Antoine Adrien LAFON

1826, 1912
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Antoine Adrien
Lafon
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Mathématiques
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Texte
; par :
Philippe Nabonnand

Antoine Adrien LAFON (1826-1912)

Professeur adjoint de mathématiques pures et appliquées

Antoine Adrien Lafon est né à Villefranche-de-Rouergue (Aveyron) le 20 novembre 1826. Son père est plâtrier. Il se marie le 3 septembre 1859 à Nancy avec Clémence Massu : elle est la fille d’un officier formé à l’École polytechnique, Jean Germain Massu ; son frère, Émile Massu, également polytechnicien, terminera sa carrière comme général de brigade. Le couple aura six enfants. Lafon décède le 11 juillet 1912 à Lyon.

Après des études au collège de Villefranche-de-Rouergue, il obtient en 1845 le baccalauréat ès lettres au lycée de Montpellier. Il poursuit ses études au lycée Saint-Louis à Paris en section de mathématiques pour y préparer le baccalauréat ès sciences et le concours d’entrée à l’École normale supérieure. Admissible en 1848, les événements politiques le contraignent à changer ses plans et il décide de poursuivre des études de mathématiques en candidat libre. C’est dans ce cadre qu’il réussit d’abord une licence ès sciences mathématiques et physiques (1849) puis, sur les conseils de Joseph Bertrand (dont il suit les cours au Collège de France), il prépare une thèse qu’il soutient en juin 1854. Sa thèse principale de mécanique porte sur l’intégration des équations différentielles de la mécanique et sa seconde thèse a pour sujet la théorie du dernier multiplicateur et le problème des trois corps. Le jury est composé de Louis Lefébure de Fourcy, de Gabriel Lamé et de Charles Delaunay.

Lafon donne dans sa thèse une démonstration « plus directe » (qui n’utilise pas le calcul des variations, mais simplement la forme des équations différentielles de la mécanique) du théorème de Poisson selon lequel, si l’on connaît, en plus de l’intégrale donnée par le principe des forces vives, deux intégrales du système d’équations différentielles décrivant le mouvement d’un système de points matériels, on en obtient une troisième « sans quadrature ».

Pendant la préparation de sa thèse, il occupe avec succès plusieurs positions de précepteur pour des élèves préparant entre autres le concours de l’École polytechnique. Après sa thèse, il est recruté par Urbain Le Verrier à l’Observatoire de Paris. Évoquant son passage à l’Observatoire de Paris dans une lettre au ministre de l’Instruction publique, il écrit en 1864 : « […] Je m’étais fait à Paris une position excellente, dans l’enseignement libre, quand j’ai voulu m’attacher à un établissement de l’État, et j’ai accepté à l’Observatoire des fonctions presque gratuites. Mes rapports avec Mr le directeur de l’Observatoire ne me permirent pas d’y rester plus de deux ans, et je dus me tourner du côté des Facultés des Sciences. » Lafon est à cette époque considéré comme un jeune homme prometteur qui ne manque pas de soutiens. En février 1857, il est nommé professeur adjoint de mathématiques pures et appliquées à la Faculté des sciences de Nancy « en vue du service spécial de l’École des sciences appliquées annoncée à ladite faculté ». De fait, avec Nicolas Renard*, il supplée Hervé Faye* et effectue des enseignements de mécanique rationnelle, de mécanique appliquée puis aussi de mathématiques pures. Lafon s’intègre bien dans la vie universitaire et dans les cercles nancéiens. Néanmoins, il aspire en vain à être titulaire d’une chaire à Nancy et, en novembre 1865, il est nommé suppléant de Jean Frédéric Frénet sur le cours de mathématiques pures à la Faculté de sciences de Lyon. En novembre 1868, il lui succède à la chaire de mathématiques pures.

À Lyon, outre ses fonctions professorales, il est, comme son prédécesseur, directeur de l’Observatoire municipal et édite entre 1869 et 1878 des fascicules d’observations météorologiques. Il participe également à la vie intellectuelle de la ville. Il prononce des conférences relatives à la météorologie, à la médecine et à l’organisation des mines. Sa fin de carrière est moins heureuse : en 1878, suite à la création de l’Observatoire de Lyon – dont Charles André prend la direction – Lafon doit abandonner ses enseignements en astronomie et ses responsabilités à l’Observatoire municipal. Ses relations avec la hiérarchie universitaire se tendent et il est invité à prendre sa retraite en novembre 1896. En 1878, il est nommé officier de l’Instruction publique et en décembre 1898 chevalier de la Légion d’honneur. Membre correspondant de l’Académie Stanislas en 1857, il devient membre titulaire l’année suivante et redevient correspondant en 1866 après son départ de Nancy. Dès son arrivée à Lyon, il participe activement aux activités de la Société d’agriculture, histoire naturelle et arts utiles de Lyon en communiquant souvent sur les activités de l’observatoire. Il est aussi membre de l’Académie des sciences, arts et belles lettres de Lyon entre 1873 et 1912, institution qu’il présidera un moment. Il est l’inventeur de ruines (situées dans sa propriété) qu’il identifie comme celles de l’amphithéâtre des trois Gaules, mais qui s’avèreront plus tard être celles du théâtre dit de Fourvière.

Philippe Nabonnand

Bibliographie

Encke J.-F. (1858), « Nouvelle méthode pour calculer les perturbations des planètes, J.-F. Encke, traduction et annotation par Antoine Adrien Lafon et Alfred Terquem », Mémoire de l’Académie de Stanislas, 5-49.

Lafon Antoine Adrien (1848), « Question d’examen. Lieu géométrique du centre d’un cercle tangent aux côtés d’un triangle inscrit dans une circonférence », Nouvelles annales de mathématiques, 7, 318-319.

___ (1854), Sur l’intégration des équations différentielles de la mécanique, Paris, Imprimerie de C. Lahure.

___ (1860), « Gergonne, sa vie et ses travaux », Mémoire de l’Académie de Stanislas, 1, XXV-LXXIV.

___ (1860), « Mémoire sur la rotation d’un corps solide autour d’un point fixe », Mémoire de l’Académie de Stanislas, 1, 170-205.

___ (1860), « Nouveau calendrier perpétuel », Mémoire de l’Académie de Stanislas, 2, 373-375.

___ (1863), « Recherches sur le mouvement relatif d’un corps solide », Mémoire de l’Académie de Stanislas, 315-360.

___ (1884), Études sur les surfaces, Lyon, Association typographique.

Sources d’archives

Archives nationales : dossier de carrière (F/17/21048) et dossier de Légion d’honneur (LH/1435/27).

Sources secondaires

Guirondet L. (1866), « Adrien Antoine Lafon », in Biographies Aveyronnaises, Villefranche : imprimerie de Prosper Dufour.

Mayet Lucien (1912), Notice nécrologique sur M. Antoine Adrien Lafon : 20 novembre 1826-11 juillet 1912, Lyon, Imprimerie A. Rey.

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