lorsque le fléau asiatique vint étendre ses ravages sur ün grand
nombre de communes de notre département et des départeménts
voisins, le personnel médical ne put suffire, pour porter partout, et
au même instant, les secours qui étaient réclamés par des populations livrées à l'anxiété la plus vive. M. le Préfet de la Meurthe et
les hauts fonctionnaires de la Moselle et de la Meuse, firent appel
à l'humanité des élèves de l'Ecole de Nancy et leur confiance ne
fut pas trompée. Dans une seule matinée, presque tous les élèves,
dont le ternps d'études offrait une garantie suffisante d'instruction,
se firent inscrire et je dus, à regret, éloigner de cette liste hono-
rable les élèves, qui, trop nouveau-venus, n'avaient généreusement consulté que leur zèle. I fallait, en effet, présenter à la
confiance des populations, non-seulement des hommes capables
de formuler un bon
avis, mais ayant en eux la puissance suffi.
sante pour le faire exécuter sur le champ, et pour se créer,
scientifiquement, les protecteurs de plusieurs milliers de malades
qui, habituellement, reçoivent des soins de personnes trés-hono-
rables, mais étrangères à l’art médical,
on qui sont dirigés par
tous ceux qui ont intérêt à profiter des erreurs de jugement que
nous voyons se succéder sans relâche, sur tous les degrés de
l'échelle sociale, sans exception, comme pour prouver à l'homme
si vain de son intelligence, que celte intelligence n'arrive que
bien
rarement
à être
complète.
MM.
les
élèves,
avant
leur
envoi en missions, avaient étudié dans les cliniques tous les éléments connus de la question du choléra; ils partaient munis
d'instructions écrites, et, à leur départ, ils recevaient de plus
d’une bouche amie, les conseils qui pouvaient leur rendre moins
dangereux les divers écueils qui devaient, nécessairement, se
présenter, au début de leur pratique et au milieu de circonstances aussi exceptionnelles. Mais, du jour au lendemain, quelle
transformation devait s’opérer chez ces jeunes praticiens ! que de
nouvelles et rudes habitudes à contracter, sur le champ, dans
des localités ignorantes de tout bien-être, pauvres et d’autant
plus éprouvées ! que de fatigues du jour succédant, sans transition aucune, à la vie calme des études ! que de nuits consacrées
aux nombreux actes du devoir, et au lieu de ce devoir sans
combat, et offrant un vif intérêt sans causer de fatigues, tel que
_
BG
—
les cliniques régulières des hôpitaux en offrent l'exemple jour-
nalier, que de discussions banales à subir, que de préjugés sur-
prenants à surmonter, que de volontés ininielligentes à vaincre,
dans la seule vue de produire le bien! Puis, quel triste spectacle
que celui d'assister, sans retraite possible, aux moris qui mar-
quaient
pendant
pendant
venait,
chaque heure ; et au milieu de ces efforls, soutenus non
quelques jours, mais pendant plusieurs semaines, mais
plus d’un mois, que d'illusions tombées à la lumiére qui
brusquement, éclairer les parties les plus cachées et les
moins nobles du cœur humain ; que d’angoisses aussi, que de
chagrin, quand, après l'emploi des moyens qui paraissaient
avoir décidé les premiers succés, survenaient les revers qui révélaient l'intensité de la cause du mal! Sans doute, Messieurs
les élèves, vous que votre récente pralique vient de rapprocher
plus intimement encore de vos maïtres, par ce grave enseigne-
ment des faits sérieux que vous avez souvent dirigés, mais qui,
plus souvent, vous ont démoniré l'impuissance de l’homme en
face des grands fléaux qu’il n'a pas eu la volonté ou ia puis-
sance d'éviter; sans nul doute, en écoutant les conseils que nous
formulions, d'une manière si posilive, à votre départ, vous éliez
loin de supposer l'étendue de votre dévouement et quel serait le
poids de vos fatigues d'esprit et de vos fatigues physiques.
Aujourd’hui, vous comprenez combien vos professeurs devaient
vous suivre d'un œil inquiet et interroger tous vos actes pour
savoir si, à côté de votre science acquise, se trouveraient les
qualités du caractère qui devaient la rendre féconde, et le ressort
de l'âme qui permet de dominer les situations; pour savoir également si votre organisation physique aurait la trempe suffisante
pour résister aux fatigues que plusieurs années de noviciat ne
font point toujours surmonter.
À mon premier appel, vos familles vous avaient envoyés, sans
hésitation, des extrémités de départements voisins, souvent même
sans connaître les localités qui devaient être le théâtre de vos
généreux
ceflorts.
Plusieurs
d'entre
vous
partaient, bien
plus
souffrants que certains malades dont ils allaient relever le moral,
et quelques autres, forcés, au milieu de leur mission, de s’avouer
vaincus par la maladie, quittaient,
après
quelques
heures
ou
_—
HT
—
aprés quelques jours, leur lit de malade et retournaient
à leur
poste si honorable, mais si périlleux. Vous ne doutez pas, aujour-
d'hui, de la secréte anxiété que nous éprouvions, en nous demandant, tout bas, si tous vous reviendriez de cette véritable campagne,
où par ces sentiments du devoir qui, en ce moment, unissent,
d'une extrémité de l'Europe 4 l'autre, tous les cœurs français, et
par des efforts moins brillants mais
tout aussi patriotiques, vous
alliez vous associer aux héroïques faits d'armes et aux nobles
actions de la chirurgie militaire de notre armée d'Orient.
Grâce à Dieu, votre dévouement n’a point coûté de larmes,
et cependant le succès
de
vingt-sept
missions officielles a été
aussi complet que la nature grave et exceptionnelle des choses
permettait de l'espérer (4).
Je ne puis, Messieurs les éléves,
citer ici vos noms,
car j'ai
trop à direà votre louange. Vous connaissez déjà la haute opinion que vos actes ont inspirée à vos professeurs; mais vous
ignorez encore combien votre tact, voire intelligence, votre dévouement, et je dois ajouter votre courage et votre désintéressement, ont été appréciés des populations auxquelles vous avez, si
rapidement, apporté confiance, espoir et secours. De toutes parts,
des expressions de vive reconnaissance me sont parvenues. Les
administrateurs de tous ordres ont signalé combien votre présence au milieu de leurs administrés, laisserait de longs et honorables souvenirs. De hauts fonctionnaires
se sont fait un devoir,
je cile ici leurs termes, de m'adresser des remerciments et de me
faire connaître leur entiére satisfaction de vos bons services. Les
administrateurs de nos hôpitaux se sont associés à ces démonstrations, et M. le Préfet de la Meurthe s’est plu, dans un rapport
général, à exprimer tous les sentiments que votre dévonementa
fait naître en lui.
-
Le Gouvernement, je n'en doute point, ne laissera pas ces ser-
vices sans récompenses, et, déjà, des propositions ont été trans-
mises à S. Exc. le Ministre de linstruetion publique et à S. Exc.
le Ministre de l’agriculture et du commerce. Mais, Messieurs les
élèves, ce serait abaisser le caractère de votre mission, pendant
l'épidémie du choléra, que de chercher à l’apprécier par une
énumération de récompenses officielles. Vous avez. trouvé, dans
—
38
—
votre conscience, la vraie récompense de l'honnète home, de
l'homme de bien, et la seule qui, dans cette carriére où vous êtes
entrés déjà avec honneur, doit être l’unique mobile de tous vos
actes.
NOTES.
FAN ENG NS
(1) Lettre, en date du 5 octobre 1854,
traction publique
médecine.
et des Culles,
de Son Excellence le Ministre de l'Ins-
à M. Bérard, Inspecteur général de l'ordre de la
(2) De l'influence des études théoriques sur l'application des lois et la pratique des.
affaires. Discours prononcé, le 5 novembre 1854, à l'audience de rentrée de la Cour
impériale de Nancy, par M. Saudbreuil, avocat général.
(3} Voici l'indication des diverses formes de l’enseignement médical qui ont succédé à la chute des Universités provinciales frappées, comme tous les corps enscignants, par le décret rendu, le 18 août 792, par l’Assemblée nationale.
17e ronme. Enseignement libre. Professorat volontaire. Traitement des professeurs constitué par les élèves.
Diversité extrême dans les matières enseignées sans
contrôle. Plus tard certificats de scolarité admis par le gouvernement, non-seule-
ment pour ces associations enseignantes, mais
aussi pour l’enseignement donné par
tont docteuren médecine. Le décret
du 22 août 1854 a seul aboli les certifieats de scolarité particulière que tout candidat au titre d’officier de santé pouvait utiliser devant
les jurys dont la mission est terminée depuis la fin de septembre 1854. L’enseignement libre s’éleva, à Nancy, presque immédiatement après la chute de la Faculté de
médecine, du collège de médecine et du collége de chirurgie.
,
2 rorue. Ecole secondaire de médecine. Professeurs choisis par le Ministre de
l'instruction publique. Traitement des professeurs reposant encore sur le produit
des inscriptions dont la date et le nombre sont déterminés. Budget des cours assuré
par un vole de 1,000 fr., formulé par le Conseil municipal de la ville ou siége Pé-
_—
60
—
cole, ou par le Conseil général du département, ou par la Commission des hôpitaux
civils. Temps de scolarité ayant la valeur des deux tiers du temps réel, mais obligation pour les élèves passant dans les facultés de donner une seconde fois les sommes déjà versées par eux aux écoles secondaires. En 1835, l'Etat abolit ces doubles
frais de scolarité et depuis il a tenu compte à l’élève de toute somme versée. L’ensei-
gnement libre d'Amiens fut transformé le premier en 4806 ; celui de Nancy fut modifié le dernier et ne prit rang dans l'Université qu’en 1822.
5° rorue. Écoles préparatoires de médecine et de phurmucie. Le chiffre des pro-
fesseurs des écoles secondaires transformées en écoles préparatoires, à partir de 1840,
est porté de 6 à 10, non compris des attachés. Le traitement des professeurs est as—
suré. Le budget ne peut s’abaisser au-dessous d’un minimum de 43,000 fr. Les
deux premières années d’études ontla valeur du temps passé dans les Facultés. L’école de Nancy est transformée l’avant-dernière, en 1843. Reims vient après. Orléans succombe. Quelques écoles préparatoires sont créées directement. En 1853,
il ne restait plus à transformer
aucune
des 48 écoles
secondaires
primitives; il
existait alors 21 écoles préparatoires.
|
Le décret du 22 août 1854 confère aux écoles préparatoires le droit de réception
des officiers de santé, des pharmaciens de deuxième classe, des sèges-femmes et
des herborisies du deuxième degré.
4° rormg. La création des 16 centres littéraires et scientifiques permet la créa-
tion d’un type nouveau. Fusion de l’enseignement de la Faculté des sciences avec
Penseignement médical, au profit des élèves. Nombre des professeurs porté dans
l'Ecole de médecine de 10 à 45, plus les attachés. Budget élevé de 15,000 à 17,000
fr. Développement de l’enseignement médical. L'Ecole de Lyon reçoit la nouvelle
organisation le 43 août; Bordeaux, le 40 octobre et Nancy le 6 décembre 1854.
(4) Indication des missions confiées, en 4854, dans trois départements, aux élèves
de l’École de médecine, à Poccasion de l'épidémie du choléra, et dans les hôpitaux
militaires de la 5€ division.
49 Missions DONNÉES PENDANT LE CHOLÉRA,
Voici par ordre alphabétique l'indication des localités où les élèves ont été envoyés
et celle du nom de ces élèves.
Département de
la Meurthe.
MM.
Allain-aux-Bœufs........... sevsssssssrsss.s..e
Bloch.
Barbonville, esse
sssoso see...
Blénod-les-Toul., ...,..,,.,..,,,.........,....
Bernard.
Pommier.
MM.
Bouzanvillee see esssesses es seseseserecessss.
sseesesesssessess
CRAMPEROUX « «es.
Crépey. crosses secs
Choloy
nvovuores.se
et Domgermain.-...,..... sesoorssou.e.
Fécocourte
se...
srssaseceessss ...
RE
Frouard. ...,..,,,.,4,4..esseeess --.
Germonville.......,... susssssssssssss.sse.se,.
Gonüreville, ...,....... sons.
Lenoneourt, ...,...,,.,.4.,
seosossresse.s.,
Jesse
sesseses.s
Morey............, érssssgsessessessree...s.
Ochey. ........,...... eressseseeesessss..s..
Pulney,
asso sseescssssesess.s..
Saïizerais, :.....,,..,..,.,.....,. +...
Saint-Firmin.......,.,. sense. possrsseruss .
Thiébault.
ArOUld.
Saintin.
Douillat.
Kuhn.
iLepage.
Durand.
Chrétien.
Mine.
Arnould.
Robinot.
Chaudron.
Tinctlin.
Navarre.
Joyeux.
Vaudeville. ......... eurssesesesessesessess.s..
Pommier.
Velaine-sous-Amance......,.,...,,...,.. vsse.....
Arnould.
Xirocourt.
Rousselot.
...,,,..,...,...,., essor...
Hemelot,
Manson.
À Nancy, Phôpital Saint-Charles a conservé, pendant } Valentin.
les vasances, six élèves de service... ,........ .... ) Thiery.
ï
Bouchon.
\ Bervard.
Département de la Meuse.
Bar-le-Duc... ......,......,.. vesronesess .
Commerey......,.,
....,..,....,.. se...
Vasseur. n
(Kuhn (Philippe).
Lepage.
Département de la Moselle.
Aumetz. ...... sensrersesresse sessessssesrese Magot,
Ars-sur-Moselle..,....,............,,...,..... Christophe.
Dans les Vosges et dans la Haute-Marne, trois élèves
/ Plumerel.
ont apporté également lenr concours, sans avoir reçu de Meanniot.
mission SDÉCÉAUE. eee
ses resserre. (Bailly.
99 FoncTIONS CONFIÉES DANS LA D DIVISION MILITAIRE,
Hôpital militaire de Naneye
se; see...
Fonctions d’aide-major près la garnison de Marsal. .
:
. Hôpital militaire de Metz. ....,...,..,..,.,,,.,+0+{
|
MM.
Piroux.
Pommier.
Magot.
Morel.
Thiébault.
Margot.
Parant.
Christophe.
Hôpital militaire de Sarreguemines... ,....,,.....,.,., Vasseur,
Hôpital militaire de Thionville, ...4,.,,.,..:.,,+
LOCAL
ERC TS
Séintin.
PROCLAMATION
DES
PRIX
ET
MENTIONS
HONORABLES
ET
DES RÉSULTATS
DES CONCOURS.
TTC CEE
Les professeurs de l'Ecole, réunis en conseil le 1° et le 25 octobre 1854, ont décerné, dans l’ordre suivant, les récompenses
annuelles.
PRIX
ET MENTIONS
HONORABLES.
40 ÉLÈVES EN MÉDECINE.
PREMIÈRE ANNÉE D'ÉTUDES.
Prix unique.
M. Forcgor (Alfred), de Vignory (Haute-Marne).
DEUXIÈME
ANNÉE D'ÉTUDES,
Prix.
M. Bacy (Jules), de Bleurville (Vosges).
Mention honorable.
M. Brocarp (Valentin), de Rogéville (Meurthe).
TROISIÈME
ANNÉE
Mention
D ÉTUDES.
honorable.
M. Douircar (Henry), de Mailly (Marne). ‘
_
64
—
PRIX SPÉCIAL POUR LA RÉDASTION DE
M. Douar
OBSERVATIONS.
(Henry).
Blentions
honorables.
MM, Powwicr (Henry), de Bulgnéville (Vosges),
BLocx (Emmanuel), de Metzerwisse (Moselle).
2° ÉLÈVES EN PHARMACIE.
ra
|
Mention honorable.
M. BrésarD (Alexandre), de Tanconville (Meurthe).
_ RÉSULTAT DES CONCOURS.
Le concours pour la place de préparateur-aide du cours d'ana-
tomie a eu lieu le 40 novembre
1854.
M. Boucuon (Nicolas), de Nancy, a été nommé préparateur-
aide.
