Jules WOHLGEMUTH

1854, 1893
;
Jules
Wohlgemuth
;
Géologie
;
Texte
; par :
Jean-René Cussenot

Jules WOHLGEMUTH (1854-1893)

Chargé de cours de géologie

Jules Jean Vincent Wohlgemuth est né le 4 janvier 1854 à Saint-Prancher, petit village des environs de Mirecourt dans les Vosges. Il est le fils de Vincent Wohlgemuth, instituteur, et d’Antoinette Joséphine Ode Delphine Dupont. Après 20 ans de fonction, son père décède en 1872, à l’âge de 42 ans, laissant une femme sans ressources et quatre enfants. Wohlgemuth devient alors soutien de famille et, grâce à son travail, ses trois sœurs rentreront à l’École normale des Vosges. Le 11 octobre 1879, il épouse à Nancy Julie Marie Françoise George. De cette union naîtront 4 enfants : Jeanne (1879- ?), Paul (1884- ?), Henri Jean (1885- ?) et Marcel-Charles (1888-1891). L’épouse de Jules Wohlgemuth décède en 1891. Il lui survit deux ans, « violemment emporté, le 31 mars 1893, par un mal foudroyant dont le caractère n’est pas bien déterminé ».

Sa fille Jeanne épousera en septembre 1903 Louis Mercier*, qui commence alors sa carrière universitaire à la Faculté des sciences de Nancy. Par ailleurs, son fils Henri, après avoir obtenu une licence ès sciences et un titre d’ingénieur à l’Institut chimique de Nancy, sera préparateur dans ce même institut durant l’année universitaire 1908-1909. Il mènera notamment des recherches cristallographie avec Jules Minguin*. On notera que, par sa mère, Wohlgemuth est un parent du médecin René Dupond* qui sera un temps chef de travaux à la Faculté des sciences de Nancy. Wohlgemuth est titulaire d’un brevet d’études supérieures qu’il obtient à l’École primaire supérieure de garçons de Nancy. Cette école deviendra en 1881 l’École professionnelle de l’Est (actuel lycée Loritz). Afin de subvenir aux besoins de sa mère et de ses sœurs, il entre dans la vie active en 1872 dans l’école où il a été formé. Il y est d’abord enseignant de mathématiques puis de sciences naturelles. Parallèlement, il est nommé préparateur de zoologie, minéralogie et botanique à la Faculté des sciences de Nancy, dans le service du professeur de géologie Joseph Delbos*. Après avoir obtenu le baccalauréat en 1875, il obtient la licence ès sciences naturelles en 1878. Suite au décès de Delbos* en juin 1882, il assure des conférences et manipulations de géologie et minéralogie pour les candidats à la licence et, en octobre 1883, il est nommé chargé de cours complémentaire de géologie, fonction qu’il occupe jusqu’à sa mort en 1893. Tout en continuant à assurer ses enseignements à la faculté et avec le plein accord du doyen, il est nommé en 1885, directeur de l’École professionnelle de l’Est. Dès sa nomination comme préparateur, il effectue des recherches en géologie. En 1880, il présente à la Société des sciences de Nancy, dont il devient durant une douzaine d’année un membre très actif, une première note montrant l’équivalence de Ammonites quercifolius et de Ammonites procerus. Par la suite, il publie également dans le Bulletin de la Société géologique de France des notes concernant le contact du Bathonien et du Callovien dans la Haute-Marne, la Meuse, la Moselle et les Vosges.

