Charles Eugène FABRY

1856, 1944
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Charles Eugène
Fabry
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Mathématiques
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Texte
; par :
Philippe Nabonnand

Eugène FABRY (1856-1944)

Maître de conférences de mathématiques

Eugène Charles Fabry est né le 16 octobre 1856 à Marseille dans une famille de la moyenne bourgeoisie. À sa naissance, son père est négociant ; en 1874, il exerce la fonction de sous-directeur d’agence du Crédit agricole, au moment où Eugène Fabry entre à l’École polytechnique. Ses deux frères cadets suivront la même voie que lui, Louis (1862-1939) en 1880 et Charles (1867-1945) en 1885. Ce dernier deviendra un physicien reconnu tant scientifiquement qu’institutionnellement. La petite histoire retiendra que les frères Fabry sont l’exemple unique de trois frères membres de l’Académie des sciences. En août 1887, Eugène Fabry épouse à Montpellier Jeanne Moitessier (1862-1935), fille de Louise (1834-1873) et d’Albert Moitessier (1833-1889), doyen de la Faculté de médecine de Montpellier. Ils auront sept enfants. Eugène Fabry décède à Marseille le 6 octobre 1944.

Après des études secondaires à Marseille, il est reçu à l’École polytechnique en 1874. Il en sort en 1876 et s’oriente ensuite vers une carrière d’ingénieur des manufactures de tabac, d’abord à Châteauroux, puis à Marseille. Il abandonne rapidement cette voie pour s’orienter vers les mathématiques. Il est reçu en 1882 à l’agrégation de mathématiques. Il est alors nommé professeur à Tarbes puis à Carcassonne (1883) et, quelques mois plus tard, à Tours où il assure une suppléance en classe de mathématiques spéciales. Il soutient le 28 juillet 1885 une thèse à la Faculté des sciences de Paris devant un jury présidé par Charles Hermite et qui comprend Henri Andoyer, Joseph Boussinesq et Henri Poincaré. Sa première thèse porte Sur les intégrales des équations différentielles linéaires à coefficients rationnels. Il défend par ailleurs une thèse orale, le commentaire d’un article d’Henri Poincaré publié dans l’American Journal of Mathematics (« Sur les équations linéaires aux différentielles ordinaires et aux différences finies », 1885). Fabry est alors nommé maître de conférences de mathématiques, d’abord à l’Université de Rennes en octobre 1885, puis à l’Université de Nancy en mars 1886 où il remplace Claude Guichard* qui vient d’être nommé à Rennes sur le poste de Jules Molk*, nommé à Besançon. Fabry reste à Nancy un peu moins d’un semestre universitaire. Il y assure des leçons d’astronomie et des conférences de préparation à l’agrégation de mathématiques. En août de la même année, il est nommé chargé de cours de mécanique à la Faculté des sciences de Montpellier. Il y obtient finalement la chaire de mécanique rationnelle le 16 juin 1888. Il échange cette chaire en 1890 pour celle de mathématiques pures. En juillet 1920, il est finalement nommé professeur de calcul différentiel et intégral à la Faculté des sciences de Marseille, en remplacement de Louis Charles Sauvage*, récemment décédé. La même année, il devient examinateur d’admission à l’École polytechnique. Il prend sa retraite en 1926. La thèse de Fabry concerne le problème de la résolution des équations différentielles à coefficients rationnels. Le mathématicien allemand Lazarus Fuchs avait ouvert la question en introduisant la notion d’intégrales régulières. Carl Johannes Thomae avait introduit de nouvelles solutions appelées « séries normales ». Le principal résultat de Fabry consiste à montrer qu’il existe des séries plus générales (que Poincaré dénommera « séries anormales » en 1886) et à les étudier. À l’époque de son passage à Nancy, Fabry poursuit ce programme. Il effectue l’essentiel de sa recherche à Montpellier en s’intéressant principalement à l’analyse complexe et en particulier aux points singuliers des séries de Taylor. Il publie aussi plusieurs recueils de problèmes ainsi que des traités de mathématiques. Il est enfin associé aux travaux de l’Encyclopédie des sciences mathématiques de Jules Molk*.

