Georges ARTH

1853, 1909
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Georges
Arth
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Chimie
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Texte
; par :
Louis Patard

Georges ARTH (1853-1909)

Professeur de chimie industrielle

Georges Marie Florent Arth est né à Saverne (Bas-Rhin) le 7 novembre 1853 de Louis Stanislas Xavier Arth (1815-1900), propriétaire, et de Marie Georgette Dédier, son épouse (1830-1898). Issu d’une famille d’avoués et de maires, son père était membre du Conseil d’arrondissement de Saverne, membre de la commission de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, auteur du premier inventaire des monuments historiques de l’arrondissement de Saverne. En 1872, il opte pour la France. Georges Arth épouse le 15 août 1899 Marie Anne Aline Rolin (1864-?), veuve d’un entrepreneur de fumisterie. Le couple n’a pas d’enfants. Arth décède le 17 juillet 1909 d’une angine de poitrine à l’âge de 56 ans.

Arth fait ses études classiques au collège Saint-Clément de Metz sous la direction des jésuites. Après la guerre de 1870, il se fixe à Nancy avec ses parents. Il passe le baccalauréat ès lettres en 1870 et un baccalauréat ès sciences en 1872. Suivant le désir de son père qui le destine au notariat, il passe de plus un baccalauréat en droit l’année suivante et obtient une licence de droit en 1874. Sa thèse de licence, soutenue en août 1874, s’intitule Des servitudes qui dérivent de la situation des lieux et des servitudes établies par la loi. De novembre 1874 à novembre 1875, il effectue son service militaire comme engagé conditionnel. Il devient ensuite officier de réserve. Après cette période militaire, il entreprend des études de sciences physiques à la Faculté des sciences de Nancy : il suit les cours d’Albin Haller* à l’École de pharmacie, ainsi que ceux de Camille Forthomme* en chimie générale et de Louis Grandeau* en chimie agricole. Il obtient la licence ès sciences physiques en juillet 1879, avec la mention très bien devant un jury composé d’Ernest Bichat*, Camille Forthomme*, Joseph Delbos* et Louis Grandeau*.

Parallèlement à ses études de licence, il est chargé des fonctions de préparateur au laboratoire de chimie (1876). En janvier 1879, il est nommé préparateur de chimie et, en janvier 1881, il devient délégué dans les fonctions de chef de travaux chimiques. Cet emploi lui permet de préparer une thèse de sciences physiques sous la direction d’Haller*. Il la soutient en 1885 à la Sorbonne devant un jury composé de Louis-Joseph Troost, président, de Jules Henry Debray et d’Edmond Bouty, tous deux examinateurs ; elle a pour titre Étude de quelques dérivés du menthol (Louis-Joseph Troost et Pierre Bos en sont les rapporteurs).

En juillet 1887, toujours chef de travaux chimiques à la Faculté des sciences de Nancy, il est chargé de conférences en chimie industrielle, fonction qu’il remplit jusqu’en 1894. En outre, il assure un cours de chimie agricole en 1888-1889, discipline qu’il enseigne également aux élèves de l’École d’agriculture de Tomblaine avant 1894. Il est nommé professeur de chimie industrielle en janvier 1894 à une chaire nouvelle. Durant près de cinq années, il participe à l’organisation administrative de l’Institut chimique de Nancy, sous la direction d’Haller*, mettant à profit sa formation de juriste. En novembre 1899, il est chargé, sous l’autorité du doyen de la faculté des sciences, de la direction de l’institut chimique, Haller* étant nommé à la Sorbonne. Pour cette fonction, il ne reçoit aucune rémunération. Entre 1899 et 1909, pendant les dix années de sa direction, les effectifs de l’institut chimique doublent et 6 doctorats d’État et 23 doctorats d’université sont présentés. En 1905, il représente la Faculté des sciences au conseil de l’université, en remplacement de Gaston Floquet*, nommé doyen en octobre. Il est son assesseur de 1905 à 1907.

Les enseignements de Arth en chimie industrielle portent sur les cyanures, les couleurs animales et minérales, l’analyse des matières agricoles, la céramique et la verrerie, les combustibles, l’industrie du fer, la métallurgie, la grande industrie chimique et la chimie métallurgique. Pour se tenir au courant des derniers progrès et pour pouvoir en faire bénéficier ses étudiants, il consacre une partie de ses vacances à visiter, en France et à l’étranger, des usines, des mines et des laboratoires. Il plaide en faveur de l’introduction de l’enseignement de la chimie physique dans les facultés. Son auditoire à Nancy est composé principalement d’élèves de l’Institut chimique et d’auditeurs libres. Les effectifs de ses cours croissent régulièrement : de 25 élèves et 23 auditeurs en 1885, il passe à 110 élèves et 70 auditeurs en 1903. Arth suit et conseille ses étudiants et utilise ses relations pour les placer dans l’industrie.

