Joseph DELBOS

1824, 1882
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Joseph
Delbos
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Géologie, Minéralogie
;
Texte
; par :
Étienne Bolmont

Joseph DELBOS (1824-1882)

Professeur de géologie et de minéralogie

Joseph Delbos est né à Bordeaux le 2 juillet 1824. Sa famille, originaire de Dordogne, s’est implantée dans le commerce maritime et son père est courtier à Bordeaux. Joseph Delbos reste célibataire et vit avec sa mère. Âgée de 83 ans, celle-ci décède à Nancy en décembre 1881. Six mois plus tard, le 5 juin 1882, à 57 ans, Delbos meurt à Nancy. Ses amis et collègues de la faculté des sciences, Louis Grandeau* (doyen) et Auguste Friant*, viennent déclarer son décès.

Joseph Delbos effectue ses études secondaires et supérieures à Bordeaux. Bachelier ès lettres et ès sciences, il obtient la licence de sciences naturelles en 1851. Trois ans plus tard, en décembre 1854, il devient docteur ès sciences naturelles à la Faculté des sciences de Paris en soutenant une première thèse en géologie, Essai d’une description géologique du bassin de l’Adour, et une seconde en biologie, Recherches sur le mode de répartition des végétaux dans le département de la Gironde.

Il commence d’abord à travailler en tant qu’aide-préparateur d’histoire naturelle en 1846 au Collège de France. Il y retrouve pendant une année son professeur de chimie de Bordeaux, Auguste Laurent, qui à cette époque mène des recherches au sein du laboratoire de cette institution. Laurent est l’un des pionniers, avec Charles Gerhardt, de la théorie atomique. Quand Laurent obtient le poste d’essayeur de la monnaie à Paris, Delbos retourne à Bordeaux où il est nommé préparateur à la faculté des sciences en janvier 1848. Peu avant sa soutenance de thèse, en novembre 1854, il écrit au ministre de l’Instruction publique pour qu’on le compte « au nombre des aspirants à une des chaires de géologie et de botanique qui vont être créées dans les nouvelles facultés ».

En octobre 1855, grâce à la recommandation d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, il est nommé professeur à l’École préparatoire à l’enseignement des sciences et des lettres de Mulhouse (ou École supérieure des sciences appliquées, créée en 1854). Il y enseigne l’histoire naturelle, mais donne également des cours au collège et à l’École professionnelle, deux établissements dans lesquels il est régent d’histoire naturelle. Dès 1858, il postule en vain pour la chaire de botanique à Lyon, en 1860 à la chaire de géologie à Besançon, puis en 1863 à Strasbourg et à Dijon, montrant son désir profond d’obtenir un poste d’enseignant à l’université afin de « pouvoir se vouer à [ses] travaux scientifiques, plus complètement que ne le permettent les fonctions multiples et pénibles, et cependant médiocrement rétribuées [qu’il] remplit à Mulhouse ». En octobre 1864, il devient directeur des études à l’École supérieure. Quand Gustave Bader, directeur des deux écoles supérieure et professionnelle de Mulhouse, décide de ne garder que la direction de l’école professionnelle, la position de Delbos, directeur des études, favorise sa nomination, le 6 juillet 1866, en tant que directeur de l’école supérieure. Son action en tant qu’administrateur est efficace, son autorité est reconnue. En 1868, le statut de l’école est modifié, elle acquiert un statut municipal et Delbos craint la suppression de son emploi, car la mairie ne garantit le budget que pour une année. Il fait alors une nouvelle demande de chaire de géologie dans une faculté que l’inspecteur général Xavier Bach* appuie. Fin 1871, à la demande de la municipalité, il dirige brièvement l’école professionnelle. Il songe alors sérieusement à quitter l’Alsace et il reçoit en juillet 1871 l’appui du très influent président de la Société industrielle de Mulhouse Auguste Dollfus (géologue et membre de l’expédition scientifique au Mexique de 1864). En novembre 1871, il postule auprès du ministre de l’Instruction publique pour la chaire de géologie de Lyon.

