Eugène MACÉ
Eugène MACÉ (1856-1938)
Chargé de l’enseignement d’hygiène générale et d’hygiène coloniale
Marie Eugène Lucien Macé est né le 21 septembre 1856 à Château-Salins en Meurthe-et-Moselle. Son père, Hyppolyte Macé, est huissier de justice à Nancy. En février 1886, il épouse Anne Marguerite Adam (1864-1934) ; ils auront deux enfants.
Après son baccalauréat, il entre à l’École supérieure de pharmacie de Nancy et il en sort pharmacien de 1re classe. Licencié ès sciences naturelles en 1879, il poursuit ses études et devient docteur en médecine le 11 février 1881.
En septembre 1879, il est nommé chef de travaux à la Faculté de médecine de Nancy, affecté au laboratoire nouvellement créé pour la chaire d’histoire naturelle et de botanique. Il obtient l’agrégation de médecine en novembre 1883. C’est en tant qu’agrégé de sciences naturelles qu’il est alors attaché à la faculté de médecine. Suite à la vacance de la chaire d’histoire naturelle et de botanique médicale et, du fait qu’il dirige depuis quatre ans le laboratoire d’histoire naturelle, il est proposé pour reprendre les cours de botanique et d’histoire naturelle que Georges Le Monnier*, professeur à la Faculté des sciences de Nancy, dispensait depuis plusieurs années à la faculté de médecine. Il assure ce cours complémentaire de 1883 à 1889, laissant néanmoins, dès 1884, son poste de chef de travaux à Jean-Paul Vuillemin ; il se réoriente alors vers la bactériologie. En juin 1889, il est nommé professeur d’histoire naturelle médicale.
En septembre 1892, le décès de Léon Poincaré va donner une autre orientation à sa carrière. Quand, en 1872, la Faculté de médecine de Strasbourg est transférée à Nancy, Poincaré, alors chef de clinique à l’École préparatoire de médecine et de pharmacie, y est nommé professeur adjoint de physiologie et, en 1874, chargé du cours d’hygiène. L’année 1879 voit la création d’une chaire d’hygiène que Léon Poincaré occupe jusqu’en 1892, date de sa mort. En décembre 1892, le Conseil général des facultés reconduit la chaire vacante. Macé est candidat et, en mars 1893, il est nommé professeur d’hygiène. Il assure cette fonction jusqu’en octobre 1926, date à laquelle il fait valoir ses droits à la retraite.
En juillet 1903, il est chargé, par arrêté du recteur, de l’enseignement semestriel d’hygiène générale et d’hygiène coloniale, à l’Institut agricole et colonial, enseignement qu’il assume jusqu’en 1931.
Ses premières recherches et publications concernent les sciences de la nature. Au début de sa carrière, il s’oriente vers la recherche bactériologique. Il expose en 1882 les résultats de ses travaux sur la douve du foie dans son premier ouvrage ; cependant, le livre qui lui confère une réputation scientifique reste son Traité pratique de bactériologie (1888). Ce dernier est présenté, dès sa parution, à l’Académie de médecine par Paul Brouardel et salué par Louis Pasteur. Traduit en plusieurs langues, il connaît plusieurs rééditions ; il est complété en 1898 par un Atlas de bactériologie qui fera longtemps référence en France et à l’étranger. Dans les années 1890, il élargit ses préoccupations vers l’hygiène.
Léon Poincaré, un des pionniers de la médecine du travail, a participé à installer la question hygiénique à Nancy et à lui conférer ses lettres de noblesse. Macé lui emboîte le pas, en lui succédant à la chaire d’hygiène et en tant qu’expert de la ville de Nancy pour l’analyse bactériologique des eaux. Il devient l’un des premiers inspecteurs d’hygiène de France, membre du Conseil supérieur d’hygiène publique de France en 1906. Secrétaire général de l’Office d’hygiène de Meurthe-et-Moselle, vice-président du Conseil d’hygiène de Meurthe-et-Moselle – fonction qu’il occupe jusqu’à sa mort –, il participe activement, après la Première Guerre mondiale, à la lutte contre la tuberculose et fonde le 1er dispensaire du département. Cet engagement en faveur de l’hygiène trouve sans doute sa source dès le début des années 1890 et débouche sur la création de l’Institut sérothérapique de Nancy.
