Alexandre MAUDUIT
Alexandre MAUDUIT (1874-1956)
Professeur d’électrotechnique
Alexandre Maurice Julien Mauduit est né à Sourdeval dans la Manche, le 15 janvier 1874. À ce moment, son père est fondeur. En octobre 1907, il épouse à Paris Georgina Mirault (1883-1972), fille de militaire. Le couple aura quatre enfants, dont un fils Alfred Auguste Alexandre (1911-1938) qui suivra l’exemple de son père à l’École polytechnique.
Après des études secondaires au collège privé de Tinchebray (Orne), il obtient le baccalauréat à seize ans, alors qu’il est encore en seconde. Il est admis au lycée Louis-Le-Grand à Paris où il prépare le concours de l’École polytechnique. Il y entre en 1894, démissionne à la sortie en 1896, et il est versé dans la réserve en tant que sous-lieutenant au 2e régiment du Génie. En 1897 il entre ensuite à l’École supérieure d’électricité de Paris où il suit les cours de Paul Janet. Il en sort en 1898 ingénieur diplômé et acquiert une expérience industrielle en tant que chef de service des essais à la Société Patin de Puteaux, puis comme ingénieur à l’Éclairage électrique de Paris jusqu’en 1900.
C’est alors qu’à Nancy le doyen Ernest Bichat* fonde le nouvel institut d’électricité de la faculté des sciences, entouré de François Perreau*, maître de conférences de physique, Henry Vogt*, professeur de mathématiques appliquées et des chefs de travaux Henri Delatour* et Camille Gutton*. Il demande à Alexandre Mauduit des propositions de formation, en s’appuyant sur ses études récentes à l’École supérieure d’électricité. Mauduit construit un enseignement cohérent et complet dans un cours d’électrotechnique appliquée, inspiré en partie par l’exemple allemand. On le considère comme le fondateur avec Bichat* de l’Institut électrotechnique et il y donne le premier cours en octobre 1900. Bien que n’ayant pas de titre universitaire, Mauduit* est recruté en février 1901 à l’Institut comme délégué dans les fonctions de maître de conférences, poste renouvelé tous les ans jusqu’en 1911. Pendant toutes ces années, il reçoit une indemnité non soumise, à sa demande, aux retenues pour pension civile, « n’ayant pas l’intention de faire sa carrière dans l’enseignement ». Ayant sans aucun doute changé d’avis, il régularise sa situation en 1911 par une demande de versements rétroactifs pour sa retraite, qu’il effectue en octobre 1912.
En mars 1911, il obtient l’équivalence de la licence ès sciences, ce qui lui permet d’être nommé maître de conférences en juillet 1911 et de présenter une thèse de doctorat, qu’il soutient en novembre 1912. Sa thèse s’intitule Contribution expérimentale et théorique à l’étude de la commutation dans les dynamos à courant continu. Le recteur Charles Adam note que « c’est la première thèse d’électrotechnique qui ait été soutenue en France, et je sais que, déjà, elle a attiré l’attention des spécialistes aussi bien dans le monde industriel que dans le monde scientifique, en notre pays comme à l’étranger. » Dès l’obtention de sa thèse, il est nommé maître de conférences sans limite de temps, puis, en janvier 1913, il devient professeur adjoint, et rapidement professeur titulaire en novembre de la même année à une chaire créée par l’Université grâce à une donation Solvay.
Mauduit est mobilisé dès le 3 août 1914 comme capitaine du génie à la place de Toul. En février 1916, il est affecté comme commandant du génie à la 1re Armée. En 1917, il commande la première compagnie d’électriciens d’armée, une compagnie combattante qui vient d’être créée. En septembre 1918, il quitte la 1re Armée, détaché à la Direction des chemins de fer au ministère des Travaux publics et des Transports. Il est finalement démobilisé le 1er avril 1919. À titre militaire, il est décoré de la Légion d’honneur le 14 juillet 1917 pour avoir « su appliquer dans les meilleures conditions pratiques aux besoins de l’armée ses connaissances étendues en électricité et en mécanique ».
