François PERREAU
François PERREAU (1868-1916)
Maître de conférences de physique
François Antoine Camille Perreau est né le 24 juillet 1868 à Cosne-sur-Loire dans la Nièvre. Son père y est vigneron. Il se marie en mai 1904 et a deux filles, Berthe Suzanne (1906) et Simone Stéphanie (1908). Il décède à Besançon le 30 juin 1916, à l’âge de 48 ans.
Entré au lycée de Nevers en 1878, il se distingue en 4e et 5e année en remportant tous les premiers prix de sa classe et il est reçu au baccalauréat scientifique en 1885. Il poursuit alors en classe préparatoire au lycée Janson-de-Sailly à Paris, et il réussit le concours de l’École normale supérieure où il entre en 1888. Il obtient entre temps le premier prix de chimie et le premier accessit de mathématiques au Concours général. Trois ans plus tard, à 23 ans, il possède les deux licences de mathématiques et de physique et le titre d’agrégé de sciences physiques. Il passe sa thèse ès sciences physiques en 1895, Sur la réfraction et la dispersion des gaz avec dans son jury Edmond Bouty.
Il a préparé cette thèse de 1891 à 1894 en étant préparateur auprès d’Élie Mascart au laboratoire de Physique et expérimentale du Collège de France, en remplacement d’Henri Bouasse. En novembre 1894, il arrive à Nancy, en tant que maître de conférences. Il y demeure jusqu’en février 1902, lorsqu’il est nommé chargé de cours à la Faculté des sciences de Besançon. Il est promu très rapidement, en novembre 1902, à la chaire de physique et y demeure jusqu’à son décès prématuré en 1916. Il contribue à développer l’enseignement de la chronométrie dans une région connue pour sa production horlogère. Nommé assesseur du doyen en février 1905, il devient doyen en février 1911 et le reste jusqu’à sa mort.
Il arrive donc à la Faculté des sciences de Nancy à la rentrée de novembre 1894. À partir de 1896, il est chargé de deux conférences hebdomadaires de physique industrielle portant sur les domaines de la chaleur et de l’électricité. C’est Ernest Bichat* qui a œuvré pour l’instauration de ce cours de physique appliquée et d’électrotechnique, et la ville de Nancy l’a subventionné au titre de cours municipaux d’électricité industrielle.
Les compétences de Perreau dans le domaine des applications de la science sont reconnues et il est nommé membre et rapporteur de la commission chargée d’élaborer le traité de concession de la distribution de l’électricité de la ville de Nancy. Les conférences s’ajoutent au nouvel enseignement de la physique aux élèves du certificat de sciences physiques, chimiques et naturelles et à une conférence d’agrégation. Il est reconnu comme un bon professeur, qualité déjà mentionnée dans son rapport de thèse. Un rapport du physicien Élie Mascart en 1900 souligne un cours bien préparé et bien exposé, avec des expériences nombreuses, ce qui ne l’empêche pas de regretter un trop faible investissement dans la recherche.
En effet, Perreau publie peu, mais par contre, il s’investit beaucoup dans des activités périuniversitaires. De 1895 à 1902, il est président de la Jeunesse lorraine de Nancy, association fondée en 1876, pour développer l’instruction et l’éducation populaires : elle organise des cours d’adultes, des bibliothèques mobiles, des conférences populaires et des fêtes. En 1899, il fonde l’Université populaire de Nancy. Il fait de nombreuses conférences dans la région, allant jusqu’à son village natal de Cosne.
C’est ce travail en formation d’adultes qui est reconnu par une médaille de bronze de la Ligue française de l’enseignement et une médaille d’or à l’Exposition universelle de 1900. En décembre 1898, il signe la pétition « Un vœu » demandant l’ajournement du procès Picquart dans l’affaire Dreyfus. En 1902, alors qu’il est déjà à Besançon, il est contacté par ses amis lorrains et par le préfet pour représenter le cartel des gauches aux élections législatives dans la troisième circonscription de Nancy, tenue alors par Ludovic Gervaize, député radical-nationaliste, antisémite notoire.
Perreau y met la condition d’une titularisation rapide en tant que professeur à Besançon, ce que le ministre de l’Instruction publique ne peut entériner, pour une raison de délais à respecter. Perreau reste donc à Besançon, où il va continuer sa vie militante. Il s’occupe des œuvres d’extension universitaire, comme la Société des amis de l’université dont il est le secrétaire ; il est également président du Patronage des écoles laïques. Conseiller municipal jusqu’en 1912, il devient adjoint au maire pour les questions d’instruction publique. Le recteur Henri Padé regrette que « la fréquentation des milieux politiques lui a aussi donné certaines habitudes de discussion que l’on voit avec peine s’introduire dans nos conseils universitaires ».
S’il est reconnu comme un bon enseignant, se distinguant dans l’enseignement de physique appliquée, son activité de recherche n’a pas été à la hauteur de la réussite prometteuse de ses études. Ainsi, en 1913, le recteur lui reproche son manque d’activité de recherche : « On comprend qu’aucun temps ne lui reste pour remplir la seconde partie de sa tâche de professeur d’Université, la recherche scientifique personnelle, et que depuis plusieurs années déjà, aucun travail de science proprement dite ne soit sorti de son laboratoire». En effet, après sa thèse sur les gaz, il publie quelques articles dans le Journal de physique et aux Comptes rendus de l’Académie des sciences, et au niveau local, dans le Bulletin de la Société industrielle de l’Est. Ces articles ne concernent plus son domaine de recherche de thèse, mais l’électricité appliquée pour trois d’entre eux, un article de mécanique sur les oscillateurs, un sur l’action des rayons X sur la résistance électrique du sélénium et un sur les dirigeables et aéroplanes. Plutôt qu’à une recherche, certains correspondent à des conférences qu’il continue à donner à Besançon, dans le cadre des associations péri-universitaires. Par ailleurs, membre de la Société française de physique, il collabore à l’Éclairage électrique et au Journal de Physique où il analyse d es articles du Philosophical Magazine. En 1896, il est nommé officier d’Académie.
Étienne Bolmont
Bibliographie
Il est à noter que certains de ses articles sont attribués à Eugène au lieu de François.
Perreau François (1895), Étude expérimentale de la dispersion et de la réfraction des gaz (thèse), Gauthier-Villars.
___ (1897), « Sur les courants de haute fréquence », Bulletin de la Société industrielle de l’Est, 5-10.
___ (1898), « L’isolement des canalisations électriques », Bulletin de la Société industrielle de l’Est, 147.
___ (1899), « Sur la méthode des coïncidences », Journal de physique, 8, 212-214.
___ (1899), « Influence des rayons X sur la résistance électrique du sélénium », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 129, 956.
___ (1912), « Dirigeables et aéroplanes », Cahiers du centre (Moulins).
___ (1915), « Sur un électrovibreur alimenté par des courants interrompus », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 161, 206-209.
Sources d’archives
Archives nationales : dossier de carrière (F/17/25879). Le dossier contient aussi le discours prononcé à ses obsèques par le recteur Padé, paru dans le journal Le petit Comtois en juillet 1916.