Édouard HUSSON

1872, 1958
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Édouard
Husson
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Mécanique rationnelle
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Texte
; ; par :
Philippe Nabonnand

Édouard HUSSON (1872-1958)

Professeur de mécanique rationnelle

Albert Séraphin Édouard Husson est né à Saint-Rémy dans les Vosges le 12 aout 1872. Son père, Séraphin Husson, est cultivateur et sa mère, Élise Laruelle, ménagère. Husson épouse, le 15 février 1901 à Paris, Madeleine Van Tieghem, fille de Philippe Van Tieghem, professeur de botanique au Muséum national d’histoire naturelle. Ils ont trois enfants. Husson décède le 14 janvier 1958 à Auboué, en Meurthe-et-Moselle.

En 1885, il entre à l’École professionnelle de l’Est et il obtient en juillet 1889 le baccalauréat ès sciences de l’enseignement spécial. En 1893, il entre à l’École normale supérieure dans la même promotion que Camille Gutton*. Durant ses études, il obtient les licences de mathématiques et de physique en tant que boursier. En 1896, à l’issue de son service militaire, il est admis à l’agrégation de mathématiques au 2e rang. En août 1898, d’abord nommé professeur de mathématiques élémentaires au lycée de Saint-Étienne, il prend en fait un mois plus tard un poste équivalent au lycée de Lille où il s’occupe de la préparation au concours de l’École centrale.

Husson soutient en 1906 à la Faculté des sciences de Paris une thèse de mécanique intitulée Recherche des intégrales algébriques dans le mouvement d’un solide pesant autour d’un point fixe. Paul Appell en est un des rapporteurs. Il est alors nommé maître de conférences de mathématiques à la Faculté des sciences de Rennes en octobre 1906, poste qu’il occupe jusqu’en novembre 1908. À cette date, il obtient la charge d’un cours de mécanique rationnelle et appliquée à l’Université de Caen. Il est nommé dans cette même université professeur de mécanique rationnelle et appliquée en décembre 1909. En décembre 1910, il obtient la chaire de calcul différentiel et intégral à la Faculté des sciences de Nancy ; il succède à Pierre Boutroux* qui assurait la charge du cours depuis le départ d’Élie Cartan* en juillet 1909. À ce poste, il assure les cours des certificats de mathématiques générales et de calcul différentiel et intégral, tout en donnant des cours de sciences appliquées. Il s’investit notamment dans la création du nouvel Institut d’aérodynamique et de météorologie fondé par Gaston Floquet* et dirigé par Edmond Rothé* à partir de 1912 ; il donne dans ce cadre en 1913 douze leçons d’aéronautique consacrées à l’équilibrage des avions et aux différents types de vols.

Il obtient, en juillet 1914, la chaire de mécanique rationnelle à la suite du décès de Jules Molk*. En réalité il ne l’occupe pas car il est mobilisé dès le début de la guerre. Il reste donc responsable de la chaire de calcul différentiel et intégral jusqu’en 1918. En tant que militaire, il est d’abord sergent dans l’infanterie territoriale et affecté à Toul. Il consacre alors sans doute une partie de son temps à l’enseignement. En novembre 1916, il est alors nommé attaché technique dans un centre aéronautique, puis il rejoint l’École d’aviation de Pau comme instructeur.

Après la Première Guerre mondiale, il assure des cours de mécanique rationnelle, de sciences appliquées, de dynamique et d’hydrodynamique, en particulier à l’Institut électrotechnique et à l’Institut métallurgique et minier créé en 1919 (actuelle École des mines de Nancy). Il est durant cette période un membre actif du conseil de l’université. Bien qu’en 1931, le recteur Louis Bruntz souligne que son esprit critique n’est guère constructif, il mentionne en 1933 qu’il est un « très bon professeur, dont la bonne humeur est légendaire », que son enseignement est « goûté et estimé » et qu’il « prête son concours, avec la meilleure bonne volonté, chaque fois qu’on le lui demande ». En 1937, il est nommé assesseur du doyen de la faculté des sciences, puis doyen en juin 1940. Durant la Seconde Guerre mondiale, tout en étant admis à faire valoir ses droits à la retraite depuis septembre 1940, il est maintenu dans ses fonctions de professeur et de doyen. Il prend sa retraite en décembre 1945 et il est alors nommé doyen honoraire. Pendant la période d’avant-guerre, il est membre du jury d’agrégation et du jury d’admission de l’École normale supérieure.

