Pol SIMON

1880, 1922
;
Pol
Simon
;
Mathématiques
;
Texte
; par :
Laurent Rollet

Pol SIMON (1880-1922)

Chef de travaux pratiques de mathématiques

Pol Simon est né à Commercy le 25 février 1880. Son père, François Marie Simon (1843- ?), est employé de chemin de fer. En 1907, à la suite d’un voyage en Russie, il épouse à Commercy Élisabeth Alexandrovna Gontcharof (1883-1947), dont le père, Alexandre Nikolaievitch Gontcharof (1843-1907), est conseiller d’État en Russie. De ce mariage naîtront quatre fils qui auront tous une trajectoire littéraire ou artistique : l’écrivain et journaliste Sacha Simon (1908-1988), le romancier et chansonnier Louis Simon (1911-1988), l’écrivain et traducteur Boris Simon (1913-1972) et l’auteur et illustrateur Romain Simon (1916-2007), auquel on doit notamment les illustrations animalières de plusieurs albums Père Castor. Pol Simon meurt le 28 février 1922 à Nancy, à l’âge de 42 ans.

Il passe le baccalauréat au lycée de Nancy et obtient une licence ès sciences à la Faculté des sciences de Nancy. En 1905, il est nommé chef des travaux pratiques de mathématiques à la faculté des sciences, sur un poste nouvellement créé : il s’agit alors de répondre à des besoins nouveaux liés à l’augmentation importante des effectifs d’étudiants et plus particulièrement à l’arrivée massive d’étudiants étrangers. Outre ses enseignements à la faculté, il se partage entre l’institut chimique et l’institut d’électrotechnique et de mécanique, deux écoles qui comptent un très grand nombre d’étudiants russes avant 1914. Ponctuellement chargé de conférences mathématiques, il assure également la responsabilité des travaux pratiques d’analyse et de mécanique à l’Institut métallurgique et minier de Nancy de 1919 à sa mort.

On ne lui connaît pas de publications en mathématiques, si ce n’est un recueil d’exercices destiné aux élèves de classes de mathématiques spéciales et aux étudiants des instituts techniques des facultés des sciences, La recherche des lieux géométriques en géométrie analytique (1922). Il le dédie au mathématicien Henry Vogt*, directeur de l’Institut d’électrotechnique et de mécanique appliquée au côté duquel il fait toute sa carrière. Cet ouvrage est également dédié à plusieurs collègues professeurs au lycée de Nancy (Lucien Chanzy* et Thibaut) ou à l’École professionnelle de l’Est (Bertrand), au directeur de l’École de commerce de Nancy Jules Danis* ainsi qu’à une des ses étudiantes de licence ès sciences mathématiques.

Au-delà de ses activités professionnelles, Simon s’investit pleinement au sein des communautés académiques et intellectuelles locales. Très engagé dans la vie universitaire, il dirige pendant un temps l’Association des chefs de travaux et préparateurs de la Faculté des sciences de Nancy ; il y côtoie son ami Paul Floquet*, fils de Gaston Floquet*, mathématicien et doyen de la faculté. Il sera par ailleurs sociétaire du Couarail – une académie locale –, secrétaire-fondateur de l’Association des anciens élèves du collège de Commercy, vice-président de l’Association des étudiants de Nancy et membre de la Société industrielle de l’Est. Il s’intéresse aussi et surtout aux arts plastiques, à l’architecture et au théâtre. Il est ainsi un partisan de l’École de Nancy et un défenseur d’Émile Gallé. Il se distingue par ailleurs par une intense activité littéraire et journalistique (articles de journaux, nouvelles, études critiques, récits de voyage, chansons, etc.). Il est par exemple chargé en 1909 de la rédaction du Journal officiel de l’Exposition internationale de l’Est de la France. Il collabore également régulièrement à l’Est républicain, où il publie des articles de vulgarisation scientifique et des chroniques sur le pays lorrain (il rassemblera ses chroniques sur la ville de Commercy en 1907 dans un ouvrage intitulé Notre Commercy). En 1906, il réalise un long voyage en Russie dont il fait le récit dans un court ouvrage intitulé, En Allemagne, en Russie (suite d’impressions) (1908).

En vacances en Russie au moment où éclate la guerre, Simon pense, comme beaucoup de ses contemporains, que le conflit sera très court. Il rentre donc en France pour suivre l’ordre de mobilisation, laissant ses deux jeunes fils dans la famille de son épouse. Il ne les reverra pas avant 1921, en raison de la guerre et de la Révolution russe. Au début de la guerre, il est affecté à Autun comme lieutenant-instructeur au sein du 69e régiment d’infanterie. Il a la responsabilité d’une compagnie de recrues (les futurs Marie-Louise, en référence aux guerres napoléoniennes). Il y met en place un cycle de conférences destinées aux soldats blessés. Certaines de ces conférences seront publiées en 1916, dans un ouvrage intitulé Civilisation et Kultur qui fait directement écho aux vives réactions suscitées en 1914 par l’Appel des intellectuels allemands aux nations civilisées (plus connu sous le nom de Manifeste des 93). Il est envoyé sur le front en octobre 1915. Il termine la guerre avec le grade de capitaine et une citation à l’Ordre de l’Armée qui lui vaut la Croix de Guerre avec palmes. Blessé par accident de cheval, il est hospitalisé en novembre 1917 et sort de covalescence en février 1918. Il relatera ses souvenirs du front en 1917 dans un ouvrage intitulé Lignes des lignes, impressions d’un combattant (octobre 1915-juillet 1917). Comme, pour plusieurs de ses ouvrages, il le signera de son pseudonyme Simpol.

Laurent Rollet

Bibliographie

Simon Pol (1906), « M. Bichat », Étrennes nancéiennes.

___ (1907), Notre Commercy (suite d’impressions), Nancy, Établissement Albert Barbier.

___ (1908), En Allemagne, en Russie (suite d’impressions), Commercy, Imprimerie Léon Tugny.

___ Ed. (1911), Paul Floquet 1882-1910, Malzeville, Imprimerie Thomas.

___ (1916), « Civilisation et Kultur », in Simon Pol, et al., Civilisation et Kultur (préface du lieutenant-colonel Bernard), Paris / Nancy, Berger-Levrault, 11-17.

___ (1916), « Nos ‘Marie-Louise’, ceux d’autrefois – ceux d’aujourd’hui », in Simon Pol, et al., Civilisation et Kultur (préface du lieutenant-colonel Bernard), Paris / Nancy, Berger-Levrault, 63-68.

___ (1917), Lignes des lignes, impressions d’un combattant (octobre 1915 – juillet 1917), Nancy, Éditions de l’Est Républicain (ouvrage rédigé sous le pseudonyme Simpol).

___ (1922), La recherche des lieux géométriques en géométrie analytique, à l’usage des classes de mathématiques spéciales et des étudiants des instituts scientifiques des facultés des sciences, Paris, Librairie Armand Colin.

Simon Pol, Trémeau Ch., et al. (1916), Civilisation et Kultur (préface du lieutenant-colonel Bernard), Paris / Nancy, Berger-Levrault.

Sources d’archives

Registre militaire de la Meuse, classe 1900, matricule 763.

Sources secondaires

L. T. (1914), « Simon Pol-Julien », in collectif, Meurthe-et-Moselle : dictionnaire biographique illustré, Paris, Librairie Flammarion, 1914.

Sadoul Charles (1922), « Pol Simon ». Le pays lorrain, p. 122.

Filtrer par propriété

illustre
Titre Libellé alternatif Classe
Photographie de Pol Simon Image