Eugène STOCK

1863, 1934
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Eugène
Stock
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Mathématiques
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Texte
; par :
Laurent Rollet

Eugène STOCK (1863-1934)

Chargé de cours de mathématiques

Charles Édouard Eugène Stock est né le 1er mars 1863 à Strasbourg. Au moment de sa naissance, son père, Jean Mathias Stock (1826- ?), est chef de train à la Compagnie des chemins de fer de l’Est. Sa mère, Marie Antoinette Meyer (1829-1914), est née à Strasbourg. Eugène Stock est l’aîné d’une fratrie de trois enfants. Il demeure célibataire toute sa vie. Après la Première Guerre mondiale, il vit avec sa sœur Anne Marie Louise, dont il a la charge, sans doute en raison du décès du mari de celle-ci. Eugène Stock meurt le 27 février 1934 à Strasbourg.

Stock fait ses études à Nancy. Il entre en 1875 – à 12 ans – à l’École professionnelle de l’Est (actuel lycée Loritz). En 1877, il commence ses études secondaires au lycée de Nancy et il obtient le baccalauréat ès sciences en 1882. Il poursuit ensuite sa scolarité en classe de mathématiques spéciales : en 1884, il est admissible au concours de l’École normale supérieure, puis il s’inscrit à la Faculté des sciences de Nancy. De 1885 à 1890, il est boursier de licence (1885-1888) puis d’agrégation (1888-1890) : il obtient une licence ès sciences mathématiques en 1886 et une licence ès sciences physiques en 1888 ; en revanche, il ne parvient pas à obtenir l’agrégation. Après ses études, Stock, recommandé par le doyen de la faculté des sciences Ernest Bichat*, entre au service d’Alphonse Fould en tant que précepteur de ses trois fils. Héritier d’une dynastie de banquiers, censeur de la Banque de France de Nancy, Fould s’était associé en 1872 avec Auguste Dupont, pour fonder la Société des hauts fourneaux, forges et aciéries de Pompey. Durant six ans, Stock a donc en charge l’éducation de ses trois fils : il assure leur préparation au baccalauréat et aux concours des grandes écoles, l’École centrale des arts et manufactures pour René Fould et l’École polytechnique pour Maurice Fould. Parallèlement, Stock prend en charge la réorganisation de la Société générale des étudiants de Nancy, dont il assure la présidence en 1891. Cet investissement lui vaut d’être nommé officier d’Académie en 1892.

En 1896-1897, il reprend ses études à la Sorbonne afin de préparer l’agrégation de mathématiques, sans succès. En octobre 1896, toujours soutenu par Bichat*, il entre comme professeur à l’École professionnelle de l’Est. On lui confie d’abord la préparation des élèves aux écoles d’arts et métiers et, un peu plus tard, la préparation aux instituts de la Faculté des sciences de Nancy. En outre, à partir de 1899, il occupe les fonctions d’examinateur et de professeur à l’École supérieure de commerce de Nancy : ses enseignements concernent alors les mathématiques générales et les mathématiques financières. À partir de 1913, parallèlement à ses autres fonctions, Stock est nommé chargé du cours de mathématiques à l’institut chimique. Il se voit confier le remplacement du chef de travaux titulaire, Pol Simon*, qui est alors en congé d’inactivité et qui sera mobilisé durant la guerre ; Stock conserve donc ce poste jusqu’en 1919 ; il enseigne le calcul différentiel et intégral pour une indemnité annuelle de 500 francs.