Husson s’intéresse dans sa thèse à la question des intégrales algébriques dans le mouvement d’un solide pesant autour d’un point fixe. Un tel mouvement est régi par un système de six équations différentielles. La théorie générale permet d’affirmer que ce système admet trois intégrales algébriques. La question est donc de savoir s’il peut y en avoir plus et dans quelles conditions. Leonhard Euler, Joseph-Louis Lagrange et Sophie Kowalevskaja avaient chacun étudié des exemples dans lesquels il existe une quatrième intégrale algébrique, ce qui avait suscité l’espoir d’obtenir des solutions nouvelles. Joseph Liouville,

Henri Poincaré et Paul Painlevé avaient contribué à cette question en proposant des conditions nécessaires à l’existence d’une quatrième intégrale. Husson démontre dans sa thèse qu’en dehors des trois exemples déjà connus, il n’y a (en général) pas de quatrième intégrale algébrique. Dans le cours de sa thèse, il propose une nouvelle démonstration du théorème de Poincaré selon lequel une condition nécessaire à l’existence d’une quatrième intégrale algébrique est que l’ellipsoïde d’inertie au point de suspension soit de révolution. Le problème n’est pas tout à fait clos après le travail d’Husson puisque selon les conditions initiales, d’autres intégrales algébriques peuvent malgré tout apparaître. Husson est membre de la Société mathématique de France à partir de 1907. Il est nommé officier d’Académie en juillet 1907 et officier de l’Instruction publique en juillet 1914. Il est chevalier de la Légion d’honneur en 1932.

Philippe Nabonnand

 

Bibliographie

Husson Édouard (1906), « Recherche des intégrales algébriques dans le mouvement d’un solide pesant autour d’un point fixe », Annales de la Faculté des sciences de Toulouse, 8, 2, 73-152.

___ (1906), « Sur un théorème de M. Poincaré, relativement au mouvement d’un solide pesant », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 141, 821-823.

___ (1906), « Sur théorème de M. Poincaré, relativement au mouvement d’un solide pesant », Acta mathematica, 31, 71-88.

___ (1931), « La quasi-périodicité et l’approximation des trajectoires dynamiques », Comptes rendus du congrès de Nancy de l’Association française pour l’avancement des sciences.

___ (1932), Les trajectoires de la dynamique, Paris, Gauthier-Villars.

___ (1932), « Les apparences de discontinuité ou d’irrégularité en dynamique », Verhandlungen des International Mathematiker-Kongresses Zurich 1932, II. Band, 282.

___ (1932), « Les trajectoires de la dynamique », in Collectif, Mémorial des sciences mathématiques 55, Paris, Gauthier-Villars, 1-58.

___ (1933), « La Faculté des sciences de Nancy, le groupe chimique », Le Pays lorrain, 549-553.

___ (1933), « La Faculté des sciences de Nancy », Le pays lorrain, 549.

___ (1935), « Les solutions, mouvements ou trajectoires stationnaires en mécanique », Bulletin mathématique des facultés des sciences et grandes écoles.

___ (1937), « L’aire couverte par une trajectoire dynamique ; la presque périodicité de la trajectoire », Journal de mathématiques pures et appliquées, 16, 101-104.

Sources primaires

Archives nationales : dossier de carrière (F/17/24807). Ce dossier mentionne l’attribution de la Légion d’honneur à Husson sans qu’il soit possible d’en retrouver la trace sur la base Leonore.

Sources secondaires

Boulanger A. (1906), « Compte rendu de la thèse de M. Husson », Revue générale des sciences pures et appliquées, 17, 291.