Ernest HAHN

1876, 1948
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Ernest
Hahn
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Mécanique appliquée
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Texte
; par :
Françoise Birck, Étienne Bolmont

Ernest HAHN (1876-1948)

Directeur du Laboratoire de mécanique appliquée

Ernest Paul Hahn est né le 22 septembre 1876 à Genève. Son père y est tailleur. En août 1903, il épouse Marie Campiche à Zurich. Née la même année que son mari, elle a alors 27 ans. Le couple a trois enfants, Gabrielle (1904-1985), André (1906-1929) et Pierre. Les décès de son fils André, puis de son épouse en janvier 1932 affectent beaucoup Hahn. Il meurt le 5 août 1948 à Gland (Vaud-Suisse).

Ernest Hahn accomplit sa scolarité à Genève avant d’être admis à l’École polytechnique de Zurich en 1894. Il en sort en 1898 en tant qu’ingénieur en mécanique et entre, comme assistant, au laboratoire du professeur de génie mécanique Aurel Stodola.

Il intègre brièvement l’entreprise Brown-Boveri, spécialisée dans la fabrication de machines électriques, avant d’être nommé professeur de mécanique à l’École d’ingénieurs de Lausanne.

En 1905, il est recruté par l’institut électrotechnique de Nancy, créé quelques années auparavant par Ernest Bichat* pour former des ingénieurs électriciens. Sa candidature est retenue à la suite d’un voyage d’information de deux universitaires nancéiens, Henry Vogt* qui doit succéder à Bichat* à la tête de l’institut, et de Jules Molk*, ancien élève de l’École polytechnique de Zurich, devenu titulaire de la chaire de mécanique rationnelle à la faculté des sciences.

C’est donc sur la base de sa formation zurichoise et de son expérience industrielle et pédagogique en Suisse qu’il est chargé de la mise en place d’une section de mécanique appliquée destinée à former des ingénieurs mécaniciens.

Au cours de sa carrière, Hahn attire vers l’institut plusieurs ingénieurs formés, comme lui, à Zurich : Antoine Dumas*, Henri Quiby* et Louis Hubler*.

Il est nommé directeur du laboratoire de mécanique appliquée, fonction nouvellement créée et payée sur les fonds de la faculté. Comme il entend conserver sa nationalité, il ne peut, en qualité d’étranger, accéder à une carrière universitaire classique. Son emploi est renouvelé tous les ans jusqu’en 1939, à la veille du conflit. Pendant toute cette période, il contribue à la formation de plusieurs générations d’ingénieurs mécaniciens.

Cinq cents diplômes sont délivrés en trente ans. Il conduit en même temps des recherches en mécanique des fluides, en particulier, vers 1920, dans le cadre d’un programme financé par la Société hydrotechnique de France. Il construit des « cuves rhéologiques » qui permettent, par analogie avec la circulation du courant électrique, d’étudier la formation des tourbillons dans les turbines des centrales hydroélectriques.

Ce travail initie une méthode de calcul analogique développée à la même époque au laboratoire de la Société d’hydrotechnique à Grenoble. Il est aussi le traducteur d’ouvrages allemands de mécanique, notamment celui de son ancien maître zurichois, Aurel Stodola, sur les turbines à vapeur. Dès son arrivée à Nancy, en 1905, il participe aux activités de la Société industrielle de l’Est. En raison de son statut, il ne peut lui-même former une équipe capable d’assurer sa succession.

En août 1939, après son départ pour Chaumont où il est chargé du consulat suisse, le laboratoire de mécanique doit fermer. Hahn prend sa retraite le 30 novembre 1939 et retourne en Suisse.

Françoise Birck & Étienne Bolmont

Bibliographie

Hahn Ernest (1906), L’utilisation de l’énergie dans les machines thermiques et les progrès récents réalisés dans ce domaine, Institut chimique de Nancy.

___ (910), « Mécanique générale et outillage industriel », Bulletin de la Société industrielle de l’Est, 230.

___ (1927), « Méthode expérimentale pour la résolution des équations du mouvement des fluides », Revue Générale d’électricité, 485-489.

___ (1929), « Étude sur les coups de bélier dans les conduites de refoulement des pompes centrifuges », in O. Füssli, éditeur, Festschrift Prof. Dr. A. Stodola zum 70. Geburtstag : überreicht von seinen Freunden und Schülern, Zurich und Leipzig.

___ (1938), « La méthode d’analogies rhéographiques et rhéométriques – Installations et recherches du laboratoire d’analogies électriques de l’Institut de mécanique des fluides », Bulletin de la Société française des électriciens, 715-747.

Traductions

Föppl A. (1901), Résistance des matériaux et éléments de la théorie mathématique de l’élasticité. Traduit de l’allemand par E. Hahn.

Stodola A. (1906), Les turbines à vapeur, ouvrage suivi de considérations sur les machines thermiques et leur avenir, ainsi que sur la turbine à gaz. Traduit de l’allemand par E. Hahn.

Sources secondaires

Grelon André & Birck Françoise Ed. (1998), Des ingénieurs pour la Lorraine 19e-20e siècles, Metz, Éditions Serpenoise. Réédition en 2007 aux Presses Universitaires de Nancy dans la collection « Histoire des institutions scientifiques ».

Birck Françoise & Grelon André Ed. (2006), Un siècle de formation d’ingénieurs électriciens, ancrage local et dynamique européenne : l’exemple de Nancy (actes du colloque organisé en 2001 à Nancy à l’occasion du centenaire de l’ENSEM), Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme.

Hahn Pierre & Hager Willi (2003), « Ernest-Paul Hahn, l’IEN et la SHF », La Houille Blanche, 103-106.

Widmer, J.-C. (2010), Généalogie de la famille du professeur Ernest Paul Hahn, professeur de mécanique à l’École d’ingénieurs de Lausanne. Archives d’état, Genève.