En 1885, en raison du décès de son père, Stock avait été exempté de service militaire. Non mobilisable en raison de son âge, il assure pendant la Première Guerre mondiale, en tant qu’engagé volontaire, l’organisation et la direction du service de radiologie de l’hôpital auxiliaire n° 3 installé dans les locaux de l’École professionnelle de l’Est. Parallèlement, il poursuit ses activités d’enseignement. Après la fermeture d’un grand nombre d’institutions d’enseignement suite aux bombardements de 1917, Stock est mis à la disposition de la Direction de l’Enseignement technique au ministère de l’Instruction publique ; il est alors affecté, en avril 1918, en tant que maître auxiliaire au sein des écoles pratiques de commerce et d’industrie d’Évreux et de Dijon. Il y prépare les élèves candidats aux écoles d’arts et métiers. Stock assume ces responsabilités jusqu’en octobre 1919, moment où il est nommé professeur auxiliaire à l’École nationale technique de Strasbourg. Il remplace alors un professeur allemand, Paul Epstein, qui vient d’être relevé de ses fonctions. À cette époque, et jusqu’en 1924, il reste dans le cadre administratif local. Durant un an et demi, il donne ses enseignements en allemand. En janvier 1924, Stock est finalement incorporé dans le cadre administratif général au titre de professeur des écoles d’arts et métiers. Durant ses dernières années de carrière, il est chargé de la création d’un enseignement de mathématiques destiné à la préparation du diplôme d’ingénieur mécanicien et électricien ; il crée également un enseignement de mathématiques à l’Institut d’enseignement supérieur de Strasbourg. En 1925, l’inspecteur de l’enseignement technique salue les compétences pédagogiques de Stock, mais il mentionne également que son enseignement est peut-être un peu trop élevé pour les élèves dont il a la charge : « Mr. Stock est un professeur très compétent, qui expose bien, avec la vivacité et l’enthousiasme d’un bon maître. Mais j’ai l’impression que son enseignement dépasse le niveau de la classe. Les équations différentielles sont abordées, alors que les élèves ne savent pas encore prendre d’une manière certaine la dérivée d’une fonction ». En 1930, Stock fait valoir ses droits à la retraite : un conflit l’oppose au ministère de l’Instruction publique car il souhaite que ses années en tant que boursier de licence et d’agrégation soient prises en compte dans le calcul de sa pension, sans succès, semble-t-il. De la même manière sa demande d’honorariat est manifestement refusée.

Bien que n’ayant pas exercé d’activité de recherche, Stock a publié quelques articles : d’abord en tant que président de la Société générale des étudiants de Nancy puis, durant la Première Guerre mondiale, en tant que responsable d’un service de radiographie. Dans ces années, il travaille en effet avec Théodore Guilloz, professeur adjoint à la Faculté de médecine de Nancy et pionnier de la radiologie. Ce dernier a mis au point une technique de localisation des projectiles dans le corps humain à l’aide d’une aiguille électrique : ces travaux donnent lieu à une communication de Guilloz dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences et à deux articles de Stock dans la Revue générale des sciences pures et appliquées. Ces derniers portent surtout sur les aspects mathématiques de cette technologie nouvelle. Guilloz meurt en 1916 et on ne trouve plus trace d’une activité de publication de Stock après 1917. Nommé officier de l’Instruction publique en 1905, Stock obtiendra également la médaille d’or de la Grande Guerre ainsi que la médaille de la Société française de secours aux blessés militaires. En 1938, grâce à une donation testamentaire de sa sœur (décédée en juillet 1936), la Faculté des sciences de Nancy fonde le prix Eugène Stock* destiné à « être décerné chaque année à un étudiant de mathématiques, de nationalité française, né de parents français ». Outre une somme de 500 francs de rentes pour la fondation de ce prix, sa soeur donne également une somme de 10 000 francs pour la Caisse des prêts d’honneur.

Laurent Rollet

L’auteur adresse ses remerciements à Monsieur Pierre Labrude.

Bibliographie

Stock Eugène (1892), La Société générale des étudiants, fêtes de Carnot à Nancy.

___ (1915), « La localisation des projectiles par la radiographie suivant la méthode du Dr Guilloz », Revue générale des sciences pures et appliquées, 26, 469-473.

___ (1917), « L’aiguille exploratrice électrique de Th. Guilloz », Revue générale des sciences pures et appliquées, 28, 562-563.

Sources d’archives

Archives nationales : dossier de carrière (F/17/26268). Dons et legs en faveur de l’Université de Nancy (F/17/14656).

Sources secondaires

Guilloz Théodore (1915), « Aiguille électrique pour la recherche des projectiles dans le corps humain », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 160, 782-785.

Labrude Pierre (1997), « Théodore Guilloz (1868-1916), pharmacien et médecin, pionnier et victime de la radiologie », Revue d’histoire de la pharmacie, 313, 27-34.

Régent D. (1998), « Le professeur Théodore Guilloz, pionnier de la radiologie de guerre ; un héros discret de la bataille du Grand Couronné », Binôme. Reproduit dans Legras Bernard (2006), Les professeurs de la Faculté de médecine de Nancy, Nancy, Bialec, p. 183.

Richard, Christophe (1999), La Faculté de médecine de Nancy pendant la Grande Guerre. 1914-1918, thèse de doctorat en médecine, Nancy, numéro 21. Voir en particulier la page 99.