Le concours pour la place d’aide du cours de médecine opératoire et de déligation chirurgicale a eu lieu le 44 novembre
1854.
M. Curériex (François), de Lunéville, a été nommé aide de ces
cours.
Le concours pour la place de préparateur-aide de toxicologie
et de pharmacie, et pour la place de préparateur-aide de matiére
médicale a eu lieu le 24 novembre
1834,
M. Casrer, de Nancy, a été nommé préparateur-aide de toxicologie et de pharmacie.
M. Lewencien, d'Epernay, a été nommé préparateur-aide du
cours de matière médicale.
ORGUE27
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im. L
428.
.
INSTALLATION
SOLENNELLE
BE
L'ENSEIGNEMENT
FT
LS TE
SUPÉRIEUR.
ae
PROCÈS-VERBAL
des cérémonies. du 7 décembre 1854.
*°
Le rétablissement d’une partie du ‘haut enseignement que com
prenait l’ancienne Université lorraine, dû à la volonté de Sa Majesté
Impériale, à l'initiative de $. E. le Ministre de l'instruction publique et des Cultes et aux votes des trois grands corps de l'Etat était
pour les départements de la Meurthe, de la Meuse, des Vosges et
de la Moselle, qui aujourd’hui constituent la nouvelle Académie,
un
fait trop important pour qu’il ne füt point dignement solennisé.
M. Faye, membre de l’Institut, Recteur de l'Académie de Nancy,
Li
voulant associer à l'installation des Facultés et de l'École de médecine tous les hommes qui, par leurs fonctions où par leurs travaux
_—
6 —
ou par leurs sentiments, sont unis. dans la pensée commune dé
soutenir et d'accroître la gloire de la France à l’aide de tous les
dévouements, avait adressé de nombreuses invitations pour la
messe du Saint-Esprit, célébrée à l'église cathédrale, et pour la
séance tenue, immédiatement après, dans le grand salon de l'hôtel
de ville.
$
En conséquence d’invitations spéciales, les hauts fonctionnaires
et les membres des conseils du département et de la ville se réu-
nissaient à dix heures
ét demie du matin, dans les salles de la
mairie, à l'administration académique, aux professeurs des Facultés
et de l'Ecole de médecine, et se rendaient à onze heures à la cathé-
drale, pour entendre la messe du Saint-Esprit, dite par M. Delalle :
Fun des grands vicaires, et à laquelle assistait, pontificalement, sa
Grandeur Monseigneur l'Evêque de Nancy et de Toul, premier
Aumônier de sa Majesté Impériale, entouré d’un nombreux clergé.
Rien n'avait été omis par M. l'abbé Gridel, curé de NotreDame, pour donner de l'éclat à cette imposante cérémonie, à laquelle les masses chorales de l'école normaleétaient venues apporter
leur important et puissant concours.
A droite, dans la grande nef, les membres des divers corps
constitués ont trouvé place, tandis qu’à gauche se trouvait M, Faye,
en costume de membre de l'Institut, accompagné des quatre inspecteurs de son académie, également en costume,
et des inspecteurs
honoraires, suivis des secrétaires de l'administration. Venaient en-
suite, revêtus de la robe universitaire, le Doyen et les professeurs
de la Faculté des Sciences, le Doyen et.les professeurs de la Faculté
des Lettres, le Directeur, les professeurs et les divers fonctionnaires
de l'École de médecine. Un grand nombre de membres apparte-
nant à divers professorats de Nancy
costume,
à la cérémonie,
assistaient, également en
et l’on remarquait M. le Directeur et
MM. les Professeurs de l'École impériale forestière, M. le Proviseur
et MM. les Professeurs du Lycée. Le publie formait une ceinture
compacte autour des corps officiels.
Après la messe du Saint-Esprit, la bénédiction papale a été
donnée par $. G. Monseigneur l'Évéque de Naney et de Toul, et
un Te Deum a terminé la cérémonie religieuse.
_
TT
—.
À midi la séance d'installation de l'enseignement supérieur à eu
lieu dans le grand salon de l'hôtel de ville, seul local suffisant pour
contenir les invités d’élite, et choisi, aussi, pour placer, en quelque
sorte, sous les auspices du Conseil de la ville de Naney, l'enseigne
ment supérieur qui doit sa dotation au vote si libéral des conseillers
|:
municipaux.
Aux premiers rangs se trouvaient Monseigneur le premier Au-
mônier
de S. M. I.,
M.
Albert Lenglé, préfet de la Meurthe
et
M. le prince de Beauvau, président du Conseil général, suivis des
membres de ce conseil, M. le baron Buquet, député au Corps légis-
latif et maire de Nancy, M. le baron Viard et M. À. Drouot, députés
au Corps législatif, MM. Paul Collenot, Gttenheimer et Bernard,
adjoints au maire et accompagnés des membres du Conseil municipal, M. fe lieutenant général comte de Goyon, aide-de-camp de
$. M. l'Empereur, M. le premier Président Quenoble et MM. les
Présidents de la Cour, M. Lezaud, procureur général et MM. les
membres de son parquet, M. Poillouë de Saint-Mars, général
commandant la subdivision militaire, M. Akermann, recéveur général des finances; tous ces hauts fonctionnaires étaient én cos-tumes officiels et derriëre eux étaient les membres de la cour,
ceux des tribunaux, du parquet, du barreau, les chefs de toutes les
administrations et les citoyens qui, dans toutes les occasions où
Fhonneur de Nancy est intéressé, accourent pour prendre leur part
du bien à réaliser. Les honneurs de la séance étaient faits par trois
professeurs désignés par chacun des trois corps d'instruction supérieure. Sur une estrade se trouvaient les fonctionnaires de FAcadémie et les professeurs dont l'installation allait avoir lieu.
M. le Recteur a ouvert la séance et a donné la parole à M. Hen-
rion, secrétaire de l'Académie, qui a lu les divers décrets consti-
. tuant la Faculté des Sciences, la Faculté des Lettres et réorganisant
: l'École de médecine et de pharmacie, et les arrêtés ministériels con: tenant les nominations aux chaires créées et désignant les Doyens
des Facultés, le Directeur de l’École de médecine et le secrétaire
agent comptable près des Facultés.
M. le Recteur a ensuite prononcé une allocution qui a été suivie
de discours lus par M. Godron, Doyen de la Faculté des Sciences,
.
—
8
—.
>:
.
par M. Benoit, Doyen de la Faculté des Lettres et par M. Edmond
”Simonin, Directeur de FÉcole de médecine et de pharmacie. La
séance a été terminée par la proclamation faite par M. V. Parisot,
secrétaire de l'École, des prix et-des mentions honorables accordés
aux Élèves et des résultats des concours qui ont eu pour but d’assurer les divers services de l’École de médecine.
La séance a été levée à deux heures.
DÉCRETS
ARRÊTÉS MINISTÉRIELS
RELATIFS
À
L'ORGANISATION
DES
FACULTÉS ET DE L'ÉCOLE PRÉPARATOIRE DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE.
—ÉESe—-
FACULTÉ DES SCIENCES.
DÉCRET,
NAPOLÉON,
EnPareuR
PAR LA GRACE DE DIEU ET LA VOLONTÉ NATIONALE,
DES Français,
À tous présents et à venir, salut.
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d'État au département de
linstruction publique et des Gultes.
Vu le décret du 9 mars 4859 ;
Vu Particle 2 et l’article 6 du décret du 22 août 1854, sur lorganisation des Académies ;
æ
Avons décrété et décrétons ce qui suif :
ARTICLE
PREMIER.
Sont nommés à la Faculté des Sciences de Nancy (Faculté nouvelle).
Professeur de mathématiques pures et appliquées, M. FAYE, membre
de l’Institut, recteur de l’Académie de Nancy;
_ 40.
D
Professeur de physique ; M. SeuIx, doctet. êsrscionees, professeur
dé physique au Lycée de Caen ;
.
” Professeur de chimie, M. NicELès, docteur ès-sciences;
|
Professeur d'histoire naturelle, M. Goprow, docteur ès-sciences, ane
cien recteur de l'Académie départementale du Doubs.
“ARTICLE
2.
Notre Ministre Secrétaire d'État au | département de l'instruction
_ publique et des Cultes est chargé de l'exécution du pr résent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 29 novembre 1854.
Signé : NAPOLEON.
Par l'Empereur :
Le
Ministre Secrétaire
d'État au département de Pnstruction
publique et des Cultes.
Signé : H. Fonrour.
Pour extrait :
Le chef du Secrétariat,
Signé : CaarLes Fonrour.
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES.
ARRÈTÉ.
|
|
Le Ministre de lInstrucfion pique et des Cultes,
Vu l'article 3 du décret du 9 mars 1859 ;
Vu le décret du 22 août 1854, surl organisation des Académies:
.
Vu le décret du 29 novembre 4884 ; |
ARRÊTE :
… ARTICLE
.
PREMIER.
Gopron, ancienn recteur, professeur d'histoire naturelle à la.
Faculté des Sciences de Nancy, est nommé Doyen de ladite Faculté.
—
.
À
—
- ARTICLE ©.
:
‘M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de l’exécution du
présent arrêté,
Fait à Paris, le 30 novembre 1854.
Signé : H. Fonrour.
Pour extrait :
Le chef du Secrétariat,
Signé: Cnarzes Fortour,
RSR
FACULTÉ DES LETTRES.
DÉCRET.
NAPOLÉON, PAR LA GRACE DE DIEU ET LA VOLONTÉ NATIONALE,
Empereur nes FRançais.
À tous présents et à venir, salut.
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d’État au département de
Finstruction publique et des Cultes;
Vu le décret du 9 mars 4852;
Vu Particle 2 et l’article 6-du décret du 29 août 1854, sur l’organisation des Académies;
ÂAvons décrété et décrétons ce qui suit ‘
ARTICLE
PREMIER.
Sont nommés :
À la Faculté des Lettres de Nancy (Faculté nouvelle),
Professeur de philosophie, M. Levique, docteur ès-letires, ancien
membre de l’École d'Athènes, chargé de la chaîre de philosophie à la
Faculté des Lettres de Besançon ;
Professeur de littérature ancienne, M. Em. Burnour, docteur èslettres, ancien membre de l'École d'Athènes, professeur dé logique au
Lycée Impérial de Toulouse;
Professeur de littérature française, M. Ch. Benorr, docteur ès-lettres,
19.
ancien mieinbre de PÉcole d'Athènes, agrégé. de. la Faculté des. Lettres
de Paris, maître de conférencesà VÉcole normale supérieure ;
Professeur d’histoire, M. Lacroix, docteur ës-lettres, ancien membre
de l'École d’Athènes, ancien proviseur
du Lycée Impérial
de Nantes.
|
|
ARTICLE 2.
|
Notre Ministre Secrétaire d'État au département de Pinstruction
publique et des Cultes est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 40 octobre 1834.
Signé: NAPOLÉON.
Par l'Empereur :
Le Ministre Secrétaire d'État au département de l'instruction
publique et des Cultes,
Signé : H. Forrous.
Pour extrait:
Pour le chef du Secrétariat,
Signé : P. Couuin
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES.
Santé
ARRÊTÉS.
Le Ministre de lPinstruction publique et des Cultes ;
Vu Particle 3 du décret du 9 mars 4832
;
Vu l'article à et Particie 9 du décretdu 22 août 1854, ‘sur Vorga-
nisation des Académies ;
ARRÊTE :
ARTICLE PREMIER.
DE
M. Mézrknxs, docteur ès-lettres, ancien membre de l’École d'Athènes, |
professeur de rhétorique au Lycée Impérial de Toulouse, est chargé de
la chaire de liltérature étrangère , à la Faculté des Lettres de Nancy
(Faculté nouvelle},
—
15
ARTICLE 2.
M. le Recteur de l'Académie de Nancy, est chargé de Pexécution du
présent arrêté.
Fait à Paris,
le 40 octobre 1854.
|
Signé: H, ForTour.
Pour ampliation :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé : P. Cours.
Le Ministre de l'instruction publique et des Cultes,
Vu l'article 3 du décret du 9 mars 1852 ; |
Vu l'article 2 du décret du 22 août 1834,
Académies;
sur l'organisation des
Vu le décret du 10 octobre 1854 :
ARRÈÊTE:
ARTICLE
PREMIER.
M. Cu. Benorr, professeur ‘de littérature française à la Faculté des
Lettres de Nancy, est nommé Doyen de ladite Faculté.
ARTICLE 2,
M. le Recteur de l’Académie de
présent arrêté,
Nancy, est chargé de l’exécution du
Faità Paris, le 40 octobre 1854.
Signé : H. Forrou.
Pour ampliation :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé: P. Couuin.
_—
ÉCOLE
PRÉPARATOIRE
4
—
DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE.
mnt
DÉCRET.
NAPOLÉON, paR LA GRACE DE DIEU ET LA VOLONTÉ
EmPEREUR DES FRANÇAIS,
‘
NATIONALE,
À tous présents et à venir, salut,
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d’État au département de
Pinstruction publique et des Cultes;
Vu les ordonnances des 43 octobre 4840, 12 mars et 48 avril 484 ;
Vu Fordonnanee du 47 octobre 4843, qui constitue l'École préparatoire de médecine et de pharmacie de Naney ;
Vu la délibération du Conseil impérial de l'instruction publique, en
date du 41 juillet 1854;
Vu les décrets du 43 août et 40 oetobre 48824, qui ont réorganisé les
Écoles préparatoires de médecine et de pharmacie de Lyon et de Bordeaux ;
Vu le décret du 29 novembre 1854 qui organise le personnel de la
Faculté des Sciences de Nancy;
Avons décrété et décrétons ce qui suit:
ARTICLE PREMIER.
L'École préparatoire de médecine et de pharmacie de Nancy
réorganisée de la manière suivante :
est
L'enseignement comprendra :
1° Anatomie et Physiologie;
2° Pathologie externe et Médecine opératoire;
3° Clinique externe;
4° Pathologie interne ;
5° Clinique interne;
6° Accouchements, maladies des femmes et des enfants;
7° Matière médicale et Thérapeutique;
8° Pharmacie et notions de Toxicologie.
Ces chaires sont confiées à huit professeurs titulaires.
ARTICLE 2.
|
Le nombre des professeurs adjoints de ladite école est fixé à trois qui
seront attachés :
À Ja chaire de clinique externe;
.
—
15
—
À la chaire de chnique interne ;
À la chaire d'anatomie et physiologie.
ARTICLE 3.
Le nombre des professeurs suppléants est de quatre, qui seront atfachés :
|
|
=
Aux
Aux
À la
Aux
et
chaires de médeeine proprement dite:
chaires de chirurgie et d’accouchements ;
chaire d’anatomie et physiologie ;
chaires de matière médicale, thérapeutique, pharmacie
toxicologie.
|
ARTICLE
4.
Il est également attaché à l’École préparatoire
pharmacie de Nancy:
|
de médecine et de
Un chef des travaux anatomiques;
Un prosecteur;
Un préparateur de pharmacie et toxicologie.
ARTICLE D.
Il ne sera pourvu définitivement aux diverses fonctions instituées par
le présent décret, qu’au fur et à mesure que la ville de Nancy aura
assuré, par un vote du Conseil municipal, les fonds nécessaires.
ARTICLE 6.
Notre Ministre Secrétaire d'État au département de l'instruction
blique et des Cultes est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait au palais des Tuileries, le 6 décembre 1854.
pu-
Signé : NAPOLÉON.
Par l'Empereur :
Le Ministre Secrétaire
d'État au département
de
lInstruction
publique et des Cultes,
Signé : H. ForTouL.
Pour ampliation :
|
Le chef du Secrétariat,
"Signé : CuarLes ForRtouL.
_—
MINISTÈRE
16
—
DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES.
mms
ARRÊTÉS.
Le Ministre Secrétaire d’État au département de l’Instruction publique
et des Cultes,
Vu l'ordonnance du 43 octobre 4840 relative aux Écoles préparatoires
de Médecine et de Pharmacie;
Vu le décret impérial, en date de ce jour, qui réorganise l’École préparatoire de Médecine et de Pharmacie de Naney.
