Paul FLOQUET

1882, 1910
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Paul
Floquet
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Chimie
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Texte
; par :
Laurent Rollet

Paul FLOQUET (1882-1910)

Chef de travaux pratiques de physique

Paul Floquet est né à Nancy le 26 février 1882. Son père est le mathématicien nancéien et futur doyen de la Faculté des sciences de Nancy, Gaston Floquet*. Sa mère, Léonie Floquet (1859-1936), née Genay, est une cousine de l’ingénieur agronome Paul Genay* qui sera chargé de conférences à l’Institut agricole et colonial de la faculté des sciences. En 1909, Paul Floquet épouse Georgette Poure*, fille de Georges Poure*, directeur d’une importante fabrique de plumes métalliques à Boulogne-sur-Mer. Celle-ci meurt le 17 octobre 1910, quelques jours après avoir mis au monde leur premier enfant. Terrassé par la douleur, Paul Floquet se suicide à Boulogne-sur-Mer quelques semaines plus tard, le 5 novembre. Il est enterré à Nancy, avec son épouse et ses parents, au cimetière de Préville.

Paul Floquet entre au lycée de Nancy en 1888, à l’âge de 6 ans. Il y mène des études brillantes ; il obtiendra ainsi la médaille d’or de la Fondation Camille Mathis en 1900. Après le baccalauréat, il entre en classe de mathématiques spéciales, où il fait la connaissance de Pol Simon*, qui sera un ami très proche. En novembre 1901, il entre à l’École polytechnique avec un rang modeste (163e). Il en sort en 84e position en 1903. Il ne se dirige pas vers une carrière militaire dans l’artillerie, mais, attiré par les études scientifiques, il démissionne. Il fait alors son service militaire d’un an au sein du 39e régiment d’artillerie de Toul : il y fait passer des interrogations orales aux militaires préparant le concours de l’École militaire de Versailles. Libéré de ses obligations militaires, il reprend ses études à la Faculté des sciences de Nancy en 1904-1905 pour préparer les certificats d’études supérieures constitutifs de la licence. En juin 1905, il obtient ainsi le certificat de Physique avec la mention très bien ; quelques mois plus tard, en octobre, il obtient le certificat de calcul différentiel et intégral avec la même mention et celui de chimie générale avec la mention bien. Ainsi titulaire d’une licence, il songe à passer l’agrégation de sciences physiques et il a besoin pour ce faire d’un quatrième certificat. Cependant la perspective de le préparer avec les étudiants qu’il côtoie en tant que préparateur, poste sur lequel il a été nommé en décembre 1905, l’incite à s’inscrire à la Sorbonne. En octobre 1906, il obtient donc à la Faculté des sciences de Paris son certificat de mathématiques générales avec le premier rang, la mention très bien et des éloges spéciaux. Il abandonne son projet de passer l’agrégation et s’oriente alors vers une thèse de doctorat.

Le poste de préparateur des travaux pratiques de physique sur lequel Paul Floquet est nommé en 1905 est un emploi nouveau. La position de son père, nommé doyen de la faculté en remplacement d’Ernest Bichat* en octobre 1905, n’est sans doute pas étrangère à cette création de poste et à ce recrutement. Cependant, à cette époque, la faculté et les instituts techniques commencent à attirer un grand nombre d’étudiants, dont une large proportion d’étrangers, russes notamment. Cet afflux important crée des contraintes nouvelles en matière d’enseignement. Outre son service normal de préparateur, Paul Floquet s’investit durant 4 ans en tant qu’interrogateur et répétiteur de physique pour les étudiants étrangers en difficulté, en raison d’un niveau scientifique insuffisant ou d’une maîtrise imparfaite du français. Pour ces différentes tâches très prenantes, il touche un traitement modeste de 1 500 francs par an, bien en deçà de qu’il aurait pu espérer en tant qu’ancien élève de l’École polytechnique. En 1909, la Faculté des sciences de Nancy obtient la création d’un poste de chef des travaux pratiques de physique auquel il est nommé en novembre, avec un traitement annuel de 2 500 francs pris sur les fonds de l’université. Ses enseignements s’adressent aux étudiants de la faculté ainsi qu’aux élèves de l’Institut d’électrotechnique et de mécanique appliquée.

Mais l’année 1909 est aussi celle de son mariage et du drame familial qui le frappe. Au moment de son suicide, en novembre, il est sur le point de terminer une thèse de physique dirigée par le physicien Camille Gutton. Il meurt sans avoir rien publié, si ce n’est une courte note insérée en septembre 1910 dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences et présentée par Émile Bouty : « Comparaison de différents procédés de mesure de la constante électrique ». Celle-ci fait écho aux travaux menés dans sa thèse et dont on peut avoir un aperçu à travers un témoignage de Gutton* en 1911 : « Les méthodes de mesures de la constante diélectrique d’un isolant donnent en général des résultats discordants. À cause de l’importance de cette constante, il y avait un grand intérêt à savoir la raison de ces écarts. Doit-on admettre que les différents procédés fournissent en réalité des grandeurs physiques différentes, ou bien, les imperfections des isolants ont-elles, sur le résultat de l’expérience, une influence qui dépend de la méthode employée ? Pour résoudre cette question, Paul Floquet eut l’idée de faire des mesures très variées sur un même échantillon de paraffine dure. Ayant cherché une paraffine complètement isolante ne donnant pas de charges résiduelles, il a déterminé sa constante diélectrique, d’abord par la variation de capacité électrostatique d’un condensateur fermé lorsqu’on remplit l’espace entre les armatures de paraffine ; puis, par l’étude des forces qui agissent sur un cylindre de paraffine dans un champ constant non uniforme ; il a repris ensuite ces expériences en employant des charges alternatives ; enfin, il a déterminé la constante diélectrique de la même paraffine en comparant la vitesse avec laquelle s’y propagent des oscillations de Hertz à leur vitesse de propagation dans l’air. »

Dans ce même témoignage, Gutton* soulignera les talents d’un expérimentateur habile construisant lui-même ses dispositifs, se tenant très informé de l’actualité scientifique et se faisant un devoir de reproduire les toutes nouvelles expériences pour ses élèves. Après sa mort, son ami Pol Simon* et ses anciens élèves lui rendront hommage dans une brochure reprenant plusieurs discours, notices et témoignages. En novembre 1911, une plaque commémorative à sa mémoire sera inaugurée au Cercle des étudiants de Nancy. Au cours de sa carrière, Paul Floquet avait été membre – peut-être même président – de l’Association nancéienne des préparateurs et chefs de travaux.

Laurent Rollet

Bibliographie

Floquet Paul (1910), « Comparaison de différents procédés de mesure de la constante diélectrique », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 151, 11, 545-548.

Sources secondaires

Simon Pol Ed. (1911), Paul Floquet 1882-1910, Malzeville, Imprimerie Thomas.

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