Alexandre FAILLOT
Alexandre FAILLOT (1866-1940)
Chargé de cours de physique
Alexandre Louis Eugène Faillot est né à Beaune (Côte d’Or) le 26 mai 1866. Il est l’aîné des trois enfants d’Eugène Benoît Victor Faillot, doreur, et de Joséphine Klem. Sa mère habite Nancy en 1886, elle exerce la profession de miroitier et de doreur, rue Stanislas ; le père est à ce moment déclaré absent depuis 10 ans. Alexandre Faillot épouse à Nancy, en décembre 1903, Marie Henriette Maleterre (1881-1948), fille d’un receveur des contributions indirectes. Une fille, Geneviève Alexandrine (1906-1982), naît de leur union. Le couple quitte Nancy en juillet 1936, année du mariage de leur fille à Nancy. Ils s’installent alors à Bretteville-sur-Ay (Manche) où ils décèdent, lui le 26 octobre 1940 et elle le 12 décembre 1948.
Élève au collège Monge à Beaune, bachelier ès sciences en 1883 à Dijon, Alexandre Faillot entre ensuite en classe préparatoire au lycée de Nancy pendant un an, puis il s’inscrit à la Faculté des sciences de Nancy. Il y est licencié ès sciences mathématiques en juillet 1885. Sa mère assure seule les besoins de la famille et son métier ne lui permet pas de dégager de bénéfice. Faillot obtient une bourse de licence en novembre 1886. Il est licencié ès sciences physiques en juillet 1887. Boursier d’agrégation, il est reçu à l’agrégation de physique en 1888, au 2e rang.
Toute sa carrière s’effectue dans l’enseignement secondaire et principalement en classes préparatoires. Après l’agrégation, en septembre 1888, il est nommé au lycée de Châteauroux. Cependant, le mois suivant il doit rejoindre le lycée de Chambéry, comme professeur de physique à titre provisoire ; on lui confie également, à raison de deux heures par semaine, des cours d’optique et d’électricité à l’école préparatoire à l’enseignement supérieur des sciences et des lettres.
Ses débuts au lycée sont difficiles ; les inspections ne sont pas bonnes ; en 1891, « il s’est montré très médiocre et très fatigant » ; en 1892, il « manque d’entrain, d’énergie et de zèle », et le recteur demande qu’on lui adresse un avertissement, avec la menace d’un déplacement avec disgrâce. Il faut noter que cette appréciation sera largement infirmée dans la suite de sa vie professionnelle, tempérée notamment au début par le fait que ses élèves obtiennent de bons résultats aux examens. Dès l’année suivante, l’inspecteur général constate une nette amélioration.
Faillot demande plusieurs fois sa nomination à Nancy, pour pouvoir préparer une thèse de doctorat « avec un de ses anciens maîtres », ce qu’il ne concrétisera pas. Il est finalement nommé au lycée de cette ville en avril 1894. Il y obtient une première chaire en 1896 et il passe successivement à la 4e classe en 1897, à la 3e en 1900, à la 2e en 1907 et à la 1re en 1919. En 1914, il est amené à enseigner à la faculté des sciences, en remplacement des enseignants mobilisés. On lui confie le cours d’électricité et de météorologie. À partir de 1916, Faillot supporte difficilement les évènements de la guerre ; l’inspecteur d’académie remarque qu’« il n’a plus autant qu’il conviendrait la maîtrise de soi » et le recteur Charles Adam ajoute qu’il a « besoin d’être remonté ! ». Après la destruction de la maison de sa belle-mère lors d’un bombardement en octobre 1917, il subit une crise de délire, allant jusqu’à vouloir « attenter à sa vie ». Dépressif, amaigri, souffrant de troubles de la mémoire, il est mis en congé avec traitement pendant 3 mois. François Croze*, maître de conférences à la faculté des sciences, qui assume déjà un service chargé, le remplace provisoirement au lycée.
En janvier 1918, l’administration propose à Faillot un poste à Albi qu’il accepte, mais qu’il ne peut rejoindre, ayant été victime d’une fracture du col du fémur. Il est mis en congé d’inactivité jusqu’en septembre. Détaché au lycée de Mâcon en juillet 1918, on lui confie des classes moins lourdes à gérer et il récupère lentement de la fatigue nerveuse occasionnée par les faits de guerre. Suite à la demande du proviseur du lycée de Nancy et à celle du recteur Charles Adam, il revient définitivement à Nancy en 1919. En 1921, il passe à la classe exceptionnelle et il est finalement admis à la retraite en octobre 1929, après avoir passé 34 années au lycée de Nancy.
Très apprécié par ses élèves de mathématiques spéciales qui obtiennent de très bons résultats dans les concours, son travail est également reconnu par ses supérieurs : les rapports d’inspection sont tous très positifs, même si, dans les premières années, son autorité n’est pas encore suffisante ; on reconnaît l’efficacité de son investissement dans l’enseignement et dans l’organisation du laboratoire.
C’est, selon l’un de ses derniers rapports d’inspection, le meilleur professeur de physique de France, un homme charmant et bon, très sympathique, ayant une culture scientifique très étendue et de réels talents artistiques, « il peint délicieusement »…
Il est fait officier d’Académie en juillet 1899, puis officier de l’Instruction publique en juillet 1907. En octobre 1923, il reçoit la Légion d’honneur des mains du recteur Charles Adam.
Jean-René Cussenot
Sources d’archives
Archives nationales : dossier de carrière (F/17/24065) et dossier de Légion d’honneur : (LH/19800035/541/61915).