Louis ROY

1882, 1959
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Louis
Roy
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Mathématiques
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Texte
; par :
Étienne Bolmont

Louis ROY (1882-1959)

Chef de travaux, chargé de conférences de mathématiques

Louis Maurice Roy est né le 21 juin 1882 à Troyes, où son père, Paul François Roy (1846- ?) est pharmacien. Sa mère, Louise Caroline Netzer (1848- ?), est originaire de Colmar. Louis Roy épouse, le 10 juillet 1906, à Paris (17e arrondissement), Hélène Gabrielle Fleury (1876-1957) dont le père est licencié en droit. Un fils, Alexandre (1916- ?), naîtra de cette union. Louis Roy meurt à Castres (Tarn) le 13 juillet 1959.

Bachelier ès lettres et ès mathématiques à Dijon en 1899, il obtient la licence ès sciences avec les certificats de mécanique rationnelle, de mécanique appliquée et de physique générale à la Faculté des sciences de Lille, avec trois mentions très bien. Pour ces excellents résultats, il obtient le prix de licence de la faculté.

Il poursuit ses études à l’École supérieure d’électricité de Paris et en sort diplômé en 1903. Il devient alors ingénieur à la Société alsacienne de constructions mécaniques de Belfort. Un an plus tard, il revient à l’École supérieure d’électricité de Paris, en tant que préparateur, puis comme chef de travaux de mesures électriques.

De 1906 à 1912, il reprend des études à la Faculté des sciences de Paris, obtenant les certificats de calcul différentiel et intégral (1907) et de physique mathématique (1908). Pendant ces années, il prépare une thèse qu’il obtient à Paris en mai 1910, Recherches sur les propriétés thermomécaniques des corps solides. Le jury, composé de Paul Appell, Joseph Boussinesq et Paul Painlevé, lui attribue la mention très honorable. En 1913, Roy est répétiteur d’analyse et de mécanique à l’École municipale de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris, école pour laquelle il participe également au jury d’admission en 1914. À la fin de 1913, il se porte candidat à un poste de maître de conférences de mathématiques à la Faculté des sciences de Rennes. Il obtient alors le soutien de Pierre Duhem et de Boussinesq. Ce dernier souligne ses qualités de « géomètre à tendances moins exclusivement analytiques, plus apte, par conséquent, à aider ses collègues des sciences physiques et même naturelles », mettant ainsi en valeur son goût du concret. Malgré ces soutiens, sa candidature n’est pas retenue.

Louis Roy commence sa carrière universitaire en janvier 1914 en tant que chef de travaux chargé de conférences de mathématiques à la Faculté des sciences de Nancy. Il reste officiellement dans ce poste jusqu’au 31 décembre 1914. Cependant, il rejoint en réalité la Faculté des sciences de Toulouse dès août 1914. Il profite en effet du départ vers Lille du professeur Albert Châtelet qui quitte Toulouse en juillet 1914. Il est finalement nommé chargé de cours de mécanique rationnelle et appliquée à Toulouse en novembre 1915, remplaçant alors le mathématicien Samuel Lattès. Il est reconduit sur cet emploi jusqu’au décès de ce dernier, ce qui lui permet finalement d’accéder à la chaire de mécanique rationnelle et appliquée en juin 1919.

Le rapport sur ses travaux, rédigé en avril 1919 par le mathématicien toulousain Adolphe Bühl, le présente comme disciple et continuateur de Pierre Duhem en physique mathématique. Il met également en évidence ses qualités d’analyste : « C’est également un analyste qui ne voit aucune difficulté à se mettre au courant d’une mécanique analytique ». Pour conclure, écrit-il, « Il ne fut jamais un candidat pouvant présenter, comme M. Roy, un bagage véritablement constitué de travaux se rapportant à la science qu’il s’agit d’enseigner et tels d’ailleurs qu’ils pourraient aussi bien justifier l’accession à une chaire de physique mathématique ». Alors qu’il a été ajourné par le conseil de révision pour faiblesse en 1903, il est classé dans les services auxiliaires de l’armée en 1904, puis dans la réserve en octobre 1906. Il participe quand même activement à la guerre pendant 3 ans : mobilisé en août 1916 jusqu’en juillet 1919, il est affecté au 23e régiment d’artillerie en tant qu’ingénieur d’études spéciales à la nouvelle cartoucherie de l’arsenal de Toulouse. Pendant ces années, il continue en parallèle ses cours à la faculté des sciences. Il est promu à la première classe en 1934.

En fin de carrière, il enseigne à Toulouse la mécanique rationnelle, l’électricité générale, la statique graphique et la résistance des matériaux à l’Institut électrotechnique, ainsi que la mécanique des fluides à l’Institut de mécanique des fluides. « C’est un professeur consciencieux et énergique qui a beaucoup d’autorité sur les étudiants » note le recteur de Toulouse en 1931. Si son service d’enseignement est bien chargé – le recteur le qualifie de grand travailleur –, il s’investit également beaucoup dans la recherche.

Il publie entre autres aux Comptes rendus de l’Académie des sciences, aux Annales de la Faculté des sciences de Toulouse, aux Annales de l’Observatoire de Toulouse, dans la revue L’Astronomie et dans le Bulletin de la Société astronomique populaire de Toulouse. En 1952, il compte 138 publications. Ses travaux concernent majoritairement les mathématiques appliquées. Après sa thèse Roy se consacre à l’étude de la viscosité et de la dynamique des fils et des membranes flexibles.