L’histoire de cet institut remonte à 1894, année où le professeur de médecine Pierre Parisot appelle à se mobiliser en province pour le traitement de la diphtérie. Une souscription publique, soutenue par la Revue médicale de l’Est, est lancée pour conjuguer les efforts des municipalités de Nancy et de Pont-à-Mousson. Eugène Macé et Henri Sognies, médecin adjoint du Bureau d’hygiène de Nancy, accompagnés de Le Monnier*, en qualité d’adjoint au maire de Nancy, se rendent à l’Institut Pasteur pour y rencontrer Émile Roux, le père de l’antitoxine.
Alors qu’il s’agissait initialement d’ouvrir un « simple » dépôt de sérum, le projet se transforme progressivement pour aboutir à la création d’un Institut sérothérapique. Inauguré en juin 1896, Macé en devient le directeur. Cette institution devient rapidement un lieu d’enseignement à destination des étudiants et des médecins civils et militaires français et étrangers – on y délivre un certificat d’études bactériologiques à l’issue d’une année de stage. Elle est également présentée dès 1900-1901 comme un laboratoire de recherches en bactériologie pour tout l’Est de la France. Le recteur Charles Adam fait état, en 1904, du succès de cet institut qui « a essaimé au-dehors – à la faculté des sciences, à l’École de pharmacie, à la Faculté de médecine, dans d’autres services même ».
Quelques années plus tard, en 1909, tout en confirmant l’importance de cet institut, il semble pourtant en circonscrire quelque peu l’ambition : « L’Institut sérothérapique est en voie d’extension, cependant, comme distribution de sérums ».
Eugène Macé participe donc activement à la vie locale. D’abord apprécié, son engagement est ensuite évalué de manière plus mesurée par Charles Adam qui lui reproche de négliger son travail universitaire. « S’occupe beaucoup d’hygiène en dehors » est la formule qui ouvre régulièrement, de façon symptomatique, la page d’observations dans son rapport annuel qui loue pourtant ponctuellement ses investissements, notamment quand il évoque « la part considérable » qu’il a prise dans l’organisation du Congrès d’hygiène sociale de Nancy en juin 1906.
Il est nommé officier d’Académie en juillet 1888 puis officier de l’Instruction publique en avril 1895. En 1886, il est par ailleurs décoré de la médaille d’argent de l’Assistance publique. Enfin, en 1921, il reçoit la Légion d’honneur sur proposition du ministère de la Guerre : « Libéré par son âge de toute obligation militaire, [il] a mis bénévolement à la disposition du service de santé militaire sa haute compétence d’hygiéniste et de bactériologiste pour les différentes recherches de laboratoires nécessaires aux hôpitaux militaires. A rempli avec le plus grand zèle et dévouement les fonctions de secrétaire général du Comité départemental d’assistance aux militaires réformés pour tuberculose ».
Christian Molaro
Bibliographie
Macé Eugène (1880), « Des trématodes parasites des grenouilles », Bulletin de la Société d’études scientifiques du Finistère.
___ (1881), « Recherches sur la structure du Distoma hepaticum », Bulletin de la Société des sciences de Nancy.
___ (1882), « Sur quelques particularités de l’accouplement des Batraciens anoures », Bulletin de la Société d’études scientifiques du Finistère.
___ (1882), Recherches anatomiques sur la grande douve du foie, Paris, Masson.
___ (1888), Traité pratique de bactériologie, Paris, Baillière.
___ (1889), Sur la récupération de la vitalité des cultures de bactéries par passage sur certains milieux, Nancy, Berger-Levrault.
___ (1891), Traité pratique de bactériologie, Paris, Baillière. Réédition augmentée.
___ (1891), Les substances alimentaires étudiées au microscope, Paris, Baillière.
___ (1898), Atlas de microbiologie, avec soixante planches coloriées, Paris, Baillière.
___ (1909), Hygiène des villes : hygiène et salubrité générales des collectivités rurale, Paris, Baillière.
Sources d’archives
Archives nationales : dossier de carrière (F/17/23858) et dossier de Légion d’honneur (LH/1680/60).
Sources secondaires
Arnould P. (1974), « Les sciences physiologiques et physico-chimiques », Annales Médicales de Nancy, numéro spécial du centenaire de la revue.
Legras Bernard (2006), Les professeurs de la faculté de médecine de Nancy (1872-2005), Nancy, Bialec.
Percebois Gilbert (1975), « Évolution des chaires d’histoire naturelle médicale et d’hygiène à Nancy », Annales médicales de Nancy, numéro spécial du centenaire de la revue, 1874-1914.
Schaeffer Oskar (1905), Atlas-manuel de technique gynécologique, Paris, Baillière.