ARRÈTE :
Sont nommés à l’École préparatoire de Médecine et de Pharmacie de
Naney,
Professeurs titulaires des chaires suivantes, savoir:
Anatomie et Physiologie.
Clinique externe,
Clinique interne,
Accouchements, maladies des femmes et des
enfants.
Matière médicale et Thérapeutique.
Pharmacie et notions de Toxicologie.
M. Léon Parisor.
M, Edmond Simonix.
M. Victor Parisor.
M. Rousse...
M. Laurens. .
M. Broxpzor.
ARTICLE 2,
Sont nommés professeurs adjoints chargés des cours suivants, savoir :
Pathologie externe et Médecine opératoire.
M. Bécaer.
. Pathologie interne.
M. Demaner.
ARTICLE
3.
Sont nommés:
Professeur suppléant,
Chef des travaux anatomiques.
M. GRANDIFAN.
M. Porxcané.
Anticir 4.
M. Edmond Son , Professeur de clinique externe, est nommé Di-
recteur de l’École préparatoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy.
— A7
—
. ARTICLE 5.
N. le Recteur de l'Académie
présent arrêté,
|
de Nancy ést chargé de
Ce
| Paris, le 6 décembre 1854.
exécution du
|
Signé : E. Fonrot.
Pour ampliation:
_
Le chef du Secrétariar,
Signé : Cuarzes FortouL.
Le Ministre Gecrétaire d'État auu département der Instruction publique |
. et des Culles,
ARRÊTE : |
© ARTICLE PREMIER.
M. Victor PaRISOT, professeur de Clinique interne, à l'École prépa-
ratoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy, est nommé: Officier
| V'instruction publique,
ARTICLE
de _
2.
M. le Recteur de l'Académie de Naney est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Faità Paris, le 6 décembre 1854.|
L
Signé : H. FoRrouL.
Pour ampliation :
Le chef du Secrétariat,
Signé : Cnanves Fonrour.
on
SÉCRÉTAIRE
qu
AGENT COMPTABLE,
Le Ministre Sécrétaire d'Etat au département de p Instruction publique
et des Cultes,
|
‘Vu le décret du 22 août 1854, sur le régime des établissements d'enseignement supérieur;
Va Yarrêté du 24 août 1854 ;
|
_
ARRÊTE:
18 —
|
|
ARTICLE
Sont nommés
PREMIER.
secrétaires agents comptables près les nouvelles Fa-
cultés des Sciences et des Lettres des Académies dénommées ci-après,
savoir :
Académie de Nancy. — M. Grrermenx, ancien secrétaire de lAcadémie départementale de Seine-et-Marne (fonction nouvelle).
ARTICLE 2,
M. le Recteur de l'Académie de Nancy est chargé de exécution du
présent arrêté.
Fait à Paris, le 34 octobre 1854.
Signé : H. Forrour.
|
Pour ampliation :
Pour le chef du Secrétariat,
Signé : P, Cozxrn.
DISCOURS
PRONONCÉ
PAR
s
M. LE RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE NANCY.
MonNSFiGNECR,
Messieurs,
I y a moins d'un siècle, Nancy possédait presque toutes
les’
institutions nécessaires à la vie des capitales : comme {ant d’au-
tres centres de ces nationalités diverses, dont l’heureuse fusion
a constitué la France actuelle, Nancy a perdu d'un seul coup,
par la révolution, ces précieux éléments de sa grandeur. Le
. gouvernement lui rend aujourd'hui tout ce qui peut assurer à
une grande ville, centre d'une grande province, la prépondérance ou
gnement,
mème
la souveraineté
locale dans l’ordre de l'ensei|
Naguëre le rectorat de Naney était restreint au seul départe-
+ ment de la Meurthe: il comprend aujourd'hui la Lorraine entiére.
Naguëre Naney ne possédait aucune
pour que litres ou diplômes de toute
fallait que des commissions formées
étrangères, et rendre passagérement
juridiction universitaire,
espèce y fussent conférés,
au loin y vinssent siéger
leurs avrêts. Aujourd’hui
et
il
en
le
gouvernement réorganise l'excellente Ecole de médecine que vous
possédiez; il lui confère de nouveaux privilèges, et ilne tiendra
qu'à vous, désormais, de la maintenir au rang des premiéres Ecoles
de l'Empire ; bien plus, il érige à Nancy une Faculté des sciences
et une Faculté des lettres: c'est presque dire une Université.
:
EL
—. 20:
une
| Quelle est la signification de ces actesss réparatours? Y verrez:
vous
un simple revirement des choses d'ici-bas,
lesquelles
|
sem
blent procéder par oscillations successives, allant
toujours, en
à l’autre, de la faute à la réparation, et quelquefois
outrant tout,
apparence du moins et pour Fobservateur superficiel, d'un excès
même la réparation?
Non, Messieurs, il ya là ün sens plus profond. D'ailleurs cet
acfe n’est point un fait isolé dans le pays; il se rattache à un ensemble de réformes dont il nous faut rechercher la valeur et Ia
portée, afin de pouvoir mesurer, nous, l'étendue des devoirs,
vous, Messieurs, celle de [a reconnaissance.
La révolution est close aujourd'hui, de par la volonté trois
fois exprimée de la nation entière. Son œuvre exigeait, vous le
savez, la plus vaste concentration qui ait jamais été tentée. Toutes
les forces vives du pays se portérent vers un seul point, de même
que, dans lhomme, à l'instant suprême du péril et d'un grand
effort, le sang reflue au cœur ou remonte au cerveau. L'erreur,
disons plutôt le malheur des quarante derniéres années, c'est
d'avoir voulu maintenir cette tension de tous les ressorts, cette
concentration anérmale de toutes les ressources, cet appel dan-
gereux vers üne même ville de toutes les énergies, de toutes les
ambitions. Aussi devait-on croire que la révolution durait toujours,
suivant un
mot
célèbre que citait récemment, dans une autre
enceinte (4), un orateur dont la parole élevéea laissé une vive im
pression
dans nos esprits : mais, au
fond,
elle ne durait
que
parce qu'on en maintenait obstinément la forme et l’effrayante
_ organisation. Qu'en est-il résulté, Messieurs ? Ces forces, réunies
pour une œuvre depuis longtemps achevée, ont fonctionné dans
le vide, et, comme pour avoir quelque chose à faire, deux fois
les rouages de l'énorme machine ont broyé le mécanicien. De
même encore, dans l'horme dont je parlais tout à l'heure, si fe
sang, qui afflue vers le centré*pour en quadrupler un instant
la puissance, reste-là, l'organisme
l'apoplexie.
tombe
bientôt foudroyé par.
|
(f} Séance de rentrée de la Cour Impériale de Naney.
|
—
I
—
Tout au contraire, Messieurs, le Pouvoir normal que la France
s’est enfin
donné, et cette fois en pleine connaissance de cause,
en pleine liberté de choix, le Pouvoir veut rendre à son tour à la
pation sa vie régulière et son développement normal. Il ne réagit
point aveuglément contre le passé ; il ne décentralise point jusqu'au morcellement ; il se garde bien d’amoindrir Paris, cette tête
et ce cœur de la France; — mais il reconnaît que le temps est
venu où les éléments originaux de la nation doivent se développer
désormais suivant leurs aptitudes caractéristiques, et où chaque
province
doit au nroins retrouver sur son propre sol les sources
si longtemps taries de sa vie intellectuelle,
Aussi, quand les délégués de vos principales villes allérent plaider auprés de l'Empereur et de son Ministre la cause de la Lorraine, il leur a sufli, pour réussir, de montrer que cette noble
province a en France, elle aussi, plus que tout autre peut-être,
son esprit et son caractère particuliers, ses tendances propres
trop longtemps annihilées, son rôle à part, sa mission, si j'ose
m'exprimer ainsi ; il leur a suffi enfin d'invoquer son droit historique que la révolution avait suspendu, mais non pas abrogé.
L'Empereur a fait droit à vos demandes, Messieurs; désormais
la Lorraine à une place etun rôle dans la vaste réorganisation de
l'enseignement public, par laquelle un Ministre éminent a su,
dans sa sphère d'activité, traduire en faïts et en institutions cette
pensée généreuse de notre Empereur, de faire produire à Ja
France toutes les grandes choses dont elle porte le germe, afin
de lui rendre dans le monde le rang qui lui appartient.
C'est à vous maintenant, Messieurs, d'appuyer celte œuvre
réparatrice, disons mieux, cette œuvre d'avenir. C'est à vous de
faire comprendre à vos concitoyens la valeur pratique des institutions nouvelles, et de guider vers nos chaires cette jeunesse
lorraine qui sait si bien s'ouvrir foules les carrières à force de
travail et d'intelligence, mais que l'on condamnait à émigrer, en
quelque sorte, pour compléter son éducation et conquérir les grades ou les diplômes dont l'Etat fait sa première garantie. Alors
vous verrez un esprit public plein de séve et d’ardeur se reconstituer peu à peu au milieu de vous, formant son caractère moral
sur celui de la province, sans cesser d'être éminemment français;
.
—
922
—
alors tout ce qu'il y a de noble, d'élevé, de vrai dans des aspirations restées jusqu'ici individuelles, trouvera son écho au sein
d'une jeunesse généreuse et intelligente, initiée sur son propre
sol, sous vos regards et votre tutelle, aux plus féconds enseignements des Lettres et des Sciences. Plaise à Dieu que le foyer de
cette puissance intellectuelle exerce son attraction par delà nos
frontières, et que votre Nancy, point de croisement de grandes
voies de commuuication,. placé près des limites de la France et
offrant cependant un type si français, devienne, comme autrefois,
le rendez-vous de la jeunesse allemande, désireuse de connaitre
le génie de notre pays et de s'en assimiler les ressources.
Mais, pour bien faire connaître la portée des institutions nou
velles, il ne suffit pas d'indiquer simplement, comme j'ai voulu
le faire, la pensée générale qui a présidé à leur création. Il faut
encore exposer en détail leur but commun et surtout leurs moyens
d'action si variés, depuis l'enseignement qui imprime à l'intelligence un caractère d'humaine noblesse, jusqu'à celui qui enrichit
le pays d'une pépiniére d'ingénieurs etrend la science, comme le
voulait Bacoh,
productrice
d'utilité publique;
depuis
l'influence
des leçons et des conférences, jusqu’à l'autorité des arrêts que les
Facultés rendent lorsque l'Etat les constitue en tribunal et leur
confére le droit d'ouvrir ou de fermer les plus belles carrières.
Mais je laisse ce soin aux interprètes naturels des deux Facultés
et de l'Ecole de Médecine, aux hommes distingués que le choix
du Ministre a si heureusement placés à leur tête. Je ne revendique
pour le Recteur, que le privilège de remercier ici, au nom du Minisire de l'nstruction publique, la Municipalité de Nancy dont
le zèle et le patriotisme éclairé ont si bien secondé les vues du
Gouvernement; je voudrais que la France entière sùl par ma voix
qu'aucun sacrifice ne lui parait trop lourd lorsqu'il s’agit de doter
les Facultés nouvelles d'une manière digne de la Lorraine qui
les accueille avec tant d’empressement, et de l'Empereur qui les
a si gracieusement octroyées.
en
Er Der
DISCOURS
PRONONCÉ
M. GODRON,
DOYEN
Monsizur
PAR
DE LA FACULTÉ DES SCIENCES.
LE REcrEuUr,
MonsEiGNEUR,
Messieurs,
Si l'histoire des peuples est instructive; si leurs institutions
religieuses et civiles méritent une étude sérieuse; si enfin, les
actes par lesquels ils ont marqué leur existence, fournissent des
enseignements utiles, il en est de même des corps savants, et
leurs annales ne sont pas moins dignes d'intérêt. C'est que les
corps savants laissent également après eux des traces de leur
passage; leurs conquêtes, plus pacifiques, il est vrai, que celles
des peuples, n’en sont pas moins glorieuses, et, dans l'atmosphère
calme où ils se meuvent, ils exercent sur la civilisation une influ-
ence incontestable. Leur passé est de nature à nous éclairer et à
guider dans leur marche les institutions nouvelles, qui sont appelées à recueillir et à étendre leur héritage.
L'histoire des anciennes Universités serait éminemment propre
à nous donner ces enseignements, et je voudrais qu'il me fût
permis de tracer ici le tableau de leur organisation, de suivre
avec vous les diverses phases qu’elles ont parcourues, d'énumérer
les découvertes précieuses dont elles ont successivement enrichi
les diverses branches des connaissances humaines, d'étudier enfin
leur action sur la marche de l'esprit humain et sur le développement de nos institutions sociales.
_—
2%
—
Mais cette tâche serait trop vaste, ét c'est pour moi une néces-
sité de me restreindre dans des limites plus étroites, Je me contenterai de vous rappeler, d'une manière générale, comment les
anciennes Universités ont préparé, peu à peu, les tendances qui
dominent dans nos sociétés modernes, et donné la première impulsion au mouvement scientifique qui nous entraîne et qui forme
le caractère le plus saillant de l'époque actuelle.
Au douzième siècle, les derniers représentants de la science
antique avaient disparu depuis longtemps de !la chrétienté, et
c'est chez les Arabes que nous en retrouvons la tradition pendant
une Jongue période. Mais les croisades eurent pour effet de nous
initier aux connaissances que possédait encore l'Asie; un immense
besoin de savoir se manifesia dans toute l'Europe occidentale et
détermina l'époque de la renaissance des lettres. Des écoles
publiques
de haut enseignement
furent
ouvertes
et donnérent
naissance aux premières Universités, qui, à partir du commencement du ÆX{EE siècle, reçurent une organisation régulière et
travaillérent ‘avec ardeur à populariser la culture des Sciences
et des Lettres, Mais, dés l'origine, elles épuisérent leur activité
sur les questions les plus ardues de la scolastique, et prirent une
part active aux luttes ardentes qui divisaient alors les écoles.
D'une autre part, la science proprement dite ne sut pas, tout
d'abord, se dégager de l'ornière que lui avait tracée le moyen
âge; c'est en vain que Roger Bacon cherchait à faire revivre Ja
méthode de l'observation et de l’expérimentation; l’alchimie et
l'astrologie avaient pris la place de tout autre connaissance, et
Ja Science, détournée de sa véritable voie, n'eut plus pour objet
que la folle recherche de la pierre philosophale et des destinées
humaines au sein des astres,
Aussi les découvertes peu nombreuses, que nous offre celte
première période de l'existence des Universités, furent-elles
plutôt l'effet du hasard, que le fruit de recherches entreprises
d'une maniére rationnelle, et, par conséquent, scientifique.
Toutefois les exercices scolastiques et les immenses travaux des
alchimistes ne furent pas complétement inutiles : en aïguisant les
esprits, en les habituant à de pénibles recherches, ils les façonnèrent à des études plus sérieuses et surtout mieux dirigées.
1! faut néanmoins remonter au X VE siècle pour retrouver la
science dans sa véritable acception et pour constater des progrés,
en réalité dignes d'elle. Favorisée, du reste, dans son développement par l'invention encore récente de l'imprimerie, elle arrive
plus sûrement à la connaissance de vérités nouvelles, et ses efforts sont bientôt couronnés par des découvertes importantes, qui
laissent bien loin en arriére l'antiquité païenne et bouleversent :
les systèmes qui, jusque là, semblaient définitivement établis.
Je ne m'arrêterai pas à vous présenter l'historique des acquisitions successives, dont la science s’est enrichie
des trois
actuelles,
derniers siècles,
une
me suffit de
situation
et qui ont créé, dans
spéciale
dans
le cours
nos sociétés
et des besoins nouveaux. Ïl
déduire, de ce rapide
exposé,
cette conclusion
que, pour s'être lancée dans des recherches incertaines, sans
guide et sans méthode, la science s’est égarée dans une route
aventureuse, et ses immenses travaux n’ont abouti qu'à des ré-
suHa!s presque stériles. Mais dujour où un enseignement rationnel,
Jui faisant abandonner les systèmes à priori et les recherches
empiriques, l'a replacée sur la voie de l'observation, elle a marché,
d'un pas ferme et assuré, à des conquêtes de plus en plus rapides.