Les travaux de Arth sont analysés par Haller dans la nécrologie qu’il lui consacre en 1910. Dans sa thèse, Arth soumet le menthol à l’oxydation permanganique et caractérise avec soin les différents acides qui prennent naissance au cours de cette opération. Parmi ces composés, il isole les acides carbonique, acétique, propionique, butyrique, oxalique, à côté de deux autres acides, C7H12O4 et C10H18O3 inconnus jusqu’alors. Le premier, auquel il donne le nom d’acide β-pimélique sera identifié plus tard comme de l’acide β-méthyladipique. Quant au second, appelé acide oxymenthylique, il sera l’objet de nombreuses études de la part de divers auteurs et ne sera réellement caractérisé que dix ans plus tard par Adolf von Baeyer comme un acide cétonique. Bos et Troost reconnaissent que Arth a fait preuve d’un « véritable talent d’expérimentateur ».

Arth consacre un temps limité à la recherche en raison de ses tâches administratives et de son engagement dans l’enseignement, avec un souci constant d’améliorer les exercices pratiques d’analyse dont il a la charge. Nommé à la chaire de chimie industrielle, il se détourne progressivement de la chimie organique. Ses autres recherches, très diverses, semblent découler de son enseignement ou d’expertises qui lui ont été demandées. Ainsi, après le naufrage d’un bateau chargé de houille, nommé expert par un tribunal, il étudie si la houille immergée dans l’eau a perdu de sa valeur et montre que la perte de pouvoir calorifique de ce combustible est très faible. Il poursuit ces études sur une vingtaine de types de houille et conclut à l’absence notable de différence entre les pouvoirs calorifiques déterminés à l’aide de la bombe de Mahler ou obtenus en appliquant la règle de Dulong et Petit. Arth est également sollicité pour de nombreuses analyses (évaluation de la valeur des nouveaux gisements de minerai de fer de la région, sondages de terrains houillers). Il apporte ainsi une contribution importante à l’essor métallurgique de la Lorraine. Il crée dans les locaux de l’institut chimique, sous le patronage du Comité des forges et des mines de Meurthe-et-Moselle, un laboratoire arbitral d’analyses industrielles placé sous la direction d’Albert-Léon Vencelius.

Il publie dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences, dans le Bulletin de la Société chimique, dans le Moniteur scientifique, dans les Annales de physique et chimie, dans le Bulletin de la Société des sciences de Nancy, et dans le Bulletin de la Société industrielle de l’Est. En 1897, il publie par ailleurs un important traité d’analyse industrielle intitulé Recueil de procédés de dosage pour l’analyse des combustibles, des minerais de fer, des fontes, des aciers et des fers. Cet ouvrage est divisé en trois parties : étude des combustibles, étude des minerais, analyse des produits de transformation (fontes, fers et aciers). Arth y donne des déterminations calorimétriques.

Arth est nommé officier d’Académie en 1886, puis officier de l’Instruction publique en 1892. Chevalier de la Légion d’honneur en 1906, il est reçu par le recteur Charles Adam. Membre, secrétaire puis président de la Commission de surveillance et de perfectionnement de la Station agronomique de l’Est, il est également membre du Conseil d’hygiène départemental (1903). Il est élu associé-correspondant de l’Académie de Stanislas en 1902 et il en devient titulaire en 1908. Sollicité par le Comité Nobel de chimie, Arth proposera le nom d’Henry Le Chatelier pour le prix de 1905.

Son épouse fondera en 1923, grâce aux arrérages d’une rente de 300 francs, le prix Georges Arth destiné à un étudiant français ayant obtenu le diplôme d’ingénieur chimiste de l’Université de Nancy.

Louis Patard

Bibliographie

Arth Georges (1874), Des servitudes qui dérivent de la situation des lieux et des servitudes établies par la loi, thèse de licence de droit, Saint-Nicolas et Nancy, N. Collin.

___ (1885), Étude de quelques dérivés du menthol, thèse de doctorat ès sciences physiques, Paris, Gauthier-Villars.

___ (1886), « Sur la préparation du tartrate et du racémate de soude et d’ammoniaque anhydres », Bulletin de la Société des sciences de Nancy, 20, 27-29.

___ (1886), « Sur deux propriétés des uréthanes de la série grasse », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 102, 977-978.

___ (1888), « Sur l’acide β-pimélique dérivé du menthol », Comptes rendus de l’Académie des sciences, 107, 107-110.

___ (1889), « Observation sur le dosage de l’acide phosphorique, dans les scories Thomas et sur un phosphate ferrique quadrihydraté », Bulletin de la Société chimique de Paris, 324-327.

___ (1894), « Sur les variations très faibles constatées dans la composition et le pouvoir calorifique des houilles après immersion prolongée dans l’eau », Bulletin de la Société chimique de Paris, 11, 619.

