Arthur MEYER

1873, 1936
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Arthur
Meyer
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Physique
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Texte
; par :
Étienne Bolmont

Arthur MEYER (1873-1936)

Chef de travaux pratiques de physique

Arthur Julien Meyer est né le 16 septembre 1873 à Peuvillers (Meuse). Son père est gendarme, ce qui lui permet de bénéficier d’une demi-bourse militaire au collège d’Étain en 1887. Marié à Baccarat en mai 1911 avec Jeanne Marie Mercier, il est le père de six enfants, le dernier né en 1931. Il décède le 15 novembre 1936.

Après son service militaire, il fait ses études universitaires à la Faculté des sciences de Nancy, boursier de licence de novembre 1895 à octobre 1898, puis d’agrégation de novembre 1898 à octobre 1900. Il obtient une licence ès sciences mathématiques et une licence ès sciences (avec les certificats de Physique, chimie générale, physique appliquée et géologie). Il échoue à l’agrégation, mais il présente une thèse de sciences le 13 juillet 1900 à la Faculté des sciences de Nancy.

En janvier 1901, il devient préparateur de physique sur un nouveau poste à l’Institut électrotechnique. Son salaire s’élève alors à 1 500 francs. En février de l’année suivante, à la demande d’Ernest Bichat*, il est nommé chef de travaux de physique en remplacement de Camille Gutton*, nommé maître de conférences, avec un salaire annuel de 2 500 francs. Il occupe ce poste jusqu’à sa retraite en 1936, âgé alors de 63 ans. Sa carrière n’est interrompue que par la Première Guerre mondiale, du 2 août 1914 au 16 janvier 1919. Il est affecté au front du début de la guerre jusqu’en janvier 1916. Il y reçoit une blessure en service commandé.

Nommé officier d’Académie en 1908, il est promu à la troisième classe en 1910, à la deuxième en 1920 et à la première en 1932. Il assure la charge des travaux pratiques de physique à l’Institut d’électrotechnique et de mécanique, ainsi qu’à l’Institut de physique à partir de 1922. En 1902, à sa nomination en tant que chef de travaux, le recteur souligne que le poste est très chargé. Meyer doit assurer six séances d’une demi-journée par semaine pour 92 étudiants où il présente les conférences explicatives des travaux pratiques. Il s’occupe aussi des étudiants du certificat de sciences physiques, chimiques et naturelles. Le doyen Bichat* bénéficie alors d’une subvention de 1 000 francs de la ville de Nancy pour le cours d’électricité industrielle. Il en répartit la somme entre les chefs de travaux Henri Delatour* et Arthur Meyer, au titre d’indemnités pour les services rendus à l’Institut électrotechnique, en dehors de leur service normal. Cette situation perdure après le décès de Bichat* et Gutton* continue à reverser aux deux chefs de travaux cette indemnité jusqu’en décembre 1909. À cette date, la faculté prend à sa charge la somme en créant deux emplois, dont un emploi de chargé de travaux pratiques de physique attribué à Meyer avec indemnité de 500 francs prélevée sur les excédents des droits de travaux pratiques.

La première fiche de renseignements confidentiels est plutôt élogieuse. On souligne son excellente conduite, son respect pour ses supérieurs, un jugement sain : « il est très exact et très zélé ». En 1904 et 1905, il publie une série d’articles sur les rayons N, qui témoignent de sa collaboration avec René Blondlot*. Le recteur Charles Adam écrit dans son rapport : « Travaille pour la Science, s’est mis à l’étude des rayons N ; intéressante communication à l’Académie des sciences. M Blondlot* en fait cas. » En 1906, les observations sont plus critiques : « Bons services sans plus. Et même sont-ils tout à fait bons ? Certaines maladresses avec les étudiants. Docteur ès sciences, ferait un bon professeur de l’enseignement secondaire, habile à expérimenter. »

En 1907, ses trois supérieurs directs, Blondlot*, Gutton* et Edmond Rothé* se plaignent de son manque d’autorité, allant aussi jusqu’à préconiser sa nomination en lycée. Mais les choses reviennent dans l’ordre dès l’année suivante, où le recteur souligne ses progrès. Et en 1911 : « S’est beaucoup amélioré en ces dernières années, ne donne plus lieu maintenant à la critique. Rend de bons services. »

Après la guerre, Meyer reprend son poste. Mais l’appréciation du doyen Paul Petit* est sévère quant à sa capacité à garder un niveau de connaissances suffisant pour diriger les travaux pratiques. « Il semblerait bien que M. Meyer soit devenu physicien par occasion. » En 1931, si le doyen Léopold Léau souligne son dévouement, le recteur Louis Bruntz regrette « qu’un poste de chef de travaux soit occupé par une personne susceptible de ne se livrer à aucune recherche scientifique. »

En 1936, dans la dernière note, le recteur demande que Meyer prenne sa retraite le plus tôt possible : « [Il] n’est plus à la page. N’a jamais eu le courage de se tenir au courant. » Et si Meyer prend sa retraite en octobre suivant, il n’en profite pas ; il meurt un mois plus tard. Ses seuls travaux n’ont donc concerné qu’une toute petite partie de sa longue carrière, entraîné alors par Blondlot* dans ses recherches malheureuses sur les rayons N.

En 1904, il publie ainsi dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences trois notes sur les rayons N. Prolongeant un de ses articles sur l’action des anesthésiques sur les sources de rayons N, il publie dans la section physiologie des Comptes rendus de l’Académie des sciences une note sur les émissions pesantes : « … diverses portions du corps humain émettent d’une façon continuelle des jets de matière pesante comparables à des jets liquides animés de vitesses inégales. »

Cette idée des émissions pesantes dues aux rayons N a été émise par Blondlot*, par analogie avec l’émission pesante du radium mise en évidence par Marie Curie (rayons alpha). Le lien avec la physiologie avait été noté fin 1903 par Augustin Charpentier, professeur de physique médicale à la Faculté de médecine de Nancy, qui postulait alors que les rayons N étaient une émanation du corps humain !

Étienne Bolmont

Bibliographie

Meyer Arthur (1904), « Sur la propriété que possèdent certaines portions du corps humain de projeter continuellement une émission pesante », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 320.

___ (1904), « Enquête. Les rayons N existent-ils ? Déclaration de Julien Meyer », Revue scientifique, 718-719.

___ (1904), « Action des sources de rayons N sur l’eau pure », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1491.

___ (1904), « Action des anesthésiques sur les sources de rayons N », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1335.

___ (1904), « Sur le pouvoir pénétrant des rayons N1 émis par certaines sources et leur emmagasinement par diverses substances », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 896.

Sources d’archives

Archives nationales : dossier de carrière (F/17/24523).