Il faut donc distinguer, dans le rôle qu'ont joué en Europe les
anciennes Universités, deux périodes distinctes, l’une peu proftable pour la science, l’autre féconde en grandes découvertes.
L'ancienne Université lorraine, établie d’abord à Pont-à-Mousson,
puis transférée à Nancy, eut l'avantage de naître dés les premiers
temps de la seconde période ; aussi, elle évita l'écueil dans lequel
étaient tombées ses sœurs ainées. Créée en 4572, en vertu d'une
bulle du Pape Grégoire XIII, et organisée sur le même plan que
les plus célèbres
dés
l'origine, un
“Messieurs,
Universités
de l'époque,
enseignement
que richement
complet.
elle donna, presque
Vous
savez
tous,
dotée par le duc Charles III, son fon-
dateur, et pourvue de privilèges étendus, elle justifia par son enseignement la sollicitude toute paternelle, dont les anciens souverains de Ja Lorraine ne cessérent de l’entourer. Non-seulement
elle propagea dans le pays, pendant plus de deux siécles, le goût
de l'étude, mais c’est elle qui forma, en grande partie du moins,
cette pléïiade de théologiens éminents, de jurisconsultes illustres,
_
2% —
de littérateurs distingués et de savants médecins qui furent une
des gloires de notre ancienne province.
|
Il y a soixante-deux ans, Nancy était encore un foyer d’enseignement supérieur des plus actifs, lorsqu'un décret de l'Assemblée
nationale, du 18 août 1792, vint tarir momentanément en France
les sources des hautes études, et y arrêter un instant la marche
progressive du mouvement scientifique.
Le décret réparateur du 17 mars 1808, qui fonda l'Université
impériale, substitua aux anciennes Universités, qui avaient vécu,
pour
ainsi
dire, dans l'isolement les unes des autres, un système
d'enseignement supérieur se rattachant à une même pensée et à
une direction unique. Comme tout ce qui sortait du génie de
l'Empereur, les Facultés qui furent alors créées reçurent une
organisation forte et durable, et continuérent avec distinction le
rôle si utile des anciens corps enseignants.
Mais les préoccupations politiques de l’époque, la lutte gigantesque et sans cesse renaissanie, que la France soutenait avec
énergie contre l'Europe liguée contre elle, la pénurie enfin de
professeurs distingués qu'avait
dispersés
la révolution, ne per-
mirent pas alors de reconstituer {ous les anciens centres d'études,
ét Nancy fut ainsi privé de cet enseignement supérieur, qui, flo-
rissant en Lorraine pendant de longues années, semblait avoir
acquis définitivement dans ses murs le droit de bourgeoisie,
Je me trompe, Messieurs; l’enseignement supérieur n’y périt
pas tout entier. Vous savez tous que quelques-uns de nos conci-
toyens, sans autre ressource que leur zèle infatigable, entreprirent
de continuer à Nancy Pœuvre de l’ancienne Faculté de médecine
et da Collége royal de chirurgie. Ils ouvrirent, dés les premiéres
années de ce siècle, des cours où un grand nombre de jeunes
gens vinrent acquérir des connaissances, qui leur permirent
d'exercer avec succés l’art de guérir, et dans nos communes rurales, et à la suite des armées. Telle est l'origine de l'Ecole de
médecine que possède encore Nancy, et tels sont les résultats qui
ont marqué ses débuts, alors qu’elle n'était encore revêtue d'aucun
caractère officiel. Reconnue depuis par l'Etat sous le nom d’Ecole
secondaire, puis d'Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie, elle a continué jusqu’aujourd'hui à marcher résolument
_
97
—
vers le but qu'elle s'était proposé. Je voudrais pouvoir, Messieurs,
vous exposer les services qu'elle a rendus ; mais cette tâche serait
pour moi bien délicate. Je ne puis oublier que c’est comme
professeur à celte école, que j'ai fait mes premiéres armes dans
l'instruction publique, et que, pendant seize années, j'ai été associé à ses travaux. Qu'il me soit permis, toutefois, de faire
observer, qu'en conservant dans notre ville les anciennes traditions d'enseignement et en contribuant, pour sa part, à y enfre-
tenir l’activité scientifique, elle forme le lien naturel qui unit
l’ancienne Université lorraine aux Facultés que nous inaugurons
aujourd'hui.
Il était réservé au Gouvernement de l'Empereur Napoléon III
de
compléter
l’œuvre
de limmortel
fondateur de l'Université
impériale, en rétablissant dans quelques-unes de nos provinces,
depuis longtemps deshéritées, ces anciens centres d'instruction,
qui avaient leur raison d'être, parce qu'ils donnaient satisfaction à
des intérêts de l’ordre le plus élevé. Les révolutions peuvent bien
renverser une institution, mais elles ne suppriment pas du même
coup le sentiment du passé, les traditions locales, les besoïns
intellectuels d'une province.
Aussi, Messieurs, vous avez tous applaudi à la pensée bienveillante, qu'a manifestée le chef de l'Etat, de reconstituer à Nancy
des écoles de haut enseignement, et le Conseil municipal, dispensateur intelligent
des revenus
de la cité, n’a pas hésité à lui im-
poser des sacrifices considérables pour doter nos Facultés de
toutes les ressources matériellés que nécessite leur organisation.
Mais la sollicittde du Gouvernement ne s’est pas bornée à la
création de quelques établissements nouveaux. La même pensée,
d'où émanent les modifications si importantes et si fécondes qu'a
subi le plan d'études de nos lycées, s’est étendue également'ä l'enseignemént supérieur, auquel
complétant et
notre époque.
en l'appropriant
elle donne une vie nouvelle en le
aux
exigences
impérieuses de
I me reste à indiquer, Messieurs, les circonstances qui ontnécessité une réforme dans l'enseignement des Facultés des Sciences,
et à faire connaitre le caractère que doit avoir désormais cet
enseignement,
—
28
—
Les Sciences avaient déjà pris, en 1808, une extension telle
que l'ancienne Faculté des arts ne pouvait plus embrasser les
connaissances si variées qui, dans les anciennes Universités,
avaient fait l'objet de ses études. Chargée à la fois de l’enseignement des Lettres et des Sciences, comme pour marquer l'alliance
intime qui doit exister entre elles, elle ne suffisait plus à cette
tâche laborieuse, et elle dut être scindée en deux Facultés nouvelles : le trivium, pour parler l’ancien langage scolastique, devint.
le domaine de la Faculté des Lettres, le quadrivium, l'apanage
de la Faculté des Sciences.
Mais, depuis cette époque, le mouvement scientifique s'est ac
céléré de plus en plus; des découvertes importantes viennent,
presque chaque année, frapper d'étonnement notre intelligence et
agrandir le champ déjà si vaste des connaissances acquises. L'industrie, en s'appuyant de plus en plus sur la science, a suivi d’un
pas non moins rapide, l'impulsion qui Jui est communiquée ; elle
a pris, à son tour, des développements inouis, el qui tendent sans
cesse à s'aceroître. De nos jours, l'enseignement scientifique
pratique est devenu indispensable; il peut seut soutenir les progrès de l'industrie et féconder son activité. Bt cependant, si l'on.
excepte quelques établissements spéciaux, ouverts
seulement à
un petit nombre de jeunes gens, la France était jusqu'ici privée,
ou à peu prés, d'un enseignement qu'elle enviait aux nations
voisines, Les Facultés des Sciences n’ont plus aujourd'hui pour
but exclusif de développer parmi leurs auditeurs des connaissances purement théoriques, mais encore d'enseigner avec soin
les applications de ces connaissances aux diverses industries, qui
dominent dans chacune des nouvelles provinces académiques;
eltes ont, en un mot, pour mission, non plus seulement de former
des hommes instruits, mais en outre de donner au pays des
citoyens utiles.
Aussi, Messieurs, dans les cours que nous allons ouvrir, les.
théories purement spéculatives n'excluront pas les questions
vraiment pratiques. Les collections scientifiques importantes,
en physique, en chimie, en histoire naturelle, en modèles de
machines, etc. dont le Conseil municipal a doté notre Faculté des
Sciences, collections qui viennent déjà de s’accroitre d’un riche
_
29 —
herbier dû à la générosité d’un de nos compatriotes (1), ‘permet {ront de placer constamment, sous les yeux desjeunes gens qui
suivront nos leçons, les différents objets d'étude; des expériences
nombreuses
confirmer
viendrontà chaque
ces lois admirables,
instant
les
étayer
théories
et
auxquelles obéissent toutes les
forces naturelles: lois, dont la connaissance offre non-seulement
l'immense avantage de lier dans notre esprit les faits épars, et de
les fixer dans la mémoiré, mais encore de servir de guide dans
{a recherche de vérités nouvelles.
|
Mais, dans les sciences d'observation, il ne suffit pas, pour se
les assimiler, de suivre Îes leçons d’un professeur; d'examiner
rapidement les objets qu’il fait passer sous les yeux de ses auditeurs; d'assistér aux expériences sur lesquelles il s'appuie dans
ses démonstrations, il faut encore que ses élèves mettent euxmêmes la main à l'œuvre, s'habituenià manier les instruments, à
diriger une opération, à faire enfin toutes les recherches scienti-
fiques, qui peuvent conduire à des résultats utiles. C’est ainsi seu-
lement que la Faculté des Sciences pourra produire tous les
avantages qu'on est en droil d'attendre dé son enseignement: |
Désormais les collections, les laboratoires ne seront plus des
sanctuaires impénétrables et soustraits aux regards de tous ceux
qui désirent être initiés à la connaissance de l'arsenal de la science
et à la pratique des méthodes d'éxpérimentation. Dés salles de
travail pour la chimie, pour la physique, pour l'histoire naturelle
ne tarderont pasà être organisées, el seront ouvertes aux jeunes
gens, qu’anime la noble ambition d'aller au:delà des études théoriques et d'acquérii
l'häbitude des manipulations.
Ce n'est pas seulement dans ses collections, dans ses laboratoires,
que la Faculté ira chercher ses moyens d'enseignement ; il est dés
objets qu’il faut voir et étudier dans les lieux mêmes qui léur ont
été assignés dans l'harmonie générale de la création. Lä géologie,
par exemple, ne s'étudie pas complétement dans lés livres et dans
les musées ; ceux-là seuls possédent réellement cetiè science et
OM. Monnier, membre du Conseil général de
Société céntralé d'agriculture de Naney.
la Meurthe
ef Président
|
de la
_
7)
—
peuvent utiliser leurs connaissances dans cetté branche si importante de l’histoire naturelle, qui sont aptes à reconnaitre une roche
eu place et à distinguer sûrement les unes des autres les diverses
formations qui constituent l'écorce solide de notre globe; mais
l'exploration du terrain lui-même permet seul d'arriver à ce degré
d'instruction. L'étude du gisement des minéraux soulève la même .
observation. Les mœurs, les habitudes, les travaux de certains
animaux utiles à l’homme ou qui lui sont au contraire nuisibles,
soit directement, soit par Paction destructive qu'ils exercent sur
les substances indispensables à l’économie domestique, et sur les
maliéres premiéres qui alimentent l'industrie, ne peuvent être
étudiés d'une maniére fructueuse que dans les localités où ces
animaux habitent. Nous en dirons tout autant de l'étude de la géographie botanique, de celle des relations que présente la végétation
avec la nature minéralogique et les influences physiques du sol, de
celle enfin de l’économie forestière, et des procédés en usage dans
la science par excellence, je veux parler de l’agriculture. Ici l'enseignement en plein air, au milieu de nos campagnes, peut seul
‘atteindre le but et nécessitera des excursions qui seront dirigées
dans ce sens et qui auront lieu pendant le semestre d'été.
La Faculté des Sciences, étant spécialement chargée de donner
à son enseignement une direction qui soit en rapport avec les industries principales du pays, non-seulement né faillira pas à cette
tâche, mais
elle espère pouvoir terminer les travaux de chaque
année classique par la visite de quelques établissements industriels,
où les élèves de la Faculté se livreront à l'étude des machines et
des procédés de fabrication. Ces excursions leur offriront également l'avantage de pouvoir élendre leurs études d'histoire naturelle au-delà des limites du territoire de Nancy.
L'enseignement de, la Faculté n'aura pas seulement pour effet
de répandre autour d'elle des connaissances utiles; mais le législateur lui a conféré le pouvoir de sanctionner par un certificat
d'aptitude le travail de ceux de ses éléves qui seront reconnus
suffisamment instruits pour se livrer à la pratique d'une industrie
spéciale, dont elle peut ainsi leur faciliter Paccès.
Enfin les Facultés des Sciences, chargées de conférer des grades
qui, jusqu'ici, n'étaient exigés que pour l'étude de la médecine
M
—
ou pour l'admission dans les fonctions de l’enseignement, viennent
d'acquérir une importance nouvelle par l'effet d’un récent décret,
rendant obligatoire le diplôme de bachelier ès sciences, pour les
jeunes gens
qui se destinent,
soit
à
l'Ecole polytechnique ou à
l'École militaire de Saint-Cyr, soit à l'Ecole forestière et à diffé
Les Facultés
rentes administrations publiques.
des Sciences for-
ment donc aujourd'hui une véritable magistrature, qui à pour :
mission
d'ouvrir l'entrée de toutes
les
carriéres scientifiques,
même la carriére des armes spéciales aux
et
candidats qui se re-
commandent par leur aptitude et par des études sérieuses.
Telles sont, Messieurs, la voie dans laquelle doit entrer à
l'avenir l'enseignement des Facultés des Sciences et l'étendue nouvelle donnée à leur juridiction.
Tous ces détails, que nous venons de vous exposer, nous inspirent une réflexion, qui sans doute a déjà surgi dans votre esprit:
c'est qu'on ne peut trop admirer la sollicitude du Gouvernement
de l'Empereur
l'assiégent de
qui, au milieu
toute
part,
vient
des
de
graves
préoccupations
doter d'utiles
réformes
qui
les
établissements de tous ordres, depuis les asiles de l'enfance
jusqu'aux écoles de haut enseignement, et s'impose la noble
tâche de faire des éléves de ces établissements, une génération
mâle et forte sous la double influence des Lettres et des Sciences.
Ce sera là un des bienfaits les plus féconds que nous devrons à
. la baute sagesse et au génie du Prince qui a rétabli au dedans
et qui soutient aujourd'hui glorieusement au dehors les principes
d'ordre et de justice qui font la force des nations et qui président aux destinées des Sociétés humaines.
DISCOURS
PRONONCÉ
PAR
M. CH. BENOIT, DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
Moxsiur
LE Recreur,
MOoNsEIGNEUR,
Messieurs,
Aujourd'hui que l'inauguration de nos Facultés réunit autour
de nous, en cette enceinte, l'élite de la cité, ma première pensée,
et la vôtre, Messieurs, est une pensée de reconnaissance
|
envers
le Gouvernement de l'Empereur, qui est entré avec une bienveillance si généreuse dans nos désirs et nos espérances, et qui à
. voulu que Nancy retrouvât enfin son Université. Grâces aussi
soient rendues en ce jour aux hommes dévoués, qui par leurs
: nobles démarches ont provoqué ce bienfait, et à vous, Magistrats
de la ville, que l'Etat a trouvés si zélés à seconder ses desseins,
si généreux à doter notre institution de iout ce qui peut en assurer
le succès.
La faveur
qui
entoure
cet établissement
dès son
début
ne
m'étonne pas, Messieurs. Nancy se souvient de ce qu'elle était
autrefois,et de ce qu'elle se doità elle-même. Déchue de son rang
de capitale souveraine depuis son annexion à la France, elle a
songé enfin à reprendre, à défaut de sa couronne à jamais perdue,
quelques-unes du moins de ces nobles institutions, fondées par
ses princes, dont elle se glorifiait autrefois, et dont la révolution LU Y
l'avait dépouillée. Elle se rappelle de quel éclat à brillé surtout .