___ (1895), « Sur le calcul du pouvoir calorifique des houilles d’après la règle de Dulong », Bulletin de la Société chimique de Paris, 13, 820-823.

___ (1896), « Action de l’isocyanate de phényle sur l’acide γ-pimélique dérivé du menthol », Bulletin de la Société chimique de Paris, 15, 227-229.

___ (1897), « Analyse électrolytique », Éclairage électrique, 12, 49-52.

___ (1897), Recueil de procédés de dosage pour l’analyse des combustibles, des minerais de fer, des fontes, des aciers et des fers, Paris, G. Carré et C. Naud.

___ (1899), « Sur la dissolution d’une anode de fer dans une solution d’acétate de soude et d’acide acétique », Bulletin de la Société chimique de Paris, 21, 766-768.

___ (1900), L’institut chimique de Nancy en 1900, Nancy, A. Crépin-Leblond.

___ (1902), « Sur l’aluminate de baryum employé comme désincrustant », Bulletin de la Société chimique de Paris, 27, 297-302.

___ (1904), « Sur la détermination du pouvoir calorifique des gaz de hauts fourneaux par l’obus calorimétrique », Bulletin de la Société chimique de Paris, 31, 576-578.

___ (1906), « Sur l’évaluation du pouvoir calorifique des houilles et autres combustibles hydrogénés », Revue de métallurgie, 3, 407.

___ (1907), « L’enseignement technique », Revue de métallurgie, 4, 477.

Arth Georges & Chrétien L. (1906), « Sur la dissolution du sulfate de calcium dans l’eau salée », Bulletin de la Société chimique de Paris, 35, 778-781.

Arth Georges & Ferry P. (1903), « Sur l’épuration de l’eau salée naturelle par le carbonate de baryum », Bulletin de la Société chimique de Paris, 3e série, volume 29, 1065-1068.

Arth Georges & Lejeune P. (1906), « Sur le métal préhistorique trouvé dans les environs de Nancy », Revue de métallurgie, 2, 789.

Arth Georges & Nicolas M. (1903), « Sur le dosage électrolytique de petites quantités d’argent en présence de beaucoup de plomb », Bulletin de la Société chimique de Paris, 29, 633-636.

Sources d’archives

Archives départementales du Bas-Rhin : acte de naissance de Georges Marie Florent Arth du 7 novembre 1853 : cote Saverne, N, 1853, 4 E 437/12.

Archives municipales de Nancy : acte de mariage de Georges Marie Florent Arth et de Marie Anne Aline Rolin du 18 août 1899, microfilm 2 Mi 579 ; acte de décès de Georges Marie Florent Arth du 17 juillet 1909, microfilm 2 Mi 961.

Archives départementales de Meurthe-et-Moselle : registre du personnel administratif et enseignant de l’Académie de Nancy, 1 T 2113 (1 T art. 610).

Archives nationales : dossier de carrière (F/17/25687), dossier de proposition pour la Légion d’honneur (F/12/8497) et dossier de Légion d’honneur (LH/58/61). Dons et legs en faveur de l’Université de Nancy (F/17/14656).

Sources secondaires

Anonyme (1909), « Georges Arth », Berichte der Deutschen Chemischen Gesellschaft, 42, 3557-3558.

Petit Paul (1909), « Nécrologie. Georges Arth (avec une liste de ses publications) », Le moniteur scientifique du Dr. Quesneville, 33, 631-632.

Villain F. (1909), « Notice sur M. Arth », Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1-6.

Collectif (1910), Bulletin de l’Association amicale des anciens élèves de l’Institut chimique de Nancy (contient les discours de Floquet, Haller, notices nécrologiques par A. Guntz, P. Petit, les paroles prononcées par le recteur devant le Conseil de l’université de Nancy, notice nécrologique par Ch. Adam, liste des travaux de G. Arth, tableau du nombre des élèves et diplômés de l’institut chimique depuis son origine jusqu’en 1909, la liste des thèses de Doctorat d’État et d’Université qui y ont été élaborées), 12.

Guntz Antoine (1910), « Notice nécrologique sur Georges Arth », Bulletin de la Société industrielle de l’Est, 8.

Haller Albin (1910), « Notice sur M. G. Arth (avec un portrait et sa liste de publications) », Bulletin de la Société chimique de Paris, 7, I-X.

Lautour A.M. (1933), « Arth (Georges-Marie-Florent) », in Dictionnaire de biographie française, Paris, Letouzey et Ané.

Collectif (1987), Institut chimique de Nancy et École nationale supérieure des Industries chimiques de Nancy, Centenaire de l’ICN – ENSIC. 1887–1987. Historique de l’École, Nancy, Institut polytechnique de Lorraine.

Rivail Jean-Louis (2005), « La chimie à la Faculté des sciences de Nancy. Des origines au Prix Nobel », Le pays lorrain, 86, 7-14.

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