Émile BAUDELOT

1834, 1875
;
Émile
Baudelot
;
Zoologie, Physiologie animale
;
Texte
; par :
Armelle Le Goff

Émile BAUDELOT (1834-1875)

Professeur de zoologie et de physiologie animale

Joseph Jules Émile Baudelot est né le 14 mars 1834 à Vendresse (Ardennes). Il est le fils d’un brasseur, Jean-Nicolas Baudelot, et de Marie Phillipine Adèle Joye. Il est issu d’une famille des Ardennes qualifiée de « très honorable » par son professeur Émile Blanchard. Son grand-père paternel, petit propriétaire, a été juge de paix. Cette famille a donné, dans un autre domaine, une célébrité ardennaise : un cousin de son père, Jean Louis Baudelot (1797-1881), est l’inventeur de nombreux accessoires et ustensiles pratiques pour la brasserie. Émile Baudelot est par ailleurs parent avec le zoologiste Maurice Bouin* (1873-1954), dont la mère est sa petite cousine. Baudelot se marie à Lunéville le 19 mai 1872 avec Marie Thérèse Wilhelmine Évrat (1847- ?), fille d’un riche manufacturier. De cette union naît, à Lunéville, en 1873, un fils, Robert Baudelot* (1873-1957) qui exercera les fonctions de préparateur à la Faculté des sciences de Nancy de 1905 à 1936. Le dossier de carrière d’Émile Baudelot précise que cet homme fortuné, chef d’une nombreuse famille, exerce ces fonctions uniquement par goût et pour travailler avec Lucien Cuénot*.

Émile Baudelot commence ses études secondaires comme pensionnaire au collège catholique de La Malgrange à Nancy. Il les poursuit ensuite à Paris. Il obtient le baccalauréat ès lettres en avril 1852 puis le baccalauréat ès sciences en juillet 1853. Il entreprend alors des études de médecine à la Faculté de médecine de Paris. Il obtient son doctorat de médecine le 8 mai 1858 avec une thèse intitulée Des tumeurs sanguines de l’excavation pelvienne chez la femme ou hématocèles péri-utérines.

Diplômé de médecine, Baudelot, qui réside alors dans la banlieue parisienne, à Arcueil, n’exerce qu’occasionnellement et gratuitement pour rendre service à des nécessiteux. En effet, il entreprend de nouvelles études à la Faculté des sciences de Paris. Émile Blanchard (1819-1900) remarque ses qualités de chercheur et l’admet dans son laboratoire au Muséum d’histoire naturelle. En 1863, il soutient brillamment son doctorat ès sciences avec une thèse intitulée Recherches sur l’appareil générateur des mollusques gastéropodes. Il poursuit ses recherches auprès d’Émile Blanchard. En 1865, il a déjà publié huit travaux de zoologie, d’anatomie comparée et de physiologie qui ont été remarqués par l’Académie des sciences et cette institution lui décerne le Grand prix des sciences physiques pour un mémoire sur la structure du système nerveux des poissons.

La même année, la chaire de zoologie de la Faculté des sciences de Strasbourg devient vacante par suite du décès subit de son titulaire, le zoologue Dominique Auguste Lereboullet (1804-1865), qu’il avait occupée pendant près de quarante ans. Sur les conseils d’Émile Blanchard, Baudelot présente sa candidature et, en décembre 1865, il est nommé chargé du cours de zoologie et de physiologie animale, poste sur lequel il donne toute satisfaction. Il est en outre très actif au sein de la Société des sciences naturelles de Strasbourg. Il est nommé professeur en titre à la chaire de zoologie en décembre 1868. Dans une correspondance au ministre de l’Instruction publique au sujet de cette nomination, le recteur de l’académie de Strasbourg, Pierre Adolphe Chéruel, fait état de ses travaux nombreux et de « la manière distinguée » dont il remplit ses fonctions. Pendant la guerre franco-allemande, sa carrière s’interrompt pendant un an. Il sert comme médecin-major dans le corps d’armée du général Auguste Alexandre Ducrot et il est ensuite attaché aux ambulances de Haguenau. Les services qu’il rend lui valent d’être décoré de la croix de bronze de l’œuvre internationale des secours aux blessés. Après la perte de l’Alsace, il prend le chemin de l’exil et revient quelques semaines à Vendresse auprès de sa mère, veuve depuis 1869. Puis il retourne à Paris reprendre ses recherches. Le 9 décembre 1871, il est nommé sur sa demande à la chaire de zoologie et de physiologie animale à la Faculté des sciences de Nancy. Cette chaire est créée par suite du transfert du haut enseignement de Strasbourg et du dédoublement de la chaire d’histoire naturelle qu’occupait Dominique Alexandre Godron* à Nancy.

