Georges LE MONNIER

1843, 1931
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Georges
Le Monnier
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Botanique
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Texte
; par :
Christian Molaro

Georges LE MONNIER (1843-1931)

Professeur de botanique

Alexandre Alexis Georges Le Monnier est né à Bordeaux le 4 mars 1843. Il est le fils d’Alexis le Monnier (1816-1894), négociant, et de Mathilde Hostains. Marié en mars 1879 avec Marie Belleville (1858-1932), ils auront trois enfants : Jean (1880- ?), Hélène (1884-1925), épouse du médecin et philosophe Jacques Rennes et Lucie (1884-?), épouse du botaniste Philibert Guinier* (1876-1962) et mère du physicien André Guinier (1911-2000), tous les deux membres de l’Académie des sciences. Georges Le Monnier s’éteint à Nancy en 1931 à l’âge de 88 ans.

Bachelier ès sciences, Le Monnier intègre la section sciences de l’École normale supérieure en 1863. Licencié ès sciences naturelles à sa sortie de l’École normale supérieure, en 1866, il est nommé chargé de cours au lycée de Niort puis professeur de physique. Il obtient l’agrégation de physique en 1869. D’octobre 1869 à la fin de l’année 1873, il est préparateur d’histoire naturelle à l’École normale supérieure. En février 1873, à la Sorbonne, il soutient une thèse de botanique, Recherches sur la nervation de la graine. En janvier 1874, il réintègre l’enseignement secondaire, nommé professeur de physique au lycée de Pau. À l’automne 1874, il est chargé du cours d’histoire naturelle à la Faculté des sciences de Besançon. En septembre 1875, il est nommé à la Faculté des sciences de Poitiers chargé de cours de botanique et de zoologie. Finalement, il devient chargé de cours de botanique et de zoologie à la Faculté des sciences de Nancy en mars 1877. Il y succède au doyen Alexandre Godron*, dont il rééditera La flore lorraine. Un décret du 1er mars 1877 crée la 1re chaire de botanique dans cette faculté et Le Monnier l’obtient en janvier 1878. Il la conservera jusqu’à sa retraite en octobre 1912, après quoi il obtiendra l’honorariat. En avril 1880, il assure le cours de botanique médicale à la Faculté de médecine de Nancy, succédant au professeur de botanique et d’histoire naturelle médicale Louis Charles Engel (1812-1880). Celui-ci avait créé en 1878 le Jardin botanique, œuvre que Le Monnier poursuivra à partir de cette date. Il en assumera durablement la direction.

En 1894, Le Monnier s’engage financièrement, avec d’autres acteurs, dont Eugène Macé*, en faveur de la création d’un institut sérothérapique à Nancy. Il est créé en janvier 1895. En juillet 1899, Le Monnier, en tant que président du conseil d’administration de la société de l’Institut sérothérapique de Nancy, donne à l’Université de Nancy « tout l’actif de ladite société comprenant un immeuble… et les meubles et instruments servant à la préparation et à la distribution du sérum antidiphtérique », etc. Le tout correspond à une valeur de 163 500 francs. À cette époque, l’institut ne génère pas de bénéfices. L’université doit alors se charger de la fabrication et de la distribution du sérum antidiphtérique. La faculté de médecine accepte ce cadeau ; on efface les locaux du service d’hygiène des plans de la future faculté, et, avec l’argent ainsi épargné, on construira une aile supplémentaire à l’Institut sérothérapique. Le Monnier enseigne l’anatomie et la physiologie végétales, mais ses publications scientifiques restent cependant peu nombreuses. Son Cours élémentaire de botanique pour la classe de quatrième et les écoles d’agriculture paraît en 1881. Ses recherches sur les mucorinées font autorité. Il publie en 1882 un mémoire sur un champignon parasite, mais il s’intéresse surtout aux applications de la botanique à l’horticulture, notamment à l’arboriculture fruitière. Il découvre notamment un néflier greffé sur une aubépine qui présente les caractères conjoints des deux arbres. Cette découverte, dont il rend compte en 1899, lui assure une petite notoriété dans les sociétés de génétique.

