Jules BEAUVERIE

1874, 1938
;
Jules
Beauverie
;
Botanique
;
Texte
; par :
Étienne Bolmont

Jules BEAUVERIE (1874-1938)

Maître de conférences de botanique

Jean Jules Beauverie est né à Fontaines-sur-Saône dans le Rhône, le 18 février 1874. Sa mère Anne-Marie Magnin, issue d’une famille de magistrats, est sans profession. Jules est son sixième enfant. Son père, Jean Étienne, est le fils d’un entrepreneur « venu en sabots du Périgord natal pour faire fortune à Lyon et mourir pauvre ». Il est chef de division à la préfecture du Rhône, mais, quand il perd son poste vers 1878, pour ses idées monarchistes et religieuses, il devient intendant du baron du Marais à Sainte-Foy-lès-Lyon. Jules Beauverie épouse la fille d’un professeur de mathématiques du lycée de Nice, Jane Isabelle Marie Ray, en juillet 1900, à Fontaines-sur-Saône. Ses témoins sont le recteur de l’Académie de Lyon, Gabriel Compayré, et le doyen de la faculté des sciences, Charles Depéret. Le même jour se marie Julien Ray, frère de Jane et professeur à la Faculté des sciences de Lyon avec Charlotte Adèle, sœur cadette de Jules. En 1908, Beauverie se remarie avec Marie Antoinette Magnin, fille d’Antoine Magnin, doyen et professeur de botanique à la Faculté des sciences de Besançon. Le couple a deux filles, Marie-Antoinette née en décembre 1909 qui sera son élève, puis Anne-Marie. La maladie, apparue dès 1935, finit par l’emporter malgré deux opérations et Beauverie décède en février 1938. Le prénom de naissance de Jules Beauverie est changé parfois en Jean-Jules ou en Jean.

Comme ses quatre frères, Jules Beauverie passe sa scolarité au collège des Maristes de Neuville-sur-Saône. Après le baccalauréat ès sciences, Beauverie commence sa licence à la Faculté catholique, puis, un an plus tard, il entre à la Faculté des sciences de Lyon et passe sa licence en 1894. Il a alors vingt ans. En décembre 1894, il obtient un poste de préparateur à la Faculté des sciences de Lyon dans le laboratoire de botanique dirigé par Camille Sauvageau puis René Gérard où il y reste avec ce statut jusqu’en 1912. Il y prépare son doctorat de sciences naturelles qu’il soutient en 1900 sous le titre Études sur le polymorphisme des champignons. Après son succès, il est nommé chargé de cours complémentaire en botanique agricole de 1900 à 1912. Pendant cette période, il est aussi chargé de travaux pratiques de botanique appliquée. Appuyé par le recteur Paul Joubin, il postule pour un poste de maître de conférences. Il est finalement nommé à Nancy en décembre 1912. Il remplace Edmond Gain* qui vient d’obtenir la chaire de botanique. Un an plus tard, en janvier 1914, il devient professeur adjoint de botanique. En juillet 1919, il est nommé professeur, mais il quitte Nancy pour Clermont-Ferrand en novembre. Il revient finalement à Lyon en 1923 à une chaire de botanique qu’il occupera jusqu’à son décès en 1938.

Jules Beauverie publie beaucoup, plus de 300 articles et ouvrages dans de nombreuses branches de la botanique, dont 35 aux Comptes rendus de l’Académie des sciences. Il est reconnu pour ses travaux de mycologie, en continuité avec son travail de thèse, notamment sur les champignons des maisons et publie plus de 40 articles sur le sujet. En hommage à son travail, Paul Vuillemin, professeur d’histoire naturelle à la Faculté de médecine de Nancy, crée le genre Beauveria. Beauverie écrit aussi des ouvrages sur le bois, les textiles végétaux, la flore alpine, etc. Il organise le Jardin botanique de la Faculté des sciences de Clermont-Ferrand. Il rédige des monographies sur des savants botanistes, comme Léon Grignard ou le prince Roland Bonaparte. Il s’occupe par ailleurs du legs des collections de Roland Bonaparte en assurant le déménagement des herbiers entre Paris et les locaux récupérés du grand séminaire de Lyon en 1925. Il assure en outre leur préservation des insectes par immersion dans un gaz de guerre, la chloropicrine. Dépassant la botanique, il s’intéresse à la cytologie. Ses connaissances le font participer à de nombreux comités de défense contre les maladies cryptogamiques des plantes. Il est nommé inspecteur adjoint du Service phytopathologique de Lyon, en 1911, et il assure les mêmes fonctions à Nancy en 1917-1918, à Besançon en 1918 et, pour la région Centre, de 1919 à 1923. Il aborde la pathologie humaine, en étudiant les champignons des teignes, les bacilles de la diphtérie… En 1923, il fonde avec la Fédération des syndicats agricoles du Puy-de-Dôme, une station de sélection des blés près de Riom, juste avant de rejoindre Lyon.