Émile Baudelot retrouve donc la ville où il a fait ses études secondaires et c’est une Lorraine qu’il épouse quelques mois après son arrivée à Nancy. Il s’implique dans la vie de la faculté des sciences. Membre titulaire de la Société des sciences naturelles de Strasbourg depuis 1866, il fait partie de ceux qui votent le transfert du siège de la société à Nancy le 10 mars 1873 et qui signent les nouveaux statuts de cette société qui prend alors le nom de Société des sciences de Nancy (et qu’il préside en 1873). En outre, il exerce les fonctions de directeur du Jardin botanique. Il est nommé officier d’Académie en décembre 1873. Il est présenté plusieurs fois, en vain, comme candidat à l’Académie des sciences, en novembre 1873 à la place laissée vacante dans la section de médecine et de chirurgie par suite du décès d’Auguste Nélaton et, en janvier 1874, à la place laissée vacante par le décès de Victor Coste dans la section d’anatomie et de zoologie.

Il meurt le 23 février 1875. Sa carrière est prématurément interrompue alors qu’il prépare un grand traité de zoologie générale et qu’il doit être élu correspondant de l’Académie des sciences sur le rapport de la section de zoologie dans la séance du 2 mars 1875. Le décès est notamment déclaré par son ami et collègue Jules Chautard* alors doyen de la faculté. Les notices individuelles conservées dans son dossier de carrière laissent deviner un très grand travailleur, passionné par ses recherches, apprécié de ses collègues et de ses étudiants mais de santé fragile.

Baudelot a publié de 1860 à 1875 quarante mémoires ou notes insérées dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences, les Annales des sciences naturelles, le Bulletin de la Société de Strasbourg et dans la Revue des sciences naturelles de Montpellier dont il est, en 1872, un des fondateurs. Ses travaux sont tous relatifs à des questions d’anatomie et de physiologie des poissons, des mollusques, des annélides et des insectes. En 1883, sa veuve, aidée par son professeur et ami Émile Blanchard, publiera ses notes et ses dessins sur le système nerveux des poissons, fruit du travail interrompu par son décès.

Armelle Le Goff

Bibliographie

Baudelot Émile (1858), Des tumeurs sanguines de l’excavation pelvienne chez la femme ou hématocèles péri-utérines, Paris, Imprimerie Rignoux.

___ (1863), Recherches sur l’appareil générateur des mollusques gastéropodes, Paris, Imprimerie de L. Martinet.

___ (1868), Recherches d’anatomie comparée, Strasbourg, Imprimerie de G. Silbermann.

___ (1873), Notice sur les travaux de M. E. Baudelot, Nancy, Berger-Levrault et Cie.

___ (1874), De la zoologie et de ses divisions, leçon faite à l’ouverture du cours de zoologie de la Faculté des sciences de Nancy, 1873-1874, Montpellier et Cette, Imprimerie de Boehm et fils.

___ (1883), Recherches sur le système nerveux des poissons, ouvrage précédé d’un avertissement par M. Émile Blanchard, Paris, G. Masson.

Sources d’archives

Archives départementales des Ardennes : état civil de Vendresse.

Archives départementales de Meurthe-et-Moselle : état civil de Lunéville et de Nancy.

Archives nationales : dossiers de carrière d’Émile Baudelot (F/17/20107) et de Robert Baudelot (F/17/24474). Dossiers des étudiants en médecine reçus en 1858 (AJ/16/6793).

Archives de l’Académie des sciences : dossier biographique (une lettre) et dossier des prix (1865).

Sources secondaires

Grandeau Louis (1875), « Nécrologie d’Émile Baudelot, suivie de la liste de ses travaux scientifiques », Revue scientifique, 881-883.

Théodoridès Jean (1991), « Émile Baudelot (1834-1875), professeur de zoologie à Strasbourg (1868-1871), d’après sa correspondance inédite avec Lacaze-Duthiers », in Collectif, Sciences et techniques dans la France de l’Est, actes du 113e Congrès national des sociétés savantes, Strasbourg, 5-9 avril 1988, Paris, Éditions du CTHS.