Il quitte finalement Mulhouse en décembre 1871 pour la Faculté des sciences de Nancy où il devient le premier titulaire de la chaire de géologie et minéralogie, poste qu’il occupe jusqu’à sa mort. Il sera alors remplacé par Julien Thoulet*.

À Nancy, il est apprécié pour ses qualités d’enseignant et de savant. Il donne deux leçons et une conférence par semaine. S’il est estimé par ses collègues et par ses élèves, ceux-ci regrettent que son enseignement ne soit pas condensé sur deux ou trois années. Il refuse par ailleurs toute fonction administrative. Ses connaissances scientifiques sont étendues, il se tient au courant des avancées de la science, y compris des travaux en dehors de France, grâce à sa connaissance des langues étrangères et il communique avec les savants anglais et allemands. Le recteur signale son « caractère sérieux et réservé » et regrette qu’il vive « retiré avec une mère très âgée » et « voie peu de monde ».

Les travaux scientifiques de Delbos concernent essentiellement la géologie. Il s’est aussi fait connaître en paléontologie et en botanique. Cependant, ses premières publications concernent la chimie organique et elles ont été faites avec Auguste Laurent quand ce dernier a travaillé dans différents laboratoires de la capitale. Il commence ses recherches en géologie dès son retour à Bordeaux en 1847 : il travaille dans un premier temps sur la géologie du sud-ouest puis celle de l’Alsace. En particulier, en 1865, il publie avec Joseph Kœchlin-Schlumberger la carte géologique du Haut-Rhin.

Médaillé de l’Académie de Bordeaux (1854), de la réunion des sociétés savantes (1866), de la Société industrielle de Mulhouse et de l’exposition universelle (1867), il devient officier d’Académie en décembre 1868.

Delbos fonde en 1851 la Société d’histoire naturelle de Bordeaux dont il devient secrétaire général ; il est membre de la Société linnéenne de Bordeaux et de la Société géologique de France. En 1857, il est admis à la Société industrielle de Mulhouse dans le bulletin de laquelle il publie plusieurs articles. Le 5 mai 1873, il devient membre de la Société des sciences de Nancy.

Étienne Bolmont

Bibliographie

Delbos Joseph (1847), Recherches sur l’âge de la formation d’eau douce de la partie orientale du bassin de la Gironde, Paris, P. Bertrand.

___ (1848), Notice sur les faluns du Sud-Ouest de la France, Paris, imp. de Louis Martinet.

___ (1854), Essai d’une description géologique du bassin de l’Adour suivi de Considérations sur l’âge et le classement des terrains, Bordeaux, imp. des Ouvriers Associés.

___ (1860), Catalogue ou énumération des plantes spontanées et cultivées en grand dans l’arrondissement de Colmar, Mulhouse, imp. de P. Baret.

___ (1860), L’ostéologie de l’ours brun des Pyrénées : recherches sur les ossements des carnassiers des cavernes de Sentheim (Haut-Rhin), Paris.

___ (1861), Études monographiques sur l’ostéologie comparée des ours vivants et fossiles, Paris, imp. de Louis Martinet.

___ (1876), Étude des différents sols du département de la Gironde, Bordeaux, Impr. de G. Gounouilhou.

Delbos Joseph & Kœchlin-Schlumberger Joseph (1865), Description géologique et minéralogique du département du Haut-Rhin, Mulhouse, E. Perrin.

Delbos Joseph & Laurent Auguste (1846), « Sur la fluosilicanilide », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 22, 697.

Laurent Auguste & Delbos Joseph (1846), « Sur l’acide phénique nitrobichloré », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 21, 1419.

Sources d’archives

Archives nationales : dossier de carrière (F/17/22820).

Sources secondaires

Mieg Mathieu (1882), « Notice nécrologique sur M. Joseph Delbos, présentée à la Société industrielle dans sa séance du 27 septembre 1882 », Bulletin de la Société Industrielle de Mulhouse, 3.