Pendant la guerre, Beauverie est chef adjoint du Laboratoire militaire régional de bactériologie de Chambéry, de 1915 à 1917. Au début de l’année 1916, il est désigné pour installer et diriger un laboratoire de bactériologie spécialisé dans le choléra à Modane en Savoie. Il est dégagé de ses fonctions militaires en septembre 1917. En octobre 1917, il assure la fonction de directeur du Jardin botanique de Nancy. Cet intérim dure un an.

Il est membre de nombreuses associations ou académies. Il participe aux travaux de l’Académie des sciences, arts et belles lettres de Lyon (1928-1938) et à ceux de la filiale de la Société de biologie. En 1912, il est président de la Société botanique de Lyon et membre de la Société botanique de France ainsi que de la section botanique de l’Association française pour l’avancement des sciences. On le trouve également associé à la Société de pathologie végétale et d’entomologie agricole de France, à la Société mycologique de France et il s’investit beaucoup au sein de la Société linnéenne de Lyon, qu’il rejoint dès 1895. Il en est le président en 1907 et 1928 et le secrétaire général de 1902 à 1905. À Nancy, il est membre de la Société des sciences, de la section locale de la Société de biologie, de la Société de mycologie et de la Société centrale d’horticulture.

Officier d’Académie en 1901 et officier de l’Instruction publique en 1910, Beauverie reçoit le Mérite agricole en 1905 et la Légion d’honneur en 1923, introduit par Antoine Magnin, son beau-père. Il est de plus lauréat de la Société nationale d’agriculture de France qui lui attribue la médaille d’or pour son ouvrage Le bois en 1905. Il reçoit le prix Herpin de l’Académie de Lyon en 1908 et un encouragement du prix Montagne de l’Académie des sciences en 1911, pour ses travaux sur la structure et la physiologie des champignons. Il est lauréat de la Société nationale d’acclimatation de France et de la Société de géographie commerciale qui lui attribue la grande médaille de vermeil en 1914 pour son ouvrage Les textiles végétaux.

Étienne Bolmont

Bibliographie

Beauverie Jules (1900), Études sur le polymorphisme des champignons : influence du milieu, Lyon, A. Rey.

___ (1901), Influence de la pression osmotique du milieu sur la forme et la structure des végétaux, Gauthier-Villars.

___ (1903), Étude sur la structure du Botrytis cinerea, Gustav Fischer.

___ (1903), Étude sur les champignons des maisons, Lyon, A, Rey et cie.

___ (1905), Le bois (Encyclopédie Industrielle), Paris, Gauthier-Villars.

___ (1906), Atlas colorié de la flore alpine : Jura, Pyrénées, Alpes françaises, Alpes suisses, J.-B. Baillière et fils.

___ (1910), Les bois industriels, Paris, O. Doin et fils.

___ (1913), Les textiles végétaux, Paris, Gauthier-Villars.

___ (1916), Nouvelles expériences sur l’influence qu’exerce la pression osmotique sur les bactéries, Paris, Gauthier-Villars.

___ (1919), Titres et travaux scientifiques de J. Beauverie, J. Coubé.

___ (1920), L’amélioration des céréales par la pratique de la sélection, G. Mont-Louis.

___ (1922), Sur la « période critique du blé », Gauthier-Villars.

___ (1924), Notes pour l’étude internationale des rouilles du blé, Presses universitaires de France.

___ (1925), « Don à la Faculté des sciences de Lyon de l’herbier du Prince Roland Bonaparte par la princesse Marie de Grèce, sa fille », Bulletin de la société linnéenne de Lyon, 126-127.

___ (1929), « Herborisation au Grand Colombiers du Bugey », Les Études rhodaniennes, 5, 131--144.

___ (1931), Trois mécènes de la botanique : Benjamin Delessert, Edmond Boissier, Prince Roland Bonaparte : Discours de réception à l’Académie des sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon prononcé dans la séance publique du 16 décembre 1930, Lyon, A. Rey.

___ (1931), « Esquisse des excursions botaniques dans la région lyonnaise », Les Études rhodaniennes, 7, 267--283.

Sources d’archives

Archives nationales : dossier de carrière (F/17/26286). Il ne contient qu’une feuille de renseignements pour l’année 1911-1912. Dossier de Légion d’honneur (LH/19800035/1276/47103).

Sources secondaires

Allix André (1938), « J. Beauverie », Les études rhodaniennes, 14, 205-206.

Reynaud-Beauverie Marie-Antoinette (1938), « J. Beauverie », Bulletin de la Société botanique de France, 557-567.

Tronchet A. (1938), « Jean Beauverie, 1874-1938 ancien président de la Société », Bulletin de la société linnéenne de Lyon, 100-105.

Filtrer par propriété

illustre
Titre Libellé alternatif Classe
Photographie de Jules Beauverie Image