Georges REBOUL

1879, 1955
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Georges
Reboul
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Physique
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Texte
; par :
Étienne Bolmont

Georges REBOUL (1879-1955)

Maître de conférences de physique

Georges Scipion Antoine Reboul est né le 1er juin 1879 à Calvisson, dans le Gard. Son père, Antoine Reboul est propriétaire agriculteur, sa mère, Jumina Roux est sans profession. Georges Reboul se marie à Paris en 1910 avec Marie Léonie Colsenet. De ce premier mariage naissent deux enfants, Nelly (1910) et Jean-Antoine (1911). Jean-Antoine s’orientera aussi vers les sciences et il écrira quelques articles avec son père. Georges Reboul se remarie à Congénies (Gard) en juillet 1928 avec Adèle Farel, née comme lui à Calvisson. Il meurt à 78 ans à Montpellier, le 22 mai 1955.

Élève au lycée de Nîmes, Reboul s’y distingue par des nominations au Concours général en dissertation philosophique en 1897 et, en 1900, en mathématiques spéciales. Admis à l’École normale supérieure et à l’École polytechnique, il choisit Ulm où il entre en novembre 1901, après une année de service militaire au 40e régiment d’infanterie à Nîmes. Il est admis à l’agrégation de sciences physiques en 1904, avec le sixième rang sur quatorze reçus. Il devient alors professeur de sciences physiques au lycée de Chartres, où il se révèle un excellent enseignant. Il essaie alors en vain de se faire nommer en délégation dans un lycée parisien, malgré l’appui de Gaston Doumergue, originaire comme lui du Gard et alors ministre du Commerce, de l’industrie et du Travail. Il cherche en effet à se rapprocher de Paris, car il prépare alors une thèse au laboratoire de recherche de la Sorbonne avec Gabriel Lippmann, tout en bénéficiant des conseils de Paul Langevin. Il la soutient brillamment en avril 1908, devant un jury composé de Lippmann, Edmond Bouty et Henri Le Chatelier. Elle s’intitule Recherches sur les phénomènes électro-capillaires et thermoélectriques.

Après sa thèse, bénéficiant d’une bourse Commercy de 5 000 francs, Reboul obtient un congé de 1908 à 1910, ce qui lui permet de poursuivre ses recherches dans le laboratoire de Lippmann. En janvier 1910, il est nommé maître de conférences à la Faculté des sciences de Nancy, remplaçant Edmond Rothé*. Il est titularisé sans limites en février 1912, puis il devient professeur adjoint de physique le 1er mars 1912. Il quitte Nancy le 15 juillet 1914 pour rejoindre la Faculté des sciences de Poitiers, en tant que professeur de physique, où il remplace le doyen Paul Garbe.

En réalité, il ne rejoint son poste qu’en mars 1919, après quatre années au front. Fin 1918, il avait demandé sa nomination à Montpellier, mais en vain. En novembre 1927, il regagne enfin sa région d’origine, nommé professeur de Physique à la Faculté des sciences de Montpellier. Il avait refusé de candidater à la Sorbonne, en demandant son transfert pour Montpellier pour des « raisons de famille et de santé ». À Montpellier, il remplace le professeur Fernand Beaulard de Lenaizan. Il est brièvement mobilisé en 1939, d’août à novembre. En 1945, il devient assesseur du doyen. Parallèlement, de 1924 à 1940, il enseigne la météorologie à l’Institut national agronomique de Paris, avec le titre de maître de conférences. Il prend sa retraite le 1er janvier 1948.

Reboul reste donc quatre années à Nancy. En tant que maître de conférences, il est chargé du cours de physique au certificat de sciences physiques, chimiques et naturelles dont il réorganise les exercices. Ses leçons sont suivies également par les élèves du cours préparatoire à l’institut électrotechnique. Pour ce cours, il publie un Recueil de manipulations élémentaires. Il assure de plus un cours public d’électricité industrielle portant sur les courants continus et alternatifs. Ce cours est très suivi – par près de trois cents apprentis ou contremaîtres – au point que la ville de Nancy en augmente la subvention en décembre 1913. Dans ses premiers rapports annuels, le recteur Charles Adam note le succès immédiat de Reboul dans ses conférences et ses cours, et l’originalité de son esprit. En 1911, il souligne « sa verve méridionale qui donne beaucoup de vie à son enseignement ». Reboul exprime dès son arrivée à Nancy son désir de s’entourer de chercheurs dans son laboratoire et de les diriger. Il poursuit ses recherches en chimie physique, sur les effets ioniques de surface jusqu’en 1912, en continuité avec sa thèse, puis il étudie les effets photoélectriques et les liaisons moléculaires de 1912 à 1914, avec le Roumain G.-A. Dima. À partir de 1913, il porte son attention sur les actions superficielles d’un gaz en liaison avec les rayons de courbure des solides, recherche qu’il poursuit à Poitiers avec Louis Rémi Luce dont il dirige la thèse.

