Paul GENAY

1845, 1923
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Paul
Genay
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Agronomie
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Texte
; par :
Jean-René Cussenot

Paul GENAY (1845-1923)

Chargé de conférences d’agronomie générale et d’économie rurale

Ernest Victor Paul Genay est né le 3 mars 1845 à Lunéville. Fils de François Ernest Genay et de Louise Madeleine Richard Molard, il est le 3e enfant de la fratrie. Ses parents sont négociants à Lunéville. Il est le premier agriculteur d’une importante lignée paysanne qui anima le monde agricole du département de Meurthe-et-Moselle de la fin du 19e siècle jusqu’au milieu du 20e. En novembre 1868, il épouse à Frouard (Meurthe-et-Moselle) Augustine Hanriot (1844-1907), fille d’un agriculteur de cette commune. Entre 1870 et 1886, le couple aura une dizaine d’enfants (quatre sont morts très jeunes), tous nés à Chanteheux, dont Pierre qui lui succédera à la tête de la ferme et qui sera vice-président du Comice agricole de Lunéville vers 1930. Famille très croyante, deux des filles de Paul Genay, Madeleine et Marie Marc entreront en religion. Il est par ailleurs l’oncle d’Ernest Monal* et un cousin de Léonie Floquet (1859-1936), l’épouse du mathématicien Gaston Floquet.

Après ses études secondaires, il entre à l’École impériale agricole de Grignon d’où il sort ingénieur, au 1er rang de sa promotion en 1867. Peu de temps après, il s’installe à Chanteheux, petit village aux portes de Lunéville où il exploite alors la ferme de Bellevue. Il y mène de nombreuses expériences culturales et il communique ses avancées techniques dans les revues agricoles spécialisées. Ainsi, en 1892, il adresse à la Société nationale d’agriculture de France (dont il est membre correspondant) trois mémoires exposant les résultats d’expériences faites en 1892 sur diverses variétés de blés, de pommes de terre ainsi que sur les pommiers à cidre. Il publie également en 1899 une monographie sur la culture du blé dans son exploitation de 1869 à 1897.

Très soucieux de la formation pédagogique du monde agricole, Genay offre en 1878 son exploitation agricole pour y ouvrir une école pratique. Il présente son projet au Conseil général de Meurthe-et-Moselle, mais le retire avec amertume, car on lui préfère le projet des frères Louis, cultivateurs à Tomblaine.

C’est donc à Tomblaine que s’ouvre en 1879, l’École pratique d’agriculture dont Louis Nicolas Grandeau* assumera la direction durant une année. En 1901, il crée, avec le chanoine honoraire Louis Marchal, un cours agricole à l’Institution Saint-Pierre Fourier de Lunéville, où vont la plupart des fils de famille du Lunévillois ; ce cours est destiné aux jeunes gens de la campagne qui ont un certain niveau d’instruction, primaire ou secondaire, et qui ont déjà participé aux travaux des champs. Son expérience lui vaut d’être nommé chargé de conférences de 1903 à 1906 à la Faculté des sciences de Nancy, au sein de l’Institut agricole et colonial, où il enseigne l’agronomie générale et l’économie rurale.

Genay est un ardent défenseur de la cause paysanne. Fondateur du Syndicat agricole de Lunéville, il assure également la présidence du Comice agricole de Lunéville de 1895 à 1920. Il s’engage en novembre 1884 devant la Ligue des cultivateurs lorrains contre les importations de produits agricoles : « La crise qui depuis déjà sept années pèse sur l’agriculture s’accentue de plus en plus, la situation devient désastreuse pour la plupart des cultivateurs […] Un pareil état de choses est dû particulièrement à l’envahissement de notre pays par les produits de l’agriculture étrangère… ». En 1908, il demande par ailleurs une nouvelle évaluation de la propriété non bâtie afin d’en établir la valeur et d’y proportionner l’impôt.

Comme le déclara plus tard le sénateur Louis Michel « tout le monde sait que le comice est l’oeuvre de votre travail, que les améliorations à l’agriculture dans le département et dans le pays vous sont dues, pour la plupart. Vous n’êtes pas de ceux dont l’oeuvre s’arrête et se limite au cadre d’un arrondissement. Vous avez rendu service à la France tout entière ».

Au cours de sa carrière, il reçoit plusieurs médailles d’or dans divers concours : une à l’Exposition universelle de 1889 et une grande médaille d’or de la Société nationale d’agriculture de France en 1890. Sur proposition de Michel, sénateur de Meurthe-et-Moselle et lui-même exploitant agricole ouvert sur les techniques modernes, il reçoit la Légion d’honneur en décembre 1920 ; elle vient récompenser sa « longue et laborieuse carrière… » et son rôle d’« initiateur de tous les progrès réalisés dans la région ». Il décède à Lunéville le 15 mars 1923.

Jean-René Cussenot

Bibliographie

Genay Paul (1874), Rapport sur le concours de charrues bisocs : tenu à la ferme de Bellevue-Chanteheux le mercredi 27 mai 1874, Nancy, Berger Levrault.

___ (1877), Sept années d’agriculture pratique en Lorraine, mémoire pour le concours de la grande prime d’honneur de Meurthe-et-Moselle en 1877, Lunéville, Imprimerie de Lunéville.

___ (1890), Études agricoles (1889) : compte rendu des expériences faites à Bellevue-Chanteheux, Nancy, Imprimerie Hinzelin.

___ (1894), Études agricoles (1893) : La question du blé. Blé. Avoine. Fourages et engrais verts. Tourbe fibreuse de Hollande pour litière. Pommes à cidre. Pommes de terre, Nancy, Imprimerie Hinzelin.

___ (1895), Expériences et observations agricoles, Nancy.

Genay Paul & Devaux L. (1907), L’agriculteur praticien, traité méthodique et raisonné d’agriculture à l’usage des élèves des cours d’agriculture d’hiver et des jeunes cultivateurs. Tome I : phytotechnie ou culture des plantes, Paris, C Amat.

___ (1913), L’agriculteur praticien, traité méthodique et raisonné d’agriculture à l’usage des élèves des cours d’agriculture d’hiver et des jeunes cultivateurs. Tome II : Zootechnie ou production d’animaux, Paris, C Amat.

Sources d’archives

Archives nationales : dossier de Légion d’honneur (LH/1107/81).

Sources secondaires

Maresca Sylvain (1980), « Grandeur et permanence des grandes familles paysannes », Actes de la recherche en sciences sociales, 31, 35-61.

Est Républicain des 16 et 19 mars 1923.