À partir de 1915, ses recherches portent sur l’électrodynamique et la résistance des matériaux. En 1931, il commence à publier des travaux en astronomie : il s’intéresse notamment aux instruments d’observation et à leur pouvoir séparateur, facteur important pour l’étude des diamètres des disques stellaires. L’astronomie constitue également pour lui un violon d’Ingres au point qu’il en vient à construire son propre télescope. Roy publie ses cours de mécanique appliquée et mécanique rationnelle ; dans la dernière édition de 1950 il ajoute un appendice sur les fusées.

Officier d’académie en 1919, officier de l’Instruction publique en 1924, Roy est élu, la même année, membre de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse qu’il préside de 1937 à 1939. Il entre à l’Académie des sciences en tant en novembre 1927, dans la section de mécanique, en tant que correspondant. Membre de la Société d’astronomie populaire de Toulouse, il en devient président en 1934. En 1956, il assure la présidence de la Société mathématique de France. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1935. Après avoir bénéficié d’une prolongation de deux ans, il est admis à la retraite en 1952. Il a alors atteint la limite d’âge de 70 ans. En 1941, il signe la déclaration de non-appartenance aux sociétés de franc-maçonnerie.

Étienne Bolmont

Bibliographie

Roy Louis (1909), « Recherches sur l’échauffement des conducteurs par le courant électrique », Journal de physique théorique et appliquée, 476-493.

___ (1910), Recherches sur les propriétés thermomécaniques des corps solides, thèse de doctorat, Gauthier-Villars.

___ (1910), « Sur les équations des tiges », Annales de la Faculté des sciences de Toulouse, 1-2, 19-32.

___ (1912), « Recherches sur la dynamique du fil flexible », Annales scientifiques de l’École normale supérieure, 29, 371-429.

___ (1912), « La loi adiabatique dynamique dans le mouvement des membranes flexibles », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 154, 1213.

___ (1912), « Les équations générales des membranes flexibles », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 154, 109.

___ (1914), « Sur le mouvement des milieux visqueux et les quasi-ondes », Mémoires de l’Académie des sciences, 35.

___ (1914), « Sur le mouvement à trois dimensions des milieux visqueux indéfinis », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 158, 1158.

___ (1916), « Sur l’électrodynamique des milieux absorbants », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 162, 468.

___ (1919), « Sur la résistance dynamique de l’acier », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 168, 304.

___ (1921), Sur les équations générales de la mécanique, le théorème de d’Alembert et celui du travail virtuel, Paris, Gauthier-Villars.

___ (1921), Cours de mécanique rationnelle à l’usage des élèves de l’Institut électrotechnique et de mécanique appliquée et des candidats au certificat de mathématiques générales ; Cours de mécanique appliquée. Statique graphique et résistance des matériaux, Paris, Gauthier-Villars.

___ (1923), « Sur l’électrodynamique des milieux en mouvement », Annales de la Faculté des sciences de Toulouse, 15, 199-241.

___ (1923), « Sur le théorème de moindre contrainte de Gauss », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 176, 1206.

___ (1923), L’électrodynamique des milieux isotropes en repos d’après Helmholtz et Duhem, Paris, Gauthier-Villars.

___ (1926), « La loi adiabatique dynamique relative aux lignes élastiques », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 182, 839.

___ (1926), « La propagation des ondes sur la ligne élastique à six paramètres », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 182, 569.

___ (1928), « Sur la construction et le réglage des télescopes de Newton », L’Astronomie, 497-516.

___ (1928), « Sur les équations générales des surfaces élastiques », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 186, 480.

___ (1929), Problèmes de statique graphique et de résistance des matériaux à l’usage des élèves de l’Institut électrotechnique et de mécanique appliquée et des candidats au certificat de mécanique appliquée, Paris, Gauthier-Villars.

___ (1930), « De la propagation des ondes sur les surfaces élastiques », Annales de la Faculté des sciences de Toulouse, 22, 185-247.

___ (1931), « Sur la comparaison des télescopes aux lunettes », L’Astronomie, 424-440.

___ (1932), « De la ligne élastique aux équations fondamentales de la résistance des matériaux », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 194, 1418.

___ (1934), « Sur le diamètre apparent des disques stellaires », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 198, 304.

___ (1934), « Sur le pouvoir séparateur pour deux composantes égales », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 198, 523.

___ (1935), Notice sur les travaux scientifiques de Louis Roy, Paris, É. Privat.

___ (1939), Sur les actions magnétiques, électriques, électrodynamiques et électromagnétiques dans les corps rigides ou déformables, Paris, Gauthier-Villars.

___ (1940), « Sur les déformations d’origine électrique et magnétique », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 211, 5.

___ (1941), « Sur le frottement de roulement », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 213, 601.

___ (1944), Cours de mécanique rationnelle. Éléments, Paris, Gauthier-Villars.

___ (1945), Cours de mécanique rationnelle. Cinématique-point matériel-systèmes de points matériels, Paris, Gauthier-Villars.

___ (1945), Cours de mécanique rationnelle. Milieux continus déformables, Paris, Gauthier-Villars.

___ (1950), Problèmes de statique graphique et de résistance des matériaux : à l’usage des élèves de l’École nationale supérieure d’électrotechnique et d’hydraulique, et des candidats au certificat de mécanique appliquée, Paris, Gauthier-Villars.

___ (1950), Cours de mécanique rationnelle. Problèmes et exercices suivis d’un appendice sur les fusées, Paris, Gauthier-Villars.

___ (1951), Statique graphique et résistance des matériaux, Paris, Gauthier-Villars.

Sources d’archives

Archives nationales : dossiers de carrière (F/17/25536). Ce dossier mentionne l’attribution de la Légion d’honneur, sans qu’on puisse en trouver la confirmation.

Archives de l’Académie des sciences.

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