_
3h
—
pendant deux siècles l'Université fondée à Pont-à-Mousson par
le Duc Charles LIT, et transportée dans nos murs en 1768. Si en
4808, lorsqu'un Gouvernement réparateur restaurait l'enseigne
ment et dotait de Facultés les principales villes de France, Nancy
ne fut pas d'abord comprise dansle partage, aujourd'hui du moins
elle n’a pas failli à ses droits, et dans la répartition nouvelle qui
allait être faite de ces grandes institulions académiques, des voix
citoyennes se sont élevées pour revendiquer les titres de la cité.
Votre cause était bonne, Messieurs, et le Gouvernement de l'Empereur trop éclairé et trop équitable, pour n'en pas reconnaître la
justice. Un ministre toujours ardent à seconder l'essor des esprits,
partout où il se manifeste, a cru dans l'avenir de Nancy :il a
choisi notre ville, pour en faire un de ses nouveaux foyers d’enseignement qu'il voulait élever au cœur de la province. J'aime
à penser, que dans sa confiance
il ne s'est pas trompé. Non, ce
n'est pas en vain qu'une ville a longtemps été une capitale, et le
centre d'une vie nationale et énergique. Alors même qu'elle a
perdu sa vie politique, elle garde pourtant toujours quelque chose |
de son royal esprit d'autrefois. Ne dirait-on pas, que jusque dans
ses efforts pour se créer dans le commerce et l'industrie, cette
royauté des temps modernes, une autre destinée, une fortune
nouvelle, elle retient encore ses traditions d'élégance et de goût,
elle demeure plus libérale : son industrie touche aux arts ; elle se
livre aux affaires, sans s'y absorber: elle continue à aimer les
choses de l'esprit; et quand la fortune vient la doter de quelque
institution généreuse, elle s'en empare naturellement, elle y entre
comme chez elle: elle se retrouve.
de n'en veux pour témoin, Messieurs, que l'emipressement, avec
lequel ont toujours été accueillies dans cette ville toutes les fondations propres à répandre les lumiéres et à rendre les hommes
meilleurs, Edification de l'intelligence ou du cœur, science ou
charité à mettre en commun, quelle grande idée vous a trouvés
indifférents? quel bien à faire n'a pas excité votre sympathie?
Que de fois, en vous voyant réunis en si grand nombre, partout
où l'on vous entretenait des intérêts de l'intelligence, me suis-je
senti ému et fier d’appartenir à une ville où toute parole généreuse trouvait tant d'échos ? Dés-lors, je souhaitais au ford du
_
5
—
cœur, que (Nancy devint un jour, dans nos provinces de l'Ést, un
de ces centres d'enseignement universitaire, ot, mieux qu'ailleurs,
ce semble, la jeunesse appelée aux fonctions libérales devait trou.
ver, pour S'y préparer, le recueillement si nécessaire aux fortes
études, et aujourd'hui si rare,
Voilà ces vœux maintenant en partie accomplis. Nancy est dotée
à la fois de deux Facultés. Je sais, Messieurs, que vos désirs
vont encore au-delà. Vous aimez à espérer que daus l'avenir
une autre École encore viendra prêter son appui àà notre Faculté
des Lettres. Mais aujourd'hui, ne songeons qu'à mériter par le
‘concours de nos efforts, que le Ministre complète son bienfaits
et sachons apprécier déjà les avantages de l'institution actuelle.
Tout à l'heure, mon honorable collègue vous a laissé entrevoir
quelle impulsion nouvelle la Faculté des Sciences était appelée à
donner aux études scientifiques en ce pays. Quel doit être à son
tour le rôle de la Faculté des Lettres ? quelle influence est-elle
appelée à exercer sur les études littéraires? Il est sans doute plus
d'une personne parmi vous
qui attend à ce sujet quelques expli-
cations,
Les Facultés, ainsi qu’on vous le disait tout à l'heure, sont ins
tituées dans un double but. En même temps qu'elles sontun foyer
d'enseignement librement accessible à tous, elles ont mission de.
dispenser de la part de l'Etat les grades universitaires, et d'ouvrir
* ainsi l'entrée des carrières libérales, Dés lundi prochain, commen-
.cera ici une session d'examen pour le baccalauréat és lettres.
Vos fils, Messieurs, ne seront plus obligés d’aller au loin se présenter à ces épreuves nécessaires. Mais ici même, sous vos yeux,
ils trouveront à la fois, et toutes les ressources, pour aider à leur
travail, et le titre qui en doit étre le prix. Îls apprendront à connaître de plus prés ces examens, qui couronnent leurs études du
lycée, ou leur ouvrent la carrière de l’enseignement; ils sentiront
mieux, que désormais nulle préparation artificielle et hâtée ne
saurait suppléer à des études régulières et sérieuses, et qu'il n'y a.
qu'un gage assuré du succés, le travail. L'Etat, en reconnaissant
le droit sacré des familles dans l'éducation, en laissant toute liberté
aux méthodes, et en-ouvrant l'enseignement à la concurrence,
p'a pas oublié pour cela, qu'il est responsable devant le pays du
_
36
—
progrés ou dé la décadence des lettres, qui sont une des plus
glorieuses parts de notre héritage national; et c'est nous, qu’il
a chargés d'y veiller, en environnant nos examens de garanties
sérieuses, et en maintenant par là le niveau des études à une hauteur digne de la France. Mais en même temps que notre Faculté
sera pour vous, jeunes gens, comme une magis{rature chargée de
vous dispenser les grades aveé une prudence impartiale, vous
trouverez aussi en nous des maîtres dévoués, pour vous guider de
nos conseils, encourager vos efforts d'une voix amie, les récompenser avec bonheur; et dans nos cours, des ressources nouvelles,
pour vous préparer aux épreuves.
Car une Faculté des Letfres est en même temps destinée à
compléter l'éducation littéraire confmencée dans les lycées. Pour
cela, elle ouvre libéralement ses cours, non pas seulement aux
hommes qui se destinent particuliérement à l’enseignement, et
prennent des inscriptions pour la Licence et le Doctorat, mais
encore, et sans distinetion, à la jeunesse d'élite, qui. pense, qu'ä
quelque profession que la fortune l'appelle, äl est bon d'y apporter un esprit cultivé et müri par l'étude, J'espère que la jeunesse
de cette ville saura profiter de cét avantage. L'étude des lettres,
en effet, pour être plus désintéressée que les autres
études dans
son objet, n'en est pas moins utile; sielle ne conduit pas directement
comme les autres à telle ou telle carriére spéciale, elle prépare
à toutes, ou plutôt, elle prépare à la vie; et ainsi que l'a dit
FEmpereur Napoléon E*,«tandis que les autres connaissances n'intéressent qu'un côté de l'esprit humain, les lettres sont l'esprit
‘
humain lui-même».
Cependant toutes ces vérités, qui autrefois auraient passé pour
des lieux communs, ont presque l'air aujourd'hui de paradoxes,
tant est grand le changement, qui, depuis quelques années, s'est
opéré à cet égard dans notre pays. Ne nous le dissimulons pas,
Messieurs, le culte des lettres, qui avait fait si longtemps notre
gloire, s'est affaibli parmi nous ; et un autre esprit n'a que trop
souvent prévalu, esprit positif, qui ne mesure les choses qu'aux
avantages maiériels qu’on en peut immédiatement recueillir. Cet
esprit du temps a pénétré jusque dans l'asile de nos écoles; il
saisit notre jeunesse au débat même de la vie, pour étouffer dans
_
leur germe ces
thousiasmes de
veut, qui siéent
part la passion
37
—
nobles sentiments, ces amours de l'idéal, ces enl’art et de la vertu, ces saintes chimères, si l’on
si bien à cet âge. Si l'on trouve encore quelque
désintéressée des lettres si commune en France
autrefois, ce n'est plus guëres parmi nos jeunes générations. Nos
collégiens même se hâtent trop d’être à cet égard des hommes de
leur temps, et de calculer avec une maturité précoce ce que leur
rapportera chacun de leurs efforts ; ils sont trop impatients, pour se
résigner à ces études des lettres, dont ils ne peuventsentir encore la
lointaine efficacité, Ils sont pressés d’entrer dans la vie, et prennent
pour arriver plus vite le chemin de traverse; ils effleurentles études;
ils retiennent de chacune le moins possible, tout juste ce qu'il en
faut, pour l’escompter au plus tôt en diplôme; et ils se lancent
dans la carrière avec ce mince bagage. Heureux encore, lorsque
plus tard ils s'aperçoivent de cette insuffisance de leur instruction,
et qu'ils ont le loisir et le courage d'y revenir.
Une autre circonstance a contribué encore à diminuer parmi
nous le goût des lettres, en entraînant ailleurs la curiosité des .
hommes ; c'est le génie des sciences modernes, ce sont les mer-
veilleuses conquêtes de l’industrie sur la nature. L'épopée de
notre siécle est l'histoire de la machine à vapeur, et la poésie est
aujourd'hui dans nos chemins de fer plus vites que la tempête,
dans l'électricité plus vite que la pensée. Loin de moi, Messieurs, de
médire de ces merveilles dela science moderne. Comment pourraisje en avoir la pensée, devant une telle assemblée, et devantl'homme
éminent, qui nous préside et donne ici tant d'éclat à l'enseignement
des sciences ? Bien loin d'en médire, je remercie Dieu, au contraire, de m'avoir fait assister à ces grands spectacles que Findustrie de notre temps a offerts à nos regards; mais
c'est surtout
parce que j'attends de ces conquêtes de la science sur le monde
matériel, qu'en facilitant le travail
de l'homme, et en
ajoutant
à son bien-être, elles serviront en même temps à l'affranchissement
de son âme jusqu'alors courbée vers la terre avec son corps par
les servitudes d'un labeur sans repos. Qu’avec la richesse, l'homme
devienne donc plus libre, mais pour devenir en même temps plus
éclairé et meilleur. Que le loisir profite au développement de son
âme ; et que le fils affranchi de la terre apprenne à regarder
davantage le ciel. Sursum corda. L'homme ne vit pas seulement de
pain. Si les inventions de l’industrie ne servaient qu'à accroître
en nous la soif des jouissances, et si le progrès moral d'un peuple
ne répondait pas à ses progrés matériels, prenons garde que ce
goût du bien-être ne nous devienne fatal. I y a un équilibre difficile à maintenir entre les choses du corps et les intérêts de la
pensée. Notre époque a entrevu quel chaos peut se faire en certains esprits, quand la conscience morale venant à s'obscurcir,
l'homme, enivré de sa victoire sur la nature, a osé presque se pro-
clamer Dieu dans son orgueil, se livrer aux plus honteuses chimères, et sanctifier tous ses appétits. Rêves insensés ! dont le bon
sens public a fait vite justice; mais
qui. n'étaient après tout que
l'exagération même des tendances matérialistes, auxquelles, tous,
nous avons plus ou moins cédé,
_
Aussi, Messieurs, est-ce avec une juste sollicitude, que le Gou-
vernement de l'Empereur,
tout en élevant et en réglant
l’ensei-
gnement des sciences, s’est si vivement préoccupé de ranimer et
de fortifier les études littéraires parmi nous. Noble et salutaire
pensée. Car, aprés la Religion, cette maitresse souveraine
de
toutes les vertus, est-il rien de plus propre encore que le goût
des lettres, pour entretenir en nous la vie morale ? Philosophie,
histoire, littérature conspirent à l’envi, pour nous dérober aux
mesquines et égoistes préoccupations de la vie journaliére, élever
nos âmes vers la contemplation de vérités éternelles, et nous faire
vivre dans un commerce assidu avec les grands cœurs et les plus
belles intelligences dont l'humanité s'honore. Car, qu'est-ce donc,
aprés tout, que ces penseurs, ces écrivains, ces poëtes, dont nous
venons vous entretenir, sinon les fils prédestinés du génie, lesquels,
aprés s'être élevés plus ou moins vers les régions divines
de l'idéal, nous en ont laissé dans
leurs œuvres une splendide
image? Dans leur fréquentation, l'esprit s'éclaire, le cœur s’épure,
l'âme s'aguerrit et se fortifie. Non, ce n'est pas impunément qu'on
vif avec ces grands hommes du passé; ils nous associent à leurs
pensées, ils font battre nos cœurs aux sentiments dont ils furent
émus ; leur âme devient la nôtre : leur souffle généreux a passé
dans notre sein : nous vivons de leur vie, nous voudrions mourir
leur mort; et quand nous les quittons pour redevenir nous-mêmes,
nous nous sentons longtemps encore agrandis par leur contact,
plus forts, plus dévoués, plus amoureux de vérité et dé vertu.
L'écho, que leur noble parole a éveillé en notre âme, continue-encore à vibrer. Laissons les aveugles traiter d'illusions ces ravissemenfs de Part, qu’ils n’ontjamais connus: Mais nous, Messieurs,
qui avons éprouvé plus d'une fois les vives et douces jouissances
de ce commerce avec les grands esprits d'autrefois, reserrons en
de plus en plus les liens. Aimons à venir auprés d'eux oublier
par intervalles les médiocrités de la vie, à nous reposer dans ce
monde plus beau de la pensée, que nous poursuivons de nos
rêves, à nous refremper enfin, et à nous désaltérerà ces sources
vives de la poésie, qui semblent descendre du ciel. Puisse notre
Faculté devenir à vos yeux comme un asile sacré des lettres,
où vous prendrez plaisir à goûter dans le recueillement ces divines émotions de l'art. Certes, les grandes œuvres de l'esprit
humain, dont nous venons vous entretenir, peuvent trouver ailleurs de plus brillants interprètes, mais nulle part de plus pas-
sionés admirateurs. de tout ce qui est grand, beau et bon.
Notre Faculté comptera cinq chaires. M, le Ministre, dans sa
bienveillance particulière pour notre ville, a voulu que dés le
début l'enseignement littéraire y fût complet; et aux chaires de
Philosophie, d'Histoire, de Littérature ancienne et de Littérature
française, il a daigné adjoindre une chaire pour l’enseignement de
© la Littérature étrangère.
Quelques mots d’explication, Messieurs, sur chacun de ces
cours.
.
Si la sagesse de l'Etat a cru devoir borner dans nos Lycées
l'enseignement de la Philosophie, qui, pour de trop jeunes esprits,
n'y avait pas été toujours sans péril, c'était pour rendre à cette
science sa place véritable dans l’enseignement supérieur. Ici viendront librement tous ceux qui s'intéressent aux choses de l'âme
et aux grands problèmes de la nature de l'homme et de sa destinée. Avec quel charme et quelle autorité de parole M. Lévêque
savait fraiter ces hautes questions, c'est ce que déjà vous avait
appris la renommée qui l'avait précédé en cette ville, Mais,
avant que ce maître, donf notre Faculté naissante éfait justement
fière, ait pu faire entendre parmi nous son éloquente voix, la
—
0
—
Sorbonne, qui nous l’enviait, nous l’a ravi. Nous ne doutons pas,
du moins, qu’en son absence, M. le Ministre ne lui donne un suppléant digne de lui, et qui sache par sa sagesse, non moins que par
son talent, conquérir à cette chaire, ainsi que l'aurait fait M, Lévèque, l’influence salutaire qui lui appartient. Car , si la Philosophie excite de justes -ombrages, quand, trop vaine de ses forces,
elle prétend résoudre les questions suprêmes qui dépassent la
raison, et où la voix d’un Dieu pouvait seule nous révéler ce qu'il
fallait croire, elle mérite au contraire d'obtenir toule autorité auprés des hommes et de seconder les enseignements même de la
Religion, lorsque, se tenant dans son légitime domaine, elle
éclaire des lumiéres naturelles de la raison
tant de questions
si
intéressantes déjà dans le probléme de notre destinée, et nous apprend à relever nos yeux vers les éternelles vérités. — La raison
et la foi, ainsi que le disait récemment à l'Académie française une
voix bien plus autorisée que la mienne, la raison et la foi descendent
également du Ciel; elles sont l'une et l’autre filles de Dieu, sœurs, et
ne sauraient se contredire. À chacune sa sphère légitime : ou plutôt,
qu'elles se prêtent l’une à l'autre un mutuel appui. La
Religion,
en effet, pourrait-elle perdre de son autorité, parce qu'elle se sera
trouvée d'accord avec une saine philosophie ? N'est-ce pas, au con-
traire, pour nous, une force de plus, que de sentir la conformité de
la doctrine chrétienne avec la nature humaine? En marquant donc
à la Philosophie ses limites en face de la Foi, ne craïgnons pas de
Jui accorder ses droits. À l’âge où les passions obscurcissent si souvent la conscience morale, que tout se réunisse, Philosophie et
Religion, pour affermir les jeunes gens dans le bien : que toutes
les voix s'élèvent pour les instruire, les exhorter, les défendre
contre les sophismes de Ïa corruption. Assez et trop longtemps
l'Ecole et l'Eglise ont été séparées par un antagonisme funeste.