Mauduit reprend son service à la faculté, rangé à la 3e classe en juillet 1919, promu à la 2de classe en janvier 1920 et à la 1re en janvier 1926. Il est nommé directeur de l’Institut d’électrotechnique et de mécanique appliquée en novembre 1927 et finalement promu à la classe exceptionnelle en octobre 1941. En tant que directeur de l’institut électrotechnique, il s’efforce de trouver un successeur à Ernest Hahn*, directeur de la section de mécanique, qui a rejoint la Suisse au début de la guerre. C’est ainsi qu’il convainc Jean Capelle de venir à Nancy, en 1942. Ce dernier lui succède à la tête de l’institut, en 1944. Pendant l’Occupation, Mauduit se distingue par son « attitude ferme devant les exigences allemandes », et par le soutien qu’il apporte aux élèves et à ses collègues, se battant pour éviter leur départ pour le S.T.O. Admis à la retraite en octobre 1944, il est maintenu provisoirement dans son poste jusqu’à la fin de l’année scolaire 1944-1945, et il prend effectivement sa retraite en novembre 1945. Nommé directeur honoraire, il continue d’assurer ses cours jusqu’en 1947, dans l’attente du successeur à sa chaire.
Ses cours s’adressent aux élèves électriciens, environ 50 avant 1914, 90 après la guerre, à raison de trois séances par semaine. Les élèves mécaniciens les suivent partiellement. Son enseignement complète les cours théoriques de ses collègues dont il présente les applications pratiques. Il prépare ainsi les élèves à l’entrée dans la vie professionnelle dès la sortie de l’Institut. Il donne aussi un enseignement d’électrotechnique en 2e année à l’École supérieure de la métallurgie et des mines de Nancy dès sa création, en 1919, ce qui lui donne l’occasion d’acquérir une certaine notoriété dans les milieux industriels lorrains. En 1919, il écrit un rapport au ministre des Travaux publics sur la situation de l’électrification des chemins de fer en France, Europe et Amérique. En 1930, il participe à la commission chargée d’examiner les projets d’amélioration de la machinerie de l’usine élévatrice de Gondrexange (Moselle), et en 1935, à celle chargée des projets d’électrification d’un groupe d’écluses du canal de la Marne au Rhin. Ses recherches portent sur la conception et l’amélioration des machines électriques. Il met ainsi au point un survolteur-dévolteur qui permet une gestion de plusieurs machines dans les papeteries.
Sa renommée dépasse les frontières, essentiellement grâce aux élèves étrangers formés en nombre à l’Institut. Il se déplace en Roumanie en 1906 et en Bulgarie en 1911 où un de ses anciens élèves fait appel à lui pour l’entreprise électrique de la ville de Roussé. Il est membre d’honneur de l’Académie des sciences de Roumanie en 1937.
Outre des analyses critiques dans l’Éclairage électrique (1902-1904) et dans la Revue électrique (1904-1913), Mauduit écrit essentiellement dans la Revue générale de l’électricité ou dans le Bulletin de la Société française des électriciens dont il est un membre actif. Il en devient président d’honneur, en 1947. Il participe également au Comité de direction scientifique de la revue La Houille Blanche. Il se distingue par ses ouvrages d’électrotechnique appliquée, comme Machines électriques, ou par ses travaux de thèse sur la commutation dans les dynamos, qui établissent l’inexactitude des théories sur le sujet. Pour cela, il obtient en 1914 le prix Hébert de l’Académie des sciences. En 1920, il reçoit le prix George Montefiore, créé par le fondateur de l’Institut Montefiore de Liège, équivalent belge de l’Institut électrotechnique de Nancy. Il ne devient pas membre ou correspondant de l’Académie des sciences en 1937, contrairement à ce que certaines biographies affirment. En 1953, la Société française des électriciens lui attribue la médaille Mascart.
