Louis BOUVEAULT

1864, 1909
;
Louis
Bouveault
;
Chimie organique
;
Texte
; par :
Virginie Fonteneau

Louis BOUVEAULT (1864-1909)

Maître de conférences de chimie organique

Louis Bouveault est né le 11 février 1864 à Nevers, de Théophile François Adolphe Bouveault, architecte départemental, et de Marie Pauline Arbelot. Son grand-oncle est bibliothécaire. En 1895, il épouse à Lyon Marguerite Joséphine Nivault, 33 ans, dont les origines familiales sont très modestes. Leur mariage légitime leur fils, Maurice, né en 1888 à Paris. Le 5 septembre 1909, Louis Bouveault décède brusquement à Paris des suites d’une opération chirurgicale.

Il obtient le baccalauréat ès lettres en 1880, et le baccalauréat ès sciences en 1881. Il entre à l’École polytechnique en 1883 et à sa sortie en 1885 il démissionne pour s’orienter vers des études de médecine. Il obtient sa licence ès sciences en 1886, et cette même année devient préparateur-adjoint de travaux pratiques de chimie à la Faculté de médecine de Paris.

Il soutient son doctorat, préparé au laboratoire de Maurice Hanriot (1854-1933) à la faculté de médecine, le 29 novembre 1890 sur Les nitriles β-cétoniques et leurs dérivés. Le président de jury est Louis Troost (1825-1911), les examinateurs Charles Friedel (1832-1899) et Gabriel Lippmann (1845-1921). Friedel, rédacteur du rapport, décrit le travail réalisé comme étant fait avec conscience et habileté, et mentionne que « M. Bouveault, ancien élève de l’École polytechnique a d’ailleurs reçu une solide culture scientifique générale dont on trouve trace dans sa thèse ». En 1892, il obtient son doctorat de médecine pour ses Études chimiques du bacille de la tuberculose aviaire.

Bouveault quitte, en 1892, son poste de préparateur-adjoint à Paris, pour rejoindre Lyon, où il prend le poste d’agrégé de chimie et de chef de travaux au laboratoire de chimie organique et de toxicologie de la Faculté mixte de médecine et de pharmacie. Il quitte alors la fonction de vice-secrétaire de la Société chimique de Paris, qu’il occupait depuis 1889, pour devenir membre non résident, et démissionne également de la fonction de secrétaire de la Commission internationale de nomenclature chimique. En février 1894, il est nommé maître de conférences de chimie à la Faculté des sciences de Lyon.

Bouveault délaisse ses recherches sur les nitriles pour travailler sur les essences naturelles avec Philippe Barbier (1848-1922) qui dirige le laboratoire, et qui est son témoin de mariage en 1895. Ils se brouillent à la suite d’une collaboration concernant des recherches d’ordre industriel. Bouveault se porte candidat sans succès à un poste de maître de conférences à Paris en juin 1897. À la fin de l’année 1897, Barbier demande au ministre le déplacement de Bouveault qui fait de son côté la même démarche. Le doyen de la faculté des sciences et le Recteur appuient la demande de Barbier, estimant que la situation ne peut être réglée à Lyon. Le 8 février 1898, Bouveault est nommé à Lille en remplacement de Camille Matignon (1886-1934), mais il n’y reste qu’un an et demi.

Dès le mois de mai 1899, dans une lettre au ministère de l’Instruction publique, il émet son souhait de succéder à Albin Haller* (1849-1925) à Nancy. À cette occasion, il conteste le projet envisagé de transformer la chaire de chimie organique en chaire de chimie physique. Bouveault affirme à la fois que cela irait contre la réputation de Nancy qui s’est construite sur la chimie organique, et que cela serait dangereux de « permettre aux facultés de se livrer trop aisément aux transformations de chaires magistrales ». Enfin, il se présente comme le meilleur candidat à ce poste et se plaint de sa situation à Lille, qui bloque selon lui sa progression de carrière. La chaire nancéienne est tout de même transformée en chaire de chimie physique.

En novembre 1899, il est nommé chargé d’un cours complémentaire de chimie organique à la Faculté des sciences de Nancy, cours financé sur le budget de la faculté des sciences. En mars 1900, il est nommé professeur-adjoint. C’est à Nancy qu’il commence à diriger des thèses, celle d’André Bongert, soutenue en 1901 à l’Institut chimique de Nancy, et celle d’André Wahl*, soutenue en 1902. En juillet 1901, remplacé par Edmond Blaise*, il rejoint Paris comme maître de conférences de chimie organique à la Faculté des sciences puis comme professeur adjoint en janvier 1905. À partir de 1907, il devient examinateur à l’École polytechnique.

Il reçoit en 1896 une partie du prix Jecker de l’Académie des sciences, puis en 1903, la totalité du même prix ainsi que la médaille Berthelot. Dès son arrivée à Paris, il reprend ses activités à la Société chimique, dont il devient vice-président en 1905 puis président en 1907, année du cinquantenaire de la Société. Il est promu en 1908 chevalier de la Légion d’honneur, dans la promotion dite du cinquantenaire. Il postule plusieurs fois en vain à l’Académie des sciences. Il n’est classé qu’en troisième ligne en 1907 et 1909 aux successions d’Henri Moissan et d’Alfred Ditte. De même, sa candidature au Conservatoire national des arts et métiers n’aboutit pas, pas plus que celle pour le Collège de France, où il est placé en deuxième ligne à la succession de Marcelin Berthelot en 1907.