Dans le cadre de sa thèse, Wohlgemuth s’intéresse au Jurassique moyen à l’Est du bassin de Paris. Il présente sa thèse à Paris mais celle-ci n’étant pas jugée d’un niveau scientifique suffisant elle est refusée par les géologues parisiens. Dans un rapport confidentiel transmis par Henri Milne-Edwards au directeur de l’Enseignement supérieur, un géologue écrit ainsi : « Faute de […] préparation nécessaire, M. Wohlgemuth s’est heurté à chaque pas contre des détails dont il s’est exagéré l’importance et dont il a cherché l’explication dans des conceptions théoriques qui contrastent singulièrement avec la clarté et la simplicité des doctrines françaises. De là à des conclusions fausses, la chute était inévitable, et l’auteur n’a pas évité ce danger. […] Il lui manque les idées générales sans lesquelles on n’obtient que bien peu de résultats dans l’enseignement scientifique. » Néanmoins, il soutient brillamment ce travail à la Faculté des sciences de Lille en juin 1883 devant un jury composé de Jules Auguste Gosselet, Charles-Eugène Bertrand et Charles Barrois. On comprend alors la conclusion de la notice sur les travaux scientifiques présentée par René Nicklès* devant la Société des sciences de Nancy suite au décès de Jules Wohlgemuth : « Wohlgemuth était à la fois un travailleur infatigable, et un observateur de premier ordre. L’honnêteté et la conscience étaient développées chez lui au suprême degré. Il eût préféré, – et il l’a prouvé – assister à l’effondrement de son avenir que de modifier, même légèrement, une opinion qu’il savait être exacte ». Wolgemuth publie beaucoup de travaux durant les années où il prépare sa thèse, essentiellement dans le Bulletin de la Société des sciences de Nancy. Outre ses recherches en géologie et paléontologie, il publie quelques articles de cristallographie, fruits d’une collaboration avec Albin Haller*.

Il participe activement à la vie de la Société des sciences de Nancy à partir de 1879. Il en assure ainsi le secrétariat annuel en 1880 et 1881. Il est par ailleurs élu associé-correspondant de l’Académie de Stanislas en novembre 1885. Enfin, il participe au Congrès de l’Association française pour l’avancement des sciences en 1889 où il fait une conférence sur le changement de lit de la Moselle. Outre ces responsabilités, il membre du Conseil départemental de l’Instruction publique de 1887 à 1893 et membre du Conseil de l’enseignement privé pour les affaires contentieuses et disciplinaires. À sa mort, le recteur Mourin écrit au ministre de l’Instruction publique Raymond Poincaré : « C’était un professeur très distingué, infatigable travailleur, très apprécié des étudiants auxquels il se dévouait… il trouvait encore le temps de diriger la grande école professionnelle de l’Est dont il avait fait en quelques années par son administration aussi active qu’éclairée une institution de premier ordre. »

Jean-René Cussenot

Bibliographie

Wohlgemuth Jules (1881), « Note sur l’ammonites procerus, Seebach, A. quercinus, Terquem et Jourdy », Bulletin de la Société des sciences de Nancy, 5, 87-90.

___ (1882), Notes de géologie et de cristallographie, Nancy, Imprimerie de Berger-Levrault.

___ (1882), « Contact du bathonien et du callovien dans les départements de Haute-Marne, Vosges, Meuse et Meurthe-et-Moselle », Bulletin de la Société des sciences de Nancy, 6, 2-4. Publié également en 1881 dans le Bulletin de la Société géologique de France, 9, p. 258-277.

___ (1882), « Note sur le système cristallin du camphre cyano-bromé (C10H14CyBrO) », Bulletin de la Société des sciences de Nancy, 6, 45-48.

___ (1882), « Note sur un cas d’hémiédrie du bornéol cyané », Bulletin de la Société des sciences de Nancy, 6, 49-53.

___ (1882), « Note sur les calcaires blancs de Creue », Bulletin de la Société des sciences de Nancy, 6, 108-115.

___ (1882), « Note sur le jurassique moyen à l’est de Paris », Bulletin de la Société des sciences de Nancy, 6, 116-150.

___ (1882), « Note sur l’oxfordien de l’est du bassin de Paris », Bulletin de la Société géologique de France, 10, 104-114.

___ (1883), « Recherches sur le jurrassique moyen à l’est du bassin de Paris », Bulletin de la Société des sciences de Nancy, 6.

___ (1891), Note sur le callovien de la voie ferrée de Toul à Neufchâteau, Nancy, Imprimerie de Berger-Levrault.

Sources d’archives

AN, dossier de carrière : F/17/23125.

Actes d’état civil.

Registre de la population de Nancy 1892, 1re section.

Sources secondaires

Nicklès René Toussaint Joseph (1896), Notice sur les travaux scientifiques de J. Wohlgemuth,
Nancy.

Galmiche Jean-Marc, Montacie Jean & Moulin François (2006), Loritz, histoire d’un lycée pionnier, Nancy, Éditions OML.