Il reçoit les Palmes académiques en 1905 et devient officier de l’Instruction publique en 1909. Après sa retraite, l’Association amicale des anciens élèves de l’Institut électrotechnique de Nancy se bat à partir de 1947 pour que lui soit octroyé le grade d’officier de la Légion d’honneur. Il le devient en janvier 1952 au titre du ministère de l’Éducation nationale, recommandé par Pierre Donzelot et Ernest Mercier et appuyé par le recteur Capelle. Retiré à Paris, Mauduit y décède en février 1956.
Françoise Birck & Étienne Bolmont
Bibliographie
Fallou Jean & Mauduit Alexandre (1926), « Entretien d’une oscillation libre non sinusoïdale par résonance de l’une de ses harmoniques », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 182, 312-313.
Mauduit Alexandre (1903), L’électricité industrielle à la portée de l’Ouvrier, adapté d’après Rosenberg et complété, Paris, Dunod et Pinat.
___ (1904), Électrotechnique appliquée, essais, construction et applications des machines électriques ; cours professé à l’Institut électrotechnique de Nancy, Veuve C. Dunod.
___ (1910), « Mesure des isolements dans les réseaux triphasés », Revue générale d’électricité.
___ (1910), Installations électriques. Éclairage, force motrice et traction, Paris, H. Dunod et E. Pinat.
___ (1912), « Théorie générale de la commutation dans la dynamo », Bulletin de la Société industrielle de l’Est, 601-674.
___ (1912), Contribution expérimentale et théorique à l’étude de la commutation dans les dynamos à courant continu (thèse), H. Dunod et E. Pinat.
___ (1913), « Commande électrique des machines à papier », Bulletin mensuel de l’Association des anciens élèves de l’École Centrale lyonnaise, 22-31.
___ (1913), « Étude expérimentale de la commutation », Revue générale d’électricité.
___ (1913), « Groupes éléctrogènes à vapeur de chauffage, de la soudière de la Madeleine près de Nancy », Le Génie civil.
___ (1922), Machines électriques : théorie, essais et constructions, Paris, Dunod.
___ (1924), « Courants de défaut et courants à la terre dans un réseau triphasé : influence du transformateur récepteur », Le Génie civil.
___ (1926), Installations électriques à haute et basse tension : production, transport, distribution et utilisation de l’énergie électrique, Paris, Dunod.
___ (1931), « Sur la définition, la signification physique et l’emploi en électrotechnique des diverses inductances relatives à deux enroulements », Bulletin de la Société française des électriciens, 784.
___ (1935), « Dispositif de mesure des valeurs de crête des hautes tensions alternatives utilisé au laboratoire d’électrotechnique de Nancy », Revue générale d’électricité.
Mauduit Alexandre & Lambœuf C. (1936), La dynamo : théorie et construction des machines électriques à courant continu, impr. Hérissey.
Sources d’archives
Archives nationales : dossier de carrière (F/17/25147) et dossier de Légion d’honneur (LH/19800035/226/29777).
Registre militaire de la Manche (Avranche), classe 1894, matricule 499.
Sources secondaires
Birck Françoise & Grelon André Ed. (2006), Un siècle de formation d’ingénieurs électriciens, ancrage local et dynamique européenne : l’exemple de Nancy (actes du colloque organisé en 2001 à Nancy à l’occasion du centenaire de l’ENSEM), Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme.
Grelon André & Birck Françoise Ed. (1998), Des ingénieurs pour la Lorraine 19e-20e siècles, Metz, Éditions Serpenoise. Réédition en 2007 aux Presses Universitaires de Nancy dans la collection « Histoire des institutions scientifiques ».
Joly H. (2005), Formation des élites en France et en Allemagne, Travaux et documents du CIRAC.
Laborde Maurice (1956), La vie et l’œuvre d’Alexandre Mauduit, document dactylographié,
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Photographie d'Alexandre Mauduit élève à l’École polytechnique | Image |