Il est temps qu'elles se donnent la maïn pour le salut du monde.
L'Histoire, Messieurs, est surtout la science de notre siècle.
Quelques maîtres de génie nous ont appris à retrouver, à force
d'impartialité et d’érudition, la vérité du passé. Replacés dans
Fhorizon de leur temps , les événements d'autrefois nous ont ap-
paru avec une physionomie nouvelle. Le génie des divers peuples,
le sens de leurs institutions, l'esprit des faits s'est manifesté de plus
.
—
M
—
en plus; on a mieux connu, mieux compris le secret des siècles
écoulés. L'histoire a dû prendre donc aujourd'hui une grande
place dans nos études, Déjä depuis longtemps cet enseignement a
été organisé dans nos Lycées sur de larges bases. Mais là encore,
il faut bien que le maître se proportionne à l’âge de ses élèves.
C'estici que cet enseignement doit s'achever, en reprenant devant
des esprits préparés déjà, et déjà müris par la réflexion et par la
vie, cette étude du passé, mais, pour pénétrer plus avant dans la
pensée intime des événements, en suivre l'enchaînement mystérieux, et apprécier les circonstances qui ont influé sur la marche
de la civilisation. Le professeur, cette année, en vous rappelant à
l'histoire de Rome, s'attachera surtout à y étudier les révolutions
d'opinions, les luttes des partis, la transformation des mœurs -publiques et du caractère national, qui ont entraîné la ruine de Ja
République et préparé l'établissement de Empire. Ne dédaignons
pas, Messieurs, cette histoire de Rome, parce qu'elle a étonné et
charmé notre enfance. Ne nous plaignons pas que les Grecs et les
Romains continuent à régner dans nos écoles et nous détournent ‘
de l’histoire de notre pays. Ca été le privilège de ces peuples pré
destinés, de n'avoir pas vécu seulement pour eux-mêmes, mais
pour le genre
hunrain,
et de rester à jamais l’enseignement du
monde. Ils sont nos vrais ancêtres dans la civilisation et leur histoire est déjà notre histoire nationale.
Nos-autres chaires appartiennent à l’enseignement des Lettres
proprement dit. L'une est consacrée aux Lettres antiques,
grec-
ques et latines, l’autre aux Lettres françaises, et la troisième à la
Littérature étrangère. Les deux premiéres s'appellent mutuellement. S'il est une nation moderne, en effet, qui ait particuliérement revendiqué l'héritage de l'antiquité classique, et qui ait justifié de sa prétention par l'éclat avec lequel élle en a repris la
grande tradition,
c'est la France. À nous l'honneur d'avoir conti-
aué la Grèce et Rome, et d'avoir eu, comme
la Grèce et Rome,
une littératuré qui n'appartient pas seulement à notre nation, mais
au monde entier. Lä sont nos origines, nos modèles , nos inspira
tions; et nous cesserions de comprendre les œuvres de notre
littérature nationale, si nous laissions se rompre la chaîne de la
tradition antique,
—
49
—
- Cette. année, le. professeur de: Lelires anciennes, remontant
jusqu'au berceau de la Poésie hellénique, dont il recherchera les
mystérieux rapports avec la Poësie sacrée dé l'Inde, s'arrêtera
surtout aux immortelles épopées d'Homère. Puis, de là, suivant
le libre et naturel développement de Part en cette terre aimée des
Muses, il étudiera les religieuses origines du drame en Attique et
ses grandes productions, C’est 4 ce jeune maître, Messieurs, qu'il
appartient surtout, entre nous tous, de montrer combien
aujour-
d'hui encore le séjour de la Gréce peut féconder l'étude de ses
antiques monuments. Car c'est en Grèce qu'a commencé ce con-"
cert d'études communes et d'amitié entre nous tous, que le Ministre, par une faveur spéciale, a daigné réunir ici de nouveau,
comme en une autre Athônes, pour nous associer en un commun
enseignement. Mais M. Burnouf a prolongé plus que nous tous
son séjour dans cette patrie des arts, commentant avec les lieux
les œuvres des poëles, et apprenant à mieux saisir la secréte har…
monie du génie d'un peuple et de ses productions avec la nature
du pays où il a vécu. Ses leçons, partagées entre des expositions
entiérement littéraires et l'interprétation des textes mêmes des
auteurs anciens, s'adresseront, nou pas seulement à ceux qui viennent se préparer ici à l'enseignement, mais à tous ceux encore.
-dont la studieuse jeunesse s’est éprise pour tous ces doctes et aimables génies de l'antiquité, qui sont en possession depuis tant
de siècles d’instruire et d’enchanter la terre. Els apprendront ici à
goûter davantage, dans son heureuse et puissante originalité, cet
esprit Grec, qui d’instinct a trouvé le beau dans tous les genres,
et laïssé aux arts d'inimitables modèles. Rome apparaîtra à son
tour, s'appropriant comme une conquête la civilisation de la Gréce,
la transformant selon son fort et orgueilleux génie, la portant avec
ses armes jnsqu’aux extrémités du monde, et laissant partout une
empreinte si puissante de sa pensée que toute notre vie moderne
en est encore pleine.
La chaire de Littérature française ne fera presqué que continuer
cet enseignement. Car, depuis la Renaissance surtout, notre Littérature s’est développée sous la double inspiration de la pensée
chrétienne et de l'art antique, qu'elle est parvenueà réconcilier
dans une incomparable harmonie. C’est au glorieux siècle de
Louis XIV principalement
que je m'arréterai, en toute occasion,
avec plus de complaisance. Rien n'égale encore, en effet, dans
l'histoire du monde, cet admirable concert de grandes œuvres et
de beaux génies. Il faut y revenir avec ardeur. Car, peut-être, le
culte s'en était-ilun peu affaibli parmi nous; affadis et gâtés par la
lecture malsaine des œuvres contemporaines, peut-être ne goûlions-
. nous plus assez ces forts et sévères ouvrages qui font tant d'honneur
à la nature humaine, Retournons à ces maîtres de la vie; réapprenons à les comprendre, à les sentir, à les aimer. Pour moi, j'en
sens si vivement le besoin que, dès celte année même, où le Moyen
Age doit faire l'objet principal de mon enseignement, j'ai voulu
néanmoins réserver déjà une place à des lectures et à des études
choisies dans les œuvres du grand siècle. y consacrerai particu
Hèrement ma conférence du mardi. Le samedi seulement aura lieu
Ja leçon d'Histoire littéraire, dans laquelle je me propose de vous
exposer cette année le développement des Lettres françaises depuis la fin du XI: siècle jusqu'à la Renaissance. Car aujourd'hui,
Messieurs, grâce à de doctes recherches, lé Moyen Age nous est
rendu. Relégué longtemps dans les ténèbres de la barbarie par les
injustes dédains du XVI: siècle, éclipsé par lessplendeurs du XVIK,
insulté et méconnu par le XVIIE, il a reparu, à notre époque impartiale, dans toute sa grandeur. Dans cette poussière du passé,
sous des formes et à travers une langue qui étonnent d'abord notre
goût classique, on a retrouvé toute une littérature, toute une civilisation, avec ses livres de science, d'histoire, d'art et de poésie;
on à reconnu que le siécle de saint Louis avaït été pour le Moyen
Âge ce qu'est le siècle de Louis XIV pour les temps modernes.
Aussi, désormais, n'est-il plus possible de faire l'histoire des
lettres françaises, sans
remonter
au moins à l'époque des Croi-
sades et de Philippe-Auguste,
La chaire de Littérature étrangère complète cet enseignement
de noire Faculté : complément désormais indispensable. Car, le
temps n'est plus, où la France, trop fière de son génie, affectait
d'ignorer et de dédaigner tout ce qui se faisait à l'étranger, où
Voltaire traitait Shakspeare de sauvage ivre, et souhaitait aux
Allemands plus d'esprit et moins de consonnes, El était plus commode pour notre vanité de mépriser, que de connaître. Mais au-
—
Àk
—
jourd'hui, que les barriéres des peuples se sont abaïissées, et
qu'au delà de notre horizon, de nouveaux mondes de la pensée
se sont ouverts pour nous, nous avons appris, aprés un premier
étonnement, à mieux juger un génie autre que le nôtre, et à goûter
avec une sympathique admiration Îles œuvres étrangères dans leur .
originalité. L'Ftalie, l'Espagne, l'Allemagne, où le succés de nos
armes nous a tour à tour entraînés, nous avaient montré leurs
richesses littéraires: et cette conquête du moins nous devait de-
meurer. Car, si les armes reprennent souvent ce qui a été pris
chaire a été confiée, et qui y débute sous les auspices
d'un nom
illustré déjà par son père, dans ce genre d'études, n'assure ici
un succès dürable à cet enseignement si varié et si curieux.
M. Mézières commencera celie année sa revue des littératures
étrangères par l'Italie, en s’attachant 4 l'histoire de la poésie itaKenne, depuis la renaissance jusqu'à la fin du X VIEIL: siécle, et
en marquant surtout l'influence, qu'ont exercée sur son brillant
développement les lettres et les arts retrouvés de l'antiquité, La
Littérature italienne avait droit au premier hommage du jeune
-professeur. À son retour de Grèce, litalie a longtemps arrêté
M. Mézières: c’est la patrie de prédilection de ses études. La
poésie italienne, d'ailleurs,
est la première
dont la France
ait:
subi l'influence. Car c'est l'Italie qui, dans le réveil des arts au
XV: siécle, a devancé tous les peuples de l’Europe, en les éblouis-
sant de ses splendeurs.
|
Tel est, Messieurs, dans son ensemble l'enseignement que
notre Faculté offrira à la jeunesse de ce pays? Puisse-t-il ne point
rester au-dessous de votre attente, et justifier par son succès les
espérances que vous avez fondées là-dessus, et l’empressement
généreux de nos Magistrats municipaux à solliciter celte institution du Gouvernement, et à la doter d'une facon si libérale.
3
par les armes, les conquêtes de la pensée n’ont point de retour,
Depuis 1815, en effet, les littératures des divers pays de l'Europe occidentale ne forment plus qu'une seule littérature, mais .
où c'est toujours l'ambition et l'orgueil de la France de garder le
premier rang. Désormais donc, l'étude des langues et des littératures étrangères devait tenir une large place dans l’enseignement public. Et je.ne doute pas que le jeune maître, à qui cette
Nous nous mettons du moins à l'œuvre avec ardeur 5 mais nous
vous demandons, à tous en même {emps, votré bienveillante coopé-
ration. L'Etat et la ville ont fondé l'établissement; mais c’est à
nous maintenant à fonder l’enseignement, à nous tous, auditeurs
et maîtres. Car cette tâche est en commun, et nous nous devons
un mutuel et assidu concours. Pour nous, vous nous trouverez
toujours prêts à multiplier nos efforts, pour seconder les études
d'une jeunesse laborieuse; mais nous aimons aussi à compter sur
elle, Qu’une Université ici ne soit pas une vaine parure.pour la
vanité d'une ville, mais une institution efficace, qui porte de
vrais fruits. Quant à moi, j'ai foi dans notre avenir. Aussi, dés que
nos Facultés de Nancy ont été décrétées, n'ai-je pas hésifé à
rompre des liens anciens et chers, qui m'aftachaient à l'Ecole
normale et à la Faculté de Paris, pour venir m'associer
à cette
œuvre patriotique. Enfant de Nancy, élève de son Lycée, il m'est
doux, aprés bien des années, de rentrer au milieu de vous ; et ce
n’est pas sans émotion que je me retrouve dans cette salle, où je
venais, écolier, recueillir mes premiéres couronnes, et devant les
hommes qui ont guidé mes premiers pas dans la vie, et m'ont
toujours suivi au loin de leur pieuse sollicitude. L'accueil qui
m'attendait ici a dépassé encore mon espérance, et profondément
touché mon cœur. Mon vœu est accompli, de venir poursuivre
désormais ma carrière aux lieux où elle a commencé. J'ai recu
ici les premières semences d'instruction ; aujourd'hui, que la ma
turité est venue pour moi, je voudrais, dans ma reconnaissance,
vous rapporter une plus ample moïsson; mais telle quelle, je suis
heureux du moins de vous consacrer désormais, Messieurs, toutes
mes études et toute mon ardeur.
LEO
OPEN
SS
+
DISCOURS
|
PRONONCÉ
M. EDMOND
PAR
SIMONIN, DIRECTEUR DE L'ÉCOLE
DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE.
TE
nue
Monseur LE RecrEeur,
MonseiGNEUR,
Messigurs,
L'usage veut que, lors des séances consacrées uniquement à
l'instruction supérieure, les Directeurs des Ecoles de médecine et
de pharmacie résument les faits intéressants qui appartiennent à
l’ordre de la médecine. Mais avant de faire cetie courte exposition, j'ai un devoir à remplir. Je dois adresser à M. Faye,
Recteur de l'Académie de Nancy, l'expression de la reconnais
sance de l'Ecole pour le bien que sa haute position lui a permis
d'y réaliser, lui offrir l'assurance des sentiments de gratitude
des professeurs, pour la bienveillance qu'il a témoignée à chacun
d'eux, et le remercier personnellement
d'avoir bien voulu
con-
tinuer avec le Directeur de l'Ecole, les rapports auxquels, depuis
plusieurs années, la bonté de MM. Caresme, Guillemin et Percin
l'avait habitué.
Après les deux discours qui ont marqué si nettement un point
de départ dans le professorat de plusieurs parties du haut enseignement, je dois à mon tour indiquer, comme
faits principaux,
les modifications générales qui viennent ‘d'agrandir
et d'élever
_— 48 —
la mission de toutes les Ecoles de médecine, et faire connaitre
surtout la transformation
spéciale de l'Ecole
de Nancy,
rendue
possible par la création de la Faculté des Sciences de notre Académie. Aprés l'exposition de ces faits importants qu'une heureuse
coïncidence permet de solenniser dans cette réunion qui a pour
but d'inaugurer un nouvel avenir dans toutes les branches de l'enseignement supérieur, je devrai encore vous signaler les résultats
les plus sérieux et les plus récents de l’enseignement médical qui,
sous des titres divers, et avec des fortunes diverses, subsiste
depuis plusieurs siècles dans notre contrée.
Toutes les Ecoles de médecine et de pharmacie vont prendre
une importance et une vie nouvelle, par suite des prescriptions
du décret du 22 août dernier qui transporte, des jurys médicaux,
à ces établissements le droit de délivrer les certificats d'aptitude
pour les professions d’officier de santé et de pharmacien de seconde classe, pour celles de sage-femme et d'herboriste du se-
cond degré. La loi du 10 mars 1803 avait établi les jurys des
départements sous la pression d'impérieuses nécessités sociales ;
mais leur raison d’être ne pouvait se légitimer, aprés quarante
années, en face de l'heureux développement donné à l’enseignement médical, par la création de ces annexes des Facultés de
médecine et des Ecoles supérieures de pharmacie, qui, connues,
dés 1806,
curent,
en
sous le nom
d'Écoles secondaires de médecine, re-
1840, le titre d'Ecoles
préparatoires,
dénomination
qui ne peut subsister longtemps encore, puisqu'elle ne se trouve
pas en harmonie avec les réformes radicales opérées par le
récent décret.