Bouveault est perçu comme un bon professeur, il commence par enseigner la chimie minérale à Lyon, puis, en arrivant à Nancy, il prend en charge des enseignements de chimie organique sur la série aromatique, dans des cours de licence et des conférences d’agrégation. Son travail de recherche commence sous la direction de Maurice Hanriot : sa thèse l’amène à une méthode générale de préparation des éthers β-cétoniques. Par ailleurs, il étudie le camphre et ses dérivés, qui représentent alors un grand enjeu scientifique et industriel.

Dans ce domaine, il poursuit des recherches sur la synthèse des corps de la famille du camphre, obtenant la « phorone » de l’acide camphorique en 1900, et en 1908, avec René Locquin (1876-1965), dont il dirige la thèse, une méthode de synthèse de l’acide dihydrocamphorique racémique. Ils mettent également au point une voie générale de préparation d’acides α-cétoniques et d’α-dicétones. En outre, il travaille avec Barbier sur les terpènes, déterminant la formule de la méthylhepténone naturelle en 1894 et réussissant sa synthèse partielle en 1896.

Il s’intéresse aux dérivés de l’acide glyoxylique, intervenant dans de nombreuses synthèses. Il travaille également avec André Bongert à la synthèse de cétones et d’acétylcétones, et avec André Wahl*, mettant au point une méthode de transformation d’un aldéhyde en son homologue supérieur à l’aide de nitrométhane. Enfin les travaux, qu’il mène avec Georges Blanc dès 1903, les amènent à une méthode générale de préparation des alcools primaires et à déposer, simultanément en France et en Angleterre, un brevet (1904) sur l’« Obtention de corps industriels nouveaux (alcools et leurs dérivés et procédé général de préparation d’alcools primaires) ».

Au même moment et en son nom seul, Bouveault dépose un autre brevet sur un « Procédé général de préparation d’aldéhydes ». En 1897, il avait obtenu de l’Association française pour l’avancement des sciences une subvention pour des recherches sur l’amélioration de la distillation fractionnée, et publié dans son Bulletin la synthèse de ses travaux sur la nomenclature des hétérocycles.

Virginie Fonteneau

 

Bibliographie

Bouveault Louis (1890), Les nitriles β-cétoniques et leurs dérivés, thèse de doctorat de la Faculté des sciences de Paris, Blois, Grande Imprimerie.

___ (1890), « Sur un procédé général de synthèse des nitriles et des éthers β-cétoniques », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 111, 531-533.

___ (1892), Études chimiques du bacille de la tuberculose aviaire, thèse de doctorat de médecine de la Faculté des sciences de Paris, Paris, H. Jouve.

___ (1897), « Nomenclature des composés à chaînes fermées », Bulletin de l’Association française pour l’avancement des sciences, 243-264.

___ (1900), « Synthèse totale de la phorone de l’acide camphorique », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 130, 415-417.

___ (1908), Notice sur les travaux scientifiques de L. Bouveault, Paris, Imprimerie de la cour d’Appel L. Maretheux.

Bouveault Louis & Barbier Philippe (1896), « Synthèse de la méthylhepténone naturelle », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 122, 1422-1424.

Bouveault Louis & Wahl André (1900), « Sur la nitration directe dans la série grasse », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 131, 687-689.

Bouveault Louis & Wahl André (1902), « Synthèse d’aldéhydes de la série grasse à l’aide de nitrométhane », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 134, 1226-1228.

Bouveault Louis & Blanc Georges (1903), « Préparation des alcools primaires au moyen des acides correspondants », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 136, 1676-1678.

___ (1904), « Préparation des alcools primaires au moyen des amides correspondantes », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 138, 148-150.

Bouveault Louis & Gourmand (1904), « Synthèse totale du rhodinol, alcool caractéristique de l’essence de roses », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 138, 1699-1701.

Bouveault Louis & Locquin René (1908), « Synthèse de l’acide dihydrocamphorique racémique », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 146, 82-84.

Sources d’archives

Archives nationales : dossier de carrière (F/17/23225) et dossier de Légion d’honneur (LH/342/10).

Brevets FR338895 (A), GB190314758, FR339121 (A) : http:fr.espacenet.com/

Sources secondaires

Charle Christophe & Telkes Eva (1989), Les professeurs de la Faculté des sciences de Paris, dictionnaire biographique 1901-1939, Paris, Éditions du CNRS.

Champeau-Fonteneau Virginie (2008), « Louis Bouveault (1864-1909) ». In Lestel Laurence (ed), Itinéraires de chimistes. 1857-2007. 150 ans de chimie en France avec les présidents de la SFC, Paris, EDP sciences, p. 61-65.

Registres des étudiants de l’École polytechnique (2013), La famille polytechnicienne, registres matricules des élèves de l’École polytechnique, Base de données en ligne : http://bibli.polytechnique.fr/F/?func=file&file_name=find-b&local_base=BCXC2.

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