Alexandre MÉLIN

1818, 1876
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Alexandre
Mélin
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Travaux graphiques, Dessin industriel
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Texte
; par :
Laurent Rollet

Alexandre MÉLIN (1818-1876)

Chargé de cours de travaux graphiques

Alexandre Claude Mélin est né à Bar-le-Duc le 23 décembre 1818. Il est issu d’un milieu modeste, son père est menuisier. Il se marie le 14 avril 1846 à Bar-le-Duc avec Élisabeth Joséphine Charon (1825-1852), dont le père est architecte. Une fille naît de cette union, Valérie Marguerite Barbe (1847-?), mais son épouse décède en septembre 1852. Il se remarie le 29 mars 1853 à Nancy avec une institutrice, Joséphine Salomé Ursule Reber (1821-?), qui donne naissance à un fils : Gabriel Claude Marie Mélin (1862-1947) fera des études de droit à Nancy. Avocat à la Cour d’appel de Nancy, docteur en droit, il sera chargé d’un cours de sciences sociales à la faculté de droit de 1896 à 1913. Membre de l’Académie de Stanislas à partir de 1900, il en assurera successivement le secrétariat (1908), la vice-présidence (1912) et la présidence (1913). Il publiera plusieurs ouvrages de droit et de sciences sociales – notamment La notion de prospérité et de supériorité sociales (1908) – et il sera membre de la Société internationale des sciences sociales. Âgé de 57 ans, Alexandre Mélin meurt à Nancy le 5 février 1876, laissant derrière lui une œuvre publiée constituée essentiellement de manuels de dessin et de construction.

N’ayant pas la possibilité de faire des études, Mélin travaille dès l’âge de quinze ans comme ouvrier menuisier dans la Meuse. Dès son jeune âge, cependant, il manifeste un intérêt pour le dessin et les mathématiques. Se forme-t-il en autodidacte ? Suit-il des cours du soir ? Toujours est-il qu’en 1836 il obtient un poste de dessinateur dans le service du cadastre de la Meuse. Cinq ans plus tard, en 1841, il devient chef d’atelier des ponts et chaussées à Toul. En 1844, il passe un examen qui lui permet de devenir conducteur des ponts et chaussées ; il est alors attaché aux chantiers de construction du canal de la Marne au Rhin. L’année suivante, il passe avec succès le concours qui lui permet d’exercer la profession d’architecte. Dans le même temps, il est nommé conducteur des ponts et chaussées à Nancy et il commence à exercer des fonctions d’enseignement. À partir du mois d’avril 1845, il enseigne le dessin et la construction à l’École supérieure de Nancy et les mathématiques aux cours industriels de la ville de Nancy (cours du soir pour les ouvriers). Il s’établit comme architecte tout en demeurant actif au sein des cours municipaux.

Le 1er avril 1853, il est nommé maître des travaux graphiques au lycée de Nancy avec un traitement de 1 000 francs. Il est recruté suite à une candidature spontanée envoyée en 1852 au ministre de l’Instruction publique, Hippolyte Fortoul. À cette époque, une réforme des programmes d’enseignement institue la création d’un poste de professeur de dessin dans chaque lycée ; faisant valoir son expérience, Mélin propose sa candidature, qui est acceptée. Il enseignera au lycée jusqu’en 1869, dispensant ses cours dans les classes de l’enseignement classique et dans celles de l’enseignement spécial. Dans leurs évaluations annuelles, les recteurs successifs feront l’éloge de ses enseignements qui valent une certaine réputation aux élèves du lycée : ainsi en 1867, quatre de ses élèves obtiendront un prix remarqué pour leurs travaux envoyés à l’Exposition des Champs-Élysées à Paris.

Le 3 février 1859, Mélin est nommé chargé de cours de travaux graphiques à l’École des sciences appliquées annexée à la Faculté des sciences de Nancy. Cette nomination ne fait qu’officialiser une responsabilité qu’il a assumée depuis plusieurs années à titre gratuit à la demande d’Hervé Faye*, qui, entre 1854 et 1857, cumulait les fonctions de recteur de l’Académie de Nancy et de professeur de mathématiques pures et appliquées à la faculté.

De santé fragile – il est sujet dès 1860 à de fréquentes attaques de goutte – Mélin démissionne de toutes ses fonctions en 1869 dans un contexte où les enseignements de travaux graphiques semblent avoir progressivement perdu de leur importance. Une note du ministère de l’Instruction publique du 13 juin 1869 fait état de la proposition du recteur de Nancy, Louis Maggiolo, de ne pas le remplacer. Cette proposition est appuyée par le doyen Dominique Alexandre Godron* qui se plaint des absences fréquentes de Mélin, estimant que cet enseignement a perdu de son intérêt : « L’enseignement des travaux graphiques établi en 1856, dans la plupart des facultés des sciences, en même temps que les autres cours de sciences appliquées, a partagé le sort de cette institution. Peu à peu, les exercices graphiques ont disparu ; on ne les retrouve aujourd’hui que dans une seule faculté, celle de Lille, qui a conservé, par exception, l’organisation de 1856. Au mois de février dernier, M. le Recteur de Besançon ayant proposé de les instituer dans la faculté de son académie, on consulta M. l’inspecteur général Rollier, qui fit remarquer que, dans les facultés, cet enseignement n’a pas la même importance que dans les Écoles Spéciales, telles que l’École centrale des arts et manufactures ou celle des ponts et chaussées ; que les leçons de dessin géométrique et de géométrie descriptive données dans les classes de mathématiques élémentaires et spéciales des lycées doivent suffire pour mettre les candidats à la licence en état de faire avec fruit le cours de mécanique des facultés. En conséquence, M. l’inspecteur général concluait au refus de l’autorisation demandée à Besançon. Les mêmes considérations paraissent s’appliquer à Nancy ». À son départ, Mélin n’a donc pas de successeur.

Nommé officier d’Académie en 1856, Mélin est également élu membre associé correspondant de l’Académie de Stanislas en mai 1858 et chevalier de l’Ordre de François Joseph. On lui doit de nombreux travaux d’architecture : construction de maisons, d’hôtels, d’écoles, d’églises ou encore restauration de châteaux anciens.

En 1870, il s’associe à l’architecte Albert Cuny pour construire, dans la rue de la Ravinelle, un hôtel particulier bien connu des Nancéiens puisqu’il héberge aujourd’hui le Goethe-Institut, un centre culturel allemand.

Laurent Rollet

Bibliographie

Mélin Alexandre (1856), Instruction pratique sur le lavis et la topographie, Nancy.

___ (1859), Manuel de construction appliqué aux maisons particulières et aux établissements ruraux, Nancy.

___ (sans date), Cours élémentaire d’architecture religieuse depuis le style roman jusqu’à la Renaissance, Nancy, cinq fascicules.

___ (sans date), Cours de dessins, Nancy, plusieurs éditions.

___ (sans date), Cours de travaux graphiques, contenant le dessin linéaire, le dessin d’ornement, la perspective et le lavis, Nancy, sept éditions successives.

Sources d’archives

Archives nationales : dossier de carrière (F/17/21302).

Sources secondaires

Anonyme (1910), « Mélin Alexandre Claude (1818-1876) », in Dictionnaire biographique illustré de la Meurthe-et-Moselle, Paris, Dictionnaires biographiques illustrés départementaux de la Librairie Flammarion, R. Wagner éditeur, 543.