Antoine JOLYET

1867, 1942
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Antoine
Jolyet
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Sylviculture
;
Texte
; par :
Étienne Bolmont

Antoine JOLYET (1867-1942)

Chargé de cours sur les forêts coloniales

Antoine Marie Augustin Jolyet est né en juillet 1867 à Plancher-les-Mines en Haute-Saône. Son père est alors sous-inspecteur des forêts, il deviendra conservateur des forêts et conseiller général. En novembre 1895, il épouse Anna Ferreux à Chargey-lès-Port, la cérémonie étant célébrée par l’abbé Bernard Laligant, vicaire général du diocèse de Besançon et activiste de la cause catholique. Le couple a eu deux enfants, Marguerite (1897-1955) et Henri (1900- ?). Antoine Jolyet décède à Chargey-lès-Port en janvier 1942.

Jolyet accomplit sa scolarité secondaire au lycée de Vesoul ; il est bachelier ès sciences en 1885 et possède la première partie du baccalauréat ès lettres. En 1886, il prépare le concours de l’École nationale forestière de Nancy à l’école Saint-Sigisbert de la même ville. Il fait ses études à l’école forestière de 1887 à 1889. Nommé fin août 1889 à Lille comme garde général des Eaux et forêts, il n’occupe pas ce poste, car il est nommé un mois plus tard préparateur au laboratoire de l’École nationale forestière de Nancy. C’est au cours des deux années suivantes qu’il peut préparer la licence ès sciences naturelles à la Faculté des sciences de Nancy, diplôme qu’il obtient en juillet 1891. Il reprend sa carrière de garde général, nommé chef de cantonnement à Barjols (Var) en novembre 1891, mais non installé, il est en réalité maintenu à Nancy. Il prend finalement ses nouvelles fonctions à Saint-Sauveur (Alpes Maritimes) en avril 1892 puis en février 1893 à Héricourt en Haute-Saône. Il y montre ses connaissances scientifiques, mais aussi fait preuve d’une bonne aptitude à l’encadrement et à la gestion du cantonnement, tout en gagnant l’estime des populations auprès desquelles il assure ses fonctions. En octobre 1893, il est rappelé à l’École forestière de Nancy comme inspecteur adjoint des forêts à la station de recherche et d’expériences de l’école. En avril 1897, il devient professeur suppléant et chef de travaux au laboratoire de celle-ci. Il y enseigne les sciences forestières à partir de novembre 1898 et devient à la même date inspecteur des études. En 1900, il s’active avec son collègue Henri Fliche en forêt de Haye et en forêt de Champenoux pour préparer la création d’un arboretum. La création par Lucien Daubrée, le directeur général des Eaux et forêts, est officielle le 19 octobre 1900 ; les arbres sont plantés par Jolyet à partir d’avril 1901. L’arboretum d’Amance est la plus ancienne collection dendrologique de l’Est de la France.

Jolyet est victime d’une attaque en 1904 qui le laisse hémiplégique. Malgré sa paralysie du bras gauche, il reprend ses activités et enseigne la sylviculture et la culture pastorale. Il devient professeur de sciences forestières en octobre 1912. Il reste dans ce poste jusqu’à sa retraite en octobre 1929. Il passe à la deuxième classe en 1916, à la première en 1920, puis à la première sur la nouvelle échelle en 1924.

En tant que chargé de cours, il assure un enseignement à l’Institut agricole et colonial de la Faculté des sciences de Nancy à partir de 1903, et ce jusqu’en 1910. Son cours porte sur les forêts coloniales et il reçoit un salaire de 1 000 francs par an. Il participe au jury du diplôme d’études coloniales de l’Université de Nancy.

Pendant la guerre, il est détaché à l’administration des Eaux et forêts dans la zone des armées jusqu’en novembre 1917. Il organise l’approvisionnement en bois nécessaire aux armées stationnées en Lorraine. Il est aussi chargé de la gestion de la station de pisciculture de Bellefontaine près de Champigneulles.

Sa fin de carrière est difficile, il semble que son handicap devienne un obstacle à son enseignement et à ses capacités de recherche. Le directeur de l’école forestière fait sur lui des rapports de plus en plus négatifs et exprime son soulagement à son départ en retraite en octobre 1929.

En 1901, il est nommé chevalier de l’ordre du Cambodge ; en 1902, il est distingué par le roi de Serbie et devient commandeur de l’ordre de Saint-Sava, pour lequel il demande l’autorisation de porter la décoration. En 1902, il devient chevalier du Mérite agricole et il en est officier en 1911. En 1921, il est proposé par la direction des Eaux et forêts au titre de chevalier de la Légion d’honneur sans que cette proposition n’ait abouti, semble-t-il.

Jolyet est connu pour son œuvre en sylviculture, notamment par le Traité pratique de sylviculture réédité de nombreuses fois, écrit avec Lucien Boppe en 1901, et pour lequel il reçoit une médaille d’or de l’Académie d’agriculture. Ses travaux portent sur l’introduction dans les forêts d’espèces étrangères à la région, voire exotiques.

Pour cela, il s’appuie sur l’arboretum d’Amance. Il publie plusieurs articles sur les forêts tropicales et un ouvrage sur les bois communs de l’Afrique-Occidentale Française en 1910, études fondées sur l’analyse d’échantillons envoyés des colonies à l’école forestière.

Après la guerre, il se consacre à la reconstitution des forêts détruites par les combats. Il publie beaucoup dans la Revue des Eaux et forêts, et écrit quelques articles dans le Bulletin de l’Institut colonial de Nancy. Son activité de publication s’estompe après 1912.

Étienne Bolmont

Bibliographie

Jolyet Antoine (1890), « Le sapin de Douglas », Revue des Eaux et forêts, 29, 4, 313.

___ (1895), « Castanoïdes et bétuloïdes », Revue des Eaux et forêts, 34, 9, 193.

___ (1895), « Expériences faites en mars 1895 dans les pineraies de la Champagne pour s’opposer aux dégâts du lasiocampe », Revue des Eaux et forêts, 34, 9, 211-214.

___ (1899), Le Chêne de juin, Nancy, Imprimerie de Berger-Levrault.

___ (1901), Introduction dans les cultures forestières d’espèces étrangères à la région, Paris, Imprimerie nationale.

___ (1908), « Essai de classification des forêts de l’Afrique tropicale française », Bulletin de l’Institut colonial de Nancy, 9, 1, 317.

___ (1909), « Procédé économique pour préserver le bois des essences tropicales contre la pourriture et les termites », Bulletin de l’Institut colonial de Nancy, 12, 10, 480.

___ (1910), Les Bois communs de l’Afrique occidentale française, Nancy, Imprimerie de Berger-Levrault.

___ (1912), Note sur les procédés de boisement applicables dans le département de Meurthe-et-Moselle, Nancy, Imprimerie de Berger-Levrault.

Jolyet Antoine & Boppe L. (1901), Les forêts. Traité pratique de sylviculture, Paris, Baillière et Fils.

Sources d’archives

Archives nationales : dossier de carrière (F/10/1865). Il contient plusieurs publications de Jolyet.

Sources secondaires

Collectif (2000), D’arbre en art : l’arboretum d’Amance. Inra, 2000. (Annexe 5 Antoine Jolyet et Lucien Daubrée).