Jean Jacques LASSORT

1849, 1920
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Jean Jacques
Lassort
;
Législation fiscale et ouvrière
;
Texte
; par :
Jean-René Cussenot

Jean Jacques LASSORT (1849-1920)

Chargé de cours de législation fiscale et ouvrière

Jean Jacques Lassort est né le 28 octobre 1849 à La Rochebeaucourt en Dordogne. Il est fils de François Lassort et de Jeanne Joséphine Millerand, tous les deux sans profession, mais qui devaient posséder une certaine fortune comme nous le verrons ultérieurement. Il épouse Marie Augusta Lapeyre (1861-1886) qui décède à Périgueux. En 1887, il a un enfant hors mariage avec Victorine Félicie Pilon (1867- ?), qu’il épouse en 1897 à Nancy. À cette occasion, il le reconnaît comme son fils légitime : Léon Édouard Pilon (1887-1915) fera ses études à l’Institut chimique de Nancy et, devenu ingénieur chimiste, il exercera pendant un an, en 1907, la fonction de préparateur en chimie dans ce même institut avant son départ au service militaire. Devenu directeur des usines de peintures sous marines, il décède à Marseille en 1915. Quant à Lassort, il décède à Colmar le 12 janvier 1920.

Nous ne connaissons rien des études primaires et secondaires de Lassort. En ce qui concerne ses études supérieures, nous savons qu’il a fait des études de droit : en 1878, il est en effet avocat à la Cour d’appel de Grenoble. En février de la même année, il soutient à Grenoble une thèse de droit intitulée De la lex commissoria en droit romain, du privilège du vendeur d’immeubles en droit français.

Après avoir été avocat puis attaché de première classe au parquet du tribunal de la Seine, il est nommé en mars 1879 substitut du procureur de la République à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). En février 1880, il devient procureur de la République à Blaye (Gironde), puis en novembre de la même année procureur de la République à La-Roche-sur-Yon (Vendée). En 1882, il est procureur à Périgueux, où réside sa famille. À cette époque, une affaire d’escroquerie de grande envergure défraie la chronique locale. Plusieurs articles de presse signalent que « M. Lassort, procureur de la République, était un intime [de l’escroc], c’est ce qui explique qu’il ait passé la main à son substitut en cette circonstance ». De plus, son père est une des victimes dans cette affaire. Cet épisode judiciaire a peut-être eu une grande importance dans sa décision d’abandonner à cette époque la magistrature.

En septembre 1889, Lassort est chargé par les héritiers Morin de la liquidation de la Société Morin d’Épinal et de la succession de J. Morin. Un désaccord se produit très rapidement avec les héritiers qui portent plainte contre lui en juin 1890 auprès du parquet de Nancy. En fuite, Lassort s’embarque clandestinement pour Buenos Aires. À son retour en France, il est arrêté en juillet 1891 sur dénonciation à Angoulême et inculpé de détournement ou défaut de versement d’une somme s’élevant à 21 200 francs au préjudice des héritiers Morin. En octobre 1891, il est traduit devant le tribunal correctionnel de Nancy pour abus de confiance et condamné le 5 novembre suivant à 6 mois de prison. Le recensement de Nancy en 1895 mentionne, outre sa condamnation, qu’il est alors docteur en droit. Il sera réhabilité en juillet 1896, année où il exerce la fonction de répétiteur en droit à Nancy.

En 1897 à Nancy, il est secrétaire de la rédaction du journal local Le progrès de l’Est, journal radical qui prendra publiquement position pour Alfred Dreyfus en 1898. Dans le même temps, il donne des cours sur les assurances-vie à la Société industrielle de l’Est, organise des consultations juridiques pour les ouvriers et contribue à la mise en application de la loi sur les retraites ouvrières. Il est également professeur de droit commercial à l’École supérieure de commerce de Nancy. En 1904, il est nommé chargé de cours de législation fiscale et ouvrière à l’École de Brasserie de la Faculté des sciences de Nancy. Il occupe ce poste jusqu’en 1914, avec une indemnité de 400 francs.

Il est secrétaire du Syndicat des brasseurs de l’Est, au moins jusqu’en 1919, année où l’on perd sa trace. Il est également secrétaire général du comité d’organisation du Congrès de la brasserie française qui se tient à Nancy en 1909, à l’occasion de l’Exposition internationale de l’Est de la France. Durant la Première Guerre mondiale, il est par ailleurs impliqué, avec Bertrand Auerbach* dans l’organisation des Sociétés coopératives de consommation qui ont pour rôle d’améliorer le ravitaillement de la population ; dans ce cadre, il participe en 1917 à un congrès destiné à organiser cette structure à l’échelle du département de la Meurthe-et-Moselle. Un an avant sa mort, il quitte Nancy pour Colmar. Il est alors secrétaire général de la Chambre de commerce.

Jean-René Cussenot

Bibliographie

Lassort Jean Jacques (1878), De la « lex commissoria » en droit romain ; du privilège du vendeur d’immeubles en droit français, thèse de doctorat de droit, Grenoble, Imprimerie de F. Allier père et fils.

Sources d’archives

Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, des Vosges et de la Dordogne.

Archives municipales de Nancy : dénombrement de la population en 1895 et en 1897, dans la 8e section, 3 rue Sigisbert Adam, page 898.

Sources secondaires

La France judiciaire : revue bi-mensuelle de législation, de jurisprudence et d’éloquence judiciaire, 1878-1879.

Journal officiel de la République française. Lois et décrets : décrets du 1er mars 1879, du 7 février 1880 et du 1er novembre 1880.

Minutes du jugement du 3 novembre 1891 au Tribunal correctionnel de Nancy.

Articles de presse : Le Temps du 9 février 1880, Le Gaulois du 17 avril 1883, Le Figaro du 17 et du 18 avril 1883, le New-York Times du 6 mai 1883, Le progrès de l’Est du 30 octobre 1891, Journal de l’Ain du 16 novembre 1891.

Bulletin de la Société industrielle de l’Est : décembre 1910, p. 5 ; mai 1911 ; juin 1912, p. 12 ; juin 1913.