Isaac BLOCH
Isaac BLOCH (1848-1925)
Chargé de l’enseignement d’arabe
Isaac Bloch est né à Soultz (Haut-Rhin), le 17 juillet 1848. Il appartient à une famille juive installée dans cette ville depuis très longtemps. Son père, Naphtali Hirtz Bloch, exerce la profession de commerçant et il est un descendant de Hirtz Bloch, qui avait été préposé des Juifs de Jungholtz au 18e siècle. Sa mère, Barbe Bernheim, sans profession, a quarante ans au moment de sa naissance. Isaac Bloch est l’oncle du linguiste et lexicographe Oscar Bloch (1877-1937), connu pour son Dictionnaire étymologique de la langue française (1932). En décembre 1879, il se marie à Lyon avec Séphora Weinberg, fille du grand rabbin Jacques Weinberg. De cette union naîtront trois fils et deux filles.
Après avoir fréquenté l’école communale de Bischheim, Isaac Bloch poursuit ses études au lycée de Strasbourg tout en recevant en parallèle l’enseignement religieux du rabbin de Brumath, Salomon Lévy. En 1866, il entre au séminaire israélite de Paris. Durant la guerre de 1870, étant toujours étudiant, il s’engage comme aumônier-brancardier au sein de l’armée de Paris.
Diplômé de l’enseignement rabbinique en 1872, il opte pour la nationalité française le 26 septembre de la même année et entre au service de l’Alliance israélite universelle en tant que secrétaire. Bien qu’il n’y demeure pas très longtemps, il semble s’associer aux idéaux de cette association, comme en témoigne son appel à venir en aide aux Juifs roumains en 1901.
En 1874, il échoue dans sa candidature au rabbinat de Nîmes et il obtient comme premier poste celui de Remiremont, qui vient juste d’être créé par l’État. Dans un rapport concernant cette élection, le préfet des Vosges se félicite du résultat car, même si les opinions d’Isaac Bloch lui sont inconnues, « la politique est restée étrangère à l’élection ». Cependant, dès 1875, Bloch se retrouve au centre d’une polémique antisémite mettant en cause le patriotisme des Juifs alsaciens, menée par le polémiste catholique Louis Veuillot et à laquelle prend part l’écrivain et journaliste Francisque Sarcey, défenseur des Juifs.
En 1876, il échoue dans sa candidature au poste de quatrième rabbin à Paris. Il en est de même l’année suivante pour sa candidature au rabbinat de Belfort. Il est finalement élu le 8 janvier 1878 au grand rabbinat d’Oran par les membres du Consistoire central, avec dispense d’âge. Il fonde à Oran une association, La Jeunesse, qui œuvre pour la mise en apprentissage des enfants pauvres. Bien qu’il ne semble pas envisager un long séjour en Algérie – il est candidat en 1880 à Lyon sur le poste laissé vacant par son beau-père Jacques Weinberg – il y reste jusqu’en 1890. Élu en 1882 au poste de Grand Rabbin d’Alger et d’Algérie, il mène une action d’apaisement au sein de la communauté juive, partagée entre les juifs français et les ‘juifs indigènes’, prononçant le plus souvent ses discours en arabe. Il intervient notamment pendant les troubles antisémites de juin 1885. Il fonde à Alger La charitable israélite, qui vient en aide aux femmes en couches et permet l’apprentissage de jeunes filles pauvres.
Le 1er avril 1890, il est élu au grand rabbinat de Nancy, poste qu’il occupe jusqu’à sa retraite, peu après la guerre de 1914-1918. Dès 1891, il est nommé aumônier israélite du lycée de Nancy et il offre ses services gratuitement dans les hôpitaux et à la prison civile de Nancy. Durant ses années nancéiennes, il s’investit dans différents projets : la création de l’Union des rabbins français ou de la Société israélite de Conférences et de Lectures de Nancy, destinée à relever le niveau de l’instruction religieuse. Comme à Oran ou à Alger, il se préoccupe de l’apprentissage des jeunes en fondant la Société de patronage des apprentis israélites. Il est par ailleurs chargé, en 1909, par le Consistoire central d’une mission d’enquête sur l’état des communautés juives en Algérie. Parmi de nombreuses responsabilités, il occupe, de 1907 à 1913, un poste de chargé de cours d’arabe à l’Institut colonial de Nancy, à raison de 25 leçons par an rémunérées à hauteur de 500 francs. En 1914, il préside à Nancy un congrès organisé pour améliorer le transport vers Paris des émigrants d’Europe centrale et de l’Empire russe (les instituts techniques de la faculté des sciences comptent de nombreux étudiants originaires de ces régions). Durant la guerre, il est aumônier de la place de Toul. En 1918, il se retire auprès de ses enfants à Paris, où il meurt le 13 août 1925.
Chevalier de la Légion d’honneur (1900), officier de l’Instruction publique (1905) et membre de l’Académie de Stanislas (1897), Bloch a été un collaborateur régulier de la Revue israélite. Son abondante œuvre publiée est constituée de recueils de poèmes, de romans, de traductions, de sermons et d’études historiques, dont plusieurs consacrées à la communauté juive algérienne.
Laurent Rollet
Bibliographie
Bloch Isaac (1886), Les israélites d’Oran de 1792 à 1815, d’après des documents inédits, Paris.
___ (1887), Les fils de Samson. Histoire juive, d’après S. Kohn, Paris.
___ (1888), Inscriptions tumulaires des anciens cimetières israélites d’Alger, recueillies, traduites, commentées et accompagnées de notices biographiques, Paris, A. Durlacher.
___ (1889), Centenaire de la Révolution française : service commémoratif célébré à la grande synagogue d’Alger le samedi 11 mai 1889 et sermon prononcé à cette occasion, Alger, Imprimerie de l’Association ouvrière, P. Fontana.
___ (1896), Une expulsion de Juifs en Alsace au XVIe siècle, Paris.
___ (1898), La paix, sermon prononcé à la synagogue de Nancy, Nancy.
Bloch Isaac & Lévy Émile (1901), Histoire de la littérature juive, Paris, E. Leroux.
Sources d’archives
Archives nationales : dossier de Légion d’honneur (LH/258/41).
Sources secondaires
Collectif (2008), « Isaac Bloch », in Chaumont Jean-Philippe & Lévy Monique, Dictionnaire biographique des rabbins et autres ministres du culte israélite : France et Algérie, du Grand Sanhédrin (1807) à la loi de Séparation (1905), Paris, Berg International, 168-172.