Enseignant distingué, cultivé et apprécié il participe plus qu’activement à la vie politique et associative nancéienne. Dans un rapport d’avril 1904, le recteur Charles Adam souligne sa « belle activité civique ». Il écrit qu’on le trouve « en tête de toutes les œuvres universitaires », établissant des liens avec le primaire et le secondaire. Le Monnier est un radical, membre du parti républicain, et il s’implique activement dans la vie de la cité. Il est conseiller municipal et adjoint au maire de Nancy Hippolyte Maringer pendant deux mandats, de 1892 à 1900. En 1892, il siège à la Commission de la bibliothèque municipale, qu’il présidera de 1908 à 1929. Laïc convaincu, particulièrement sensible aux questions d’enseignement, il n’est pas réélu au conseil municipal en 1900, payant sans doute sa très forte implication dans la création du premier lycée de jeunes filles de la ville, le lycée Jeanne d’Arc. En effet, en octobre 1900, son ouverture cristallise de nombreuses oppositions, notamment celle des milieux traditionalistes catholiques fortement représentés à Nancy, opposés à la réforme de l’enseignement féminin. C’est dans un tel contexte, que Le Monnier, acteur opiniâtre, poursuit son action et parvient à fonder en 1904, avec Auguste Daum – un de ses proches – un internat privé qu’on refusait au lycée Jeanne d’Arc. En 1903, il crée à Nancy l’œuvre des colonies scolaires de vacances. Il contribue au développement de l’école primaire supérieure et en préside le comité de patronage. Membre du bureau de bienfaisance en 1907, il le préside en 1908 et encourage à ce titre la création de jardins ouvriers. Il inaugure en 1913 son concours de jardins ouvriers à la division des Forges et Aciéries du Nord et de l’Est de Piennes. Président de la Société centrale d’horticulture de Nancy de 1904 à 1919, société dont Émile Gallé a été l’un des membres fondateurs, il multiplie les expositions horticoles – 14 sous sa présidence. Après la Première Guerre mondiale, il quitte la présidence et en devient le président honoraire (jusqu’en 1927).

Il est nommé en 1881 officier d’Académie et en 1887 officier de l’Instruction publique. En juillet 1893, il devient chevalier du Mérite agricole. Il est élu membre associé-correspondant de l’Académie de Stanislas en 1897, puis membre titulaire en 1905. Introduit par le recteur Charles Adam, il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1904.

Christian Molaro

Bibliographie

Le Monnier Georges (1872), Recherches sur la nervation de la graine, thèse présentée à la Faculté des sciences de Paris, Paris, Imprimerie de E. Martinet.

___ (1881), Cours élémentaire de botanique pour la classe de quatrième et les écoles d’agriculture, Paris, G. Baillière.

___ (1881), Sur un champignon parasite de la vigne, Nancy, Berger Levrault.

___ (1882), Darwin, sa vie et son œuvre, Bibliothèque publique de Nancy, discours prononcé à la rentrée solennelle des Facultés de Nancy le 28 novembre.

___ (1883), Tables dichotomiques de la « Flore de Lorraine » de Dominique Alexandre Grodron, Troisième édition, N. Grosjean.

___ (1886), Cours élémentaire de botanique pour la classe de cinquième et les écoles d’agriculture, Paris, Alcan.

___ (1888), Anatomie et physiologie végétales : botanique rédigé conformément aux programmes du 22 janvier 1885 générale pour la classe de philosophie, seconde édition revue et augmentée, Paris, Alcan.

___ (1889), L’éducation de la bourgeoisie, conférence faite pour la Ligue de l’enseignement, Nancy, Berger Levrault.

___ (1889), « Le Néflier de Bronvaux », Bulletin de la Société centrale d’horticulture de Nancy.

___ (1904), « Émile Gallé », Bulletin de la Société centrale d’horticulture de Nancy.

___ (1908), « L’évolution de l’évolutionnisme », Mémoires de l’Académie de Stanislas, 5.

___ (1910), « Rapport sur les prix de vertu », Mémoire de l’Académie de Stanislas, 7.

___ (1910), Monsieur Auguste Daum, Nancy, Berger Levrault.

Le Monnier Georges & Van Tieghem Philippe (1873), Recherches sur les mucorinées, Paris, Masson.

Sources d’archives

Archives nationales : dossier de carrière (F/17/22202) et dossier de Légion d’honneur (LH/1583/57). Dons et legs en faveur de l’Université de Nancy (F/17/14656).

Sources secondaires

Collectif (1931-1932), Mémoires de l’Académie de Stanislas, T. XXIX.

Collectif (1913), Recueil publié à l’occasion du jubilé scientifique du professeur G. Le Monnier, Nancy, Berger Levrault.

Collectif, Bulletin de la Société centrale d’horticulture de Nancy, 1912-8, 1928-2, 1931-5.

Percebois Gilbert (1975), « Évolution des chaires d’histoire naturelle médicale et d’hygiène à Nancy », Annales médicales de Nancy, numéro spécial du centenaire de la revue, 1874-1914.

Taveneaux René (1978), Histoire de Nancy, Paris, Privat.

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Les professeurs de la faculté de sciences vers 1899-1900 Image