Dans une lettre (1), à laquelle j'ai déjà emprunté plusieurs expressions, Son Excellence le Ministre de l'Instruction publique
et des Cultes, appréciait, de la manière suivante, l'institution des
anciens jurys. « Non-seulement cette institution devenait inutile,
mais elle créait une position singuliére et fâcheuse à nos Ecoles
qui, chargées de l’enseignement médical et pharmaceutique, se
trouvaient privées du droit de vérifier l'aptitude de ceux qui aspirent à pratiquer la médecine et la pharmacie. Il appartenait à
ces écoles de maintenir et d’élever par l'enseignement le niveau
des connaissances médicales ; de répandre et de sanctionner les
_
meilleures
méthodes,
49
—
les plus saines doctrines, les pratiques les
plus sûres, et il ne leur appartenait pas de juger si ceux aux mains
de qui doit être remise la santé publique possédent des connaissances offrant des garanties suffisantes.
Les nouvelles dispositions du décret font cesser cetle situation
anormale. Elles restituent aux Ecoles préparatoires une mission
pour laquelle elles sont si compétentes, et ces dispositions ne
peuvent que profiter à l'art médical lui-même. En rattachant né-
cessairement
la direction
des épreuves
pour
la
délivrance des
grades à la direction de l'enseignement, elles imprimentà ces
épreuves un caractère d'unité qui les rendra plus sérieuses et
leur donnera plus de valeur. »
Mais, Messieurs, je me hâte de Le proclamer, ce décret, qui
donne une entière satisfaction à la logique, avait déjà recu dans
nofre département
une grande partie de son exécution. Depuis
longtemps le bon sens général amenait à des études réelles,
sérieuses et publiques les candidats qui, aux {ermes de la loi de
4803, eussent pu motiver sur des certificais illusoires de pratique
leur comparution devant les examinateurs, Quant aux membres
des jurys, ils étaient toujours choisis par l'autorité supérieure dans
le sein de l'Ecole de médecine; ils furent, pendant bien des
années, nos maîtres avant que nous devinssions leurs collégues, .
et la préoccupation constante qui les dirigeait, ainsi que les mem
- bres qui leur étaient adjoints, n'avait pour but que le bien public.
Aussi,à la veille de leur succèder, n'avons-nous qu'un seul
désir, C'est celui de les imiter.
Au moment où les Ecoles de médecine et de pharmacie sont
investies du droit de conférer des grades définitifs, l'Ecole de
Nancy trouve, dans l'établissement de nos Facultés, un nouveau
moyen de succès pour les études ef, peut-être aussi, un nouvel
espoir pour l'avenir.
|
Cette récente création des Facultés donne une satisfaction, déjà
bien vive, à.des désirs constants et que Ia tradifion d'un passé
glorieux semble légitimer, de voir renaître, fout entiére, notre
ancienne Université, avec les modifications que doivent lui apporter, à la fois, et la tolérance, qui de nos jours éléve si haut
dans l'estime publique les convictions religieuses, et les transfor4
.
—
50
—
mations opérées dans l'étude des lettres, dans celle du droit et
surtout dans les travaux scientifiques.
Ne
toute
liens
sous
peut-on pas dire, aussi, pour justifier ces désirs, que dans
grande nation les diverses contrées, bien que réunies par les
puissants d'affection et d’unité complète de vue, différent,
le rapport intellectuel et moral, comme sous le rapport phy-
sique, et que
des
aptitudes diverses
des populations résuitent,
nécessairement, des goûts et des besoins différents ?
Gserai-je, devant un grand nombre d'auditeurs intéressés, tenter l'application de cette vérité 4 notre sol natal? Permettez-moi
de l'essayer, car si l'amour de l’impartialité et l'habitude des re"
cherches qui appartient au professorat médical peuvent empêcher les illusions de l’orgueil, lorsque l’on tente de suivre le
précepte antique de se connaitre soi-même, à plus forte raison,
peut-on espérer de se préserver de l'erreur lorsque, au point de
vue physiologique et psychologique, l'on veut rechercher
les traits
qui caractérisent l’esprit ou le génie propre à toute forte nation,
ou à lune des parties importantes de son territoire,
|
. L'esprit, dans les contrées qui furent la Lorraine, différe, réellement, du génie spécial aux régions qui nous entourent, et il ne
faut pas être un observateur bien attentif pour se convaincre
qu'il constitue une forme particulière de l'intelligence, placée,
comme fransition, entre les formes que l’on rencontre au midi, et
celles qui dominent dans
les contrées da nord. Cet esprit impro-
pre, en général, à produire les brillantes et rapides étincelles de
la pensée, qui, trop souvent, trompent l'oreille, comme l'œil du
voyageur est égaré par les lueurs fugitives, émanées des terrains
sans consistance, parfois pernicieux et que la culture fait dispa
raître de jour en jour, ne se berce point, non plus, dans les ré
veries qui semblent les produits de cerveaux souflrants, quand
elles ne sont pointrégularisées par une intelligence supérieure et
ramenées par elie à la réalité que le sens humain général a reconnue. identifié avec les sentiments les plus vifs du cœur, mais
dont l'expression est toujours maïntenue en de sages et fermes
limites, dirigé, sans cesse, par le mâle sentiment du devoir et de
la moralité, cet esprit me paraît, parmiles nombreuses définitions,
mériter celle de raison enjouée qu'a formulée #. Ampère.
_—
4,
—
N'est-ce point ce tempérament particulier de l'esprit, dont la
froideur apparente donne la certitude de la sûreté et de la durée
des rapports sociaux, qui est l'origine d’une: certaine défiance, à.
l'occasion de succès trop subits,. et de cette aspiration constante
vers ce qui est vérité, vers ce qui est bien et vers ce qui est
beau, à laquelle nous devons rapporter la naïssance de toutes les.
associations littéraires, scientifiques, et artistiques, et de ces en
seignements nombreux et divers qui, dans nos contrées, ont établi
un trait d'union entre le passé éloigné de plus d'un demi-siècle’
etun avenir devenu, en ce moment même, en partie, le présent.
N'est-ce point cette forme spéciale de
Fintelligence qui à motivé.
cette alliance heureuse, et toujours subsistan(e entre les esprits distingués, pour repousser la tendance contagieuse 4 se priver des
plaisirs de l'esprit et à remplacer ces nobles, pures et saines jouissances par des plaisirs plus sensuels, par le confortable sans distinction et par le luxe inintelligent. Doit-on s'étonner du désir ardentde
voir se rouvrir un sanciuaire des lettres dans un pays où chacun
connaît les vers de Gilbert, dans une contrée où des élèves de
Michel Ange doivent à leur ciseau une immense renommée, et
qui fut la patrie de ce grand paysagiste, dontle nom a été changé,
par le monde entier, en celui du Lorrain. Doit-on être surpris de
la noble ambition d'ajouter de nouvelles
aux fravaux sérieux
conquêtes
scientifiques
et utiles qui rappellent fant de noms de
savants dont la liste ouverte, depuis bientôt trois siécles, par le
nom de Charles Le Pois se termine, aujourd’hui, par celui de
M. Alexandre de Haldat. Pour ne point sortir de l’objet de celte
cérémonie, destinée aux lettres et aux sciences;:.je n'évoquerai
point les souvenirs qui, parmi nous, s'attachent, aussi, aux études
théologiques, et aux études du droit illus{rées, de nos jours, par
des noms prononcés dans une solennité toute récente et qui
vibrent encore à nos oreilles charmées (2),
L'Ecole de médecine, vous le savez, Messieurs, s'est associée,
constamment, aux efforts que je viens de rappeler et dans ces dernières années elle a, volontairement, ajouté à ses fravaux une
partie de l'enseignement d'une Faculté des Sciences dont elle
- cherchait, ainsi, à préparer la venue.
Mais nous devons l'avouer, dans cetie lutte de toutes les com
.
—
52
—
pagnies et de lous les corps savants, pout conserver intactes de .
recommandables traditions locales, pour satisfaire aux périlleuses
exigences du moment, tout en se préoccupant des succès futurs,
les travailleurs ressemblaient à une
troupe
peu nombreuse,
ienant constamment sur la défensive, réparant, sans cesse,
se
des
brèches incessamment reproduites, changeant d'armes et de but,
et se
nulle
grâce
venue
portant, sans relâche, d'un point à un autre pour ne céder
part, Désormais les conditions du combat seront changées,
à l'arrivée de puissants auxiliaires dont nous saluons la
avec bonheur, et avec l'espérance que l'affection se join
dra, bientôt, à l'estime et à la sympathie qu'ils ont déjà inspirée.
Tandis que l'une de nos Facultés aïdera les littérateurs à surmonter les obstacles dans la route qu'ils ont déjà suivie, l'autre
affermira le drapeau de la science que l'Ecole de médecine à
arboré et qui à couvert ses récents succès.
L'initiation d’une nombreuse jeunesse aux secrets des déconvertes scientifiques n'est pas l'unique service que la Faculté est
appelée à rendre parmi nous. Le décret du 6 décembre 1854
qu'il ne faut pas
séparer du décret du 22 août,
en
réorga-
nisant l'Ecole de médecine détermine entre elle et la Faculté une
fusion tellement intime
que les deux
enseignements,
n'offriront
plus, en quelque sorle, à nos élèves qu'un seul et vaste programme d'études, au lieu de deux programmes ordinairement
séparés. Le doyen de la Faculté des Sciences a, tout à l’heure,
+ signalé des faits dont je ne dois plus répéter les détails’ mais je
ne puis passer sous silence les conséquences sérieuses d'une
transformation qui, sanctionnée depuis hier par l'Empereur, a
placé l'Ecole de Nancy dans les conditions heureuses, et encore
exceptionnelles, où se trouvent, depuis peu, les Écoles de Lyon
et de Bordeaux. Gette transformation permettra le développement
de plusieurs de nos cours ef la création de sources nouvellés d'instruction pratique, par suite de la cession d'une partie de l'ensei- .
gnemenf scientifique faite aux professeurs de la Faculté devenus,
ainsi, de nouveaux collaborateurs de l'Ecole de médecine, au
moment
où le décret qui a été lu tout à l'heure assure la valeur
et la continuité de ses travaux, en lui donnant le droit de porter
de dix à quinze le nombre de ses professeurs (3).
_—
Hz
—
Quelques-uns de nos cours ne subiront aucune modification.
Cinq cliniques seront
ouvertes
aux
élèves
cette année, comme
pendant les années précédentes, et huit autres cours seront des-
tinés à l'anatomie théorique et pratique et à la physiologie, à la
pathologie chirurgicale et à la médecine opératoire, à la pathologie inlerne et aux accouchements. Les nouveaux résultats
décrétés en faveur des élèves seront dus à la transformation immédiate de la chaire d'histoire naturelle et de matière médicale,
et à celle de la chaire de chimie.
Dégagé d'une partie de ses devoirs, autrefois trop nombreux,
le professeur de matière niédicale et de thérapeutique pourra
donner à son nouvel enseignement le développement et l'importance que réclame un cours dans lequel le professeur, en faisant
connaître tous les produits qui sont convertis en remèdes, doit
développer l'intelligence de ses auditeurs, par des appréciations
de haute pratique, et par des considérations philosophiques, et
leur prouver que si la puissance du médecin peut être très-efficace dans la cure de certaines maladies, cette puissance à, toutefois, des limites infranchissables, qu'elle doit être invoquée plus
rarement qu'on ne le croit, et, toujours, pour favoriser l'action
des lois qui régissent l'économie humaine, au même degré que les
lois qui président à l'ordre de l'Univers. Un de nos collègues, qui
s’est acquis une baute considération dans le cours de chimie,
devra à la modification de ce cours, transformé en chaire de toxicologie et de pharmacie, de pouvoir initier les élèves à ces études
sévères qui élévent la médecine à la hauteur d'un tribunal sans
appel et qui, lors de débats solennels, font passer dans l'esprit
des jurés la conviction qu'elles ont inspirée à la conscience des
magistrats. Cette transformation de l’enseignement crée aussi un
cours nouveau
de pharmacie, en faveur d'une catégorie nombreuse
d'éléves que le décret du 22 août appelle, pendant plusieurs
années, dans les Ecoles de médecine, afin de faire participer,
désormais, tous les élèves en pharmacie, sans exception, aux
bienfaits de l'enseignement supérieur.
En remettant plusieurs parties de l'instruction scientifique aux
professeurs de la Faculté, l'Ecole ressent la satisfaction de voir
cet enscignement assuré, ct mis à l'abri de toute éventualilé
|
—
54
—
fâcheuse, par la Hibéralité de l'Etat répondant, ainsi, heureusement
au bien réalisé par le conseil municipal, et dont l'Ecole de médecine aime à exprimer sa vive reconnaissance.
|
Si nos éléves ne peuvent guëre concevoir l’espérance de s'occuper tous de l'objet du cours du savant membre de l’Institut
‘qui nous préside aujourd'hui, ils devront tous assister, assidûment, aux leçons
de chimie, aux répétitions et aux manipu-
lations qui doivent les faire fruclifier; tous devront suivre les
herborisations et le cours d'histoire naturelle, que nous voyons,
avec
plaisir, professé de nouveau par notre ancien Directeur,
et beaucoup d'entre eux iront chercher aux démonstrations de
physique le complément de l'instruction déjà acquise dans les
lycées.
.
Beaucoup aussi, j'aime à le penser, puiseront, dans les divers
cours de la faculté des Lettres, une connaissance plus appro-
fondie de l'histoire et des œuvres de l'antiquité et des temps modernes, aborderont sérieusement l'étude importante &e la philosophie trop négligée, et pourront, ainsi, perfectionner en eux, au
profit de leur -existence entière, ce sentiment divin et poétique
de l'idéal qui empêche l'humanité de s'abaïsser à la seule satis…
faction de ses intérêts matériels, et qui, dans la littérature et
dans les sciences, comme dans les arts, élève l'homme vers
Dieu, principe unique et but unique de ses efforts.
Aujourd’hui, je ne vous retracerai pas les faits scolaires de
l'année qui vient de s’écouler. La proclamation des prix, des
mentions
honorables et des résultats de plusieurs concours vous
prouvera que MM. les élèves ont mérité les récompenses attribuées à l’assiduité et au travail, et j'ai hâte de vous signaler des
faits plus intéressants, parce qu'ils se rapportent aux services que
l'Ecole et ses élèves ont eu le bonheur de rendre 4 notre contrée.
Lorsque les circonstances politiques dans lesquelles le pays est
si noblement engagé, motivérent le départ pour nos armées d'un
grand nombre de chirurgiens, dix de nos élèves furent chargés
par l'Intendance de remplacer nos confréres dans les hôpitaux
militaires. Mais c’est à l'occasion d'un malheur public que jé dois,
surtout, vous signaler le dévouement que le choléra a fait éclater
parmi nos élèves, au profit des malheureux malades.
_—
55
—
Lorsque le fléau asiatique vint étendre ses ravages sur ün grand
nombre de communes de notre département et des départeménts
voisins, le personnel médical ne put suffire, pour porter partout, et
au même instant, les secours qui étaient réclamés par des populations livrées à l'anxiété la plus vive. M. le Préfet de la Meurthe et
les hauts fonctionnaires de la Moselle et de la Meuse, firent appel
à l'humanité des élèves de l'Ecole de Nancy et leur confiance ne
fut pas trompée. Dans une seule matinée, presque tous les élèves,
dont le ternps d'études offrait une garantie suffisante d'instruction,
se firent inscrire et je dus, à regret, éloigner de cette liste hono-
rable les élèves, qui, trop nouveau-venus, n'avaient généreusement consulté que leur zèle. I fallait, en effet, présenter à la
confiance des populations, non-seulement des hommes capables
de formuler un bon
avis, mais ayant en eux la puissance suffi.
sante pour le faire exécuter sur le champ, et pour se créer,
scientifiquement, les protecteurs de plusieurs milliers de malades
qui, habituellement, reçoivent des soins de personnes trés-hono-
rables, mais étrangères à l’art médical,
on qui sont dirigés par
tous ceux qui ont intérêt à profiter des erreurs de jugement que
nous voyons se succéder sans relâche, sur tous les degrés de
l'échelle sociale, sans exception, comme pour prouver à l'homme
si vain de son intelligence, que celte intelligence n'arrive que
bien
rarement
à être
complète.