Pendant la guerre, Reboul est affecté au 117e régiment d’infanterie territoriale d’octobre 1914 à septembre 1915 : il participe à des combats dans l’Aisne, en Champagne puis aux Éparges. En 1915, il reçoit la Croix de guerre avec deux citations. Il est alors affecté au Service météorologique aux armées créé en 1915. Il y élabore avec le physicien Louis Dunoyer une méthode de prévision de l’évolution des conditions météorologiques basée sur les probabilités et sur une observation systématique des variations des paramètres déterminant le temps. Il est félicité par le Général Édouard de Castelnau et par le commandant Picard pour les prévisions fiables données à partir de la station météorologique de Malzéville. En 1917, il donne une série de conférences sur les applications de la météorologie à l’aviation aux Groupes de bombardement en opération sur le Front. Après la guerre, il utilise ses compétences météorologiques pour l’agriculture et, jusqu’en 1940, il donne des conférences aux élèves de l’Institut national agronomique sur ce sujet, ce qui lui vaut de recevoir, en 1930, la médaille du Mérite agricole. De 1920 à 1932, Reboul porte son attention sur les cellules semi-conductrices à rayonnement X, avec deux étudiants en thèse, E. Bodin, professeur agrégé au lycée de Poitiers, et Georges Déchène, professeur au lycée de Montpellier. Ces recherches font l’objet d’un article dans le Journal de Physique en 1931. De 1933 à 1940, il étudie les rayonnements des isolants électrisés, dans le cadre de la théorie quantique qui prévoit cet effet. À partir de 1935, il travaille avec son fils Jean-Antoine sur le problème du rayonnement spontané des métaux ordinaires et de leurs sels sous l’action du rayonnement cosmique ou en présence de substances radioactives.

Ces recherches débouchent sur plusieurs thèses, d’une part celle de son fils, soutenue en 1938 et portant sur les effets du rayonnement cosmique, et d’autre part, celle de Mohammad Aboubakre sur les alcalins et alcalinoterreux (1941) et celle d’Émile Thibaud sur les applications à la médecine (1949). Parmi les autres recherches de Reboul, on mentionnera d’abord son travail sur les phénomènes de radioactivation dans les gaz et les isolants (1932-1948), pour lesquels il donne une explication théorique, conséquence de la constitution électronique de l’atome de Bohr. Par ailleurs, dès 1920, il approfondit la connaissance des semi-conducteurs réels et de leurs applications. Enfin, ses dernières recherches, de 1940 à 1950, le conduisent à définir avec son fils ce qu’ils nomment un axiome universel lié à l’application des probabilités aux sciences expérimentales : « Un changement fini de l’état d’un système est la somme intégrale de changements élémentaires uniquement régis par les lois du hasard ». Il s’agit alors de « substituer à la probabilité mathématique qui comporte une idée de probabilité d’atteinte, celle de probabilité physique attachée à une idée d’action ». Ils publient les résultats de leurs réflexions en 1949 aux Éditions Gauthier-Villars. Au final, Reboul aura dirigé 17 thèses. À Nancy, il aura permis à Eugène Grégoire de Bollemont, son chef de travaux, et au Roumain G.-A. Dima de publier dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences. L’Académie des sciences lui octroie plusieurs prix au cours de sa carrière : les arrérages de la fondation Clément Félix en 1926 (2 500 francs), le prix Hughes en 1927 et le prix Pierson-Perrin en 1931 pour ses recherches sur les semi-conducteurs. Il est nommé membre correspondant de l’Académie des sciences en décembre 1943.

Étienne Bolmont

Bibliographie

Reboul a publié une centaine d’articles, dont un quart avec un collaborateur, essentiellement dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences, mais aussi dans le Journal de physique et dans Le radium. À noter, un petit article sur la photographie dans le Bulletin de la Société lorraine de photographie en 1912.

Reboul Georges (1908), « Recherches sur les phénomènes électrocapillaires et thermoélectriques dans les gaz (thèse) », Annales de chimie et de physique, 435.

___ (1920), « Sur une nouvelle propriété des corps faiblement conducteurs de l’électricité », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1052.

Reboul Georges & Dunoyer Louis (1921), « Le problème de la prévision du temps », Journal de physique et le Radium, 2, 129-141.

Reboul Georges & Bodin M. (1924), « Sur un nouveau mode de production des radiations comprises entre l’ultra-violet et les rayons X », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 37.

Reboul Georges & Reboul Jean-Antoine (1937), « Sur des radiations ionisantes de petit quantum émises spontanément par les métaux ordinaires », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 789.

___ (1946), « Applications des relations de probabilités aux équilibres physiques et biologiques », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1063.

___ (1949), Un axiome universel ; ses applications aux sciences expérimentales, Paris, Gauthier-Villars.

Sources d’archives

Archives nationales : dossier de carrière (F/17/25288) et deux dossiers complémentaires (AJ/16/1424 et AJ/16/5779).

À l’Académie des sciences, son dossier est relatif aux prix et à sa nomination comme membre correspondant en 1943. Il contient une notice éditée en 1950 décrivant ses Services et Travaux, et une notice nécrologique prononcée par Jean Cabannes en 1955.

Registre militaire du Gard, classe 1899, matricule 517.

Sources secondaires

Cabannes Jean (1955), « Notice nécrologique sur Georges Reboul, Correspondant pour la Section de Physique », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 2361-2363.

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