Élie OUTTERS

1877, 1938
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Élie
Outters
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Brasserie
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Texte
; par :
Jean-René Cussenot

Élie OUTTERS (1877-1938)

Chef de travaux de fabrication en brasserie

Élie Rémy Outters est né le 9 décembre 1877 à Rexpoëde dans le Nord. Fils d’Henri Benoît Cornil Outters, cultivateur propriétaire, et d’Irma Élise Catherine Massellis, il est le second d’une famille de sept enfants. La famille quitte Rexpoëde en 1880 et s’installe définitivement à cinq kilomètres de là, à Bambecque. Élie Outters épouse le 12 octobre 1910, à Anzin (Nord), Annette Rigoberte Raphaëla Decoux (1889-1958) dont le père est brasseur de profession et futur maire de cette ville. En ce début de 20e siècle, l’activité brassicole est prospère dans ces régions du nord de la France et les familles Outters-Decoux y ont leur place : l’un des frères d’Élie Outters est brasseur à Hazebrouck et son beau-père, Raphaël Decoux, l’est à Anzin. Le couple aura au moins deux enfants, Jacques Henri Raphaël, (1913-1919) et Ginette, (1921- ?). Élie Outters meurt en 1938 à Baisieux (Nord).

Outters effectue son service militaire en 1898-1899. Il entre à l’École de brasserie de Nancy en 1905. Classé premier à l’examen final, il reçoit la médaille d’argent de la Société industrielle de l’Est. Durant l’année universitaire 1906-1907 il y est nommé délégué dans les fonctions de chef de travaux de fabrication à l’École de brasserie, avec une indemnité mensuelle de 200 francs prise sur les fonds de la faculté des sciences.

Il est par la suite recruté comme directeur de la malterie Thieffry Frères de Baisieux.

Mobilisé en août 1914 au 1er régiment territorial d’infanterie, il est renvoyé dans ses foyers le 21 août 1914. En 1915, il travaille à la brasserie Bonduel, une des quatre brasseries qui fonctionne encore à Lille, alors en zone allemande. Il est interné dans un camp de prisonniers de guerre civils à Holzminden, petite ville du duché de Brunschwig.

À cette époque, l’Allemagne procède en effet à de nombreuses prises d’otages en représailles à l’internement de fonctionnaires impériaux en Alsace-Lorraine, dans des villes sous contrôle de l’armée française.

Rapatrié en zone occupée en août 1917, il traverse les lignes ennemies et se met à disposition du bureau de recrutement de Lille. Pour ce fait, il recevra la médaille des évadés avec citation à l’ordre de la division. En 1919 il dirige la malterie Bouvard à Aurec (Haute-Loire). Un des enfants de la famille Bouvard, Robert (1901-1992), suivra les cours de l’École de brasserie et de malterie de Nancy.

En 1924, Outters revient à Baisieux. De mai 1935 à sa mort en 1938, il est maire de cette commune. Élie Outters a un rôle très important dans la vie de l’Association des anciens élèves de l’École de Brasserie de Nancy. En 1928 il en devient vice-président. Il assure par ailleurs la présidence du groupe Nord de l’association. Pour son investissement il sera nommé officier d’Académie, à la demande de Paul Petit*.

Outters est un spécialiste reconnu des orges et de leur utilisation en malterie. En 1931 il dépose ainsi un brevet d’invention d’un sécheur à tambour pour drêche de brasserie (la drêche est un résidu d’orge cuite après brassage de la bière). Durant toute sa carrière industrielle, il entretient des relations suivies avec le monde académique, notamment en tant qu’enseignant dans les écoles de brasserie du Nord.

Jean-René Cussenot

Sources secondaires

Actes d’état civil, Archives du Nord.

Bulletin de la Société industrielle de l’Est, 49, 1906.

Bulletin de l’Association des anciens élèves de l’École de brasserie de Nancy dont un de 1921.

Registre militaire du Nord, classe 1897, matricule 789.

Articles de journaux : Nord Brasseur, Journal des réfugiés du Nord (10 mai 1916), l’Est républicain (16 avril 1936), L’égalité de Roubaix-Tourcoing (20 décembre 1938).

Brevet d’invention n° 719.220, « Sécheur à tambour pour dresche de brasserie », ministère du Commerce et de l’Industrie, direction de la Propriété industrielle, Imprimerie nationale, 3 février 1932.