Fabry adhère à la Société mathématique de France en 1888. Il obtient en 1908 une partie du prix Houllevigue, un prix remis alternativement par l’Académie des sciences et l’Académie des beaux-arts, pour ses recherches sur la théorie générale des fonctions (il le partage avec le chimiste André-Louis Debierne et le mécanicien Charles Albert Petot) ; il est lauréat en 1930 du prix Francœur, un autre prix de l’Académie des sciences, pour ses travaux sur les singularités des fonctions analytiques. Il est élu membre-correspondant de l’Académie des sciences le 19 janvier 1931, dans la section de géométrie. En 1935, il est élu membre du Bureau des Longitudes, institution qu’il présidera à plusieurs reprises durant la Seconde Guerre mondiale. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 13 janvier 1926, parrainé par le doyen honoraire de la Faculté des sciences de Montpellier, Léon Charve. Durant la Première Guerre mondiale, en 1917, il travaille bénévolement au Bureau de comptabilité militaire.

Philippe Nabonnand

Bibliographie

Fabry Eugène (1884), L’art de construire les ballons en papier, Paris, C. Mandel.

___ (1885), Sur les intégrales des équations différentielles linéaires à coefficients rationnels, thèse de la Faculté des sciences de Paris, Paris, Gauthier-Villars.

___ (1888), « Réductibilité des équations différentielles linéaires », Bulletin de la Société mathématique de France, 16, 135-142.

___ (1892), « Sur les courbes algébriques à torsion constante », Annales scientifiques de l’École normale supérieure, 9, 177-196.

___ (1896), « Sur les points singuliers d’une fonction donnée par son développement en série et l’impossibilité du prolongement analytique dans des cas très généraux », Annales scientifiques de l’École normale supérieure, 13, 367-399.

___ (1896), « Sur les intégrales de Fresnel », Nouvelles annales de mathématiques, 15, 504-505.

___ (1896), « Sur les courbes planes unicursales », Annales scientifiques de l’École normale supérieure, 13, 107-114.

___ (1898), « Sur les points singuliers d’une série de Taylor », Journal de mathématiques pures et appliquées, 5, 317-358.

___ (1901), « Sur une propriété de la fonction ζ », Nouvelles annales de mathématiques, 1, 205-210.

___ (1902), « Sur une formule fondamentale des fonctions elliptiques », Nouvelles annales de mathématiques, 2, 114-123.

___ (1902), « Sur le genre des fonctions entières », Bulletin de la Société mathématique de France, 30, 165-176.

___ (1906), « Sur la série de Taylor et ses points singuliers », Nouvelles annales de mathématiques, 6, 503-507.

___ (1910), Notice sur les travaux scientifiques de M. E. Fabry, Paris, Hermann.

___ (1909), Traité de mathématiques générales, Paris, Hermann.

___ (1910), Problèmes et exercices de mathématiques générales, Paris, Hermann. Réédité en 1913 et 1927.

___ (1913), Problèmes d’analyse mathématique, Paris, Hermann.

___ (1915), Problèmes de mécanique rationnelle, Paris, Hermann.

___ (1923), « Sur la définition de la fonction ex », Nouvelles annales de mathématiques, 2, 371-323.

___ (1925), Nouveau traité de mathématiques générales, deux volumes, Paris, Hermann.

Fabry Eugène & Dingeldey (1911-1915), « Articles ‘coniques’ et ‘systèmes de coniques’ », in Molk Jules, Encyclopédie des sciences mathématiques, volume III.

Sources d’archives

Archives de l’Académie des sciences : dossier personnel.

Archives nationales : dossier de carrière (F/17/23837), rapport de thèse (AJ/16/5535), dossier de Légion d’honneur (LH/19800035/0246/32693).

Sources secondaires

Borel Émile (1944), « Notice nécrologique sur Eugène Fabry », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 219, 373-375.

Collectif (1924), Qui êtes-vous ? Annuaire des contemporains, Paris, Ruffy.

Poincaré Henri (1896), « Sur les intégrales irrégulières des équations linéaires », Acta mathematica, 8, 295-344.

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