MM.
les
élèves,
avant
leur
envoi en missions, avaient étudié dans les cliniques tous les éléments connus de la question du choléra; ils partaient munis
d'instructions écrites, et, à leur départ, ils recevaient de plus
d’une bouche amie, les conseils qui pouvaient leur rendre moins
dangereux les divers écueils qui devaient, nécessairement, se
présenter, au début de leur pratique et au milieu de circonstances aussi exceptionnelles. Mais, du jour au lendemain, quelle
transformation devait s’opérer chez ces jeunes praticiens ! que de
nouvelles et rudes habitudes à contracter, sur le champ, dans
des localités ignorantes de tout bien-être, pauvres et d’autant
plus éprouvées ! que de fatigues du jour succédant, sans transition aucune, à la vie calme des études ! que de nuits consacrées
aux nombreux actes du devoir, et au lieu de ce devoir sans
combat, et offrant un vif intérêt sans causer de fatigues, tel que
_
BG
—
les cliniques régulières des hôpitaux en offrent l'exemple jour-
nalier, que de discussions banales à subir, que de préjugés sur-
prenants à surmonter, que de volontés ininielligentes à vaincre,
dans la seule vue de produire le bien! Puis, quel triste spectacle
que celui d'assister, sans retraite possible, aux moris qui mar-
quaient
pendant
pendant
venait,
chaque heure ; et au milieu de ces efforls, soutenus non
quelques jours, mais pendant plusieurs semaines, mais
plus d’un mois, que d'illusions tombées à la lumiére qui
brusquement, éclairer les parties les plus cachées et les
moins nobles du cœur humain ; que d’angoisses aussi, que de
chagrin, quand, après l'emploi des moyens qui paraissaient
avoir décidé les premiers succés, survenaient les revers qui révélaient l'intensité de la cause du mal! Sans doute, Messieurs
les élèves, vous que votre récente pralique vient de rapprocher
plus intimement encore de vos maïtres, par ce grave enseigne-
ment des faits sérieux que vous avez souvent dirigés, mais qui,
plus souvent, vous ont démoniré l'impuissance de l’homme en
face des grands fléaux qu’il n'a pas eu la volonté ou ia puis-
sance d'éviter; sans nul doute, en écoutant les conseils que nous
formulions, d'une manière si posilive, à votre départ, vous éliez
loin de supposer l'étendue de votre dévouement et quel serait le
poids de vos fatigues d'esprit et de vos fatigues physiques.
Aujourd’hui, vous comprenez combien vos professeurs devaient
vous suivre d'un œil inquiet et interroger tous vos actes pour
savoir si, à côté de votre science acquise, se trouveraient les
qualités du caractère qui devaient la rendre féconde, et le ressort
de l'âme qui permet de dominer les situations; pour savoir également si votre organisation physique aurait la trempe suffisante
pour résister aux fatigues que plusieurs années de noviciat ne
font point toujours surmonter.
À mon premier appel, vos familles vous avaient envoyés, sans
hésitation, des extrémités de départements voisins, souvent même
sans connaître les localités qui devaient être le théâtre de vos
généreux
ceflorts.
Plusieurs
d'entre
vous
partaient, bien
plus
souffrants que certains malades dont ils allaient relever le moral,
et quelques autres, forcés, au milieu de leur mission, de s’avouer
vaincus par la maladie, quittaient,
après
quelques
heures
ou
_—
HT
—
aprés quelques jours, leur lit de malade et retournaient
à leur
poste si honorable, mais si périlleux. Vous ne doutez pas, aujour-
d'hui, de la secréte anxiété que nous éprouvions, en nous demandant, tout bas, si tous vous reviendriez de cette véritable campagne,
où par ces sentiments du devoir qui, en ce moment, unissent,
d'une extrémité de l'Europe 4 l'autre, tous les cœurs français, et
par des efforts moins brillants mais
tout aussi patriotiques, vous
alliez vous associer aux héroïques faits d'armes et aux nobles
actions de la chirurgie militaire de notre armée d'Orient.
Grâce à Dieu, votre dévouement n’a point coûté de larmes,
et cependant le succès
de
vingt-sept
missions officielles a été
aussi complet que la nature grave et exceptionnelle des choses
permettait de l'espérer (4).
Je ne puis, Messieurs les éléves,
citer ici vos noms,
car j'ai
trop à direà votre louange. Vous connaissez déjà la haute opinion que vos actes ont inspirée à vos professeurs; mais vous
ignorez encore combien votre tact, voire intelligence, votre dévouement, et je dois ajouter votre courage et votre désintéressement, ont été appréciés des populations auxquelles vous avez, si
rapidement, apporté confiance, espoir et secours. De toutes parts,
des expressions de vive reconnaissance me sont parvenues. Les
administrateurs de tous ordres ont signalé combien votre présence au milieu de leurs administrés, laisserait de longs et honorables souvenirs. De hauts fonctionnaires
se sont fait un devoir,
je cile ici leurs termes, de m'adresser des remerciments et de me
faire connaître leur entiére satisfaction de vos bons services. Les
administrateurs de nos hôpitaux se sont associés à ces démonstrations, et M. le Préfet de la Meurthe s’est plu, dans un rapport
général, à exprimer tous les sentiments que votre dévonementa
fait naître en lui.
-
Le Gouvernement, je n'en doute point, ne laissera pas ces ser-
vices sans récompenses, et, déjà, des propositions ont été trans-
mises à S. Exc. le Ministre de linstruetion publique et à S. Exc.
le Ministre de l’agriculture et du commerce. Mais, Messieurs les
élèves, ce serait abaisser le caractère de votre mission, pendant
l'épidémie du choléra, que de chercher à l’apprécier par une
énumération de récompenses officielles. Vous avez. trouvé, dans
—
38
—
votre conscience, la vraie récompense de l'honnète home, de
l'homme de bien, et la seule qui, dans cette carriére où vous êtes
entrés déjà avec honneur, doit être l’unique mobile de tous vos
actes.
NOTES.
FAN ENG NS
(1) Lettre, en date du 5 octobre 1854,
traction publique
médecine.
et des Culles,
de Son Excellence le Ministre de l'Ins-
à M. Bérard, Inspecteur général de l'ordre de la
(2) De l'influence des études théoriques sur l'application des lois et la pratique des.
affaires. Discours prononcé, le 5 novembre 1854, à l'audience de rentrée de la Cour
impériale de Nancy, par M. Saudbreuil, avocat général.
(3} Voici l'indication des diverses formes de l’enseignement médical qui ont succédé à la chute des Universités provinciales frappées, comme tous les corps enscignants, par le décret rendu, le 18 août 792, par l’Assemblée nationale.
17e ronme. Enseignement libre. Professorat volontaire. Traitement des professeurs constitué par les élèves.
Diversité extrême dans les matières enseignées sans
contrôle. Plus tard certificats de scolarité admis par le gouvernement, non-seule-
ment pour ces associations enseignantes, mais
aussi pour l’enseignement donné par
tont docteuren médecine. Le décret
du 22 août 1854 a seul aboli les certifieats de scolarité particulière que tout candidat au titre d’officier de santé pouvait utiliser devant
les jurys dont la mission est terminée depuis la fin de septembre 1854. L’enseignement libre s’éleva, à Nancy, presque immédiatement après la chute de la Faculté de
médecine, du collège de médecine et du collége de chirurgie.
,
2 rorue. Ecole secondaire de médecine. Professeurs choisis par le Ministre de
l'instruction publique. Traitement des professeurs reposant encore sur le produit
des inscriptions dont la date et le nombre sont déterminés. Budget des cours assuré
par un vole de 1,000 fr., formulé par le Conseil municipal de la ville ou siége Pé-
_—
60
—
cole, ou par le Conseil général du département, ou par la Commission des hôpitaux
civils. Temps de scolarité ayant la valeur des deux tiers du temps réel, mais obligation pour les élèves passant dans les facultés de donner une seconde fois les sommes déjà versées par eux aux écoles secondaires. En 1835, l'Etat abolit ces doubles
frais de scolarité et depuis il a tenu compte à l’élève de toute somme versée. L’ensei-
gnement libre d'Amiens fut transformé le premier en 4806 ; celui de Nancy fut modifié le dernier et ne prit rang dans l'Université qu’en 1822.
5° rorue. Écoles préparatoires de médecine et de phurmucie. Le chiffre des pro-
fesseurs des écoles secondaires transformées en écoles préparatoires, à partir de 1840,
est porté de 6 à 10, non compris des attachés. Le traitement des professeurs est as—
suré. Le budget ne peut s’abaisser au-dessous d’un minimum de 43,000 fr. Les
deux premières années d’études ontla valeur du temps passé dans les Facultés. L’école de Nancy est transformée l’avant-dernière, en 1843. Reims vient après. Orléans succombe. Quelques écoles préparatoires sont créées directement. En 1853,
il ne restait plus à transformer
aucune
des 48 écoles
secondaires
primitives; il
existait alors 21 écoles préparatoires.
|
Le décret du 22 août 1854 confère aux écoles préparatoires le droit de réception
des officiers de santé, des pharmaciens de deuxième classe, des sèges-femmes et
des herborisies du deuxième degré.
4° rormg. La création des 16 centres littéraires et scientifiques permet la créa-
tion d’un type nouveau. Fusion de l’enseignement de la Faculté des sciences avec
Penseignement médical, au profit des élèves. Nombre des professeurs porté dans
l'Ecole de médecine de 10 à 45, plus les attachés. Budget élevé de 15,000 à 17,000
fr. Développement de l’enseignement médical. L'Ecole de Lyon reçoit la nouvelle
organisation le 43 août; Bordeaux, le 40 octobre et Nancy le 6 décembre 1854.
(4) Indication des missions confiées, en 4854, dans trois départements, aux élèves
de l’École de médecine, à Poccasion de l'épidémie du choléra, et dans les hôpitaux
militaires de la 5€ division.
49 Missions DONNÉES PENDANT LE CHOLÉRA,
Voici par ordre alphabétique l'indication des localités où les élèves ont été envoyés
et celle du nom de ces élèves.
Département de
la Meurthe.
MM.
Allain-aux-Bœufs........... sevsssssssrsss.s..e
Bloch.
Barbonville, esse
sssoso see...
Blénod-les-Toul., ...,..,,.,..,,,.........,....
Bernard.
Pommier.
MM.
Bouzanvillee see esssesses es seseseserecessss.
sseesesesssessess
CRAMPEROUX « «es.
Crépey. crosses secs
Choloy
nvovuores.se
et Domgermain.-...,..... sesoorssou.e.
Fécocourte
se...
srssaseceessss ...
RE
Frouard. ...,..,,,.,4,4..esseeess --.
Germonville.......,... susssssssssssss.sse.se,.
Gonüreville, ...,....... sons.
Lenoneourt, ...,...,,.,.4.,
seosossresse.s.,
Jesse
sesseses.s
Morey............, érssssgsessessessree...s.
Ochey. ........,...... eressseseeesessss..s..
Pulney,
asso sseescssssesess.s..
Saïizerais, :.....,,..,..,.,.....,. +...
Saint-Firmin.......,.,. sense. possrsseruss .
Thiébault.
ArOUld.
Saintin.
Douillat.
Kuhn.
iLepage.
Durand.
Chrétien.
Mine.
Arnould.
Robinot.
Chaudron.
Tinctlin.
Navarre.
Joyeux.
Vaudeville. ......... eurssesesesessesessess.s..
Pommier.
Velaine-sous-Amance......,.,...,,...,.. vsse.....
Arnould.
Xirocourt.
Rousselot.
...,,,..,...,...,., essor...
Hemelot,
Manson.
À Nancy, Phôpital Saint-Charles a conservé, pendant } Valentin.
les vasances, six élèves de service... ,........ .... ) Thiery.
ï
Bouchon.
\ Bervard.
Département de la Meuse.
Bar-le-Duc... ......,......,.. vesronesess .
Commerey......,.,
....,..,....,.. se...
Vasseur. n
(Kuhn (Philippe).
Lepage.
Département de la Moselle.
Aumetz. ...... sensrersesresse sessessssesrese Magot,
Ars-sur-Moselle..,....,............,,...,..... Christophe.
Dans les Vosges et dans la Haute-Marne, trois élèves
/ Plumerel.
ont apporté également lenr concours, sans avoir reçu de Meanniot.
mission SDÉCÉAUE. eee
ses resserre. (Bailly.
99 FoncTIONS CONFIÉES DANS LA D DIVISION MILITAIRE,
Hôpital militaire de Naneye
se; see...
Fonctions d’aide-major près la garnison de Marsal. .
:
. Hôpital militaire de Metz. ....,...,..,..,.,,,.,+0+{
|
MM.
Piroux.
Pommier.
Magot.
Morel.
Thiébault.
Margot.
Parant.
Christophe.
Hôpital militaire de Sarreguemines... ,....,,.....,.,., Vasseur,
Hôpital militaire de Thionville, ...4,.,,.,..:.,,+
LOCAL
ERC TS
Séintin.
PROCLAMATION
DES
PRIX
ET
MENTIONS
HONORABLES
ET
DES RÉSULTATS
DES CONCOURS.
TTC CEE
Les professeurs de l'Ecole, réunis en conseil le 1° et le 25 octobre 1854, ont décerné, dans l’ordre suivant, les récompenses
annuelles.
PRIX
ET MENTIONS
HONORABLES.
40 ÉLÈVES EN MÉDECINE.
PREMIÈRE ANNÉE D'ÉTUDES.
Prix unique.
M. Forcgor (Alfred), de Vignory (Haute-Marne).
DEUXIÈME
ANNÉE D'ÉTUDES,
Prix.
M. Bacy (Jules), de Bleurville (Vosges).
Mention honorable.
M. Brocarp (Valentin), de Rogéville (Meurthe).
TROISIÈME
ANNÉE
Mention
D ÉTUDES.
honorable.
M. Douircar (Henry), de Mailly (Marne). ‘
_
64
—
PRIX SPÉCIAL POUR LA RÉDASTION DE
M. Douar
OBSERVATIONS.
(Henry).
Blentions
honorables.
MM, Powwicr (Henry), de Bulgnéville (Vosges),
BLocx (Emmanuel), de Metzerwisse (Moselle).
2° ÉLÈVES EN PHARMACIE.
ra
|
Mention honorable.
M. BrésarD (Alexandre), de Tanconville (Meurthe).
_ RÉSULTAT DES CONCOURS.
Le concours pour la place de préparateur-aide du cours d'ana-
tomie a eu lieu le 40 novembre
1854.
M. Boucuon (Nicolas), de Nancy, a été nommé préparateur-
aide.
Le concours pour la place d’aide du cours de médecine opératoire et de déligation chirurgicale a eu lieu le 44 novembre
1854.
M. Curériex (François), de Lunéville, a été nommé aide de ces
cours.
Le concours pour la place de préparateur-aide de toxicologie
et de pharmacie, et pour la place de préparateur-aide de matiére
médicale a eu lieu le 24 novembre
1834,
M. Casrer, de Nancy, a été nommé préparateur-aide de toxicologie et de pharmacie.
M. Lewencien, d'Epernay, a été nommé préparateur-aide du
cours de matière médicale.
ORGUE27
|
Fichiers
seance_rentree_1854_complet.pdf, application/pdf, 3,61 Mo,
Classe
Document
Université Impériale / Académie de Nancy. (1854). Installation des facultés des sciences et des lettres et de l'école et de médecine et de pharmacie de Nancy le 7 décembre 1854. https://histoire-universite-nancy.fr/s/una2gm/item/8446, accès le 19 mai 2022