Maurice GUÉRITOT

1885, 1923
;
Maurice
Guéritot
;
Électrotechnique, Physique
;
Texte
; par :
Étienne Bolmont

Maurice GUÉRITOT (1885-1923)

Chargé de travaux pratiques d’aérodynamique

Maurice Guéritot est né le 6 décembre 1885 à Nancy. Son père est entrepreneur en bâtiment. Il épouse Marcelle Hutter, fille d’un ingénieur, professeur d’allemand au lycée Jeanne d’Arc, première femme agrégée d’allemand, qui utilise ses talents en traduisant de nombreux ouvrages. La maladie emporte Maurice Guéritot le 30 avril 1923 à Paris, alors qu’il n’a que 38 ans.

Ses études le conduisent à préparer le professorat des écoles normales et des écoles primaires supérieures : il obtient un certificat de mathématiques générales, mais surtout il est lauréat de l’Institut électrotechnique de Nancy, obtenant le titre d’ingénieur électricien en 1904. Classé premier aux examens finaux, il reçoit une médaille de bronze de la Société industrielle de l’Est. En 1914, il commence une thèse de physique sous la direction d’Edmond Rothé*, mais la guerre ne lui permet pas de la mener à son terme.

Sa carrière professionnelle débute par un emploi de professeur délégué à l’École primaire supérieure de Nancy, d’octobre 1908 à octobre 1910. Il entre ensuite à la faculté des sciences en tant que chargé de travaux pratiques et d’interrogations à l’Institut électrotechnique, de novembre 1910 à octobre 1911. En mars de la même année, il effectue la suppléance du préparateur de physique Brunet-Manquat, en congé pour trois mois. Il est ensuite nommé préparateur de physique en novembre 1911, travaillant notamment avec Camille Gutton* et Edmond Rothé*. Il participe avec ce dernier à la création de l’éphémère Institut d’aérodynamique et de météorologie où il est chargé de travaux pratiques d’aérodynamique pour l’année 1913-1914. Dans l’article sur le prix Henri de Parville (cf. bibliographie), il est cité comme chef de travaux, mais rien ne confirme cet emploi. Il est très apprécié par ses supérieurs et le recteur Charles Adam souligne en 1915 son « esprit inventif, dont on attend beaucoup ».

Mobilisé en août 1914, il passe la première année au front, affecté au 8e Génie sous les ordres du colonel Gustave Ferrié (alors inspecteur de la télégraphie militaire), puis il est transféré à l’État-Major du 1er corps d’armée grâce à ses travaux sur un procédé d’adaptation de la télégraphie sans fil à l’aviation.

D’octobre 1918 à mars 1919, il est détaché à Toulon pour tester des dispositifs de radiocommande d’avions ou de bateaux.

Il devient chevalier de la Légion d’honneur en novembre 1920, parrainé par le capitaine de corvette Georges Valser, qui dirige le Bureau des inventions du ministère de la Marine. Après cette période dans l’armée, il retourne à la vie civile et devient en mars 1919 ingénieur à la maison Gaumont à Paris où il reste jusqu’à son décès en avril 1923.

Il publie aux Comptes rendus de l’Académie des sciences à partir de 1911 des articles où se dégage l’aspect expérimental de son travail. Chez Gaumont, il réalise des moteurs électriques synchronisés par diapason. Il acquiert de plus une notoriété certaine en tant qu’inventeur dans le domaine de l’électricité et de la radio. En 1922, il propose un haut-parleur avec un rendement élevé commercialisé par la société Gaumont.

Il est l’auteur en 1925 d’un brevet décrivant un appareil portable à deux tubes de la société des établissements Gaumont. Dans son dernier travail, il conçoit un télécompas à fer doux qui permet de repérer le nord en tout point d’un navire et, à cette occasion, effectue des mesures sur l’aimantation du fer sous l’influence de deux champs simultanés.

À titre posthume, il reçoit en 1923 le prix Henri de Parville dont la conclusion montre tout l’intérêt porté à ses travaux : « La mort de ce chercheur plein d’activité est une perte très grave pour la Science française, à laquelle il eût apporté une collaboration extrêmement féconde ».

Après sa mort, sa veuve remercie l’Académie pour la distinction accordée à son mari et demande l’ouverture de sept plis cachetés déposés par son mari en 1915, 1916, 1918, 1920 et 1921, ce que l’Académie accepte.

Étienne Bolmont

Bibliographie

Guéritot Maurice (1912), « Essai d’une méthode qui permet de déduire le rapport des chaleurs spécifiques des gaz de mesures de volumes », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 154, 589.

___ (1913), « Sur un manoscope thermoélectrique de grande sensibilité », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 156, 1974.

Rothé Edmond & Guéritot Maurice (1913), « Sur une méthode permettant d’effectuer des essais réduits en télégraphie sans fil », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 370-372.

___ (1914), « Sur une méthode expérimentale de détermination des courbes métacentriques de l’aéroplane », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 361.

Sources d’archives

Archives nationales : dossier personnel (F/17/26288) et dossier de Légion d’honneur (LH/1222/22).

Sources secondaires

Anonyme (1923), « Prix Henri de Parville », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 179, 1372.

À noter, un petit article dans l’Almanach catholique de Roubaix de 1912, p. 59, intitulé « Ce qu’on voit et ce qu’on entend dans un puissant poste de télégraphie sans fil ». Maurice Guéritot, cité comme professeur à Nancy, y présente les phénomènes qui apparaissent dans l’émetteur de la tour Eiffel.